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STACKS
MAY3Qi97gî
BULLETIN
DE LA
SOCIETE ARCHÉOLOGIQUE
DE SENS
TOME XXII
ANNEE 1906
SENS
DL'CHEMIN, IMPRIMEUR-ÉDITEUR
1906
BULLETIN
DE LA
SOCIÉTIî; ARCHÉOLOGIQUE
DE SENS
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BULLETIN
DE LA
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SOCIETE ARCHEOLOGIQUE
DE SENS
TOxME XXII
ANNEE 1906
SENS
DUCHEMIN, IMPRIMEUR-ÉDITEUR
1906
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75 53 S
QUAUTV eONTROt. MAHK
PROCÈS VERBAUX DES SÉANCES
TENUES
Séance du 9 janvier 1905
Prjésidence de m. Maurice Prou
Quarante-quatre membres sont présents.
Le procès- verbal de la dernière séance est lu et adopté.
M. Maarice Prou prononce Tallocution suivante :
c Messieurs,
c On s'étonnerait qu'ayant à désigner un président, votre
choix se soit arrêté sur celui d'entre vous qui est le moins
assidu à vos séances, si l'on ne considérait que, par là, vous
avez voulu rendre hommage à la mémoire d'un de nos fon-
dateurs et, vous donnant l'illusion d'un retour vers le passé,
inscrire une fois de plus à la présidence le même nom qui
y figura dès la troisième année de l'existence de notre So-
ciété.
fl La part que mon grand-père et mon père ont prise à
vos travaux, pendant de longues années, a été la cause pre-
mière, sinon la seule, de l'honneur que vous m'avez conféré,
vous souvenant que le premier, ayant, de 1844 à 1879, con-
sacré tous ses loisirs à l'œuvre de notre Société, en a été à
plusieurs reprises président, et que toute son activité scien-
tifique s'est portée vers l'étude des antiquités sénonaises,
EXTRAITS i
DES ]
PENDANT L'ANNEE 1905 ^
i
n'ayant jamais désiré ni reçu d'autre récompense de t|
d'etrarls que Test i nie et la reconiinîssancc de ses confrèfl
ce qui suffisait :\ son dé^mtércssementi que le second, I
n'a rien écrit pour vos BnHeiim, n, du moins, assisté ré|
litTement à vos séances de 1854 à 1897, sauf pendant 1
quelques années qullsc tint éloigné de Sens^ et qu'il a ma
joué un rùle actif, soit qu'il prît part aux discussions, id
signalât des monuriients à rntlention de votre Société,
vouH prétjt te secours de soji crayon^ ou enfin qu'il sied
au bureau comme vice-archiviste ou pro-secrétaire. 1
< Si je n hésite pas, avant même de vous adresser mes|
merciements, ù remplir un devoir de piété filiale, c'est à
je me sais entouré d'amis aux sentiments intimes de qui
suis sûr de répondre en saluant les morts avant lesvivail
c'est aussi qu il me convient d'abriter ma faiblesse derrij
la mémoire vénérée et l'autorité de mes parents; et enl
que vous montrer que je ne suis pas un tlls ingrat, maisJ
contraire, soucieux de suivre les exemptes de dévoueme^
la Société que je prends dans ma famille, c'est pour voiu^
meilleure garantie «les efforts que je tenterai, afin de ne |
resicr inférieur à la tûche que j'assume par votre voloQ
ff Cesl un grand honneur que vous m avez fait de me cl
fler la garde des intérêts de notre Compagnie. Et parce (|
transptanlé à Paris je suis cepentfant reste Sénonais, il ml
agréable de voir que mes sentiments ont été si bien marc^
dans ma conduite que mes compatriotes aient pu les rcoi
naître. Si de cette antique ville tout m est clierje ne suis
tache ici à rien plus qu'à cette Société archéologique, {
en est, a mes yeux, le cœur et le centre. J'ai été nourri^
milieu de vous, et c'est de plusieurs d'entre vous, hél
<lisparus, que j'ai pris mes premières leçons de critique I
torique et archéologique. Quand j'ai commencé d'étud
f histoire, mon seul dessein était de cherclicr à pénétre|
h faire revivre le passé de notre pays sénonais. Je n*oii^
pas que la Société archéologique de Sens a bien vouluj
cueillir dans son ihtilviin mon premier essai. K'esl-ccJ
sl-ccj
— m —
vous dire quelle reconnaissance je vous ai, mes chers con-
frères, de m'avoir appelé à un poste pour lequel mon âge
ne paraissait pas me désigner. Mes remerciements, si sincè-
res soient-ils, ne vont pas sans un sentiment très vif d'in-
quiétude.
I Certes, si le rôle du président se bornait, je ne dirais
pas à diriger, mais à écouter vos discussions où les règles
de la plus exquise courtoisie sont toujours observées, il se-
rait facile à remplir. Ici la sonnette n'a aucune raison de pa-
raître sur le bureau : le silence que vous gardez pendant la
lecture des mémoires rend ce meuble inutile, au contraire
de ce qui arrive dans certaine société savante de Paris aux
séances de laquelle plusieurs d'entre vous assistent quel-
quefois. Mais le président a d'autres obligations à remplir.
Vous comptez sur lui pour vous représenter au dehors, pour
négocier les affaires où vous vous trouvez mêlés, pour dé-
fendre les intérêts de l'archéologie et de l'histoire qui sont
les vôtres. Et c'est de ce côté que je crains de ne pas être
toujours à même d'agir à votre satisfaction.
I Mes craintes sont toutefois diminuées, puisque je suis
sûr d'ctrc secondé par vous tous, et, à défaut de la direction
qu'aurait pu nie donner le regretté président en qui s'est in-
carnée pendant tant d'années rarchéologie sénonaise, j'ai
nommé Gustave Julliot, de pouvoir user et abuser de l'expé-
rience de vos derniers présidents, MM. Joseph Perrin et
Maurice Roy qui, ayant singulièrement contribué h mon
élévation, ont contracté bien aimablement l'obligation de
parer à mes défaillances. Vous avez eu soin aussi de mettre
à coté de moi un ami de qui la science éprouvée, l'activité
inlassable et le dévouement entier à notre Société, renfor-
cés par son afTection à mon endroit, suppléeront à mon in-
suflisance. Les autres membres du bureau, gardiens des tra-
ditions, et qui voudront bien me les rai)pcler, notre secré-
taire, notre trésorier, notre archiviste, le pro-secrétaire et
le vice-archiviste, m'ont promis leur concours, que je savais
mètre acquis; je les en remercie et il me semble que, grâce
— IV —
à eux et tout compte fait, me voici moins effrayé des res-
ponsabilités qui m'incomberont et plus rassuré sur Tavenii
de notre Société. II ne sera pas difflcile, avec leur aide, de
la maintenir au rang qu'elle a pris dans le milieu scicntifi
que français. Car noire Société est Tune des plus ancienne:
et des plus vivantes parmi ces associations qui couvren
comme d'un réseau scicntiflque le sol de la France, de façor
à ne rien laisser échapper des vestiges du passé.
« Quand, à la suite de ces mémorables luttes politique!
qui marquèrent la fln du xviiic siècle, et de ces glorieuse!
conquêtes militaires qui, pendant les premières années di
siècle suivant, portèrent dans toute l'Europe le renom d(
rhéroisme français, la France, après un si prodigieux eflbrt
éprouva le besoin de se replier sur elle-même et de resser
rer les liens de la tradition un moment relâchés, elle s<
trouva désemparée, et comme un ouvrier sans instrunien
ou avec des instruments qu'il ne sait plus manier. San!
doute quelques esprits calmes avaient, au milieu des agita
lions, gardé la sérénité scientiflque et poursuivi obscure
ment et isolément leur œuvre d'historien : à Sens, Tarb|
en est un exemple. Ces érudits étaient disséminés ; ils tnï
vaillaient chacun en son particulier. Les congrégatioa
avaient disparu, comme les corporations ; plus de bénéd
tins pour coordonner les efforts des historiens et des i
chéologues. Et comme il n'y a pas de principe, si excelle
soit-il, qui, poussé à son extrême et exclusivement app
que, ne devienne mauvais, l'on s'aperçut bientôt que l'ind
vidualisme à outrance ne pouvait suffire à assurer la
d'une société et qu'il fallait en toute chose des groupemcij
intermédiaires entre l'individu et l'Etat. Pour ce qui
garde nos études, l'enquête même qui doit précéder la
fection de l'histoire locale est si vaste, elle porte sur (
points si différents et exige des aptitudes si variées, qu1|
seul, s'il a l'audace de l'entreprendre, ne saurait la mené
bien; sans compter que son esprit fût-il assez puissant p(
regarder le passé de divers points de vue, il resterait h
— V —
joars que ses ressources matérielles ne suffiraient pas à as-
surer la publication des matériaux qu'il aurait amassés et
commentés. Nos prédécesseurs Font compris, et sous le
Tvgne de Louis-Philippe la mutualité s'affirma, pour ce qui
nous concerne, par la création de ces sociétés qui ont pro-
voqué la renaissance des études historiques et archéologi-
ques et n ont cessé depuis ce temps-là de se multiplier, de
saccroîlrc, encouragées et favorisées par le gouvernement
qui. dès la première heure, avait constitué à Paris un Co-
niité des travaux historiques pour leur servir de centre.
« Il ne se pouvait pas que la ville de Sens ne fût à la tête
du mouvement. L.e flambeau de l'histoire y avait passé de
miiin en main, toujours brillant, depuis que les annalistes
anonymes de Sainte-Colombe, qui l'avaient allumé, l'avaient
:n:nsmis à ceux de Saint-Pierre-le-Vif, Odoran, Clarius,
t CHlTroy de Gourion; puis étaient venus Taveau, Reversey,
fLrcleau, Fcnel et Tarbé, et tant d'autres qui forment une
chaiae ininterrompue depuis le haut moyen âge, jusqu'au
j')jrque seize hommes, dont la culture littéraire ne le cédait
ea rien à leur vif amour du pays natal, se réunirent pour
rechercher et sauvegarder les antiquités, classer et dépouil-
1( r les archives, en publier les documents, les commenter
ti en tirer les éléments d'une histoire sénonaise.
i Si telle a été la mission que notre Société s'était donnée,
u \ziii reconnaitre qu'elle l'a continuellement et compléte-
i.nt accomplie depuis sa fondation. Il n'y a pas lieu de
raindre qu'elle y manque dans l'avenir.
I II est impossible, cependant, que nous fermions l'oreille
^Iccho d*une opinion qui se répand depuis quelques an-
:i?s et qui est venue jusqu'à nous. On entend dire que les
x^i'jtês archéologiques n'ont plus la même ardeur qu'il y
< xolement vingt ans, que le recrutement se fait plus diffi-
It, les travaux plus i-ares, soit que les exercices du corps
' ument la jeunesse des plaisirs intellectuels, soit que
: /.blissement des études classiques, spécialement l'aban-
!iO <ies études latines, préparc moins les esprits à des re-
1
cherches historiques, soi! encore que les inleUigenecs,
cnlrninces à regarder en avant qy en arrière et se préoc^j
pant lies [irobléiues socîaus^, se porlenl vers tes scient
économiques et politiques, chacun rêvaul, nouveau Plai
de construire une nouvelle republique,
f Mais en premier lieu^ les sports sont le privilège dé
Jeunesse^ et il arrive un ^ge ou la nature invite chacuaJ
mms h les abandonner, iVesl alors qu'on cherche à occtii
ses loisirs par des spéculations in tel lec tu elles ^ des spécii
lions de cnbiuet ; et tout natmcUcinent on se tourne vi
1 archéologie etriiistoirc, parce que ^\ l'htsloire exige, a^
des connaissances préalables, l'observation d'une méthoi
elle présente sur les autres sciences cet avantage que |
objets stîut accessibles à tous, répandus partout autour
nous, dans le sol, dans les archives publiques et prîvj
dans les bibliothèques, qu'elle s-exprime dans la langue.
tous, n'ayant de terminologie spéciale que limitée, qn'l
nous est familière dès lenrance, que sa méthode a un carf
tère général dont les règles ressoi-tissent h la logique la p|
élémentaire, je dirais presque au simple bon sens.
I Nous ne nierons pas que sous les attaques auxquelles i
est en hutte depuis quelques années, Tétude de la langu&j
line, si indispeusable à quiconque veut étudier rbistoirei
l'antiquité et du moyen ûge, n'ait suhi un recul. Mais on
que ce recul est plus apparent que réel» cl que ceux dVal
nous qui, après leur sortie du collège, ont continué ù liroj
auteurs anciens, ne tenant pas compte des progrès qi||
ont accomplis, imaginant volontiers qu'ils avaient, au û
ment qu'ils passèrent leur baccalauréat, les connaissant
qu'ils ont acquises depuis, montrent trop peu d'indulgej
aux jeunes latinistes, il reste qu'on peut, sans une cultl
classitpic bien profonde, étudier les seizième, dix-septièt
et dix-huitiènie siècles, voire le siècle dernier dont v<J
savez, par les belles études de notre ancien présida
M. Joseph Pcrrin, que les premières années, par la gm
deurdes événements, féconds en résultats de toutes sor(
^- vu —
qai lesool tiiiin|uées, ofîreDUuit recherches el à îa critique
on chûmn iïirgcment ouvert; il reste qu'on peut éludicr les
Yfiîliges «ics âges prrhisloriqut's el tous les monumenlii du
mtiyeu âge, d uu mol J archéologie. El l'étude de l'areliéo-
lûfif n'est-ce pas robjet originel et essentiel de votre foa-
II?
H^bsi rarehéoîogie n offre plus d'attraits7 Ici noire in-
gujéliiile II aurait pas de fondement. Ce ne sont pas seule-
meut lr% urchéolDgties prupremcnL dits qui s intéressent aux
liem tiioniinients. car, pour en assurer la conservation, les
mdéié% comme la nôtre trouvent un secours puissant et
cJîlriice auprès du publie, du grand public, comme on dit,
qui D in^rrilt un peu lard, à Tordre de ses préoccupations
h sauvegarde des inonujnents La constitution de sociétés
jUftttr ta protection des monuments et même des siles pillo*
tffques, la nnis^ance des syndicats dlnitiatlve régionaux et
demandes qui* chaque jriur, arilucnt à la Direction des
lûx-Arts pour le classemcnl des édifices de rantiquité et
mayeti 5ge, cl ces promenades archéologiques se niîjlli-
^anh telles que vous en avez vous-mêmes organisées, et
are celte aRluence de visiteurs accourus, de tous les
^inis du pays et même de l'étranger, pour admirer quel-
cscetiliiines de tableaux réunis i\ lexposition des Primi
fnmçais, répondent pour nous et témoignent de latla-
tanrnt que les Français ont encore à leur passé, du souci
i»nl d'en conserver les glorieux vestiges et tout enseni-
les me tire eu lumière, comprenant bien que la puis-
d une nalion est fat te de toutes les forces accumulées
c^ars clc^ siècles.
f On potirmlt donner d'autres preuves que ni larehéologie
rhîstojre n ont fiiit railiite. Bt il y q beaucoup de irisons
Cl nicune génération ne les abandonnera comme
fj! . utile pour continuer sa route, plus légt^re : til
toyjifi^ur qui croirait s'assurer une marche pkis rapide
ittant %LtQ vin tique.
I Si dfinç niius nous prenons parfois à gémir sur l état
u
V
I
xm
acluel des sociétés ardiéolo^qtics. in raison en est qii*oii
juge mal le mUieo dans leqttel on se trouve. Si nous croyons
av^oîr dégénéré de nos devanciers, c est qu'à dire le vrai,
nous ne voyons leur ceuvre que dans te lointain, sans t'étu-
dîer par le menu, et surtout sans prendre^ pour établir un
rapport avec notre œuvre propre, des ternies de co m pa rai-
son précis. La perspective du passé est de même sorte que
celle d'un paysage. I^eis derniers plans se pressent les uns
contre les autres ; les objets éloignés fortneut des masses et
semblent se toucher alor^ qnen réalité de larges espaces les
séparent. Pareillement les faits nous paraissent doutant
plus étroitement groupes qulls se soûl passés à des épo-
ques plus anciennes; lisse présentent à nous comme en un
tas que nous croyons avoir été fait d'un seul coup, alors
que plusieurs générations ont contribué à sa fonnâtioti^
comme ces tombeaux des premiers âges sur lesquels chaque
passant jetait une pierre.
i Voyons si un examen plus attentif de la question ne
nous obligera pas à abandonner notre sentiment, résuUit
d'une impression vaguement ressentie, pour y substituer
une opinion fondée sur la connaissance plus exacte des
choses. Comparons Fétat de notre Société pendant la se-
conde période décennale de son existence, de 1851 à 1^>3,
et pendant la dernière période décennale, de 1894 à liX>3,
d'autre part. Et d'abord le nombre des membres. En 1863,
la Société comprenaîl trente-six membres titulaires, trente
membres honoraires et cent vingt-neuf correspondants, a^H
total cent quatre-vingt-quinze membres; en 1903, cinquante^
deux membres titulaires, un membre honoraire, cinquîinte-
un membres libres et vingt-neuf corrcspon<iants, au total
cent trente- trois membres 11 y aurait donc en diminution
numérique. Mais ici nous saisissunsloiU de suite limperfcc-
lion de ta statistique, et à quelles conclusions inexactes elle
nous mènerait si nous ne corrigions la brutalité des chiffres
par Icxamen des éléments que nous avons fa ri entrer en
compte. Car ce qui importe^ c'est le nombre des membres
— IX —
actifs. Or, notre Compagnie, en 1S63, m dépit du nombre
considérable de ses membres honoraires et de ses corres-
piindanls, dont la plupart n'avaient aucune part à ses tra-
\aux, disposait de moins de forces vives qu'en 1903 avec ses
cinquante-deux membres titulaires et aussi ses cinquante et
un membres libres qui tous, dune façon ou d'une autre,
coopèrent à sa vie sociale. La liste des membres titulaires
na cessé de s'accroître. Elle comprenait cinquante-deux
membres l'an dernier : soixante-deux y sont inscrits au-
jourd'hui.
Venons aux travaux. Ce serait abuser de votre patience
qu'énumérer devant vous toutes les questions que notre
Société a examinées et discutées, ou toutes les fouilles
qu elle a pratiquées pendant les deux périodes que nous
nous sommes proposé de comparer. Il suffit de mettre en
balance les publications faites par vos soins; car c'est par
la surtout que se manifeste le plus utilement notre activité,
et ce sont les résultats les plus tangibles que nous puissions
obtenir; sans compter que, sur ce terrain, les chiffres ont
toute leur valeur, puisqi\e les objets additionnés sont de
même qualité. Or, de 1854 à 1863, la Société archéologique
de Sens a publié cinq volumes de Bulletins formant un total
de 1497 pages; tandis que de 1894 à 1902, elle a publié un
même nombre de Bulletins comprenant 1 762 pages, auxquels
il faut ajouter vingt-trois planches du musée gallo-romain,
cl le magistral livre de Gustave Julliot sur les inscriptions
et monuments du même musée, comme aussi les mémoires
du même auteur consacrés à l'ancien rétable d'or et au
c- ffrel d'ivoire de la cathédrale, et la Flore du Sénonais, de
M Constant Houlbert, à laquelle ont collaboré plusieurs au-
tres de nos confrères. En outre, trois ouvrages ont paru
v)us vos auspices, savoir : les deux livres de M. Joseph
[•errin, le Cardinal de Loménie de Brienne et les Sièges de
v/Lt. et l'Histoire du Chesnoy, par M. Maurice Roy.
' Vous le voyez. Messieurs, le parallèle que nous avons
ciibli ne tournera pas à notre confusion. La Société n'a
\i
f«
i
— X —
cessé de marcher résolument dans la voie que lui ont mon-
trée et ouverte ses fondateurs. Elle s'y est avancée d'un pas
de plus en plus ferme, appuyée sur les premiers exemples
des pionniers, conservant la même ardeur au travail et le
même culte éclairé du passé. C'est pourquoi notre Compa-
gnie, aussi forte que jamais, peut poursuivre en toute tran-
quillité le cours de ses travaux, confiante dans un avenir
qu'il ne dépend que de nous de faire aussi brillant que le
passé. 1
Après cette allocution, fréquemment interrompue |>ar les
applaudissements de l'assemblée, M. le président dépose
sur le bureau les publications reçues pendant le mois
écoulé.
Il signale la liste des baillis de Sens, de Thierry de Cor-
beil, en 1202, à Jean le Métayer, en 1327, dressée par M. Léo-
pold Delisle, dans le tome XXIV du Recueil des historiens
des Gaules et de la France.
Il signale, en outre, dans le Traité des Monnaies gauloises,
de M. Adrien Blanchet, qui vient de paraître, le chapitre
(t. H, p. 358 à 363) consacré à la numismatique des Senoncs.
M. Blanchet rejette l'interprétation, duc à Longérier, de la
légende atha par Agedincum, qui se lit sur une pièce de
bronze dont le type consiste en deux animaux affrontés.
Aged est plutôt le commencement d'un nom d homme, tel
que AgedilloSy Agedomopalis, Agedoviros ouAgedinos. Il n'y
a aucune raison d'attribuer cette pièce aux Scnons; aucun
exemplaire n'a jamais été rencontré dans l'ancien territoire
de ce peuple. Au contraire, elle est analogue, pour le typc>
à des monnaies de bronze trouvées d'ordinaire dans la ré-
gion parisienne. Mais les trouvailles permettent d'attribuer
aux Sénonais : l*" une série de bronzes coulés dont le type
est, au droit, une tête échevelée, et, au revers, un cheval ;
2« des bronzes frappés qui présentent, au droit, une tête
avec cheveux à larges mèches, et, au revers, un oiseau
accompagné de cercles, de pentagones et de croix; 3» des
— XI —
bronzes du même type, mais avec les légendes Sena et
Giamilos.
Ces attributions de M. Blanchet se trouvent confirmées
par une trouvaille de monnaies faite, en 1897, sur rempla-
cement de la maison sise à Tangle de Tavenue Vauban et de
la place de la Gare. La portion de ce petit trésor que nous
avmis eue entre les mains, comprenait, en effet, douze piè-
ces du premier type (cf. H. de la Tour, Catalogue des Mon-
naics gauloises de la Bibliothèque nationale, no» 7412 à 7421,
atlas, pi. XXX, n® 7417); quatorze pièces du second type
n w535 à 7545); cinq pièces, d*un type analogue, sur les-
quelles loiseau parait boire dans un vase ; treize monnaies
de bronze aux légendes GIAMILOS, au droit, et SIINV
> = SenuJ, au revers (n»» 7554 et suiv.); dix bronzes Irappés,
au même type de Foiseau avec la légende VLLVCCI (nt»7493
et suiv); auxquels il faut ajouter quelques pièces de types
différents représentées par un exemplaire unique : un
bronze à la légende PIXTILOS (no* 7063 et suiv.) ; deux bron-
zes, à la légende AEOViCli (n®» 7732 et 7737); deux mon-
naies de potin, dont Tune au type du sanglier (n^^ 9167 et
suiv ), et Tautre, au type du taureau cornupète.
Il est intéressant, pour la détermination de Tépoque à la-
quelle les monnaies gauloises avaient cours, de remarquer
qu elles étaient mêlées à des monnaies romaines de la colo-
nie de Nîmes, à des monnaies d'Auguste, frappées à Lyon
et à Vienne, de Germanicus, de Tibère, de Caligula, de
Claude, de Néron et de Domitien.
Ces monnaies sont conservées dans une vitrine de la
salle Synodale. (V. l'Etude de M. A. Blanchet, dans le t. XXI
(Ju Bulletin, deuxième fascicule.)
Avant de donner la parole à M. F. Chandenier, M. Prou,
se faisant Tinterprète de l'assemblée, adresse ses plus sin-
cères félicitations à M. Ramain, professeur de rhétorique
au lycée, qui vient d'être reçu docteur es lettres, avec la
mention très honorable.
M. F. Chandenier donne lecture d'une note sur les Ecoles
— XII —
cpiscopalcs et monastùities de rancienne province ecclésiasti-
que de Sens, du Vil*' an A7/«' siècle.
Le '^1 juillet 19(W, M. William-H. AspînwaI, actuellemenl
directeur à rKcole irnpplicntion au Collège national de
l'Etat de New -York, a soutenu, devant la faculté de théolo-
gie prolestante de Paris, une thèse traitant ce sujet.
Informé de sa publication, M. F. Chandenier s*est procuré
ce document, dans lequel il espéniit rencontrer 1 équité
qu*il croyait devoir animer, en Amérique, l'esprit des ad-
versaires de rKglise catholique.
M. Aspinwal n*a pas fait pi*euve de ce beau sentiment.
Forcé de reconnaître qu":^ Tôpoque de l'invasion des b.ir-
bares et pendant lo moyen Age. l Eglise catholique a lutté
contre la tKirl)ano des envahisseurs, qu'après les avoir
domptés pour ainsi dire, elle les a civilisés et leur a donné
les premières notifus des Icllivs et des arts dont elle fut la
seule ganlienne il le fait a\eo mauvaise gnice Au lieu de
terminer par lu mot de rt*con naissance pour les services
rendus, il no trvuixe qu utîc concliiNion injurieuse, préten-
dant que ' l KiiliNC n a otVrt qu i:n en>ol.;rîement insuflisimt
qui ne menjit pas .i la literie vU- Li loi et i!e la pensée, mais
qui te:T«î.i:t j v'%v»Nor\cr iî»dv'thK::'o:Tt lîcs idtcs fausses et
super>i:*'-<''.-^<'^ •
Siin> N *,U':T.f:\* p*.-.:n Îv'::» vi,"c \ T^Î-no v-K-e ^îc la proxincc
de Vf:-^. ».i'-'v: ! ,rv-ho\vv;:w- o».'-.vv '.':'. !c\,\;,*.c v!o Paris
par^:: '^c^ %.■.•'■ ;^:» s ^l F v' ^ r * :c"c". ^j*. j.::t i.îu reste
pas J î.Ms -o J.vx**.k" ■••v:*Vv sU" * *■'-,' s w* j — .:-'v:j:*v:. j n.ipjH?lé
les :?•■■'"» ".%'.-CN .!,,• •• •% ^J^ .>".s ,■^0■.:■«^■s .:c:;l::s saint
Loi:'/ ."-^-r ' ■" ^" '"v -i.' ».' "'.•< * ••• * ^'-x -v* -'.f-e. en {-a^-
san:. ■*■.■■• — .!-;; « vi: ••. ^!..;.'" ^■l ■».;■.■.•.■■• .!.--^ ni rr-j^ip^. à
pn."T *.' ■' ■•-'».■ "■-•'^ ,■■ v. '.■ '• ' ■ : .' ,'v'*::?*e ticc-
— XJll —
M Prou, remcrclarit M. Chaiidenicr de son întércssimtc
lecture, couftlate qu'il ne s'est pas contenté d analyser la
tl]è>e de M. Aspinw»ti maïs qull a fail œnvre personneUc
fû rnrmylant sur cette Ihèsc des appréciations e! des juge-
inents qui sont le truii de ses connaissances historiques.
M. le président dit qu'il scrali intéressant pour la ville de
Seas dassurer la conscrvalion de ce qui reste actuelle -
luial de 1 enceinte romaine, tout au moins de la imtcnie et
de U portion de muraille comprise entre lé numéro 14 du
tKMikvnnl du Quatorze -Juillet et la rue Amiral -RosseU
pcul-ètre nitme de la tour qui se trouve sur le même bou-
levard, enlre la porte Sainl-Hilairc et la Grande-Huc. Il
pcn^c que In Commission des monuments historiques ûc*
cucilleruit favorablctnenl une demande de classement, et îi
cunsiulte l'a&semblée à ce sujet,
La pmposttian est adoptée h lunanimité.
M. J. Pcrrin communique à la Société la reproduction ^ en
pholotypie, d'un liaut-relief eu bronze qui commémore, sur
b i»lace du chilteau de Stultgard, la prise de Sens par Tar-
mtt wurtcmbergeoisç, le 11 février 1814. Ce document,
coaipléLint très utilement riUustration de son ouvrage sur
kêSirffrs tir .SViï,irn ^^/4, M. Perdu en donne la description
en faisant les réserves qu il comporte. (V. Bulletin^ t. XXI,
,En termi fiant, XL Perrin remercie chaleureusement
^Heurtefco, professeur au lycée» qui a eu reMrcme obli-
feaace de lui procurer la reproduction du monument jubi-
laire de Siuttgard
La Société est davls qu1l y a lieu d'en imprimer une ré-
plique nu iiiiUrfifïr
M Kiey fait une communication sur une médaille ou pla-
quette circulaire de cuivre rouge trouvée dans le faubourg
fonnt et qu'il considère eoiïinie un emblème maçon-
SUlv
t
— XIV
Séance du 6 février 1905
Présidence de M. Maurice Prou
Trente-six membres sont présents.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopte.
M. le président dépose sur le bureau les publications re-
çues pendant le mois écoulé.
M. Tabbé Corberon, présent à la séance, demande à échan-
ger le titre de membre libre contre celui de membre titu-
laire. Accordé à Tunanimité.
M. le président met aux voix la proposition suivante :
c La Société archéologique, désireuse de reconnaître les
services rendus par M. Gustave Julliot, décide d'offrir à sa
famille cinquante exemplaires des trente premières plan-
ches du Musée gallo-romain, pour compléter les exemplaires
précédemment attribués à M. Gustave Julliot. »
Cette proposition est adoptée à l'unanimité des membres
présents.
M. Sépot, trésorier, présente son compte de recettes et
dépenses de Tannée 1904, établit un projet de budget pour
19fô et expose la situation flnancière de la Société.
Ces comptes et budget sont approuvés et des remercie-
ments sont votés à M. Sépot pour le zèle qu'il apporte dans
la gestion des flnances de la Société.
M. le président donne lecture d'un mémoire de M. Jules
Guifirey, membre de l'Institut, consacré à l'étude de quel-
ques documents inédits relatifs à Jean Cousin, dont 1 un
est conservé dans l'étude de M^ Marquiand, notaire, secré-
taire de la Société, et dont les autres sont tirés des archives
nationales.
Ce mémoire est renvoyé au comité, qui examinera s'il doit
être publié. iXoïr le Bulletin, tome XXI, pp. 150 à 160J
M. l'abbé Chartraire donne lecture des premiers chapitres
d'une monographie de la sépulture du Dauphin, à Sens. A
l'aide des documents recueillis aux archives nationales ou
départementales et dans les mémoires contemporains, il ra-
— XV —
conte la mort du Prince à Fontainebleau, les préparatifs de
la cérémonie à Sens, où, spontanément, le Dauphin avait
choisi sa sépulture, et la pompe funèbre dans la Métro-
pok. (V. le Bulletin.)
M. le président donne lecture de la notice que M. Adrien
lihochel, membre de la Société des Antiquaires de France,
n rédigée sur la trouvaille des monnaies gauloises faite à
Sens, en 1897, et dont il a été question dans la précédente
séance. M. Blanchet, après avoir établi la classiûcatlon et
donné h description de ces monnaies, a présenté un cer-
tain nombre d'observations d'un intérêt général qui se dé-
(luisent de Tétude de cette trouvaille. (V. Bulletin, tome XXI,
pp 235 à 249.)
Séance du 6 mars 1905
Présidence de M. l'abbé Chartraire
Trente -quatre membres sont présents.
Le secrétaire donne lecture du procès-verbal de la der-
nière séance, qui est adopté.
M. le vice-président a le regret de faire part à l'assemblée
liu décès de M. le vicomte de Montjoie, membre de la So-
c'iL'le.
Il lit une lettre du Comité du LXXV» anniversaire de Fustel
(!c Coulanges.
Il communique encore une lettre émanant du comité
formé, à Dijon, pour la création d'un syndicat d'initia-
tive de la Bourgogne: Un projet de statuts de ce syndicat,
joint à la lettre du comité est déposé sur le bureau.
Après ces diverses communications, M. l'abbé Chartraire
î rt^sente les publications reçues pendant le mois écoulé.
M J. Perrin communique à la Société une lampe chré-
Irime antique trouvée à Sens, boulevard de Maupeou, dans
le jardin de M. Edmond Feineux, qui la conserve dans sa
collection. M. Perrin donne lecture d'une note qu'il a rédi-
L
i
— XVI —
géc pour expliquer le symbolisuic de cet objet cl en deaion-
trer 1 itilcrêt (V. Biillvlm, tome XXI, pp. 253 à 262.)
M. Tabbé Charlruire donne la su île de sa notice sur ta
SvpitHure du Dauphin. H relrace les rcla Lions de la Dau-
pbine avec Sens, pendant son vcumfcSeT d'après la corrcs*
pondance de cette princesse, puis les essais d'cpitapbes,
panni lesîquels le texte du cardinal de Luynes est choisi,
enfin, les difTérenIs projets proposés pour le monument fu-
nèbre. La correspondance de Diderot fournit à ce sujet de
curieux dc-talls. CoclilUf chargé offîcîeUement d'étudier un
projet de mausolée, a demandé des idées au philosophe
qui se piquait de goût artistique Diderot imagina cinq coni-
po^itinns difTérenles, d'un goût assurément cou lesta ble, et
qui, du reste, n'eurent aucun succès. M. Cha rirai re pense
que Coehin s inspira, pour resquisse définitive que Coustou
reçut mission d'exécuter, du délicat rrontispiee dessiné
par lui-même pour T oraison funèbre du Dauphin, pronon-
cée par Etienne de Loménic de Brienne, alors archevêque
de Toulouse. iy.BuUena, t KXl.)
Puis la parole est donnée à Me Kley, pour une causene
sur la préhistoire.
Après avoir esquissé à grands traits ce qu'est et ce que
doit être la préhistoire, M. Kley, indique un point qui
lui paraît acquis : une ancienne invasion arienne révélée
par la présence des armes de jadeite disséminées sur notre
sol et surtout aux environs de Carnac.
11 conclut en disant que les préhistoriques ont plus fait
avec leurs armes de ^ilex que nous avec nos armes moder-
nes, puisqu'ils ont presque anéanti lajaune quaternaire qui
mensi\'alt Tessor de rhumanité naissante.
Séance du .'f avril 1905
PiiiiSiDENCE DE M. Maihicj; Pnor
Quarante-lrois membres sont présents.
Le procès- verbal de ia dernière séance est lu et adopté.
M. le président communique ;
— XVII —
1 Une circulaire de M. le ministre de l'Instruction pu-
blique el des Beaux-Arts, relative au quarante-troisième
c uigrès des sociétés savantes devant s'ouvrir à Alger, le
m avril 1905.
M Prou représentera la Société à ce congrès, auquel as-
si^lcra également M. Vignot, membre libre;
2' Le programme du congrès archéologique de France,
qui se tiendra à Beauvais;
3' Une notice de la Société archéologique d'Eure-et Loir
c(»ncernant la solennité que cette société se propose d'or-
iiiniscr pour célébrer son cinquantenaire en 1906.
Puis il dépose les publications reçues pendant le mois
tcoulé.
M. J. Perrin offre à la Société un ouvrage de M. H. Ché-
rol, intitulé : les Seize Carmélites de Compiègne^ martyres
mis la Révolution^ d'après les documents originaux. Il se
propose d'en rendre compte à la prochaine séance.
M Duchemin fait don à la Société d'un aérolithe trouvé
a Cayeux-sur-Mer.
M. Lapôtre, fermier à Pierre-Couverte, offre à la Société
un aérolithe trouvé dans la forêt de Lancy.
M Prou informe l'assemblée que M.E.Feineux donne à la
Société, pour son médaillier, vingt-trois monnaies gauloises,
provenant de la trouvaille faite, en 1897, à Sens, sur l'em-
placement d'une maison sise à l'angle de l'avenue Vauban
it de la place de la Gare; trouvaille signalée à la séance
au 9 janvier dernier.
Enfin, M. l'abbé Chartraire offre, pour le Musée, une tête
rritique d'enfant, en marbre, trouvée, en 1904, dans là démo-
liîion d un mur d'une maison de la Grande-Rue, près du
Stminaire.
Des remerciements sont votés à tous les donateurs..
M le président fait connaître que M. Alfred Tonnellier,
en raison de son état de santé, demande un congé de trois
m is A runanimité des membres présents, ce congé est
accordé.
b
XVÎT1
1
Kn mison des vacances de Piiqiies, rassemblée d
que la prochaine réunion se licndra le lundi 8 mai
M. le çhnnoiiic Memnin fkinnc Içcliirc d'une t^iidc doi
Chi railleur sur M^ TahleUva de brotize de Lupiriiuia, etnij
vees au musée d'Agen.
Il rnppelic lu décciuvcrle raile, eu 1880, au Touron,
trois tabloUes oirerles pur les eik's de Sens, Auxerrc Qi\
léanSi à Lupicinus, consulaire de la gninde Sénonie. 1
Les inseri plions gravées sur ces tablettes lui paraisa
des plus imporliintes, parce que, depuis les inscri|)ti
anciennes du musée sénonais, dont la dernière en dati
peut èlre poslérïeure h 1 an 210, on ne trouve plus d'art
inscriptions scnonaises pendant les cinq ou six siècles ^
vants, I
Les épigraphisles qui ont publié et commenté ces insc|
lions s'accordent à recnnnailre : 1^ qu'elles sont autbûj
ques» et 2^ qu elles remontent à la seconde moitié du
triéme siècle.
Mais leur explication ou biterprélalion soulève des qi
lions auxquelles d n'est pas facile de répondre avec ci
lude.
H est évident que te titre de consulaire donné h Luà
nus ne signlile, ici, nullement un ancien consul, mais I
lemcnl un gouverneur d une province de première cl a|
parmi celles (|ui coniposaienl alors la préfecture de l,y|
Quant â ridentiliealîon de Lnpicinus avec le consul Lfl
cintis de l'an 3G7 iliypollicse proposée par plusieurs épig
pbi^tesi, M. Juïliot reconnaît qu'elle donnerait le moj
d ex|di(iucr et de résoudre plusieurs diftieultès, et il rép<
lui-même a la principale otjjeclion tirée de In dilTérencc|
prénoms Flavius et CJaudius de Lui)icinus.
La différence «tes |irénonis n existerait pas pour le Lj
çinus nommé jjènéraL par Julien, en Tan 359. 1
Celle hypothèse offre une suite historique de faits i
M, Méntaiiï résume en observant que, suivant son opinl
Lu p ici nus aurai! dû élre j^ouverneur rie la Sénonie ai
— XIX —
% sa nnmîtiûtton de itinître de k ca\nlerie
e césar Julie», en l'an 359. Il ûiirnil tte ainsi
giiincrïîciîr de Sens entre les annces X^i cl 35*J.
Tdî^csl Ihypothèsc à laquelle se rallie M. Ménmin, en al-
kodmiï tjii on en lrou\e une meilleure.
M Prot] remercie M. le chanoine Mémain de son intércs-
.«nle lecture el pré sente quelques ob^ervationis sur les ta-
blctlcii de Lupirinus. Il ùiil ressorti r^ notamment, le difll-
rallé qu il yn à ïdenliftcr le personnage avec Tiin des Lupi-
dnas menUocinés par Âramien Marcellin.
M ioseph l'errin coniniunique tin ducument surlncalhé-
tfnle lie Sens, trouvé par M, H, Chérot aun Archives nalio-
nafe» G 9, IGOk C'est une lellre au roi i>our sollîciter un
ffcours en vue de la réparation de la Façade de la calhé-
4ra!e : * .une des plus anciennes et des plus célèbres du
rojuame de Votre Majesté ; elle est aussi une des moins ri-
Suit rcsliniation de Soufllot, rarcîiitccte du Panthéon. Le
drvU, trcs détaille, s'élève h 4tV7ïH)0 livres.
M llbérol y a relevé ce paragraphe, qui ne manque pas
é'actyahté :
» Visilf faite de la lanterne couronnanl la tourelle de
îliorlogi*. iotlîquéc a rélcvation par la lettre A, nousTavons
trotrvèt dana le plus mauvais état el en péril é minent (sicf,
II nm vient supprimer ladite lanterne jusqu'à ta hauteur de
b g^llcric supérieure. ainsi que le nouveau dessin 1 ludique;
ce que nou% estimons pour la démolition et reconstruction,
y com|)riîi la balustrade, la somme de quatre mille huit cens
îitrc%, 4 8001. *
Cette romtnuniciition taite^ M. Joseph Fcrrln donne lec^
ture irtrn rapport sur la Décoiwcrtc de Stjmlturf^ antuines
à>nfm\h, à la l*i erre-Cou verte, commune de Courgenay
^Toir Buiklin, toitie XXI, 2*^ fascicule L
— XX —
Séance du 8 mai 1905
Présidence de M. l'abbé Charthaire
Trenle-ncuf mcmLres sont présents.
M. Heure, membre libre, assiste à la séance.
Le procès- verbal de la dernière séance est lu et adopté.
M. l'abbé Chartraire présente les excuses de M. Maurice
Prou qui, après être allé à Alger prendre part au quarante-
troisième congrès des Sociétés savantes, voyage en Tunisie.
Il entretient la Société du décès de M. Alfred Tonncllier,
à qui il adresse en ces termes un dernier adi<;u :
< Messieurs,
« Dans sa dernière séance, notre Société s'était empres-
sée, sur la proposition de son précident, de déférer au vœu
exprimé par notre collègue M. Alfred Tonnellier.
« En lui accordant un congé de trois mois, nous pensions
que le mal dont il souffrait n'était qu'une indisposition pas-
sagère et nous comptions bien le revoir, après cette courte
absence, reprendre sa place parmi nous.
« Quelques jours plus tard, nous avions le profond regret
d'apprendre sa mort prématurée et de raccompagner au
champ du repos. MM. Sépot et Perrin ont bien voulu re-
présenter officiellement la Société à ses obsèques et porter
les cordons du poêle. J'ai le devoir de lui adresser ici un
dernier adieu. Je le ferai d'autant plus volontiers [que je
n'ai jamais oublié le bienveillant accueil que M. Tonnellier
m'avait fait lors de mon retour à Sens, ni les encourage-
ments qu'il donnait ù mes recherches sur l'histoire locale.
« C'est que M. Alfred Tonnellier était un fervent des glo-
rieux souvenirs et de> traditions de notre cité.
« Entré en 1867 dans notre Société, dont son père avait
été l'un des fondateurs, il était devenu notre doyen. Il est
regrettable que, dans sa longue carrière d'archéologue,
M. Tonnellier n'ait pas songé à écrire, pour notre BuUeiin,
quelqu'un de ces épisodes de notre histoire qu'il contait si
bien. Sa plume facile aurait sans peine tiré d'intéressantes
— \x\ —
Hmfes des doctimenls recueillis par son père et qu'il coiî-
»rr?aitnvce un soin pieux.
Muis s il ne prit jamais f^iiig parmi le* Iceleurs de la So-
mHt\ du moins 11 fut Tiin des ânfliteiirH les plus a sidns. Il
Hait aushi 1 un de ses mi'nVbres les plus fidèles el les pins
devxme%,
I Ile \m fréquentai ion de nos aîné:4, il avait ganlé le bel
flto, ie ciiUc du passé, le respect des tradititjns, le souci
des ifltéréis de notre Assoeinîron Nul n'èlail plus ardenl à
flirt observer les prescripHons du règlement, comme à dé-
fendre les prérogatives de noire Compagnie.
I A iléfaul de mémuires, que nous aurions In cerlaine-
«rni avec îtitérêi, i] nous laisse le souvenir de son profond
icbeinent h l'œuvre entreprise el poursuivie par la So-
Cifle ardiéo logique, C*est unexcmfïledont nous profiterons
ri potir Irqne! nous garderons à sa mémoire, avec nos re-
Is, ime vive reconnaissance. *
L'assemblée s'associe par ses applaudissements aux paro-
le* qircllc vient d enlcndre.
Nis M. l'alibé Cliurlraire dépose sur le bureau les pubU-
itons re^ue^ depuis la dernière réunion. Tl signale celtes
doiveol plus particnlièrenient allircr ratlentinn de la
bdélé, |Mirmt Icsqu elles une élude île noire cîjUègue
Oi Porer* nrchivisle de l'Yonne, inlUuléc : Docninrtth sur
oitiiktrf ' '. ÙvpnHrnu*n! de lYoïiru'. Prtfcês-uer-
dr Vadisr an iiènark'nicuktle de nUÙ ù ISŒ)^ pu-
klir* ïoas les auspices du conseil généraK Tome VI, conte-
laut le résumé des séanecs du directoire du départcmcnlj
Q II joUlel 17D3au G floréal an II, Cel ouvrage contient no-
iiimt-nt rhistorjque tic In formation du déparlemcnt de
Le seerêlaire donne lecture des principaux passa-
nts h celle l'urtîialion.
A()rés qucii, M le vîce-président soumet à rassemblée un
jet irexcorsfoii nrebéidnjfique h Muiet H ù Ftintaînc-
>l«iu. dojil la tiale sera ultoiieu renient fixée,
n annonce rnrure un pri»jet de visite à la calhédralc de
l
Hfl,
s
— KXin —
e président dépose sur le bureau les publicatiojig rc-
pendnnl le mois écoule. H si^jnale celles qui méritent
T^t Tottenlion de In Société.
^cione lacture d'une lettre de M. le ehauoine Blondcl,
ift du (Ihapdre, qui, h sou j^rand regret, se voit obligé
oïiiier sa démission de mend>rc titulaire, Tuge et les in-
îtés ne lui permettant plus de se rcn<lre aux séances
sucUcî», M. Prou expose que, deiniis 1877, M. le eliânotnc
«îcl fait pallie de lu Société, que pendant celte périoilc
pris une part des plus actives h ses travaux par la pu-
alian de nombreux et savants mémoires sur des qucs-
historiques- C'est pourquoi H propose à rassemblée
Kérerî^ M. le clianoïne Blondel le titre de membre
re. La proiïosition, mise aux voix, est adoptée à
ftaimilé des membres présents.
' h président comnmnique encore.
Une lettre du ministère de l Instruction pulilique et des
H-Ârtsjuî accusant réception : Pdes cent trois paquets
eiiant les exemplaires du IkilHfn de ht Soctcté an-héolo-
^ rfe SenSf tome XXI, premier rascicule de 1904, ainsi
le Cariitlalre du Chapitre de Sens ; 2" et des cinq e%cm-
ICI des mêmes publications destinés â In bibliothèque
Sociétés savantes et aux commissions de i)u[>îication
omite des travaux historiques et scienliiiques.
Deux lettres, l'une de M. le préfet de l'Yonne, et l'autre
r. Folliot, président du conseil général de l'Yonne,
isant réception du tome XXI du Biillelin de la Société
^otogiqne de Sens et du Cartulaire du Chapitre de Sens.
fin M. le président, au nom de la Société, adresse tous
emerciements à M. l'abbé Chartraire et à M. Rousseau,
>iit bien voulu guider un certain nombre de membres
Société dans une visite très intéressante faite à la ca-
bale de Sens.
-xprinie le vœu que M. le docteur Moreau, directeur
tiusées de Sens, veuille bien, lui aussi, se mettre à la
»5ilion de la Société pour des visites soit au musée gallo-
XX II
Sens pour le djmanclie 21 mai, à 1 heure de raprcs-midi,
visite pour bqtieHe il se mcl à b dlsposîlîon de la Société,
M. Heure pose In ((ncsUoii de savoir s'il ne serait pas op-
porLun de proUlcr des Iravoux qui sont exeeulcs en ce mo-
ment nu campanile de in enthêdndc de Sens, pour demnndeiH
le rélablissemeiit de ce canipnnile dans sa forme primilive.
Vn échange d'observations a lieu à ce sujet cuire M. Heure,
M, Tabbé Charlraïrc et M. Rousseau, areliitecte diocésain.
M, Rousseau rappelle quelle est la règle a cl u elle nient suivie
enmaliêre tle conservation des monuments historiques cl il
explique eu quoi consisteront les réparations qui seront
faites au campanile. Il ajoute que» d'ailleurs, il ne faudrait
pas compter obtenir les crédits nécessaires à la restitution
souhaitée par M. Heure.
M. Char traire continue la lecture de sa monographie de 1
Sèpu 1 1 utr du Du i iph in . < V o i r le Bulle t in . /
M. Joseph Perrin fait part à la Société de la découverte
qui vient d'être faite, à Saintet'.olomlic, de cinq sarcopha*
ges en pierre oolithique hlanehCf paraissant dater de l'épo-
que mérovingienne; un seul portait des traces de sculpture«J
11 a été déposé au musée de la ville.
M. Perrin eu donne la description. (V. BnlHin, t XXI L)
La séance se termine à 9 heures el demie par la distribu-
tion de la table du Musée gatlo -romain, composée par,
M. Maurice Prou.
Séance du 5 Juin ÎOort
PRÉSIIJKNCE DE M. MaLIUCE PEOU
Trente-huit membres sont présents.
Assiste lï la séance M. Raymond Cox, directeur du
Musée historique des tissus de ta Clininbre de commerce de
Lyon, a qui M. Prou adresse quelques paroles de bienve-
aue. îl lui exprime tous ses regrets de n'avoir pu assister à
la hrllhinte conférence cpi il a faite, le dimanche 4 juin, dans
la Salle synodale, sur les *Imus amivns
-" XXIJI —
îî le prfsidcnt dépose sur le bureau les publicalîoii^ rc-
çacs peml^iU Je mois écoulé. JJ signale ccHcs qui niérilcjil
daltirer riiUenUon de ta Soriélé.
11 donne Iccinre cf une letlre fïc M. le chanoine Blonde»],
dmrii ily (Vhapilre, qui, à sun grand regret, se voit oblige
de donner sa détius&ioa de membre tilulutre, Vûgt et les in-
né tiiî permellanl plus de se rendre aux séances
.\cs. M. Pnm expose que, depuis \H11, M. le chanoine
iUifiidel fait partie de la Société, que pendant cette période
lli pris une part des plus actives à î»es travaux jiar lu pu-
Mcaliijn «ft" iiondireux et savanLs niénioires sur des ques-
tions historiques. C'est pourquoi il propose k rasscnibléc
de conférer a M le chanoine Blonde! le titre de membre
honoraire . l^ proposition, mise aux voix, esl adoptée à
luQânimiié des membres présents,
M. le (srésiiiient communique encore,
h Une kltre du niinisiére de l'inslruction publique et des
BuiaiL*ÂrtsJui accusant récepliou : l^des centirois paquets
ttitilfnant lest exemplaîreîs du Jinlk'iin tic h Sovîétv archèotO'
^iquf dr Srtis, lonic XXI^ premier lascicute tle 1i>04^ ainsi
que le Ca tintai té dn Clmpiirt de Sens , 2» et des eint] cxem-
|ibires des mêmes publications destinés h la bibliothèque
fïcs Sociétés sn vaut es el aux commissions de |}ubiicatian
mile des Ira vaux hisUit iques et scientifiques.
I)eu3^ lettres, l'une de M. le préfet de l'Yonne, et 1 autre
M Fotliot» présîdenl du conseil général de V Yonne,
ace usant réception du tome XXÏ du Btiilefin de la Soviéié
ixheohffi^ue ik Se m et du (Airttdmre dn ChnpHre de Sens,
Enliii M. le président, au nom de la Société, adresse tous
nierciemcnls h M. l'abbé Cliarlraire et à \L Rousseau,
ont bien voulu jiuhlcr un certain nombre de membres
ik b Sciciélé dans une vigile très intéiessante faite h la ca-
lliéflfolc de Sens.
Il exprime te vœu que M le doc leur Mureau^ directeur
lÉ&tuusiér» de Scns^ veuille bien, lui ausst^ se mettre ù la
ftUposîtioci de lu Société pour des visiter sott au musée gallo-
ïfi
m
— XXIV —
romain, soit au musée de peinture, qui mériteraient d'ctre
mieux connus.
M. l'abbé Chartraire fait une communication relative à
l'excursion archéologique projetée pour le 13 juin.
M. Maurice Prou intéresse vivement la Société par le
compte rendu du congrès des Sociétés savantes, à Alger,
auquel il assistait en qualité de secrétaire-adjoint du Comité
des travaux archéologiques, et par le récit du voynge qu'il
fil, à cette occasion, en Algérie et en Tunisie. Il fait circuler
dans la salle de nombreuses reproductions photographiques
des régions qu'il a parcourues.
M. le docteur Moreau a examiné les ossements contenus
dans les deux urnes funéraires trouvées à Pierre-Couverte
et qui ont fait l'objet d'une intéressante communication de
M. Joseph Perrin. L'une de ces urnes renfermait différents
os non incinérés provenant d'un enfant à terme ou presque
à terme. La Icte de celui ci n'a certainement pas pu passer
par l'orifice du vase qui n'avait que 0«"085 de diamètre. On
ne peut guère supposer qu'il s'agit d'une sépulture à deux
degrés pour laquelle un vase beaucoup moins grand aurait
suffi, et l'on doit plutôt admettre que l'on a pratiqué dans la
panse de cette jarre une ouverture permettant rintroduction
du corps de l'enfant.
Les ossements contenus dans l'autre urne sont beaucoup
plus petits et proviennent d'un fœtus de six mois environ,
qui a pu être introduit par l'orifice du vase; il y a à noter,
en outre, la présence de quelques fleurs et celle d'un petit
objet métallique de forme triangulaire, paraissant être soit
un fragment d'instrument ou de jouet, soit un ornement ou
une amulette.
Ces sépultures d'enfant et de fœtus montrent une particu-
larité intéressante des mœurs gallo-romaines, et l'on trouve
dans le musée de Sens un autre exemple analogue. C'est
l'urne funéraire d'un tout petit enfant, oflerte par M. Ha-
bert, conservateur du Musée céramique et archéologique de
Reims. On n'a malheureusement pas de renseignements sur
— xvx —
tti os.<emeiiLs qu'elle pouvait i*eiifermert ni sur les trois pe-
Utrscu[»iiles en lerrc bliîiiche tjwi y sunl ncluellenienh mais
Isïï'ùn cortsi<lcre ses dimensions, on reconnaîl quelle n'n
pu mitentr que le corps iVufi fcrtus de six à sept moî?$ au
[ fins.
il propos de la lecture de M* le docteur Moreau^ M. l'abbé
Italioisc fail observer qu'il existe, sur le lerriloire de Vin-
[leCune du pelle dédit^e à Notre Danie de Champrnnd au*
ir tic bqucUe èlait im eî me II ère consacré à la sépulture
lllef enfante morts sans bn|)lénie.
Siancf dtt S juiUeî um
VlitSWESCU DE M L AUBI^ ClIAtITJlAlllË
II
Trrate-cinq membres sont présents.
Le |irorc<i- verbal de la drrnîére séance est lu et adopté,
Jt Tabbé Cîiartraire présente les excuses de M. Maurice
oa, pfésidetit, retenu ù PbHs par les examens de 1 Ecole
Uf s churles.
Il lit Qce lettre île M. Il* ch;in«iinc BlundeK qui remercie la
cklé de lui a%*otr conféré le litre tic membre houuraîrc,
Htl (impose sur k* bureau une brochure ofFcrlc par M. Blc^n-
tl, Inlilulée : (origines itpo^ioliqnai tHin ctrtain nombre dcn
fliin tte France. Etude hisiorhine el crittqtWj par M, le cha-
K>mr Rkioilcl, doyen ilu t'Jia pitre de Sens.
Des remercie me 11 Isï houI votés à l'auteur.
Vu\\)i. le président Mi part du décès de M*îf Léon*Aubin
|fifi(ftï, camérier secret de Sa SainUdé IMe X^ docteur en
bpobgtc, ancien ;ïuniônier îie l'IbMel-Dîeu de Sens, sincien
lire géuéniî de CTlianiliéry; ancien curé de SaiotLouis
ic< lie Mnscïiii, chanoine honoraire lîe (Ihambéry
h V, itj(»rl i\ Jérusulcni le l!l juin 11)05.
I flnnn>eUe que >U"^ Vivien a Tait parliê de la Société et a
y u
I
li'i
— XXVIII —
Il communique :
1" Le programme du congrès des sociétés savantes qai se
tiendra ù la Sorbonne en 1906 ;
2^ Une circulaire relative à la mise au concours d'un ma-
nuel d'histoire de la Bourgogne;
3' Une circulaire sollicitant la Société de prendre part à
la souscription ouverte pour placer, sur le tombeau de
M. le comte de Marsy, un médaillon de bronze reprodui-
sant les traits sympathiques de l'ancien directeur de la So-
ciété française d'archéologie. Le bureau examinera celle
demande ;
4^ Une circulaire du comité formé pour l'érection d'un
monument à Charles Daubigny, invitant la Société à contri-
buer par une souscription à la réalisation de ce projet ;
5-^ Une lettre de M. Paul Julliot, en date du 30 juin 1905,
qui, en son nom et au nom de sa famille, remercie la So-
ciété de la remise qui lui a été faite des exemplaires et des
planches du Musée lapidaire qui lui manquaient, exemplai-
res que la Société a bien voulu faire éditer pour compléter
l'ouvrage de M. Gustave Julliot ;
G*' Une lettre de faire part du décès de M. Octave-Lor.is-
Marie Sachot, ancien élève du lycée de Sens, chevalier de la
Légion d'honneur, officier de l'Instruction publique, qui a
été membre correspondant de la Société.
M. le vice-président a encore le regret de faire part du
décès de M. Albert dn Feu, qui faisait partie de la Sociélé
en qualité de membre libre depuis l'année 1893. Au nom de
la Société, il adresse ses condoléances à la famille du dé-
funt.
Après avoir déposé sur le bureau les ouvrages reçus pen-
dant le mois écoulé, M. le vice-président annonce à la So-
ciété que le monument du chanoine Philippe Hodoard a élc
réinstallé à la cathédrale. 11 indique quel était son ancien
emplacement et fait ressortir qu'en dehors de son intérêt
historique le monument a une réelle valeur artistique. Des
remerciements sont dus, pour cette restitution, à MM. Bé-
— X3C1X —
mtrti cl Rousseau, architectes, en particulier à ce dernier,
M Joseph Perrin iicpase sur le bure^a un ouvrage ofîcrt
à la Socit'lé par M ïï. CluroU hUîtulc : Ihk'oiwerie tfn Ca-
nmr de Hmirtiahur à Saint-Su Ipice, en IKfH. (Exlrail du
Bat(f(m (irs anciens èlévns de Sainl-SnfpiceJ M. Perrin en
c une courte âixaly&c et fail ressortir liniportarice de
couverte*
H es! prie iJe vouloir bien tratisnieUrc à M, Chérolles re-
»Bercirni€fits de la Socîél^!^.
M Tabbé Chartrnire coulinue 1^ lecture de sa mouogra-
|>Jtic de la StpuHnrt' du Dauphin ùSi'n.%. Il relaie les événe-
ots de b période révohitionnairc se rappnrtanl à son
fjel* «Voir le liuUeîin. '
M. Louis Kley fail une lecture intitulée : Menhirs el dot-
rm Après être entre" dans des eonsldéniUons géuënilcs
fimeerfiaul ces monuments préliiiilori([ues. M. Kley en vient
[larler d'une pierre qui se irouvnii en dernier lieu an bas
le lj colline de Saint-Marlin du Tertre, el qui, suivant lui,
kolt être considérée comiue un menhir,
lli^ erses observations sont prcseniées par plusieurs menu
yth de rassemblée sur les conchisions du rapport de
Kley-
Séance du 9 octobre tdOîî
PnÉsmu^QE DE M. Mauhiçe Prou
Qaantnie membres sont prêsenU.
¥ja 1 aliisc n c c il u sec ré la ire e l d u p ro- se c r ê ta î r e e uî p é c h é s ,
. TlioriA, vice-archiviste, remplit les ionclious de secrê-
M le pré %i4 lent dépose sur le bureau les pu blica lions re~
les pendant Ir mois écoulé el signnlc celles qui mérite ni
attirer pUix par lieu hérement 1 al lent ion de la Sotielé.
Aprr^ la lecture du iiroeés-verbal de la dernière séance,
. Joseph Pcrria, Buviguier et Morcau, font observer
-- XXX
qu'ils ont fait des réserves au sujet du rapport lu, le 7 août,
par M. Kley, et qu'ils ne croient pas reconnaître un menhir
dans la pierre dont il a parlé. 11 est décidé que cette obser-
vation sera consignée au procès-verbal.
M. le président communique :
1« Une lettre de dom Besse, bénédictin de Tabbaye de Li-
gugé, actuellement à Chevetogne, par Leignon, province de
Namur, demandant l'échange du Bulletin de la Société ar-
chéologique de Sens avec la Revue Mabillon, consacrée à la
publication des archives monastiques et paraissant chaque
trimestre.
La Société, consultée, décide d'accueillir cette demande
d'échange ;
2? Une lettre de la Société dunkerquoise sollicitant la par-
ticipation de la Société à la Fédération amicale des Sociétés
savantes de province, moyennant une souscription de
10 francs. La Société ne croit pas devoir accueillir cette pro-
position ;
3 Une lettre de M. le chanoine Mémain, demandant un
congé de quelques mois, motivé par l'afTaiblissemcnt de sa
santé. M. le président exprime le regret de la Société d'être
privée de la présence, aux réunions, de M. le chanoine Mé-
main. Il espère que sa santé s'améliorera promptement et
il propose d'accorder à M. le chanoine Mémain un congé de
six mois. Cette proposition, mise aux voix, est adoptée à
l'unanimité des membres présents.
M. le président fait connaître que le conseil municipal de
Sens a décidé de donner le nom de Gustave-JuUiot à la
salle où sont exposées les sculptures romaines, et, à ce sujet,
il s'exprime en ces termes :
a Sur la proposition de la commission du Musée et spé-
cialement de notre collègue, M. le docteur Moreau, le con-
seil municipal, dans sa dernière séance, a décidé de don-
der le nom de Gustave-JuUiot à la salle du musée où sont
exposées les sculptures romaines, afln de perpétuer la méi
moire d'un savant sénonais dans le lieu même qui était de^
— XXXI —
venu comme son cabinet de travail, et oti il a élnborê une
irovn; qui, seule, s^tininilt à aïvstircrson nom contre l'oubli,
tbtitîimage que la \ilte rend ù notre regrette- eollî-guc re-
jaillit sur nuire Sodélé, donl il a été pendant de longues
aiiinées le reprèscnlîint le plus «nutorise, ci il nous est per-
mis de eon^i«iérer la decUîon du corps municipal eomme
oîie rvetia naissance deî* eliorts de noire Société pour le dé-
Trluppcmeni du Musée gallo romain, créé par nos Tonda-
leurh raéraes.
• ie crois être rinterprète de vos sentiments en exprî-
uuint ici notre gratitude h la commission du Musée et ii la
nmnidpjiliitv »
rtieîkalve d'applaudissements accueille ces paroles,
l'arbiit ensuite des origines de la Uibliotticque munici-
pale, M le président analyse un dosfiier de documents re-
Uiiî% aux urigincs de la BibtioUièque de Sens^ acluellenient
eanservé ou dépnrlementdcs manuscrUs de la Bibliothèque
nationale, et que lui a signalé M, Henri Omont, membre de
Ibiîitilut, conservateur de ce déparlement.
Le plus ancien de ces documents est un questionnaire
noacié à une circulaire adressée par le ministre de 11 nié -
'îeuTt le 15 pluviôse an Vfl t'i février ITlftl), aux administra-
Hita* dépflrtementnles. Le questionnaire fut rempli, pour
tYonne, par le citoyen Laîre, bibliottiécaire de FEcolecen-
Irtift et relcjurné i\ Pans, le t*»" germinal an Vil t2l nuirs
%79&}, ljc% nf-ponses deLair«, outre qu elles contiennent une
ibiograpfiic de ce célèbre bibliophile, nous renseignent
'^lat tic% anciennes tilblioUiéques du dépnrlcmenl et,
iatement, sur les anciennes bibliothéfîues publiques du
pilre cl du collège de Sons, sur le dépôt de livres appelé
put IJllcfuire, fiirtné h Sens, cl où l'on avait réuni les livres
\t\ r^tnblisficniciits religieux supprimés et des coiulamnés,
Tcirel de rép:irtir ces livres cuire tes J>ibUolhèques aux-
[elles on pensait qu'ils devaient être utiles; enfin, sur
elqucs œuvres dort dont plusieurs sont aujourd'hui au
\^'
— XXXII
i
Le même dossier renferme encore une lettre de Tadminis-
tration municipale de Sens, du 5 germinal an VIII (26 mars
1800), au ministre de Tintérieur, indiquant les sacrifices que
la ville a déjà consentis pour préparer l'établissement d'une
bibliothèque, et requérant l'aide du ministre pour la ren-
dre publique.
Une série d'autres lettres dû préfet et du ministre, des
années 180 J, 1817 et 1820, sont relatives à la même question
et permettent de constater qu'en cette dernière année la
bibliothèque de Sens, installée au collège, n'avait pas en-
core de conservateur et n'était pas encore ouverte au pu-
blic.
Après cette intéressante communication, M. le président
porte à la connaissance de la Société que le Syndicat d'ini-
tive pour attirer les étrangers dans le Sénonais sollicite une
nouvelle subvention qui lui permettrait de mener à bien la
lourde tâche qu'il a entreprise.
M. le président propose d'accorder au Syndicat une
somme de vingt francs, en exprimant le regret que les res-
sources de la Société ne lui permettent pas un concours
plus généreux.
Cette proposition est adoptée par la majorité des mem-
bres présents.
Au nom de la Société, M. le président adresse des remer-
ciements à M. Joseph Perrin, qui a fait don à la Société
d'un volume des Affiches de Sens, année 1784, et d'un volume
des œuvres du conventionnel Châtelain.
M. l'abbé Chartraire continue sa très intéressante lecture
sur la Sépulture du Dauphin. Il raconte les péripéties de la
restauration du mausolée, en 1814, de l'exhumation des
restes du Dauphin et de la Dauphine et de leur retour du ;
cimetière à leur sépulture dans la cathédrale et retrace les
petits conflits survenus, à cette occasion, entre rautorité
civile et l'autorité ecclésiastique. ^Voir le Bulletin. J
M. Rousseau fait connaître qu'avec le concours deM.Lou- ,
zier, architecte des Monuments historiques, il a fait procé- '
— xxsm —
,„ila restauration du bas-reUef représentant h. Mn.lc-
;I Ïulée. p.r .,ud4..--. à Jean C..s.n, et c,u.
♦rmivP dans rédise Saint-Maurice.
TseprPerrin fnit remarquer c.ue cosl la Sociét. ar-
JolSe qai a pris l initiative .ic d.mnndor la pr..crva-
r ;cemol..cnt menacé .m.e rninc proch.m.
■rie veLsséc. appelée a«..i poterie s-"-""^'; ''^' ^^^_
aïo-romaine, représentant de. hommes de. o"^; "^ -
,e.Bi elc , trouvé dans les terrassements pratiquas prcs
fa p-me.adr du Qnator.e-Jui.iet et déposé sur le bu
resu par notre collègue, M. Morel, qui la rccuedh.
reau par
Séance du S novembre 1905
Pbésidenxe de m. Maurice Phol-
Ouarante membres sont présents.
M l'abbé Bonneau, curé-doyen de ChabUs, membre libre,
^ïe proclterbal de la deraiére séance est lu cl ndopjé
i Criée Proo, M- iabbé Chartraire et ^- ^^^^-
neau présentent, en qualité de membre hbrc, M. t-lurUs
CoDstantinChanviu, propriétaire, à Chalil.s
M Maurice Prou, M. l'abbé Chartra.re et M. Joseph
Perrin présentent, en qualité de membre correspondant,
le R P dom Besse, bénédictin de 1 abl^aye de Ugm; d.-
recteur de la Hevue Mahilloa, à Chevelogne, par Lci-non
province de Naniur. t„iii„t -, iilon
M le président fait connaître que lafamdlc Jull, >t a bien
ccJocaLnts pourront et™ utiles !. 1» bocc...
1!
llHh
-I,
1. :^
— XXXIV -r-
Un examen en sera fait aussitôt que possible. Des remer-
ciements sont votés s\ la famille Julliot.
M. le président dépose sur le bureau quatre documents
intéressants, offerts par M. Pagnier.
Ce sont :
1« Des lettres royaux, en forme de charte, encore munies
de leur sceau, en date du 12 février 1665, portant maintenue
de noblesse en faveur d*Edme-Hector des Ardans;
2» Un brevet d'armoiries pour Edme-Hector des Ardans,
chevalier, seigneur de Gumery, mousquetaire du roi en la
première compagnie.
3" Des lettres royaux, autrefois scellées, sur double
queue, en date du i avril 1704, portant nomination de M« An-
toine Fauvelet comme conseiller honoraire au bailliage et
siège présidial de Sens ;
4*» Un brevet de cornette de la quatrième compagnie du
régiment de dragons de la Suze, pour le sieur Poréhero, en
date du 22 septembre 1742.
Des remerciements sont adressés à M. Pagnier.
M. le président communique une lettre de la Société d'étu-
des d'Avallon, qui demande une subvention pour Taider à
acquérir, afln d'en assurer la couservation, les restes du
prieuré de Saint-Jean-les- Bons-Hommes, situé à trois kilo-
mètres d'Avallon, près de Sauvigny-le-Bois.
En raison de l'intérêt qui s'attache à la sauvegarde de ce
monument, l'assemblée, consultée, vote, à l'unanimité des
membres présents, une subvention de 50 francs.
Enfin M. le président dépose sur le bureau les publica-
tions reçues pendant le mois écoulé.
M. le commandant Buvignier communique à la Société un
programme imprimé de thèses qui ont été soutenues sur la
LogiquCy la Métaphysique et la Pneumatologie (science des
esprits^ dans la grande cour du collège des Jésuites de Sens
(le lycée actuel), le 13 août 1755, à 2 heures de l'après-midi
par quatre élèves de ce collège : Claude-Edmond Lancome,
de Brienon, Edmond Richard, de Montereau, Etienne Ro-
— XXXV —
tL I ïk Vinîi*Novii*BelUcosa, d et Antoine Roi, ilc Sens.
{a libraire tie Paris propose Tachnl de ce dociîmenl nu
pm de 5 fmnes, mais malgré rintérêt qu'il présente, k So-
çirlé déeide de ne pas dt^passcr le prix de 2 francs,
M J- Perrin fait un rapporl sur les ion il les de J'oppiduni
fltïu cimelière gaulois de Chaumont Haule-Marne^ Il ana-
lyîte b noiice pai-ue dans les Aimâtes de la Sovivk- d'hisknre
ft énrrhrtâkujie de Ciuiumonî, année 190"», rascicule 20*s et
dans laquelle M, Ca^antol, président de celte Société, dans
une étude fort intéresï»antc sur les nécropoles de la uionla-
gnc de Saint Roeti, près Chaumont, démontre que 1 agglo-
mération cha union ta î*^c est plus ancienne qu'où ne pense et
qu'elle occupait le plateau deSainlHoeh» connu sous le nom
êv TirtW-Olt\ tiîen avant de venir se grouper au tour du ciuV
teau-fort qui, durant le moyen jige, lui servit de défense.
M, J. PeiTJii conclut en faisant ressortir d'al>ord quel in*
Irrêl il paorrait y a%*oir pour notre Société à suivre l exem-
fiie de rcîle de Chaurnont en faisant des recherches qui
pourraient conduire à des découvertes ajiaiogues; el en se-
cond tleu« quel profit il y aurait pour les membres de la
Société à lire et consulter les ouvrages composant sa bi-
MloUiéque.
11. Frou sîguîite, à la Bibliothèque royale de Belgique* un
maDiisrnl H origine sénonalse C'est un pontifical écrit pour
1111 arche vétiue de Sens, au xv*' siècle. 11 porte aujourd hui,
Il Bibljothcque de Bruxelles, le numéro 9215. Les nom*
limses et belles miniatures dont il est orné l'ont rendu de-
ptn% longtenips célèbre. Les peintures, dont la plupart re-
préicfltent Tévèque dans rcxercice de ses diverses fonctions,
répftrtiîîsefil en deux groupes : dont le premier est rceuvre
•rtjstc orriéré, et dont le second est l'teuvrc d'un nr-
Dovatetir,
II. l*rou met sous les yeux de la Société la photographtc
f la plu& belle des peintures de ce manuscrit^ une eruei-
, que Jklieliiels a attribuée sans hésitation, mais aussi
suHisantes, à Roger van der Weyden.
— XXXVI —
M. Tabbc Charlraire fait une lecture intitulée : Sens en 18U
et 18i6. L'exhumation des restes du Dauphin j les visites du
comte d'Artois et de la duchesse d'Angoulême. (Voir le Bul-
letins
Séance du 4 décembre 1905
Présidence de M. l'abbé Chartraire, vice-président
Quarante membres sont présents.
Le procés-verbal de la dernière séance est lu et adopté.
M. Tabbé Chartraire présente les excuses de M. Maurice
Prou qui, très fatigué et retenu à Paris par ses nombreuses
occupations, n*a pu venir présider la séance et donne lec-
ture de son compte rendu sur les travaux de la Société pen-
dant l'année 1905 :
< Messieurs,
« Le compte rendu de nos travaux que, suivant la tradi-
tion, le président doit vous faire chaque année, lui serait
une tâche agréable, puisqu'il y trouverait l'occasion de con-
stater la vitalité de notre Compagnie, sll ne fallait en même
temps, et tout d'abord, rappeler le souvenir de ceux que la
mort nous a enlevés, devoir toujours pénible, mais que la
mauvaise fortune a voulu me rendre plus pénible encore
en m'imposant d'inscrire pieusement dans notre nécrologc
le nom d'un collègue à qui j'étais lié d'une affection pro-
fonde et respectueuse depuis ma première enfance, qui,
dans les derniers jours de sa vie, me donnait encore des
témoignages de bienveillance, vers qui, enfin, ma pensée ne
peut se reporter sans évoquer du même coup tant d'êtres
chers et disparus.
c Alfred Tonnellier était entré dans la Société en 1867. Bien
qu'il fût le plus ancien parmi nous, ni son âge ni sa santé
ne faisaient prévoir qu'il dût nous quitter si promptement.
Notre vice-président a rendu à sa mémoire un hommage
qu'on ne saurait qualifier de dernier, puisqu'il est impossi-
— XXXV7I —
hlc que^ en raison rie k place qu'il a tenue ici, son nom n'y
lotf encore souvent évoque ei toujours honoré, Qirsi Al-
fred Ton nel lier n'a Hen éerit pour nos buttelins, nlor^ que
h connaissance qn il avait de notre pays et de ses tradi-
Lioais Jointe a une grande racîlité de style, lui eût permis de
le faire, il n'en a pas moins tenu parmi nous un rôle inipor-
taot et par rassiduité aux séances et par une intervention
linèquente dans les discussions. Une intelligence vive, au-
tant de rîartc dans la |)ensée que dans la parole, une
gnrnde expérience de juriste, et, sous une apparence prl-
ttiesâuliére, une pensée réfléchie et un attachement opiniâ-
tre à ses coiivietions faisaient de noire collègue un de vos
r0nsetllers les meilleurs et les plus écoutés. D'un caractère
âJtnatile^ qm lui avait acquis tant de sympathies, il appor-
lail dans nos réunions un [)eu de cet esprit et de celte verve
qu il dépensait largement d;ins les salons ; il nous en réser-
vait ce qui convient à une Société d'archéologues. Mais
nouft ne sommes pas ici seulement pour tUsserler; nous
y sntntDes aossi pour maintenir les tradilions locales. Kl
nul plus, ni mieux que TonncUier, ne pouvait prétendre à
le* riinnaitre. Avec lui disparaît un Sénonais de vieille sou-
cbe et qui, plus tard, fera figure dans les annales de notre
clîi au xi3t' siècle.
t Ncxu* avons eu aussi le regret de perdre deux membres
lûurrx : M Alliert de Feu et le vicomte René de Mimtjoie.
• ît nous faut aussi accorder un souvenir h Tun de nos
aiicienx ctirriîïipondants. Octave Sachot, non parce quMl fut
Il Itérât eu r distingué et qu1l est honorable pour nous
son no ni ait figuré sur nos listes, mais plutôt parce
qotl garda Jusqu'à la tin un attachement profond à ses com-
pn triât es.
1 Le* pertes d'une société ne sauraient se compenser. Car,
(m$ofi9('tà le c6té sentimental ; il reste quechnque homme
* Sien carnet r*rc propre cpii fait qu'un autre peut prendre sa
place sans jnmais I occuper complékmcnt. Mais la force
tilalc tirs s0ci<fté& réside dans t'enchevclreraenl des gêné-
— XXXVIII —
rations, qui résulte des nouvelles recrues. Nous devons
avouer que, cette année, le nombre des membres n*a pas
augmenté. Si nous avons eu le plaisir d'accueillir parmi les
membres litulaires M. Tabbé Corberon et M. Heure, biblio-
thécaire de la ville, ils ne sont pas de nouveaux venus ;
comme membres libres, ils prenaient part à nos travaux.
Le goût qu'ils ont pour nos études et les preuves qu'ils en
ont données par leurs écrits nous autorisent à attendre
d'eux une collaboration plus active.
« La santé de M. le chanoine Blondel lui a fait craindre
de ne pouvoir plus remplir les obligations d'un membre
titulaire. Ce sont là craintes chimériques. L'ardeur qu'il a
toujours apportée aux recherches historiques ne saurait
s'éteindre. Un esprit aussi actif ne peut se détacher d'étu-
des auxquelles il a consacré tous les loisirs que lui laissait
l'exercice de son ministère. Les liens qui nous unissent à
lui ne se relâcheront pas. En lui conférant le titre de mem-
bre honoraire, vous avez voulu non pas tant témoigner de
votre reconnaissance à son endroit et de l'estime que vous
avez pour ses Irnvaux et sa personne, que marquer le désir
qu'il continue à vous communiquer le résultat de ses inves-
tigations, à poser, discuter et résoudre devant vous les pro-
blèmes les plus difflciles et les plus controversés de l'his-
toire de l'Eglise sénonaise. L'honorariat ne sera pas pour
lui synonyme de retraite.
« Car, il importe, Messieurs, que chacun de nous, dans la
mesure de ses forces, contribue au travail qui est l'objet de
notre Société : rechercher, conserver, expliquer les monu-
ments d'un passé glorieux
«r En dépit des destructions que le temps et les hommes,
plus que le temps, ont faites, la ville de Sens conser>x en-
core des vestiges de l'antiquité et du moyen âge qui pro-
clament le rang considérable qu'elle a tenu en ces temps-là
parmi les villes de la Gaule et de la France, et des vestiges
qui ne sont pas seulement des reliques, mais qui ont une
valeur artistique, indépendante et de l'antiquité et des sou-
— XXXIX —
vriïïrs qui s*y nitlnclient. lelle que les étrangers sentent, à
JfîCOJîletnpkr, une émotion dans laquelle i;'enlrent pAs les
feotimcnts d'une piélé fUfale,
I L inlérét que nous autres prenons h la ealliédrole, aux
églises Saint Suvinien et Saint- Je£in, aux hns^reliefs romnins
retirés des nturaïH^îS, à Ja vieille poterne et même aux ar-
diiresquî nous livrent la pensée et les actes de nos ancé-
tresi pourrait nvoir sa source uniquement ttans ce senti-
ment qui nous attache aux choses vues dans la jeunesse ou
au milieu desquelles nous vivons, et qui nous rend curieux
de* gestes de cqu\ qui ont foulé le même sol.
• U n'en eU rien Le témoignage des étranj^ers prouve que
notre admiration ne s'égare point. Quelques-uns d*enlre
vomuni |>eut être lu un vuluuie tlun amùricain^ M, W, Mor*
Ion FuUerlnn, paru en 1DÛ5, et intitulé : Terrvu françfihvsi.
^n% 1rs premières pages^ Tâuteur a consigné les impres-
jticms que la visite de Srn** lui a foiles el laissées Sans doute
quelques-uns de ses Jugements sont contestables. Mais il a
senti tout le charme du paysage calme qu'on découvre du
htaldu ï viey*\ pont à dos d iine; ^ il a été saisi de la gran-
deur de la cathédrale qui f domine triomphalement la
ifific; > jJ a été ra%i des « merveilles i» du trésor; il s est
rrporlé vers les souvenirs qu'évoquent dans tout esprit cul-
tiré et ces monuments et d'autres encore. Et enfin, il a con*
dit; i LliJstoîre d^une ville comme Sens ennoblit toute une
• nitfofi. «
t (*est la conscience que vnus avex de cette grandeur qui
vt>Qs soutient dans les recherches que vous poursuivez.
I Aucune période de l'histoire ne reste en dehors du ca*
dredenos études, En remontant Jusqu*à l'invasion arylenne
et eu vous entretenant des menhirs et des dolmens,
M Kiev a renouvelé un sujet que nos prédécesseurs avaient
ikjù Imite, car le premier volume de nos Bnt!rifns contient
pae étude sur les monuments qu alors on appelait celtiques
u'oji attribue nujounihui ù la race d'homme établie
nos régions aotérieurement à ta conque Le gauloise, tl
(
— XL —
^ -,
k^
est probable que le silence de ces blocs de pierre éveillera
longtemps encore Tiinagination des esprits curieux de ré-
soudre les problèmes difïiciles.
•^c M. Joseph Perrin vous a fait connaître l'usage antique
d'enterrer les morts dans des vases de terre. Il avait visité,
avec M. Sépot, les fouilles que M. Lapôtre pratique avec
habileté et succès sur le territoire de Courgenay, et assiste
h la découverte de vases contenant des ossements humains,
que le docteur Moreau, chez qui Tanatomiste se double
d'un archéologue, a reconnus pour ceux d'enfants nou-
veaux-nés. Cette détermination a fourni à M. l'abbé Laboise
l'occasion de signaler l'existence, à Vlnneuf, d'un ancien
cimetière réservé à la sépulUire des enfants morts sans
baptême.
« C*est encore M. Joseph Perrin qui a appelé devant vous
le plus ancien témoin du christianisme à Sens, un ustensile
bien vulgaire, d'une facture grossière, une simple lampe de
terre, mais inflniment précieuse puisqu'elle est ornée du
monogramme du Christ, type de lampe dont la Gaule n'a
fourni que très peu d'exemplaires. M. Perrin, de qui vous
entendez toujours avec plaisir la parole claire et élégante,
en a dégagé la valeur. Cette communication a incité M. le
chanoine Mémain à rédiger un mémoire sur un autre mo-
nument de la même époque, et portant le même mono-
gramme, que les épigraphistes ont commenté à plusieurs
reprises, mais dont personne n'avait donné une explication
aussi complète ni aussi approfondie que c(^lle que nous a
proposée notre collègue : nous voulons parler des tablettes
de bronze offertes au consulaire Lupicinus par les cités de
Sens, d'Auxerre et d'Orléans.
« M. Félix Chandenier, vous rendant compte d'un livre
de M. William Aspinwal, sur les écoles épiscopales et mo-
nastiques de l'ancienne province ecclésiastique de Sens, ne
s'est pas borné î^i en faire l'analyse, ni même à le critiquer;
aux recherches de l'auteur, il a ajouté des observations que
lui permettaient de faire des études personnelles.
— xu —
f M. Buvignier nous a fait sortir du moyen âge, avec une
communication sur les œuvres poétiques du cardinal du
Perron. Aux remerciements que nous adressons à notre
collègue pour nous avoir fait connaître une littérature qui
ne nous est pas familière, nous devons en ajouter d'autres
p<>ur le dévouement avec lequel il a entrepris une œuvre,
qui, une fois achevée, sera très utile et doublera la valeur
de nos publications, nous voulons dire la table alphabéti-
que et analytique de nos Bulletins. Car s'il est actuellement
facile de retrouver dans nos Bulletins les mémoires qui y
sont imprimés, il Test beaucoup moins de rechercher les
renseignements si nombreux disséminés dans les procès-
verbaux.
c Enfîn, M. le chanoine Chartraire nous a lu un mémoire
très documenté, rempli de détails nouveaux et précis pré-
sentés de la façon la plus élégante, sur le tombeau du Dau-
phin. Dans une série de tableaux, il nous a montré le peu-
ple accompagnant, avec les marques d'nn deuil sincère,
Ihéritier du trône jusqu'au lieu de sa sépulture, les littéra-
teurs et les artistes rivalisant d'imagination pour élever un
monument digne de la mémoire d'un prince royal, ce mo-
nument à peine achevé et déjà menacé, préservé cepen-
dant de la destruction, mais soustrait aux regards, puis la
génération suivante le restaurant en même temps qu'elle
reprenait les traditions nationales un moment abandon-
nées : image en raccourci de l'histoire de la France pendant
un demi-siècle.
c Deux savants étrangers à notre Compagnie l'ont honorée
de leur collaboration; l'un, membre de l'Institut; l'autre
membre de la Société des antiquaires de France. M. Jules
Guiffrey nous a envoyé des documents sur Jean Cousin, aux-
quels il a joint un commentaire. M. Adrien Blanchet, met-
tant à notre service une compétence numismatique hors de
|)nir, a écrit la notice d'une trouvaille de monnaies gauloises
fiiile à Sens en 1897. Nous leur adressons l'expression d'une
très vive gratitude.
— XLII —
c Ainsi, des temps préhistoriques au xix« siècle, nous avons
soivi le développement de notre histoire dans les monu-
ments figurés et dans les documents écrits.
« Toute la dépense d*érudition qui s'est faite ici n*a pas pro-
fité exclusivement aux membres de la Société. Noos avons
voulu en assurer le bépéfice à quelques antres. Vous avez
invité les personnes de votre parenté à assister à la confé-
rence qu*a faite tout exprès pour la Société archéologique
M. Raymond Cox, directeur du Musée historique des tissus
delà Chambre de commerce de Lyon, et aussi à la visite de
la cathédrale, que MM. Chartraire et Rousseau ont dirigée
avec Tautorité que leur donne une connaissance complète
du plus beau des monuments sénonais; et encore à une
promenade archéologique et artistique à Moret et à Fontai-
nebleau, rendue si attrayante et intéressante par les expli-
cations que vous ont données M. Lioret, conseiller général de
Seine-et-Marne, et M. Deroy, membre de la Société archéo-
logique du Gâtinais. Ces excursions, que mes prédécesseurs
ont organisées il y a quelques années, ont été accueillies
nvec la plus grande faveur. Elles ont, croyons-nous, beau-
coup d'utilité. Elles nous mettent en contact direct avec les
monuments, et nous instruisent en quelques instants plus
que ne le feraient des livres et des photographies. Elles sont
de nature à développer le goût artistique chez ceux qui l'ont
et à réveiller chez dautres où il est latent. Elles répondent
à la méthode de pédagogie contemporaine qui, pour la cul-
ture de Tesprit, fait appel aux leçons de choses. Seuls ceux
de nos collègues qui assument la charge d'organiser ces ex-
cursions pourraient trouver que le charme n'en est pas sans
mélange; ils n'y songent pas; le dévouement aux intérêts
communs, dont ils donnent des preuves continuelles, le
plaisir qu'ils ont à vous être agréables, la conscience de
faire œuvre utile sont le contrepoids des ennuis que peu-
vent leur causer les démarches nécessaires au succès de ces
petits voyages. Et si à tout cela nous ajoutons de notre pari
de sincères sentiments de reconnaissance, nous ne doutons
— xuu —
tsque noir^ vice président et notre tresarier ne nous cn-
aeut encore, l'été prochain, vers quelque ville où nos
oâlsurcUénlogiqaes et artistiques trouvent satisfacUon.
t Nous n'âvoiii> pas perdu tl^ vue l'un des objets de noire
ijtuUon, qui est d'assurer ta conservation des anciens
Doitunients, Nous avons sollicité de M. le sous-secrétaire
aux beauik-arts le ctassemenl de quelques restes re-
aaMcs de Tenceinte romaine. Nous pouvons espérer
b poterne des Qiia Ire-Mares, là muraille où elle est
cét% el la belle salle du xit« sltelc qui s'y appuie seront
tisesou nombre des monuments hbtoHques. Noussouhai-
rions aussi qu'on assurai contre In destruction la seule
rqui présente encore sur Tune des faces un appareil ro-
bien conservé el dont le rez-de-chaussée est voùlé, à
JÏRtérieur, il une coupole du moyen iige, nous voulons dire
i tour sise sur le boulevard du Quatorze Juillet» entre les
[»tis w** 49 t5l 5L Et, puisque lu Commission des Monu*
nts iiinlonques a émis un vœu lavorable à la réalisation
tce projet, nous espérons que vous vous euiploiere^ tous
kfatre dispnmître les oppositions qui pourraient se produire.
• M Joseph Perrin vous a signalé la découverte, à Sainte-
Eïlptnbe, de einq sarcophages cie Tépoque barbare, l^'un
reuK. qui présente une ornementation rudimeulnire, a été
Reposé au musée.
• 1^ Scjciete a le droit de revendiquer une part dans l'œu-
trcdc restanmtiun du monument coramémoratirdu chanoine
Pliilippe irodoard, (misque c'est par les soins de notre col-
êîjye, M. Léon Hausseau, archilectedcla cathédrale, et avec
laftprobnlion de M. Bérnrd, architecte des édinces diocé-
liûs. qu'il a été replacé dans la cathédrale.
• Nos coilectiuns se sont enrichies. M. Edmond Feineux
Htm» 3» otTerl trois monnaies gauloïses provenant de la trou-
:i étudiée M. Adrien HlancheL M. Lapùtre et notre
M i>u chemin nous ont donné des aérolithes. A
ttiiibé iUinrtrnlre :iuu!« devons une tête romaine de mar-
|ttm* d un nmr.
— XLIV —
i Et imîtujiteje |>ar]ê de nos collections, n'est ce pas le
CAS d*fippeter voire attention sur In nécessilè ifcn acliever
le eisfttement, et tout d'atiori] de munir d étlqueUes les oti*
JeU de no% vitrines qui en sont encore dépourvus. La pro
venuncc de ctiacun d'eux, qui est te renseignement le plus
utile pour des viMteurs archéologues, scm facilement dé-
terminée quand notre arcliiviste-adjoint aura fini de relever
donw now registres les mentions d acquisitions ou de dons,
trivaii un peu fusUdrcux, mais que M. Thorin a bien voulu
de la nieilleuro gr<lee nous promettre d'entreprendre.
i La hlt>lliiih(>quc ne ^'cst pas seulement augmentée des
publicnllonH qui viennent par voie d'écliange. La famille dé^
(fUntave JuUiot u*e&ï dessaisie en faveur de ta Société nr-
chéi>logirjue de** notes réunies par notre regretté président
en vue tl(^ t m vaux deuil it nvait formé le projet. Aux notes
ioni joints fies fragments <îe mémoires, dont il semble que
In rédncllon soH assez poussée pour qu'on les puisse publier
^i litre d'u'uvres poî*t humes. Qunnt nux copies des doeii-
metitsp elles dispenseront du travail ingrat de Iranst ription
ceux d'entre nou*i qui se proposeraient d'étudier les sujets
iiux quels Vêtait arrélé Gustave Julliol. Ainsi il n'aura pas
travaillé en pure perle; il continuera en quelque sorte à
rtjïhdïort'r h nos travaux, et nous conlracterons envers sa
tu émoi rc île nduvcilcs ohligalions.
fl M. Perrin nous a offert <\cnx volumes rares : iesAfftchrt
de Scm, de 1781. et les œuvres de Clullelain, député à
(lonventiou nnliouale.
t Tous ces accroisse m en ts de la bibliothèque deviei
dnvient Inutiles si notre bibliolliécaire devait cuntinuerl
ctita!iser les livres dans un |*etit cabinet qui est depuis Inw
tempK trop plein Les quai liés d ordre de notre i-élv InbliO'
Ihécaire, M. Iloy» restent sans emploi; maif le supplice quHI
soulTre h être désordonné malgré qu1l en ait, louche h son
lernic. M le miurc, comprenant le dommage qui résulte
pour nos études d une pareille situation^ a bien voulu nous
donner une preuve de 1 intérêt qu il porte à noire Compa-
— XLV —
r'^j ;=:
gnic en mettant à notre disposition la salle où étaient na-
guère rangées les archives municipales. Nous Ten avons re-
mercié, mais nous tenons à lui renouveler devant vous l'ex-
pression de notre gratitude.
i L'impression des Bulletins a été poursuivie. Le second
fascicule du tome XXI est achevé; il vous sera remis à la
prochaine séance. Du grand nombre de belles planches que
vous y remarquerez, vous conclurez non pas que nos res-
sources se sont augmentées, mais que Tauteur du Mémoire
$ur les premiers Imprimeurs sénonais, dont ces fac-similé for-
meot rillustration, vous a fait sentir les effets de son habi-
tuelle libéralité. C'est une preuve nouvelle de son attache-
ment que nous donne là notre cher collègue M. Félix Chan-
denier. Tous ici rivalisent de zèle et de dévouement. Car je
D en ai pas fini avec les actes de générosité.
« M. Maurice Boy veut bien offrir à chacun de ses collè-
gues le second fascicule de son Histoire du Chesnoy. Vous en
connaissez l'objet, puisque notre ancien président en a lu
quelques pages en séance. Il n'y a pas de fief français dont
les vicissitudes aient été retracées avec plus de soin et
(1 ampleur que celui du Chesnoy. Une monograpie ainsi
comprise contribue beaucoup à la connaissance de la société
française. Elle répond à la conception que notre temps se
fait de Thistoire qui ne se limite plus à la reconstitution des
grands événements politiques, aux guerres et à la biogra
phie des hommes célèbres, mais qui prétend retracer la vie
journahère de tout le peuple et donner les divers aspects de
la vie sociale et économique. Suivre un domaine du type
ordinaire à travers les siècles, montrer comment il s'est con-
stitué, d'abord, puis modifié au fur et à mesure que se mo-
difiaient les conditions de l'existence et le milieu, c'est faire
1 histoire de la propriété. Ainsi, le fascicule que M. Roy pu-
blie aujourd'hui nous fait assister au grand mouvement de
restauration foncière qui a suivi les désastres de la guerre
de Cent-Ans. C'est un chapitre nouveau de l'histoire écono-
mique que personne n'avait écrit. Si quelques érudits. avaient
:\
M*
' i
'T^g^
— Kh\l —
été frappés du nombre de bûUK de îa f!n cïu xv^ siècle et du
commencement du xvii' siècle, accumulés dans les archives,
aucun d eux u avait donné les raisans de cette abondance,
ni su en tirer des conclusions. Les pages que M. Iloy a con-
sacrées aux nouveaux acenscjncnls consentis par le sei*
gneur du Chesnoy, ;iux défrichements et ù la mise en valeur
des terres încultcs, à la construction de masures, dont le
groupement a formé les liameaux, à rétablissement des^ co^
lonies de cultivateurs, sont des pages pleines d intérêt et de
nouveauté et qui portent plus loin que ne Tindique le litre
du livre. 11 faudrait encore louer la méthode qui a présidé
à la recherche des documents qu'une extrême dispersion
rendait difficile, et à leur mise en œuvre; mais la oiodestie
de noire savant collègue serait blessée de plus d'insistance.
< 11 resterait a votre président à faire son examen de con-
science. Il aurait pour lui-même plus de sévérité, peut-être*
que vous n'en aurez, 11 sent, en efTct, qu1l n'a pas rempli
entièrement sa tache. Trop souvent il a manqué au rendcje-
VOUS. Il en a scîili une véritable peine; aussi bien, vous le
devinez, si vous saveii le plaisir qu'il éprouve à se trouver
au milieu de vous. Cependant ce qui allège ses remords,
c'est que les intérêts de la Société n*ont pas soufTert de son
absence. Mais, si votre Compagnie a continué de prospérer,
elle le doit aux membres du bureau sur qui, faute de prési-
dent, est retombé tout le poids de nos affaires. Le vice-pré-
sident, le secrétaire, le trésorier, 1 archiviste-bibliothécaire,
savent assez quelle est ma reconnaissance à leur endroit
pour qu1l ne soit pas nécessaire d'en développer longue*
ment rexprcssion; et, puisqu'à la sincérité des sentiments
convient la simplicité des paroles, qu'ils me permettent de
leur dire seulement merci, comme je le dis ît vous tous, mes
chers collègues, aux uns pour Faide qu'ils m'ont prêtée, aux
aulres pour rindulgencequ*ils m'ont accordée, »
La lecture de ce rapport est accueillie par de chaleureui
applaudissements.
— X( VII —
t présentés, en qualité de membres libres :
^M l-^*oti Libcrt, proprié taire au ch^Ucnu de Paron, par
^lalkbé Cbarlraire et par MM. Joseph Perrin» Sépol, PoUn
Ernest Lastiien receveur des ftrinnccs en retraite,
lie la Soei^lé historique de Ci»rbeil, deuieurant A
par M, l abbé Qiarlraire, MM. J. Perrin, Sépot et
du joura|)pelle les votes sur les présentations de
^t!lïanxL» et dti R P. doui Desse^qiiî tous deux sont admis
iifUalitede membres libres,
es lecture^ donnée par M* Tabbê Chartraire, des arlî-
des ilatuts et du règlement intérieur qui régissent les
lif>u% des membres du bureau et des membres du comité
^psbiicâtion, il est procédé à ces élections.
[C« premier scrutin est ouvert pour la uomi nation du vice-
ïidcnt. du secrétaire» de rarcliivisle, du trésorier, du
i-Kcrélaire et du vice-archiviste.
élus pour une nouvelle période de deux ans :
f^prrxidfnt : M. Tabbé CImr traire, membre sortant
\ Secte faire M. Marquîand, —
:i? : M. Paul Roy, —
, :. r : M. Sépot» —
\pT%h*ecrétmre : M Dapoigny, —
Vice-archiviste M, Thorin, ^
l*n second scrutin eiït ouvert pour Télcction des membres
i comité de publication*
MM Joseph Fcrrin, Gérard et M. Tabbé Guillet sont
iialcnys dans leurs fonctions pour une nouvelle période
r ÛeQ% aus.
I Les éIectton& terminées, la parole est donnée à M. PoUn
'la lecture d'un rapport sur les sites de la région séno-
aîsrqui lui pantment dignes d'être signalés àrattenlion du
lub, afin que cette société prentie des mesures
i.^urerla préservation.
t>l intéressa ni rapport est vivement applautlî.
im
■ >
SOCliré ARCHéOLOCIQiJB DB SENS.
T. XXM, PL. I, p.
u
1Î11
'^
\n
LE DAUPHIN
Peinture par Frbdou
(Tréior de Sent,)
rVl
LA SÉPULTURE DU DAUPHIN
ET DE LA DAUPHINE
DANS LA CATHI^DRALE DE SENS
CIIAPITIIE PREMIER
COMMENT SKNS I IT CHOISI POirR LA Sh^lH'LTl'Bi;
J>Lf DAl^rtîrN
l.c s;^ MIL cil 21 décemliie 1703, au soir, les huit
loches de la tour de plnnil» de la cathédrale de
ietis. Taisant vcho aux volées des liuutdonK, soii-
itaîeiit le «îas de 1res haut, très piiiissiuil el excel-
enl prince Lonîs île Bouilmn, l>aii])hin tle Frauce.
Eti même temps que lonuonce de 1 événement,
lepiiî^ quelques semaines prévu, niett^iit en deuil
I dié lîtiêle et la France entière, une nouvelle cil-
lait^ la plus siirprenanlt% la plus inespérée, la
pins capable d'exalter Tamour-propre locall L'an-
tique Métropole retrouvait enfin quelque chose des
gloires d'un passé qu'on pouvait croire à tout jamais
perdu : la Cathédrale allait posséder la sépulture
du Dauphin I
Qui donc, en eflfet, aui*ait pu rêver un tel hon-
neur? Depuis des siècles, la royale abbaye de Saint-
Denis n'avait-elle pas le privilège exclusif de gar-
der les cendres royales? Depuis la progressive di-
minution de son bailliage, jadis si puissant, aujour-
d hùi si étroitement resserré; depuis surtout
l'érection de rarchevêché de Paris qui avait arraché
à la vieille Métropole la moitié des fleurons de sa
couronne, la ville des Primats des Gaules et de
Germanie n'assistail-elle pas, impuissante et déso-
lée, à une décadence que rien, semblait-il, ne de-
vait arrêter?
Dans ces dernières années pourtant, grâce aux
brillantes qualités, non moins qu'à l'illustre nais-
su nce, de son archevêque, Mar Paul d'Albert de
Luynes, premier Aumônier de Madame la Dau-
phine, la pourpre romaine, autrefois presque héré-
ditaire chez les pontifes sénonais (1), était revenue,
après une trop longue absence, renouer les tradi-
lUins séculaires. Mais les plus fervents eux-mêmes
du culte de ce glorieux passé n'auraient osé
espérer en voir le retour.
Et cependant, la nouvelle était exacte. Ainsi que
(I) De 1523 n 1618, %ix cnrtlinaux, Antoine Duprnt, lA>uis de Bourbon.
Jpnn Bertrand, Louis de Lorraine, Nicolas de Pellevé et Jacques Duper-
ron< s'étaient Huccédé sur le siège de Sens.
le proclamait, quelques jours plus tard, un docu-
ment officiel : « La Métropole de Sens, depuis
louglemps privée du droit qu'avaient ses archevê-
ques, dans les premiers siècles de la Monarchie, de
sacrer les Rois et Reines de France (l)et de faire la
célébration de leur mariage (2); dépouillée, pour
ainsi dire de sa grandeur par Térection du Siège suf-
fragant de Paris en Archevêché ; cette Ville comme
perdue dans son antiquité, Sens, possède aujour-
d'hui les précieux restes d'un Prince auguste, dont
la vie exemplaire et la mort héroïque et chré-
tienne seront éternellement le sujet de notre ad-
<1) A rorigine de la monarchie, le MélropollUiin de la province sacrait
le Souverain. Philippe I* fut, le premier, sacre â Heims. A>^nt lui et après
lui plusieurs rois firent appel au ministère des archevêques de Sens, mé-
tropolitains de rne de France.
Les fils de Louis le Bègue, I^uis et Carlomnn sont sacres en 879 par
l'Archevêque Anségisc, en l'abbaye de Ferriéres.
Eudes, comte de Paris, est couronné en 887, par Wauthier, archevêque
de Sens.
Le mcoie couronne Robert, en 922, en l'église Saint-Rémi de Reims ;
pais, en 923. Raoul de Bourgogne et sa femme Emma, à Soissons.
Guillaume. archevêque de Sens, couronne Louis IVà Laon, le 19 juin 936.
Anastase couronne Robert le Pieux, à Orléans, en 988.
Uaimbert, sacre Louis VI le Gros, à Orléans, en 1108.
Guy de Noyers, couronne le 29 mai 1180, â Saint-Denis, Philippc^Auguste
et la reine Isabelle de Hainaut.
(2) Hu^es de Toucy, sacre et couronne, en 1154, â Orléans, la reine Con-
stance de Castille, deuxième femme de Louis VII. En IIGO, le mcmearclie-
\<^qne, couronne à Paris, en présence de huit cardinaux, Alix de Cham-
pagne, troisième femme du même roi.
Ijc 28 mai 1231, l'archevêque Gauthier Cornut, couronne, dans sa mé-
tropole, Maiguerite de Pro%'ence dont il vient de bénir le mariage avec le
roi saial Louis.
Guilbumc de Melun, couronne Marie de Luxembourg, femme de Charles
lcBel.enl323, àl\iris. .
miration, de nos regrets et de nos larmes (1). »
Depuis six semaines, la population scnonaisc con-
naissait Tétat alarmant du fils du Roi. Le 31 octo-
bre, le cardinal de Luynes avait ordonné d'ajouter
aux oraisons de la messe une prière spéciale pour
la guérison du Dauphin.
Le 14 novembre, en apprenant que le prince ve-
nait de recevoir les derniers sacrements, le Chapi-
tre avait commencé les prières des Quaranle-
Heures. Le diocèse entier faisait de même, se con-
formant aux désirs de son archevêque (2), qui ne
quittait plus Fontainebleau.
Le 9 décembre, le cardinal avait ordonné une
neuvaine de messes, qui se célébrèrent à Tautel
Saint-Louis (3).
Le 21 décembre, convoqués à la hâte au Chapitre,
MM. les chanoines de Ma rsangy, trésorier, de Mon-
bourg, archidiacre de Provins, Tissot, Thévard,
Garsement de Fontaine, de la Haize, Herthelin,
Dauvergne, Lhermitte de Champbertrand, le Houis-
tel, Lebeau, le Pellerin, Gigot de Boisbernier, Hé-
(1) « Ilclation de ce (fiii s'est passé à Sens, nu sujet de rinhumation i\c
M»' le Dauphin, p plnquette de 8 pages in-4'. Sens. 17ii6. — Celle relation eut
une seconde (dilion annoncée dans ÏAlnmnach de Sens, pour 17G7 (p. 161),
et que l'éditeur déclare plus exacte que la première.
(2) M. le Pellerin, chanoine, secrétaire de rarchevêché, avait adressé au
clergé, le 14 novembre, In circulaire suivante : • M..., Son Eminence, jus-
tement alarnu-e du danger dont paroit menacée la santé précieuse de
Monseigneur le Dauphin, a jugé i\ propos d'ordonner des prières de Qua-
rante-Heures dans toutes les paroisses de son diocèse : vous voudrez bien
les commencer aussitôt la réception du présent avertissement. » ((^llect.
des Mamiements et CircttUiirea du card. de Luynea.)
(3) Registre cnpitulaire. (Archives de l'Yonne, (i, (-81 )
— 5 —
diard, Roy, Roussel et Leblanc, ont entendu avec
la plus vive émotion le doyen, M/ dllesselin de
Hauleville, leur adresser ces paroles :
Messieurs,
Le ciel, dont les desseins sont impénétrables, a été sourd
à nos vœux et â nos prières pour la conservation des jours
de Mp" le Dauphin.
Ce religieux Prince, digne h jamais des regrets de la
France dont il aurait un jour fait le bonheur, digne des lar-
mes de la Religion qu'il aimait et quïl aurait protégée de
tout son pouvoir, après avoir soulTert avec la patience la
plus héroïque, avec la résignation la plus édiffîante, les
douleurs d'une longue maladie, ce grand Prince, héritier
présomptif du trône, comme le plus humble des sujets, est
devenu la victime de la mort.
Quelles serolent, dans ce moment, Messieurs, nos tristes
pensées, si toutes les vertus de Monseigneur le Dauphin ne
nous éloient un gage, pour aînsy dire assuré, de son bon-
heur éternel.
Après ce motif principal de consolation que la Religion
nous présente, ses dernières volontés nous en fournissent
un autre, déjà vous le scavez, Messieurs, aussy glorieux
pour votre Eglise que pour Son Eminence.
 quelle autre cause, en effet, pourrions- nous attribuer le
choix qu'a lait, par son testament, Mb'r le Dauphin, de
1 Hglisc métropolitaine de Sens, pour être le Heu de sa sé-
pulture, sinon à ses sentiments de la plus haute estime pour
son illustre pontife.
Tel est. Messieurs, Tévénement que M. l'abbé de Bul-
lioudtl) m'a fait l'honneur de me marquer de la part de
ili Jcao-CIautle de Bullioud, originaire de Sens, était clinnoine depuis
173:>. Alors ofTiciul et archidiacre d'Etampes, il accompagnait le cardinal
dnnl il était vicaire général. Il devint doyen en 1771 à la mort de M. d'Hes-
wiin, et mourut en 1777.
— G —
Ml!' le cardinnl, par la IcUrc dont vous allez entendre la lec-
ture :
« Tonlainebleau, ce 20 décembre 17il5, à mid}'.
« Son Eminencc me charge, Monsieur, de vous marquer
que Monseigneur le Dauphin, qui est mort ce matin, i\ huit
heures, ayant demandé d'être enterré danc l'Eglise métro-
politaine de Sens, son corps, après avoir été exposé ici
neuf jours, sera transporté ù Sens, pour y être inhumé.
fi Vous voudrez bien faire part h Messieurs du Chapitre
de cette triste et lugubre cérémonie et les prier de laisser ù
M. le marquis de Dreux, grand maître des cérémonies, ou à
ceux qui seront envoyés de sa part, le chœur et la nef li-
bres, alln qu ils puissent y faire tout ce qu'il jugera néces-
saire en celte occasion ; il vous fera instruire de ce que le
Chapitre doit faire de son costé.
n Monseigneur le cardinal part dans le moment, pour se
trouver h Versailles à l'arrivée de Madame la Dauphine ; il
vous écrira de Versailles ses intentions ultérieures.
a Comme je finissais ma lettre, M. de Moransel est venu
dire i\ Monseigneur le cardinal qu'il était chargé d'aller h
Sens faire travailler au caveau ; il conte partir aujourd'huy.
« Je suis, avec le plus sincère et respectueux dévoue-
ment, Monsieur, votre très humble et très obéissant servi-
teur.
« De Blllioui). »
Après avoir prié le doyen d'exprimer au cardinal
de Lii} nés leurs condoléances et désigné six d'en-
tre eux pour se mettre en rapport avec les envoyés
du Roi, les chanoines s'étaient séparés.
Quelques heures plus tard, le chant des complies
terminé, ils se réimissaienl de nouveau à la salle
capilulaire.
M. le préchantre (1) a dit que M. de Moranzel est arrivé.
(\) \a' chanoine Yves Moriee.
_ 7 —
que Messieurs de la commission ont conféré avec luy;
qu ensuite il a été mis dans le chœur des ouvriers qui font
la fouille nécessaire pour bâtir un caveau destiné à y mettre
le corps de deffunt Monseigneur le Dauphin ; que le nombre
des ouvriers qui doivent travailler sans interruption aug-
mentera indubitablement pour achever les ouvrages.
Messieurs ont arresté que, pour ne rien tarder de ce qui
reste à faire de la part du Hoi, ils feront leurs offices dans
la chapelle de Sainte -Colombe, à commencer demain à ma-
tines; que la coupe sera descendue; que le T. S. Sacrement
qui y est y renfermé sera mis dans celte chapelle ; que le
pavillon sera descendu et mis avec la lampe dans le trésor.
Kt comme il pourra arriver que par la fouille qui se fait,
il s y trouvera soit des caveaux, soit des tombeaux, corps
ou ossements qu il faudra ôter, Messieurs ont prié M. Gar-
semcnt d'être attentif à ce que les cendres des defTunls ne
soient pas confondues avec la terre qui se tirera, de faire
mettre séparément tout ce qui se trouvera, pour ensuite être
transporté, avec les cérémonies ordinaires, dans le caveau
où repose le corps de M. Languet, archevêque de Sens, et
pour faire les cérémonies requises. Messieurs ont député
M. le Houistel.
Le lendemain dimanche, le Chapitre arrête de
nouvelles dispositions. Chaque jour, jusqu'aux ob-
sèques, une messe sera célébrée à Taulel de la
Sainte-Vierge par M. le chanoine le Pellerin, secré-
taire de rarchevéché. Cette chapelle est tendue de
draperies de deuil. Chaque jour aussi, le matin, à
midi et le soir, le glas sera sonné par les cloches
des deux tours.
On a souvent cherché à expliquer pourquoi la sé-
pulture du fils de Louis XV est à Sens, alors qu'une
tradition séciriaire avait réuni jusqu'à ce jour dans
— 8 —
la nécropole royale de Saint-Denis les cendres de
tous les Bombons.
L'abbé Proyart, prèle à Louis XV celte parole :
<i Si mon fils fût mort à Versailles, disait un jour le
Roi à TArchevéque de Paris, il se serait fait porter
cliez vous : je lui ai entendu dire qu'il désirait être
enterré dans Téf^lise-mère du diocèse (1). t> Quelle
que soit Taulbenticité de ce propos, il semble que
le motif indiqué par le doyen du Chapitre de Sens
est bien plus vrai. C est celui, du moins, qui fut
alors généralement accrédité.
Honoré de la particulière estime de la reine
Marie Leczinska et admis dans son intimité (2),
Paul d'Albert de Luynes, alors évèque de Bayeux,
avait été attaché à la maison de la Dauphine, comme
Premier Aumônier, dès le mariage de la prin-
cesse, en 1747. Bientôt séduits par le noble carac-
tère, Tesprit supérieur et la haute piété du prélat, la
Dauphine et le Dauphin hii témoignaient une véri-
table amitié. Ces deux princes, dont les vertus
chrétiennes et la délicatesse de conscience contras-
taient si heureusement avec Tesprit et les mœurs de
la cour, entretenaient une correspondance suivie
avec leur Premier Aumônier, devenu, en 1753, ar-
chevêque de Sens par Tintervention de la Dau-
phine. Les mêmes bienveillantes sollicitations, trois
ans après, obtinrent à l'Archevêque de Sens la
pourpre cardinalice, comme en lêmoigne une lettre
(1) Vie (In Dauphin, idilioii de IMlî). p. 2U1.
(2) Mcmoire.'i de Mit.'ame (Minpan, p. 71, l.lll.
— 9 —
de Benoît XIV annonçant à Marie-Josèphe de Saxe
cetle promotion.
Aussi n'est-il pas étonnant qu*à la nouvelle de la
maladie du Dauphin, le Cardinal se soit fait un de-
voir d'accourir au chevet de l'auguste malade et
d apporter à la Princesse l'appui et le réconfort de
son ministère et aussi de son affection.
Le Prince s'était vite rendu compte de la gravité
de son état. Eminemment chrétien, il ne craignait
pas d'envisager la mort et il s'y préparait. Rien n'est
touchant et édifiant comme le journal où la Dau-
phine, malgré son extrême douleur, a noté avec un
soin pieux, jour par jour, heure par heure, toutes
les phases et les moindres détails de la longue ago-
nie de son époux. Très souvent le Dauphin s'entre-
tenait avec le cardinal de Luynes, l'un de ses plus
intimes confidents. Le Cardinal aurait-il, au cours
d'une de ces graves conversations, suggéré au mou-
rant la pensée de désigner la Métropole de Sens
pour sa sépulture? Le trait suivant, raconté par
Marie-Josèphe, indique plutôt que ce projet n'avait
été nullement concerté.
C'était dans la nuit qui devait être la dernière.
Le Dauphin avait pressé le cardinal de Luynes de
lui donner la dernière hénédiction et l'indulgence
plénière in ariiculo mortis, « En certains moments
la fièvre lui causait des absences, mais comme la
peine qu'il avait alors à parler Tobligcait de le faire
en peu de mots et à voix basse, il est probable que
ce qu*on cro\'ail dénué de raison ne Tétait pas tou-
jours. C'est ainsi que le cardinal de Luynes attri-
ii?3
;l
— 10 —
buait au délire ce qu'il lui dit pendant la nuit :
<K Y a-t-il des caves de sépulture dans le chœur de
c l'Eglise de Sens ? — Monseigneur, répondit le pré-
<t lat, il n'y en a qu'une sous l'autel pour les arclie-
€ véques. — Il faudrait donc en faire une, dit le
Dauphin, car je dois faire un voyage à Sens (1). »
Ces paroles ne furent comprises qu'à l'ouverture du
testament.
Les dernières dispositions du Prince avaient été
écrites par lui-même, à Fontainebleau, le 14 no-
vembre précédent, sous forme d'une lettre au Roi :
« Voici, mon cher père, mes derniers désirs et
volontés que, si Pieu me relire de ce monde, je vous
prie d'ordonner qu'ils soyent fidèlement exécutés.
a Premièrement, je désire et demande expres-
sément que mon corps et mes entrailles soient in-
humés dans TEglise Métropolitaine de Saint -
Etienne de Sens, au milieu du chœur, à quelques
pas de l'aigle, l'usage contraire, n'étant pas une règle
invariable, et que mon cœur soit porté en l'église
de l'abbaye de Saint-Denis pour reposer parmi tout
ce que j'y ai de cher (2). i>
Les sept autres articles sont relatifs à des pensions
et faveurs demandées pour la Dauphine^ pour sa
(1) Henri dk Lêimnois, Vie tin Dauphin. Paris, in-12, p. Xm.
(2) D'après plusioiirs liistorirns, le Dauphin aiiniit exprimé It* «lésir que
son iiihiiniation se Ht sans [mis rt mus cèrcnionie. (Voir de rKpInois,
p.3r»7; C. Slryieiîski, la Mère lies trois derniers Honriums, p. XA.) \jc lexle du
teslauient. on le voil, n'indique nullement cette intention, et les détails di>s
cérémonies que nous décrivons plus loin prouvent que, si elle a été Torniu-
lée. il n'y a pas été donné suite.
— H —
belle-sœur Christine de Saxe et les personnes atta-
chées à sa maison.
Le Dauphin termine ainsi : a Daignez donc, mon
cher père, je vous en supplie vivement, faire exécu-
ter tout ce qui est cy-dessus et croyez que vous
n'avés jamais eu de sujet plus attaché que votre
rds(l). D
C est donc tout spontanément que le Dauphin
avait choisi Sens pour sa dernière demeure. Il avait
sans doute voulu, par cette délicate attention,
donner au prélat qu'il aimait ce gage suprême de
son afTeclion, désireux de confier à une amitié dont
il appréciait la fidélité le soin de garder sa dépouille
mortelle et de prier pour le repos de son âme.
(1 • Archives naUon., G 1, 1044. liasse 7. Dans une lettre à Tabbé Soldini
< Archives de l'évc ché de Versailles*, la Dauphine écrit, au sujet de ce testa-
ment : m ...11 récrivit en trois quarts d'iieurc et non en trois heures. »
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CHAPITRE II
LA MOUT DU DArPHIN ET LES OBSÈQUES
A FONTAINEBLEAU
Le vendredi 20 décembre, à 6 heures du matin,
le Prince avait perdu complètement l'usage de la
parole. Le cardinal de Luynes récita les prières des
agonisants. Il eut beaucoup de peine à les achever :
les assistants ne lui répondaient que par des sanglots.
Le Dauphin mourut, après vingt-deux heures
d'agonie, à 8 heures et quart du matin. La Dauphinc
avait été tenue éloignée du chevet du mourant.
L'Archevêque de Sens, en sa qualité de premier Au-
mônier de la Princesse, fut chargé de lui annoncer
l'alTreuse nouvelle. Elle était alors chez Madame
Adélaïde, avec ses enfants, a Madame, lui dit le Car-
dinal, bénissons le Seigneur, nous avons un saint
de plus à honorer dans le ciel! Non, il n'y a pas de
religieux de la Trappe qui naimàt la mort que vient
— 113 —
de faire M. le Dauphin. La foi peut bien nous con-
éôÀer et sa résignation héroïque doit être le modèle
.'lie la nôtre (1). »
vJLb Mémoire des Deuils portés par la Cour décrit
ain&i le cérémonial observé à Fontainebleau (2) :
\ Le vendredi vingt décembre 1765, à huit heures et un
^foartdu matin, mourut ù Fontainebleau Mi«'> Louis, dauphin
■:fc France, âge de 30 ans 3 mois et 16 jours ^3).
i'^T-Co prince fut déshabiUé, mis dans son lil, rechangé de
cbemise cl bonnet, par les officiers de sa Chambre et Garde -
robe, h visage découvert, fut vu par le public pendant le
reste de la journée.
Les Mathurins, desservants de la chapelle du Hoy, vin-
rent en clergé y dire les vigilles et offices des morts. Le
soir, Tordre fut donné par M. le duc de Fronsac, premier
gentilhomme de la Chambre pour le lendemain à huit heures
du malin.
Le samedi 21, M^r le Dauphin fut enlevé de dessus son lit
dans l'ordre qui suit :
M. le premier Gentilhomme de la Chambre soutcnoit la
tête, les officiers de la Chambre le portèrent dans la pièce
des nobles, (hins Tordre dû à sa naissance. Déposé dans cette
pièce, M. Andouilié, i)rcmier chirur<^icn (hi Hoy, en lit Tou-
verture conjointement avec les chirurgiens oidinaircs( I) cl
• 1. Di: I. I"i'r\(iis, «;/>. cit.. p. X>1.
<2 Anhivfv nat , K K II :>:'».
(;>; Voir :iu\ Anm \rs. n 1. l;i note sur riippiirtcMiicnl du I);uij>liin nu
« ImIc.mii (\r r:>iil.iin<-I)li'.'Ui.
(I. PHOCEA \i:iUi.\L de Vinivvrt'.nc du (:i>rj>:: de Monyriunn:r le Dauphin
(Arihi\cs nat.. Ol, ICM. lias>o 7).
AujciunI hui ^iugl cl un (Irocnibrc ITt'ô. Nous soussi^ru's avons, par onlro
(lu n«»i. proccflt- à louviTluro du cr)i[>s de M- le Dauphin et avons Irouvô
Cl* qui suit :
1 .\ 1 ()u\ rrtinc «lu bns \ cnli'c. nous avons t\Mnnr(|U(' v\\\ peu de s(''ir)sit(''
san';iiinolt'nlf. f/rpii)Ioon dans Ic-tal d aniai^rissiMncnl ordinaire dans les
longues nialatlics. L'<'slf)niac, \vs inl<'slins j^rclcs cl les i^ios intestins dans
.'tl;it naturel : le nïéscntère sain.
- 14 —
toute la faculté, qui ensuite en firent le procès- verbal, le
mirent dans un linceul de tafTetas ciré et parfumé, la tète
enveloppée d'une coefTe de nuit. Le Prince fut rais ensuite
dans un cercueil de plomb et fut rapporté dans le même cé-
rémonial sous le dais de son lit avec le poêle et la couronne ;
le clergé continua ses prières.
2* A rexamen du foie, la couleur et le volume nous ont paru cinns rêtat
naturel. I^s difTcrentes sections profondes et en tous sens qu'on n fait dans
ce viscère ne nous ont fait appercevoir aucune trace de maladie. La vi'sl-
cule du fiel était dans l'état naturel. Le pancréas, la ratte, les reins et In
vessie, dans l'état naturel.
3* A l'ouverture de In poitrine, il y avait primitivement, du côté droit,
environ un demi-selier de sérosité sanguinolente épandue. La partie su-
périeure du lobe droit du poumon étoit adhérente au médiastin dans un
point. I^ tiers de l'épaisseur de ce lobe étoit skirreux, et on a trouvé dans
l'intérieur plusieurs points de suppuration; le reste du même poumon
droit étoit, à l'extérieur, dans l'état naturel ; il avoit ce|)cndant, dans l'in-
térieur, plusieurs points skirreux épars ça et là et en suppuration.
Secondement, dans le côté gauche de la poitrine, nous avons trouvé une
chopine de sérosité purulente mêlée de quelques flocons; cette liqueur
épanchée enfonçoit le diaphragme du côté du bas ventre, ce que nous
avions déjà remarqué en ouvrant cette caimcité. Tout le poumon de ce
côté étoit adhérent tant à la plèvre qu'au médiastin et n'aiant de libre que
ses bords tninchants. I^ couleur blanche et semée de taches purulentes,
le volume ordinaire, la consistance skirreuse dans toute son épaisseur. Hn
ouvrant le corps du poumon, nous avons trouvé un creux considérable
rempli d'environ un poisson (mesure équivalant à peu près au huitième
d'un litre) de matières sanieuscs. Cette poche avoit différentes issues qui
pénétroient dans la substance du poumon; In plus considérable s'étendoit
jusqu'aux premières ramifications de In trachée artère. Le reste de ce pou-
mon étoit totalement en suppurntion.
1^ cœur étoit dans l'état naturel, mais vuide de sang.
A l'ouverture de la tôle, on n trouvé tout dnns l'état naturel.
En foi de quoi nous avons signés ce présent proce/.-verbal, à Fontaine-
bleau, ce même jour et an que dessus.
Signé :
S^.NAC Anooi'ill£
Lassone lioiscoiLijkrn
Labreuillr IUvin
Du VAL
LOUSTAI'NAL'X
Le duc DE FaoNSAC.
— 15 —
Le dimanche 22, les chapelles ardentes furent établies
dans la chambre du prince pour y dire les messes. Les en-
trailles et le cœur du prince furent déposés pour être portés
ou il sera dit cy-après.
Sur le cercueil ainsi que sur les boctes des entrailles et
cœur, fut mis à chacune une inscription du lieu, de Tâgc et
du quantième.
La chambre du Prince disposée en chambre ardente, le
corps fut mis sous un dais et une estrade. Il est observé
que, pendant qu'on disposoit la chambre du Prince, il fut
déposé dans la Chambre des Nobles, jusqu'au lundi 23 que
les ouvriers eurent fini.
Cedit jour, le premier Aumônier, accompagné du clergé,
premier Gentil!iomme de la Chambre, Maître de la Garde-
Robe, firent le transport du corps; le cœur porté par le
premier Aumônier, la couronne par le premier Gentil-
homme de la Chambre, les Ordres par le Maître de la
Garde-Robe.
Le Prince exposé et toute la cérémonie faite, on com-
mença les messes et, le reste du jour, furent dites les priè-
res et offices des Morts. L'ordre fut donné le soir pour le
mardi 24. Les séances furent établies aussitôt quç le Prince
fut mis dans la Chapelle ardente par le Maître des Cérémo-
nies.
Le premier Aumônier à droite sur un pliant; TAumônier
de quartier à côté de lui ; les chapelains et clercs des cha-
pelles ensuite. La première banquette occupée par les
Ecnyers, la seconde par les Ofilciers de la Chambre, Garde-
Robe et autres officiers de la Chambre et de la Maison.
A gauche, le premier Gentilhomme de la Chambre, sur un
pliant; le Maître de la Garde-Robe, Chefs des brigades et
exempts, sur des tabourets, occupoient la place de la pre-
mière forme. Sur la banquette derrière étoient le premier
Valet de chambre et Valets de chambre; la seconde ban-
quette (était occupée] par le premier valet de Garde-Robe
et valets de Garde- Hobe.
10 —
A
Le service a été fait jour et nuit par les dits officiers de
la Chambre et Garde-Robe, également par le clergé.
Le jeudi 26, après la séance de l'office du matin, le pre-
mier Aumônier et le clergé, chacun un cierge ù la main, le
premier Gentilhomme de la Chambre, Maître de la Garde-
Robe, Maître des cérémonies et les autres officiers présents,
le Cœur enlevé par le Grand Maître des Cérémonies de des-
sus la crédence, le remit ensuite entre les mains du pre-
mier Aumônier Le clergé,, les officiers de la Chambre et
Garde-Robe, le Roy d'armes et héraults d'armes, le premier
Gentilhomme de la Chambre, Maître de la Garde-Robe, Chef
des brigades et Exempts, le !*'•• Aumônier tenant le cœur, suivi
des aumôniers et clergé, le cortège le conduisit jusqu'au Ca-
rosse de Mcrr le Dauphin, où M. l'évêque de Sentis, premier
Aumônier du Roy, et M. le duc de Fleury, l^'' Gentilhomme
de la Chambre, montèrent dans un des carosses cy-dessus
dits, chargé du cœur du Prince, accompagné d'un détache-
ment des gardes du Roy, officiers du Corps, écuyers, pages
et plusieurs gens de livrée; se mirent en marche pour se
rendre à Villejuif, où M. le Prince de Condé se trouva,
chargé de l'ordre du Roy, pour rendre le cœur du Prince à
S. Denis et en faire la cérémonie.
Le samcAJi 28, il y eut séance à 9 heures 112 du matin.
Mk' le duc d'Orléans se rendit dans la chapelle ardente ; tout
le clergé pareillement. Après que le Grand Aumônier (1) eut
dit quelques prières, le clergé, par ordre du Grand Maître
des Cérémonies, marcha en avant; ensuite la Chambre et
Garde-Robe; après, les hérauts d'armes. Le corps, porté
par les valets de Chambre, suivoit le Grand Aumônier, le
premier Gentilhomme de la Chambre, le Maître de la Garde
Robe et M»?»- le duc d'Orléans.
Le corps porté par les dits officiers de la Chambre jusqu'à
la salle des Gardes et remis entre leurs mains, lesquels le
portèrent dans le char.
L'on se mit en marche. Huit Carosses de deuil précédoient
(1) M. (le la Roclip-Aymon, nrchcvôque de ncims.
>CaeTI ARCHEOLOCIQPI Dfi SIN5.
T. XXII, PL. Il, p. l6.
LE DAUPHIN ET SES CINQ FILS
Médaillon bronze doré
(Cabinet du Midaittet,)
rê
— 17 —
le char (1). Dans le !«" étoit le Grand Aumônier, Taumônier
de quartier, le confesseur et le curé de Fontainebleau.
Dans le second, Min- le duc d'Orléans, le duc de Trènies,
■ 1; Voici rOiiDiiE D£ Marche pour lu transport a Sens, arrêté par le
(■raiid Maître des cérémonies :
IX ux gardes du corps portant des flambeaux pour ouvrir la marche.
— Soixante pauvres avec des flambeaux (entrent dans le cortège & la
porte de Sens).
— L*n carrosse de M. le duc de Tresnies.
— Un carrosse de M. le duc de Fronsac.
— Vn carrosse du Grand Aumônier.
— Le carrosse des écuyers de M. le duc d'Orléans.
— Cne brigade de la 2* compagnie des Mousquetaires.
— Une brigade de la 1" compagnie des Mousquetaires.
— Ije guet des Chevaux-Légers.
— Deux carrosses du Roi a six places, dans lesquels les nicnins.
— Un troisième carrosse à six places, dans le fond duquel M. le duc
d 4 irlêans à droite, M. le duc de Fronsac à côté, M. le duc de Tresmes vis-
a-vi% de M. le duc d'Orléans sur le devant, M. le comle de Chauvclin a
ci'uè de lui. M. le comte de Pons, premier gentilhomme de la Chambre de
M. le doc d'Orléans, à la portière du côté de M. le duc d'Orléans, et M. le
ricrimte de Noé, son gentilhomme, à l'autre portière.
— Un quatrième carrosse du Roi à quatre places, dans lequel le Grand
Aumônier» l'Aumônier de quartier chez M. le Dauphin, le Confesseur (abbé
iloUel) et le Curé de la paroisse de Fontainebleau.
— Huit pages de Madame la Dauphine.
— Huit pages de la Reine.
— Vingt-quatre pages du Roi. Ceux de la grande écurie à droite; ceux
de la petite à gauche.
— Les trompettes des Ecuries.
— Les Héraults et Roi d'Armes.
~~ Les officiers des cérémonies.
— Quatre Chevaux-Légers.
— Le Chariot du Corps.
— L'ccuyer de main du Roi servant auprès de M. le Dauphin, h côté du
rharioL
— Les officiers des Compagnies d'ordonnance, près la petite roue du car-
rosse-
Sur les ailes :
— Vingt-quatre valets de la grande écurie à droite, et un d'eux à gauche.
— Des Cent- Suisses commandes par un exempt et un fourrier.
Derrière le chariot :
— 18 —
le premier Gentilhomme de la Chambre et le Maître de la
Garde-Robe.
Dans les autres étoient MM^^ les Menins.
Le cortège étoit compose de 60 gardes du Roy, un déta-
chement de 50 maîtres de chaque compagnie des Rouges,
plusieurs écuyers, pages et gens de livrée.
\'^
— \jt lieutenant et rcxempt des gardes du Corps et gardes, au nombre
de douze et un brigadier.
— Le Guet des Gendarmes.
— Le carrosse de M. le duc d'Orléans.
— Deux carrosses du Roi attelés de chevaux sans caparaçons.
— \jc carrosse du Grand Aumônier.
— 1^ carrosse de M. le duc de Fronsac.
— 1>» carrosse de M. le marquis de Chauvelin.
— l>:s carrosses ou autres voitures apportenant aux Menins.
Des flambeaux sont distribués à toutes les troupes, Cent-Suisses, Pages,
valets de pied et palefreniers qui éclairent les carrosses du Roi.
\ji% autres carrosses sont éclairés par ceux à qui Ils appartienncsnt, à qui
on distribue aussi des flambeaux.
On n'arrête i>olnt sur la route en imssant devant les églises.
(Archives nat., G 1, 1044.)
CHAPITRE III
LA POMPE FUNÈBRE A SENS
Pendant que se déroulent, à Fontainebleau, ces
tristes cérémonies. Sens, malgré les fêles de Noël,
est tout aux préparatifs.
Le cardinal a communiqué au Chapitre deux let-
tres. L'une est du comte de Saint-Florentin, et datée
de Fontainebleau, le 21 décembre :
Monseigneur,
Le Roy m'ordonne d'informer Vc Eminence que feu Mon-
seigneur le Dauphin, a3'ant désiré d'cstre inhumé dans vo-
ire église métropolitaine, Sa Majesté a donné les ordres
pour que le corps de ce Prince y soit transporté samedi
28 de ce mois. M. le marquis de Dreux, grand Maître des
cérémonies, informera Votre Eminence de l'heure à laquelle
le convoi pourra arriver et des préparatifs que Votre
Eminence pourra avoir à ordonner dans son église. Sa Ma-
jesté est bien persuadée que Votre Eminence ne négligera
rien de tout ce qui est convenable pour que le corps de ce
Prince soit reçu avec tout l'honneur qui luy est dû.
J'ayllionneur d'estre... (1).
il Arch. nal., Ol, 1044, cl archives de rVonne. rcg. cnpitulnire. G 681,
Nrancf du 24 décembre 17C5.
— 20 —
La seconde est du Roi, demandant des prières
pour Tânie de son fils :
A mon cousin le cardinal de Lnynes, archevêque de Sens, pre-
mier aumônier de ma fille la Dauphine, commandeur de
Vordre du Saint-Esprit :
Mon cousin,
Ln mort de mon fils le Dauphin me cause une douleur
d'autant plus juste qu'il joignait à une solide piété toutes les
qualités, toutes les vertus dignes de sa naissance ; elles
avaient paru en lui pendant tout le cours de sa vie, et elles
lui avaient acquis toute ma tendresse et toute mon estime.
Elles ont encore été plus particulièrement reconnues dans
la longue maladie à laquelle il a succombé ; ce prince a
montré, jusqu'à ses derniers moments, sa soumission aux
décrets de la Providence et sa conflance en sa bonté. Celte
perle, qui pénètre mon cœur de la plus vive affliction et que
tout mon peuple partage, ne me permet pas de difTérer
d'unir mes prières aux siennes pour demander à Dieu le
repos de l'âme de ce cher fils, et la consolation dont j'ay
besoin dans une circonstance aussi douloureuse. Aussy je
vous écris celte lettre pour vous dire qu'aussitôt que vous
l'aurez reçue, vous fassiez faire des prières publiques dans
l'étendue de votre diocèse, et que vous ayez à inviter à
celles qui seront faites dans votre église les Corps qui ont
coutume d'assister à ces tristes cérémonies; et m'assurnnt
que vous me donnerez en cette occasion des marques de
voire piété ordinaire, je prie Dieu qu'il vous ait, mon cou-
sin, en sa sainte garde.
Ecrit à Versailles, le 24 décembre 176*),
(Signé :,, Louis.
Et plus bas : Pheijppeaux (1).
Sous la surveillance des délégués du Chapitre, les
ouvriers, dirigés par M. de Moranzel, inspecteur
(1) Arcli. de rVoniic, G G81.
— 21 —
des bâtiments du Roi, travaillent à la construction,
au milieu même du chœur, d'un caveau voûte en
pierres de taille (1). En enlevant les terres qui se
Irouvent à l'endroit désigné, on a rencontré les sé-
pultures de deux archevêques, Gauthier Cornut,
mort en 1241, qui avait béni, dans la cathédrale, le
mariage de saint Louis, et Gilles II Cornut, son ne-
veu, mort en 1292. Les restes des deux prélats sont
exhumés et transportés dans la crypte creusée en
avant du maître-autel pour la sépulture des arche-
vêques (2).
D autres ouvriers décorent la cathédrale. Des
lenlures noires la revêtent jusqu'à la hauteur des
voûtes. Une litre de velours, semée d'écussons, en-
toure le chœur, fermé par une immense draperie.
Sur la corniche des stalles règne un cordon de
fleurs de lis alternant avec des cierges (3).
•Il Ijcs pierres cmploj'ées à In construction du cavcnu avaient été four-
nies par les religieux de Sninl-Picrrc-le-Vif.
Le contrôleur de Fontainebleau ayant refusé le mémoire présenté par
:^^ reli^eux pour cet objet, et s'élevanl à 200 livres, le cardinal de Luynes
(lut intervenir. Un avis daté de Versailles, le 23 juin 17G6, informe le prieur
que le trésorier des Bâtiments a reçu des ordres pour le paiement. (Arch.
njl , 01. 19te.)
i2) Voir Tahbk. Antiquités de la ville de Sens, p 462.
i3 Etat DES choses ordoxn^.es par M. le PitEMiim gentilhomme de la
• IUMBRE POl'R LE TRANSPORT DU CORPS A SenS :
— Tendre la grande porte de l'église de trois lés de drap avec deux lés
(il- satin chargés de petits écussons des armes de M. le Dauphin ;
— Mettre un grand écu&son des mêmes armes au milieu ;
~ Tendre la nef de trois lés de drap, sans salin ni armoiries ;
— Mettre deux tréteaux et une table à rentrée de l'église;
— Tendre du haut en bas la face de la grande porte du chœur du côté
iW la nef, avec deux lés de satin chargés d'armoiries de grands écussons
(if\ mêmes armes entre les deux lés;
oo
De leur côté, les fourriers de la cour désignent les
logements retenus pour les personnes du deuil.
Sur Tordre du marquis de Dreux, grand maître
des cérémonies, lescrieurs-jurés de la ville tendent
une salle de rArchevéché pour recevoir le duc
i
— Tendre le pourtour du chœur de deux les de velours chargés tl'ar-
inoirlcs;
» Couvrir les stalles, les bancs, etc. ;
' Couvrir le parterre depuis l'autel jusqu'à la porte d'entrée du choeur;
— Parer le grand autel d'ornements aux armes de M. le Dauphin ;
— Trente-six cierges sur le grand autel. S'il y a dans le chœur d'autres
uiitels, les garnir de cierges la quantité sufTisunte de cierges pour éclairer
h' chœur.
— Dresser au milieu du chœur une estrade de cinq degrés peu élevés
ïiir les degrés de laquelle :
— Soixante chandeliers garnis de cierges avec des écussons aux armes
di- M. le Dauphin;
— Couvrir l'estrade de drap ;
— Klevcr au-dessus de l'estrade un dais de velours noir croisé de moire
d'argent avec les armes du Prince dans les coins de la croix ;
— Deux petits carreaux de velours noir A crépines d'argent |K)ur poM*r
h s pièces d'honneur ;
— Mettre dans le chœur : un carreau de velours noir ;
— Quelques carreaux de drap noir;
^— Quelques plians et tabourets couverts de drap noir;
— Un nombre sulTlsant de bancs couverts de drap pour les officiers de
In maison et autres.
— Douze pièces de tafetas pour les omciers de la chambre qui porteront
le corps ;
— Douze pièces idem, pour les gardes qui porteront le corps;
— Douze bretelles couvertes de velours noir garnies de crochets jMJur
]H)rter le corps ;
— Douze paires de gans pour les gardes;
— Faire faire soixante robes de drap gris pour les pauvres du convoi;
— Soixante paires de souliers pour les mêmes pauvres;
— Ijo nombre de (Innibenux nrci'ssnlro pour co qui marchera au con-
voi. Savoir, pour les pnuvn*s. 1rs garclrs, les suisses, le guet des genclar-
nifs, le guet des ehevaux-lOgers, une brign<Ie de la 1" compagnie (1rs
mousquetaires, une brigade de la 2r compagnie, les pages du Itoi, de In
Heine, de Madame la Dauphine; ks valets de pied du Roi, de la Reine, de
Madame la Dauphine; les palerreniei s éclairant les carosses, les garçons
— 2i —
d Orléans et déroulent un tapis, du palais jusqu'à
lïjiHse (1).
Les pourvoyeurs el les officiers des menus font
disposer des logements et préparer des cuisines
pour les tables des différents détachements de la
maison du Roi, dressées dans le vaste réfectoire du
couvent des Cordeliers (2).
Le convoi, parti de Fontainebleau à 11 heures
du malin, a traversé Moret, Montereau, Villeneuve-
la-Guyard et Pont-sur- Yonne. 11 fait halle sur la
route, à 6 heures du soir, après le village de Saint-
Denis, vis-à-vis l'abbaye de Sainte-Colombe. Il fait
nuit sombre. MM. de Siougeat et de Gabriac, vi-
caires généraux, venus à la rencontre avec un gen-
tilhomme du cardinal, se présentent à la portière
du carrosse du duc d'Orléans et le saluent. Rangés
sur les bords de la roule, les religieux de l'abbaye,
en habits de cérémonie, rendent les derniers de-
il'atlelage; la livrée de M. le duc d'Orléans, du duc de Fronsac, premier
gcntillioiiune de la chambre, du duc de Tresmes, du grand Aumônier,
des menins de M. le Dauphin, du maître de la garde-ro)>e.
Pour tet officiers des cérémonies :
Un manteau à la royale borde de huit pouces d'hermine, avec des fleurs
de hs brodées en or ; la couronne ; le poêle de la couronne. (Arch. nal.,
01. 1044.)
Vn autre Etat des fournitires a fairb. donne les détails suivants :
l'ne couronne fermée de Dauphin, de vermeil doré, pour mettre sur le
cercueil;
Demander le poêle de la couronne au garde-meuble ;
Quatre grands écussons des armes de M. le Dauphin, en broderie d'or
(I d'argent, et les attacher sur les quatre coins du i>ocle de la couronne;
Un poêle velours noir croisé de moire d'argent. (Arch. nat., ibid.)
^) Archives nat., 01, 1(M4.
(2) Relation imprimée à Sens, en 17G6.
— 24 —
voirs au prince (1). Les soixante pauvres venus de
la ville et revêlus de leurs robes de drap gris, pren-
nent place dans le cortège. Toute Tescorte, pau-
vres, soldats, pages et valets de pied, portent des
flambeaux. On se remet en marche, au pas, cette
fois. Arrivé près de la porte Saint-Didier, le cor-
tège contourne les murs de ville jusqu'à la porte
dTonne.
La porte est drapée de tentures noires. Deux com-
pagnies de grenadiers des gardes françaises et des
gardes suisses forment la haie le long de la Grande-
Rue, rendue plus étroite encore par la foule qui se
presse derrière les soldats.
Le char parvient enfin sur le parvis de l'église
métropolitaine.
Ce char, écrit le prieur de Saint-Maximin, est
« d'une hauteur et d'une largeur immense, se ter-
minant par le haut en forme de représentation et
couvert d'un drap de velours noir, les armoiries du
Prince relevées en bosse d'or et d'argent aux qua-
tre coins, et d'une croix d'étofTe d'argent au mi-
lieu. »
Les troupes se rangent en ordre de bataille sur la
place Saint-Etienne. Devant les grandes portes se
présente le cardinal de Luynes, accompagné de Ni-
colas de Livry, évéque de Callinique et abbé de
Sainte-Colombe-lez-Sens, de l'évcque d'Auxcrre
(1) Dctnils empruntas n In Lrllre d'un curé de la uille de Sens (Mr Four-
neaux, prieur de Suinl-Mnximin) d un de aes amis au sujet du contHii et in-
huutation de M*' le Dauphin, ilocuinent imprimé faisant partie de la lii-
bliothèque d'un Séuonais, tome I. (Bibliotlii^que d'Auxcrre.)
y-CIllT AICHEOLOCia;E DE SENS.
T. XXII, PL. III. p. 34.
— 1 — n
MORT DU DAUPHIN
Gravure de Littrbt d'après le dessin de Schenau
— 25 —
Jean-Baplisle Champion de Cicé et du nouvel évê-
que de Coulances, Ange-François de Talaru de
Chalmazet (1). Autour des prélats, le Chapitre et
le clergé en chapes, portant des cierges.
Rien ne saurait donner une idée plus exacte de
la pompe funèbre qui se déroule alors dans la Mé-
Iropole que le procès-verbal officiel inscrit au re-
gistre des sépultures du Chapitre de Sens (2).
Le 28 décembre 1765, six heures du soir, Nous Paul d'Al-
bert de Luyaes, par la miséricorde divine Cardinal prestre
de la Sainte Eglise Romaine, du titre de S. Thomas in Pa-
rione, archevesque vicomte de Sens, Primat des Gaules et
de Germanie, commandeur de l'ordre du Saint-Esprit, pre-
mier aumônier de Madame la Dauphine, ayant été informé
par la lettre de >f . le Comte de Saint-Florentin, ministre et
secrétaire d'Etat, écrite de Fontainebleau, en datte du 21 de
ce mois, que feu Monseigneur le Dauphin ayant désiré
dèlre inhumé dans notre Eglise Métropolitaine, Sa Majesté
avoit donné ses ordres pour que le corps de ce prince y
fût transporté cejourd'hui et ayant été averty par M. le Mar-
quis de Dreux, grand maître des cérémonies, que le Convoi
ètoit prest d'arriver à la porte de notre Eglise, Nous nous
sommes transporté, revêtu de nos habits Pontificaux, ayant
poar assistants les archidiacres de Provins et d'Etampes, le
Prèchantrc portant le bâton, accompagné de deux choris-
tes, et étant précédé de notre Chapitre Métropolitain et de
tout le clergé de notre Eglise, tous revêtus de chappes noi-
res-
Peu de temps après le convoy étant arrivé, le coffre où
doit renlermé le corps de Très Haut, Très Puissant et Excel-
îf Ancien vicaire général du cardinal de Luynes, chanoine de Sens en
)TA <^ archidiacre de Provins en 1757, il avait clé sacré évoque de Cou-
Jnccs. le 10 oiars 17G5,
2) Archives du grcfie du tribunal civil de Sens.
-sc-
ient prince Louis, Dauphin de France, décédé au château
de Fontainebleau le vingt de ce mois, à huit heures du ma-
tin, âgé de trente six ans, trois mois, vingt six jours, ayant
été tiré, avec la boéte de plomb dans laquelle étoit renfer-
mées ses entrailles, du char funèbre qui lavoit apporté, le
tout a été mis sur une table couverte d'un drapt noir, sur
laquelle étoit une nappe blanche, ensuite le poêle a été
tendu dessus, le tout en présence de Son Altesse Sérénissimc
Min* le Duc d'Orléans, premier prince du sang, de M. le Duc
de Tresrac, pair de France, nommé par le Roy pour accom-
pagner, de M. le Duc de Fronsac, pair de France, premier
gentilhomme de la chambre du Roy en sur^ivance, portant
la Couronne, de M. le marquis de Chauvelin, maître de la
garde robbe du R03', poriant le manteau à la Royallc, de
Messieurs les menins, de M. le marquis de Dreux et autres
officiers. Alors, M. Tarchevêque de Reims, commandeur de
Tordre du Saint-Esprit, grand aumônier de France, étant en
chappe et mittre, en avant de la table sur laquelle le corps
du feu Prince étoit posé, assisté de M. de Talaran, aumô-
nier de quartier du Roy, a fait une harangue à laquelle nous
avons répondu ; ensuite il nous a fait la remise du corps de
feu Mk'r le Dauphin et s'est retiré. A Tinstant, on a commencé
les prières en tel casaccoulumécs, pendant lesquelles nous
avons jette de l'eau bénitlc sur le corps que nous avons en-
censé et, pendant que le chœur chantait les psaumes et ré-
pons marqués dans le rituel, le corps du feu Prince a été
porté dans le chœur de notre Eglise par les garrles du corps
de Sa Majesté, les quatre coins du poêle étant tenus par
quatre des principaux dignitaires députés pour ce par notre
(Chapitre (1), et il a été placé sur une estrade dessous un
daix (2). Alors on a mis sur le poésie dont le coffre étoit
(1) MM. de Morsangy, trésorier; d'HcssHin, doyen; Huernc, cellerirr. cl
de Gabrinc, nrchidiucrc de GAtinais.
(2) A l'arrivée, M. le duc d'Orléans se plaça dan» la première stalle A
droite: ensuite le duc de Tresmcs et les Menins. Ia*s gentilshommes du
duc d'Orléans dans les stalles au dessous de la sienne; le duc de Fronsac,
derrière l'cslrude à droite ; et M. de Saint-Sauveur, chef de brigade, à
i
— 27 —
couvert, le iranleau à la Royalle, la Couronne et le Cordon
et Collier des ordres du Roy et de la Toison d*Or et, après
avoir fini les prières accoutumées, on a récité des pseaumes
et nous nous sommes retiré, et nous avons laissé deux cha-
noines, deux semiprébendés et deux clercs pour psalmodier
continuellement auprès du corps qui, pendant ce temps, a
toujours clé gardé par les gardes du corps de Sa Majesté.
Peu de temps après, on a chanté les Vigilles (1).
Et le vingt neuf du même mois de décembre 1765, à neuf
heures du malin (2), Nous Paul d'Albert de Luynes, par la
miséricorde de Dieu Cardinal prestre de la Sainte Eglise Ro*
maine, du litre de Saint-Thomas in Parione, Archevêque vi-
gaache. M. de Dreux, Grand Maître des ccrêmonics. le Maître des cérémo-
nies et TEienipt des Cérémonies à la tête de l'estrade; les héraults d'ar-
mes dans les angles; les ofQciers de la Chambre et de la Garde Robe de feu
M. le Dauphin sur des banquettes, à droite et à gauche de l'estrade. Après
If's prières. M. le duc d'Orléans et tout le monde se retira. Il a été fourni
•soixantc-dis-hult manteaux à Sens, tant aux officiers pour le service de
M. le Dauphin, qu'à la maison de M. le duc d'Orléans, aux gens de M. le
duc de Fronsac, à ceux de M. le Grand Aumônier, h ceux de M. le Cardi-
nal de Luynes et à ceux de M. le duc de Tresmcs. (Archives nat.. 01, 1044.)
(1> « Les personnes qui avaient accompagné le convoi, après celte céré-
monie, passèrent à rArchevéché où M. le Cardinal avait fait préparer des
appartemens pour recevoir M. le duc d'Orléans, devant lequel il fit servir
une table de soixante couverts, à laquelle étaient le Grand Aumônier de
France, le duc de Tresme, le duc de Fronsac, le marquis de Chauvelin, les
Menlns de M" le Dauphin, les commandans de diiférens détachemens de
la Maison du Roi et autres personnes distinguées. » (Relation, imprimée à
Sens.)
(2) < Le lendemain 29, M. le duc d'Orléans ayant donné l'ordre de l'office
pour 8 HEURES du matin, tout étant disposé, M. le marquis de Dreux alla
ravertir à rArchevéché. Il vint se placer conjme la veille. M. le Cardinal
de Luynes officia. » (Relation, Archives nat., 01,1044.)
f Les quatre hérauts d'armes étaient assis aux quatre coins du catafalque ;
If roi d'armes aux pieds. Ces hérauts portaient, sur une robe de crêpe, une
cofle d'armes de velours violet, en forme de dalmatique, semée de fleurs
ét^d^oT. Sur la poitrine se lisait, brodé en lettres d'or, le nom de la pro-
Tinre qu'ils représentaient. I^ cotte du roi d'armes était à In devise : Mont-
ioit Saint-Denis. Tous tenaient en main un bâton revêtu de velours violet
$vec /leurs de H» d'or.
— 28 —
comte de Sens, primat des Gaules H de Germîmie. comman-
deur de Tordre du Saint-Esprit, premier aumùriicr de Ma*
dûmc la Daupliine. ayant pour assîslanb les trésorier et
doyen de notre Métropole^ pour diacres rarcliitlîacrc du
Gâtiriais et dcu5i autres prêtres de notre Eglise, pour sous-^
diacres un des ptns anciens chanoines et deux autres prei
très de notre HgHse» le prccliantre portant !e bâton, accom*~
pagnt^ de deux choristes chanoines, avons dit et cétébre
pontificaUemcnt la mçssc, dans le chœur de notre Eglise,
en présence, comme dans Taclc du jour d'hycr, de Son Al-
tesse Sérénissime M*^'" le duc d t>rléans, de M. le duc
de Trcsmcs, pair de France, nommé par le tloy pour ac"
compagner, de M. le Duc de Fronsac, pair de France, }tre-
mîer gentil homme de la Chamhre du Roy en sur%ivancc,
portant la couronne, de M. le marquis de Chauvelin, maître
de la garde- robhc du lloy» parlant le manteau a la royal le,
de messieurs Ich Menins, de M. le marquis de Dreux* j^rand
maitre des cérémonies, et d'autres oriiders; les chanoines
de notre Chapitre étants dans leurs stalles cl ceux qui t!u
clergé de notre Eglise y ont droit. Ensuite nous nous sum*
mes avancé vers lestrnde sur laquelle cloit posé le corps
de Teu Mt^r le Dauphin, et après que nous avons eu fin y toutes
les prières et les cérémonies solennelles acccuilumces en
pareil cas, le corps de le n Très lîaut, Très Puissant et Ex-
cellent Prince, Louis, Dauphin de France, a été levé de
dessus 1 estrade par les gardes du corps de Sa Majesté qui,
après d'autres cérémonies solennelles {1} aussy uccoutu*
(t) Apri'^ r|tic H cetctx^ïi eial vlè di\mhé ttiin^ le cjihj'uu, ■ li^ rtïi tl*nritt«9i
dtl am lu'rniilstk' st'npprtHcr h remplir lcJ*ri:itïCll<jiiN dçl<*Mr*ch»rgi-s, l.'wn
tVntx desremUt ilfirft k' t<tivpfiii; tin ûulw^ w^tn Mir h* ilrgn* ; l«* roi &nr*
nirn. fiçiulnnl ce lïMupsi, dU i t M. It- marc|iiiï de tîlitiuvrlln. mnilrc dr Ui
Gartlc-fU>bb<Mlu lioi. cU' In t^nrltlu itoî. ni^wrloï le iiiiMiIffiti n lu Itnyiilr
h >lijnsflgniMir \v n(iii|thiii. • <te iiirintcitiii lui fui r^iiiît< «ur mu* érliiirp^' d*^
lutTHiiï iititr. H 11 le tu |>iiM*r pur lrs|iV'nHi4K*iur le ccrcaHL tl «Ut t^iiMiUr t
• ^1. 1er iluo tic Kicinsai% |>rcriilrrtk-rinilitiiiiHic t\v \n (Ihitmhrc. cir lit |>fir1 ilti
Bot. jjpihjrlc-iC II Moiii^i'EjïntHir ïe ]hiM.pliui Iji OniLuiinr lloynle, • qui lui fui
imr^ilï^inriU iviiU^e ri ilt'M.iiulue diiftâ» U* i^awaM^ doul IcaLr^e fui û Hit*
— 29 —
mêcs en pareil cas, Tont descendu, avec la boètc de plomb
dans laquelle éloicnl les entrailles, dans un caveau préparé
ù tel effet au milieu du chœur de notre Eglise près de Taigle,
et ledit caveau a été ensuite fermé et scellé.
En foi de quo}' nous avons fait rédiger le présent acte et
lavons signé avec les dignités et chanoines de Notre Eglise
Métropolitaine.
Paul, Cardinal - Archevêque Thévard.
de Sens. Mahiet.
De Marsangy, trésorier. Le Houistel.
D'Hesseux, doyen, Mallet.
HcERSE, célerier. Mauclerc.
Caqi'ia de Monbourg, arch. D. de la Haize.
de Provins. Dauvergne.
De Buluoud, archid. d^Etam- Lestoré.
pes. Le Beau.
MONTALET DE ViLLEBREUIL. GiGOT DE BOISBERNIER.
Morice, préchantre. Le Pellerin.
Maillet de i^ Trémoye. Hédiard.
Gratien Dugaudin. Roy.
Berthelin. L. le Blanc.
Garsebi^nt de Fontaine. Rousset.
LHKRMiTTEdeCHAMPBERTRAND Le Gris, Secrétaire du Cha-
TissoT, pitre.
Dès le lendemain de cette grandiose cérémonie,
le Chapitre prenait des mesures pour organiser la
sLint fermée d'une tombe. Et le roi d'armes cria à deux difTércntes fois :
• Très Haut, très Puissant et Exceilenl Prince. Monseigneur Louis de Bour-
bon, Dauphin de France, est mort !» A la dernière fois, ii ajouta : « Priez
Dieu pour ie repos de son àme. t
Ct'tte funèbre cérémonie aclicvéc, M. ie duc s'approclia et rendit à ces
prccieus restes les derniers devoirs en saluant profondément ie lomlicau
qui les renferme. Ce prince lut ensuite conduit par les Seigneurs et les
Mcnins dans son appartement, où il re^ut les compliments de tous les
corps ecclésiastiques et laïcs de la ville de Sens. * (Helatiou, imprimée à
Sens en 17C6. »
— 30 —
continuation des prières. Les registres des délibéra-
tions (1) fournissent à ce sujet d'intéressants dé-
tails.
Lundi 30 décembre 1765. — M. rarchidiacre de Provins a
dit que M. Sirouette, inspecteur des Menus-Plaisirs du Roy,
lui avait remis hier la couronne et le manteau à la Hoyalc
de Msr le Dauphin, qu'il a sur le champ déposés au tré-
sor (2). »
Messieurs ont arrêté qu'il sera dressé dans le chœur, sur
sur le tombeau de Min- le Dauphin, un dais tendu de noir,
sous lequel il y aura une représentation (3); que pendant
six semaines il se dira à la chapelle de Saint-Louis une
messe de Requiem pour le repos de Tâme de ce prince, et
un De profundis ensuite; que cette chapelle sera tendue de
noir; que l'encens se donnera à celte représentation ainsy
que reaUibénite avant la messe des dimanches; que la ré-
tribution de celte messe sera de quinze sols, payables par la
petite Trésorerie ; et que, pour que le peuple puisse être
averti, la cloche destinée pour annoncer les sermons sera
sonnée à 10 heures et demie.
Mardi 31 décembre. — Messieurs ont arrêté que le drap de
velours noir qui se met sur Taigle lors des obits solennels
servira, autant qu'il sera possible, à former le daix qu'ils
ont arrêté être fait, par délibération du 30, pour être mis au-
dessus de la représentation qui se fera sur le tombeau de
(1) Archives de T Yonne, G 681.
(2) Se souvenant que les insignes royaux dé|>osés sur les cercueils des
princes êlaient. après les ol>sèques à Saint-Denis, recueillis ]>nr le trésor de
l'abbaye, le Chapitre avait chargé l'archidiacre de Provins de réclamer
pour le trésor le manteau et la couronne. Il devait également veiller à ce
que les restes du luminaire ne fussent pas enlevés, el revendiquer |>our le
trésor la chape dont était revêtu le grand aumônier à la levée du corps
Les inventaires du trésor ne mentionnent pas cette chape. Ce prélat ne
voulut pas sans doute se dessaisir d'un ornement qui vraisemblablement
lui appartenait personnellement.
^3) Ainsi le voulait le cérémonial obser\é à Tabbaye de Saint-Denis.
— 31 —
M»' le Dauphin, cl ont prié M. le fabricier de faire faire tout
ce qull croira convenable, tant pour le daiz que pour la
dittc représentation, et d'une manière aussi décente qu'ho-
Dornble, et le tout très proniptement.
I^ doyen du Chapitre, M. d*Hesselin, reçut de
larchevêque de Reims, grand aumônier de France,
qu'il était allé complimenter au nom du Chapi-
tre (1), la lettre suivante, datée de Versailles :
Mon premier soin en arrivant icy, Monsieur, est de rem-
plir un devoir dont les tristes circonstances où nous nous
sommes trouvés tous ne m'ont pas permis de m'acquitter à
Sens. Je devais, et je voulais, aller chez vous vous prier de
m'aidera remercier votre Chapitre de l'honneur qu'il a bien
voulu me faire : je le sens comme je le dois, et je m'esti-
merais trop heureux de pouvoir lui marquer par des ser-
vices tout le cas que je fais de ce qui me vient de la part
d'un corps aussi illustre. C'est de quoy je vous prie de vou-
loir bien l'assurer. Soyés également persuadé, Monsieur,
des sentiments pleins d'estime et de considération avec les-
quels vous honore votre très humble et très obéissant ser-
viteur.
U Archevêque de Reims (QJ.
Le 14 janvier, le doyen fait part à ses collègues
du désir exprimé par le cardinal, au nom du Roi,
qu'un service solennel soit célébré prochainement.
Messieurs ont arrêté que ce service se fera solennelle-
ment mardi prochain, vers les 10 heures du matin, avec les
Vigiles la veille ; que le bâton précentorial sera porté ; que
les cloches des deux tours seront .sonnées ; et on a député
il) L4*s diverses harangues adressées par le doyen au cardinal de Luy-
nes nu duc d'Orléans e( à M. de la Roche d'Aymon, grand aumônier, à
l'oceasion des obsèques du Dauphin, sont transcrites au registre des déU-
bérations capitulaircs et dans le manuscrit 119 de la bibliothèque de Sens.
(2) Biblioth. de Sens, ms 119. f- 50.
— 32 —
M. le doyen pour officier, et MM. Gigot et le Pellerin pour
convoquer les corps laïcs. Ont de plus arrête qu'il y aura
un diacre et soudiacre et quatre induts.
L*exemple du Chapilre est suivi, non seulement
par les paroisses, mais par les corps constitués. La
ville fait céléber un service, le 28 janvier, dans
Téglise des Célestins. Invité par le maire, le Chapi-
tre s'y fait représenter par quatre de ses membres.
Nouvelle députation, le 30 janvier, dans Téglise des
Cordeliers, à la demande des juges-consuls.
Mardi 11 féurier. — M. le doyen a dit que S. E. Mf TAr-
chevcque lui a écrit de faire part à Messieurs que le jour
pour Toraison funèbre de M^ le Dauphin était fixé au sa-
medi 22 de ce mois.
Mercredi 12 féurier, — Sur le rapport fait par M. Tarchi-
diacre de Provins au sujet des tentures pour Toraison funè-
bre de M?' le Dauphin, Messieurs, en approuvant ce qui a
été par lui fait, ont arrêté qu'il prendra chés les marchands
tout ce qu*il conviendra en draps noirs pour tendre le san-
ctuaire et le chœur de l'église, s'en rapportant à lui pour le
prix.
Le 17, le Chapitre approuve le marché conclu
par son délégué avec les jurés-crieurs de la ville
qui s'engagent, moyennant six cents livres, à déco-
rer l'église pour le service. Celle ornementation
doit rappeler celle des obsèques : tentures montant
jusqu'au triforium du chœur; tapis recouvrant le
chœur entier ; voiles armoriés derrière l'autel et à
l'entrée du chœur, de la naissance de la voûte jus-
qu'au jubé.
Le 18, le Chapitre décide d'inviter le cardinal à
officier, chargeant le doyen de le suppléer pour ce
I
SOClÉTi ARCHBOLOCIQPB DB SENS.
T. XXII, Pt. IV, p. 33.
POMPE FUNÈBRE
DE LA PREMIÈRE DAUPHINE
en i']46, à JV.-D. de Parit
Gravure de C. N. Cochin fils.
I
— 33 —
qu'il ne pourra faire. On sonnera les cloches des
deux tours. Les corps laïcs sont convoqués.
Une note en marge de la transcription des délibé-
rations capitulaires(l) nous apprend que a M. Bour-
let, chanoine, a fait cette oraison funèbre^ ([ue son
peu de voix et le tumulte ont empêché d'enten-
dre (2). 1
Le 26 février, le Chapitre décida de continuer
jusqu'au bout de Tan la messe de Requiem à la cha-
pelle de Saint-Louis, et de laisser en permanence la
représentation sur le tombeau. Le 25 mars, il était
informé que le Roi lui avait alloué une somme de
quatre mille livres pour l'indemniser des dépenses
occasionnées par toutes ces cérémonies.
Comme à Sens» dans le royaume tout entier se
multipliaient, avec une touchante unanimité, les
démoilstrations d'une admiration sincère et les
témoignages d'universels regrets.
Sans doute, on peut suspecter la sincérité clos
éloges officiels prononcés dans les académies et
dans toutes les grandes églises de France. Plus
éloquentes que ces discours étudiés el ces louanges
de commande, les larmes spontanées de loul un
<1 Bihliolh. fie Sens, ms. HO.
'2) Siinon-«Ji'*rn:no lîniirlol de Vaiixct lies riait lils (ruti oHU-ur de la mai-
sf»n «lu lUii. doriiiine si'noiiais(r. Ni' à Vorsaillfs, en \~'.V.\. «lotie nr (l^'^(>l•-
li'mne, il (li.'vjnt chnnoiiu* de Sons le 2î octohrr ITCil « t n icairr minr.il du
larilinal ilo ï^uyiics. 11 ri'"sij;Ma son cauoiiicat «mi juin 17(ir>. 11 dcvinl, m
!•*<». iiblu- (!«• Sainl-Ainbroix. nu diocôs*' de lloiiif^fs. l'.n 17.VJ. il »lail l»i-
t»'ur du comte crArtois cl vicaire grinr.d dAutun. L'ai)!»- de \au\rrllfs
mourut à Paris. le IS mars 1802, après s'être oecupi- t\r jouiiiaUsnic p» ii-
dant '.a Ke\olution.
— 34 —
peuple vengeaient une mémoire trop longtemps
méconnue. Tous sans distinction, sans réserve,
rendaient hommage au savoir, au caraclère, à la
vertu, à Tesprit clirélien du Dauphin. Les plus scep-
tiques ne pouvaient taire leur admiration devant
la piété vive et éclairée du prince qui, à sa der-
nière heure, remerciait Dieu d'être encore, malgré
ses souffrances, en pleine connaissance et de pou-
voir ainsi mettre à profit, pour son éternité, jusqu'au
dernier instant de son agonie. Les esprits les plus
prévenus eux-mêmes ne pouvaient que s'incliner
avec respect devant celte noble figure de prince
chrétien. Citons seulement Diderot, annonçant la
mort du Dauphin a après une longue et cruelle
maladie dont il a supporté les douleurs avec une
patience vraiment héroïque, 1> et écrivant : « C'est
une chose bien certaine que M. le Dauphin avait
beaucoup lu, beaucoup réfléchi, et qu'il y avait
peu de matières importantes sur lesquelles il ne fût
pas très instruit. »
Et Voltaire, lui décernant ce distique :
Connu par ses vertus plus que par ses travaux,
n sut penser en sage, et mourut en héros.
Témoin, assurément désintéressé, des manifesta-
tions du deuil national, l'Anglais Walpole traduit
ainsi l'impression générale : a C'est, je croîs, la
plus grande perte que la France ait faite depuis
Henri IV. ï>
CHAPITRE IV
LE VEUVAGE DE MARIE- JOSEPHE
PROJET DE MONUMENT FUNEBRE
La Dauphine, qu'une étiquelte impitoyable avait
éloignée du chevet de son époux agonisant, avait
dû quitter Fontainebleau, le jour même de la mort,
pour regagner Versailles.
Malgré les délicates attentions du Roi, malgré les
soins afTectueux dont Tentouraient les sœurs du
Dauphin et sa propre sœur, la princesse Christine,
— 36 —
elle âtmettnil iiMensible à tout ce qui la détournait
de Mm onique pensée.
Moo snae ^àarz la onin qui Ta frappée, écrit-elle à son
ff ére^ Xanrier de Saxe ' 1 , elle est plongée dans la plus amère
dooleor, toot la décbirt; elle ne pent s'occnper que de ce
qu'elle a aimé, qu elle aime et qu>lle aimera, tant qu^clJc
animera mon corps, qn'eUe espère aimer encore plus par-
faitement après, dans le sein de Dien ; elle ne trouve d'adou-
cissement qoe de parler d*nn objet si cher, de se rappeler
ses Tertos^ sa tendresse, et le bonheur dont elle a joui tant
qu'elle lui a été unie; elle se transporte sans cesse dans le
lieu qui renferme la dépouille de Tobjet de son amour. Tous
ses désirs se portent à lui être réunie ; ce caveau parait plus
beau que Ions les palais de ITnivers; mais elle est soumise
à la irolonté de Dieu, elle ne demande que la mort (2).
Et dans une de ses lettres à son confesseur, Tabbé
Soldini (3) :
Je vous remercie, écrit-elle, des cadres que vous m'avez
cnvo3'és Je sçais bien qu'on ne peut invoquer que les
sainU que TEglise a canonisés, mais je ne crois pas faire
(1) Xaxier de Smxe acheta, en 1772, le Château de Chaumot, près de
Villeneave^^or-Yonne. l\ y faisait sa résidence ainsi qu'à Pont-«ur-Seinc.
(2; STBYIE3ISKI. la Mère de» troi% dernier* Bourbons, p. 339.
(3) Jacques- Antoine Soldini, flls d'un secrétaire du cardinal prince
de Rohan, originaire de Florence, naquit à Paris en 1718. Confesseur et
prédicateur de la maison du Roi. à Versailles, c'est-à-dire aumônier du
nombreux personnel (deux mille personnes environ) du palais, c'est lui
qui fut appelé, lors de l'attentat de Damiens, en 1757, pour assister le Roi.
11 devint plus tard confesseur delà Dauphine et de ses enfants, et continua
cc% fonctions nuprés du flls de Marie-Joséphe, Louis XVI. Les archives
de lévéché de Versaillc» conservent un volumineux dossier des corres-
pondances reçues par l'abbé Soldini. On y compte quatre-vingt-deux let-
tre» de la Dauphine. et plusieurs du cardinal de Luynes. L'abbé Soldini
mourut le 30 mars 1775. (Voir la Sotice, de M. le chanoine Gallet, sur Vabhé
SoUHnt et m correnpondance. Mémoires de la Soc. des sciences de Seine-et-Olse,
t. XXI, pp. 100 à 133.)
— 37 —
an mal quand, passant devant son portrait, je le prie de se
souvenir de nioy devant Dieu; je luy parle à ce portrait
comme je luy parlois de son vivant.
11 faut lire les lettres nombreuses dans lesquelles
Marie-Josèphe exprime si vivement les douloureu-
ses impressions et la résignation chrétienne de son
âme, pour juger quelle était celte femme admira-
ble. On y trouve une élévation de sentiments, une
force de caractère, une délicatesse de conscience,
un esprit de foi qui ne se rencontrent que dans les
saints et qui prouvent combien elle était digne du
prince son époux (1).
Mais nous devons ici nous restrei ndrc aux rapports
de la Dauphinc avec Sens.
A la nouvelle que le Dauphin, par son testa-
ment, avait choisi la métropole de Sens pour lieu
de sa sépulture, le premier soin de Marie-Josèphe
avait été de se rcndre auprès du Roi et de solliciter
par avance la faveur d'y reposer, elle aussi, un
jour.
On avait trouvé cinquante louis d'or dans la cas-
setle du Dauphin. La princesse les remet aussitôt au
cardinal de Luynes pour être distribués aux pau-
vres de la ville de Sens.
Le souvenir de notre cité la hante désormais
comme la pensée de celui qu'elle a perdu. Elle a
fa t dessiner un plan du chœur de la Métropole avec
remplacement du tombeau. Elle garde dans son
• 1. Voir surtout ta Dauphine, par le P. Emile Regnault.
f ^
— 38 —
oiiiloire, sous ses yeux, cette image qui lui rappelle
saus cesse ses douleurs (1).
Au cardinal de Luynes, qui désormais vit retiré
dr la cour, elle écrit, le 19 février 1766 :
Que je vous envie, mon Cardinal ! Vous êtes à présent
dans le lieu qui possède tout ce que j'aime. Hélas! que ne
|)uis-je y aller aussi ! Mon unique consolation seroit de pleu-
rer sur ce tombeau, jusqu'à ce que j'y sois renfermée. Mais
ce ifcst pas pourtant là le plus grand de mes désirs : c'est
que mon Ame soit avec la sienne. Jai encore beaucoup à
tnïvailler pour cela; j'espère que ses prières m'aideront : il
êtoil mon guide de son vivant, il sera mon protecteur dans
le cîcl. Mesdames m'ont menée promener; j'ai demande à
aller sur le chemin de Choisi, et j'étois bien aise par là de
m npprocher, au moins de quelques pas, du lieu de mon
repos et de ces cendres chéries qui m'y attendent. N'oubliez
pns, mon Cardinal, en priant pour le repos de cette belle
il lAiUrc de Fontcnny, du 20 août 17ù3. Cfr Stuyienski, la Mère des trois
iifntirrs Bourbons, p. 377.
Kti 1837. le cabinet du bibliophilo sénonnis. M. Félix Chnndenicr,
^*vsi rnrichi d'un recueil de Pièces diverses, toutes consacrées au Dauphin.
qui nvait appartenu auparavant A la bibliothèque du baron Jérôme
Plclioii. En léte de ce recueil est un superbe plan mesurant 0" 71 de hnu-
tetir sur 0*52 do largeur. On y lit cette légende : Platt général de VËiglixe
Métiopolitaine de Sen!(, levé exactement imr Gayet, architecte de Son Emi-
tinue M. le Cardinal de Liiynes.
t> document est très précieux pour l'histoire de notre cathédrale dont il
rt'tnicc la disposition intérieure en 17G6. Car bien qu'il ne porte aucune
diilo, un détail suriit à nous lixer sur les circonstai.ces dans lesquelles ce
phi II Tut dressé. Au milieu du chœur, des traits pointillés indiquent l'em-
|ihiremcnt du cavenu du Dauphin, cl on y a même liRuré la silhouette du
irnueil unique ({ui reposait alors dans ce caveau.
N^ius sommes donc en présence d'un exemplaire du plan que Muric-Jo-
sé|tlic avait fait placerdans son oratoire de Versailles. 11 est même i>erniis
de penser quç le plan du Hecueil Chandenler peut être l'original ayant
Qppurtenu A la Dauphlne, si ce Hecueil est bien celui que rorina l'abbé
SohUni, ainsi que nous le dirons plus loin. {P. 44 note.)
— 39 —
âme, de prier aussi pour la sanctification de la mienne, afin
que, n'ayant été qu'une sur la terre, elles soient à jamais
réunies dans le sein de Dieu (1).
Quelques semaines après, le 29 mars, c'est encore
la même pensée :
Je viens de recevoir votre lettre, mon Cardinal, et ne puis
assez vous remercier de vous être si bien acquitté de mes
commissions sur le tombeau qui renferme tout mon bon-
heur. Quand viendra donc Theureux jour où je pourrois
moi-même y exprimer mes douleurs et mes désirs! Hélas, je
n'ose Tespérer, je crains cette pitié cruelle qui, pour nous
épargner, nous empêche de goûter la seule consolation qui
nous reste : c'est qu'on ne comprend pas que la vue d'un
tombeau qui renferme Tobjel le plus cher, et qui doit vous
renfermer vous-même, puisse consoler; cependant je sens
bien que je n'en trouverois que là (2).
Chacune des lettres au prélat exprime le même
ardent désir de venir à Sens, pleurer et prier sur
le tombeau du Dauphin :
9 juillet. — Je me porte fort bien, mais mon cœur est bien
serré ; res lieux-cy me rappellent bien des choses qui ne
sont pas faites pour le dilater. Je trouverois plus de conso-
lation à Sens. Il y est, et je penserois que j*y serois un jour
auprès de luy ; cela me feroit plaisir... (3).
25 août'. — Je viens de recevoir, mon Cardinal, votre lettre
du 23 : je vous remercie d'avoir prié pour moi au lieu où je
serois un jour. M. le Dauphin est venu me le dire, car la
même nuit j'ai rêvée que je le voyois et qu'il m'nssuroit qu'il
prioil bien pour moy (4).
{{) Attlographe du ehâtean (V Dampierre, P. Regnai'LT, p. 268.
(2) P. Regkault, p. 264.
(7) P. Regkaclt, p. 266.
t4 Ibid., p. 267.
— 40 —
5 septembre, — ...J'ai élé bien touchée de ce que vous me
mandez que le saint évéquc d'Amiens (1) a dit, après avoir
fait sa prière sur le tombeau. Oui, je vois bien qu'il n'a pas
besoin de nos prières... (2).
6 octobre. — Hélas, mon Cardinal! il y a un an, nous
étions à Fontainebleau, dans Tespérance. La pauvre M^c la
comtesse de Toulouze a passé par ici hier au soir (3); cela
m*a fait penser au 28 décembre de Tannée passée, et en re-
gardant ce convoy, je me transportois toujours sur le che-
min de Sens (4).
Un détail à noter aussi, parce qu'il intéi*esse la
liturgie et la bibliographie sénonaises. L*abbé
Proyart a écrit, dans sa Vie du Dauphin : c Peu sa-
tisfait de payer lui-même à Dieu le tribut de prières
que lui offrent ses ministres, il (le Dauphin) em-
ploya les niomens de son loisir à procurer aux per-
sonnes les plus occupées, le moyen de s*unir aux
prières communes de TEglise. 11 distribua lui-même
en leur laveur, un office qui, sans être aussi long
que celui de TEglise, en a cependant Tesprit et la
forme. Cet ouvrage fut imprimé à Sens, en 1763,
par les soins du Cardinal de Luynes (5). « Monsieur
(1) M*' de la MoUc. cvéquc crAmiens. En se rendant à la Trappe de Sept-
Fonts où il allait faire sa retraite, le prélat avait voulu s'arrêter à Sens
et y offrir le S. Sacriflce sur le tombeau du Dauphin.
(2) P. Rbgnault. p. 278.
(3) Morte à Paris le 90 septembre, son corps avait été transporté et inhumé
à Rambouillet.
(4) P. Regnault, p. 2K0.
(5> Officb divin abrégé, pour tous les teins de Vannée, d Vutage des per-
sonnes pieuses quidésirent s'unir aux prières généralesqui se font dans l'Eglise
aux différentes heures du jour. Imprimé par ordre de S. E. M*' le Cardinal de
Luynes, arehevéque-vicomte de Senr, etc., d Sens, chez P. Hardouin Tarbé,
imprimeur-libraire de Son Eminence. M DCC LXIU.
«OOtTÏ AlCH^LOCiqpS DB SEKS.
T. XXll, PL. V, p. 40.
LA OAUPHINE
Pastel par La Tour
{Muté* du Louvre.)
t,.
k
— 41 —
t le Dauphin, m'écrit ce prélat, exigea de moi que
« je le fisse imprimer sous mes yeux, et paroftre
< en mon nom. J'eus beaucoup de peine à m'y
< prêter; mais Tordre fut absolu. Il n'y a de moi
c que le mandement qui se trouve à la tête de Tou-
€ vrage (1). >
Cette affirmation se trouve nettement confirmée
dans la lettre suivante adressée, le 11 mai 1763, par
la Dauphine à l'évéque d'Amiens, M9r de la Motte :
c ...J'ai remis à l'abbé Soldini un livre des Offices
que M. le Dauphin a faits; je ne doute pas qu'il ne
vous lait déjà envoyé... (2), >
En retournant à l'abbé Soldini (3) ses rectifica-
tions au projet de biographie du Dauphin qu'il
lui avait soumis, la princesse lui déclare : c Le Roy
n a sçu que l'Office divin étoit de luy que depuis sa
mort. La traduction des pscaumcs n'est pas de luy,
elle est de Ms»" Languet, archevêque de Sens (4). »
A peine la tombe du Dauphin s'était-elle refer-
mée qu'on se préoccupa des mesures à prendre
pour y rappeler la mémoire du défunt. Il convenait
tout au moins d'y placer une inscription. En sa
triple qualité d ami, d'académicien (5) et de gardien
du tombeau, l'archevêque de Sens avait le premier
(1)Editiondel826.p. 177.
•2; P. Regxaclt. p. 2CG.
(3) Archives de l'évcché de Versailles. (Dossier Soldini.)
(t) Jean-Joseph LAnguet de Gcrgy, prédécesseur du cardinal de Luynes,
mort en 1733.
(3) HeçQ à l'Académie françAisc en 1743^ il cn(ra h rAçadcmie des scien-
ces en 1755,
- 42 -
exprimé le désir d'en rédiger le texte. De son côté,
Tabbé Soldinî, confesseur de la Dauphine, avait
soumis à la princesse une épitaphe de sa composi-
tion. Elle lui répond :
Je trouve répitiiphe à men'cille et vous m*avez fait grand
plaisir de me renvoyer. Si le cardinal de Luynes n'avait pas
demandé dès les premiers jours d*en être charge, j'aurois
prié qu'on mit la vôtre sur le tombeau (1).
La Dauphine, qui écrivait avec aisance en la-
tin (2), donna pleine approbation à l'œuvre du bon
(1) Archives de l'évéché ds Versailles. (Dossier SoldinI, A lix.) La mort
du Dauphin, comme du reste tous les événements notables, fut pour tout
ce qui se piquait de littérature, un sujet à amplifications oratoires ou poé-
tiques. Le Recueil de M. F. Chandcnier conUent une cinquantaine de piè-
ces, manuscrites ou imprimées, décrivant le deuil de la France. Recteurs
de collèges, prédicateurs en renom et élèves de rhétorique s*y évertuent,
dans des stances, des odes, des élégies, des épitaphes ou de simples dis-
cours en prose, à célébrer, en un style quelquefois heureux, les louanges
du prince défunt.
A ces morceaux littéraires, où l'histoire ne trouve rien à gUmer, sont
Joints heureusement plusieurs dessins. Outre le plan de la Métropole de
Sens, déjà signalé, on y trouve un Joli dessin h la mine, fait également
l>ar l'arciiiiecte Gnyet. et représentant le maltre-autel de Servandoni. en-
core surmonté du rétoblff qui avait encadré la fameuse table d'or disparue
en 1760. D'autres dessins et gravures représentent la pompe funèbre des
ser\'iccs célébrés pour le Dauph'.n h la cathédrale d'Avignon, à Noire-
Dame de Paris, ou collège de Cahors.
(2) On cite à ce propos une Jolie anecdote. Lors de la promotion de
M. de Luynes au cardinalat, en 1756, le Pape avait eu la délicate attention
d'informer la Dauphine, pnr une lettre rédigCe en latin, de la dignité con-
férée ù son premier aumônier. < Le bon cvêquese mit en peine un Jour de
lui en expliquer le sens avec un lak>orieux mot à mot, sons que rien trahit
en elle in parfaite connaissance qu'elle avait de cette langue. Le Dauphin,
témoin de la piquante aventure, eut le l>on goût de respecter cette réser-
ve de sn noble compagne et de laisser à l'obligeant prélat le mérite racilc
du service qu'il croyait rendre. » (P. Regnailt. p. 100.) — M. G. StryienskI
a publié dan» : La Mère (/es trois derniers Botirbor.». (p. 337). une lettre en
lalin, fort élégant, tcrile n son frère Xavier par Mrric-îosèphc, âgée de
neuf ans,
— 43 —
Cardinal. En voici le texte avec la traduction
publiée à Sens, en 1768 :
D. 0. M.
HIC JACET OpUmus Princeps LUDOVICUS DELPHINUS,
iEtatc florenle cl Solio jam luaturû
Intcr vota preccsque populorum
Pro salutc prctiosissimi capitis, heu ! frustra supplicantium,
Morte ÎDvidâ raptus.
LUGEAT GALLIA Virura Principcm
Omnibus naturse donis ornatum,
In onini regise sortis scicntiâ vcrsatuni
Patrise amantissimum,
Filium Patris sui Augusli observantissimum,
Conjugem fidelem,
Patrcm libcros suos praeccplis & cxcmplis assidue
informantcm.
LUGEAT RELIGIO Viruni Principcm
Nominc éc opcribus Christianum,
Illibato morum splcndorc a tcncris conspicuum,
Somma crga Deum pietate commendabilem,
Lcgis divinse studiosissimum.
Fidc sccurus, Spc (Irmus, Charitatc ardcns,
Magno spiritu vidit ultima,
El Icrrcna dcspiciens, ad œlerna toto animo sur.pirans,
Cœlcsti con *olalionc exuberans,
Incrcdibile sui dcsiderîum relinquens,
Obiit Die XX^ Decembris, An^ />« MDCCLXV.
jEtatis XXX VI ,
a-glt très excellent Prince Louis Dauphin
Ayanl acquis, dans ki fleur de son âge, toute In mnlurilé nécessaire
pour régner.
Malgré Us vœux ardents que toute in France rnisoit à Dieu,
pendant sn maladie,
Pour la consepation d'une tête si chère,
La mort jalouse c!e uotrc bonheur nous l'a enlevé.
Que la France pleure un Prince,
— 44 —
Orné de tous les dons de la nature.
Versé dnn^ toutes les sciences qui sont du ressort des Rots.
Aimant avec passion ia Patrie et le peuple qu'il dcvoit un Jour gouverner,
Le nia le plus respectueux envers son auguste père.
Un Epoux fidèle,
U n père qui se faisoit un devoir de former lui-même set augustes enfants
& la vertu |Mir ses préceptes et par ses exemples !
Que la Religion pleure un Prince,
Qui, non content déporter le nom de chrétien, le rcndolt encore vénérable
par la sainteté de ses œuvres,
Qui depuis sa plus tendre Jeunesse avoit toujours eu les mœurs
les plus pures.
Recommandable par sa profonde religion envers Dieu
Et par robsrr\-atlon la plus exacte et la plus fldelle de sa sainte 1^1 !
Rempli de la fol la plus vive, de l'espérance la plus ferme, de la charité
la plus ardente,
11 a vu approcher sa fln avec un héroïsme vraiment chrétien.
Et méprisant souverainement toutes les choses de la terre, soupirant
de toute son âme après les biens étemels.
Rempli des consolations célestes,
11 est mort laissant des regrets Inexprimables,
Le 20 Décembre, Tan de N. S. 1765, figé de 96 ans 3 mois et demi.
Celle Iradiiclion esl probablcmenl Tœuvre du car-
dinal. L*abbé Soldini lui a demandé le lexle de son
ûpilaphe. Le cardinal lui répond, de Sens, le
:îO aoûl 1766 :
Je joins icy, mon cher abbé, la relation que vous me
demandés; pour TEpitaphe je vous Tenverray par le pre-
mier ordinaire, il est bien jusle de compléter votre re-
cueil (1). Celte toux de Madame la Dauphine qui continue
{ I) Nous avons parlé plus haut (pp. 38 et 42^ du Recueil de M. F. Chan-
dt-nier. L'épitaphe composée par le cardinal de Luynes y est reproduite
Ml milieu de plusieurs autres. Celle de Tabbé Soldini est peut-être du
nombre. Hien toutefois ne la désigne, pas plus que le propriétaire du Re-
fttfil. 11 est cependant permis de penser que la personne qui Ta formé
avilit un culte spcVial pour le Prince, et que, de plus, elle était bien p\a-
t^vv pour réunir tous ces documents et surtout se procurer les plans do
Sens. L'nbbc Soldini réunissant parfaitement ces condIUons, nous pensons
que le Recueil dont parle le cardinal pourrait bien être celui de M. Chan-
dcnior,
— 45 —
toajoars me loarmente à un point que je ne puis exprimer.
0 mon cher abbé, que cette Princesse est précieuse à con-
server! Prions sans cesse Dieu de toute notre âme pour
qull daigne nous accorder cette grâce ; que cette Princesse
serait à plaindre sans les sentiments de Religion que Dieu a
gravés profondément dans son ame. Dieu lui a fait boire le
calice jusqu'à la lie. Quand je pense à i'énormité de son
malheur, je m*enveloppe dans la noirceur de la doulenr
avec elle et je ne puis vous dire ' combien cela nuit à ma
santé. Donnez moy de tems en tems de vos nouvelles, mon
cher abbé, et comptés sur toute mon estime et mon amitié
pour vous (1).
Et quelques semaines plus tard, il réclame le
texte qu'il a commtiniqué :
A Paris, ce mercredy.
Je vous prie, mon cher abbé, de me renvoyer la copie au
net de Tépitaphe de feu M^ le Dauphin, que je vous ay re-
mise, j*en ay besoin pour faire faire le modèle en grand par
le sculpteur. Je proQte avec plaisir de cette occasion pour
TOUS assurer, mon cher abbé, de mon estime et de mon ami-
tié pour vous (2).
De nombreuses années devaient s'écouler avant
que Tépitaphe figurât sur la sépulture du Prince.
Son exécution, du reste, paraissait moins urgente,
le Roi ayant décidé Téreclion d'un monument di-
gne de son fils. Profondément impressionné de la
perte du Dauphin, il jugeait bon, pour l'honorer ,
de rompre avec la tradition qui, depuis Henri IV,
n élevait plus de mausolées aux princes du sang, ni
mêmes aux souverains. Simples monuments d'ap-
plique, ornés seulement de modestes médaillons et
H) Archires de Tévéché de VersaiUes.
(3) iUdem,
— 46 —
d'inscriptions, les cénotaphes des Bourbons qui se
voient encore dans les cryptes de Saint-Denis con-
trastent éti^ngement avec les somptueux tombeaux
des Valois.
La résolution de Louis XV fut prompte. Sur ses
ordres, le marquis de Marigny, surintendant des
Beaux-Arts, avait demandé des projets à Cochin,
secrétaire de l'Académie des Beaux-Arts. Ce com-
positeur, pourtant d'une étonnante fécondité, jugea
bon de chercher des inspirations auprès de Dide-
rot, « le puits d'idées le plus achalandé de ce
pays-ci, » disaient ses admirateurs (1).
Dans une lettre à M»c Volland, du 3 février 1766,
Diderot exprime la joie mêlée de surprise que lui
cause cette marque de confiance (2) :
Je vous donne à deviner en cent ce qui m'occupe main-
tenant. Les artistes m'ont chargé du projet du tombeau que
le Roi a ordonné pour le Dauphin. Moi! Moi' Silence là-
dessus. Il ne faut point gâter un service par une indiscré-
tion. J'en suis à ma troisième tentative. Vous me direz celle
qui vous plait le plus ; il faut savoir d'abord que le monu-
ment doit être placé au milieu de la cathédrale de Sens, et
qu'il doit avoir un rapport visible à la réunion des deux
époux (3).
A ces trois projets, il en ajoutait, quinze jours
après, deux autres. Les voici tels que lui-même les
a décrits (4).
(1) Correspondance de Grlmm, 13 avril 1766.
(2) Œuvres de Diderot, ediUon Assézat et Tourncux, t. XIX, p. 210.
(3) c Le Roi, voulant entrer dans les vues de Madame la Dauphlne, on
demande que la composition et l'idée du monument annoncent la réu-
nion des futurs é|)oux. » Ibid., t. Xlll, p. 72.
(4) Ibid., t. Xlll, p. 72-75.
— 47 —
PREMIER PROJET
Jélèvc une couche funèbre. Au chevet de cette couche,
je place deux oreillers. L*un reste vide ; sur Tautrc repose la
tête du Prince. Il dort, mais de ce sommeil doux et tran-
quille que la Religion a promis à Thomme juste. Le reste de
la figure est enveloppé d*un linceul. Un de ses bras est mol-
lement étendu ; Tautre, ramené par- dessus le corps, viendra
se placer sur une de ses cuisses, et la presser un peu, de
manière que toute la figure montre un époux qui s'est retiré
le premier, et qui ménage une place à son épouse. Les an-
ciens se seraient contentés de cette seule ligure, sur la-
quelle ils se seraient épuisés ; mais nous voulons être ri-
ches, parce que nous avons encore plus d'or que de goût, et
que nous Ignorons que la richesse est Tennemie mortelle du
sublime.
 la tête de ce lit funéraire, j'assieds donc la Religion. Elle
montre le ciel du doigt, et dit à l'épouse qui est à côté
d'elle, debout, un genou posé sur le bord de la couche, et
dans Taction d'une femme qui veut aller prendre place à
côté de son époux : c Vous irez quand il plaira à Celui qui
est là-haut. »
Je place au pied du lit la Tendresse conjugale. Elle a le
visage collé sur le linceul ; ses deux bras étendus au delà
de sa tête sont posés sur les deux jambes du Prince. La
cooronne de fleurs qui lui ceint le front est brisée par der-
rière, et l'on voit à ses pieds les deux flambeaux de l'hymen,
dont l'un brûle encore, et l'autre est éteint.
SECOND PROJET
Âa pied de la couche funèbre, je place un ange qui an-
nonce la venue du grand jour.
Les deux époux se sont réveillés. L'époux, un de ses bras
jeté autour des épaules de l'épouse, la regarde avec sur-
prise et tendresse ; il la retrouve, et c'est pour ne la quitter
jamais. Au chevet de la couche, du côté de l'épouse, on
voit la Tendresse conjugale qui rallume ses flambeaux en
secouant l'un sur l'autre. Du côté de l'époux, c'est la Reli-
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LE MAUSOLÉE
— 49 —
tableau du plus grand palhétique, et non le leur, parce
qu'ils n'ont pas le goût qu'il faut pour le préférer.
Au haut du mausolée, je suppose un tombeau creux ou
cénotaphe, d où Ton n'aperçoit guère d'en bas que le som-
met de la tête d'une grande figure couverte d'un linceul,
avec un grand bras tout nu, qui s'échappe de dessous le
linceul, et qui pend en dehors du cénotaphe. L'épouse a
déjà franchi les premiers degrés qui conduisent au haut du
cénotaphe, et elle est prête à saisir ce bras. La Religion l'ar-
rête, en lui montrant le ciel du doigt. Un dlWses enfants
s'est saisi d'ua des pans de sa robe et pousse des cris.
L'épouse, la tête tournée vers le ciel, éplorée, ne sait si
elle ira à son époux qui lui tend les bras, ou si elle obéira à
la Religion qui lui parle, et cédera aux cris de son fils qui
la retient (1).
Fort heureusement, le goût de Diderot ne fut pas
apprécié. Sa correspondante elle-même, celle à la-
quelle il faisait la première confidence de ces allé-
gories païennes et compliquées, ne partage pas son
enthousiasme. Dans une lettre, du 20 février, il
tente de la gagner. (Œuvres, t. XIX, p. 223 et suiv ]
On ne se représente pas bien ce lit, si funèbre
soit-il, avec ses deux oreillers, au milieu du chœur
de la cathédrale. C'est cependant la conception
préférée du philosophe :
Les anciens, qui savaient que la richesse est l'ennemie
dn sublime, s'en seraient tenu aux deux oreillers et à la
seule figure de Tépoux qui se range ; car cette figure est
vraiment sublime.
fl< Cochin s'est inspiré du premier et du cinquième de ces projets pour
ta composition reproduite page 53. On y voit la Dauphine venant rejoin-
dre, malgré ses enfants et La Tendresse conjugale, le Dauphin et le jeune
duc de Bourgogne, sur leur couche funèbre.
4
— 50 —
Son troisième projet est évidemment inspiré par
le fameux tombeau du maréchal de Saxe par Pi-
galle. M"* Volland lui en a fait l'observation. Il ré-
plique :
Le rapport du troisième avec celui de Pigalle est bien
léger; d'ailleurs, cette Maladie, qui pousse la pierre de son
épaule, est terrible. Cet époux, qui ne la voit ni ne Técoufc,
marque un bien parfait mépris de la vie; et ces enfants,
présentés à réponse par la Sagesse, sont tout à fait tou-
chants.
Cochin, de son côté, se dérobe :
Au reste, continue Diderot, Cochin m'écrit de ces trois
projets, que je lui ai envoyé trois enfants bien forts, bien
beaux, bien vigoureux, mais bien difficiles à emmaillottcr.
Il ajoute que ce ne sera pas lui qui choisira, mais la cour,
où il y a beaucoup de flatteurs et peu de gens de goût. Il
craint que le mauvais goût, aidé de la flatterie, ne demande
que ces flgures soient ressemblantes; ce qui rendrait le mo-
nument plat et maussade. Je réponds que des ressemblan-
ces 'égères, dont la poésie disposerait à son gré, en don-
nant à la scène un caractère naturel et vrai, ne la rendrait
que plus belle et plus pathétique ; que les physionomies
changent bien en dix ans, et que, quand elles resteraient ce
qu'elles sont à présent, plus les flgures seront grandes, no-
bles et belles, plus la flatterie les retrouvera ressemblantes.
Pour éviter cet écueil des ressemblances, Cochin a de-
mandé qu'en conservant toujours la condition donnée de
la réunion future des deux époux, je lui en imaginasse un
quatrième où il n'y eût que des flgures symboliques.
C'est pour se conformer à ces nouvelles instruc-
tions que Diderot écliafauda les deux derniers pro-
jets décrits plus haut. Ils eurent le même sort que
leurs aines.
— 51 —
Cochin, au lieu d'emprunter à aulrui, finit par
puiser dans son propre fond. Il avait dessiné pour
réditlon derOraiso/i funèbre du Dauphin, pronon-
cée dans l église de Paris, le P^ mars 1766, par mes-
sire Charles de Loménie de Brienne, archevêque de
Toulouse, le futur archevêque de Sens, un frontis-
pice gravé par C. Baquoy (1). On y voit le Dauphin,
sur son lit de mort. Il est consolé par la Religion
qui d'une main lui présente la croix et de Tautre
montre le ciel entr'ouvert où elle prend, pour la
lui offrir, une couronne d'étoiles. A son chevet,
rimmortalité inscrit sur son livre les vertus du mou-
rant et lui dépose sur la tête son diadème, pendant
que la Mort le recouvre violemment d'un linceul.
Ce dessin renferme évidemment Tidée maîtresse,
les éléments essentiels du monument que nous
avons aujourd'hui sous les yeux. La Religion, rim-
mortalité et la Mort représentée par la figure du
Temps, — moins repoussante, quoique de signifi-
cation identique, — seront complétées par un qua-
trième personnage dont le rôle du reste est assez
imprécis, puis par les deux génies, dont la pré-
sence n'a guère d'autre raison que de meubler les
vides et de rompre la monotonie des quatre grandes
figures.
Cest donc uniquement sur les données de Co-
chin que Guillaume Coustou, l'un des plus grands
sculpteurs du xvui* siècle, fut appelé à composer le
monument du Dauphin. Le plan en était assuré-
(1) Reproduit p. 12 en léte du Chapitre U de notre étude.
— 52 —
ment arrêté (1), au moins dans ses lignes essentiel-
les, à la fin de Tannée, puisque, le 24 novembre
1766, le marquis de Marigny écrivait à rarlistej
J*ay trouve, monsieur, que la soumission que vous avez
faille pour Iclombeau de Monseigneur le Dauphin remplit
ce qui est proposé par le mémoire estimatif qui m'avoit
déjà été remis et sur lequel le Roy s'est déterminé à approu-
ver le monument. Je vous autorise à son exécution. La
somme de 150 000 livres à laquelle se monte votre devis
vous sera ordonnée au fur et à mesure qu'il me sera rendu
compte de l'avancement de cet ouvrage, et je ne doute
pas que votre respect pour le Prince, à la mémoire duquel
il est consacré, ne vous engage à apporter tous vos soins à
sa perfection. (Archives nat.^ O^ 1905.)
(1) Dans un mémoire lu nu Congrès archéologique de France, tenu à
Auxerre. en 1850, M. Quantin écril : « J*ai vu récemment à Paris le projet
primitif /(/u mausolée), en la possession d'un amateur anglais, M. Moorc. »
(Congrès, XVII Session, p. 23G.)
Nos recherches pour retrouver ce précieux document sont restée»
Infructueuses. I^ collection de M. Francis Moorc fut vendue à Ix>ndres, le
28 avril 185G. Le catalogue de cette vente ne mentionne pas le dessin
signalé par M. Quantin. Il n'existe ni au British Muséum ni au musée de
South Kensington.
SOCliTé ARCHéOLOOlQPE DB SENS.
T. xxn, PL. VH, p. 53.
LA. DAUPHINE
Peinture par Freoou
D'après le portrait de la préfecture d'Agen attribué à Nattier.
(Tréior de Sent.)
CHAPITRE V
MORT ET FUNERAILLES DE LA DAUPHINE
Déjà, personne n'en pouvait douter, le symbo-
lisme d'une réunion future, réclamé par la Dau-
phine pour le mausolée de son époux, allait à bref
délai devenir une réalité.
La toux, dont s'alarmait justement le Cardinal,
persistait. L'intervention d'un des plus fameux mé-
decins de Paris, Tronchin, accréditait les mauvaises
nouvelles venues de Versailles.
La cour, à l'automne de 1766, n'avait pas fait son
séjour habituel à Fontainebleau. Le Roi voulait
épargner à la sensibilité de Marie-Josèphe les cruels
souvcnii-s qu'auraient fatalement évoqués ces lieux.
L hiver, particulièrement rigoureux cette année-là,
aggrava très rapidement la situation de la princesse.
Comme à la mort si inopinée du Dauphin, la ru-
— 04 —
nieiir publique prêta à cette maladie, que rien ne
pouvait faire prévoir, des causes mystérieuses. On
parlait d'empoisonnement. L*autopsie la révélé : la
Daupliine succomba au même mal qui avait em-
porté son époux. Elle fut, très probablement, la
victime de son dévouement, c: On ne soupçonnait
pas, au xvni* siècle, dit un de ses biographes, les
dangers de la contagion ; par piété on conservait
les draps imbibés des sueurs de Tagonie et on en
distribuait des fragments en guise de reliques (1). »
Le cardinal de Luynes, aussitôt informé du dan-
ger, était revenu à Versailles pour assister Tauguste
malade. Le 4 mars, elle reçoit les cendres de ses
mains et fait la communion. Le 8 mars, premier
dimanche de Carême, sur sa demande, on lui donne
les derniers sacrements. Le Roi et les princes ac-
compagnent, de la chapelle à la chambre de la Dau-
phine, le saint Sacrement porté, sous un dais, par
le cardinal de Luynes.
Le prélat a noté, dans un récit conservé aux ar-
chives de Dresde, le récit des derniers jours de
Marie-Josèphe (2). Elle fit ses adieux à ses enfanls,
aux membres de la famille royale et se prépara à la
mort dans les sentiments d'une vive piété. La der-
nière nuit avait été des plus douloureuses. Elle de-
manda, le matin, qu'on lui dît la messe. L'après-
midi, pendant une visite du Roi et des sœurs du
Dauphin, elle se sentit défaillir. Dans la soirée,
l'abbé Soldini, s'apercevant qu'elle entrait en ago-
(IjSTIIYIBNSKI. op. cit., p. 361.
(2) Voir Sthyienski. p. 390.
;
— 55 —
nie, lui dit : c Réjouissez-vous, Madame, vous allez,
en échangé d'une vie passée dans la tristesse et les
larmes, commencer un règne éternellement heu-
reux. > La malade réclama aussitôt elle-même les
prières des agonisants; et, quand les oraisons furent
terminées, on l'entendit demander au cardinal
de Luyncs qu'il voulût bien lui suggérer encore des
affections pieuses et des actes de conformité au bon
plaisir de Dieu. Elle tenait un crucifix et le baisait
avec ferveur. C'est dans ces sentiments, et en con-
servant toute sa lucidité jusqu'au dernier instant,
qu'elle rendit son âme à Dieu, vers 8 heures du
soir, le vendredi 13 mars.
On suivit, en cette circonstance, le même cérémo-
nial qu'à la mort du Dauphin :
Le 13 ^1), vers les 8 heures du soir, cette princesse mou-
rut, en exprimant le désir que son corps fût inhumé à Sens,
que son cœur fût porté à Saint-Denis et que Ton observât
pour elle le même cérémonial que pour M. le Dauphin :
1^ nuit du 13 au 14, le corps fut transporté de l'apparte-
ment dans lequel elle était morte dans celui qu'il devait oc-
cuper et, le 14 au matin, il a été exposé sur un lit, à visage
découvert, et vu par le peuple.
— Le 15, le corps a été embaumé et déposé dans un cer-
cueil ainsi que les entrailles. Le cœur fut mis dans une
boîte.
— Le 18, à 6 heures du soir, M^e la comtesse de la Mar-
che (2), que le Roi avait nommée pour accompagner le cœur à
Saint-Denis, se rendit à l'appartement de Madame la Dau-
lî) Arcbixn nationales. Cl 1044.
(?/Forlunéc Mnrie d'Esle, avait *pous^ en 1759, Ix)uis-François- Joseph
de Bourbon, comte de la Marche, fils du prince de Conti.
— 56 —
phine poi\( le départ. Le cœur fut porté par le cardinal
de Luynes.
— Le 21) départ du coq)s pour Sens, lieu de l'inhuma-
lion.
^ Dépôt à Fontainebleau, la nuit du 21 au 22.
L'autopsie fui faite le 15, à 10 heures du matin (1).
Auparavant, pour se couvrir contre les bruits mal-
veillants mis en circulation, les médecins qui avaient
assisté la Princesse avaient rédigé cette déclaration :
15 mars. — Avant de procéder à Touverlure du corps,
nous soussignez déclarons :
1» Que sans pouvoir déterminer précisément le genre
d'affection, la poitrine de Madame la Dauphine nous a toujours
parue affectée ;
2» Que la toux. Jusqu'aux quatre derniers jours, quoique
grasse, s'étant maintenue sans expectoration, Tcxamen des
(1) On y note: c L'dpiploon retir(^« épaissi; une ndhèrence contre nnlurr,
faisant bride..., la surface de tous les intestins grêles parsemée d'un grand
nombre de points blancs et d'une sorte de gelée lymphatique...
c ...Les glandes du mésentère de plus de moitié de grosseur que dans
Tétat ordinaire, d'une couleur jaunAtre qui n'est pas ordinaire.
« Le poumon droit flétri, très rapetissé, fort inégal à sa surfiice, ces iné-
gaUtés dures et paraissant formées de concrétions tuberculeuses; le pou-
mon gauche gorgé et adhérent à la surface interne de la plèvre. A l'inté-
rieur du poumon, lobes supérieurs gorgés d'une matière purulente; le lobo
supérieur du poumon gauche dur, comme skirreux, plein de pus. t
Le procès-verbal porte, après la sigimture de la duchesse de Brancas,
dame d'honneur de la Dauphine, celles des médecins et chirurgiens :
L\ssoNE Senac
BouiLiiAC A. Petit
PinnAC BOISCOILLAUD
LABnEriLLB IX>L'STAUNAU
BOURDEUN TnONCHIN
AuDmAC Lassaigne
Anoouill6 Hévin
PORTAL
(Archives nat., Ol 1044.)
— 57 —
crachats n*a pu nous servir à caractériser le genre d^afTec-
lion;
> Que depuis, ces quatre derniers jours, les crachats qui
ont été expectorés n'ont eu de commun avec les crachats
ordinaires purulents que leur gravité spéciflque;
4" Que le jour même de la mort, Madame la Dauphine a
rendu pour la première fois, par la bouche, une humeur sa-
nieuse assez abondante, distincte des crachats, mais qui
0 était pas purulente ;
> Qu'il n'y a jamais eu ni douleur de poitrine, ni diffi-
culté de respirer, ni oppression, ni rougeur aux joues, ni
haleine forte, ni diflîculté de se coucher à droite ou à gau-
che, ni sueur nocturne, ni enflure aux extrémités infé-
rieures ;
6« Que depuis plus d'un mois, tous les viscères du bas-
ventre ont paru être en bon état. L'estomach ayant bien fait
les fonctions, les selles ayant toujours été naturelles.
Labreuille. Tronchin (1).
Les registres des délibérations du Chapitre (2)
retracent, jour par jour, Timpression produite par
lannonce de la mort de la Dauphine et les prépa-
tifs des funérailles.
Sam-di? mars 1761.— M. le doyen a dit que S.Em. M^Me
Cardinal de Luynes lui a fait part de l'état dangereux de
Madame la Dauphine. Messieurs ont arrêté qu'il sera dit
aux messes la collecte Pro infîrmis.
Jeudi 12 mars — M. le doyen a dit que Son Em.
Mf'' larchevêque de Sens lui a écrit de Versailles le 9 de ce
mois, qu'il avait administré Madame la Dauphine ; qu'il le
prioit de prévenir Messieurs pour qu'ils fassent dans leur
Eglise les prières des Quarantc-Heures. Messieurs ont ar-
rêté qu'à commencer aujourd'hui il y aura des prières de
(1 Archives Xal. O1.-1044.
(2 Archives de rVonne, G C81.
— 58 —
Quarantc-Heures pendant trois jours dans leur Eglise ; que
la messe du chœur se dira snb ritu solenmi, précédée du
Veni Creator ; qu*à Tissue de la messe, il y aura Exposition
du St Sacrement ; que le Salut se fera après Complies ; que
les deux jours suivans, le S( Sacrement sera exposé avant
Matines, et le Salut, après Complies. Et pour officier aujour-
d'hui à la Messe et donner ]a bénédiction aux Saints, Mes-
sieurs ont député M. le doyen.
Mardi il mars. — M. le doyen a dit que Madame Marie-
Josèphe, princesse de Saxe, est décédée à Versailles, ven-
dredi dernier, munie de tous les Sacrements et avec une
résignation aussi édifiante qu'exemplaire aux Décrets di-
vins. Qu'elle a désiré être inhumée dans l'Eglise de Sens,
où son corps doit être incessamment transporté pour être
mis dans le caveau où repose le corps de Mrr le Dauphin,
son auguste époux.
Messieurs, pénétrés de douleur de la perte de Madame la
Dauphine, aussi vertueuse dans toutes ses actions que bien-
faisante envers les pauvres, ont arrêté :
— Que la chapelle de la Vierge sera tendue de noir ;
— Qu'il y sera dit une messe basse de Requiem par M. le
Pellerin, pour le repos de son âme, à commencer demain,
à onze heures et demie ;
— Que cette messe se dira tous les jours, à pareille heure,
jusqu'à ce que le corps soit inhumé;
— Que les cloches des deux tours seront sonnées, à com-
mencer aujourd'hui, à midi, et tous les jours, à six heures
du matin, à midi et à sept heures du soir, jusqu'à l'arrivée
du corps ;
— Que pour laisser toute liberté dans le chœur de leur
Eglise aux ouvriers qui seront envoyés et employés de la
part du Hoy, ils feront, à commencer aujourd hui, à Com-
plies, leurs offices dans In chapelle de Sainte-Colombe; ce
qui se continuera jusqu'à ce qu'ils en ayent autrement ar-
rêté ;
— Que la Coupe sera descendue et mise dans ladite cha-
— 59 —
pcUe; que le pavillon sera aussi descendu et mis au trésor.
Mercredi IS mars. — M. le doyen dit que S. Em. MfTAr-
chcvêque lui a écrit le décès de Madame la Dauphine ; qu'il
n'a reçu la lettre qu'aujourd*huy. Lecture faite de ladite let-
tre, écrite de Versailles le 15 de ce mois, Messieurs ont ar-
rêté qu'on observera tout ce qui a été fait pour feu Mfr le
Dauphin et que ladite lettre sera transcrite sur le registre.
« A Versailles, le 15 mars 1767.
I Nous avons eu le malheur de perdre Madame la Dau-
phine, mon cher abbé, le 13 de ce mois, à sept heures trois
qoarts du soir. Je n*ay point quitté cette Princesse pendant
tonte son agonie, et je luy fermai les yeux comme je l'avais
fait à son auguste époux. Vous pouvez vous imaginer quelle
a été ma douleur. Mercredy, je porte le cœur de cette Prin-
cesse à Saint-Denis. Samedy, le convoy partira pour Sens;
il arrivera le mesme jour à Fontainebleau, où il sera déposé
pendant la nuit; le lendemain dimanche, il arrivera à Sens,
et le landi nous dirons la grande messe et ferons les oflices
comme nous avons fait pour feu M^i* le Dauphin. Cette
Princesse la demandé au Roy par son testament et désiré
mcrae qu'il y eût pour son enterrement moins de cérémo-
nies que pour Mirle Dauphin; mais le Roi a décidé qu'on
suivera la même étiquette. Faites part, je vous prie, de tout
cecy à Messieurs de mon Chapitre et à la ville. Vous con-
naissez, mon cher abbé, tous mes sentiments pour vous,
c Le Cardinal de Luynes. »
I C'est Madame la comtesse de la Marche qui accompa-
gnera le corps ; elle logera chez moy. »
Vendredi 20 mars. — Messieurs ont arrêté qu'au moyen
des préparatifs, qui se font dans leur église de la part du
Roy, pour la réception, qui doit se faire dimanche soir, du
corps de feue Madame Marie Josèphe, Princesse de Saxe et
Dauphine, et pour l'inhumation qui s'en fera le lendemain
dans leur église, les Vêpres se diront dimanche, à deux heu-
res, et les Matines de suite.
Us ont prié M. le fabricier de donner dçs ordres précis
— GO —
au sonneur pour que, dimanche, il soit sonné une des clo-
ches de la tour de plomb, lorsque, de cette tour ou d'ail-
leurs, le convoi sera apperçu entrant à Saint-Denis ; que
cette cloche sera sonnée pendant toute la marche jusqu'à
l'arrivée à Sainte-Colombe-la-Grande, pour servir d'avertis-
sement et que Messieurs puissent s'assembler à propos;
qu'ensuite, et sans interruption, les cloches des deux tours
soyent bien sonnées en volée, et, à cet eflct, d'employer
nombre suRlsant de personnes pour sonner longtemps lors
du convoi et de l'inhumation.
Messieurs ont sursis à députer ceux qui porteront le
poésie, attendu que Messieurs les chanoines plus anciens
prétendent avoir le droit exclusif de le porter, comme ils
ont toujours fait aux convois de MM. les cardinaux et ar-
chevêques de Sens, de MM. les dignitaires, personnats et
chanoines de leur Eglise.
Messieurs ont député, à cause de l'indisposition de M. le
préchantre, M. Thévard pour porter le bâton de préchantre ;
ont aussi député M. Maucler et M. Maillet de la Trémoye
pour choristes, tant pour le tems et les cérémonies au mo-
ment et depuis la réception du corps de Madame la Dau-
phine, que pour le lendemain, à la messe et à l'inhuma-
tion.
Ont aussi arrêté que, au moment que la seule cloche son-
nera comme il est dit ci-dessus, tous Messieurs et les semi-
prébendes et le bas chœur s'assembleront dans le trésor
pour y prendre une chape noire, et ensemble se rendre,
précédés des deux croix, à l'Archevêché, d'où l'on sortira
processionnellement, suivis de S. Eminence Mp* l'Archevê-
que; qu'on entrera de même parla porte de M. le Préchan-
tre dans le chœur, d'où l'on sortira pareillement pour aller
dans la nef, jusqu'à la table qui y sera mise, pour recevoir
le corps de Madame la Dauphine. Qu'on suivra et chantera
ce qui est prescrit par le rituel et le mortuaire. Que, lors-
que le corps sera déposé dans le chœur, on dira les prières
ordinaires; qu'ensuite, il y aura un intervalle, pendant le-
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— 61 —
quel les semiprébendés et les chantres psalmodieront, pour
donner le tems à Messieurs d'aller présenter leurs respects
à Madame la comtesse de la Marche, qui doit accompagner
le convoi et assister à Tinhumation, pour aller aussi saluer
M. lévêque de Verdun ; qu'après ces deux visites, on ren-
trera dans le chœur pour y chanter les Vigiles ; que pen-
dant tout le tems que le corps restera déposé, il y aura,
excepté pendant les offices, deux chanoines, deux semipré-
bendés, deux cépets ou chantres, suivant Tordre de la table
qui sera faite par le controUeur du chœur, lesquels reste-
ront et psalmodieront pendant une heure.
Que, lundi, jour de Tinhumation, la messe coupetée se
dira dans la chapelle de la Vierge; que toutes les messes se
diront dans le chœur, afin qu'il n'y ait aucun intervalle jus-
qu'à la grand messe; que Prime se dira à six heures, et la
messe du chœur de suite, dans la chapelle de Sainte-Co-
lombe, et qu'un chacun se rendra dans le Trésor pour, tous
ensemble, entrer dans le chœur, à l'heure qui sera indi-
quée pour la messe et l'inhumation.
Samedi 21 mars, — Messieurs, pas déférence pour S. E.
Mr le Cardinal Archevêque, qui leur a témoigné qu'elle dé-
siroit qu'il y eût quelques dignités pour porter le poésie aux
obsèques de Madame la Dauphine, ont, sans se départir du
droit réclamé par MM. les anciens chanoines le jour d'hier,
et sans tirer à conséquence par la suite, député, pour porter
ledit poésie, M. le doyen, M. l'archidiacre d'Etampes,
MM. Tissol et Maucler.
Dimanche 22 mars. — M. le doyen a dit que plusieurs
de MM. de la Compagnie et des chanoines honoraires sont
officiers de feue Madame la Dauphine (1), qu'ils désirent
il) Le Chapitre de Sens, ne comptait pas moins de cinq de ses membres
parmi les officiers de la maison de la Dauphine :
— Joseph-François-FéUx de Loiiser de Brion de Siougeat. vicaire géné-
ral de Sens, abbé de Manlieu et d'Honnecourt, aumônier de quartier. M. de
Siougeat avait été chanoine de Sens de 1759 à 1761. Le Cliapitrc en rece-
vant sa démission l'avait nommé chanoine honoraire.
— Paul de Murât de Baings. vicaire général de Sens, abbé de Mauriac,
— 62 —
lors des obsèques assister en qualité d'officiers, ce qu'ils
ne peuvent faire sans Tagréement, qu'ils Tont prié de
demander pour eux à la Compagnie qui le leur a accorde
par respect pour la mémoire de cette auguste Princesse,
sans pouvoir par mesdits sieurs Officiers et tous autres
s*en prévaloir par la suite.
M. le doyen a rapporté qu'il a vu avec MM. de la commis-
sion (M. Lestoré joint) M. de la Ferté, des Menus, au sujet
du manteau à la royale de feu M(rr le Dauphin; qull n'est
pas possible, pour plusieurs raisons, de le refuser à titre de
prêt; qu'en ce qui est de la couronne, il en sera fourni une
par la cour.
Messieurs ont arrêté que le manteau sera tiré du Trésor
pour être mis es mains de MM. les Officiers des Menus de
chez le Roy; qu'après l'inhumation de Madame la Dauphinc,
il sera retiré pour être remis dans le Trésor avec la nou-
velle couronne.
M. le doyen a encore dit que S. Em. Mirr l'Archevêque lui
autttônier de quartier^ chanoine de Sens depuis 1754, attache h la personne
du cardinal.
— Antoinc-Marie-Mallet, chapelain de quartier, secrétaire ordinaire du
cardinal de Luynes, chanoine de Sens depuis 1763, devint abbé de Cha-
livoy.
— Claude- Alexis Jorre de Saint-Jorre, clerc de chapelle ordinaire, cha-
noine de Sens depuis 1758. L'ablié de Saint-Jorre ambiUonnait une pince
plus élevée dans la maison de la Dauphine, nuiis la mort de la Princesse
ne lui permit pas de l'obtenir. Voici h ce sHjet la lettre adressée par Ma-
rifrJoséphe A Tabbé Soldini :
« Vous pouvez assurer l'abbé de S' Jorre que je ne suis point du tout
fâchée contre luy. I^ seule chose que j*ni h redire, c'est que dans la de-
mande qu'il a fait au cardinal de Luynes d'une place de chapelain de
quartier, il ne luy ait pas expose le motif qui la luy fnisoit désirer et que
le cardinal auroit approuvé, au lieu que celui qu'il a donné l'a fâché.
< J*ai reçu depuis une lettre du cardinal qui est si content de la dernière
que Tabbé de S. Jorre luy a t'crit, qu'il me propose de luy donner la pre-
mière place de chapelain de quarUer qui viendra à vaquer après ccUe-
cy... » (Archives de révêché de Versailles, dossier Soldini, n* 37.)
— Marc-Antoine Sallot du Peyroux, clerc de chapelle de quarUer, chanoine
de Sens de 176S à 1775 et secrétaire du cardinal de Lnsmes.
- 63 —
a remis une lettre qui lui a été écrite par M. le comte de
Saint-Florentin sur le décès de Madame la Dauphine.
Le convoi avait quitté Versailles le 21, au matin,
pour arriver à Fontainebleau le soir. Le cercueil de
la Dauphine fut déposé au palais pour la nuit. Le
lendemain dimanche, vers midi, le cortège funèbre
se mettait en route pour Sens.
Sa composition était identique à celle des obsè-
ques du Dauphin. En tête, deux gardes du corps
précédés de plusieurs brigades de la maréchaussée;
puis, après les nombreuses voitures composant le
deuil, escortées par les mousquetaires et chevaux-
légers, les carrosses du Roi.
Dans le premier, le marquis de Bérenger, cheva-
lier de la Dauphine, et le marquis de Nesle, pre-
mier écuyer ;
Dans le second, la duchesse de Lauraguais, dame
d'atours, la duchesse de Caumont, la comtesse
du Roure et la marquise de Pons, dames de la Dau-
phine ;
Dans le troisième, la marquise de Talaru, les
comtesse du Châtelet-Laumont et de Beaumont et
la princesse de Guistel, é/^alement dames de la Dau-
phine ;
Dans le quatrième, la comtesse de la Marche,
princesse du sang, avec la duchesse de Brancas,
dame d'honneur de la Dauphine, la comtesse
de Tessé, la duchesse de Sully, dames de la Dau-
phine, et la comtesse de Sabran ;
Dans le cinquième, enfin, Mgr Aimery de Nico-
lay, évéque de Verdun, Tabbé de Siougeat, vicaire
— 64 —
général de Sens, aumônier de la Dauphine, Tabbé
Soldini, son confesseur, et M, Allard, prêtre de la
Mission, curé de Notre-Dame de Versailles.
Suivaient : les pages de la Dauphine, de la Reine
et du Roi, le roi d'armes et ses quatre hérauts sous
les ordres du marquis de Dreux et de M. de Nan-
touillet, maîtres des cérémonies, précédant immé-
diatement le char funèbre, entouré de valets de
pieds et de Cent-Suisses (1).
Lorsque, à la nuit, cet imposant convoi se pré-
senta devant la porte d'Yonne, drapée de tentures
de deuil, soixante pauvres femmes (2), vêtues de
serge grise, portant des flambeaux, s'y joignirent
(1) La lettre suivante adressée A MM. les officiers mnnicipauz de Sens,
indique la composition des troupes envoyées à Sens pour la cérémonie :
« A Paris, le 16 mars 1767.
« Je crois devoir vous donner avis, Messieurs, que le convoy de Madame
la Dauphinc arrivera à Sens le 22 de ce mois, et qu*il doit loger en cette
ville un détachement des gardes du corps qui arrivera le 21 ; un autre dé-
tachement desdits gardes avec le convoy, le Jour du convoy; un détache-
ment de quorante cent-sulsscs commandés par deux officiers, le 21 ; un
détachement de chacune des compagnies des gendarmes et chevaux-lcgcrs,
de cinquante maîtres chacun, deux offlciers et deux trompettes, qui arri-
vera le 22; une compagnie des gardes-françaises, composée d*un capitaine,
un lieutenant, deux sous-lieutenans, deux enseignes, six sergens, quatre
tambours, cent fusilliers, ainsy qu'une compagnie des gardes suisses,
composée d'un capitoine, deux sous-lleutenans, trois sergens et quotre-
vingts hommes, tant tambours, caporouxque soldats et un porte-drapeau,
lesquelles compagnies doivent arriver à Sens le 21. Vous voudK's bien
pourvoir à leur logement.
c Je suis, avec beaucoup de considération, Messieurs, votre très humble
et très obéissant serviteur.
« De Mauhepas. »
(Archives communales de Sens, AA 1.)
(2) Une somme de 1 200 livres fut distribuée h cette occasion par ordre du
Roi aux pauvres de la ville et fouxbourgs de Sens. Cette somme fut ré-
partie entre les paroisses et les prisonniers. (Archives de TY., dépôt de
Sens. G 135, n* 98.)
SOCIÉTÉ AlCHÉOLOCiaUB DE SEMS.
T. XXII, PL. ne, p. 65.
MORT DE LA DAUPHINE
Dessin et gravure de Littrbt
— 65 —
guidant sa marche à travers les rues étroites de la
cité.
La cérémonie des funérailles reproduisit exacte-
ment celles du Dauphin. En voici le procès-verhal
consigné dans le Registre des sépultures du Chapi-
tre (1) :
Cejoard'huy 22 mars 1767, à 7 heures du soir, Nous, Paul
d'Albert de Luynes, par la miséricorde de Dieu, cardinal
prêtre de la Sainte Eglise Romaine du titre de Saint-Thomas
in PaNone, Archevêque Vicomte de Sens, Primat des Gaules
et de Germanie, Commandeur de TOrdre du Saint-Esprit, pre-
mier Aumônier de feue Madame la Dauphine, ayant été in-
formé par la lettre de M. le Comte de S. Florentin, écrite de
Marly, en datte du 18 de ce mois, que feue Madame la Dau-
phine, ayant désiré d'être inhumée à Sens, dans le mesme
tombeau qui a été fait, dans le chœur de notre Eglise, pour
feu Merle Dauphin, Sa Majesté avoit donné ses ordres pour
que le corps de cette princesse y fût transporté cejourd'huy ;
et ayant été averty par M. le marquis de Dreux, grand Maî-
tre deç cérémonies, que le convoy étoit prêt d'arriver à la
porte de notre église, nous nous y sommes transporté, re-
vêtu de nos habits pontificaux, ayant pour assistants Mes-
sieurs de Marsangy, trésorier, et Caquia de Maubourg, cha-
noine archidiacre de Provins, M. Thévard, chanoine, député
par notre Chapitre, portant le bâton, attendu Tindisposition
de M. Morice, préchantre, MM. Mauclerc et Maillet de la Tré-
moye, chanoines, faisant choristes, aussi députés, et étant
précédé de notre Chapitre Métropolitain et de tout le clergé
de notre Eglise, tous revêtus de chapes noires. Peu de temps
après, le convoi étant arrivé, la boeste et le coffre où étoient
renfermés les entrailles et le corps de Très Haute, Très
(]) Archives du Tribunal civil de Sens. — Une relation fut imprimée
à Sens, sons Je titre : Pompe funèbre de Vinhumation de madame la Dau'
phinty faite à Sens, BibUoth. Nat L. 38 b. 1000.
5
— 66 —
Puissante et Excellente princesse Madame Maric-Josèphe
de Saxe, veuve de Très Haut, Très Puissant et Excellent
Prince Monseigneur Louis, Dauphin de France, décédée à
Versailles, le 13 de ce mois, à 7 heures 3/4 du soir, âgée de
35 ans, 4 mois, 9 jours, ont été tirés du char funèbre qui les
avoit apportés, ont été portés par les gardes du corps de
Sa Majesté, deux chapelains et deux clercs de la chapelle de
cette Princesse tenant les cordons du poésie, au défaut d'au-
môniers de quartier en nombre suffisant, dans la nef de
notre Eglise, sur une table garnie d'un drap noir, couvert
d'une toille blanche. Ensuite le poésie a été étendu dessus, le
tout en présence de Son Altesse Sérénissime Madame la com-
tesse de la Marche, princesse du Sang, nommée par le Roy
pour conduire le corps ; de M. le comte de Déranger, son
chevalier d'honneur, portant la couronne; de M. le comte
de Mailly, marquis de Nesle, son premier écuyer, portant
le manteau à la royalle; de M. le marquis de Muy, son pre-
mier maître d'hôtel, portant le bâton; de Mn« la duchess^c
de Brancas, sa dame d'honneur; de M»® la duchesse de Lau-
raguais, sa dame d'atours; de ses dames de compagnie, des
officiers et autres personnes composans la maison j^e feue
Madame la Dauphine, de MM. les Menins de feu Min- le Dau-
phin, de M. le marquis de Dreux et d'autres officiers. Alors
M. de Nicolay, évcque de Verdun, premier aumosnier en
survivance de Madame la Dauphine, étant en chappe noire
et mittre, en avant de la table sur laquelle la boeste et le coffre
renfermant les entrailles et le corps de cette Princesse
étoient posés, a fait une harangue à laquelle nous avons ré-
pondu; ensuite il nous a fait la remise de l'une et l'autre, et
ayant donné après nous l'eau bénite et l'encens, il s'est re-
tiré. A l'instant, on a commencé les prières accoutumées en
pareil cas, pendant lesquelles nous avons jette de l'eau bé •
nite sur le corps que nous avons encensé. Et, pendant que
le chœur chantoit les psaumes et répons marqués dans le
Rituel, le corps de Madame la Dauphine et la boeste où es-
toicnt les entrailles ont été portés dans la chœur par les
— 07 —
gardes du corps de Sa Majesté, les quatre coins du poésie
étant tenus par M. Tabbé d'Hcsselin d'Hauteville, chanoine
doyen, M. de BuUioud, chanoine archidiacre d'Etampes,
MM. Tissot et Mauclerc, chanoines, tous quatre à ce députés
par notre Chapitre. Et le corps et les entrailles ont été pla-
cés sur une estrade sous une représentation ; alors on a mis
sur le poésie le manteau à la royalle et la couronne. Les
prières étant finies, et pendant qu*on récitoit les psaumes,
nous nous sommes retiré et avons laissé deux chanoines,
deax semiprébendés et deux clercs pour psalmodier conti-
naellement auprès du corps qui, pendant ce temps, a tou-
jours été gardé par les Gardes du corps de Sa Majesté ; peu
de temps après^ on a chanté les Vigiles.
Et le 23 mars 1767, à 10 heures du matin, Nous Cardinal
Archevêque susnommé, ayant pour assistans MM. le tréso-
rier et le doyen de notre Métropole, pour diacres Tarchidia-
cre d'Estampes et deux autres prêtres de notre Eglise, pour
sous-diacres M. Lhermitte de Champbertrand, chanoine, et
deux autres prêtres aussy de notre Eglise, M. Thévard por-
tant le bâton de préchantre, MM. Mauclerc et Maillet de la
Trémoye, chanoines choristes, tous trois à ce députés par
notre Chapitre, avons dit et célébré pontificalement la
messe dans le chœur de notre Eglise, en présence de Son
Altesse Sérénissime Madame la comtesse de la Marche et
autres dénommés en l'acte du jour d'hyer; les chanoines et
les bénéficiers de notre Eglise dans les stalles.
Ensuite, nous nous sommes avancé vers Testrade sur la-
quelle étoient posés le corps et les entrailles de feue Très
Haute, Très Puissante et Excellente Princesse Madame
Mt rie-Josèphe de Saxe, veuve de Très Haut, Très Puissant et
Excellent Prince Monseigneur Louis, Dauphin de France,
et qui avoient toujours été gardés par les Gardes du corps
de Sa Majesté, pendant lequel temps on n'a cessé de psal-
modier.
Après que nous avons eu récité toutes les prières et fait
les cérémonies accoutumées, le coffre qui renfermoit le
— 68 —
corps de cette princesse et la boeste dans laquelle estoient
ses entrailles ont été levés de dessus Testrade et descendus
par les Gardes du corps de Sa Majesté dans le caveau qui
eit au milieu du chœur de notre église et où repose le corps
de feu Monseigneur Louis, Dauphin de France, son époux.
Ensuite, ayant jeté de Teau bénite sur le corps, donné
i'encens et récité les prières marquées dans le Rituel, et les
cérémonies dues à son rang et concernant sa maison ayant
été remplies, le caveau a été fermé et scellé.
En foy de quoy avons tait et rédigé le présent acte que
nous avons signé avec notre Chapitre.
Paul, Cardinal Archevêque de Sens.
d'Hesselin, doyen de la Haize
HuERNE, célerier Dauvekgne
de Monbourg, a. de Provins Gigot de Boisbernier
DE BuLUOUD, a. d'Eiampes le Pellerin
Mauclerc Hédiard
TissoT le Houistel, syndic
Maillet de la Trémoye Thévard
Champbertrand L. Goret
Menu de la Fontaine de Condé
Pelée des Tanneries Roy
RoussET L. LE Blanc
Guichard Berthelin
LE Beau le Gris, secrétaire.
ViLLEROY
Six semaines plus tard eut lieu un service solen-
nel. Les registres capitulaires nous en donnent le
programme (1) :
Mardi 5 may i7€7. — M. le Doyen a dit que, conformément
aux intentions de Messieurs, S. E"> M?' TArchevêque dési-
roit qu'il fût fait dans leur église un service solennel pour
le repos de feue M» la Dauphine et qu'il convenoit fixer le
jour.
(DArchivesdeTY. GC81.
f — 69 —
Messieurs ont arrêté qu'ils feront ce service solennel lé
mercredi 13 de ce mois, à 10 heures du matin; que les vigi-
[ les se diront la veille, que le bâton précentorial sera porté;
que les cloches des deux tours seront sonnées. Et pour faire
préparer et poser dans leur église tout ce qu'il convient
/ dans cette circonstance, MM. Gigot et de Condé ont été dé-
^ pûtes.
Vendredi 8 may. — Messieurs ont arrêté que le chœur de
leur église et le sanctuaire seront, en leur nom et à leurs
frais, tendus de noir pour les Vigiles qui se diront mardi
prochain, et pour le service solennel qu'il feront le lende-
main pour le repos de l'âme de feu M» la Dauphinc, au désir
^ de la délibération du 5 de ce mois, et ont député MM. Gigot
^ et de Condé pour inviter les corps.
Mardi 12 may. — Messieurs ont arrêté, à cause du service
solennel qu'ils feront demain, dans leur église, de dire au-
jourd'hui vêpres à 3 heures et Matines de suite. Les Vigiles
à six heures, et demain la messe canoniale à sept heures.
MM. de la Haize et Mallet députés pour choristes, et M. Man-
der pour porter le bâton à la messe; M. Thévard, pour sup-
pléer à ce que Son Eminence ne pourra faire (1).
Vendredi 15 may. — M. Gigot a dit que les jurés crieurs (2)
sont venus dans le chœur, assistés de deux notaires, qui lui
ont demandé pourquoy et de quel ordre on tendoit en noir
dans le chœur; qu'il leur a répondu que c'ctoit pour le ser-
vice solennel que Messieurs avoient arrêté de faire, le 13 de
(1) c Le cardinal de Luynes y offîcfa pontiflcalcinent et tous les corps
sêcuUers et réguliers y assistèrent; Toraison funèbre fut prononcée par
M. Caquia de Monbourg, vicaire général, arcliidiacre de Provins, théolo-
gal et chanoine de Sens. > fAlmanach de Sens de il68.)
« Le 16 du même mois, les officiers municipaux flreut célébrer un service
solennel pour le même objet, dans Tégllse des Célestins. le cardinal de Luy-
nes y officia pontificalcment, et tous les corps séculiers et réguliers y fu-
reul invités. • i Ibidem-}
(l\ Les jurés crieurs, ayant obtenu un privilège roynl, avaient la prcten-
h'on de s'attribuer le mono|x>lc des décorations funèbres. Celte nflairo n'eut
pas de suites. (Archives de l'Y., Dépôt de Sens, G 128.)
— 70 —
ce mois, pour le repos de Fâme de M^ la Dauphine, que les
ouvriers ne travailloient que sous ses ordres et ceux de
M. de Condé, députés par le Chapitre, aux frais et aux dé-
pens duquel le tout se faisoit ; quUls avoient signé l'acte qui
en fait mention. Sur quoy Messieurs ont approuvé la con-
duite de MM. Gigot et de Condé, et la signature qulls ont dit
avoir donné sur leurs réponses.
L'épitaphe soumise par le cardinal de Luynes à
Tapprobation du Roi et de la Dauphine, n*avait pas
encore, malgré Tempressement de l'auteur, été
livrée au graveur.
Le bon prélat, aussitôt après les obsèques de la
Princesse, avait ajouté au texte primitif, cet éloge :
ORBATA CONJUX
MARIA JOSEPHA, e regiâ Saxonum stirpc, DËLPHINA
Cujus immedicabilis dolor
Voluit se vitâ defunctam eodem condi tumulo,
Ut cinis cineri junctus
Mutui amoris posteritati perenne monumentum sit.
Sicut amore ita virtutibus par,
• Mœroris accrbitatc consumpta
Omnibus flebilis,
ObiUDieMensis Mardi XIII An. D. MDCCLXY II, Glatis XXXV
Et flde conjugali ctiam post mortem scrvatâ
Cum planctu magno deposita est, Die ejusdem Mensis XXII L
REQUIESCANT IN PAGE
Offerebat Jnbente et anniiente Rege Addictissinms Servus
PAVLUS D'ALBERT DE LUYNES
S. R. E. CardinaliSy archiepiscopus Senonensis.
Maric-Joséphc de Saxe, Douphinc de France,
Dont In douleur est sans remède depuis la mort de son <^poux
A voulu Hre enterrée après sa mort dans le môme tombeau;
Afln que la réunion de leurs cendres restât à la postérité
comme un monument éternel de leur amour mutuel.
Egale A son époux en vertu comme en tendresse,
— 71 —
Succombant enfin à l'amertume de sa douleur.
Elle est morte, digne de tous nos regrets,
Le 13 mars. Tan de Notre-Seigneur 1767, Agée de 33 ans.
Et, ayant voulu garder la foi conjugale même après sa mort,
Die a été déposée, le 23 dudit mois de la même année, dans ce tombeau
que nous avons arrosé de nos larmes.
Requiescant in pace.
Paul d'Albert de Luynes, Cardinal, Archevêque de Sens,
S er%'iteur très attaché h Monseigneur le Dauphin et à Madame la Dauphlnc,
A offert cet hommage de son respect à leur mémoire.
Par les ordres et sous le bon plaisir de Sa Miy^^^ (!)•
(I) Traduction publiée à Sens, avec le texte latin, en 17C8. — L'Année Ut-
lérairt a reproduit les épitaphes du Dauphin et de la Dauphine et en a
donné une traduction en vers, par l'abbé de Ponçol, t. VII, pp. 212-216.
CHAPITRE VI
LE MArSOLÉE
M
Plus d'un an se pa^c avant que la Direction'
des lldtiments du Roi semble se préoccuper de la^
sépulture des Princes, H
Le Oiapiln*, désesj>éraïit des lenteui^ ad ni î ni s-
tratîvcs, prend alors 1 tnilialix-e. Le 10 juin 1768, il
décide de < Taire niettre une tombe et une inscrip-
tion de marluT smle caveau du Dauphin, en atten-
dant le MausokH? (l). 1 De son coté* rArchevcquc
réclame a la Direction des Bâtiments une table de
marbre noir pour cette des! i notion. Celte fois, le
suriulendanl, nian|uis de Marignv, répond au pré-
lat que satisraction va lui élix^ donnée (2). Le
m AtthHn ii«t. Ot ism, |k. m - l^ttn- da t JiiEII«i tTËR» eitôe
— 73 —
26 septembre, il fait écrire à M. Lestoré, chanoine
de Sens (1).
Taurois déjà cempii les désirs de M. le Cardinal de Luy-
nés si les magasins du Roy pouvoient fournir, dans les pro-
portions indiquées, le marbre noir pour porter Tépitaphc
provisionnelle de Mfr le Dauphin ; et c'est ce dont j*ai lieu
de douter puisque, suivant le compte qui m'a été rendu, il
n'existe dans les magasins qu'une seule tranche de ce mar-
bre, et dont on croit l'épaisseur insuffisante (2).
Enfin, sur le rapport qui lui est présenté ainsi
libellé :
M. le Cardinal de Luynes, touché du désir d'ériger à la
mémoire de Monseigneur le Dauphin dans l'église de Sens
une sorte de monument que la décence exige, en attendant
que celui que V. M. a ordonné soit en état, supplie très
hamblement V. M. d'accorder une tranche de marbre blanc
sur laquelle on puisse graver l'épitaphe qu'il a composée
et qu'on encadrera de marbre noir.
Le Roi signe de sa main un permis de délivrer,
le 6 novembre 1768. Le 12 décembre, on faisait
transporter à Sens vingt-trois pieds quatre pouces
trois lignes quatre points de marbre (3).
VAlmanach de Sens pour 1770, publié par consé-
quent vers la fin de 1769, pouvait annoncer cette
nouvelle : « Comme le magnifique Mausolée qui
doit être placé dans le chœur de l'Eglise Métropo-
litaine de cette ville, sur le tombeau de feu M^*" le
4l) Eustachc Lestoré, aumônier du duc d'OrIcans, résidait à Paris, où
il était charge des affaires du Cliapitre ; il était également, à cette époque,
secrétaire de i'Archevcclié et vicaire général.
«D Arclii%-es mit., ibid, p. 131. Cité, ibid.
[2} Archives nat., ibid. pp. 131 et 150.
— 74 —
Dauphin et de Maclame la Daiiphine, nVst pas en-
core prùi (sicj dtlrc fini, S. E. M"*' le cardinal de
Luynes, notre archevêque, dés ira ni que Fend roi t
où reposent les dépouilles mortelles de ces augus-
tes Epoux fût distingué, par quelque marque exlë-
rieure, des antres sépultures cjui se trouvent dans
ce respectable sanctuaire, y a fait poser une tombe
de marbre blanc, soutenue par six consoles d'un
pied de hauteur.
a L*écusson des armes de feu MîK le Dauphin et
de Madame la Dauphine est gravé sur cette tombe
au-dessus des épi ta p h es qui nous rappellent, avec
autant de vérité que de précision, des vertus qui
seront longtemps Tobjet de notre admiration et de
nos regrets, û
Si lointaine encore qu apparût rérection du
« magnifique mausolée, ^ on en pouvait déjà parler,
en 17G9, avec assurance et admiration*
Le monument commandé par le Roi, inspiré par
Marie-Joséphe, esquissé par Coehin, heureusement
affranchi des absurdes rêveries de Diderot, avait
enfin pris sa forme définitive, grâce au talent sou-
ple et déhcat du grand artiste Guillaume Coustou.
Le modèle en phUre était achevé pour le Salon
de 17(39. Le catalogue annonce qu'on peut le visi-
ter, chaque après-midi, dans Talelier dn sculpteur,
place Nouvelle-du-Louvrc,
Il en fait la description suivante :
Ct? loiTibcnii, dcsUnc ù réunir deux époux qu'une égale
tendresse avait unis pendant leur vie, présente un piédes-
tal enrré, sur lequel sont pincées deux urnes liées ensemble
d
dane guirlande de la fleur qu'on nomme immortelle.
Du côté qui fait face à l'autel, Tlmmortalité, debout, est
occupée à former un faisceau ou trophée des attributs sym-»
boliques des vertus morales de feu Mer le Dauphin : la ba-
lance de la Justice ; le sceptre, surmonté de l'œil de la Vi*
gilancc; le miroir, entouré d'un serpent, de la Prudence ; le
lys de la Pureté, etc. Â ses pieds est le génie des sciences
et des arts, dont le Prince faisait ses amusements. A côté,
la Religion, aassi debout, et caractérisée par la croix qu'elle
tient, pose sur les urnes une couronne d'étoiles, symbole
des récompenses célestes destinées aux vertus chrétiennes,
dont ces augustes époux ont été le plus parfait modèle.
Du côté qui fait face à la nef, le Temps, caractérisé par
ses attributs, étend le voile funéraire déjà posé sur l'urne
de Mr le Dauphin, mort le premier, jusque sur celle qui
est supposée renfermer les cendres de Madame la Dau-
phine. A côté, l'Amour conjugal, son flambeau éteint, re-
garde avec douleur un enfant qui brise les chaînons d'une
cbaioe entourée de fleurs, symbole de l'Hymen.
Les faces latérales, ornées des cartels des armes du Prince
et de la Princesse, sont consacrées aux inscriptions qui
doivent conserver à la postérité la mémoire de leurs ver-
tas. >
Avant même rexposition du modèle, des mesu-
res étaient prises pour hâter rexécution en marbre
de cet important monument.
I^ 24 février 1769, Cochin avait écrit au mar-
quis de Marigny :
Monsieur,
L ouvrage du tombeau de feu Mcrr le Dauphin, par
M'Ccnstou, dont vous avés vu et approuvé le modèle, est
au point d'en commencer l'exécution en marbre. Après
m'étre informé des marbres qui peuvent servir à cet objet,
i'ay vu qu'il n'y a que deux blocs qui soyent susceptibles
d'y être employés.
— 76 —
L'un est un bloc depuis très longtemps délivré à M. Pi-
galle pour exécuter un grouppe de TEducation de TAmour,
dont il a fait anciennement un petit modèle. Les divers
travauxdont il aété chargé depuis, ont suspendu Fexécution
de ce morceau, qui d'ailleurs n'a point d'utilité particulière
pour le service du Roy, et auquel M. Pigalle renonce. En
supposant même qu'après avoir achevé le tombeau du Ma-
réchal de Saxe, il se sentit encore assér de force pour entre-
prendre un morceau de longue haleine (ce qu'il ne présume
pas), le grand modèle n'étant pas encore commencé et ne
pouvant l'être de longtemps, on auroit tout le temps néces-
saire pour lui faire revenir un autre bloc.
Une fera donc aucune difficulté de remettre ce bloc en-
tre les mains de M. Coustou, au premier ordre qu'il en re-
cevra. Ce bloc est beau et peut servir à l'exécution de deux
des principales ligures du tombeau et de deux enfans.
Le second bloc nécessaire est celui qui est déposé sur le
quay du Louvre, bloc défectueux par un fll qui le traverse,
ce qui met dans l'impossibilité de l'employer dans les me-
sures qu'il comporte. M. Coustou y trouvera de quoy faire
les deux figures du Temps et de l'Himen, et remettra au
magasin ce qui en restera et qui sera au delà du tiers de ce
bloc.
S'il vous plait, monsieur, donner les ordres nécessaires
pour que ces deux blocs lui soyent délivrés, et particuliè-
rement celui qui est dans l'atelier de M^ Pigalle au Louvre,
parce que les modèles des deux flgures qui peuvent y être
taillées sont prêts, M. Coustou ne perdra point de temps à
mettre en œuvre cet ouvrage important (1).
Le 13 mars, le Directeur des Bâtiments informe
(1) Archives nat., 01 1905. A cette lettre est annexée la note suivante :
« Il y a environ 18 à 20 ans que le s' Frércl, volturier par eau, a livré sur le
port S. Nicolas, à Paris, un bloc de marbre blanc statuer, du poids d'environ
90 milliers pezant. Ce bloc étolt destiné pour faire (par le s' Slod sculp-
teur) une figure et trophée pour la Pa.r de l'année 1747. Mais le dit bloc
s'est trouvé remplit de flUes et ord d*état de servir à sa destination. »
— 77 —
Coustou que les deux blocs désignés par Cochin, lui
sont attribués pour son monument (1). Le même
jour, il notifie cette décision à Pigalle (2).
Toutefois le travail du sculpteur s'accomplit avec
lenteur.
A la fin de 1776 seulement, on peut en annoncer
au roi Louis XVI Taché vement très prochain. Aus-
sitôt le Roi ordonne à M. d'Angiviller, successeur
du marquis de Marigny, de prendre des mesures
pour l'érection du monument à Sens.
C'est alors qu'une grosse difficulté, jusque-là im-
prévue, se présente. Le caveau, construit à la hâte
pour l'inhumation du Dauphin, offrait-il une base
suffisamment solide pour supporter un mausolée
(l'un poids considérable? Faute de renseignemeuts
précis, il était difficile de répondre à cette question.
M. d'Angiviller envoie à Sens Germain Souffiot,
le célèbre architecte (3), contrôleur des Bâtiments
du Roi, et le sculpteur Coustou, avec mission d'exa-
miner la construction du caveau et de lui indiquer
les travaux nécessaires.
Les documents qui suivent nous permettent
de les suivre dans cette visite :
Souffiot au comte (TAngiviller
Monsieur,
Je suis convenu avec M. Coustou de partir pour Fontai-
nebleau dans huit jours. Nous nous arrêterons pour pren-
a* ArdiiTet nat, Ol 2006, r. 193. — Lettre pubUée par MM. Quesvers et
SMn,op. cf/., t. I, p. 423.
(2i Archives nat., Ol 1905.
(3) Originaire de Coulanges-la-Vineuse, c'est lui qui a élevé, à Paris, l'é-
glise de Sainte-Geneviève, appelée depuis le Panthéon.
dre vos orilres à ré|fard de rexamen que nous nvons h
faire tlu cnvcûii au dessus duquel 0 doit poser, I année pro-
chai ne, le tombeau de M^ le Dauphin et de Madame la
Dnuphme. Je pense. Monsieur^ que s'il est nccessaire que
nous y descemlious. il y a des précautions à prendre pour la
permission d'en faire rouverlure. J ai l'honneur de vous en
prévenir, ntnsi que de la nécessité d'avoir avec nous Ten-
trepreneur qui a fait le caveau, aJïn qu1l s'arrange pour se
rvndre à Sens en même temps que nous (M.
I
Le s novembre» le Chapitre de Sens recevait com
inutiicaliott de la lellre suivante, remise par Soufflot
au nom du Directeur des Râtintents ; ^
Fontainebleau, 7 novembre 1776,
J'ai rhonneur de vous informer. Messieurs, qu en exécu-
tîoû des volontés du feu Roy et de Taveu de Sa Majesté ré-
gnante, je députe à Sens M. St-JutHot, conlroUeur général des
BAtjnienls de Sa Majesté, et M. Coustou* sculpleur de TAcn-
dénije, pour préparer dans voire Eglise les travaux relalifs
à la îKisc du monument consacré h la mémoire de M. le Dau-
phin, et quia été exécuté par M. Coustou. Cet ouvrage^ pres-
que entièrement terminé, pourra être mis en place au prin-
lems tïroehain; mais, comme la masse est d un poids consi-
dérable, il s'agit de reconnoître si le caveau peut la supi>ortcr
et d'y i^outer, si besoin est, toute la solidité convenable.
Tel est robjet de la commission de M" Soufllot et Coustou,
et je me promets, Messieurs, des sentimenls que Tobjet in-
-spire sans doute à voire eoniiuignie^ que vous procureres
au% deux artistes dont il s'agit tout l'accès et facilités qui
pourront dépendre de vous.
J'ai rhonneur d être» etc.
D'AK6iviu.£ft (2)
i^) Afvlilvc4 de rv. Ovpét àe Sf ni, G 13^ n* lOlK
— 79 —
Le lendemain, SoufHot fait à son directeur ce
récil de ses démarches :
Soiifflol au comte d'Angiviller
Sens, 9 novembre 1776.
Nous arrivâmes ici, hier à midi environ; nous eûmes
Ihonneur de voir, après un premier examen de Féglise,
M. le Cardinal et de lui présenter votre lettre. Il avait reçu
celle de M. Âmelot, et Son Eminence venoit de lui répondre
qu elle croyoit une lettre de cachet nécessaire pour l'ouver-
tare du caveau. Elle me parut disposée à attendre sa ré-
ponse, sans cependant trop insister sur la nécessité abso-
lue, parce que votre lettre me paroissoit décider la ques-
tion d'après une conversation avec M. Âmelot, postérieure
à Totre lettre. Je remis ensuite celle que vous m'aviez don-
née pour le Chapitre et les choses se passèrent à peu près
comme chez Son Eminence. Cependant il fut décidé que je
pouvois mettre aujourd'hui des ouvriers dans le chœur pour
fouiller contre les murs du caveau, en reconnaître la con-
struction et la nature du sol que l'on m'assure être de terres
rapportées.
On travaille à cette fouille; mais, comme il faut cesser
pendant les ofQces et que c'est demain dimanche, cela me
reUendroit ici deux jours à rien faire; je vais, Monsieur,
proGter de cette circonstance pour aller voir ma famille
que je n'ai pas vue depuis grand nombre d'années et qui
D est distante que d'environ cinq heures de chemin. J'en re-
viendrai après demain qui est jour de fête ici, et j'espère
que les choses seront au point de pouvoir arriver à Fontai-
nebleau mardi pour vous rendre compte de tout (1).
Peut-être Soufllot ne flt-il qu'un rapport verbal.
Aucun document ne relate les conclusions de sa vi-
site à Sens. Mais évidemment les deux envoyés con-
(I) Archives nat. Ol 1339. — (Communiquée par M. FëlU Chanclcnicr.)
— 80 —
statèrent rinsuffisance du caveau funéraire. De là
la nécessité de le reconstruire ou bien d'élever le
mausolée sur un emplacement autre que celui de
la sépulture. Ce second parti fut envisagé. Il offrait
le double avantage d'épargner une construction
nouvelle et surtout d'éviter une exhumation. La
lettre suivante nous l'apprend. Des démarches fu-
rent faites, même après que fut décidée la recon-
struction du caveau, pour obtenir que le mausolée
ne fût point placé sur la sépulture, c'est-à-dire au
point central du chœur, mais en avant et près de
l'entrée.
Lettre attribuée à M. Vahhé le Beau, chanoine^
parent de M. Moreau de Vortnes [ÎJ
Voicy, Monsieur et cher confrère, un nouveau plan de
notre chœur, tout y est bien désigné, et certainement M. le
comte d'Angiviller et M. SoufQot auront égard à nos répré-
sentations. Lorsque vous leur aurés démontré que le mau-
solée sera mieux aperçu étant à la place où nous désirons
qu'il soit, que dans la partie supérieure de notre chœur, où
il nous gênera beaucoup pour nos cérémonies, pour le
chant, et pour le catafalque de Mr^le Dauphin — (on le met à
S. Denys dans le sanctuaire, parce que le caveau est sous le
sanctuaire : il faut que le catafalque soit sur les corps mêmes,
cela est indispensable). —M. Coustou ne doit point craindre
que l'aigle masque le monument, nous n*en avons point de-
puis longtemps, et ne pensons point à en faire Tacquisitlon ;
si le mausolée est posé où nous le désirons, ce sera une
(1) Cette suscription est d'une écriture moderne. Bien que cette lettre,
conservée aux archives de la Fabrique, ne soit ni datée ni signée, il n*cst
pas téméraire de la dater du milieu de l'année 1777. De plus, récriture est
certainement du chanoine Jean-François Lebeau (1754-1785), chambrier du
Chapitre. Le destinataire était vraisemblablement le chanoine de Lestoré,
agent du Chapitre à Paris.
soaàji ARCHéoLOcicui di sens.
T. xxu, rt. X, p. 8i.
LE MAUSOLÉE
L'Immortalité, la J{iligion it te Oénii des Arts
— 81 —
raison de plus pour n'en jamais avoir. Nos chantres ne
chantent point à Taigle, mais à leurs places, et c'est pour
cela qu'il est important de descendre le mausolée jusqu'à
1 endroit désigné, ou à peu prés, afïln que nos chantres se
Yoyent et s'entendent. Il est vray qu'à la messe seulement on
met un petit pulpitrc portatif au haut du chœur; un de nos
enfants le place au moment où la messe commence, et l'en-
lève aussy tôt après la communion. C'est encore une de nos
raisons pour désirer que le mausolée soit un peu plus éloi-
{^né du sanctuaire. Il y a quelque fois quinze personnes et
plus qui se rassemblent à ce petit pulpitre pour chanter la
messe, et il arriveroit souvent qu'il n'y auroit pas asscs d'es-
pace pour les placer entre le mausolée et le pupitre. Il est
vray aussy qu'on pourrait le mettre tout à fait au pied des
marches du sanctuaire; mais il n'y auroit plus de passage au
bas des marches, et ce passage est absolument nécessaire
pour les cérémonies de l'autel et du chœur. Nous avions
omise cette observation qui cependant est très essentielle.
Au reste, comme j'ay eu l'honneur de vous le marquer, le
Chapitre n'a plus là dessus de volonté; il a pris la liberté de
mettre sous les yeux du ministre en cette partie ses obser-
vations et ses réflexions, tant sur l'angustie du caveau, à
cause de la difïiculté d'y placer les corps de nos princes,
que sur la place du mausolée, à cause de nos cérémonies et
de nos chantres. Si vous voulés encore faire quelques dé-
marches, vous nous obligerés inflniment; mais assurés-
vous bien auparavant que vos démarches ne blesseront ny
M d'Angivîller ni M. Soufflot. 11 est question d'un monu-
ment éternel ; nous nous serions reproché de n'avoir pas ex-
posé des inconvénients qui peut estre saulteront aux yeux
de tout le monde lorsqu'il sera placé, et que nous aperce-
vons d'avance mieux que personne. Nous n'avons certaine-
ment aucunes vues particulières, c'est le bien même de la
chose qui nous a fait parler; s'il n'y a plus de retour, nous
nous taisons, et c'est au Roy que nous nous soumettons, en
respectant les ordres de son ministre.
— 82 —
Le relard du caveau a aussy relardé le sieur Yilleroy (1)
pour la maçonnerie sur laquelle M. Taboureux doil poser
sa charpente; il n'y a encore rien de fait, cependant il
compte s'en occuper aussy tôt après la construction du ca-
veau. M. Taboureux (2) pourra toujours disposer sa char-
pente, et je luy marqueray dans le millieu du mois d'aoust
où nous en serons.
Nos carreaux sont arrivés et placés en sûreté, je n'ay
point encore payé la lettre de voiture et les autres frais; je
vous en envoyeray Tétat vendredy ou dimanche au plus
tard.
J'ay reçu une lettre de M. Corbel (3) dont je suis très con-
tent, il me devoit depuis longtemps cette réponse, je vais
en conséquence faire préparer notre chapelle pour recevoir
son autel
Après de longues hésitations, le Ministre de la
Maison du Roi, Anielot, désireux d'éviter tout retard
et d'exécuter les ordres formels du Roi, décide Tcx-
humation et la reconstruction de la sépulture du
Dauphin.
Le 19 mai 1777, il écrit au cardinal de Luynes :
Monseigneur,
L'intention du Roy étant de faire ériger un Mausolée à la
mémoire de M. le Dauphin et de feu Madame la Dauphine,
dont les cendres reposent dans Téglise de Sens, Sa Majesté
a chargé M. le comte d'Angiviller de l'exécution de ses or-
dres. Kn conséquence, il a envoyé deux artistes sur les lieux
pour examiner le local. 11 résulte de leur examen que le ca-
veau qui a été construit pour y enfermer les tombes est trop
(1) Pierre Hay, dil Vlllcroy, enirepreneur de bAtimcnts à Sens.
(2) ï^ Clmpilre avail fait marché, le 23 janvier 1777, avec le sieur Tabou-
I rux, mojtre charpenller  Paris, pour les réparations du comble et du clo-
I her. (Archives de TY., G 712.)
(3) (x)rbel. qui s'intitulait « sculpteur marbrier à Paris, ta tra%'aillé à In
réfection générale du dallage de la cathédrale.
— 83 —
faible, qu'il ne peut supporter le Mausolée et qu'on se trouve
forcé de le faire démolir; au moyen de quoy il est d'une né-
cessité indispensable d'en retirer les tombes et de les placer
en dépôt jusqu'à la construction du caveau.
Jaurois fort désiré pouvoir me concerter avec Votre Emi-
nence sur cette affaire importante, mais mes occupations ne
me l'ayant pas permis, je la suplie de me marquer son avis
sar le local qu'elle croira le plus convenable pour le dépôt
qui cependant, ne peut se faire que dans une chapelle par-
ticulière ou dans le caveau destiné à la sépulture des Ar-
chevêques du diocèse. Votre Eminence est plus à portée
que personne de décider le parti le plus convenable à pren-
dre et je ne mettray cette affaire sous les yeux du Roy qu'après
avoir reçu son avis, non seulement sur cet objet, mais sur
les cérémonies qu'il conviendra d'observer pour l'ouverture
du caveau, l'extraction des tombes et leur replacement, qui
doivent être constatés d'une manière juridique.
J'ay l'honneur d'être avec respect, etc. (1).
Dès lors s'établit une correspondance grâce à la-
quelle nous pouvons suivre le détail des événe-
ments.
Ameloiy secrétaire d'Etal, au Cardinal de Luynes
Versailles, le 29 mai 1877.
Monseigneur,
J'ai rendu compte au Roy des observations contenues
dans votre lettre. J'ai en conséquence l'honneur d'adresser
à Votre Eminence celle que Sa Majesté luy écrit ainsy que
celle du Chapitre, tant pour l'ouverture du caveau que pour
l'exstraction des cercueils et leur dépôt dans une chapelle à
votre choix. L'intention de Sa Majesté (n'étant) point qu'il y
ait chapelle ardente, mais seulement un luminaire bonnette
et décent, je supplie Votre Eminence de vouloir bien le ré-
gler et m'en faire part afin que je puisse le faire fournir par
(!) Archives de T Yonne. Dépôt de Sens, G 135, n' 106.
— 81 —
les l/r/ifu que cette dépense regarde. J ignore quel peut être
le cérémonial à observer pour l'onverture du caveau et tout
ce qui doit suivre cette cérémonie. J*ay écrit à M, le mar-
quis de Dreux ' 1 ;. Je doute cependant qu*il puisse me don-
ner des renseignements, les exemples de cette nature étant
fort rares. J'auray soin de faire part de son avis à Votre
Eminence, mais j'ay cru devoir toujours luy faire passer les
lettres du Roy afin de ne point retarder son voyage et de la
mettre à même de donner tous les ordres préliminaires.
J'ai llionneur, etc. Amelot (2).
Le 3 juin, le cardinal de Luynes vient lui-même
solennellement, revêtu du rochet et de la mosette,
précédé de sa croix, donner communication au
Chapitre de la lettre du Roi :
Mon Cousin,
J'ai ordonné, au mois d'octobre dernier, au sieur comte
d'Angiviller, directeur et ordonnateur de mes bâtiments,
de faire élever à la mémoire de feu M. le Dauphin et de feue
M<^ la Dauphine, mes très honorés père et mère, dont les
cendres reposent dans l'Eglise de Sens, un mausolée digne
(1) I^ note suivante résume les différents renseignements Tournis au Mi-
nistre de la Maison du Hoi |>our cette circonstance :
€ M. le duc de Dreux a été consulté sur le cérémonial à obscr\'er pour
l'exhumation des corps du Duc et de la Duchesse.
« — Il répond qu'il n'y a point d exemples de cette cérémonie, mais qu'il
pense qu'on ne peut procéder à cette cérémonie qu'avec un ordre du Roi
au Chapitre : l'ordre a été envoyé.
« — Il doit y avoir un ecclésiastique jour et nuit en prières dans la cha-
pfîllc ; imint d'ordres donnés.
• — Item, une sentinelle des gardes du corps à la porte de la chapelle :
IHtint d'ordres donnés.
« — Il faut lairc un service pour l'extraction des corps : cela a été fait.
ï — U faudra en faire un second lorsqu'on replacera le corps sous le
nuHttt^^l^f* : cela se fera.
• *- Il doit y avoir un luminaire réglé pour tout le temps du dépôt : 1/ y
pn it un* » (Archives nat., Ol 1044. >
va AreldvcK de TV. Sens, G 135. n» 107.
— go-
de princes si chers à mon cœur, qui puisse transmettre à la
postérité et mes regrets et le profond respect que j'ay pour
leur mémoire et leurs vertus. Je vois par le compte qu'il
vient de me rendre que le caveau dans lequel leur cercueil
est renfermé n'a point été construit avec assez de solidité
pour supporter ce monument que ma piété leur destine;
c est pourquoi il est indispensable de le démolir pour le re-
construire. Et je vous fais cette lettre pour vous dire
qu'avant qu'on commence ces travaux, mon intention
est que les cercueils qui renferment ces dépôts précieux en
soient retirés et placés dans Tune des chapelles de ladite
Eglise de Sens dont je vous laisse le choix et dont l'entrée
ne sera permise qu'aux ecclésiastiques, pour y estre gardés
avec tout le respect et la décence qui leur est due jusqu'à ce
que le monument soit achevé. Mon intention est aussi que
ladite chapelle soit éclairée d'un nombre de cierges suffi-
sant, pendant tout le temps du dépôt. Je m'en rapporte sur
cet objet important, ainsy que pour le cérémonial et la
pompe a observer pour l'extraction des cercueils, à votre
prudence et au respect que je vous connais pour le dépôt
confié à votre Eglise. J'écris au Chapitre de Sens pour luy
donner mes ordres en conséquence et j'attends leur exécu-
tion de votre zélé pour moy. Et la présente n'étant à autre
Gn, sur ce, je prie Dieu qu'il vous ait, mon Cousin, en sa
sainte et digne garde.
Ecrit à Versailles, le vingt-huit raay mil sept cent soixante-
dix-sept.
LOUIS.
(Signé :) âmelot (1).
Le Chapitre avait reçu une lettre identique.
Aussitôt, d'un commun accord, on décide de pro-
céder à rouverlure du caveau le samedi suivant.
Voici le procès-verbal détaillé de cette cérémonie
l Registre copitiilaire, archives de TYonne, G 681) :
(b .ViThives de TY. Sens, 0. 135 ir 103.
Samedi 7 Jabi 1777, — Ce jourd'huy, sept juin mil se
!toixante-dÎK-sepL Nous Fiiuld Alberl de Luynes, cî
|irctrc de la sainte Eglise romaine^ archevêque vicoiulc de
Sens, commandeur de 1 ordre du SâinUEsprit, etc.
En vcrlu des ordres du Moy ù Nous adressés par la lettre
de Sa Majesté dattée de VersaOIes, levingt-huit mai dernier,
signée Louis, et plus bas, Ânieloi, par laquelle Sa Majestû
nous a fait connaître que voulant faire élever un mausDlce
à ta mémoire de feu Monseigneur le Dauphin et de feue
Madame la Dauidiine, ses augustes père et mère, et pour
cet elTct faire reconstruire avec plus de solidité le caveau où
reposent leurs corps, son intention est que les cercueils qiA|J
renferment ces restes précieux en soient retirés et placés^
dans lune des chapelles de notre cglise, dont elle nous
laisse le choix.
Plein de respect pour les ordres de Sa Majesté » et de vè
nération pour la mémoire de ses augustes père et mère,
empressés de remplir les intentions du lloy.
Nous nous sommes transporté^ h 7 heures du matin, dam
notre Eglise Mélroi)olilaine, accompagné de messire Louis-
Bernard de Marsangy, abbé commenda taire de Ste-Margucritc
et trésorier de notre HgliscMetropolitaine.de Messire Jean-
Claude de BuUkmd, doyen de notre Chapitre et notre vi-
caire liènénd, de Messire Pierre Jacques Deconîlè, préchait^|
Ire^ et Messire Louis-CIauile Lhcrmitte de Champbertrandp^
célérïer de notre Eglise et noire vicaire général, de Messire
Francois-Bobert Gradot, archidiacre de Mehm en notre
Eglise, de Messire Mathieu-François Caqnia de Monhourg,
archidiacre de Provins en notre Eglise, ahbé de Saint-
Crespinen-Chnye et noire vicaire général, de Messieurs
Christophe l)elahai^e et Jenn-Jacqucs Danvergne, commis-
saires par Nous nommés et choisis pour être présents à
l'ouvcrlurc du caveau construit &mi% le nyîlien du chtvur de
notre église, dans lequel reposent les corps tic Très Haut,
Très Puissant el Très Excellent Prince Louis, Dautdiin, el
de Très Haute, Très Puissante et Excellente Princesse Ma-
dame ManeJtiséphe de Saxe, Duypliiiie de France.
s
i
— 87 —
Arrivés dans le chœur, nous avons trouvé notre Chapi-
tre assemblé en habit de chœur pour nous recevoir et assis-
ter à la cérémonie de Touverture dudit caveau.
Sur-le-champ, nous avons fait lever la tombe qui ferme
l'entrée dudit caveau dans lequel nous sommes des-
cendus avec les susdits commissaires par nous choisis,
où nous avons trouvé deux cercueils placés Tun à droite,
Tautre à gauche de l'entrée dudit caveau, tous deux cou-
verts d*uu velours noir sur lequel était appliqué une croix
de moére d'argent et portés sur des chenets de fer, et sous
chacun desdits cercueils avons trouvé une boéte carrée, pa-
reillement couverte de velours noir.
Sur le cercueil qui est à gauche en entrant, avons
trouvé une plaque de cuivre sur laquelle nous avons lu et
fait lire par les commissaires susdits Tinscription suivante :
ICY EST LE CORPS DE TRÈS HAUT, TRÈS PUISSANT ET EXCELLENT
PRINCE LOUIS, DAUPHIN, DÉCÉDÉ AU CHATEAU DE FONTAINE-
BLEAU, LE 20 DÉCEMBRE 1765, ÂGÉ DE 36 ANS 3 MOIS ET
6 JOURS.
Et sur la boéte quarrée placée sous ledit cercueil, avons
lu et fait lire Tinscription suivante : entrailles de très
HAUT, très PUISSANT ET EXCELLENT PRINCE LOUIS, DAUPHIN,
DÉCÉDÉ AU CHATEAU DE FONTAINEBLEAU LE 20 DÉCEMBRE 1765,
AGE DE 36 ANS 3 MOIS ET 6 JOURS.
Sur le cercueil à droite, avons trouvé une plaque d'ar-
gent, sur laquelle avons lu et de même tait lire par les sus-
dits commissaires l'inscription suivante : icy est le corps
DE TRÈS HAUTE, TRÈS PUISSANTE ET EXCELLENTE PRINCESSE
MADAME MARIE'JOSÈPHE, PRINCESSE DE SAXE, DAUPHINE DE
FRANCE, DÉCÉDÉE AU CHATEAU DE VERSAILLES LE 13 MARS 1767,
ÂGÉE DE 35 ANS 4 MOIS ET 9 JOURS.
Et sur la boéte quarrée placée sous ledit cercueil avons
pareillement trouvé une plaque de cuivre sur laquelle avons
lu et fait lire Tinscription suivante : icy sont les entrail-
les DE très haute, très PUISSANTE ET EXCELLENTE PRIN-
CESSE MADAME MARIE-JO<«ÈPHE, PRINCESSE DE SAXE, DAUPHINE
— 88 —
U£ FRANCE, DÉCÉDÉE AU CHATEAU DE VERSAILLES LE 13 MARS
1767, ÂGÉE DE 35 ANS 4 MOIS ET 9 JOURS.
Ensuite nous avons fait procéder à l'extraction desdits
cercueils et boètes, lesquels ayant été tirés du caveau, nous
les avons fait placer sur une estrade et sous un dais élevé
à cet effet dans le chœur de notre église et nous avons célé-
bré pontincalement une grande messe de Requiem sous le
rit le plus solennel.
La messe finie, nous avons fait transporter lesdits cer-
cueils et lesdites boétes à la chapelle de Sainte-Colombe de
notre dite Eglise, située derrière le chœur, laquelle avait été
par nous choisie comme la plus convenable pour servir de
dépost.
Nous avons eu soin de faire tendre celte chapelle de noir
dans tout son pourtour, depuis la naissance de la voûte jus-
qu'au bas et de faire appliquer sur la tenture deux litres de
velours noir parsemés des armoiries de feu Monseigneur le
Dauphin et de feue Madame la Dauphine.
Au milieu de ladite chapelle, nous avons fait élever une
estrade et un dais sous lequel nous avons fait placer les
deux cercueils et les deux boétes, que nous avons fait re-
couvrir d'un poêle de velours noir aux armoiries de feu
Monseigneur le Dauphin et de feue Madame la Dauphine.
Sur le haut dudit poêle, on a placé les honneurs; les gra-
dins de ladite estrade ont été garnis de chandeliers portant
chacun un cierge proportionné, et avons ordonné que les-
dits cierges seraient entretenus et renouvelés pour brûler
tout le temps que durera ledit dépost, et ce conformément
aux intentions de Sa Majesté.
Nous avons fixé le nombre des cierges à douze, parce que
pareil nombre est prescrit pour les anniversaires fondés
dans notre Eglise par lettres- patentes du feu Hoy pour le
repos des Ames de feu Monseigneur le Dauphin et de feue
Madame la Dauphine.
Les transports et dépôts ont été faits avec les cérémonies
et prières accoutumées dans notre Eglise; le clergé sécu-
— 89 —
lier et régulier y a assisté ainsi que les corps laïcs que
nous avons eu soin d'inviter.
L'escadron du régiment de la Reine-î)ragons, qui est en
quartier dans cette ville, était sous les armes, les officiers à
leur tétc, pour maintenir le bon ordre et rendre les hon-
neurs dus à la mémoire de ces augustes Princes.
Des dragons choisis ont porté les deux cercueils et les
deux boètes ; les huit premiers dignitaires ou chanoines de
notre église portaient les cordons des deux poêles.
Après avoir rempli tout ce que le devoir, le respect, la
piété et la religion exigeaient de nous dans cette circon-
stance, nous nous sommes retirés en ordonnant que ren-
trée de ladite chapelle ne sera permise qu'aux ecclésiasti-
ques, selon rintention du Roy; avons ordonné de plus qu'on
y célébrera tous les jours des messes de Requiem, et notre
Cliapitre a arrêté d'y aller tous les jours, processîonnelle-
ment, après Complies, pour y réciter le De profundis et les
autres prières pour le repos des âmes de ces augustes
Princes.
Et de tout ce que dessus avons fait dresser procês-ver-
bal, etc..
Le Cardinal avait informé aussitôt le Roi.
Le 12 juin, Amelot lui écrit que le Roi a exprimé
sa satisfaction du procès-verbal dont il lui a rendu
compte. Les frais seront remboursés dès que Tétat
en aura été fourni (1). Pour le luminaire, il prie
de faire connaître ce qui a été réglé ; le Premier
<t) UneleUrc adressée par Amelot, de Versailles, le 25 juin, au cardinal
alors à Rourl>onne-Ies-Bains, donne avis qu'une ordonnance de 2400*t lui
ni expédiée pour remboursement des frais de la cérémonie du 7 juin, et
que M. de Fronsac, premier gentilhomme de la chambre, a donné des or-
dres pour le luminaire. (Archives de l'Yonne, Sens, G 135, n* 109.)
Une nouvelle IcUrc du 12 juillet donne avis que cette ordonnance a été
remise au contrôleur général des finances, pour recevoir la signature du
Roi, Son Emincnce devra la faire demander à M. Necker. {Ibid. n' 110.)
— 90 —
Gentilhomme de la Chambre continuera à le faire
fournir sur le même pied, l Archives de i Yonne,
Sens, G 132, n" 1 J8.)
Le même jour, Soufllol écrit de Paris au Car-
dinal :
Monseigneur, j'ai reçu la lettre que Votre Eminence m'a
fait Fhonneur de m'écrire, par laquelle elle a la bonté de
m'apprendre que Ton peut à présent travailler au nouveau
caveau qui doit supporter le tombeau de Monseigneur le
Dauphin. Je connaissois la construction de Tancien, et par
mon examen et par Tentreprcneur même qui Tavoit con-
struit très à la hâte. J'étois très sûr, Monseigneur, qu'il n'au-
roit pas pu supporter le poids du tombeau. En informant
M. le comte d'Angiviller de l'état des choses, je vais le
prier de donner ses ordres pour que Ton commence à tra-
vailler; mais si Votre Eminence désiroit absolument des
changements, je la supplierois de vouloir bien les lui
demander, car, malgré mon empressement pour tout ce
qui peut lui être agréable, je ne pourois pas les faire sans
ordre.
Je suis, avec un profond respect,
De Votre Eminence,
Le très humble et très obéissant serviteur,
SOUFFLOT (1).
Pendant tout le temps que les cercueils des
Princes restèrent exposés sur le catafalque de la
chapelle de Sainte -Colomhe, deux factionnaires
firent une garde dlionncur pendant la journée, à
la porte de cette chapelle, n'y laissant pénétrer que
les personnes désignées par la lettre du Hoi (2).
(1) L'original de celle lellre fail parlie des colleclions de .M. Félix Chau-
de nier.
(2) Affiches de Sens, année 1777, p. 62.
— 91 —
Tous les jours, après complies, le clergé allait
processionnellement à ladite chapelle en chantant
le Libéra ; avant de dire les versets et la collecte,
le chanoine en semaine faisait l'aspersion et l'en-
censément devant la porte (1).
C'est là que, le 17 juillet, le comte de Provence,
frère de Louis XVI, le futur restaurateur de la mo-
narchie en France, vint faire un pieux pèlerinage
auprès des cercueils de son père et de sa mère.
Monsieur achevait alors un long voyage politi-
que qui avait eu un certain retentissement. Parti
de Versailles, le 10 juin, avec une suite nombreuse,
il avait visité Bordeaux, Toulouse, Marseille, Tou-
lon et rentrait par les vallées du Rhône et de
ITonne. Il avait été salué, le 16, à son passage à
Auxerre, et avait couché au château des évêques
d'Auxerre, à Régennes, près d'Appoigny. Il quitta
le château le 17 au matin et rencontra entre Auxerre
et Joîgny le régiment des dragons de la Reine, qui
avait fait le service de garde la nuit précédente.
« Ce prince voulut bien s'arrêter. Le régiment,
par ses ordres, exécuta devant lui différentes ma-
nœuvres. A son arrivée à Sens, il trouva un déta-
chement du même régiment, commandé par le
comte de Seuil, qui fit le service auprès du Prince
et eut l'honneur d'être admis à sa table (2). »
A l'entrée de la ville, le Prince est complimenté
par MM. de Champhertrand et Gigot de Boisbernier,
(t Notes anonymes d'un contemporain publiées dans V Annuaire de
r Yonne, ISS», p.SS.
(2, Gazette de France du 25 Juillet. 1777.
— 92 —
au nom du Chapitre. I^ municipalité entourée de
la milice bourgeoise, avec drapeaux et musique,
lui présente les clefs de la ville, à la porte Com-
mune. Le cortège traverse la ville au milieu d'une
foule considérable.
Le Prince descend de carrosse au son des cloches,
devant le parvis de la Métropole. Il y est salué, en
labsence du cardinal, alors aux eaux de Bour-
bonne, par le duc de Luyues, son neveu, et reçu
par Messieurs du Chapitre, en robes rouges et en
chappes. L'archidiacre de Sens lui présente à vé-
nérer la relique de la vraie Croix ; le trésorier offre
leau bénite ; le doyen, M. de Hullioud, fait le com-
pliment.
Après une courte prière dans le chœur, Monsieur
se rend à la chapelle de Sainte-Colombe, auprès des
restes de ses parents. Ensuite, il assiste à la messe
basse célélirée par M. de Biencour, occupant le
fauteuil et le prie-Dieu, recouverts de velours cra-
moisi à galons d'or, préparés au milieu du chœur.
A la fin de la messe, le célébrant vient lui présenter
le corporal à baiser.
Puis, escorté de six chanoines, le Prince retourne
faire ses prières dans la chapelle de Sainte-Colombe.
Enfin, il est reçu dans la salle capitulaire où les
chanoines le prient de vouloir bien donner à leur
Eglise, en souvenir de sa visite, « sou portrait et
celui de sa très digne épouse (1). » De lu, Monsieur se
(1) I^s portraits du C^nilo cl do la Comtcf^so de Provence, donnés pnr
le Prince au Chapttro do Sens, soni conservés au Trésor de la Métropole,
(N*' 300 cl 301 du calaloguo.)
- 93 —
rend à T Archevêché, y reçoit les corps civils et,
après avoir dîné, il sort de la ville par la porte de
Saint-Antoine, traverse l'Esplanade, au bruit de
1 artillerie, au milieu d'une double haie de bour-
geois sous les armes, et prend la route de Fontaine-
bleau (1).
Pendant ce temps des complications survenues à
la dernière heure avaient failli empêcher Texposi-
lion au Salon de l'œuvre de Couslou et ajourner
son érection à Sens. Seules l'active vigilance du
Directeur général des Bâtiments et sa volonté bien
arrêtée d'en finir purent les conjurer.
L'artiste avait dû confier à un spécialiste Texécu-
lion des cartouches et des guirlandes en bronze
destinés au mausolée. Quelques semaines avant
louverture du Salon, fixée au 25 août, le bronzier
déclare ne pouvoir achever son travail avant deux
mois. Il faut renoncer à exposer le monument in-
complet. C'est ce que nous apprend la lettre sui-
vante (2) :
Monsieur Coustou s'étoit flaUé jusqu'à ce moment que les
bronzes du Mauzolée de feu Monseigneur le Dauphin se-
roienl montés et dorés pour l'ouverture du Salon, et que
ce monumeot pourroit à cette époque être vu tel qu'il sera
dans la cathédrale de Sens. Mais le cizeleur, qui n'aura fini
1) Tous ces détails sout empruntés aux Affiches de Sens de l'époque, et
au registre des délibérations capitulaircs.
'2) Arch. nat. Ol 1905. — Cette lettre, sans date ni signature, est prolia-
blement deCochin. Elle est adressée au peintre Pierre (Jean-Baptistc-Marie)
alors recteur de rAcadémie royale, et, à ce titre, chargé de l'organisation
dtt Salon. En marge, on lit la date, 12 août 1777, qui est celle de la ré-
ponse, la lettre étant évidemment antérieure à la mort de Coustou.
— 9i —
de monter les bronzes qac dans one qainzainc de jours,
demande deux mois entiers poar les dorer. En conséquence,
Mr Coastoa, qoi désire que cet ouvrage ne soit exposé au
public que lorsqu^I sera entièrement fini, prie M** Pierre
de faire retrancher du livret du Salon la note qui annonçoit
que Ton pourroit, pendant le temps qu'il durera, voir le
Mauzolée à lattellier.
Il le prie d'en prévenir Monsieur le Directeur général.
Bien plus, depuis quelque temps, Tétat de santé
de Guillaume Coustou inspirait les plus vives alar-
mes. Craignant de le voir mourir avant Touverturc
du Salon, le roi Louis XVI, désireux d'honorer, en
mémoire de son père et de sa mère, Tartiste qui ve-
nait de sculpter leur tombeau, résolut de ne pas
attendre l'Exposition du Louvre, â la séance de
l'Académie, du 26 avril, Pierre, en qualité de di-
recteur, annonçait à ses collègues que le Roi se
proposait de nommer Coustou, chevalier de l'or-
dre de Saint-Michel (1).
L'intendant général des Beaux-Arts d'Angivîllcr
profita de la visite de l'empereur Joseph II, frère
de la Reine, à Soufflot, en présence de Coustou,
pour conférer à l'éminent statuaii^, au nom du
Roi, cette haute distinction (2). L'artiste fut en môme
(1) Les Coustou, pnr lady Dilkb. {Gazette des Beaux-Arts, mars 1901,
p. 213.)
(2) Dans son compte rendu détaillé du séjour de l'empereur à Paris.
Mcrcy note, le 3 mai. une visite à la manufacture des Gobclins, et. plus
loin, le 22 mai, dans l'énumération des présents distribués pcr le Prince,
il cite « une liaguc de diamant entourée • donnée «à l'inspecteur des deux
manufactures (des (iobelins et de la Savonnerie), nommé Soufflot. » C'est
donc probablement le 3 mai que d'AngIviller remit à Coustou le brevet du
Roi. {Marie' Antoinette, correspondance de Marie-Thérèse et Mercy^d Argen-
teau, par d'AnNETii et Gepproy, t. III, pp. 60 et 71.)
— 95 —
temps autorisé à porter les insignes de Tordre « avant
sa réception. » Il ne devait pas jouir longtemps de
celte faveur. A la séance de TAcadémie de peinture du
26 juillet, le secrétaire notifiait « la mort de M. Guil-
laume Coustou, chevalier de TOrdre du Roy, scul-
pteur, recteur et trésorier de cette Académie, garde
de la salle des Antiques, décédé en cette ville, le
13 de ce mois, i»
En annonçant la mort du grand artiste, le Jour-
nal de Paris (1) lui consacre cet éloge, signé de
« Renou, peintre du Roi et secrétaire de son Aca-
démie de peinture et de sculpture : d
L'Académie Royale de Peinture et de Sculpture vient de
perdre, dans M. Coustou, Ton de ses plus grands scul-
pteurs.
...Il fut chargé du tombeau de Monseigneur le Dauphin et
de Madame la Dauphine. C'est dans ce morceau, le dernier,
le plus beau et le plus considérable qui soit sorti de sa main,
et qui sera dans peu monté et exposé au Public, tel qu'il
sera placé dans la cathédrale de Sens, que M. Coustou s'est
montré le digne fils et l'émule de son père. J'ose annoncer
que la Nation jettera quelques fleurs sur le tombeau de l'Ar-
tiste, en admirant celui qu'il vient de finir pour le père et
la mère de notre Auguste Monarque.
A peine M. Coustou a-t-il eu mis la dernière main à ce su-
perbe monument (2), à peine en a-t-il reçu la récompense
(1) Abrégé da Journal de Paris, t. II, p. 1065-6.
(2) Ainsi que le remarque lady Dilke fop. cit.. Gazette des B.-ÀrtaJ, ces af~
fiimaUons très nettes des contemporains annulent entièrement la suppo-
sition faite par M. Tarbé {Vie et Œuvres dePigalle, p. 152), d'après laquelle
Pif;alle aurait achevé le mausolée de Sens, comme il avait fait quand Bou-
chardon mourut laissant ébauchée sa statue équestre de I^ouis XV.
Que Coustou ait eu recours à l'aide d'un ou plusieurs de ses élèves pour
]>xécalion d'une œuvre aussi compliquée, la chose est vraisemblable. Mais
— 90 —
honorable par le cordon de Saint-Michel, qui lui a été donné,
au nom du Roi, par M. d'Ângiviller, en présence de M. le
comte de Falkenstcin (1), qu'il a terminé sa carrière, dans
la soixante-unième année de son âge. »
Malgré toutes ces traverses, le mausolée figura au
Salon (2). Une lettre de d'Angiviller, du 12 août,
nous apprend qu'il y fut exposé, bien que les tro-
phées de bronze n'eussent pas encore reçu leur do-
rure. Dans cette lettre, le Directeur général exprime
à nouveau sa volonté de voir le tombeau en place
avant la fin de Tannée : a II n'y a qu'à se hâter pour
les ouvriers, écrit-il, et y en mettre plusieurs (3). »
Voici le Mémoire officiel soumis au Directeur gé-
néral des Bâtiments à l'achèvement du monument :
Mémoire du Mausolée de feu Monseigneur le Dauphin et
de Madame la Dauphine, exécuté pour le service du Roy
sous les ordres de Monsieur le marquis de Marigny et ceux
de Monsieur le comte d*Angiviller, directeur et ordonnateur
général des BuUments de S. M.; ledit ouvrage commencé en
nous n'avons pu trouver aucune preuve de rnflirmation de quelques his-
toriens dont M. de Monlaiglon s'est fait l'éclio : c L'œuvre n'est pas toute
entière de la main de (Houston ; on a dit que l'une des deux flgures d'hom-
mes, au moins celle du Temps, est entièrement exécutée par l'habllo scul-
pteur Pierre Julien, élève de Coustou et le collaborateur de ses travaux,
avant comme après son voyage de ]\ome, où il a été de 1768 à 1772. » /Anti-
qnttés et Curiosités de la ville lit Sens, p. 74, dans la Gazette des lieaux^Art*,
1880.)
(1) L'empereur Joseph IL
(2) En annonçant cette exposition, le Journal de Paris informait ses lec-
teurs qu'elle occupait, cette année, outre le salon du Louvre, la cour et le
jardin de l'Infante et se répandait même plus loin. « On voit dans l'atelier
de feu M. Coustou, nouvelle place du Louvre, le mausolée de feu M»' le Dau-
phin et M* Itt Dauphine... »
(3) GvippnRY, ExiHKitions du XVUt siècle, cité par lady DUke, op, cit.,
p. 214.
iOdiji AftCMéOLOCiqpB DB SINS.
T. XXn, PL. XI, p. 96.
LE MAUSOLÉE
Le Tempi, l'Amour conjugal et te Génie de t'Jiymen
— 97 —
1766 et fini en 1777 et devant être posé dans le chœur de la
cathédrale de Sens, par Guillaume Coustou. Sçavoir un so-
cle de marbre blanc veiné, entouré d une bande de marbre
verd de mer, d*un pied de largeur, ledit socle portant vingt
et un pouces de haut. Sur ce socle s'élève un piédestal
qiiarré de cinq pieds de haut sur deux pieds neuf pouces de
large, revêtu de marbre verd, avec deux tables d'inscrip-
tions de marbre blanc gravées en lettres dorées,* ledit pié-
destal orné sur toutes ses moulures de bronzes dorés et de
guirlandes aussi de bronze doré autour des inscriptions;
au-dessous desquelles sont les cartels des armes du Prince
et de la Princesse, aussi de bronze doré, accompagnés de
branches de cyprès. Sur ce piédestal sont posées deux urnes
de granit verd, ornées aussi de bronzes dorés, et liées en-
semble par une guirlande de la fleur nommée immortelle.
Sur le socle du côté qui fait face à l'autel, s'élève un groupe
composé de deux figures de marbre blanc, et d'un enfant qui
est à leurs pieds. Ces deux figures représentent V Immortalité
occupée à faire un faisceau des attributs symboliques des ver-
tus de Monseigneur le Dauphin, et la Religion posant une cou-
ronne d'étoiles sur les urnes. Aux pieds de ces deux figures
est le Génie des sciences et des arts, appuyé sur un globe
teirestre qu'il mesure (1). Sur le côté du socle qui fait face
à la nef, est un autre groupe aussi de deux figures de mar-
bre blanc et d'un enfant. Ces deux figures représentent.
Tune le Tems armé de sa faulx, foulant aux pieds des monu-
ments qu*il a détruits et tenant un voile funéraire qu'il pose
sur les urnes, l'autre V Amour conjugal tenant un flambeau
éteint, et regardant avec douleur un enfant qui vient de
briser une chaîne entourée de fleurs, symbole de l'hymen.
(1) Théodore Tarbé, dans une note manuscrite que nous possédons, re-
marque que sur le globe terrestre c on n tracé les routes qu'ont suivies les
savants vo^'ageurs du xviir siècle, afin de perpétuer l'époque de leurs dé-
couvertes. Cest dans la même vue, ajoute-t-il. qu'on indique une partie
du plan de Téglise Saiote-Geneviéve (le Panthéon) comme le monument le
plus remarquable de cette époque, t
7
— 98 —
Tous lesquels ouvrages, suivant le marché proposé à M. le
marquis de Marigiiy et par lui approuvé et accepte suivant
sa lettre du 23 novembre 1766, montent, non compris la
fourniture des marbres, la façon des caisses et le transport
à Sens, expressément réservés par le marché pour être à la
charge de S. M., à la somme de 150000 livres. Plus il a été
fourny par le sieur Coustou, pour les urnes,'un bloc de gra-
nit verd par lui payé au nommé Argou, marbrier à Greno-
ble, la somme de 900 livres. Plus deux tables d*inscriptions
de marbre blanc, fournies par M. Bocciardi, de deux pieds
huit pouces cubes à 40 livres. Total : 151006 livres 13 sous
4 deniers.
Je soussigné, premier peintre du Roy, certifie à Monsieur
le Comte d'Angiviller, directeur et ordonnateur général des
Bâtiments, que les ouvrages mentionnés au présent Mémoire
ont été faits, approuvés et livrés. A Paris, le 10 août 1778.
(Signé :) Pierre. (Archives nation., 01 1931.)
Dès les premiers jours de septembre, la recon-
struction du caveau, à Sens, était achevée. Le 9 eut
lieu Tinhumation avec un cérémonial identique à
celui de Texhumation. L'Archevêque, après un ser-
vice célébré par le Chapitre, en présence de tous
les corps ecclésiastiques et laïcs, se rendit, revêtu
des habits pontiflcaux, à la chapelle de Sainte-Co-
lombe. Après les prières de la levée du corps, les
cercueils furent transportés au chœur par un dé-
tachement des Dragons de la Reine et descendus
dans le nouveau caveau. La cérémonie achevée, le
Cardinal de Luynes prononça un discours sur la
fragilité des grandeurs humaines et les vertus émi-
nentes des princes défunts (1).
(1.1 Affiche» de Sent.
— 99 —
Le 21 septembre, d'Aiigiviller écrivait de Versail-
les au Cardinal :
Monseigneur,
J'ai reçu la lettre dont Votre Eminence ni*a honoré pour
mlnformer de h\ remise qu'elle a pris la peine de faire opé-
rer, le 9 de ce mois, des corps de M. le Dauphin et de Madame
la Dauphine dans le caveau destiné pour les recevoir. Il ne
me reste désormais qu'à m'occuper des moyens les plus
prompts de rétablir Messieurs du Chapitre dans l'usage libre
de leur chœur. Je fais surveiller chaque jour les ouvriers
qui préparent le carelage accordé par le Roi. Le Mausolée
exposé depuis prés d'un mois à la curiosilc publique, va être
désassemblé pour être transporté et rendu le plus tôt possi-
ble à Sens : en un mot, Votre Eminence et Messieurs du
Chapitre peuvent compter que je ne laisserai négliger aucun
des soins qui peuvent émaner de mon département pour
hâter la conclusion de tous les arrangements relatifs au mo-
nument qu'il s'agit d'ériger.
Je suis avec respect...
D'Angiviller (1).
Cette lettre nous l'apprend, on profita de la pose
du monument au milieu du chœur pour en renou-
veler tout le dallage aux frais du Roi. Un docu-
(1) Archives de rVonne, dépôt de Sens, G 135, n* 112. Une lettre d*AmeIot
au Cardinal {ibid., n* 113) expose que le Cardinal a réclame 6000 livres
restant dues pour les dépenses relatives au dépôt des corps, se rcpar-
tissant en 4-101 livres pour les objets devant être acquittés par les Menus et
1399 li%'res pour les autres frais. Le Ministre prie l'Archevêque de lui faire
connaître si les 2400 livres ordonnées le 24 juin précédent (pour l'extraction
des corps) doivent être imputées comme acompte sur ces 6000 livres ou si
elles concernent des dépenses diflerenles.
Une nouvelle lettre du Ministre, du 8 octobre (ibid., n* 114), informe le
prélat qu'il va remettre à M. Nec^er une ordonnance de 1 590 livres pour le
rrstant des dépenses. Son Eminence voudra bien la faire retirer comme
elle a fiiit pour les 2400 livres déjà acquittées. Quant aux 4401 n, elles sont
ordonnancées au nom du trésorier des Menus, qui en fera le recouvre-
ment
— 100 -
ment des Archives nationales (1), intitulé : « Mémoire
des ouvrages faits à la cathédrale de Sens, suivant
les ordres de M. le comte d'Angiviller, sous la con-
duite de M. Soufflot, architecte du Roi, et de M. de
Bourge, inspecteur du château de Fontainebleau,
par Dropsy, sculpteur marbrier du Roi, note que
les inscriptions gravées sur ce dallage de marbre
furent exécutées en 1777. Chaque lettre, d'un pouce
et demi de proportion, était payée à raison de 4 sols
Tune et la dépense totale s*éleva à 8946 livres 3 sous
8 deniers (2). i>
< On ne commença à poser le mausolée que le 15
novembre; cet ouvrage ne fut entièrement fini que le 25
décembre 1777. Ensuite on carrela le sanctuaire (3), le
chœur, les marches du sanctuaire et celles du chœur, en
marbre, aux frais du Roy. Le clergé de TEglise de Sens
chanta Tofllce dans la nef, depuis le 10 septembre 1777
jusqu'au 22 novembre de ladite année et, à cause du froid,
on alla chanter l'office dans le bas-côté du chœur, qui est
du côté de la salle du Chapitre, jusqu'au samedi inclusive-
ment de la Passion. Ln chapelle de Sainte -Colombe tenait
lieu de sanctuaire et aucun des membres du clergé n'y
allait prendre séance; le sous-diacre venoit chanter TEpitre
au bas des degrés de ladite chapelle, et le diacre, l'Evangile.
On mit des tapis vis-à-vis des grilles du sanctuaire du côté
du tombeau de MM. du Perron (4). »
(1) 01, 1903.
(2) QuEsvEHS ET Stein. ïtiscripUons de l'ancien diocèse, 1. 1., p. 331.
(3) C'csl une erreur, le dnllage du sanctuaire ftit fait en 1744, après l'érec-
lion du maltre-autcl de Servandonl et lors de la construction de la crypte
des nrchevdque.3. (Voir Quantin. Notice hist. sur la construction de la cathé-
drale de Sens, p. 47.)
(4) Fragments d'un monuscrit anonyme, mais certainement l'œuvre d'un
ecclésiastique de Sons de la lin du xvin* siècle, publiés par M. le chanoine
Gttlly, Annuaire de l'Yonne, 1888, p. 55.
— 101 —
Comme toute œuvre de valeur, le monument de
Coustou fut Tobjet d'éloges enthousiastes et de cri-
tiques passionnées. Pour l'apprécier sainement, il
importe avant tout de faire abstraction du symbo-
lisme païen qui choque nos idées actuelles, mais
qui était une loi absolue du goût du xvni^ siè-
cle. Sur ce point, du reste, si l'on se souvient des
conceptions de Diderot, on conviendra que l'artiste
a apporté dans sa composition autant de réserve
que le permettaient les exigences de ses contempo-
rains.
Parmi les critiques qui lui furent adressées, l'une
des plus retentissantes fut celle de Bernardin
de Saint-Pierre. « La première chose que je cher-
chai à y reconnaître fut la ressemblance du Dauphin
et de la Dauphine..., il n'y en avait pas seulement
les médaillons. On y voit le Temps avec sa faux,
THymen avec des urnes et toutes les idées rebattues
de rallégoriequi est souvent, pour le dire en passant,
le génie de ceux qui n'en ont pas. »
De ce jugement sévère, il suffit de rapprocher ce
qu'écrivait Cochin à Diderot : « Il craint que le
mauvais goût, aidé de la flatterie, ne demande que
ces figures soient ressemblantes, ce qui rendrait le
monument plat et maussade (1), "» pour sentir com-
bien, pour Coustou lui-même, il était difficile de
«r contenter tout le monde, i)
Citons seulement quelques-uns des jugements,
parmi les plus autorisés, portés sur celte œuvre.
(1) Œiwres de Diderot, t. XIX. p. 223.
— 102 -
Cest d*abord celui d'un contemporain et d*un
émule de Coustou. Dans une pièce manuscrite, inti-
tulée : Réflexions sur le monument de feu Monseigneur
le Dauphin, exécuté par M, Coustou (1), le sculpteur
Etienne Gois, professeur de TÂcadémie de peinture
et sculpture, déclare, en parlant des œuvres de son
collègue :
« On y trouve toujours la correction et souvent la
fermeté et la grâce, heureusement liées ensemble;
mais c'est surtout dans sa belle composition du Mau-
solée de Monseigneur le Dauphin qu'il a déployé
toutes les ressources de son génie et de son talent.
Ce monument, fait pour honorer le siècle qui l'a
produit, offre les beautés de Tantique (2) et semble
de plus respirer un sentiment que l'on ne trouve
peut-être pas toujours, même dans les chefs-d'œuvre
des anciens. ^
Un siècle plus tard, un de nos critiques d'art les
plus écoutés, M. de Montaiglon, traduisait ainsi son
impression : a Le tout est de l'exécution la plus dé-
licate et d'une fraîcheur de conservation très remar-
quable; mais l'effet est un peu confus et d'un as-
pect mollasse et afTadi, surtout dans les plis des vê-
tements. Etant donné le goût qui, sans rien de
mâle ni de funéraire, est plutôt féminisé, rien de
plus doux, de plus blond, de plus jeune, déplus en
(!) Ribliothéquc nationale. Cabinet des Estampes, tome 40 de la collec-
tion Dcloynos.
(2) « Coustou, i;ardc de lu « Salle des Antiques du Hoi, » semble avoir été
inspiré ici (dans sa statue de Vlfifitien) por quelque réminiscence de rAnti>
nous, purifiée par un très délicat instinct dans l'expression d'une tristesse
qui est empreinte ici d'une exquise sérénité. » {ÏMtly Dilki:, op.cit., p. 2U.)
— 103 —
fleur, de plus caressé, que Texécution brillante et
polie de toutes ces chairs parfumées, et les têtes
des deux femmes sont en particulier tout à fait fines
et charmantes (1). i>
En résumé, quelles que soient les critiques de
détail, le tombeau du Dauphin est bien le chef-
d'œuvre d'un des meilleurs statuaires français, et
non sans fierté, nous transcrivons ici cette affirma-
tion du biographe de Coustou : « La cathédrale de
Sens lui doit de posséder l'un des plus beaux mo-
numents funéraires qui soient (2). -ù
1.1) Antiquités et Curiosités de Sens, p. 74.
(2) Lady Dilke. op. cit., p. 207.
CHAPITRE Vil
LES ANNIVERSAIRES
Ce n'était pas assez pour Louis XV, très impres-
sionné par le mort de son fils, de lui ériger un mo-
nument; il avait à cœur de lui assurer à perpé-
tuité les prières de l'Eglise. Son intention était de
faire, à Sens, pour le DaupUin, les mêmes fonda-
tions qu'il avait établies à Saint-Denis pour ses filles
Anne -Henriette et la duchesse de Parme Louise-
Elisabeth (1). Ainsi le déclarent ses lettres-patentes
(1) Os princesses jumelles étnienl les ninées <les cnfnnts de I^uis XV.
Nées le 2C noûl 1727, elles moururent, la première, en 1752; la deuxième,
qui avait épousé, en 1730, Philippe de Bourbon, duc de Parme, le 6 dé-
cembre 175t?.
— 105 —
du 25 juillet 1766 à l'évêque d'Orléans, Louis Sex-
tius de Jarente, et à Jean-Nicolas de Boullongne,
intendant des finances, ses fondés de pouvoirs.
En conséquence, le 12 juin 1767, Tévéque d'Or-
léans, chargé de la feuille des bénéfices et de la di-
rection génémle des Economats, et Jean-Nicolas
de Boullongne, chevalier, baron de Marigny-le-
Cbâtel, seigneur de Montereau-fault-Yonne et au-
tres lieux, conseiller d'Etat et intendant des finan-
ces, au nom du Roi, et MM. François -Eustache
Lesloré, prêtre -chanoine de TEglise primatiale et
métropolitaine de Sens, aumônier ordinaire de
S. A. R. le duc d'Orléans, demeurant à Paris, rue
Saint-Dominique, et Marc-Antoine Sallot Dupey-
roux, prêtre-chanoine de la même Eglise, demeu-
rant également à Paris, même rue, en l'hôtel du
cardinal de Luynes, au nom du Chapitre de Sens
et de fassentiment du Cardinal-Archevêque, pas-
saient, devant M" le Pot d'Auteuil et Goullet, no-
taires au Châtelet, un contrat aux termes duquel un
service solennel, à l'intention et pour le repos de
Vàme de Mu»" Louis, Dauphin de France, était
fondé dans l'Eglise de Sens, pour le 19 décembre
de chaque année, à perpétuité (1).
Ce contrat stipule que, la veille, le Chapitre
chantera solennellement vêpres et matines des
Morts ; que la messe sera célébrée par l'archevêque
ou, en son absence, par le doyen ou le délégué du
Chapitre, avec trois diacres et Irois sous-diacres, le
préchantre, assisté de deux choristes, deux acoly-
1) Archives de l'Yonne, dépôt de Sens, G 135, n* 88.
— 106 —
tes et âeux thuriféraires; que, après la messe, l'ab-
soute aura lieu à la représentation dressée au mi-
lieu du chœur. I^ luminaire comportera douze
cierges à l'autel, autant à la représentation, un à la
lampe, deux pour les acolytes et quatre pour les
flambeaux de l'élévation. Toutes les cloches seront
sonnées la veille, à midi et le soir; le jour du ser-
vice à 6 heures du matin, indépendamment des vo-
lées pour Tannoncc de chacun des offices, ainsi
que pendant la Prose et le Libéra (1). Pour subve-
nir aux frais de ces offices, le Roi fait don au Cha-
pitre d'une rente perpétuelle de mille livres.
Moyennant quoi, le Chapitre sera tenu de fournir
tout ce qui sera nécessaire, comme d'entretenir et
renouveler au besoin de ses deniers les ornements
fournis par la Couronne pour la première fois, no-
tamment le poêle noir, avec le dais aux armes de
M9r le Dauphin (2).
(1) Le Cérémonial de l'Eglise de Sens, publié en 1789 pur le cardinal
DE Li'TNBS. consacre un chnpiire spi^cin) (p. 603-696) aux cërêmoilles obser-
vées aux anniversoires du Dauphin et delà Dnuphine.
(2) Un inventaire fait en 1776 décrit ainsi les ornements qui servaient
aux anniversaires du Douphin et de la Dauphine :
Item quatre pentes de velours noir liordées d*un galon d'argent et do
franges aussi d'argent de la hauteur de 3 |)ouces, enrichies des écussons
brodés en or oux armes de feu M. le Dauphin, servant au dais que l'on met
à la représentation le jour de son obit;
Item quatre autres pentes aussi de velours noir, bordées d'un Xnrgc ga-
lon d'argent et d'une frange haute de cinq pouces aussi d'nrgenl. enri-
chies des écussons brodés en or aux armes de feue Madame la Dauphine,
servontA sonoliit;
Item un ciel de dais de velours noir tout uni, monté sur châssis;
Item un devant d'autel de velours noir, croix et montonts de moire d'ar-
gent, garni d'un galon d'argent avec les écussons aux armes de Monsei-
gneur le Pnuphin, semblables à ceux du dais;
l'n réiuble d'autel de velours noir dont les montants et In croix sont de
— 107 -
Après la mort de la Dauphine, le Roi, par lellres-
patentes du 25 janvier 1768, ordonna la fondation
d'un service semblable à celui du Dauphin, qui se-
rait célébré, chaque année, le 13 mars. Le contrat
en fut passé, dans des conditions identiques et par
les mêmes délégués du Roi et du Chapitre, le
5 mai 1768, devant M~ le Pot d'Auteuil et Goulet,
notaires à Paris (1).
Le Chapitre n'avait pas attendu le contrat de fon-
dation pour célébrer les anniversaires. Le 19 dé-
cembre 1766, il avait fait un service pour le Dau-
moire d'argent ; ledit retable enrichi de quatre écussons magnifiquement
brodés en or aux armes de feu M*' le Daupliin ;
llem neuf chapes de velours noir, orfroy et chaperon de moire d'ar-
gent; à chacune un petit écusson brodé en or aux armes comme dessus,
dont une doublée de taffetas. Galon d'argent.
Item une chasuble aussi de velours noir, avec ses elole, manipule, voile
et bourse, pareille aux chapes cy-dessus. enrichie de deux petits écussons
brodés comme dessus.
Item six tuniques pareilles aux ornemens cy-dessus, avec leurs collets,
dont deux seulement ont leurs étolc et manipule.
(1) Archives de l'Yonne, dépôt de 2'ens. G 135, n* 93. La Jouissance de la
rente, pour la fondation du Dauphin, devait partir du 1" Juillet 1766. Une
erreur aj-ant été commise par Tadministralion des finances, qui avait payé
l'année 1766 entière, le chambrier du Chapitre dut rendre 500 livres aux
intendants des finances.
1^ même erreur se reproduisit pour la fondation de l'anniversaire de la
Dauphlne. 1^ chanoine chambrier. Jean-François Lebeau. a écrit, à ce
sujet, en mai^e de son Journal de Receptes : « M. Lestoré devoit rendre pa-
reille M>mme sur celuy de M"* la Dauphine. Le Roy a consenti que ces
:i« livres fussent employées à faire peindre le prince et la princesse pour
les placer dans notre Chapitre. »
Xai retrouvé, en effet, une quittance de la somme de 493 livres 4 sols 6 de-
niers, donnée, le lô avril 1768. à M. Lestoré, fondé de procuration du Cha-
pitre, par M. Savaicte de Magnanville, garde du trésor, pour restitution de
leieédent des fonds faits pour la fondation.
tn billet, joint à cette quittance, est ainsi libellé : « Je reconnois avoir
reçu de Monsieur Tabbé I^estoré la somme de cinq cents livres pour les
— 108 —
phin. Dès lors, chaque année, les cén'monies funè-
bres seront accomplies fidèlement.
Notons-en seulement, d*après les registres capi-
tulaires, la date et les particularités :
1767. — 20 décembre, anniversaire du Dauphin.
Le cardinal officie. Oraison funèbre par le Père Eli-
zée, carme (1).
1768. — Samedi 12 mars, premier anniversaire
de la Dauphine. Les corps laies sont invités.
Lundi 19 décembre, service pour le Dauphin. I^
doyen officie en Tabsence du Cardinal.
1769. — Lundi 13 mars, service de la Dau-
phine (2).
Mardi 19 décembre, semce du Dauphin.
1770. — Lundi 12 mars, service de la Dauphine.
Le doyen officie. — Mercredi 19 décembre, service
du Dauphin; officiant, le Cardinal.
portraits que J'ay fait <le Monseigneur le Dauphin et de M" la Dauphine
pour le Chapitre de Sens. A f^ris, le 29JuiUet 1774. Fbbdou. »
Os deux portraits sont conservés au trésor de la Métropole (n** 2SS, 299 du
catalogue). Sur le cartouclie surmontant le cadre ovale, on lit : Donné par
le roi Lotii» XV au Chapitre de Senn, en 1775. Et derrière la toile, une inscrip-
tion terminée par ces mots : Fkikt paii Fredou.
(les deux portraits ne sont vraisemblablement que des copies exécutées
par Fredou. Nous n'avons pu retrouver l'original du portrait du Dauphin.
Pour celui dn la Dauphine. il reproduit exactement un portrait conservé
A la préfecture d'Agcn, provenant du chAteau d'Aiguillon et attribue à
Nattier. (Voir Marie.-Josèphe de Saxe et seg peintres, par G. Stryienski. (Ga-
zette dei Beaux'Artn, septembre 1902, p. 230.)
(1) Alnmnach de Sens pour 1768, p. 87.
(2) Domini stntuerunl adofncium divinum solemnisanniversarii D. Del-
phlnac quod die luna' proximo* celebrabunt, stalim post Laudes, Primnni
dicprc, Tertinm liorA 8 1/2, postea Sextnm, Nonam et Missam chori. Deci-
m A horA ca m panas ad capitulum vocare ad exordiendas commendat in-
nés deciniA horA cum mcdiA; dein Missi'i decantatA et Libero. Vesperas
dicerc; in futuruni idem licri. (Heg. capilulaire. Arch. de l'Yonne. G 681.)
- 109 —
1771. — Mardi 12 mars. Orficiant, le doyen.
Jeudi 19 décembre. Officiant, le Cardinal.
1772. — Vendredi 13 mars et samedi 19 décem-
bre. Officiant, le Cardinal.
1773. — Vendredi 12 mars. Officiant, le doyen.
Lundi 20 décembre. Officiant, le Cardinal; assis-
tants : comte du Muy, marquis de Rochechouart,
comtes de Tavannes, de Talleyrand et du Roure,
menins du Dauphin, et marquise de Rochechouart.
^Affiches de Sens, 1773, p. 110.)
1774. — 12 mars. Officiant, M. de Bullioud,
doyen.
20 décembre. (Cette date a été autorisée spécia-
lement par le Roi sur le désir du comte du Muy,
devenu ministre de la guerre.) Ofliciant, M. de Bul-
lioud, doyen, le Cardinal étant à Rome.
Assistants : le prince Xavier, comte de Lusace,
frère de la Dauphine; comte du Muy, ministre de
la guerre; vicomte de Choiseul, comte du Chate-
lel, marquis de Tavannes, comtes de Talleyrand,
du Roure et de Choiseul, ex-menins du Dauphin.
Le duc de Luynes, colonel du régiment de dra-
gons, en garnison à Joigny et Villeneuve-le-Roi,
lequel régiment est venu à Sens pour la circon-
stance et fut passé en revue par le ministre de la
guerre, comte du Muy, avant le service. (Affiches de
Sens du 25 décembre 1774.)
1775. — 13 mars. Officiant, M. de Bullioud, doyen.
19 décembre. Officiant, le Cardinal. Assistants :
comte du Chatelet, marquis de Rochechouart,
duc de Montmorency; comte de Choiseul, vicomte
— 110 —
de Choiseul, et les comtes du Roure et de Talley-
rand, menins du Dauphin. Un détachement du ré-
giment Mestre de camp Royal-Dragons, fait la haie.
1776. — 12 mars. Service de la Dauphine.
19 décembre. Officiant, le Cardinal. Assistants :
comte du Chatelet, duc de Montmorency et comte
de Talleyrand, menins. L'escadron du régiment de
la Reine-Dragons fait la haie.
1777. — 12 mars. Assiste un détachement du ré-
giment de la Reine-Dragons.
19 décembre. Officiant, le Cardinal. Assistants :
duc du Chatelet, duc de Montmorency et comte de
Talleyrand, menins.
1778. — 12 mars. Service de la Dauphine.
19 décembre. Officiant, M. de Champbertrand,
doyen. Assistants : duc du Chatelet et comte de
Talleyrand, menins.
1779. — 12 mars. Officiant, M. de Champber-
trand, doyen.
20 décembre. Officiant, M. de Champbertrand,
doyen. Assistants : dut: de Chatelet et comte de
Talleyrand.
1780. — 19 décembre, service du Dauphin. Offi-
ciant, le Cardinal. Assistants : duc du Chatelet, duc
de Montmorency et comte de Talleyrand.
1781. — 12 mars, officiant : M. de Champbertrand,
doyen.
17 décembre, assistants : duc du Chatelet, comte
de Talleyrand.
1782. — 12 mars, officiant : M. de Vaudricourt,
chanoine, en Tabsence du doyen.
— 111 —
19 décembre, officiant : M. de Champberlrand,
doyen. — Assistant l'duc du Chatelet.
1783. — 13 mars, officiant : M. de Champber-
trand, doyen.
19 mars, officiant : M. de Champbertrand. — As-
sistants : duc du Chatelet et comte de Talleyrand.
1784. — 12 mars, service de la Dauphine.
20 décembre, assistants : duc du Chatelet et comte
de Talleyrand.
1785. 12 mars, service de la Dauphine.
19 décembre, assistants : duc du Chatelet et comte
de Talleyrand.
1786. — Lundi 13 mars, officiant : M. de Champ-
bertrand, doyen.
19 décembre, assistants : duc du Chatelet et comte
de Talleyrand.
1787. - - 12 mars, officiant : M. de Champber-
trand, doyen.
19 décembre, assistant : le comte de Talleyrand,
seul.
1788. — 12 mars, officiant : M. de Chambertrand,
doyen.
Au milieu des troubles et des préoccupations si
graves du pays, la célébration des anniversaires,
en 1789, passa inaperçue. Bientôt les iniques décrets
sur la Constitution civile vinrent jeter Talarme, en
attendant la ruine, dans le pays. En en faisant part
à ses collègues du Chapitre, le 23 novembre 1790,
le doyen, M. de Champbertrand, les invitait à si-
gner une déclaration dans laquelle ils affirmeraient
leurs sentiments. A cette heure douloureuse, les
— 112 —
chanoines curent à cœur de faire cette protesta-
tion :
« Nous n'oublierons jamais que la dépouille
mortelle de Louis, Dauphin de F'rance, et celle de
sa vertueuse Epouse reposent dans le sanctuaire de
celle église; que la garde honorable de ce dépôt pré-
cieux à la Nation nous fut confiée par Louis XV;
qu'il nous chargea d'acquitter, les 19 décembre et
12 mars de chaque année, un service solennel pour
le repos de leurs âmes. Si nous sommes réduits à
Timpossibililé de remplir un devoir qui fut toujours
^cré pour nous, désirant donner au meilleur des
Rois un témoignage de fidélité, de respect, d'amour
et de reconnaissance, nous prenons rengagement
de célébrer, ces mêmes jours, le saint sacrifice de
la messe pour ses augustes Auteurs, et d'assister à
leurs services, si les circonstances le permettent. «
Le lendemain, les agents de la Révolution ve-
naient brutalement signifier la suppi*ession du Cha-
pitre.
Un mois après, le 20 décembre 1790, le service du
Dauphin fut encore célébré. Le coadjuteur, Pierre-
Martial de Loménie y officia, entouré des curés de la
ville et du séminaire. Les chanoines, fidèles à leur
engagement, se réunirent et assistèrent à la cérémo-
nie, groupés dans la chapelle de Notre-Danie-dc-
Lorette (actuellement dédiée au Sacré-Cœur), où
reposaient les cendres du cardinal de Luynes.
VX.IfeTK ARCHKOLOGiqpB DE SEMS.
T, xxn, PL. XII, p. 113.
LE DAUPHIN & LA DAUPHINE
Camée par Jacques Guay
(Cabinet de% Médaittet.)
LES JOURS MAUVAIS
CHAPITRE VIII
VANDALISME ET PROFANATIONS RÉVOLUTIONNAIRES
Depuis deux ans, les solennités des anniversaires
avaient cessé. Devant la persécution, de jour en
jour plus menaçante et sanglante, les survivants du
clergé sénonais s*étaient dispersés. L'ex-cardinal de
l^ménie de Brienne, un moment bercé de Tillu-
sion de trouver dans sa popularité un abri sûr,
avait déserté son palais et sa cathédrale et, sus-
pect, il cherchait à se faire oublier dans sa retraite
de Saînt-Pierre-le-Vif.
On était déjà aux jours les plus sombres de la
Terreur, et le mausolée du père de Louis XVI était
toujours debout, au milieu du sanctuaire mainte-
nant désert et silencieux.
Les mutilations et le pillage officiels, accomplis
au mois de juin 1792, pour Tenlèvement des in-
scriptions et ëpitaphes de métal envoyées à la Mon-
naie, étaient un dangereux exemple.
Le 3 septembre 1792, pendant une réunion pu-
8
— 114 —
blique tenue dans la basilique profanée, pour Télec-
tion des députés à la Convention, un groupe de
forcenés avait failli briser et anéantir ce c monu-
ment du despotisme. » 11 avait fallu rintervention
énergique du maire, Ménestrier, pour calmer leur
fureur (1).
(1) Grégoire a\*ait, dans son discours, fnit allusion a ce qui s'était |>assé
à Sens :
c 11 y a dix-huit mois qu'à Sens on avoit pris un arrêté qui détruisoit les
chartes. Déjà l'on en avoit envoyé des tonnes. Le citoyen Laire, zélé pour
la gloire des arts, fit défoncer les tonnes; il y trouva des fragments de la
célèbre chronique de Vézelay, dont à Sens on possède le seul manuscrit
peut-être qui a ser\'i à l)acher>' et qui est imparfait.
< L'armée révolutionnaire et quelques êtres dignes d'y figurer, ont en-
core détruit à Sens le beau monument du chancelier Duprat; des statues
colossales et une foule d'autres statues, avec des bas-reliefs au portail de
la cathédrale, qui retraçoient une histoire suivie du grand œuvre des al-
chimistes, tel qu'on le concevoit dans les xiir et xiv* siècles. »
I^ Père Laire, bibliothécaire du district de Sens, dans une lettre du 29 fri-
maire an III (19 décembre 1794), rectifie quelques-unes des affirmations
du conventionnel :
< J'ai lu avec satisfaction votre troisième rapport sur le vandalisme ot
j'ai été touché sensiblement de la perte des monumensdont vous donnez
des détails affiigeants... Mais je ne peux vous déguiser que j'ai été exlrt>-
mcmcnt touché d'y voir altérer un fait dont je vous avois donné un détail
abrégé cl dont la vérité et les circonstances ont été altérées par les copis-
tes dans les bureaux. J'y lis ces mots : < Il y a dix-huit mois qu'd Sens (il
falloit lire : à Auxerre) on avoit pris un arrêté (ce n'étoit pasle district mais
le déparloment, par son arrêté du 8 janvier 1793 v. s.) qui détruisoit les
chartes (qui aurolt pu les délruirc). Déjà l'on en avoit envoyé des tonnes (à
Auxerre, et ces tonnes venoient du district d'Avollon, bien éloigné de Sens).
Le citoyen I^irc y trouva des fragmens do la célèbre chronique de Véxc-
lay, dont à Sens on possède le seul manuscrit peut-être qui a servi à l>a-
cher>' et qui est imparfait. » (Mais cette imperfection est ancienne, puiscfue
du temps même de Dachcry, elle se trouvoit déjà dans le manuscrit.
(■f^iiiîiir i] <sl prouvé par l'imprimé de ce bénédictin.)
« .ïr i\uii> ma LrtitE)ignagc tt la vérité et à la justice, tant à l'égard du district
de S*m^ quL- tU' In municipalité. Ces deux administrations ont employé de
concert loits irs moyens qui, dans ces temps malheureux, leur rcstoicnt
|Mtir s*o|ïposc^r nux incursions des barbares et des vandalistes. Plusieurs
i.
— 115 —
Lorsque, vers la fin de 1792, émue par le vigou-
reux réquisitoire prononcé, contre le vandalisme, par
l'abbé Grégoire, la Convention chargea la Commis-
sion des Monuments de veiller à la « conservation
des objets qui peuvent intéresser essentiellement les
arts, » d'irréparables désastres étaient consommés.
Cette mesure toutefois sauva le monument du
Dauphin. Elle permit d'oublier son origine et son
caractère si compromettants, et de n y plus voir
qu'une pièce précieuse de musée : le chef-d'œuvre
deCoustou.
Le 21 avril 1793, la municipalité sénonaise déci-
dait :
Le citoyen Perrio, oflicier municipal, visitera, avec Per-
son, artiste, tous les lieux où Ton peut présumer qu'il existe
des (races de féodalité et donnera des ordres nécessaires
pour qu'elles soient enlevées ; mais le décret de la Conven-
tion relatif à la conservation des monuments des arts sera
affiché partout où besoin sera. {Arrêtés municipaux, t. IV,
f" 239.)
Le 4 mai 1793, les représentants Turreau et Gar-
nier, en mission à Sens, réunissaient, dans la salle
des séances du district, les corps administratifs et
judiciaires et, avant toute autre affaire, se préoccu-
paient de faire disparaître le mausolée.
même, en imposant leurs corps d ces scélérats, sont parvenus à sauver les bas-
niitfs da mausolée de Duprat et le mausolée du ci-devant Dauphin,
« Faites disparaîlre, je vous prie, les traces de cet odieux soupçon. Dans
«es circonstances désastreuses, ne pas coopérer au mal éloit une vertu, et
i \ opposer un héroïsme.
< Salut et fraternité. » (Signé : ) Laire.
(Affiches de SenM, an III, n' 12, 30 nivôse,)
— 116 —
Sur In représentation de plusieurs citoyens qu'il existe
dans le chœur de Téglise Saint-Etienne de Sens le mausolée
d'un ci-devant Dauphin de France et qu'il est urgent de
faire disparaître ce monument de la vanité des tyrans;
Les Commissaires de la Convention Nationale, représen-
tans du peuple, arrêtent que, dans le plus bref délai, et
sous la surveillance immédiate de l'Administration du Dis-
trict, le mausolée dont il s'agit sera enlevé, à la diligence
de la municipalité de laditte ville, qui demeure authoriséc
à faire la dépense que nécessitera ledit enlèvement, et même
à demander à la Convention Nationale, soit une avance de
deniers, soit un acompte sur le seizième qui lui revient
dans la vente des domaines nationaux à elle aliénés, s'en-
gageant h cet égard lesdits représentants du peuple d'ap-
puyer cette demande auprès de la Convention Nationale,
sauf à laditte municipalité à rendre aux administrateurs de
département et de district un compte de l'emploi des dittes
avances pécuniaires. [Archives de VYonne, L. II, 95.)
Malgré cette décision formelle, et sans doute
parce que personne n'osait assumer la charge péril-
leuse d enlever un tel monument au risque de le
détériorer, plusieurs mois se passèrent sans que fût
tentée Topéralion.
Mais, le 4 août 1793, le conseil général de la com-
mune, appelé à statuer sur le sort du mausolée,
prenait une délibération dont nous transcrivons
religieusement Torlhographe quelque peu révolu-
tionnaire :
Le citoyen maire a dit qu aux termes du décret de la Con
vention nationale qui proscrit tous les monuments roj'a-
listes et fédéraliste, et qui ordonne qu'ils seront enlevés,
tant dans les temples que lieux publics où ils pourroient
être placés, il croyoit nécessaire que le conseil général
prît une délibération par laquelle il statueroit sur l'enlève-
— 117 —
ment du mausolé placé sur la sépulture des cy devant
Dauphin et Dauphine de France, inhumés dans le cœur de
la paroisse cathédralle, et sur la manière dont se feroit cet
enlèvement.
La matière mise en délibération : le conseil a applaudi au
zèle du citoyen maire pour l'exécution des loix et décrets
de la Convention, et a arrêté 1» que le citoyen Pierson (1), ar-
tiste, seroit à l'instant invité à se rendre à l'assemblée...; et
le citoyen Person s'étant rendu à l'invitation du conseil, il
fut consulté sur cette entreprise, et aîant promis de sur-
.1) Pierre Person, originaire de Grandpré (Ardennes), élève du sculpteur
firidan, était venu se fixer à Sens au début de la Révolution et y avait un
cabinet d'architecte.
Ko 1794. il donne des * leçons de perspective, de la coupe des pierres et
des cinq ordres d'architecture, t dans Tccole gratuite de dessin fondée par
]«• marquis de Chainbonas et dirigée par le peintre Langlois.
11 est, dès cette époque, chargé des travaux d'entretien de la cathédrale.
Il reçoit la mission d'enlever divers objets d'art dans les abbayes de Vau-
luivint et de Sainte-Colombe et dans les églises vouées À la destruction par
la barbarie jacobine. Il s'efforça sans succès de sauver les précieuses ver-
rières de l'église Saint-Romain de Sens, exécutées par Jean Cousin. Il en
av.iit numéroté les panneaux qu'il fit déposer avec soin dans une chambre
du Chapitre. Il projetait de les replacer dans les fenêtres de la chai)elle de
:>ainte-<U>lonibe, h la cathédrale.
I^ 11 janvier 1792, la municipalité lui délivre « un mandat de 843 livres,
â compte sur 1143 livres qui lui sont ducs pour restant du prix du buste
de M. de Chambonas. voté par le conseil. > (Registre des arrêtés munici-
paux, t. III. f* 70.)
Le 20 mai 1792t 11 dépose un projet i>our la restauration de la pyramide
élevée sur l'autel de la patrie, moyennant 120 livres. Son projet est ap-
prouvé. (Ibidem, P 190.)
A la fin de cette même année il avait pu sauver le tombeau des Condé,
à Vallerj*.
En janvier 1794. invité par la municipalité à exécuter l'ordre du conven-
tionnel Maure, prescrivant la destruction des cloches des églises, il dépose
un rapport exposant que renlèvenient de l'un des deux bourdons, en com-
promettant l'équilibre du beffroi,' occasionnerait des accidents considéra-
bles, et il par\'ient ainsi à sauver les fameuses cloches sénonalses.
Le 2 août 1794, la commune adopte son plan pour un nouvel autel de la
patrie.
nés la réouverture des églises, le Bureau d'administration du culte ca-
— 118 —
veiller Texécution de cet enlèvement, il a prié le conseil
qu*il lui permît de choisir et faire venir de Paris des ou-
vriers marbriers qui puissent entreprendre de faire cet en-
lèvement ;
Le conseil a autorisé le citoyen Person à choisir tels ou-
vriers qui lui conviendroient, et à faire, dans le délais le
plus court, un plan nécessaire pour Texécution de Fenlèvc-
ment du susdit mauzolé, lequel plan il scroit prié de sou-
mettre au conseil qui lui-même le feroit passer à la Con-
vention en la priant d*autorizer le conseil à faire la dépence
nécessaire pour le déplacement.
Le conseil a invité aussi sur le champs le citoyen Person
à commencer sur le champs à ôter de dessus le mauzolc
tous les objets qui pourroicnt s'enlever, en attendant les ou-
vriers qu'il attend, et déposer tous les débris du mauzolé
dans le lieu cy-devant chapitre, ou dans tel autre qu'il con-
viendra, d'en recueillir avec soin tous les objets sans ex-
ception et de les placer avec les scrupuleuses attention et
précaution qu'il scroit possible, le conseil général s'en rap-
portant sur la prudence et la vigilance du citoyen Person.
{Archives communales de Sens, arrêtés municipaux, t. IV,
fo 361.)
Person se mit aussitôt à l'œuvre. Le 19 août, Cos-
sard et Mulot, délégués du Ministre de rintéricur
tholiquc do In cathf^drnlc. dans sa sôancc du 20 août 1795, autorise son tn«-
soricr ii se concerter avec Person, aroliitecte de la commune, « qui s*ctoit
pn'scnté à l*nssoml»lée g<^nérnle pour lui Taire les offres ics plus géné-
reux. » El le proctVvorbnl, h cet occasion, rend hommage en ces ternirs,
au dévouement de Person : « Ot nrcliitrcte, connu par les services qu'il
avoit rendus dans les premiers moments de la spoliation des églises, en en
préservant celle de Saint -Etienne, en ménageant et mettant, autant qu'il
pouvoit, a l'ahri beaucoup d'objets inléressjints. »
I^ .30 avril 1807, IVrson restitue à la Tabrique de la cathédrale <leux bas-
reliefs d'argent de Thomas (icrmain. prov«'nant do la chiVsse de S, I^iup
et deux autres ayant orné le socle de reliquaires (n** 170, 171 et 172 du tré-
sor), avec dix-huit fragments de bron/e doré provenant du mausolée.
Person mourut à Paris, xlgé de quatre-vingts ans, le 13 février 1830. (Affi-
cher, de Sens, du 28 février 1830.)
— 110 —
pour la conservation des objets d art, passent à
Sens, et, dans leur rapport, signalent ainsi le mau-
solée :
Dans le chœur de la cathédrale, nous avons remarqué
que l'on s occupoit à démonter le tombeau de marbre du ci-
devant Dauphin, ouvrage de Coustou fils. L'intention de la
manicipalitéy pour le soustraire aux malveillants, est de le
faire transporter provisoirement, avec soin et par un ar-
tiste, dans Tancien chapitre des ci devants chanoines. Le
vœu commun paraît être de le conserver à Sens (1).
Ce premier travail toutefois se bornait à Ten-
lèvement des accessoires. Pour les statues, Person
n osait opérer sans le concours des ouvriers spécia-
listes réclamés par lui. La municipalité, de son
côlé, malgré les promesses des commissaires de la
Convention, hésitait à engager une dépense dont
le remboursement ne lui paraissait pas suffisam-
ment garanti. De là sans doute l'idée préconisée
dans les délibérations suivantes :
Le 5« jour du 2*) mois de la l^e décade, l'an II (26 octobre
1793).
Sur la proposition d'un membre de présenter à la Con-
TeoUon les Mausolé de Louis, père de Louis Capet, et
du cardinal Duprat; sur quoi délibérant, ouy le citoyen Du-
four, officier municipal, faisant les fonctions de procureur
de la commune (2), le conseil général arrête que le citoyen
Dufour, oflicier municipal, sera député auprès de la Conven-
tion à reflet d'y faire bornage desdits Mauzollés au nom de
la commune de Sens, et de solliciter des secours à l'efTel de
par\'enir à payer les dépenses de laditte commune, et que
>1) Butl. de la Soc. des sciencex de V Yonne, t. XX, p. 4S.
2) Sur ce personnage, voir dans J. PEimiN, le Cardinal de Brienne, page
172 et suivantes.
— 120 —
le citoyen Maqui demeure chargé de rédiger cette adresse
au nom de la commune de Sens dont sera porteur ledit cit.
Dufour. (Archives communales de Sens, arrêtés municipaux,
t. V, ^ 23.)
Le lie jour du 2e mois de la 2e décade de l'an II d**»' no-
vembre 1793).
Un membre a annoncé au conseil général que le Mauzo-
léc déposé dans l'église cathédrale de Sens étoit entière-
ment démoli ; que les différentes partie de ce monument
avoicnt été détachées avec le plus grand soin et qu'elles
pouvoient offrir aux jeunes artistes de précieux modèles,
sans porter avec elles les emblèmes que Ton a voulu dé-
truire; il a demandé que Ton en fit l'offrande à la Nation et
que la Convention fût priée de faire rassembler dans le ma-
gazin national toutes les parties détachées de ce monu-
ment.
La matière mise en délibération et le substitut du procu-
reur de la commune entendu, le conseil arrête, à Tunanimité
et aux applaudissements des citoyens présents, que le mau-
zolée élevé dans la cathédrale de Sens seroit offert à la Na-
tion et que la Convention nationale seroit priée d'en faire
transporter les différentes parties au Magazin National.
Arrête en outre qu'il sera à cet effet adressé une pétition
à la Convention Nationale, et que le cytoyen Dufour, offi -
cicr municipal, sera chargé de la présenter.
Un membre a ensuitte soumis au conseil le projet de cette
pétition conçue en ces termes :
« Citoyens représentans du peuple,
< Un monument élevé par la plus basse adulation à Tor-
gueil de nos tyrans reposoit dans l'église cathédrale de Sens.
Ce reste impur de leur honteuse magnificence conlrastoit
avec les principes sacrés de notre Constitution et sembloit
accuser de faiblesse les véritables républicains : tout ce
qui peut retracer à leurs yeux les prodigalités d'une coiir
abreuvée du plus pur sang du peuple doit rentrer dans le
néant et, si la Nation ouvre les portes de l'Immortalité aux
— 121 —
grands hommes qui ont servi notre Révolution, elle doit ré-
duire dans la plus vile abjection tout ce qui peut lui i*ap-
peller le souvenir de ses anciens tyrans. Elle recueille ac-
tuellement, avec un respect mêlé de reconnaissance, les
cendres des vertueux philosophes dont la vie fut entière-
ment consacré aux soins pénibles et dangereux d'éclairer le
peuple sur ses droits; elle doit également disperser avec
le dédain du mépris ces vils dépôts que les crimes ont as-
suré et que la vertu n'a cessé de désavouer.
c Représentans du peuple, la commune de Sens n'a put
souffrir davantage la présence d'un mausolée injurieux au
peuple et à l'égalité. Elle en a fait décomposer toutes les
parties avec soin, et les figures détachées ne peuvent plus
offrir les odieux emblèmes qui ont trop longtemps souillé
ses yeux. Elle en fait l'offrande à la Nation ; elle demande,
en outre, que les différentes parties de ce monument, chef-
d'œuvre de Coustou fils, soient rassemblés dans le Muséum
national. C'est là, qu'après avoir été témoins ostensibles de
lavilissement de la Nation et de l'orgueil de ses oppres-
seurs, elles attesteront à la postérité la haine des Sénonais
pour les Rois et leur amour pour la République (1). »
Lecture faite de cette pétition, le conseil déclare l'ap-
prouver en son entier.
lit Os déclamations ne traduisaient guère, comme bien on pense, les
seutiroenis plutôt pacifiques et débonnaires de la population et de la mu-
nidpalité. Pour connaître l'état d'âme des Sénoiiais sous un régime qui
auiit envoyé trente-deux de leurs concitoyens à Téchafaud. il faut lire les
<lt libérations du conseil de la commune lorsqu'après thermidor, délivré
de la t>'ninnie du comité révolutionnaire devant lequel il avait trop long-
temps tremblé, il peut enfin s'exprimer librement.
11 faut l'enlendre s'élever contre « les cannibales qui composaient l'infAme
tribunal révolutionnaire. » (Heg. V/, fol. 53.)
Il l^ut relire 5on adresse à la Convention pour In mise en lilierté de la
'\\> de Louis XVl : « lx)rsqu'une faction impie étoit iwirvenne à asservir la
'rprrst'ntsilion nationale, la terreur et la mort plaiioient sur la surface de la
France efiliêre; lliommc de bien devenu suspect étoit appelé contre-révo-
{.«joanairc. aussitôt incarcéré, puis subitement conspirateur : telle étoit
Il marche rapide qui conduisoit à 1 echafaud. » (Heg. VI, fol. 74, 8 mcssi-
•Hr an m.)
— 122 —
Sur Tobservation faite immédiatement par un autre mem-
bre que les frais de construction du Mauzollée ctoient con-
sidérables, en raison de ce que l'on avoit été obligé d'appe-
ler des artistes de Paris pour décomposer les parties de
manière à ne point les endommager; qu*il étoit impossible
d'acquitter cette dépense des deniers de la commune qui
éprouve dans ce moment les plus pressans besoins.
Le conseil général arrête que le citoyen Dufonr demeure
également chargé de réclamer auprès de la Convention Na-
tionale des secours pour subvenir aux dépenses de décoo-
stnictions du Manzolée, aux autres besoins pressans de la
commune, etc. t Ibidem, (•79,)
Malgré toute la diligence du citoyen Dufour et le
lyrisme de son éloquence sans -culotte, Toffre,
— nous devons nous en féliciter, - ne fut heureu-
sement pas acceptée. Quant au paiement des frais,
la commune, le district et le département s'en dé-
sintéressent à Tenri.
I^ 8 mars 1794, le district :
Renvoie au Ministre de llniérienr. pour être examiné par
des gens de Tari, le mémoire de Person, artiste, qui a dé-
monté le monument des Dauphins, s'êlevant à 4072 livres,
et celui de 1 jûO 13 sols pour avoir enlevé les épitaphes.
armoiries. tomt>es et tombeaux dans la cathédrale.
Le Directoire du district estime qc il j a lieu par le Minis-
tre de 1 latêrieur à ordoncaaacer ledit mémoire sur leTré-
v?r pzîblic j^înrs lavi-ir prt-jl:ible3ieal (ait Térifier par les
jtens de Fart qui se.-^nt à cet effet commis, n'en ajant aucun
s^ les ::e=i A':r •'ï /< TV, r<. L II. S<. f 98 )
F^iire iS; a:\iirv le m-^n-nT^nî, cv n'était pasassex.
Lt> ni-.rrjrsj^vv L Ir.-^. ci ^r.t I âuJ^-ci: croîvsail à me-
>j-\: % --r >\:T-.m:! 1 w-t.ritr. fjiNàitrnl la loi dans la
— 123 —
cité terrorisée : ils exigeaient une satisfaction plus
complète.
L'exemple d'en haut ne les y encourageait-il pas?
A Saint-Denis, le vandalisme révolutionnaire avait
brisé cinquante et un monuments, a En trois jours,
a écrit le religieux témoin de ce désastre, on a
anéanti l'ouvrage de douze siècles (1) I » Et, après
avoir déblayé le sol de la nécropole royale, on en
avait ouvert les caveaux, brisé les cercueils, profané
les cadavres et traîné les ossements à la fosse com-
mune (2). Pendant trois mois, cette horrible besogne
s'était poursuivie méthodiquement, sous une direc-
tion oflicielle. Preuve nouvelle et tristement élo-
quente que tout sentiment humain disparaît fatale-
ment lorsque s'oblitère le sentiment religieux!
Les émules sénonais des terroristes parisiens pou-
vaient-ils tolérer plus longtemps le droit des morts
à la paix du tombeau? Puisque la municipalité,
pourtant bien asservie, n'osait assumer l'odieux de
violer des tombeaux et d'outrager des cadavres, la
>It Chateaubriand a publié, dans les notes et éclaircissements du Génie
«/u Christianisme, la relation d'un religieux de Tabbayede Saint-Denis, té-
moin oculaire de ces profanations.
2) Extrait du récit du religieux de Saint-Denis : « Mardi 15 octobre 1793.
on a aussi reUré du caveau des Bourbons les cœurs de Louis, dauphin,
tiUdeliOuis XV..., et de Maric-Josêphe de Saxe, son épouse. Leurs corps
jxaicnt été enterrés dans l'église cathédrale de Sens, ainsi qu'ils l'avaient
drnmndé. Le plomb, en figure de cœur, a été mis de côté, et ce qu'il con-
vmiit a été porté au cimetière et Jeté dans la fosse commune avec tous les
f3<lavres des Bourbons. I^s cœurs des Bourbons étaient recouverts d'au-
tfTsde vermeil ou argent doré et surmontés chacun d'une couronne aussi
d'argent doré. L.<?s cœurs d'argent et leurs couronnes ont été déposés à la
municipalité, cl le plomb a été remis aux commissaires aux plombs, v
— 124 —
Société révolutionnaire, affranchie de tout scrupule,
en prit rinitiative.
Voici, en effet, Tunique mention de l'événement
insérée au registre des délibérations de la Com-
mune :
Séance du 5 germinal an II {25 mars ÎIH)
Plusieurs commissaires nommés par la Société révolution-
naire à l'efTet d'exhumer les corps des cy devant Dauphin,
Dauphine, de Luynes et de Muids, ont dépozé sur le bureau,
présence du conseil général assemblé, plusieurs plaques,
dont une d'argent, et trois chatons, dont deux rouge et une
verte, lesquels ont été remis es mains du citoyen greffier, à
titre de dépôt, pour être représenté lorsqu'il a sera requis.
Le conseil arrêtant que le tout sera envoyé à la Convention
par une adresse, ainsi que les croix cy devants ditte S^ Louis,
dépozées pareillement au greffe de cette commune (1).
C'est le 22 et le 23 mars 1791 que les jacobins sé-
nonais purent enfin assouvir leur haine sur les cada-
vres du Dauphin et de la Dauphine auxquels ils as-
socièrent leurs deux amis fidèles, le cardinal de
Luynes et le maréchal du Muy.
Aucun récit de ces scènes lamentables ne nous est
parvenu. Seules les allusions du Journal politique et
littéraire du département de V Yonne nous en font de-
viner rhorreur.
Dans un article intitulé Mon Songe, une ombre
conduit lautcur devant la cathédrale, et là elle lui
dit:
Un couple vertueux, rare modèle de l'union conjugale;
un sage vénéré dans les camps et au milieu des cours ; des
pontifes, hommes d'Etat, vénérables par leurs lumières,
(t) Sens, Archives commun. (Ilogi si rodes arrét<^s delà nuiirle, t. V. f- IM>.
— 125 —
leur éloquence et leur humanité, y rcposoicnt dans la nuit
du tombeau.
Mais qu'importent aux hommes féroces, les vertus, les lu-
mières et les services rendus à la patrie? Leurs monuments
ont été brisés, leurs tombeaux ont été profanés, et leurs restes,
froids et inanimés (ô honte de F humanité et des mœurs!) ont
elè exposés nuds à la brutale curiosité d'une multitude enyvrée
de fureur et de licence (1). (N» du 20 mars 1797.)
Et ailleurs, à propos du passage de Tambassadeur
turc et de sa visite au mausolée du Dauphin :
On dit qu'elle (la municipalité; ne s*est pas empressée
d instruire Tambassadeur que les corps de ce Prince et de
son Epouse, avaient été extraits de leurs tombeaux et indi-
gnement traînés à travers les rues de Sens par les patriotes,
frères et amis. (N« du 13 juillet 1797.)
Enfin, la déposition de rarchitecte Person, en
1814, nous révèle ces détails :
Les 22 et 23 mars 1794, Mif le Dauphin et Madame la Dau-
phine ont été exhumés de la cathédrale de Sens et transférés
dans le cimetière de l'Hôtel-Dieu...; ils ont été mis dans la
même fosse après avoir été extraits des cercueils de plomb
dans lesquels ils reposaient; Ms^ le Dauphin a été descendu
le premier dans la fosse, et Madame la Dauphine la dernière,
dans un sens inverse, les têtes au nord..., le bras gauche de
Mi-rle Dauphin replié sur le corps de Madame la Dauphine...
1) Ces procédés inquaUfiables étaient alors d'un usage courant. Dans
vni récit des prolîinations de Saint-Denis, le religieux donne ces horribles
(IrLiils : « On n*a ouvert le cercueil de Louis XV que dans le cimetière, sur
'.V bord de la fosse. Le corps, retiré du cercueil de plomb, bien enveloppé
•le linges et de bandelettes, paraissait tout entier et bien conservé ; mais.
^fgagé de tout ce qui Venveloppait^ il n*oflrait pas la figure d'un cadavre ; tout
If corps tombail en putréfaction. » Les documents ofllciels l'attestent du
reslp : pendant toute la Terreur, les corps des victimes de la guillotine
••taient, avant d'être jetés dans la fosse, dépouillés de leurs derniers vête-
menLs.
— 126 —
La Convention elle-même entendit les échos de
cette journée. Le Moniteur a inséré cette mention
de la séance du 15 prairial an II (3 juin 1794) :
Une députation de la commune de Sens félicite la Conven-
tion nationale sur le décret par lequel elle a reconnu TEtre
Suprême et Timmortallté de Tâme, l'engage à rester à son
poste jusqu'à ce que la paix intérieure et extérieure soit ré-
tablie.
Elle témoigne aussi de sa sollicitude sur les attentats com-
mis contre Collot d'Herbois et Robespierre, et jure de ne
jamais séparer son sort de celui des représentants du peuple.
Enfin, elle annonce que les corps des père et mère de
Capet ont été exhumés du temple où ils étaient déposés, et
rappelés, après leur mort, à une égalité qu'ils n'avaient pu
connaître pendant leur vie ; elle présente les plaques qui
étaient sur les cercueils qui, converties en balles, serviront
a détruire nos ennemis; elle remet seize croix de différents
ordres et 2 mars 4 onces de galons d'or (1). [Moniteur, tome
XX, p. 640.)
fij Extrait du Registre des offrandes faites à la Convention
nationale
Du 15 prairial de l'an second (3 Juin 1701) de la république française, une
et indivisible.
Le citoyen Meure, de la commune de Sens, district de Sens, dépnrtcmrnl
de l'Yonne, a déposé sur le bureau de la Convention nationole. pour les
frais de la guerre, sept pkiqucs en cuivre et une plaque en argent, prove-
nant des cercueils des père et mère de Capet; plus une patène argent doré;
deux marcs quatre onces de galons et glands dorés; trois chatons, dont
deux rouges et un verd, montés en argent doré, provenant du tombeau de
feu de Luynes, archevêque de Sens; enfin, seize décorations militaires,
dont une grande de ci-devant Saint-Louis et une grande aussi de l'ordre
du Saint-Esprit.
Certifié conforme,
DVCHOISI,
receveur des dons patriotiques près la Conoentlon nationale.
(Sens, Archives communales. P. 29.)
Etat détaillé des objets (ibidem)
Nous, Jean-Baptiste Hunot et Jean-Cluude Josscy, officiers municipaux
— 127 -
Cest tout ce que nous avons pu recueillir sur
cette sinistre page d'histoire qu'on voudrait pouvoir
effacer de nos annales.
de la commune de Sens , nommés pour dresser l'état des croix déposées
à la municipalité de Sens, conformément au décret du 28 juillet dernier,
pour être, lesdltes croix ainsi que plusieurs autres effets, envoyés aux ci-
toyens Hérard. représentant du peuple, et Meure, olBcier municipal, qid
les remettront sur le bureau de la Convention nationale pour et au nom de
la commune de Sens.
1* Une croix de commandeur, déposée par Charles-Etienne Loménie,
cy-devant évéque de Sens.
2* Une croix de cy devant cordon rouge, déposée par la citoyenne Anne-
.Uexandrine Bernard, épouse du citoyen Testu Balincourt.
Croix de Saint-Louis déposées par :
3- Simon -Nicolas Gabriel, ancien capitaine de la garde parisienne, de-
meurant à Sens.
4* Renand Daleu. demeurant à Sens.
S- Citoyen Bullioud, —
C* — Treignac, —
?• — Biencourt, —
8* — Jussy, —
!h — Martineau, —
10- — Potrincourt, —
W — André-François Fortin, demeurant à Sens.
12* — Charles-Marie Nouette-Goudy. demeurant à Sens.
13" — Laurent-Innocent Maugé-Pramont. ^
14* — Hyacinte-Emangard Beau val, —
15« — Philippe-Christophe Garsement, dit Vauboulon. demeurant
à Sens.
16* » Biaise Pascal, demeurant à Sens.
Toutes lesquelles croix sont en or et émail.
17« Une plaque d'argent avec inscription, trouvée sur le cercueil de la
mère de Capet.
19* Deux grandes plaques de cuivre avec inscriptions, trouvées sur le
cercueil du père de Capet.
19" Une plaque de cuivre avec inscription, trouvée sur la boéte renfer-
mant les entrailles du père dudit Capet.
TÙ" Deux petites plaques en cuivre avec inscriptions, trouvées Tune sur
sur le cereueil et l'autre sur la boéte renfermant les entrailles de la mère
dadilt Capet.
21* Une plaque de cuivre trouvée sur le cercueil de Louis-Nicolas- Victor
Félix.
}
II
— las —
Quelques mois après ces événements, le sort du
mausolée était de nouveau mis en question.
Person avait renoncé à déposer les statues dans
le Chapitre. Cette salle communiquant directement
avec la cathédrale, ne lui paraissait pas assez sûre.
Il avait préféré la salle hassc de la maison de
l'Œuvre, voisine de la cathédrale mais isolée. Cet
asile cependant n'offrait pas une protection aussi
complète qu'il avait espéré. Le 17 novembre 1794,
le conseil du district .s'en émeut et donne au Père
Laire, bibliothécaire du district, mandat spécial
pour veiller à la conservation du précieux monu-
ment.
Sur la déclaration faite par un membre que lemausolc du
cy-devant Dauphin, qui existait autrefois dans le temple de
la raison de la commune de Sens, et qui aurait été transporté
dans un bâtiment voisin, était exposé à des dégradations
Journalières; que la main d*un des génies dudit monument
avait été même cassée, pourquoi il invite Tadministration à
prendre des mesures pour sa conservation qui intéresse les
beaux arts.
L'agent national entendu, le conseil général du district
22* Une plaque do cuivre avec inscription, trouvée sur le cercueil de
Paul d'Albert de LuyncH.
23' Une patène de calice, d'argent, vermeillée en dedans, déposcp en la
municipalité de Sens par la fabrique de Soucy h laquelle celle de Sens
l'uvoit prêté et qui n'a pas été insérée dans le dernier envoi de l'argenterie
fait ù la Monnoye.
24* Ht enfln 2 marcs 4 onces 4 gros de galons et glands d'argent doré <lt*-
posés en la municipalité de Sens par la citoyenne Bérulle, pour en fnire
hommage i\ la Nation.
25* Trois diamants enchâssés dans de l'argent vermeille et trouvés cinns
le cercueil de Paul d'Albert de Luyn(*s.
I-^* tout enfermé dans une boète ficelée et cachetée fut emporté par in di-
ligence le 8 ))rairial an II /28 mai 171)4 .
— 129 —
de Sens, nrrêlc qu'il nomme le citoyen Laire, bibliothécaire
de ce district, commissaire à Tefiet de se transporter dans
le local où est placé ledit monument, et faire pour sa con*
senalion tout ce qu'il croira convenable ; tous pouvoirs lui
sont donnés pour cet objet; il est autorisé même à faire
vuider les lieux par les personnes qui les occupent, et à
s'emparer des clefs du local où est le monument (1).
Toutes ces décisions restaient lettre morte devant
les menées du comité révolutionnaire, furieux de
n'avoir pu anéantir ces œuvres d'art.
Il fallait que son audace allât bien loin pour que
le maire Gaulthier eût le courage de proposer au
conseil communal la délibération suivante :
Ce jourd'hul 4 messidor an III*^ (22 juin 1795), 5 heures du
soir, le Conseil général de la commune de Sens en perma-
nence et assemblé au lieu ordinaire
Le citoyen-maire a dit que, sur la représentation à lui
faite qu'il se faisait continuellement des dégâts au superbe
mausolé qui avoit été enlevé de la cy devant cathédrale pour
être mis dans la maison ditte autrefois VŒuvre^ il étoit in-
stant de choisir un lieu plus convenable et le mettre à Tabri
de tout dégât; qu'en conséquence il proposoit la pétition
suivante :
c Les maire, officiers municipaux de la commune de Sens,
aux citoyens administrateurs du district de Sens.
ff La Terreur avoit forcé la Municipalité de faire disparaître
de la cy devant cathédrale le superbe mozolé que les cir-
constances des tems avoient élevé. Les malveillans qui ne
trouvoient de plaisir que dans la destruction des objets les
plus intéressans donnèrent à peine le tems à la municipalité
de se procurer un local commode et qui mît à Tabri ce chef
d'œuvre. La maison ditte autrefois « l'Œuvre » parut par sa
a)/Wrf. L. U 96. f-MS.
— 130 —
proximité, plus propre à recevoir ce précieux dépôt, où il
fut pour ainsi dire entassé. Malgré Tordre que la municipa-
lité avoit donné aux personnes qui demeurent dans ce lieu,
de surveiller ce dépôt, il s'est introduit à plusieurs fois des
gens qui se sont permis de mutiler plusieurs flgures. Hier
encore on a tenté de le détruire tout à fait.
< Le décret sur les arts met ce monument sur la surveil-
lance des autorités constituées; la municipalité sera la pre-
mière à le défendre.
a Pourquoi elle vous invite, citoyens administrateurs, de
vouloir bien prendre Tavis qu*elle vous donne en grande
considération et ordonner, attendu que le lieu où est déposé
tout ce qui compose le mozolé n'appartient plus à la Nation,
et que de jours à autres, il faudra le transporter ailleurs,
vous vouliez bien arrêter qu'il sera transféré dans une .des
chapelles de la cy devant cathédrale, que le citoyen Person
choisira pour placer ce dépôt. » f Arrêtés municipaux i. VI
/•« 72.;
Troisjours après, le conseil du district, saisi de la
pétition de la commune, décide à son tour :
La matière disculée et le Procureur syndic entendu, le
directoire du district de Sens : considérant que le mausolc
dit du Dauphin est un monument public qui intéresse les
arts; que le local où il est déposé est devenu une propriété
particulière; que les dégra|daJlions qu'il a souffertes et cel-
les auxquelles il est journellement exposé rendent indispen-
sables sa translation ailleurs; qu'aucun local ne convient
mieux à cet effet que la chapelle dite de S. Jcan^ dans la ci-
devant cathédrale ou tout autre que choisira le citoyen Per-
son, architecte cl sculpteur.
Considérant en outre que la translation susdite nécessi-
tera des dépenses qui devront être acquittées par le trésor
public et qu'aux termes de la loi du 8 germinal dernier, le
directoire du district ne peut délivrer de semblables ordon-
nances sans l'homologation du département :
— 131 —
Est d*avis qu'il y a lieu par le département d'arrêter ce qui
soit:
1» La municipalité de Sens est autorisée à faire transférer
le mausolée dit du Dauphin de la maison où il est actuelle-
ment dans une des chapelles de la ci-devant cathédrale, en
prenant à cet effet toutes les mesures de sûreté et d'écono-
mie qui conviennent;
2^ Les dépenses qui en résulteront seront acquittées sur
les mémoires des ouvriers, vérifiés par l'architecte qui diri-
gera les travaux, visés par la municipaUté et approuvés par
l'administration du district;
3» Il sera en conséquence délivré des ordonnances du
montant desdits mémoires à prendre chez le receveur du
district de Sens sur les fonds de l'Instruction publique. {Ar-
chives de r Yonne, L. I, 7 messidor III.)
Enfin, le 27 messidor (15 juillet) le district, en
présence d'une lettre du directeur de la commis-
sion des arts, l'invitant à veiller à la conservation
des monuments; d'une pétition nouvelle de Person
le priant « de protéger contre les ravages de la mal-
veillance et de l'ignorance les morceaux rares de
sculpture qu'il possède; ï» pressé par les instances
du citoyen Guyot, acquéreur de la maison de l'Œu-
vre, qui en réclame la libre et entière jouissance,
charge Person de procéder sans délai au transfère-
nient du monument dans une chapelle (ibid.).
L'opération fut menée promptement. Person
n'avait plus, cette fois, le concours de marbriers
parisiens. Mais sa sollicitude suppléait à l'inexpé-
rience de ses ouvriers. Il fit déposer les statues,
non pas dans la chapelle de Saint-Jean, — elles
eussent été trop en évidence dans cette partie de
l'édifice devenue le parc d'artillerie de la garde na-
- 1*32 —
tionalc (1), — mais dans la chapelle de Sainte-Co-
lombe. Il se garda bien de les rapprocher el de
recomposer le tombeau dont l'aspect n'aurait pas
manqué de réveiller lés fureurs inonoclastes des
jacobins du cru ; mais il les dressa isolées autour de
la chapelle.
Telle en était la disposition deux ans plus tard.
Racontant le passage à Sens de l'ambassadeur
turc Esseid-Ali-ElTendi et plaisantant l'embarras de
la municipalité jacobine, obligée d'accueillir hono-
rablement le représentant d'un tyran oriental, le
Journal politique et littéraire du département de
l'Yonne, du 13 juillet 1797, écrivait :
On dil que rambassadeur s'ctant rendu à la cathédrale, a
désiré voir le mausolée du Dauphin, père de Louis XVI.
On dit que la municipalité n'a pas été médiocrement em-
barrassée quand il a fallu se résoudre à lever les lambeaux
dune vieille tapisserie et à montrer les débris épars de ce
monument.
Ce retour à la cathédrale était le salut.
Toutefois labri choisi par Person avait un gra-
ve inconvénient. Le procés-verbal de visite de la
cathédrale faite, le 18 juillet 1797, par rarchitecte
Lepére et l'ingénieur Recoing, après avoir signalé la
voûte d'une chapelle de la nef prête à s'elTondrer,
(1) Dans le procès- vt'rl)ai de la première réunion des administrateurs
élus par les citoyens catholiques, réunion tenue le 19 août 1795 (la réou-
verture de l'église au culte avait eu lieu le 2Juillc(), on lit : « 11 a été ob-
servé qu'il étoil convenable de demander que les canons Aisscnt retirés <lc
la cha|)clln de S. Jean qui va redevenir nécessaire i>our les catéchismes
et où cet attirail figuroit mal. »
1
— 133 —
dépeint ainsi l'état de la chapelle de Sainte-Co-
lombe :
Nous en disons autant, à plus forte raison, de la chapelle
de Sainte-Colombe, qui est encore plus mauvaise et présente
de très grandes lézardes. On en remarque aussi à l*extérieur
dans les murs de cette chapelle, qui seraient déjà écroulés
depuis longtemps s'ils n'étaient assujettis à la charpente par
de forts liens de fer. On a déposé dans cette chapelle un mo-
nument précieux pour les arts. Lorsqu'il sera question de l'y
fixer définitivement, il sera peut-être prudent de faire une
nouvelle visite de l'état des murailles et de la voûte. Les pré-
cautions dont nous avons parlé garantissent cependant cette
chapelle d'une ruine subite et imprévue.
Il semble qu'à la faveur de la renaissance reli-
gieuse qui prépara le Concordat, le monument fut
à peu près reconstitué par la juxtaposition des sta-
tues. Cest du moins ce que paraissent indiquer les
mentions des divers inventaires dressés par les soins ,
de la fabrique :
Année 1801. Article dQ. Chapelle Sainte-Colombe.,., « une ar-
moire en chêne contenant les débris du mausolée. Le mau-
solée au milieu de la chapelle, b
Année 1802. La chapelle sert alors de sacristie. Elle est
fermée par c deux pièces de tapisserie. »
Année 1807. Chapelle Sainte-Colombe : c Le mausolée de
M?*^ le Dauphin et de Madame la Dauphine avec la grille qui
l'entourait et une caisse dans laquelle sont renfermés divers
ornements en dépendant. — Le modèle des bas-reliefs desti-
nés à la porte Dauphine. »
Année 1812. Texte identique.
chapitrp: IX
1814
§ P^ RESTAURATION DU MAUSOLÉE
Vingt années marquées de tant d'événements tra-
giques, n'avaient pas effacé le pénible et humiliant
souvenir des excès révolutionnaires. Plus d'une fois
la vue des débris du monument, jadis objet de la
fierté des Sénonais, avait éveillé la pensée de le
reconstituer. Et puis, les odieuses profanations de
1794 ne réclamaient-elles pas une réparation?
Mais les circonstances rendaient irréalisable ce
désir. Le gouvernement impérial n'eût pas manqué
de considérer comme une manifestation royaliste et
hostile ce qui pourtant n'eût été que Taccomplisse-
ment d'un devoir de piété, de justice et d'humanité.
Ce vœu n'en était pas moins au cœur des nom-
breux Sénonais restés fidèles aux traditions de leur
cité, car nous le voyons se manifester spontané-
ment dès le premier instant où il est possible de le
formuler librement.
L*^.
— 135 —
i Nous oserons même réclamer un jour votre présence
chérie pour notre ville fidèle, di^ aient, le 29 avril 1814, dans
leur adresse à M. le comte d'Artois, les délégués de la ville
de Sens (1). Elle aura à lui représenter les cendres de ses
augustes parents dont nous étions dépositaires, et que nous
avons su préserver de la tempête. Votre Altesse Royale
recevra ce monument consacré à leur mémoire, et elle fera
renaître cette touchante solennité, dans laquelle notre pro-
vince unissait, chaque année, ses regrets à ceux de la
famille royale, sur la perte de Monseigneur le Dauphin et
de Madame la Dauphine.
I Ombres sacrées, c'est vous dont les vœux pour la France,
unis à ceux de votre digne fils, ont opéré les merveilles
dont nous sommes témoins en ce jour et qui assurent le
Iwnheur de l'Europe. » {Affiches de Sens, 10 mai 1814.)
Voilà nettement précisé le projet caressé depuis
longtemps déjà et dont l'un des représentants de
Sens, M. Benoisl de la Mothe (2), paraît avoir été,
avecrarchitecte Person, le principal instigateur.
Bientôt, la ville apprenait avec joie les paroles
flatteuses adressées par Louis XVIIl aux envoyés de
Sens, venus le saluer à Paris, le 7 mai. Aussitôt, le
conseil municipal prend l'initiative d'une souscrip-
tion c proposée aux habitans du département de
1) MM. Comisset et Benoist de la Mothe désignés, le 21 avril, par le
Conseil municiixil pour se rendre à Paris.
2) Ce personnage, si fervent royaliste en 1814, avait joué un rôle assez
bruyant et nianifcnté des opinions tout autres à répoque de la Terreur.
On peut lire dans les Affiches de Sens de l'an 1794 nombre de poésies révo-
lutionnaires et d'hymnes à l'Etre suprême qui i>ortent la signature : Be-
noist Lamothe (sans particule).
il mourut en septembre 1817, laissant à la ville de Sens une somme de
] 200 livres, pour fonder et décerner tous les deux ans un prix de piété
liliale. (Délibérations du Conseil municipal, 23 sept. 1817, f* 141.)
'
— 136 —
l'Yonne et de l'ancien diocèse de Sens. » Voici le
texte de cette délibération qui fut imprimée et
répandue :
RESTAURATION
DANS LA CATHÉDRALE DE SENS
DU MAUSOLÉE
DE MONSEIGNEUR LE DAUPHIN ET DE MADAME LA DAUPHINE
AUTEURS DU ROI
Souscriplion proposée aux habitons du départemenl de V Yonne
et de l'ancien diocèse de Sens
Cejourd'huî 14 mai 1814, le Conseil municipal assemblé,
sur la proposition d'un Membre, qui a rappelé la réponse
faite spontanément par le Roi aux Députés de la ville de
Sens, réponse conçue en ces termes :
€ Je me souviendrai toujours que les cendres des auteurs
de mes jours ont été conservées dans la ville de Sens. »
Le Conseil, considérant que ce précieux souvenir du Roi
impose h la ville le devoir de rendre sans délai h cet au-
guste dépôt sa splendeur première ;
Considérant que le moyen le plus sûr pour y parvenir est
de relever ce superbe Mausolée consacré à leur mémoire,
et qui tout imparfait qu'il est en ce moment, attire encore
l'admiration de tous ceux qui le voyent; que ce monument
va acquérir utï intérêt bien plus touchant, par les témoi-
gnages d'amour dont tous les Français veulent entourer
leur Roi ;
Considérant que la conservation de ce monument est duc
au zèle et aux talens de M. Person, architecte-sculpteur à
Sens, et qu'il est de toute justice de lui en confier la res-
tauration ;
Considérant que cette dépense, dont la ville aimerait à
faire seule les frais par une souscription volontaire, devien-
drait un fardeau trop lourd, même pour rarrondissemcnt,
dont la ruine causée par les maux delà guerre est connue
de toute la France ;
Considérant qu'indépendamment des frais de restaura-
— 137 —
tion, il en est d autres indispensables pour préparer le re-
tour de cette pompe funèbre qui étoit célébrée annuelle-
ment dans la cathédrale de Sens, et qu'il est du devoir de la
ville que cette solennité ait lieu, selon Tusage, le 19 décem-
bre de cette année ;
Considérant, enfîn, que c*cst seconder le zèle et flatter
lamour pour le Roi de tous les habitans du département de
lYonne, et même de Tancien diocèse de Sens, que de les
inviter à concourir aux hommages que les habitans de la
ville de Sens désirent rendre aux auteurs de notre auguste
Monarque ;
Le Conseil arrête :
lo A compter du l«r juin prochain, il sera ouvert une
souscription dans les cinq chef-lieux d'arrondissement du
département de l'Yonne ;
2" MM. les Sous-Préfets et les Maires des chefs-lieux se-
ront invités d'en donner connaissance à lous leurs admi-
nistrés et de vouloir bien recevoir tout ce qui leur sera
remis ou adressé, depuis la somme de un franc, pour que
le manœuvre même ait la consolation de présenter son
offrande ;
3o La souscription s'étendra aux villes les plus impor-
tantes de l'ancien diocèse, telles que Melun, Provins, Fon-
tainebleau, Nemours, Montargis, Etampes, etc.
4o La liste des souscripteurs sera rendue publique à la fîn
de novembre et adressée aux chefs-lieux de chaque arron-
dissement ;
a*' A partir du lor juin, M. Person prendra ses mesures
pour commencer le travail de la restauration du Mausolée,
et contractera rengagement formel de le rétablir dans le
chœur, sur son ancien emplacement, pour le 30 septembre ;
&' MM. Lornc, Benoist de la Mothe, Pelée de Saint-Mau-
rice, Bardin etTarbé, sont nommés membres de la commis-
sion chargée de surveiller cette opération, et d'en informer
le conseil à la fln de chaque mois;
7'* Le conseil a choisi pour agent principal et comptable
— 138 —
•
de la commission M. I^noist de la Mothe. Il se chargera
gratuitement de la recette de tous les arrondissements, de
toutes les villes et paroisses de l'ancien diocèse, et même
de^> offrandes qui pourraient être faites par toutes les au-
tres personnes ; il suivra aussi tous les détails de corres-
pondance et d'exécution ;
8» Copie de la présente délibération sera adressée à Son
Excellence le Ministre de Tintérieur et à M. le Préfet du dé-
partement.
Fait au Conseil général les dits jour et an.
Nota. — Les membres de la commission se sont adjoints,
pour s'aider de leurs conseils et de leur zèle, MM. de Vau-
dricourt et de Formanoir, le premier, grand archidiacre du
diocèse de Sens, et le second, curé-doyen de la ville.
La commission, dans son désir de faire vite,
comptait sans les lenteurs administratives, les sus-
ceptibilités oml)rageuses, les difncultés financières
auxquelles elle devait se heurter.
Le préfet du département avait, il est vrai, ac-
cueilli le projet avec grand empressement. Dès le
8 juin, il le soumet à Tapprobation ministérielle.
Mais, tout au travail de l'organisation du régime
nouveau, le Ministre avait d'autres soucis. Un mois
seulement après, il se décide à répondre :
Paris, 8 juillet 1814.
Monsieur le Préfet,
J'ai sous les yeux votre lettre du 8 juin dernier et les piè-
ces relatives i\ la restauration des monuments élevés autre-
fois, dans la calliédrale de Sens, à la mémoire de Monsei-
gneur le Dauphin et de Madame la Dauphine.
Cet ol>jct est du plus haut intéréi et je vois avec satisfaction
l'attention (jue vous y avez apportée. Mais les observations
que vous faites à cette occasion sont fondées et, avant de
rien statuer, il est indispensable de connaître, au moins ap-
_ 139 _
proximativement, la dépense. Insistez donc pour avoir des
détails à ce sujet, soit du conseil municipal, soit de Tartiste
zélé à qui seront confiés les travaux. Aussitôt que vous au-
rez ces détails, vous me les adresserez avec votre opinion
sar ce que vous jugerez que pourrait produire la souscrip-
tion. Si ce produit, d'après ce que vous aurez été à même
de voir, ne devait pas s'élever à la somme présumée néces-
saire, vous indiqueriez les moyens d'y suppléer.
Quand j'aurai ce travail, et j'espère l'avoir bientôt, je
prendrai les ordres du Roi que je vous transmettrai en-
suite. Je suis...
Par ordre de Son Excellence, •
Le Directeur de la correspondance ,
chef de la 3^ division.
De Neuville.
, Archives de V Yonne, V 20.)
Heureusement M. de la Mothe, dont Tardeur ne
connaissait pas d*obstacles, multipliait les démar-
ches, stimulait toutes les volontés hésitantes, met-
lait en mouvement toutes les influences.
I^ 4 août, il communique à M. de Formanoir,
curé de la cathédrale de Sens, une lettre qu'il vient
de recevoir. L'auteur n'en est pas désigné, mais les
renseignements qu'il fournit indiquent assez qu'il
occupe une haute situation :
Monsieur. J'ai cru ne pas devoir gagner de vitesse M. le
Grand Aumônier, et j'ai voulu vous ménager la surprise de
sa lettre qui doit être autographe. 11 m'est fort agréable d'a-
voir négocié une solution qui parait vous flatter sous tous
les rapports.
Voilà une première question résolue. Le mausolée doit
lire replacé dans le chœur de la cathédrale, c'est la volonté
bien prononcée du Roi dont vous avez un témoignage offi-
ciel.
— 140 —
Quant à la Iranslation des cendres, c*est un cérémonial
absolument étranger^ l'autorité du Roi et qui est exclusive-
ment dans les attributions du pouvoir épiscopal. Cette opi-
nion ne peut être controversée. Si M. l'évéque de Troycs
ne juge point à propos d'y assister en personne, il a seul le
droit de déléguer un commissaire ad hoc.
Il est donc convenable que vous vous empressiez d'infor-
mer M. révoque de l'ordre du Roi qui vous a été transmis
par M. le Grand Aumônier, et comme l'exécution de cet or-
dre est subordonnée à la translation des restes des augustes
morts, vous aurez nécessairement à prier M. l'évéque de
vouloir bien prononcer le plus tôt possible sur le cérémo-
nial de cette translation (1).
A défaut de la Icllrc du grand Aumônier, la pièce
précédente en résume suffisamment la teneur. La
décision royale tranchait la question de principe :
restaient les détails bien autrement difficiles à
régler.
Les promoteurs du projet, on Ta vu, s'étaient
assuré le concours du pouvoir civil. Ils avaient né-
gligé l'autorité religieuse. Or l'évéque de Troyes,
Ma*" de Boulogne, estimait qu'on ne pouvait, sans son
assentiment et même sa coopération, ériger un
monument dans le chœur de la cathédrale de Sens,
ni exhumer, pour les y replacer, les restes des
princes. Il regardait le rôle accessoire attribué à
deux ecclésiastiques par la commission comme in-
suffisant, sinon dérisoire.
C.onvaincu que la commission sénonaise avait
(I) r.rllo IiMlro, ainsi que louli's ]vs pircrs du (foxnier de l'ormatioir tloxM
M. HéniKiic Tonnellier, niuicn niljricicn de In Mitropole, uous a laissé
df» copies, est en la possission de la rainille de Sêheville, lierilière de
.M. l'abbé de Fornanoir,
— 141 —
empiété sur ses droits, le prélat ripostait, le 21 juil-
let, par une ordonnance, nommant M. de Forma-
noir, curé-doyen de Sens, commissaire pour sur-
veiller la restauration du mausolée; Tautorisant
pendant tout le temps que durera cette restauration
à faire le service divin dans telle partie de l'église
qu'il jugera convenable et le chargeant « de lui
rendre compte de l'exécution de ladite restaura-
tion, • déclarant qu'il donne « d'autant plus volon-
tiereles mains à cette opération qu'elle est parfaite-
ment conforme à ses principes ainsi qu'à son cœur. ^
(Dossier de Formanoir.)
Le conseil municipal, qui avait constitué la com-
mission, comprit la leçon. Il eut le bon esprit, tout
en faisant ses réserves, d'adjoindre à cette com-
mission, par une nomination en règle, les deux ec-
clésiastiques délégués par l'évêque.
Du reste un événement heureux, la visite de
Madame la duchesse d'Angoulême, vint à point
aplanir toutes les difficultés et stimuler le zèle de
tous.
La fille de Louis XVI, revenant de Bourgogne,
Ira versai t le départemen t . Arrivée à Avallon le 10 août
au' soir, elle en était partie le 11 de grand matin
pour déjeuner à Auxerre. Après deux heures de
séjour au chef-lieu du département, la princesse
s'était dirigée sur Sens. Dans son rapport au Minis-
tre de rintérieur, la préfet raconte ainsi cette vi-
site (1) :
(1) Dalletin de la Préfecture de VYonne, n- 1" (20 août 1814).
— 142 —
Son Altesse Royale est entrée à Sens vers 5 heures du
soir.
Des daines en parure étaient allées à sa rencontre. Arrivée
à la porte Dauphine, des mariniers ont dételé les chevaux
de sa voiture, et l'ont conduite jusqu'à la cathédrale; elle y
a trouvé le curé et son clergé, est entrée dans le sanctuaire
et s'est mise à genoux sur la tombe du Dauphin et de la
Dauphine, ses augustes aïeux; et, après s'y être recueillie
quelque tems, elle est entrée dans la chapelle où est déposé
le monument du célèbre Coustou, érigé en leur honneur. Sa
voiture, reprise par les mariniers, a été conduite à riiôtel
qui lui avait été destiné. Les autorités lui ont été présentées
et ont eu l'honneur de la haranguer.
Le lendemain 12, à 6 heures du matin. Madame s'est mise
en roule pour Orléans. Elle a été reçue à Pont-sur- Yonne
et à Villeneuve-la-Guyard, avec les mêmes acclamations et
les mêmes transports de joie et d'admiration.
En voyant la princesse prosternée sur un tombeau
vide, et douloureusement émue devant les débris
du mausolée, tous les assistants avaient éprouvé le
regret de n'avoir pas agi plus vite et formé la résolu-
tion de réaliser au plus tôt leur projet.
Le 31 août, le conseil municipal, statuant sur le
rapport de la commission, prie le préfet « d'em-
ployer ses bons offices pour obtenir le concours des
quatre cent soixanle-dix-neut communes du.dépar-
tement et de lui soumettre le devis dressé par
Person (1). ï)
Ce devis est d'un grand intérêt. Grâce à lui, nous
connaissons exactement les dégradations subies par
le monument de Coustou et les parties refaites en
1814.
(1) Archives commun, de Sens (Reg. des dêlilKTations n' 3).
m
— 143 —
DE^'IS POUR LA RESTAURATION DU MAUSOLÉE
Je, soussigné, Pierre Pcrson, architecte statuaire, demeu-
rant à Sens, nommé par la délibération du Conseil muni-
cipal de la ville, en date du 14 mai dernier, pour exécuter
la restauration et le replacement dans le chœur de la cathé-
drale du mausolée de Ms' le Dauphin et de Madame la Dau-
phine, auteurs des jours du Roi, déclare prendre envers la
commission chargée de la surveillance desdits travaux, les
engagements cy après, savoir :
1*" De fournir toutes les parties manquantes en bronze,
doré d*or moulu, telles que les écussons accolés des armes
du Dauphiné et de Saxe et quelques parties de Técusson du
Dauphiné;
2o Les deux couronnes isolées terminées par quatre dau-
phins dont un seul existe ;
> Bouts de cyprès couleur bronze et deux bouts du ruban
doré qui entrelacent les cyprès ;
4» Les étoiles qui manquent à la couronne tenue par la
figure représentant la Religion ;
5" Redorer les cartouches et généralement remettre à neuf
toutes les parties dans leur état primitif;
&* Fournir toutes les vis qui attachent les bronzes sur le
marbre, tous les crampons, crochets, goujons et toutes les
cales de plomb nécessaires pour la pose des fîgurcs ;
7»> Refaire à neuf la première assise de pierre qui forme
le no3'au du socle ;
8o Remettre à neuf les épitaphes et en redorer les carac-
tères ;
9'> Réparer les fractures du socle en marbre blanc veiné,
refaire les joints en entier et les repasser au poli ainsi que
Jes marbres du piédestal ;
KX* Démonter la grille, à hauteur d'appui, qui entoure le
monument, la reposer et substituer au grillage en laiton de
petits barreaux de fer rond distans de trois pouces avec
des embases en cuivre ;
11'* Fournir les cercueils en plomb et en chêne pour ren-
— i;i —
feroier les augustes cendres: en Caire rextracUon du cime-
tière, préparer le caveau pour les recevoir et les déposer sur
des chenets de fer: refermer le caveau, placer dessus le
inausoiée entouré de sa grille et (aire toat le carrelage
qa'aura nécessité le mouvement du sol :
\2* Recarreler également l'emplacement occupé pnr le
tiKinument dans la chapelle de Sainte-Colombe et générale-
ment réparer le carreau et les marches qui auraient été alté-
rés par le déplacement ;
1> De remettre pour le premier novembre prochain sans
délai, le mausolée dans sa splendeur primitive sur Tancien
cmpbcement qu'il occupait dans le chœur (1>.
Je m'oblige encor :
V- A rétablir sur le baldaquin du maitre-autel les attributs
fioriés par des anges, ainsi que le serpent qui entoure la
boule au pied de la croix ;
2- A refaire les bas-reliefs des auteb des deux chapelles ii
I entrée du chœur, l'un représentant le mariage de S. Louis,
1 autre S. Martin qui partage son manteau avec cm pauvre ;
rétablir dans leur état primitif les trophées de la Religion
qui omoient les entre pilastres de ces chapelles ;
3' Redorer la croix rayonnante, les rosaces et anneaux des
autels des chapelles;
I*' Raccorder la main de la figure représentant la Justice
placée au-dessus de la corniche.
Pour tous lesquels travaux, dépenses, avances et frais de
direction des ouvrages, il me sera payé la somme de six
mille quatre cents francs, savoir : trois mille quatre cents
fnincs, de ce jour au premier novembre prochain, époque
Jîxée pour le perfectionnement des travaux, et trois mille
francs payables dans trois années avec les intérêts à cinq
|iour cent.
Ht moi, Louis-Claude Benoist de la Mothe, nommé agent
de la commission, désirant que le travail confié à M. Person
4 II On /!/ en marge /Nota : Ces conditions font seules In matière «lu
ikvU nrrélé iwr le Ministre iwur 7000 francs.
k
y>:îETt ARCHEOLOCHa-B DE SESS.
T. XXII, PL. Xlll. p. 144.
LE CHŒUR DE LA CATHEDRALE DE SENS
en 1 840
ii
I'
I
f
I •.
î
I
— 145 —
soit à Tabri du retard qui peut résulter tant de Tincertitude
do produit de la souscription que de l'approbation du de-
vis (li demandé par le ministre à mondit s. Person, devis
qui s élève à la somme de sept mille trente-quatre francs
quatre-vingts centimes, plein de confiance aussi dans la jus-
lice du Ministre, dans la délicatesse des membres du Conseil
municipal et dans la probité de M. Person, je m'engage per-
sonnellement vis à vis dudit sieur Person, à lui payer de
mes deniers, d'ici au l^r novembre prochain, la somme de
deux mille huit cents francs, faisant, avec les six cents
francs qui lui ont été délivrés le 25 juillet dernier, les
3400 francs dont il se tient satisfait en ce moment, se ré-
servant pour le surplus l'exercice de ses droits envers qui
il appartiendra.
Fait double, entre nous soussignés, à Sens, ce premier
septembre mil huit cent quatorze.
(Signé :) Benoist de la Mothe et Person (2).
L'harmonie parait régner dés lors dans la com-
mission. Elle déploie une heureuse activité.
Le 15 septembre, elle lance un nouvel appel, an-
nonce que la première liste de souscripteurs sera
publiée au commencement d'octobre et promet
Térection du mausolée pour le 1er novembre (3).
L'administration était moins empressée. Le 12 no-
vembre seulement, le Préfet informe le Sous-Préfet
de Sens que la restauration du mausolée est officiel-
lement approuvée :
Monsieur, je m'empresse devons informer que S. G. leMi-
aistre de l'Intérieur a définitivement autorisé la restauration
il En marge : Nota : Ijë devis n*a été nrrclc par le Ministre que le
V> novembre 1814.
(2) Archives communales de Sens, L 27. Cette pièce est une copie faite, le
24 mars 1816, par Benoist de la Mothe.
{3) Affiches de Sens, 20 septembre 1814.
10
— 146 —
du mausolée de Mifi* le Dauphin et de Mme la Dauphine, ainsi
que le replacement de ce monument dans l'église de
S. Etienne de Sens.
S. Exe. a approuvé la dépense, en l'arrêtant à 7000 francs;
il n'y a plus, conséquemment, d'obstacle à la continuation
des travaux de restauration et je vous invite à donner des
ordres pour qu'ils soient promptenient terminés.
Il me parait nécessaire que, de concert avec la commis-
sion, vous fixiez un terme pour la souscription. Lorsqu'elle
sera close, vous m'en ferez connaître le produit, afin que
je sollicite l'allocation de la somme nécessaire pour solder
la dépense. Cette somme sera comprise au budget départe-
mental et payable dans le cours de l'année prochaine.
S. G. n'a pas encore fait connaître ses intentions relative-
ment à l'exhumation des cendres de M?r le Dauphin et de
Mnio la Dauphine. Vous devez donc, jusqu'à ce que la déci-
sion que j'ai sollicitée vous soit connue, vous conformer
aux instructions que je vous ai adressées.
Mais il serait possible que, sans attendre que ces cendres
soient rétablies dans le lieu qui leur est destiné, on voulût
célébrer la cérémonie religieuse qui avait été annoncée pour
le 20 décembre prochain. Je désire savoir très promptement
ce qui aura été arrêté à cet égard par TÂutorité locale, pour
que je puisse en rendre compte ù LL. AÂ. RR. le duc d'Ân-
goulême et le duc de Berry, et les prier d'honorer cette cé-
rémonie de leur présence.
Veuillez donc, aussitôt la réception de cette lettre, appeler
près de vous M. le Maire, le curé de S. Etienne et les mem •
bres de la commission, à l'eflet de prendre une détermina-
tion cl, de concert, les moyens d'exécution.
Vous me ferez connaître, Monsieur, les résultats de cette
conférence pour que je fasse les démarches que je jugerai
utiles et convenables.
J'attends votre réponse par retour du courrier sans faute.
Le Préfet de V Yonne ^
Chevalier de la Légion d*honneur,
Gamot. [Arch. de l'Yonne, V. 20.)
' — 147 —
Les membres de la commission sénonaîse, réunis
le 16 novembre, répondent au Préfet :
1*> Qu'ils regardent en ce moment leur mission comme
terminée puisque le mausolée est entièrement replacé dans
le chœur (1) et que le sieur Person a justifié, par la perfec-
tion de son travail, la confiance du conseil municipal et les
desseins de la commission ;
2« Qu'ils ont vu avec reconnaissance Tapprobation du
devis du sieur Person et la mesure prise par M. le Préfet
pour eflcctuer le paiement en suppléant, autant qu'il sera
oéccssaire, ù rinsuffisance du produit de la souscription (2);
3» Quïls estiment convenable de proroger la souscription
jusqu'au 31 décembre, tant pour profiter du zèle de toutes
les personnes qui désirent y concourir que pour diminuer
le fardeau des charges départementales ;
(1) En transnietUint cette délibération, le sous-préfet déclare que « cette
opération importante est terminée, sauf quelques accessoires qui exigent
pou de travail. »
i2) Au 1" novembre, la souscription avait produit 3400 francs. Le 9 dé-
cembre, elle s'élevait à 3885 fr. 50. (Lettre de M. de la Mothe au Préfet.
Archives de l'Yonne. V 20.)
Sur cette somme, on avait déjA dépensé 3000 francs payés à Person,
IjO francs pour les frais d'impression de M. Tarbé. et 8 francs pour menus
frais.
Comme il fallait le prévoir, le zèle des souscripteurs se refroidit bientôt
avec celui des promoteur^ de la souscription, une fois le monument ter-
miné. Lc5 juin 1815, deux ouvriers adressent à Person une mise en demeure
de les payer. Les signataires déclarent qu'à défaut du Préfet et du Ministre
qui ne les payent pas, ils ne peuvent s'en prendre qu'à celui qui les a mis
en ouvrage. (Ibid.)
Dans une lettre du même dossier, sans indication du destinataire, pro-
bablement adressée à Jean-Charles Sauvalle, originaire de Sens, et alors
v>crctaire général de la préfecture, le malheureux Person expose son cruel
embarras. « Sens, le 19 juin 1815. Lorsque j'eus l'honneur de me présenter
à vous et de vous peindre ma position, vous eûtes la bonté de vous i inté-
resser et déjà vous m'en donâtes des marques, et je ne pouvais perdre de
vue l'époque marquée pour le versement qui doit nous être fait le 20 du
présent. L'accueil favorable que m'a fait aussi M. le Préfet et ces obligente
m
mm
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,v; 1 'Il >
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11
illuîfli
J
N.^
— 148 —
4" Qu'ils considèrent la reprise de l'anniversaire en usage,
le 19 décembre en mémoire de Mir< le Dauphin, comme étant
absolument dans les attributions de M^r Tévcque de Troyes,
a%'ec lequel M. le curé-doyen correspond en ce moment à ce
^ujet;
5» Qu'ils partagent le vœu du conseil municipal et de tous
les habitants pour que cette cérémonie du 19 décembre,
fondée par lettres patentes du Roy du 12 juin 1767, ait lieu
cette année même, et rien ne sera plus flatteur ni plus ho-
norable pour la ville de Sens que la présence d'un de ses
augustes princes;
6" Enfln, qu'ils expriment le même vœu pour la prompte
translation des cendres qu'il est si important de rendre au
lieu dont elles n'auraient jamais dû sortir et que toute la
ville est jalouse d'entourer de ses hommages.
Signé : Pelée de Saint-Maurice, Formanoir, curéj
D. DE Vaudricourt, Bardin, t. Tarbé, Bfnoit
DE Lamothe, agent de la commission (1).
^ II. TRANSLATION DES CENDRES DU DAUPHIN
ET DE LA DAUPHINE
L'une des premières pensées de Louis XVIII, à
son retour à Paris, avait été celle des réparations
dues à la mémoire des royales victimes de la Ré-
[iromesse qu'il a réitéré, à son dernier passage, A des personnes qu*il aflTec-
Moiine et qui s'intéresse i\ moi auquel il a répondu qu'il alail s'en occuper
lUissitôt, me font espérer que Je ne feré pas un voyage en vain ; veuillez donc
Mrmsieur. considéré ma siUiation malheureuse et l'objet qui en e«t la
muse. Comme artiste quel étail mon bonheur alors de trouver rheureusc
fK-iasion de rétablir un monument aussi considérable dû A ma conserva-
Lion! Quel est ma position maintenant de me voir assailli par des ouvriers
qui m'ont conHé leur temps et leurs marchandises, et de n'avoir pas le
ko] chez moi. Enfin, Monsieur, vous êtes de Sens; vous connaissez ma con-
duite pour pouvoir me rendre service : je me jette dans vos bras.
t Pbrson. »
(1) Archives de l'Y.. V 20.
— 149 —
volulion. Dès le mois de mai 1814, une enquête
était ouverte pour rechercher les restes de Louis
XYI et de Marie-Antoinette.
Plusieurs Sénonais, des plus dignes de foi, affir-
maient avoir été spectateurs de Thorrible drame du
23 mars 1794. lis déclaraient pouvoir reconnaître,
sans hésitation, Tendroit où les corps du Dauphin
et de la Dauphine avaient été enfouis. 11 était donc
naturel qu'on se préoccupât de les retrouver et de
répondre ainsi à Tun des plus chers désirs du Sou-
verain.
Sur ce point, tout le monde était d'accord. Mais
l'entente cessait dès qu'il s'agissait de décider à qui
appartenait l'initiative.
Fort de l'opinion du grand Aumônier de France,
dont la parole pouvait être considérée comme l'écho
des volontés du Roi, l'Evêque de Troyes entendait
bien ne céder à personne le soin de diriger les re-
cherches. Le 5 octobre, il avait notifié à M. l'abbé
de Vaudricourt qull déléguait l'un de ses vicaires
généraux, M. l'abbé de la Tour, pour le remplacer
dans la cérémonie religieuse.
Vous pourrez vous entendre avec lui, écrivait-il, et lui
indiquer le jour où tout sera disposé pour exécuter la trans-
lation des précieux restes... Vous prendrez ensemble tous
les renseignements qui ont été conservés, sur le lieu où ils
reposent en ce moment, et M. de la Tour sera chargé de
dresser un procès-verbal pour constater légalement l'iden-
lilc des corps. (Dossier de Formanoir.J
Mais, de son côté, le Préfet revendiquait pour lui
seul le soin de tout régler en celte affaire. Monsei-
#•*
— 150 —
gneur de Boulogne nous rapprend par cette lettre
à rarchiprétre de Sens :
Monseigneur de Boulogne à M. de Formanoir
25 octobre 1814.
J'ai reçu hier, monsieur, une leUre de M. le Préfet
d'Âuxerre, relativement à la cérémonie pour laquelle j'ai
député M. de la Tour, par laquelle il me mande, en termes
très polis, qu'il a cru devoir la faire suspendre, par la rai-
son que la commission ne peut pas faire, sans Tinteri^en-
tion de Tautorité civile, la reconnaissance de Tidentité des
cendres préalable, nécessaire à leur translation.
II me fait part, en même temps, de la lettre qu'il envoyé
à S. E. le Ministre de l'Intérieur pour lui exposer les motifs
qui l'ont déterminé à provoquer cette suspension.
Sans trop entrer dans la justice de ces motifs qui peuvent
bien n'être pas sans quelque fondement, il est nécessaire de
suspendre la translation que vous aviez fixée au 26 et 27, et
d'attendre pour cela la réponse du Ministre de l'Intérieur,
que j'ai vu hier soir à ce sujet.
Il est convenu avec moi que, quand même le Préfet au-
roit droit d'intervenir à la reconnaissance de l'identité des
cendres royales, leur translation dans l'église, leur colloca-
tion dans le monument qui leur est destiné, et toute la
pompe religieuse qui doit s'en suivre, sont uniquement de
la compétence ecclésiastique. Ce sera donc à mon repré.sen-
tant, M. de la Tour, à présider cette opération et à en faire
le procès-verbal.
On ne peut se dissimuler que la commission n'ait agi
dans tout ceci fort légèrement, ne fût-ce que de s'emparer,
de prime abord, de votre église, sans mon autorisation. En
général, c'est un reproche que j'ai à vous faire, mon cher
doyen, c'est que vous n'êtes pas assez maître chez vous,
et que vous êtes un peu trop obséquieux envers vos auto-
rités qui, comme vous voyez, ont abusé de la permission.
Je crains bien encore que, dans cette cérémonie, on ne
— 151 —
fasse tout sans vous et que vous ne soyez là qu'en dernière
ligne, de même que vous avez souffert d'être mis à la
queue de la commission, en simple qualité d'adjoint.
J'ai bien recommandé à M. de la Tour de veiller au main-
tien des règles et de s'opposer, autant qu'il le pourra, à la
violation des droits ecclésiastiques, si toutefois il se trouve
dans ce cas-là.
Je regrette bien que ma santé ne me permette pas d'aller
moi-même faire cette cérémonie : c'aurait été pour moi une
véritable satisfaction. Mais je suis véritablement indisposé
depuis quelque temps, ce qui me contrarie beaucoup.
Je vous prie de faire mes compliments à M. de la Motte,
toute rancune cessante, et de recevoir, etc..
t Et.-Ant., évêque de Troyes.
; Dossier de Formanoir.J
Quelques jours plus tard, le vicaire général M. de
la Tour confirme à M. de Formanoir les intentions
de TEvéque :
Troyes, le 7 novembre 1814.
J ai reçu, hier, une lettre de Monseigneur qui me marque
que le Ministre de l'Intérieur lui a dit que la translation des
cendres de Monseigneur le Dauphin le regardoit lui seul
Evèque, et que tout au plus le Préfet pouvoit assister
comme commissaire à la reconnaissance de l'identité des
cendres, laquelle opération n'est point la translation dans
1 église qui n'appartient qu'à l'Evêque ou son représentant...
En conséquence, sachant ce que je dois faire, je suis prêt
à partir dès que vous aurez fixé le jour avec M. le Préfet.
[Dossier de Formanoir.J
On Ta vu plus haut, le Préfet, lui aussi, a solli-
cité des instructions à Paris, bien persuadé qu'elles
appuieront ses prétentions. Il écrit, le 16 novem-
bre, à M. Tabbé de Formanoir qui lui avait de-
mandé de prendre jour :
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i
— 152 —
J'ai soumis à M. le Ministre de l'Intérieur des observa-
tions relativement à la translation des cendres de Monsei-
gneur le Dauphin et de Madame la Dauphine, et aux for-
malités à observer pour constater l'identité de ces restes
précieux. Son Excellence ne m'a pas encore fait connaître
ses intentions, et je crois devoir attendre qu'elles m'aient
été notifiées avant de prescrire ou autoriser aucune mesure
relative.
La reconnaissance de ces cendres ne peut être trop au-
thentique. Les formes que Son Excellence doit prescrire
d'employer peuvent seules être suivies.
Aussitôt, monsieur, que les instructions que j'ai sollici-
tées me seront parvenues, je m'empresserai de vous en faire
part et j'aurai soin, en flxant l'époque où la cérémonie de-
vra avoir lieu, de vous donner le temps convenable pour
faire les dispositions et convocations nécessaires.
Je serai charmé de cette occasion de faire votre connais-
sance, etc..
Gamot.
Sensible aux reproches de son évêqiîe, le bon
curé avait sans doute tenté de se montrer « le maî-
tre chez lui. D Dans son devis, accepté par la com-
mission, Person s'engageait à compléter la restaura-
tion du mausolée par le remplacement des divers
attributs que le vandalisme révolutionnaire avait
arrachés comme a vestiges du despotisme d au
maître-autel et aux autels du jubé. Mais MM. les
fabriciens, froissés de n'avoir pas été consultés, font
opposition à rexéculion de ce travail. Le 23 novem-
bre, M. de Formanoir reçoit, de M. de la Molhe,
ravis suivant, d*un ton peut-être un peu vif :
J'étois convenu ce matin avec M. Person, qui avoit aussi
votre assentiment, que le baldaquin du maître-autel scroit
nettoyé dans la journée, afin de s'occuper de suite des ré-
— 153 —
parations à faire. Elles font parlie, comme vous savez, de
mon traité* particulier avec M. Person et j'avois donc le
droit d'en presser Texécution. Cependant j'ai appris que
ces travaux étoient suspendus jusqu'à ce qu'on ait référé à
Messieurs de la Fabrique. On doit autant s'étonner de cette
ingérence du bureau que de votre extrême indulgence. Le
bureau n a rien h voir à ce travail puisqu'il ne s'agit que
d'une simple opération pour laquelle il ne lui est pas de-
mandé un sol ; et c'est bien le moins alors que vous ordon-
niez dans votre église les dépenses qui ne portent pas sur
la Fabrique.
La conduite du bureau avec vous relativement à la cire,
et ces jours derniers encor pour quelques misérables mor-
ceaux de fer, traces du vandalisme auxquelles vous allez
substituer des croix rayonnantes, tout cela vous dispense
bien de tant de déférence.
Pressez donc, je vous prie, M. le Curé doyen, sans con-
sulter personne, l'exécution de mes conventions avec
.M. Person. Elles ont eu toutes pour objet le bien et l'orne-
ment de l'église dont quelques-uns de MM. les Fabriciens
D ont guères paru s'inquiéter dans ces circonstances.
Benoist de ijl Mothe.
iDossier Formanoir.J
Il est permis de ne pas partager ropiyiion de
M. de la Mothe sur les droits et Vingérence de
MM. de la fabrique. Tout, de ce côté, finit cepen-
dant par s'arranger.
Mais le conflit entre TEvéque et le Préfet avait eu
pour résultat de suspendre toute décision. Le 18 no-
vembre, le Préfet avait envoyé une adresse au comte
(l.Vrtois, Monsieur; il y rappelle la tradition qui
amenait à Sens, chaque année, jusqu'à la révolu-
lion, pour l'anniversaire du 20 décembre, les repré-
sentants de la famille royale; il expose ce que la
/
— I >i —
ville de Sem ùtH prmr référer lemaasolée; ce quelle
« prop^* de Caire p^>ur retrouver les cehdres des
parent-* da Koi. et conclut en suppliant le Prince de
venir présider le .er^ice anniversaire et linaugura-
tion da tomlie^a rentâuré.
f> devoir rempli, le Préfet < attendait les Insfruc-
tion5 de M. le Ministre. » lorsque la lettre suivante
v^nt tout à coup wouer. un peu durement, sa
quiétude. Le Ministre avait assurément reçu les
doléances de quelque personnage. - lequel? nous
lignoron*, - sur les lenteurs et les querelles admi-
nistratives.
Japprtndv Moasitur, écrit d« Paris, le 29 novembre, le
Ministre d* llnteriecr, qae la IraasIaUoo des cendres de
M. le fWDphin et de celles de Ma.lame la Daophine que je
croyoLs faite depuu longtemps, ne lest pas encore. Je ne
conçois pas qa une cérémonie si auguste ait pu éprouver
des retards J écris en conséquence à M. le Sous-Préfet de
•Sens de la faire le plus lot possible et d y procéder avec
toute la pompe qu elle mérite : je vous prie de donner en
même temps tous les ordres nécessaires, la lamillc rovalc
étant fort élonnt-e que le zèle des habitanUait pu rencontrer
une telle indifférence
L'abbé de MoxTESQiiof.
.Archives de Donne. V 3r> '
Désolé, le Préfet répond :
...Je SUIS loin. Monseigneur, de mériter un reproche de
celte n.iture puisque, depuis que je suis entré dans ce dé-
partement, je n ai cessé ,1e m occuper de la rcstauraUon du
tombeau de ces auguNics personnes et que, depuis près de
deux mois, Je sollicite les ordres de Votre Excellence pour
cette translation. Elle p..urra en juger par la copie des let-
tres que ) ai 1 honneur de lui remettre et qui, probablement.
— 155 —
ne lui ont pas été représentées, puisqu'elles sont restées
sans réponse. J'en ai écrit plusieurs à M. FEvêque de Troyes,
qui lua assuré qu'il avait eu avec Votre Excellence plusieurs
conférences à cet égard et que vous alliez incessa tii ment
donner vos ordres. Je serais au désespoir, Monseigneur^ que
la famille ro^^ale me crût coupable d'une telle négligence et
j'ose espérer de votre justice que vous voudrez bien la dé*
tromper à cet égard... * [Archives de r Yonne, V ÎOJ
Et aussitôt, voulant faire montre de zèle, M. Ga-
mol élabore Tarrêté suivant, qu'il fait porter immt>-
dialement à Sens par son secrétaire général. 11 le
communique en même temps à TEvéque de Troyes.
Le malheureux voulait encore un délai de quinze
jours!
PRÉFECTURE DE l'YONNE
Du 2 décembre 18U
Le Préfet du département de l'Yonne, chevalier de la Lé-
gion d honneur,
Vu la lettre de S. E. le Ministre de l'Intérieur, en date du
27 du mois dernier, qui ordonne de constater sur le cluuiip
lidentité des cendres de Monseigneur le Dauphin cl de
Madame la Dauphine, et de les transférer dans le tombeau
qu elles occupaient auparavant, au milieu du chœur de la
cathédrale de Sens;
Arrête ce qui suit :
Article 1er.- — m. le Sous-Préfet de Sens indiquera, pour h
wndredi 16 de ce mois, les fouilles nécessaires à retrouver
CCS restes augustes.
Art. 2. — Préalablement, M. le Président du Tribu uni de
Sens et MM. les gens du Roi seront invités à faire toutes lus
enquêtes nécessaires, à entendre tous témoins pour biuu
fixer le lieu où les fouilles peuvent être faites avec succès.
Art. 3. — L'audition des témoins aura lieu en présence de
M le Sous-Préfet, de M. le Maire et de MM. les membres de
— iso-
la Commission qui s*est occupée de la restauration du mau-
solée.
Art. 4. — D'après les indications données, des jalons se-
ront placés pour circonscrire le lieu où devront se faire les
fouilles.
Art. 5. — Le 16, à deux heures de Taprés-midi, la terre
sera ouverte et, en présence de Nous, Préfet, et des autori-
tés convoquées, Tidentité sera constatée ; les cendres dépo-
sées dans un cercueil de plomb préparé à cet effet, et re-
mises à Monseigneur l'Evêque de Troyes, chargé de la céré-
monie religieuse qui doit accompagner cette translation.
Art. 6. — Il sera dressé du tout un procès-verbal signé
par toutes les personnes présentes.
Art. 7. — Les dépenses nécessaires pour cette translation
seront acquittées provisoirement sur les fonds du départe-
ment réservés pour les dépenses imprévues.
Auxerrc, 2 décembre 1814.
Le Préfet : Gamot.
Par M. le Préfet,
Le Secrétaire Général : Sauvalle {Archives de VYonne, V 20.1
f Veillez, écrivait le Préfet au Sous-Préfet de Sens, à ce
que les dispositions préalables que j'ai prévues soient ponc-
tuellement exécutées. Suivez vous-même cette exécution
pied à pied, et mettez-vous en état de me faire un rapport
exact et circonstancié qui puisse me mettre en état de ter-
miner, comme nous le désirons, le 16 de ce mois. (Ibidem). »
La préoccupation du Préfet perce dans tout ceci.
II n'a qu'une crainte : celle que le Sous- Préfet
agisse comme délégué direct du Ministre et non
comme son propre subordonné. Le Sous-Préfet de
Sens, M. du Busquet, avait eu Tintelligenee plus
nette de la situation. En même temps que le Préfet,
il avait reçu celle dépêche du Ministre :
— 157 —
Le UinUtrc de Vîntétkur au Sous-Préfcl dv Sens
Paris, 29 novembre 1814.
ivois cm. Monsieur, que Taugustc transbtioEi des der*
►tes de Monseigneur le Dauphin et do Madame la
ic ctfîit ,'ichcvée lîejHiis longtemps^ mais j'apprencls
i|ije le zèle des habitants de Sens a été lonjours arrclé par
s difUcuttus qu'il ne semliloit pas devoir rencontrer.
le vous prie donc, Monsieur, de l'aire procéder à celte
^[tdal]o^ le plus tôt possible. Constatez bien Le dépôt,
ites cnsiiîlc îe procès- verlial du transport et celui de la
iiîsc tlaos Tancienne sépuilure, et donner à la cérémonie
:imi de ponipc et de majesté que le lieu en est suscep-
M,
Vous deveï vous enlcntlrc avec rautorité ecclésiastique
e je sais très disposée à vous seconder, mais faites qu'on
anse des retards qui seroicnt bientôt un scandale.
J m I honneur d'élre, etc.
^LL'abbé PB MoNTËSQumu. (Dossier dç FormanoirJ
n Devant des injonctions aussi foiniellcs, le Sons-
Préfet n*avait qu*à obéii% Dispcnisc de suivre la
'ic hiérarchique, il avait imniédialenieiit pris ses
sures, fixé rexliuination au 7 décembre, la ce-
îiîonie religietise au 8, et avail lancé toutes les
convocations ,
Toutes les dispositions étaient donc arrêtées
'■»rst(ue parvint à Sens Tarrété préfectoral, Aussitôt,
- Soiis-Frélet répond à sou supérieur :
Sens, le 3 décembre 181 4«
Monsieur le Préfet,
reçois votre lettre rlu 2, relative a la translation des
s de Monseigneur le Dauphin et de Madnnie la llau-
liae. Je regrette que ma lettre du p' sur le même sujet se
it croisée avec la vôtre, mais les ordres de Son Excellence
^- 158 —
dont j*ai déjà eu Thonneur de vous informer sont trop posi-
tifs et trop pressants pour qu'il me soit possible de revenir
sur ma détermination, car Son Excellence ajoute qu'un plus
long retard serait un scandale et qu'il a appris que le zèle des
habitants de Sens, dans cette circonstance, a été toujours ar-
rêté par des difficultés qu'il ne semblait pas devoir rencontrer.
Cette manière de s'exprimer de la part de Son Excellence,
({ui me charge de faire procéder à la translation, ne me lais-
sait pas, Monsieur, la latitude ni le loisir d'attendre vos
ordres.
Croyez, Monsieur, que ce sera avec bien du plaisir que
je m'acquitterai, sous vos yeux et sous votre direction, de
la mission flatteuse dont m'honore Son Excellence, et je de-
meure convaincu que les habitants de la ville de Sens ver-
ront avec beaucoup de satisfaction le premier magistrat du
département augmenter par sa présence l'éclat d'une céré-
monie digne, sous tous les rapports, de stimuler notre zèle
et notre amour pour l'auguste famille des Bourbons.
Au surplus. Monsieur le Préfet, ainsi que vous l'annonce
ma lettre du 1er de ce mois, et comme cela m'est ordonné,
je me suis concerté avec l'autorité ecclésiastique et je viens
de m'assurer que M. l'Evêque est prévenu et que toutes Icî;
convocations sont faites, ce qui met un obstacle nouveau au
retard que votre arrêté du 2 amènerait et m'oblige à persis-
ter dans la détermination dont j'ai eu l'honneur de vous
prévenir. Agir diflëremment serait, de ma part, contrarier
les vues de Son Excellence, et vous sentez que cela n'est
pas en mon pouvoir.
J'ai lu attentivement votre programme qui sera suivi
exactement, sauf quelques modifications que la saison com-
mande; par exemple, nous avons cru devoir décider que la
fouille au cimetière se ferait la veille, parce que le temps
qu'il faudra employer à cette opération serait trop long pour
permettre de tout finir en un jour, et que, l'autorité ecclé-
siastique voulant faire une cérémonie majestueuse, c'est in-
dispensable, pour répondre à ses louables intentions, de la
— 159 —
commencer dans la matinée, afln de lui donner la latitude
convenable (1).
Je ne puis vous exprimer, Monsieur le Préfet, combien il
m'est pénible de me trouver en contradiction avec vous,
n'ayant rien de plus à cœur que de suivre en tout vos inten-
tions. Mais Son Excellence, que j'ai instruite du jour fixé
pour la cérémonie m'ayant marqué qu'elle la croyait depuis
longtemps terminée, il ne me reste que le devoir d'accélérer
le moment de réaliser ses intentions. (Arch. de VYonne,VW.J
M. Gamot dut accepter sa déconvenue. Il se
rendit à Sens pour la cérémonie religieuse du 8 dé-
cembre, mais ne parut ni à Tenquéte ni à Texhuma-
lion. Le Sous-Préfet présida à cette opération dont
il a dressé Tintéressant compte rendu qui suit :
(1) La inunici|>alité avait, de son côté, pris les dispositions suivantes :
POMPE FUNÈBRE DE MONSEIGNEUR LE DAUPHIN
Ojounrhui, sept décembre mil huit cent quatorze, le maire de la ville
de Sens, *
Considérant qu'il convient donner à la pompe funèbre de Monseigneur
le Dauphin et de Madame la Dauphine toute la décence convenable en pa-
rpille circonstance.
Arrête ce qui suit :
Il ost mjoint aux habitants de la ville de balayer le devant de leurs mai-
sons jeudi matin. 8 décembre, avant 9 heures.
Le cortège entrera dans la ville par la porte d'Yonne, suivra la Grande-
Rue jusqu'à la rue Dauphine et traversera In place jusqu'à l'église Saint-
ttienne.
Les boutiques seront exactement fermécs.sur toute la route que parcour-
rera ledit cortège jusqu'après son passage.
Il est expressément défendu le même jour d'ouvrir aucunes salles <ie bals
ou autres divertissements.
Ceux qui contreviendraient à la présente ordonnance seront traduits à
b police.
Fait et arrêté les dits jour et an que dessus.
C. DE Lauhencin.
(Archives communales de Sens, Reg, des arrêtés, tome XL)
i
— im —
pROCèS-YERBAL DE LA TRANSLATION DES CENDRES DE MON-
SEIGNEUR LE Dauphin et de Madame la Dauphine dans
LE CHŒUR DE LA C\THÉDRALE DE SeNS <\).
Cejoard'hai, 7 décembre 1814, heare de oeuf du matin,
noas, Michel-Georges de Busqaet, chevalier et ancien lieu-
Icnant-colonel an régiment de Monsieur-Dragons, chevalier
de Tordre royal et militaire de Saint -Louis, Sous- Préfet de
Tarrondissement de Sens,
En vertu des ordres de Son Excellence M. Tabbé de Mon-
tesquiou. Ministre Secrétaire d'Etat au département de Mn-
térieur, exprimés en sa lettre autographe du 29 novembre
dernier, et d'après Tarrété de M. le Préfet du département
de l'Yonne, du 2 de ce mois, avons réuni en notre hôtel, sis
rue Saint-Benoit, à Sens : MM. Billebault, président du tri-
bunal civil; Cornisset, président du tribunal de commerce:
Demay, procureur du Roi, et de Laurencin, maire de la
ville, à TefTet de se transporter avec nous au cimetière dit
de rHôtel-D*eu, sis près TEsplanade dudit Sens, pour être
présens avec nous à la reconnaissance du lieu où sont dé-
posés maintenant les restes de Monseigneur le Dauphin et
de Madame la Dauphine, auteurs de notre auguste Monar-
que, et ensuite assister à la fouille qui est nécessaire, pour
reconnaître ces précieux restes qui, d'après les ordres sus-
relatés, doivent être exhumés, mis dans des cercueils à ce
préparés et réintégrés dans le chœur de Téglise cathé-
drale de cette ville, d'où ils en ont été retirés, pendant les
troubles de la France.
Partis de notre hôtel, accompagnés comme dessus, nous
îïommes arrivés au cimetière susdit, où nous avons trouvé
MM. Benoist de la Mothe, de Formanoir, curé-doyen, l'abbé
de Vaudricourt, ancien grand-archidiacre de Sens, Pelée
de Saint-Maurice, avocat, Lorne, négociant, Tarbé, impri-
meur, et Bardin, juge de paix, tous membres de la commis-
BÎon chargée par le conseil municipal de ladite ville de Sens.
(1) Archives de l'Archcvôchc.
b resdaunilioii du tntusolée de MoDseigncur te Daui^hin
dr Matleime lu Daupliiiief cottinie aussi des délnils et Im-
prép«i rai Dires h la relnlégration Û€ leurs precieuit
lis dans le chœur de K église cathédmlev lesquels nous
ni dil que, jaloux de répondre à ta couflance de leurs cog*
i^ovesis^ ils avaient pris tes mesures couvenables pour facUi*
r ooire opération cl qu a cet elîet, ils a voient fait appeler le
eur Persôn. artiste chargé des travaux, pour être par nous
rotenda sur les lieux, aîusi que la dauie >Vouslourn, veuve
Hiiresti, Thomas f aocien orfèvre, Ficon père, perruquier»
»iidrot« docteur en chirurgie, et Vèrot, ancien religieux
: itninîcaîu, comme témoins du lieu du dépôt dans le cime*
urre, lesquels, présents et InterpeUésséparèmeiTt, nous ont
les déclarations suivantes, savoir :
î' La dâuie Wouiitonm, veuve Bureau, a déclaré que,
r revente au cimelière, lors de llnhumation, elle a vu dépo*
^^^ les corps sans cercueils, dans la direction du nord au
^Wd]. à ta distance du mur, à droite en entrant dans ledit
|Càizietière| de 13 a 14 pieds, et que Icsdils corps éloient reu-
^b danK la même fosse, et a signé avec nous, Signé . Veuve
^BmcAU et tJE BusQtrr.
^■î- Le sieur Michel-Savinien Boudrot a déclaré que, pré-
ni aa cimetière lors de rinhumation, il a vu jeter dans une
, i droite du cimetière, les deux corps de M»?" le Dim-
;n cl de M«>^la Dauphine. lesquels éloientnuds, etont été
ensemble itans ladite fosse, et a signé avec nous. Signé :
0ROT, DE BCSQUET,
Le sieur Edmc*Huberl Vèrol, ancien religieux domini-
(î)* a déclaré que, présent an cimelicre tors de linhu-
on, et s*a percevant de 1 embarras des personnes char-
is de procéder, à cause du peu de largeur de la fosse, il
ffVtérr coiiver* tïu t'isu%'enl «ïest JiH'oJ>ins ih* Suis, lu^ en lïjfl, avait fait
ii<»n rn IÎH2* Kit 17W*, U «viili ïuit dcTlîtnilUm que son désir vlnU ilo
nnii wm cot]% fnt, mîuii qtie, t\an% Iv in s nù ta MinisOM de Sens tie
n% cimMTvre, U oeerplerfill la t^eiision |Hx*post*e el le reUremlt.
à0€9 rf# r hmnr, sérî vQ.)
Il
î
* I
— 162 —
s'est empressé de les nider, et qu'il a déposé lui-même dans
la fosse, le corps de Madame la Dauphine sur celui de Mon-
seigneur le Dauphin, qu'il a entouré d'un des bras de son
auguste époux, et a signé avec nous. Signé : Vérot, de Bts-
QUET.
40 Le sieur Picon père, perruquier, lequel a déclaré que,
présent à l'inhumation, il se rappelle très bien que les
corps de Monseigneur le Dauphin et de Madame la Dau-
phine ont été déposés nuds, dans la même fosse située en
entrant à droite, dans le cimetière, h une distance d'à peu
près treize à quatorze pieds du mur, et a signé avec nous.
(Signé :) Picon et de Busquet.
50 Le sieur Thomas, ancien orfèvre, demeurant à Sens,
lequel nous a déclaré qu'étant venu au cimetière avec dé-
funt le sieur Macé, il a, de concert avec ledit Macé, qui
avoit été présent à l'inhumation en sa qualité d'officier mu-
nicipal, reconnu l'endroit où avoient été déposés les corps,
et qu'il s'est assuré que la fosse, en entrant, à droite, étoit
à la distance d'environ douze à treize pieds du mur, suivant
le repaire qui avoit été posé, pour signe de reconnaissance,
dans le mur; et a ledit sieur Thomas signé avec nous,
(Signé :) Thomas et de Busquet.
C« Le sieur Person, artiste, nous 1 déclaré que, les 22 et
23 mars 1794, Monseigneur le Dauphin et Mme la Dauphine
ont été exhumés de la cathédrale de Sens et transférés dans
le cimetière de THôtel-Dieu, sur l'Esplanade, à droite, à
l'entrée de la porte; qu'ils ont été mis dans la même fosse,
après avoir été extraits des cercueils de plomb dans les-
quels ils reposoient;que Monseigneur le Dauphin a été des-
cendu le premier dans la fosse et Madame la Dauphine la
dernière, dans un sens inverse, les têtes au nord, et les
pieds au midi, le bras gauche de Monseigneur le Dauphin
replié sur le corps de Madame la Dauphine; que la disposi-
tion est à treize pieds de distance du mur dans lequel il a
enfoncé une broche en fer jusqu'à la tête, qui y est restée
jusqu'aujourd'hui, et qu'alors il existait un arbre essence de
— 163 —
noyer qui se trouvoit à deux pieds de la fosse, et a signé
avec nous.
(Signé :) Person et de Busquet.
Ce fait, est intervenu M. Antoine-François Thomas de la
Tour, archiprctre et grand vicaire du diocèse de Troyes,
chargé par Monseigneur Tévêque de la cérémonie reli-
gieuse relative à la translation des restes de Monseigneur le
Dauphin et de Madame la Dauphine, lequel nous a demandé
à assister à notre opération pour s'assurer, conformément
à ses instructions, de Tidentité des précieux restes que nous
nous proposions de reconnaître; ce à quoi nous avons con-
senti avec le plus grand plaisir.
De suite, examen fait des lieux, et lecture donnée aux
magistrats assemblés des dépositions des témoins, nous
avons fait appeler des ouvriers pionniers, lesquels, sous la
direction dudit sieur Person, ont de suite travaillé à la
fouille nécessaire, dans Tendroit reconnu pour être le lieu
du dépôt, et, après avoir travaillé Tespace d'environ deux
heures, au premier signe indiquant que Ton approchoit des
restes précieux, objets de nos recherches, nous avons, tou-
jours en présence de MM. les magistrats, ci-devant dénom-
més, fait appeler MM. Crou, docteur en médecine. Soûlas,
chirurgien, Rétif, chirurgien, et Boudrot, aussi chirurgien,
tous quatre attachés aux établissements de cette ville, à
reflet de reconnaître, d'après les indices résultant des dépo-
sitions des témoins, les restes des corps. Et de suite, MM. les
docteurs susdésignés ont découvert le bassin de la prin-
cesse, les deux fémurs et la suite des extrémités inférieu-
res; la partie supérieure du tronc et la tête ont également
été reconnus par eux dans leur situation respective ; les
restes de Monseigneur le Dauphin étoient placés latérale,
ment et un peu inférieurement à ceux de Madame la Dau-
phine; la tête de Monseigneur le Dauphin s'est trouvée
entière ; et celle de Madame la Dauphine désarticulée. De
suite, et sur notre invitation, MM. les docteurs se sont oc-
cupés de déposer les restes de ces précieux corps dans des
i
M
— 106 —
En reproduisant ce document dans VAlmanach
du déparlement de i Yonne et de la ville de Sens pour
18l6f Tarbé Ta fait suivre d'un récit détaillé de la
cérémonie funèbre.
Marche du cortège lors de la cérémonie de Vexhumation des
cendres de Monseigneur le Dauphin et de Madame la Dau-
phine, et de leur réinhumation dans le chœur de la cathé-
drale de Sens^ le 8 décembre Î8H.
La cérémonie fut annoncée la veille, à 5 heures du
soir et pendant une demi-heure, par la sonnerie en volée
des deux bourdons de la cathédrale; et, le 8 décembre, à
7 heures du matin, pendant le même espace de temps. A
9 heures et demie, roffîcc fut annoncé de même et, depuis
10 heures et demie jusqu'ù l'entrée du cortège dans l'église,
toutes les cloches furent également sonnées en volée.
Les autorités constituées de la ville s'étant réunies le 8, à
9 heures et demie du matin, à Thôtel de la mairie, elles se
rendirent rue de TEpée, pour se joindre à M. le préfet du
déparlement, et, avec lui, prirent leur direction sur la place
Saint-Etienne, devant l'église cathédrale, où le clergé, pré-
cédé du corbillard destiné à recevoir les corps de Monsei-
gneur le Dauphin et de Madame la Dauphine, se réunit au
cortège.
De là, le cortège se rendit surTEsplanadc, en face du ci-
metière d'où les corps des augustes Princes avoient été
exhumés la veille et placés sous une chapelle ardente.
Huit membres de la garde nationale, savoir : deux grena-
diers, deux chasseurs, deux sapeurs-pompiers et deux ca-
valiers, désignés pour remplir les fonctions de gardes du
corps, enlevèrent les cercueils et les placèrent dans le cor-
billard. Quatre chevaliers de Tordre royal cl militaire de
Saint-Louis et quatre chevaliers de la Légion d'honneur,
s'étant placés de chaque côté pour porter le poèlf*, y restè-
rent constamment pendant la marche, pendant la célébra-
— 167 —
tioD de Tofflce, et jusqu'au moment de la réinhumation dans
le caveau.
Pour se rendre à la cathédrale, le cortège, marchant dans
le plus grand recueillement, a observé l'ordre suivant :
Cent pauvres de la villç, revêtus de capotes et précciiés
d'une croix ; ils portoient chacun un cierge et marchoient
sur deux haies. Les orphelines tenant aussi des cierges ;
Les dames Carmélites et leurs élèves ; les dames de VHù-
tel-Dieu; les dames de la congrégation de Nevers, leiiis
pensionnaires et leurs élèves ; les élèves du collège de Sens
et ceux des autres pensionnats de la ville ;
Le clergé, tant de la cathédrale que des autres églises de
la ville et de l'arrondissement, ayant à leur tête M. de la
Tour, vicaire général de M. l'Evêque de Troyesj
Le corbillard drapé en noir, décoré de branches de cy-
près et des armoiries de Monseigneur le Dauphin et de Ma-
dame la Dauphine, et attelé de huit chevaux caparaçonnés
en noir;
Le char étoit conduit par un cocher et trois valets de pied
en habit de deuil ;
M. le Préfet et M. le Maréchal de camp, commandant Je
département ;
Ensuite tous les fonctionnaires de la ville et de l'arron-
dissement dans Tordre des préséances.
Toutes les autorités constituées ayant été placées dans le
chœur, on a commencé l'office par les prières de Tab-
soule (1); la messe solennelle a été chantée ensuite par
M. le vicaire général de Troyes, ayant pour l'accompagner
tous les anciens ecclésiastiques de l'arrondissement. Fen-
dant la prose, les bourdons ont été sonnés en volée.
Après l'Evangile, M. l'officiant a prononcé un discours
analogue à la circonstance.
L'offrande a eu lieu, suivant le rite solennel de cette église,
et de la manière suivante : d'abord les quatre prêtres les
'^1
.1) Le narrateur, évidemment peu renseigné sur la liturgie, a pri^ lu
chant des Matines ou des laudes pour celui de Tabsoute.
î
.-, _ 168 _
plus anciens, portant chacun un cierge à la main, ont ofTert
chacun le pain et le vin dans le calice (1) ; ensuite M. le curé-
doyen, au nom de la Fabrique, tenant aussi un cierge, a
ofTerl le pain et le vin. Enfin quatre gardes-maires, portant
aussi des cierges, ont offert le pain et le vin au nom de la
ville.
Uofflce a fini par le Libéra chanté à grand chœur, pen-
dant lequel les cloches ont été sonnées en volée.
Après le Libéra, les huit chevaliers ont descendu les
corps dans le caveau, et les ont placés sur des chenets de
fer.
Le clergé a salué et honoré les restes précieux des au-
gustes Princes en jetant de l'eau bénite, ce qui a été observe
ensuite par M. le Préfet, M. le Général commandant le dé-
partement, M. le Sous-Préret, et tous les autres fonction-
naires.
Après la cérémonie, le cortège a reconduit M. le Préfet
chez lui.
Le soir même, le Préfet rendait compte au Mi-
nistre de rinlérieur de ces événements. Le début
de sa dépêche n'est pas d'une exactitude rigou-
reuse; elle n'en est pas moins intéressante :
Je me suis transporté hier à Sens pour être présent à la
recherche des cendres de Monseigneur le Dauphin et de
Madame la Dauphine. Cette opération a eu lieu comme je
lavais prescrite et elle a été couronnée du plus grand suc-
cès.
L'identité a été reconnue sans aucun doute. Les précieux
restes placés dans des cercueils de plomb préparés pour
les recevoir et remis ensuite aux ministres de la Religion.
(1) (le cérémonial qui rappelle si bien le vérllablc sens de roffrando vi
les traditions IHurgiqiies de l'ICglIse primitive a été, avec rnison, conservr
après Tadoption du rite romain. On l'a observé, en 1891, aux fUncniilles
de s. K. le cardinal Bernadou.
— 169 —
Ui cérémonie de !a translation vienl d'nvoir lien avec
lotîte kl pompe canvenable. Votre Excellence peut compler
sur le procès- verbal qui lui serii envoyé. Le loin beau est
dans le niême étal où il se trouvait avant qu'il eut été pro*
tioé par des mains impies
le pars à rîastnnt pour Auxerre. (Archwes de rVotme^ V 30./
Au lexle de celle dépêche est joint le projet d iiiie
lellre au Ministre. II n'est pas certain cjuc le Préfet
ail ost' exhaler la mauvaise humeur qui s y traduit;
eu tout cas, elle nous édifie sur ses sentimenls au
soir des cérémonies de Sens :
h
La lettre naiograptte que Voire Excellence a écrite au
Sous-rrêrct concernant la translation tics cendres de Mon-
icigneur le Dauphin et de Madame la Dauphine n'a pas pro-
ditïl un elTet favorable à radminislralion. Je la supplie de
m CD donner rexplication.
Voire ExecUence ne connaissait paj; ma correspondance
à et sujet Elle a été tronipée. Il y a des personnes d*un ex-
ceilcnt esprit, mais il y a aussi quelques brouillons qui en-
tra veal auUint qu'ils peuvent, J aï été déjù obligé de les ra-
mener à Tordre plus d une fois et il est d autant plus néces-
saire rie ne pas relslcber les ressorts des pouvoirs de Taulo-
filé supérieure à qui l'adniinistraliuu est confiée : il y a des
nains pures mais que 1 ïige a fort affaiblies et qu*U est bien
nUel de diriger.
prends lu liberté, Moiisei|^neur, de souraeltre ces ob-
alions û Voire Excellence» en l'assurant qu'on peut sér-
ie Roi aussi bien que moi, mais pas avec ]ïIus d'amour
le zèle pour ses devoirs el pour Texéculion de vos or-
s* (Ibidem, J
C&IPITRE X
\n%
da
A M» nUmr à Aitxerrr^ le Préfet trouirail une
Mptdm àm Miiiglii de rfadérieiin Pei^tiadé,
d*dprés tes ra|»port» anlériean, qop la cérumoaie
était relardée jusqu'à la On du moisi, M. de Moiilev»,
quiou éeriYaif :
Parti, ce 9 déecmbre.
Mo?f$f£t'R, Frère àm Roi, désirerait se tmavrr à Stos pom
MtJstfT à la céréfnonîe ftinêlirc qui s'y prépare. Ce projeC
nVîit pÊ% encore arrête; mais j'ai cm devoir voua en prèveJ
nir, je vais également le faire dire à M, 1 évéquc de TroyesJ
Je Vûus ferai paJi^cr les derniers ordres dès que je les aurai
reçu*, mab je croi?* que vou% pouvez dt-jî^i f;iire quelque!
filfipriittian» préltminairex La \ûu% essentielle est de biei
constnier TideaLité rie ces vétiérnbles dépouilIeH, de lesfali
erd'eiitii-r rlniiH un crrfueil et de k's déposer dans un liei
viThiu où elif!^ Hoiejd hnnurnljlcnictit.
Il ne nie pniinl pus décent que Monsieur assiste à louves
hiiT de cellt^ hi^pulturc, où elles ont éïù si hidêcenimei
plecfeu^ mai!» il pou n ait ne trouver au lieu ou vous auricd
— 172 —
pour parfaire les décorations de la cathédrale, (aire prépa-
rer la place qui doil être destinée à Monsieur dans le milieu
du chœur, en avant du tombeau, précisément là où se trou-
vait un groupe de dames à la dernière cérémonie.
Comme les dames de la ville ne pourront point être pla-
cées dans le chœur, on pourra marquer cl circonscrire une
place dans la partie antérieure et extérieure du chœur d'où
elles pourront voir facilement le Prince.
3» M'indiquer le logement que vous croirés le plus conve-
nable, sans rien arrêter définitivement que je ne Taie ap-
prouvé.
Je désire que M. de Laurencin dirige par lui-même ces ar-
rangemcns et qu*il choisisse les personnes nécessaires pour
Taider.
Quant à la police intérieure de l'église, qui a été extrême-
ment mal faite la dernière fois, j'espère que M. TEvêquc
voudra bien me permettre d*y mettre ordre.
Le séjour du Prince nécessitera quelques dépenses^; la
ville de Sens n'est pas riche; aussi je suis porté à pourvoir
à tout. Dites-moi votre façon de penser là-dessus.
En quel état sont les arcs-dc-triomphe sur la route? En
existe-t-il encore quelques-uns ?
La saison n*cst pas favorable pour ces sortes de décora-
tion. On ne pourra guère non plus sabler les rues parce
que la pluie enlèverait tout sur le champ.
Je serai rendu à Sens deux ou trois jours avant l'arrivée
du Prince; et je verrai tout et examinerai tout par moi-
même.
Probablement je vous enverrai M. Sauvalle demain pour
vous faire part verbalement de mes intentions ultérieures.
J'ai oublié de vous dire, avant de vous quitter, que je dé-
sirais qu'aucune relation de ce qui s'est passé ne fut im-
primée dans le département sans qu'auparavant j'y aie ap-
posé mon visa. Je vous prie de tenir la main exactement à
cette disposition.
Gamot. [Archives de VYonne^ V 20.)
i
— !73 —
: tSsculcmenl le Ministre pouvait informer offi-
îlemenl le Préfet de la visite du Comte d'Artois :
i.e Roi vient de me dire. Monsieur, que MoxsiEim» comte
'.rtois, seroit ix Sens niordi prochain pour tjinner et qu il
isîeroit Iciendcmaln au service qui doit être célébré tous
ms pour feu M. le DauphiiK Je vous prie de donner des
!rrs en consêqence. Moksîëoh ne couchera qu'une nuit à
. us.
1^1 nouvelle ne surprît personne à Sens. Depuis
plusieurs jours, grâce à M. de la Mothe, parti aux
nouvelles à Paris, on connaissait par le menu les
projets du prince.
Le maire de Sens, M. de Laurencin, avait en
et, reçu la lettre suivante :
Paris, lundi, Il heures du soin
Monsieur,
ivaisvu M. BourleM premier valet dcMoKSiEUR)(î) avant
lîncr el voici ce que j'ai recueilti.
l* Il n'a point écrit dimanche ù Madame d'Yau ville (sa
in parce que rien n élail encore déterminé; la lecture du
^..ocès-verbal qui aura préparé l'article inséré dans le Motii-
tatrât ce jour hâtera sa décision ;
2> Rien de plus certain que le Uoi seul, par égard pour la
^nié de MoxsiEL"a. s'est opposé à ce qu'il assistât à ta cérc-
ciie de l'exhumation et deréinhumation^ et ouest content
glie soit faite ;
MoNsiELH ne sera à Sens que le 19 et peut-être le 20; il
aorche point le dimanche et, le 19 lundi étant jour de
irbns If Ctiîeihtrisr th* fa Ctttir pour 17W9, M. fHoiirlt't di* VniiJicc«;ï]Ë&
* eomiiii^ |irt't)tîç-r valrt çlr la (!,hLïfii)>ri- (tu nuiiite «l^ArtoK ; Mm tUs c^t
triiitnt |>rfmii-r vîilcl liiï la Cliambre pnr ijuarlicn l**iilibr' Slnidîi-
.ifio Hiiiirl^l iJr Vuojicrilcs, chiiiialnc i-l vituiiri* geiirml de Sens, l-IaII
- 'Il cuire H Icctctir du Prince* (V&tr p, 53, nntc H.}
— 174 —
Conseil, auquel il se fait un devoir d'assister, peut-être
craindrait-il d'arriver trop tard. Alors la cérémonie n'aurait
lieu que le 21 ; il n'y aurait pas grand mal à cela, nous au-
rions plus de temps pour les préparatifs ;
4» La suite de Monsieur, en admettant la présence de ses
deux fils, n'excéderait pas dix-huit personnes. Monsieur
couchera chez Madame d'Yauville(l),avec son capitaine des
gardes, son premier gentilhomme, et quatre à cinq person-
nes de suite au plus, mais un homme seulement pour sur-
veiller le service.
5» On prendra toutes les mesures possibles pour qu'en
sortant du service, et avant le repas destiné à Monsieur i\
la mairie, il veuille bien passer en revue la garde nationale;
6" Si les deux princes viennent, ils seront placés chez Ma-
dame Larcher(2) et chez M. de Fontaine (3); le premier au-
mônier de Monsieur, M. l'abbé de Lallit, chez M. l'abbé de
Vaudricourt (4) (tout cela dans la même rue). Il paraît, au
surplus que Monsieur se fait une loi d'abandonner à MM. les
Préfets, dans toutes ses tournées, le soin de marquer son
logement.
Voilù, Monsieur le Maire, le résumé de mon long entre-
tien avec M. Bourlet, qui désire ardemment accompagner le
Prince dont les bontés pour lui sont extrêmes, et nous pour-
rions nous en ressentir.
De la Mothe.
(Archives de V Yonne, V 20.)
De son côté, le curé de Sens, M. de Formanoir,
était avisé par Mg»* de Boulogne :
16 décembre 1814.
Plusieurs incidents et divers malentendus relatifs à la cé-
rémonie de Sens m'ont empêché de répondre aux deux lel-
(1) Rue du Snint-Ksprit, n* 6.
(2) Rue du Saint-Esprit, n* 10.
(3) Rue du Saint-Esprit, n* 9.
(4) Rue du Saint-Esprit, n- 4.
— 175 —
très que vous m*avez écrites. Je vous apprends par celle-ci
que Monsieur allant à Sens, mardi prochain, pour assister
au ser\'ice solennel qui aura lieu pour M. le Dauphin, je
partirai lundi pour arriver sur les huit heures du soir à
Sens et descendre chez vous, très fâché de vous donner
rembarras de ma personne, mais très charmé du plaisir que
j'aurai de vous voir. Nous aurons par là le temps de tout
préparer pour le service du surlendemain que je célébrerai
pontificalement.
11 faudra tâcher de convoquer le plus que vous pourrés,
les prêtres des environs, tant pour servir à l'autel que pour
augmenter la pompe de la cérémonie.
J'ai donné avis aussi dans ce sens là à Fabbé de la Tour,
qui, peut-être, n'aura plus la force de revenir à Sens, tant il
a été fatigué. Je crains de Têtre aussi, vu ma mauvaise santé
et ce mauvais temps, mais il faut savoir se résigner quand
il le faut.
Je suis fâché de n'avoir pas eu le temps de faire une pe-
tite oraison funèbre et d'avoir été pris au dépourvu à cet
égard. D'ailleurs je n'aurais pas pu prêcher et officier; mais
j ai évoqué quelques lignes pour dire à Monsieur.
J'espère que tout se passera dans l'ordre et la décence
convenable. Je vous renouvelle, en attendant. Monsieur,
tous les sentimens d'estime et d'affection que vous me con-
naissez et auxquels je me flatte que vous rendez justice.
Et.-Ant., Evèque de Troyes. [Dossier de Formanoir.J
Le Bulletin de la Préfecture de V Yonne (no XIII)
a publié le compte rendu officiel de la réception
faite à Sens au fils du Dauphin. Nous avons extrait
de la phraséologie préfectorale les détails qu'on va
lire :
S. A. R. arriva, le mardi 20, à 4 heures du soir, à Ville-
neuve-la-Guyard. Le Préfet et le Général commandant le
département Vy attendaient avec un détachement de gen-
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— 176 —
darmeric. Après avoir reçu les salutations du Préfet, qui lui
présenta l'arrêté réglant le cérémonial de la soirée et du
lendemain, le Prince continua sa route. A Pont-sur- Yonne,
le Sous-Préfet de Sens se joignit à la suite. Les lanciers de
Berry et la gendarmerie formaient l'escorte. Aux limites du
territoire de la ville attendaient le Maire entouré du corps
municipal, la garde nationale à pied et à cheval, et une
multitude considérable.
Dans son discours, le Maire eut soin de faire ressortir le
soin pieux avec lequel les Sénonais avaient relevé le tom-
beau du Dauphin, c L'empressement qu'a mis la ville de
c Sens à la restauration du Mausolée des auteurs de vos
« jours prouvera à Sa Majesté , ainsi qu'à Votre Altesse
c Royale, tout le prix que nous attachons à la conservation
c de ce précieux dépôt dans notre cité. »
Monsieur, dans sa réponse, fit l'éloge du zèle et de In
piété des habitants de Sens et leur en témoigna sa grati-
tude.
Pendant ce temps, un groupe de mariniers dételaient les
chevaux, s'emparaient du carrosse du Prince, et le traînaient
en triomphe jusqu'à l'hôtel de Mm« d'Yauville, où il devait
résider.
Après un instant de repos, le Prince, entouré d'un cortège
d'honneur, se rendit à l'hôtel de ville. La mairie était alors
installée dans le vieux palais des archevêques, à moitié
ruiné. C'est là qu'eut lieu le banquet offert par la ville. Pen-
dant le repas, la foule circulait dans la salle où le frère du
Roi avait convié les autorités du département et dans celle
où une table de cent couverts réunissait la suite du Prince,
les gardes du corps et les principaux fonctionnaires.
Après le dîner. Monsieur s'est rendu dans la plus grande
salle de l'hôtel de ville (1), destinée pour la présentation des
autorités. Une double rangée de dames, élégamment velues,
étaient placées sur un des côtés de la salle ; l'autre côlé,
était occupé par les autorités, dans Tordre des préséances.
(1) Sans doute la saUc synodale de rofncialit<^.
— 177 —
: f Préfet fil les présentations, 4 On a remarqué dans ces
prmntnHons» dit le procès-verbnU celle de trois fin mes de
> IIS» Mesdames Duroulîn, Bernard cl Follet qui, i^i une
,)oqiie encore rècenle où cette ville élnil nicnncéc. pour la
sccDodc fois, du pitiage et de Hncendic par les armées ol-
lÎLTs, se sont exposées h tous les dangers, et ont obtenu des
uhefN b suspension des Lostdilés. Le Prince a entendu ces
(LiiBes avec intérêt el a donné à leur dévouement l'éloge le
plus llatteur {l}.
< La couiniîssion nommée^, pour suivre ta restauration
il riionumcnt consacré h la mémoire de Monseigneur le
' upliin el de Mudame b Daupliine,-. ^>ant été également
résenlée au Prince, S. A. Royale n daij^né 1 accueillir avec
►nté. Elle a fait connaître à M. Person, artiste distingué,
uelk* n'ignora il pas tout ce que cette restauration devait
son ïéle et u son tolent. »
Après celte soirée, te Prince fut reconduit i\ riiôtel de
M'»' il Yau ville, acclnnié par la population. La ville cnliére
'lit illuminée. » Le mot d'ordre donné parle Prince lui-
iiiâne a été : Sainl Louis, Sens. »
* Le lendemain, mercredi 21 décembre, une salve dartiL
Ktic el les cloches de la catliédrale ont annoncé, dés 7 heu-
\s du matin, la pieuse cérémonie i\ laquelle ce jour devail
l'Q consacré. Elle avait été fixée à 10 heures précises du
udin. Ué^ 9 tieures et demie, les Autorités se sont réunies
1 iîtitel de Ville et se sont rendues au palais de SA. Royale.
« Avant dé sortir, le Prince a reçu cheval iers de Suint-
Lnuis, M, Iloudîn^ maréchal de camp, commandant le De-
p^Értement, et M. le comte de Laurencin. chevalier de Molle,
Micîen lïeutenanl*coloncl de cavalerie et maire de la ville
t Jîens, auxquels S. A. Royale venait d'accorder cette dé-
-ration.
f A 10 heures, MoxsiLCK, escorté comme le jour précédent,
pû allé à Végtise cathédrale; les rues que S, A. Royale a
traversées étalent remplies dliabitans, et les cris de : Vîm
Tinr J< PiuinfH, Sîhjet tir Smt, t)|>^ ^« Ui qï 2B,
12
11
— 178 —
!e Roi^ Vive Monsieur! se faisaient entendre de toutes
parts.
t* Arrivé à Téglise, M. Tévêque de Troycs, à la tête du clergé,
a reçu le Prince sous le dais, à l'entrée de la cathédrale (1),
et lui a adressé un discours aussi touchant qu'éloquent. On
a retenu, dans la réponse de S. A. Royale, ces mots dignes
du nis de saint Louis : c Je ne doute pas que la France ne
doive aux prières de nos illustres parens, dont les cendres
reposent dans cette enceinte, le bonheur que Dieu lui a
rendu i
« Monsieur, se rendant ensuite à la place qui avait été dis-
posée dans le sanctuaire pour le recevoir, est entré dans le
chœur; arrivée devant le Mausolée, S. A. Royale s'est pros-
ternée sur la tombe de ses pères et y a fait sa prière. Le
service, malgré l'affluence du monde qui se pressait de
toulos parts, a été célébré avec une pompe et une majesté
dignes de son objet. Les cérémonies (2) observées dans cette
méui omble circonstance rappelaient les plus beaux jours
de la iloligion; et rien n'était plus touchant que cette réu-
nion, au pied des autels, d'un Prince justement chéri et
d'un IVélat que ses vertus et ses talents distinguent si émi-
ueuiuient.
0\ M Quatre curés portaient le dnis. M" TEvêquc présenta h S. A. Ro>*alc
L't-Ai) iM-nite» lui Ot Imïscr la Vraie Croix, lui donna l'encens... » (Relalion
th lAUntmach Tarbé, 1810, p. 179.)
i'I) m ï/(ifTrandc a été faite suivant l'usage par quatre curés les plus nn-
ckns <lp l'arrondissement, après lesquels le Prince s'est aussi présenté
]ioi)r lulro la sienne; et ensuite M. le Curé, au nom de la Fabrique et suivi
i\v quîiln^ bedeaux portant cierge, a offert le pain et le vin. Un membre
du rtiiisril municipal, suivi de quatre gardes-maires, a fait semblnblc
DlTnindc, au nom de la ville.
N i^v rninfalquc, A trois rangs de gradins, couvert de cierges, était sur-
nioiUi' ft'un ditis de velours noir, aux armes du Dauphin. Sur le cutafal-
qiu' iHnU étendu un riche manteau royal, parsemé de fleurs de l}'s. Sur
un coussin cramoisi, brodé en or et garni de ses glands, était posée la cou-
ronne' il IL Dauphin, et, au-dessous, était suspendu le grand-cordon de l'or-
dre du Saint-Esprit, le tout couvert d'un crêpe.
s I^i quête a été faite, tant pour l'église que pour les pauvres, par Mes-
dsimos Bt' nord et Desgranges.» (Alnmnach T€irbé, Ibidem),
— 179 —
« Après la cérémonie, cl en repassant devant le Mausolée,
le Prince a réitéré sa prière et a été ensuite reconduit sous
le dais par Mp" TEvêque, à la tête de son clergé, jusqu'à la
porte de l'église.
« De là, S. A. Royale est relournée, avec son cortège, à son
palais ; elle y a passé en revue la garde nationale de la ville
de Sens, et le Prince, sur la demande de M. le Préfet, a au-
torisé tous ceux qui la composent, à porter le liseré noir
qui rappellera la circonstance qui a donné lieu au voyage
de S. A. Royale.
< Le Prince a fait remettre à M. le Préfet la somme de
5000 francs, pour distribuer des secours aux cinq arrondis-
sements du Département; et de plus, 2000 francs à M. le
curé-doyen de Sens, pour les pauvres de cette ville.
< Dans la distribution des croix de chevaliers de la Légion
d Honneur, faite à celte occasion, nous relevons les noms de
M. de Busquet, Sous-Préfet de Sens, ancien lieutenant-colo-
nel des Dragons de Monsieur, aujourd'hui Louis XVIII, et
gentilhomme de sa chambre ; Miron, président de la dépu-
tation de Sens envoyée au Roi ; le chevalier de Busquet,
chevau-léger de la Garde du Roi, fils du Sous-Préfet de
Sens.
c S. A. Royale a été conduite avec les mêmes escortes et le
même cortège jusqu'aux limites du territoire de la ville
M. le Préfet, le maréchal de camp Boudin, M. le marquis
de Tanlay, les lanciers et la gendarmerie l'ont accompagnée
jusques aux limites du Département. »
La cérémonie du 21 décembre 1814, en faisant
revivre les traditions de l'Eglise sénonaise, marquait
louverture d'une ère nouvelle. Désormais, les ser-
vices du Dauphin et de la Dauphine seront célébrés,
chaque année avec la solennité d'autrefois. A défaut
des princes de la famille royale dont les visites ne
coïncideront guère avec les dates des anniversaires,
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— 180 —
le premier gentilhomme de la Chambre du Roi, un
capilaine des Gardes et l'Intendant des Menus,
viendront (uièlement, du moins les premières an-
nées, y représenter le Roi.
En mars 1815, à la veille des événements qui vont
obliger Louis XVIII à reprendre le chemin de Texil,
le service pour la Dauphine a eu lieu (1).
Dés les premiers jours de décembre suivant, le
Préfet, M. de Goyon, songe aux moyens de célébrer
ranniversnirc du Dauphin, car aucune subvention
de l'Elat n*a été prévue pour cet objet. Un devis
s'élevant a 156 francs lui paraît trop élevé. Préoccupé
« des rédticlionsque commande la situation finan-
cière de la caisse communale, ^ le Préfet est d'avis
de ne dépenser que 253 francs.
Je conçois, écrit-il au Sous-Préfet de Sens, que si M. le
Pi ince vie ni, cet échafaudage d*économie croulera néces-
sairement. Mais alors nous aurons d'autres moyens; tandis
que si S. A. H. ne vient pas, nous n'en aurons aucun et
j'ignore quelle est la caisse qui en supportera définitivement
la dépense... C'est pourquoi je vous invile à soumettre le
calcul d'autre part à M. le doyen, curé de Sens, pour en dé-
fltïiUf, en passer par ce qu'il jugera convenable. {Archives
de t Yonne, y. 20.)
Aucun pritice n'assista à la cérémonie, qui eut lieu
le mardi 19 décembre. M. de Goyon était venu
d*Auxerju pour y prendre part.
Le service pour la Dauphine devait avoir un
(Il Compter tk fa fabrique de Saint- Etienne de Sent : « 11 mors (1815).
po«* rt di^pfinr fir In rcprcscnlnllon. pour le service de M** la Dauphine. »
— 181 —
grand éclal, grâce à la présence de Marie-Thérèse
(Je France, sa petite-fille.
Dès le 2 mars, Mgr de Boulogne l'annonçait à
l'abbé de Formanoîr :
Ce dimanche 2 mars 1816.
Je vous préviens que Madame la duchesse d'Ângoulême
se rendra à Sens, le 12 de ce mois, pour l'anniversaire de
Madame la Dauphine qui aura lieu le lendemain. Vous aurés
soin, en ce qui vous concerne, que tout soit prêt dans
léglise pour la recevoir dignement. J'ai eu l'honneur de lui
faire ma cour ce matin. Elle m'a dit qu'elle désiroit que
loffice se fît à neuf du matin. J'officierai pontificalement,
suivant ses intentions: Je vous recommande la chaire épis-
copale, pour quelle soit décemment ornée. Il y a toute appa-
rence que nous n'aurons pas ce fou de capitaine des Gardes
qui. Tannée dernière, eut l'imprudence de tout bouleverser
de son chef et à mon insçu ; mais quand nous l'aurions, je
vous promets bien que je ne lui passerons aucune insolence.
Il est nécessaire que vous convoquiés tous les desservans
de votre arrondissement, comme l'année dernière, pour que
la cérémonie funèbre se fasse avec dignité.
Je vous donnerai encore l'embarras de ma personne, mais
ce ne sera pas pour longtemps; ce sera pour moi un vrai
plaisir de vous revoir et de vous renouveler, mon cher
doyen, l'assurance de tous les sentiments d'estime et d'affec-
tion que je vous ai voués.
Et.-Ant., Evêque de Troyes,
« Je partirai le onze pour arriver à Sens entre 7 à 8 heu-
res du soir. » (Dossier de Formanoir.)
La Ville de Sens, lisons -nous dans le compte rendu
officiel (l), a eu le bonheur de posséder dans ses murs
Madame, Duchessse d'Angouléme, à l'occasion du Service
yjlcnnel anniversaire qui y a été célébré, le 13 courant, en
mémoire de Madame la Dauphine, son aïeule. Déjà toutes
<I Acte^ adminittratifx du Drimrtenient de l'Yonne, n* 9.
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— 182 —
les Gardes Nationales des diverses villes du Département...
étaient rèiiiiie^ï au nombre de plus de six cents.
L'ivrrivcc de S. A. R. étant annoncée pour le 12 courant,
six lieurcs du soir, le Préfet, le général, le marquis de Vil-
lefranchc, le Sous-Préfet et le Maire de Sens à la tête de
son conseil mtinicipal, se rendirent, dès 4 heures, à l'entrée
de la ville- Maiume y arriva à 5 heures et demie, accompa-
gnée de la CuLiitesse de Choisi, sa dame d'atour, la Comtesse
de liiron une de ses dames, le vicomte d Âgout, son premier
écuycr, el M. Marguerye, officier des Gardes du Corps, et
escortée pni un détachement des lanciers de la Garde
Hoyalc...
S, A. H. étant arrivée à l'entrée de. la ville de Sens, les
mariniers saisirent le moment où les autorités déposaient
aux pieds de Madame Thommage de leur respect, pour
dételer les chevaux de sa voiture, malgré ses plus vives
iiislnnees tie bonté pour se soustraire à ce témoignage
d'amour et de dévouement.
Madame ûi alors son entrée, accompagnée des Autorités,
d ini défaeltcnient de la Garde Nationale avec la Garde à
clievul en té te, et précédée de la musique de la Garde
Nationale d'Auxcrre, qui jouait l'air : Oiipeul-on être mieux
if n'ait srùî 4iv sff famille ?
Toutes les fenêtres étaient garnies de drapeaux blancs
ornés de ileurs de lis et de légendes qui toutes consacraient
les scnliuieiils des Français pour leur Roi légitime, pour
lauguslc Utie *ie leur Roi. Toutes les rues étaient bordées
de deux haies de Gardes Nationales
Maiïami:, arrivée à l'hôtel qui lui était destiné (1), y a été
C(:ue pnr M la comtesse de Goyon, l'une de ses dames,
fciiime du Fréfcl, et par les principales dames de la ville,
qui s'étaient rangées sur son passage
(1} l^s Affffhc% ife Senx précisent : « ("est In maison de M. <le Fonlaino,
itoiil le û\%t giinle (lu corps, a suivi le roi n Gand. i Cet hôtel, aujourd'hui
hfibité piir M. Ii' mni-quis de Trayncl, porte le n* 9 de la rue du Saint-
HspHt, aclucUenienl rue Abnilard.
— 183 —
Le dîner étant servi, Madame a bien voulu y admettre
M™*' la comtesse de Goyon, M. TEvêque, le Préfet, le maré-
chal de camp Boudin, commandant le département, le mar-
quis de Villefranche, maréchal de camp, inspecteur général
des Gardes Nationales de l'Yonne, et M. de Beurnonville,
commandant des Gardes Nationales de Sens. Après le re-
pas, toutes les Autorités ont été admises à paraître devant
Madame qui les a reçues avec une bienveillance égale. Après
les Autorités, les dames ont été présentées et nommées à
Madame qui les a vues avec cette afTabilité et celte amabilié
si remarquables qui inspirent le dévouement en même temps
que le respect
Le lendemain, Madame reçut, de grand matin, les Dames
Carmélites, les Dames de Nevers, qui se dévouent et se con-
sacrent à Finstruction de la jeunesse, les Dames Orphelines
et enfin celles de l'Hôtel-Dieu. Pendant ce temps, les Gardes
Nationales de Sens, Joigny, Auxerre, Avallon, Tonnerre,
Villeneuve-le-Roi et Brienon, occupaient le jardin et s'y
étaient rangées en bataille, présentant les trois côtés d'un
beau carré. Madame parut alors sur son perron, accompa-
gnée de sa suite. M. le maréchal de camp, marquis de Ville-
franche, vint prendre ses ordres, et les Gardes Nationales
défilèrent devant elle dans un ordre admirable, aux mêmes
cris de Vive le Roi! Viiw Madame! Après cette espèce de
parade, les commandans des Gardes Nationales à pied de
Tonnerre et de celle à cheval de Sens obtinrent de S. A. R.
la faveur de lui présenter leurs drapeau et guidon, dont
Madame daigna attacher les cravates.
S. A. R. se rendit ensuite à la cathédrale et fut reçue et
complimentée, sous le dais, par M. TEvêque, à la tête de
son clergé. Ce prélat, dont on connaît la pieuse éloquence,
adressa à Madame un discours dans lequel, retraçant toutes
les vertus de ses augustes parens, il se plut à les retrouver
toutes réunies dans Madame, comme elles sont toutes con-
sacrées et transmises dans ces deux tcslamens, monumens
de piété que l'histoire réservera pour l'instruction des peu-
ples...
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J
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^^
— 18t —
Les Afpches de Sens (1) complètent ces détails :
M. )c comte de la Fcrté cloil venu s'assurer de l'exécution
des onircs qu îÏ avait transmis d'avance pour la décoration
lie i'é^lise; le i^rand portail extérieur et tout l'intérieur de
celle liclle bnsilique éloient tendus en entier de la manière
la |>1lis noble et la plus convenable à la circonstance; de
nombreux èc lissons onioient cette lugubre tenture (2l
MAtiAMii, placée au milieu du sanctuaire, avoit autour
d'elle M"""^ Ic^ comtesses de Choisy, de Biron, de Goyon,
M. le vieomle d'Agout, son premier écuyer, M. le marquis
de Marjtîuerjc, bflioier des gardes de Monsieur. Tout le
clcrf^é de Tnirondissement, les quatre chanoines, seuls
restes du Chapitre de Sens, et toutes les communautés reli-
gieuses garnîssoicnt le sanctuaire. Les principales autorités,
les membres des tribunaux, les officiers et la musique rem-
plissoienl le chceur; les jubés et plusieurs gradins placés
dans le pourtour du chœur, réunissoient un concours im-
mense, sans eaiîscr de lumullc.
Le recueilïciuent de Madame pendant tout l'office com-
numdoil le silence et l'admiration. Après la messe, elle s'est
rendue nvec le clergé auprès du catafalque pour s'unir plus
parlictdiéieinenl aux prières qui terminent la cérémonie.
On la vue lixer les yeux, avec un vif intérêt, sur ce beau
mausolée qui couvre les restes de Mj?"" le Dauphin et de
M la DaujdniïC; elle y a répandu l'eau bénite que lui a pré-
(1^ Aiiiiri^ t«lG. n*K.
(2l l'ii iTiinioîrp^ fuinont pnrile de la coUccllon FôUx Chnndcnicr. |>orlc
Kurcles roiii'iillurt'^t Taitcs à Paris :
A (liceH. pdiiliirtî 2r>4 fr. »
A l^lmUf. U'tiUirt's mortuaires 2718 55
{les iJt'iH'iisi'S soiïl réglôcs A 2C90fr. ni
A Hi'hiiïrtLT, clrsslnatciir <lc la Chambrr (l'molumcns pour
roiiiitiilr dp trin siiix ii Paris et n'^glemens. à raison de 0 fr. 04
fmr riïMU'j. . , » 107 W»
A lïedorf, InsjK-eteur (frais de voynj»c à Sens et éniolu-
iii«<t»s> l.'i() _
~yiM7rr.~G4
A Pli ri», ce 4 nuij 1810.
Wf ». ntirès avoir ainsi sutisrait
S. . Rvêquc ^c Troycs P^f ^^"^^„,,.,, Ma porte
, jevoirsde la piélc^ "'"''•^- ''*^ "^^ hc^ro. .1 demie à son
rcgii.. M...VMH, -;-- ^ ;:,,e. .e son extrême
,„,,. y « donné -"«='^••7^"; ^Ï;, élément qu -1 ne Vac-
,,,,„, Elle a e«.jnu or o-fon^
,,„ ,es salles de ^^^^;^^_ ,:^,^. et ses
venus à la cérémonie fuaêbrc
■Siut Lom. a évoque nalu ^"- ,^,^^ 1„ „,,velle
r s^.jou.s du saint ro.. Aussi, en « P"^ ^^^ .^, „,veu du
t)fUX.SK-iles, le ^'""''.'^; ^metlevœu.iciuen
r.'.iini le 1"' avrd loi") ^'"*-' , , via
réuni it » ._ ^^^.^ ^ ^j^„5 la Me-
juvcnir
du mariage de saint
Pour lluiH.' «»«>""'»" *"■"'"""" ,...■■• —5—
.Ictnull» . . ■ • • KJW.
— 186 —
tropolc (le Sens, le cortège amenant à Paris la fu-
ture duclicsse de Berry devant passer à Sens, le
maringe ou tout au moins les fiançailles des jeunes
princes soient célébrés à Sens (1).
Ce dcsir ne fut pas accueilli et, le 7 avril, le Mi-
nisliT i\v rintérieur informait la municipalité séno-
naîse que le Roi a: a reçu ce vœu avec bonté, qu'il
y a élé sensible et s'est exprimé en termes très hono-
rables pour sa fidelle ville de Sens, mais n'a pu ac-
corder la demande qui lui est faite (2). i^
La ville de Sens fut plus heureuse dans la négo-
ciation du rétablissement du siège archiépiscopal
dont 1 avait frustré le Concordat de 1801. Dès 1816,
le roi Louis XVIII avait sollicité et obtenu du Sou-
verain Pontife la restauration de tous les évéchés
de Tancienne France. Une bulle du Pape avait san-
ctionné cet accord, et l'ancien évêque de Nancy,
M. de la Fare, l'un des fidèles du Roi pendant les
années d'exil, devenu le premier aumônier de la
Daiiphiue, avait été nommé archevêque. Mais des
diflicultés, surtout financières, avaient retardé l'exé-
lion du nouveau Concordat. Trois années s'étaient
écoulées et l'archevêque de Sens n'avait pas encore
pu prendre possession de son siège. Le Conseil mu-
nicipal de Sens, interprète des vœux de la popula-
tion, tnil l'heureuse pensée de formuler l'adresse
snîvanle :
Adf€S!;e ou Roi pour lui demander Varrhyêe de V Archevêque
Cejourtl liiiy, 30 janvier 1821, le conseil municipal... in-
(\ï DéUbétûUoH^ du Comeil miiniciiml de Srin, reg. ni.fol. 100, verso.
(2> fhfrf., mi. 102.
— 187 —
siruil par la voix publique que le gouvernement de Sa Ma-
Lstê s'occupe, dans sa soUicîlude, du rctahUsscmcnt ûg
- plasteurs des sièges éptscopaux compris dans le Concordat
hjt 1K17.
^■f énélré de la nécessité pour la YJlle de Sens et pour non
^arrondissement de voirrArchevêque de Sens prendre enfin
ïiïïssession du Sie^e auquel il est depuis longtemps appelle,
^■Kécessiié commandée par la Heligion qui, dans cet ar-
rondissement surtout, voit ses ministres tous les jours ravis
I par la mort sans être remplacés ;
I CertaiD que, pour lixer la bienveillance de Sa Majesté en
I faveur de la ville de Sens* il ne sera nécessaire que de lui ex-
■ poser les titres qui parlent hautement pour elle : les va^ux
iola Religiont rancîcnuelé du sié^^e, la mémoire des ancê-
1res de Sa Majesté :
I Arrête que 1 adresse suivante sera déposée aux pieds de
I Sa Maje4ité :
^B 4 Sire,
^r t yualre années se sont écoulées depuis que Votre Ma-
jeslé, pleine de sollicitude pour la prospérité de noire au-
Jdste tieligion et pour les besoins de ses peuples, conclut
avec Noire Saint-Père un Concordat qui relevait en France
kx sièges nombreux d évéques el ti archevêques qui firent
trefois la gloire de FH^lise gallicane et parmi lesquels
liait celui de Sens, tant par son ancienneté que par les
ijerlMs éminentes des prélats qui ravalent occupé,
• l.es mallicurs des temps, causés surtout par une der-
érc révolle impie, en épuisant nos ressources, pour satis-
Jjifc nu\ clîarges imposées par rélranj*er, arrêta Votre Ma-
ic-Mé dans leitéculion de ce traité auguste,
* Cepcudanl. Sire, Votre Majesté, depuis ce lenqïs, s'est
cu|ïée conslamment des moyens qui poujTOïcnl amener
a eitêcutîtin entière ou partielle : elle a consulté, dans
s vues, ^'i dillérentes fois^ les villes auxquelles ces sièges
ieot promis.
t La ville de Sens surtout fui distinguée; Votre cœur con
— 188 —
naissoit ses titres; aussi cette ville s'emprcssa-t-elle de
montrer par les demandes et par les offres qu'elle fit, avec
quelle ardeur elle désire roit voir son Eglise, éplorée de-
puis longtemps, consolée enfin par la présence du Prélat
respectable qui lui était promis.
t La tranquillité dont nous jouissons sous votre règne
chcrî répare nos malheurs; la fortune publique qui s'aiïer-
mit permet Téxécution, éloignée jusqu'à ce jour, de ce Con-
çu rdnt; quelques mots sans doute se sont échappes de la
bouche de Votre Majesté, et on lésa saisis avidement puis-
que partout s'éveille Tespérance du rétablissement de plu-
sieurs des sièges assurés par le Concordat de 1817.
a Dans une telle circonstance, le conseil municipal de la i
ville de Sens, Sire, ne restera pas muet ; des motifs trop
puissants et trop sacrés l'animent pour ne pas rompre un
silence que le respect lui avoit imposé.
« Il vient supplier Votre Majesté de jetter un regard favo-
rable sur l'Eglise de Sens, autrefois si florissante et maîntc-
nîinl si délaissée ; il vient la supplier d'accorder à ses vœux
le |)rélat vénérable nommé son archevêque et honore de ce
titre par Votre Majesté.
« Votre cœur paternel et chrétien, Sire, gémiroit en voyant
Fétat déplorable dans lequel se trouve réduit, dans ce dé-
jîiiriement, notre religion ; il n'y reste plus pour la soutenir
qiip quelques-uns de ses anciens ministres, vieux athlètes,
échoppés aux malheurs, et chaque année voit la mort les
niciissonner, sans que de nouveaux viennent les remplacer.
« Il gémiroit en voyant privée de son rang et de ses hon-
neurs celte ville illustrée par un siège épiscopal, l'un des
i\vn premiers en France; cette ville chérie de vos ancêtres
qui Ui dislingttèrent entre toutes les autres villes de la France
pour être dépositaire de leurs cendres.
rf Hllc n'a point trompe un choix aussi glorieux, Sire, cl
son îimour a clé assez heureux pour conserver ces restes
aui^ustcs, et sauver des fureurs, des tourmentes qui nous
oui iigitès, un monument qui atteste et le génie de celui qui
l'élrva et la douleur de la France.
— 189 —
« Que Votre Majesté, Sire, daigne entendre les vœux et
les prières du conseil municipal delà ville de Sens; qu'elle
écoute la voiiL des cendres de ses ancêtres ; qu'elle cède aux
supplications de notre auguste Religion.
c Et alors, le siège archiépiscopal de la ville de Sens sera
rétabli; les cendres de vos ancêtres s* en réjouiront ; la Reli-
gion sera consolée et tous les malheurs de cette ville seront
oubliés.
• Par cet acte, Sire, de votre bonté toute Royale, vous
comblerez les vœux des fîdèles habitants de la ville de Sens
et vous acquérerez, s'il étoit possible, de nouveaux titres à
Tamour qu'ont pour votre auguste personne. Sire, de Votre
Majesté, les très humbles et très obéissants serviteurs et su-
jets, les membres du conseil municipal de la ville de Sens.
c Fait et délibéré en l'hôtel de la mairie de la ville de
Sens, lesdits jours et an que dessus. >
[Registre des délibérations du conseil municipal,
t. III, p. 177.)
Cet appel à la piété filiale du Roi devait être
bientôt exaucé. Si le Souverain avait pu hésiter un
instant, le souvenir du Dauphin et de la Dauphine,
ce n'est pas douteux, aurait exercé une heureuse
influence sur sa décision.
Le 31 octobre 1821, Monseigneur Anne-Louis-
Henri de la Fare avait pris possession du siège mé-
tropolitain par les soins de M. l'abbé de Vaudri-
court, son fondé de pouvoirs. Le 1'''' novembre, par
une ordonnance datée de Paris, il reconstituait le
Chapitre, et, le 21 novembre suivant, il faisait, à
Sens, son entrée solennelle, accueilli par Tallégresse
de la cité et de tout le diocèse.
L'un des premiers soucis du nouvel Archevêque
de Sens fut d'assurer à son Eglise les ressources in-
— 190 —
dispensables pour célébrer dignement les anniver-
siiiies des Princes.
Les visites de la famille royale devenaient
rares (1) et les frais nécessités par les voyages des
représentants envoyés par le Roi, à chaque cérémo-
nie, laissaient prévoir la suppression de cet usage.
Dans un rapport au Roi (2), daté du 17 décem-
bre 1821, le grand Aumônier de France rappelle
que, par lettres- patentes du 12 juin 1767 et du
5 mai 1768, S. M. Louis XV fonda à Sens, pour
le prix de 2000**, deux services anniversaires.
...Le premier besoin du cœur de Votre Majesté, écrit-il,
fut d'ûccepter, à son retour, ce pieux héritage; ...elle arrêta
qu'un premier gentilhomme de sa chambre, un capitaine
iies i^nrdes et Tlntendant des Menus se transporteraient le
13 mars et le 21 décembre de chaque année, à Sens, pour y
liiirc célébrer ces anniversaires. Les frais payés jusqu'à
préîïent sur le trésor de Sa Majesté s^élevaient à 2800** (frais
de route, travaux préparatoires, offrandes et part des pau-
vres) (5600'» par an) (3).
(1) Depuis In venue de la duchesse d'Angouléme, en 1816, seul le duc
d'Aiigoiilémc nvalt fait une courte opparition h Sens, le 27 avril 1X20, à
l'occnstim de son voyagea Dijon :
« MtHHeigneur le duc d'Angouléme est orrivé à Sens jeudi dernier, à
4 hriirot> du soir. S. A. Royale a couché, et en est repartie 1a lendemain
mutin, n 8 heures, après avoir entendu la messe à la cathédrale. Le Prince
éUiJl cucompagné de M. le duc de Guiche, de M. le comte Bourdcsoult et
lie M. Nompcre de Champigily, son aldc-de-camp; il a laissé, d son jkis-
^QÇ!,o 11 Pont-sur- Yonne et h Sens, aux pauvres et h l'église cathédrale, des
pr^tivrs de sa muniflccnce. » (Affiches de Sens, 1820, n'12.)
(lu Archives nat., 03 20.
{Z) L'ii mémoire des t frais de poste et menues dépenses A l'occasion du
Rervice funèbre célébré à Sens le 20 décembre » payé ou baron de la
Ferlé, Intendant génénU des Menus-plaisirs, s'élève à 622fr. 33 et com-
prend li;s détails suivonts :
- m —
^Aujourd htii, conclul-îJ, que la viUc de Sens a repris son
siège nietropnUlîiin, rArchevêquc et le CJiapilrc sollicitent
le rétahltssemenl de la fondntîun, telle qu elle a'été Qxéc
imrLonîs XV.
Ort propose de payer leii2000* sur In liste civile, et que le
iloi ne s y fasse plus représenter,
.•lu htti fie ce tappoti^ ie Boî a écrit : « Approuvé : Louis. »
Ottc mesure fut ap])liquée dès Tannée siii vante.
I-e 9 février 1822, l Intendaut du matériel des fêtes
et cérémonies, baron de la Ferté, avise rArclievéque
de Sens qu'une somme de 2(KX) francs esl à la dispo-
sition du Chapitre pour la eélébralion des deux an-
niversaires. Le 13 mars 1822, eut lieu, pour la der-
tiière fois le service pour Marie-Joséphe de Saxe.
■ l-e 11 décembre de la même année, le Hoi, ac-
cédant aux désirs manifestés par Xh^ de la Fare,
prend une nouvelle décision. Il consent ;i la sup-
pression du service du 13 mais el à la célébration
d un anniversaire unique pour te Dauphin et la Dan-
[ïhine, qui aura lieu en décembre. De plus, à Tal lo-
cation annuelle de 2(KX* francs faite au Chapitre pour
h célébration de cet anniversaire, il en ajoute une
lUlre de 1000 francs pour fonder une messe quoti-
licmie pour ses parents.
Le l*' mais 1823, rArclievéque i égle par une or-
ïnuance rexécuUon de cette fondation et décide
|f«ll* il* poslr <îe rtriïcniljmi ,,.,.,. lllfr. 75
ft «tu gùrtlonijignsin génL^nit ttî inspcscieur gé-
I rt Intriftport di»* i-ffels t>rt^ck*ii* . * 38>î m
prase à Foit(itini>blciiii H ^ Sotis pour ftUer *.*t relour vi
2m »
(Afthltm naht 03 203, t
— 192 —
que la messe sera célébrée chaque jour, par les
soins du Chapitre, à Tautel de Saint-Savînien. En
vain, dans leur réunion du 16 décembre 1821, les
chanoines protestent-ils respectueusement contre la
suppression du service du 13 mars. Le cardinal
de ta 1 are, habituellement retenu à Paris par ses
fonctions à la Cour et les séances de la Chambre des
Pairs, éprouvait sans doute quelque difficulté à re-
venir a Sens, chaque année, au mois de mars. De là
probablement son refus de se rendre aux vœux de
son ( Jiapitre. Les dispositions de Tordonnance ar-
chiépiscopale devinrent la règle fidèlement obser-
vée jusqu'en 1830. Le gouvernement de Juillet
n ayant pas maintenu les allocations destinées à en-
Iretenîr ces fondations, le Chapitre se vit alors dans
la nécessité de cesser la célébration du service an-
nuel et de la messe quotidienne.
Aucun de ces anniversaires ne fut marqué par
di\s manifestations comparables à celles du 21 dé-
cembre 1814 et du 13 mars 1816. Plusieurs fois en-
core, cependalit. Sens eut Thonneur de recevoir les
penis^enfants du Dauphin el de la Dauphine.
Lt' 1 1 juillet 1826, c'est une fois encore la fille de
Louis XVI et de Marie-Antoinette. La duchesse d'An-
^oulénie, après avoir traversé Avallon, Vermenton,
Saint-Bris et passé la nuit à Auxerre, arrive à Sens
dans la matinée.
s. A. Royale était attendue au Palais archiépiscopal par
S. Km. le Cardinal de la Fare... Après quelques instants de
repos au Palais, la Princesse, accompagnée de Son Erainence,
son premier Aumônier, et du Préfet du département, se
— 193 -
rendit à la Cathédrale (1), au tombeau de Monseigneur
le Dauphin et de Madame la Dauphine, ses augustes aïeuls;
après sa prière, S. A. Royale rentra au Palais et re^*ut les
autorités; ensuite elle admit à sa table Son Huiinence le
Cardinal, M. le Préfet, Mp" FEvêque de Sainosale (2), le
Maire de la Ville, le Président et le Procureur du Roi du
tribunal civil. S. A. Royale ne tarda pas à remonter en voi-
lure... Une foule immense couvrait les rues ou devait
passer S. A. Royale et elle quitta Sens... aux acclamations
de toute la population et emportant avec elle les vœux et
les regrets de tous ceux qui avaient été assez heureux pour
la voir et pour rapprocher.
Toute la route que S. A. Royale avait parcourue, depuis
son entrée dans le département jusqu'à sa sortie, était cou-
verte d'arcs de verdure et, autour de ces modestes monu-
ments, parmi lesquels se faisaient particulièrement remar-
quer ceux de Sens et d'Auxerre, s'était rassemblée toute la
population des environs. (Bulletin administrai if de ta Pré-
fecture de l'Yonne, n« 158.)
Le 12 octobre 1829, la veuve du duc de Ikny, se
rendant incognito au devant du Roi et de la Reine
deNaples, ses parents, fit séjour à Sens. Lu relation
(1) Oatre la lampe de vermeil, donnée, en 1821, à sort niimùnlt-r. Monst^L-
gneur de la Fare pour son église, la métropole de Sfïii<i cousit vr un pré-
cieux souvenir des visites de la princesse, l^s chnnoinc-s ïIc St^ns ont eon-
ûgné dans leur registre capltulaire le souvenir de ce présent. < l4!Clha[iltre
métropoUtain de Sens ayant été, aii^ourd'hui 14JuJii IS3B, cïtrïiai'dîmUre-
ment assemblé. M. le Président a dit que S. Em. le (jiidirnil Arclu'vf'iiuo
avait apporté de Paris et fait déposer à la sacrisOe tic lu cftLlu-dnile un
don de la munificence de S. A. R. Madame la Dauphim^ qtic- ee don ckI im
ornement composé d'une chasuble et de deuxdalntEiiiqucn; qu'il nnt d nu-
tant plus précieux qu'il est l'ouvrage des mains de ct^Uv pieuse H ad mira -
blc princesse, qui a bien voulu l'accordera la dcmntide de S, E, U- Ciinli*
nal Archevêque pour la décoration de son Eglise... »
(2) M" Célestin du Pont, auxiliaire du Cardinal Archcvi>ciac dp Sens, plun
tard Cardinal Archevêque de Bourges.
13
H
à
— 194 —
officielle de son voyage nous apprend seulement que
la Princesse arriva « le lundi 12 sur les 4 heures de
raprès-niidi ; après quelques moments de repos,
elle se rendil à TEglisc métropolitaine, où elle fil
sa prière et visila ensuite le superbe mausolée érigé,
dans celle église, à la mémoire des Aïeux de ses au-
gustes enfans, ainsi que les autres monumens qu'elle
renferme. »
La Princesse passn la nuit à Sens, vraisemblable-
ment au palais arcluL-piscopal. Partie de grand ma-
tin, le 13, elle déjeuna à Auxerre, à la préfecture,
et, après avoir visité la cathédrale, prit la route
d\\vanon oii elle arriva seulement à 10 heures et
demie du soir, après avoir diné au château d'Arcy,
dont elle avait voulu explorer les grottes. Après une
luiit à Avallon, à l'hulel de la Poste, la duchesse de
Berry se rendit à Chastellux, où elle passa la jour-
née (1).
I^ dernière visite lut celle du duc d'Angouléme,
qui porlait alors le litre de Dauphin. I^ prince, re-
venant de Toulon, où il avait passé la revue des
troupes destinées a Texpédition d'Alger, était arrivé
à Auxcirc le 1 1 mai 18:10. Le lendemain il passait à
Sens. Nous n'avons jm trouver aucune relation de
son séjour (2).
(Vy Bulletin admiiiiMtratif de Ut préfecture de l'Yonne, n* 216.
CHAFITRb; XI
DERNIER TRANSFERT Dl* MAISOLÉE
Lé tombeau du Daupliin, le c lie f-d^œ livre de
CouKtoii, n*est plus aujourd'hui sur la sépulture
qu*il devait abriter.
Ce ne sont plus, cette fois, les fureurs iconoclastes
et la démence sectaire d'une Hévolnlion qui Font
bîl disparaître et rclégLié dans une chapelle ahan-
titinnée, sorte de dépôt des marbres.
^K Nous reproduirons ici, sans comnienlaires, ce dcr-
^^îer chapitre de Thistoire du Mausolée, tel qu'il a
Lté écrit au registre des délibérations de la Fabri-
, que la Métropole :
^^ippartfaii par M. Cartier, chanoine et trésorier de la Fabrique
^H à ttt séance du Conseil de Fabrique, le ÎSjuittel 1S52
« Depuis de longues années, les fidèles de la paroisse Mé-
iropoîitaine se plaîgnaienl de ne pouvoir assister commo-
dèuteat aux offices, parce que le Mausolée du Dauphin in-
lerceptail coniplettemeut la vue de l'autel aux personnes
lâcccs dans la nef.
i En effet, Je Mausolée, exécutésur les plans du philosophe
itterot, et composé de personnages eni|)runlés au paga-
^me, n offrait aux regards, du côte de la nef, que des sta-
*s à peQ prés oues de Saturne^ de riiy menée et de
fAmour, de lelle sorle que le prélrc h Taulcl, que le Saiul-
rcrement exposé sur l'aulel, que les cérémonies de lEgUse
— 196 —
étaient dérobées aux regards <lcs Hrlèles par des statues di-
gnes d'un temple pnïen, mais que lo Heligion a toujours re-
poussé de son sancluairc.
a II y n plus, lorsque le prêtre pen<lant les offices de TEglisc
venait jeler de Teau iiéuile ou Urùler de Tencens sur les
resles vénérés du Dauphiu et de la Dauphine, le prêtre de
Jésus-Christ semblait, aux yeux des assistants mal instruits,
rendre hommage aux divinités paye unes qu*un philosophe
aussi impie que Diderot a seul pu placer sur la tombe de
Princes éminemment chrétiens.
et En lin ce Mausoléc.par ses proportions gigantesques, en-
combrait tcîtemenl le chœur de la Métropole que les céré-
monies de l'Eglise y licvenaicnt souvent impossibles et que,
puur les premières commun ions, les confirmations, les con-
ciles (1) et, en général, pour toutes cérémonies tant soit peu
solennelles, il fallait sortir du chœur
a Ce Mausolée avait été primitivement placé dans la cha-
pelle Sainle-Colombe, derrière le chœur (2); plus tard, on
lit la faute de le transporter sur le caveau même qui renfer-
mait les restes du Dauphin et de la Dauphine. Il fut une se-
conde fois, pendant la Révohitiou, transporté dans la cha-
pelle Sainte-Colombe et encore rapporté dans le chœur
pendant la Hestauration, par suite de souscription. Aujour-
d'hui, les rée la ma lions des fidèles étaient tellement vives et
rïombreuses qu1l était nécessaire d y faire droit.
Le trésorier a donc cru que 1 Iteurc était venue de faire
disparaître du chfcur de la Métroiiole un monument qui
rappelle bien muins les vertus et la foi vive du Dauphin et
(Il Lv conclliMk' In provînct'c'ccit'siHsikjueilc Sens avait tenu ses réunions
ilfiriii lu MùU'npl>ll^ au inoli» ilc st-pU'nibrâ IS-'iO. Il faut remonter à plu-
Kli^iir» sit'cio!! flQiiii riihloire de IliigliNc si^nomiise pour retrouver d'autres
conrlli'^ tenus f* Sens.
(2) (^t'itc nssfrlUïn, iiinsii que cdic ûc r Intervention de Diderot dans le
|}iiiti liu uinnuiUL-nt. hoitL nlisolunienl iiieK:ii:Les, nous l'avons suflisam-
mc'Ml i^muvt*. N t%i regrtUnbïe qur U-* ilcUJt arguments historiques qui
|}firiiiK!»'n1 nvoir surUtiil luniieiicé lu rléelslon adoptée ne soient pas plus
~ 197 —
de la Dauphine que la triste époque d'aveuglement général
où dominait en France cette philosophie délétère qui ïlc-
Iniisit le goût du beau et du bon, corrompit les cœurs el tes
esprits, et finit enfin par faire crouler dans des fleuves de
saog toutes nos institutions sociales, politiques et reli-
gieuses !
< Le trésorier s*est donc adressé à TAdministration des
Cultes, il a fait valoir les besoins du culte, les vœux des fit té-
lés, Tinconvenance d'un pareil monument qui, d'un côté, ne
montrait aux jeunes filles placées dans la nef que des sta-
tues d'hommes d'une nudité à peu près complète, et de
lautre, montrait aux jeunes séminaristes une statue de
femme dont les formes les plus sensuelles sont suffisamment
accusées on complètement nues.
c La question, quoique posée d'une manière aussi nette,
cependant conservait un caractère de gravité, car il s'agls-
sait de toucher à un tombeau, et surtout au tombeau d un
Prince et d'une Princc«^sc vénérés, que leurs vertus cmi-
nentes ont rendus chers à la France et à l'Eglise. M. le Di-
recteur général des Cultes voulut juger les choses par lui-
même; il se transporta donc à Sens, accompagné de phi-
sieurs membres du conseil attaché nu ministère, et, après
un mur examen, il s'est convaincu, par ses propres yeux,
qu un semblable monument était plutôt une insulte qu'un
hommage à la mémoire d'un Prince chrétien, et qu'il clnii
extrêmement gênant pour le culte; en conséquence, il or-
donna, qu'aux frais de l'Etat, il serait réintégré pour la trui-
sième fois dans la chapelle de Sainte-Colombe.
t Cet ordre vient d'être exécuté, à la grande satisfaction de
tous les fidèles.
« Du reste, ce monument, qui est un chef-d'œuvre de sta-
tuaire, a été transporté avec tout le soin dû à un objet d nrt
aussi parfait d'exécution : ce sont MM. les ouvriers du Lou-
vre qui ont été chargés de l'opération, et elle s'est faite sans
qu'on ait a regretter la plus légère égratignure. »
Après avoir entendu cet exposé, le Conseil de Fabrique,
considérant que le Mausolée dont il s'agit était aussi gên^int
(
— 198 —
\ •
pour le culte qu*il était blessant pour des yeux chrétiens et
qu'en conséquence les motifs qui ont déterminé la conduite
de son trésorier sont d'une complette exactitude, approuve
son opération à l'unanimité (1), le remercie de l'initiative
qu'il a prise dans cette affaire et ordonne qu'il sera iait
mention du tout au procès -verbal de la séance de ce jour.
Le Conseil de Fabrique ordonne en outre qu'une table de
marbre blanc, sur laquelle seront gravés, en caractères do-
rés, les épitaphes et les armoiries du Dauphin et de la Dau-
phine, soit placée sur le caveau où reposent leurs cendres,
et que cette table soit toujours recouverte d'un tapis de ve-
lours violet.
L'afTaire eut un épilogue. Le registre des délibé-
rations fabrîciennes en a gardé un écho très atténué.
Ce n'était pas assez d'avoir transformé un tombeau
en simple pièce de musée, on avait songé à le déro-
ber complètement aux regards. Au procès -verbal
de la réunion suivante, tenue le 13 janvier 1853, on
lit:
Monseigneur l'Archevêque donne lecture d'une lettre de
M. Gaultry, membre du Conseil, par laquelle il s'excuse de
ne pouvoir assister «^ la séance et appelle l'attention du
Conseil de Fabrique sur plusieurs points.
M. Gaultry demande d'abord que les lettres de convoca
tion soient adressées aux membres du Conseil huit jours
d'avance...
M. Gaultry demande enfin que le rideau qui masque la cha-
pelle Sainte-Colombe disparaisse, et fait valoir dans sa lettre
(1) Cinq sljçnnturps sculomonl figuroni au bns de cette ttélibérntion. O
sont celles de rArcliev^que, de son vicaire général M. nrigond.de M. Pr-
titpas. neveu de M. Corlicr. de M. I^roux, et celle de M. Carlier lui-nicne.
Les autres membres du conseil. MM. Colllnot. orcbiprétre. Grapinet. ch.*!-
noine, Larcher de Lavernode, Gaultry et Cliauveau, semblent être rcslis
étrangers i\ cette afTaire. Il ne parait ))as, du reste, que la fabrique nit été
appelée à formuler son avis aiHint Topération.
— 199 —
des motifs dont chacun des membres a été à même de re-
connaître la justesse, Le Conseil revient dont sur la per-
mission qu'il avait donnée précédemment ^1) de poser ce
rideau et ordonne qu*il sera enlevé.
(1) Les registres de délibérations ne gardent aucune trace de cette auto-
risation.
jp*^
i^v r
CHAPITRE XII
LA SÉPULTURE DU MARECHAL DU MUY
HUC USQUE LUCTUS MEUS!
Cqllc devise d'une fidélité que môme la mort n'a
pu vaincre se lit sur une tombe de marbre blanc,
devant rentrée principale du chœur de la Métro-
pole.
Depuis 1765, chaque année, à l'anniversaire du
11) décembre, le comte du Muy, menin du Dauphin,
élaîl venu à Sens s'agenouiller sur le tombeau du
prince qu'il pleurait.
C*était pour le noble soldat plus qu'un devoir de
sa charge; c'était surtout un besoin de son cœur,
Umi restait vivant son culte pour le prince dont il
avilit été plus encore que le serviteur, le confident
et Tami.
Afin de perpétuer cette tradition d'une piété re-
connaissante et de continuer, môme au tombeau, sa
garde d'honneur, le menin du Dauphin réclama,
pour sa propre sépulture, une place aux pieds de
sort maître regretté.
L'histoire du mausolée de Louis de France serait
— 201 —
incomplète si Ton n'y ajoutait celle de la modeste
tombe qui en est comme le satellite.
On lit au registre des délibérations du Chapitre de
Sens (séance du mardi 28 avril 1767) :
M. le DoycD a dit que M. le comte du Muy, lieutenant gé-
néral des armées du Roy, commandeur des Ordres, et menin
de feu Monseigneur le Dauphin, dont le corps est inhumé
dans le chœur de TEglise de Sens, Tavoit chargé de deman-
der de sa part au Chapitre d'être luy mesme enterré dans
leur église, le plus prés qu'il seroit possible et convenable
de cet auguste prince qui Ta honoré de ses bontés particu-
lières et pour lequel il conservera jusqu'au dernier soupir
rattachement le plus respectueux, le plus vif et le plus
Gdéle; que Mirr le Cardinal de Luynes, archevêque de Sens,
ayant rendu compte au Roy de ce désir de M. le comte
du Muy, Sa Majesté l'avoit approuvé, sous la condition néan-
moins que la sépulture demandée par M. du Muy seroit
placée non dans Tintérieur du chœur, entre les deux portes
du jubé, mais en deçà la porte du chœur, entre les deux
auteh. qui sont à son entrée.
Que Mrle Cardinal de Luynes, prévenu de cette demande,
avoit témoigné être disposé à y donner son consentement,
et avoit marqué avec les députés du Chapitre la place du lieu
susdit, où pourra être construit un caveau et être placée
une tombe de marbre avec cpitaphe.
Qu'enfin M. le comte du Muy s'obligeoit, non seulement
à faire construire le caveau, à placer la tombe sculptée et
gravée, à réparer le dommage que pourroil occasionner cet
ouvrage, le tout à ses dépens, mais d'y ajouter une somme
de trois mille livres, sans aucune charge, laquelle sera
payée incessamment au Chafiltre, et une autre somme de
mille livres, payable par ses héritiers après son déceds,
pour les frais funéraires qui seront à faire par le Chapitre
lors de son inhumation et dans leur église seulement.
Messieurs, après en avoir délibéré çt sur l'assurance qui
— 202 —
leur a été donnée tant de Tagrémcnt du Roy, que du con-
sentement de Son Eminence Mtn- le Cardinal de Luynes, ont
unanimement consenti que M. le comte du Muy puisse être
inhumé dans leur église, au lieu désigné, aux offres et con-
ditions cy dessus énoncées et par eux acceptées.
Ont de plus arrêté que leur présente délibération sera
présentée à Mirr le Cardinal de Lynes, archevêque de Sens,
pour être parluy consentie, approuvée, ratifiée et confirmée
de la manière et en la forme qu'il plaira à Son Eminence.
Enfin qu'il sera fait deux expéditions de la présente déli-
bération, dont l'une demeurera entre les mains de M. le
comte du Muy, et l'autre sera parluy signée et renvoyée nu
Chapitre (1). {Archives de l'Yonne, G. 681.)
Pendant huit années, depuis Toclroi de cette
concession, le loyal serviteur accomplit son pèleri-
nage annuel. Lorsqu'une dernière fois il revint, en
1774, il occupait dans le gouvernement de la France
Tune des plus hautes dignités.
L'un des premiers soins de Louis XVI, en mon-
tant, à vingt ans, sur le trône, fut d'entourer son
inexpérience et sa faiblesse de conseillers sûrs cl
consciencieux.
Au premier rang des hommes que l'opinion et
aussi les instructions paternelles désignaient à son
choix, était le comte du Muy. Un jour le Dauphin
ayant trouvé le livre d'heures de M. du Muy, y avait
(1) I/nrticle nécrologique publié par les Affichée de Scna, à la mort do
M. du Muy, déclare qu'il avail fail construire son cnveau ««i Ï766, pou de
jours après l'inhumation du Dauphin. Ce caveau était fermé d'une toml>c
de marbre blanc, sur laquelle et au-dessous de l'écusson des armes i\c
M. le comte du Muy, on lisait ses noms et qualités... ■ Quoique la date di*
17GG soit assurément inexacte, il est probable que M. du Muy rcnltsu son
désir aussitôt qu'il eut obtenu l'autorisation.
— 203 —
écrH celte prière : « Mon Dieu, protégez votre fidèle
serviteur du Muy, afin que si vous m'obligez à
porter le pesant fardeau de la couronne, il puisse
nie soutenir par ses vertus, ses conseils et ses exem-
ples. »
Le jeune Roi connaissait ce vœu de son père. Il
avait hâte d'exécuter ce testament sacré. Deux se-
maines après la mort de Louis XV, il écrivait à
M. du Muy, alors gouverneur de Flandre :
Monsieur, bien des raisons m'obligent d'ôter Tadministra-
tion des affuircs à M. d'Aiguillon ; la réputation que vous
avez acquise généralement de la plus grande probité et la
confiance qu'avait mon père en vous, m'engagent à vous
offrir le Secrétariat de la Guerre. Je sais bien que vous l'avez
refusé de la main du Roi ; mais les mêmes raisons ne sub-
sistant plus, et même votre conscience vous l'ayant repro-
ché souvent, j'espère que vous l'accepterez de la mienne.
Vous ferez en cela le bonheur du public et le mien en par-
ticulier...
Le vieiix soldat ne pouvait répondre par un refus
à cet appel, — le premier probablement qu'ait for-
mulé le fils de son maître. « Je voudrais, écrivit-il,
avoir plus de talent que je n'en ai pour remplir la
place à laquelle vous me destinez; j'y porterai du
moins un zèle incoiTuptible et Tamour le plus tendre
pour votre personne sacrée. »
Les historiens rendent unanimement hommage à
l'administration ferme et éclairée du premier Minis-
tre de la Guerre de Louis XVL Plusieurs des sages
réformes opérées par M. du Muy et des règlements
édictés par lui ont résisté à Tépreuve du temps et,
après plus d'un siècle, sont encore en vigueur.
i
— 204 —
Parvenu à cette haute fortune, M. du Muy, bien
que sexagénaire, épousa à Tautomne de 1774, une
noble demoiselle allemande, M"* de Blanckart, cha-
noinesse de Neusse (1), dont des circonstances for-
tuites l'avaient rapproché pendant la guerre de
Sept-Ans, et qu'il avait toujours rêvé, si des circon-
stances particulières n'y eussent fait jusque-là obsta-
cle, d'associer à sa vie.
Malgré tant de préoccupations, M. du Muy n'ou-
bliait pas le prochain anniversaire du Dauphin. Des
raisons particulières lui faisaient désirer que le ser-
vice tût célébré le 20 décembre comme l'année pré-
cédente. Le doyen du Chapitre lui avait écrit l'em-
barras de ses confrères désireux de respecter les in-
tentions du Roy dont les ordonnances fixaient au
19 cette cérémonie.
Le 15 décembre, le doyen communiquait au Cha-
pitre cette lettre, datée de Versailles le 13 dé-
cembre :
J"ay reçu, Monsieur, la réponse que vous avez bien voulu
me faire, Iç 11 de ce mois. Je ne suis point étonné de votre
exactitude et de celle de Messieurs du Chapitre à maintenir
Tordre de la fondation établie pour feu Mfe'i* le Dauphin, et
Ton ne peut qu'approuver les scrupules que vous marques
pour en changer le jour sans y être autorisés par le Roy luy
mesme ; je viens d'en rendre compte h Sa Majesté qui, sur
les motifs que je luy ai exposés, a bien voulu consentir, pour
cette année seulement, que la cérémonie soit remise au 20
de ce mois, quoique la fondation porte que ce sera le 19; elle
(1) Sur la recomnmndntion de rimpêratricc sa mère, la reine Marie-An-
toinette flt un accueil des plus bienveillants à la femme du Ministre de la
(juerre.
i
— 205 —
m'a chargé en même temps d'avoir Thonneur de vous en
informer ainsy que Messieurs du Chapitre auxquels vous
voudrez bien en faire part. Je préviens de ce changeincnl
Messieurs les menins et Monsieur le duc de Luytics.
J'ai l'honneur d'être, avec un très sincère attachement,
Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.
Du Ml Y.
Cesl au mois de mars suivant que le comte
du Mny fut élevé à la dignité de maréchal de
France. L'affaire fil quelque bruit et, parce qu'elle
met en relief son caractère ferme, équitable et dé-
sintéressé, il est bon d'en rappeler les détails :
« Le duc de Filz-James, grand seigneur, très bien
en cour, secondé par sa femme et par Mni<? de Clvi-
niay, dame d'honneur de la Reine, avait fini par
obtenir de Marie-Antpinette qu'elle sollicitât pour
lui le bâton de maréchal. La Reine en parla à son
mari. M. de Maurepas, qui ne cherchait qu'à se
faire des amis, appuya fortement la demande.
L austérité et la rigueur bien connue des principes
de M. du Muy le firent tenir en dehors de toute cette
intrigue, si bien que ce fut M. de Fitz-James lui-
même qui lui apprit la décision que le Roi venait de
prendre en sa faveur. Vivement blessé du procédé,
M. du Muy s'opposa fermement à cette nomination
que ni l'ancienneté ni les services ne pouvaient jus-
tifier.
4 Le Roi, confus de sa précipitation et sentant
bien qu'il avait eu tort d'agir sans prendre conseil
de son ministre, retira d'abord sa promesse ; puis,
poussé sans doute par la coterie de M. de Fitz-
^
V :■ ru"
\- z
ns d iJfupw m M. da Mb; «r Eure
de «pi narechasi^ dMnpmanl M. de Fitz-Jainfs
ellLdalfQylaKMéMe rnir lii^pirMir fiç Tiii
mgs^kiciKM!» wfttt puptaidasdMdeM
Moy que te oomiitatiQa eiliautdbuire i laqaetl
il venait de s'oppoier. Ce D'élnl pw poar se fai
donner le Uloii à lui^fliétiie qaH s*élait refnsé
le laisser doimer i tto antre, hmsi sispposthl
de toutes ses forces an projet do Roi ; niais, cettf
Ibfaïf tes efforts rureot inutiles. Il eut t»eau rep\
^nler qtse le public ne manquerait pas de l'accu-
ser d avoir eu utijquetnenl en vue sa propre élcv-a-
Ijon ; rien n'y fit. I>e roi, heureux à la fois de tenir
une promesse imprudemment accordée et de don-
ner à M. lie Muy une marque éclatante de son cs^
lime, tint bon, et M. du Muy fut nommé maréchal
de France, malgré lui, au mois de mars 1775. Ou
peut juger du bruit que fit cette aventure. Pendant
quelque» jour;»^ elle fut l'unique sujet des conver-
sations à Verîiuillçs et à Paris (1).
M. du Muy jouit peu de temps des honneurs dont
i) était comblé. Après avoir figuré au sacre du Roi,
à Heînis, en juin 1785, il voulut profiter du %^oyage
de la cour à Fonlainebleau pour prendre quelques
joursi de repos et chercher dans une opération le
remède a lu cruelle maladie dont il souffrait depuis
quelque temps. Avait-il un pressentiment? I^ veillei
du jour où il s*était décidé à subir Topération rie la
U tmrérhftt àtt Mtty. (Uon» le C^rrexpontiant, n- tlu 10 juin imi i%. «27 i
— 207 —
pierre, il avait remis au Roi son portefeuille, ajou-
tant qu'il avait un peu forcé le travail pour que tout
fût en règle et que, s'il ne devait pas survivre, son
successeur trouverait les choses en ordre. L'opéra-
tion fut faite, sous les yeux du médecin Richard, par
le fameux moine opérateur, le frère Côme.
Le bon frère, accompagné du médecin, arriva, dit
Métra, à sept heures et demie, lorsque le maréchal allait à
la messe, c Je ne vous attendais pas si tôt, messieurs, mais
entrez dans mon cabinet. Je vous rejoindrai à Theure dite. »
Au retour de la messe, M. du Muy, entra chez madame
la maréchale, qui n'était prévenue de rien ; il la trouva au lit,
la badina sur sa petite paresse, et la quitta, en la priant
d empêcher que quelqu'un ne vînt le troubler dans son ca-
binet, où une aUaire de la plus haute importance Tobligeait
à s'enfermer.
Depuis trente minutes, M. du Muy gémissait sous le fer
de l'opérateur et souffrait de cruelles douleurs sans jeter
an cri, lorsqu'une femme de chambre, imprudente autant
qu'attendrie, court chez la maréchale d'un air effaré, et lui
crie : « Ah, madame, que cette opération est longue et
terrible! » I^ maréchale, doutant d'abord de ce dont il
s agit, s'élance du lit et court en chemise au cabinet de son
mari. On croit que ses cris et ses sanglots troublèrent l'opé-
rateur et lui firent trembler la main
Le maréchal ainsi mal opéré, la blessure s'enflamma et
il mourut peu de temps après, au milieu d'atroces souffran-
ces. > (Cité par E. de Broglie, op, citatiim.)
Une mort si imprévue ne fut pour le soldat chré-
tien ni une surprise ni un effroi, a Voici quarante ans,
disait-il peu auparavant, que je ne me suis jamais
couché sans penser être prêt à paraître devant Dieu
pendant la nuit, d
r
M
! "«^
r ij|;
i i
— 208 —
Mais révéncment souleva à la cour une profonde
émotion. On en retrouve Técho dans ce passage
d'une lettre de Marie-Antoinette à sa mère.
ft La mort du maréchal du Muy est affreuse, mais
c'est surtout pour sa femme, qui est aimée de tout
le monde par sa douceur et son honnêteté. Ma chère
maman serait touchée de l'état affreux où elle est.
Elle n'apprit qu'on taillait son mari qu'en enten-
dant ses cris ; en entrant dans la chambre elle a
tombé sur le seuil de la porte, où elle a resté pen-
dant toute l'opération, qui a duré trente-cinq mi-
nutes. Il a souffert des douleurs inouïes et est mort
dans les deux fois vingt-quatre heures. On craint
que la maréchale ne lui survive pas longtemps; c'est
tout ce qu'elle désire. Le Roi lui avait donné
10 000 francs de pension à son mariage; il vient de
lui en donner 30000; c'est un traitement sans
exemple pour la veuve d'un ministre qui Ta été
aussi peu de temps ; elle est bien faite pour cette
exception, et on ne lui fera jamais autant de bien
que je lui en souhaite (1). »
Le maréchal mourut le 10 octobre.
Messieurs du Chapitre, instruits le surlendemain, ordon-
nèrent à l'instant la sonnerie de toutes les cloches. Le 13,
le convoi arriva à Sens, à 1 heure après-midi ; quelques
courriers avaient prévenu Messieurs du Chapitre.
Le cortège, parvenu au faubourg Saint-Didier, se mit en
rang et fit son entrée parla porte d'Yonne dans l'ordre sui-
vant :
(1) Correspondance secrète entre Mnrie-Thérèse ©t Mcrcy, pubHéc par
d'AnNBTH et Gefproy, tome II, p. 384.
— 209 —
— Char fuDèbre traîné par six chevaux caparaçonnés de
drap noir chargé de bandes de moire d'argent ; à côté du
cercueil, deux de ses valets de chambre ;
— Douze pauvres, vêtus de noir, tenant des flambeaux,
enlouroient le cercueil ;
— Suivoient deux carrosses drapés; dans le premier, deux
vicaires de Saint-Sulpice de Paris, MM. Claude-Louis Bar-
ber de TEspada, chevalier, licencié de rUniversité de Paris,
en surplis et étole, et Guillaume-Robert-Marguerin de Queu-
deville, docteur en Sorbonne, aussi en surplis;
— Le second carrosse étoit occupé par MM. Viquesnel et
Barrier, exempts des gardes de la Connestablie-Gendarme-
rie-Maréchaussée de France des camps et armées du Roi,
qui portoient le bâton de maréchal de France, la couronne,
le collier des ordres et les autres attributs de dignités de
M. du Muy.
— Un détachement des gardes de la même compagnie
escortoit le convoi;
— Messire Jean-B.-Louis-Philippe de Félix d'Oliéres, ba-
ron de Saint-Maime, colonel du régiment de Soissonnais-
Infanterie, neveu du maréchal, étoit, avec le premier secré-
taire de ce ministre, en grand deuil dans un quatrième car-
rosse;
— La livrée en deuil fermoit la marche.
Le corps fut présenté par l'abbé de TEspada au Chapitre
assemblé à la porte de l'église et présidé par le doyen, M. de
Bullioud, par qui l'inhumation fut faite.
Il y eut le lendemain service solennel auquel assistèrent
les corps ecclésiastiques et laïques. Les gardes de la Conné-
tablie sous les armes entouroient le catafalque. Un détache-
ment de la milice bourgeoise formoit double haie dans la
nef. (Affiches de Sens, 1775.)
Voici le texte du procès-verbal de cette cérémo-
nie, inscrit au registre des sépultures du Chapitre
(aciuellement aux archives du tribunal civil de
Sens) :
14
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^ I
• I
— 210 —
CejourcThuy, 13 octobre 1775, le corps de Très-haut et
Très-puissant Seigneur Louis-Nicolas-Victor de FÉLIX,
comte du MUY, maréchal de France, chevalier des ordres
du Roy, menin de feu Monseigneur le Dauphin fils de Teu
Louis XV, gouverneur de Villefranche en Roussillon, Mi-
nistre et Secrétaire d'Etat ayant le Département de la
Guerre, âgé de soixante-quatre ans, décédé en son hôtel,
rue Saint-Dominique, paroisse de Saint-Sulpice, le 10 octo-
bre de la présente année, nous a été présenté par Messire
Claude-Louis de Barber de TEspade, chevalier, prcstre et
licencié de TUniversité de Paris, vicaire en la paroisse
Saint-Sulpice, et par Messire Guillaume-Robert-Maguerin
de Queudeville, docteur de Sorbonhe et vicaire de Saint-
Sulpice; l'inhumation s'est faite par Messire Jean-Claude de
Bullioud, doyen et chanoine de cette Eglise, grand vicaire
de S. Em. Miri* le cardinal de Luynes, Archevêque de Sens,
et Officiai du Diocèse, député à cet effet par MM. les véné-
rables (foyen, chanoines et Chapitre, en présence de Très-
haut et Très-puissant seigneur Jean-Baptiste-Louis-Philippe
de Félix d'Obiéres, baron de Saint-Maisme et de Dauphin,
colonel du régiment d'infanterie de Soissonnais, neveu de
feu Monsieur le Maréchal, et d'un détachement de la com-
pagnie (\fis gardes de la Connétablie, Gendarmerie, Maré-
chaussée de France, des camps et armées du Roy, com-
mandés par M. Viquesncl et par M. Barrier, tous deux
exemps des gardes de laditte compagnie, et en celle de
Messire Isaac-Edme Gauthier, faisant les fonctions de secré-
taire, en labsence de M. Legris, leur secrétaire ordinaire.
(Signé: ) de Félix de Saint-Maisme; Viquesnel;
Bahrier; Lucenay; de Barbeu, vicaire
de Saint-Sulpice; de Queudeville, vi-
caire de Saint-Sulpice; de Bullioud.
doyen de Sens.
La correspondance de Métra raconte que « le
quinzième jour avant sa mort, le feu maréchal avail
— 211 —
fait graver une pierre pour être mise sur sa tombe,
où étaient inscrits son nom et sa dignité ; il n'y res-
tait plus à ajouter que le jour de son décès : elle
était même posée avant sa mort. » Peut-être pour y
faire figurer les nouvelles dignités que le Roi venait
délai conférer, avait-il fait graver une nouvelle épi-
taphe destinée à remplacer la première devenue
incomplète. Cette tombe brisée par les révolution-
naires a été reproduite par la tombe actuelle, placée
en 1864(1). Au sommet figurent les armoiries du ma-
réchal : écartelé aux 1 et 4 de gueules à la bande
d'argent chargée de trois F de sable (Felices fue-
runt fidèles) ; aux 2 et 3 de gueules au lion d'or, à
la bande d'azur brochante sur le lion. L'écu ac-
compagné de deux hercules pour supports est
posé sur deux bâtons de maréchal en sautoir, en-
touré du cordon du Saint-Esprit et sommé d'une
couronne de marquis.
(1) La tombe de marbre blanc qui recouvre actuellement le caveau du
maréchal du Muy, devant les degrés de l'entrée du chœur, a été posée
en18&4. aux frais des descendants du maréchal.
C'est sans doute à la suite d'une visite à Sens que le petit-neveu du maré-
chal, M. le chevalier de Félix, comte du Muy, ému de Tétat de dégradation
de la pierre tombale, avait sollicité de l'archevêque de Sens Tautorisation
de la remplacer par une tombe de marbre reproduisant fidèlement l'in-
scription et rornementation de la première. M*' JoUy s'empressa d'accor-
der cette autorisation, le 14 avril 1857. Semblable autorisation fut donnée,
le as mai, par l'Administration des cultes. Le comte du Muy chargea de ce
travail, dont il s'engagea à faire tous les frais, un marbrier parisien, F. Da-
mien. demeurant rue de la Roquette.
Malheureusement, il mourut en voyage, avant que le travail fût terminé,
et la pierre tombale, une fois achevée, resta en détresse dans le chantier
du marbrier, qui attendait des ordres pour son transport à Sens.
Après quelques atermoiements, l'afTaire finit par s'arranger, et, dans une
lettre du 21 novembre 1864, la fabrique de la Métropole en exprime sa grati-
tude à M** la comtesse du Muy.
— 212 —
Au-clessous, Tinscription :
D. O. M.
LoUIS-NlCOLAS-VlCTOR DE FÉLIX
Comte du MUY, maréchal de France,
chevalier des ordres du roi,
MINISTRE ET SECRÉTAIRE D'ÉTAT
AU DÉPARTEMENT DE LA GUERRE,
MENiN DE Louis, dauphin, fils de Louis XV,
DÉCÉDÉ LE X OCTOBRE MDCCLXXV
HUC USQUE LUCTUS MEUS
Quelques mois après les obsèques, le Chapitre
recevait, de la veuve du maréchal, la lettre sui-
vante :
Messieurs les doyen et chanoines du Chapitre de Sens
tn'ayant accordé, par un acte du 26 février 1776, la per-
mission que je leur ai demandée de choisir ma sépulture
dans leur église et dans le même caveau où est inhumé M. le
maréchal du Muy, mon inary, en reconnaissance je m'oblige
envers ledit Chapitre de l'Eglise métropolitaine de Sens .
1» De lui donner ou faire donner par mes héritiers une
somme de 4 000 livres pour les frais de mes funérailles,
dont le Chapitre voudra bien se charger;
2« Que, dans le cas où le caveau se trouveroil trop étroit
et où il seroit nécessaire de l'élargir, la dépense en sera
faite au frais de mes héritiers;
3*^ Que, si il est nécessaire de mettre un jour une plus
grande tombe de marbre sur ledit caveau et d'y faire graver
une nouvelle inscription avec des nouvelles armoiries, la-
dite tombe sera fournie et gravée à mes dépens ;
4" Et, attendu que je ne donne rien de mon vivant pour
le droit de sépulture que j'acquerre dans ladite église de
Sens, parce qu'il pourroit arriver que je mourrus dans un
pays fort éloigné, auquel cas mon inhumation ne pourroit
i
— 213 —
se faire à Sens, je m'oblige néanmoins et mes héritiers à
faire payer après mon décès, audit Chapitre de Sens, ladite
somme de 4000 livres, comme si j'eusse été inhumée en
I église de Sens, sous la condition cependant que le Chapi-
tre eraployera lesdites 4000 livres à la fondation d'un obit
pour le repos démon âme, savoir, 3 000 livres pour ledit
obit, et 1 000 livres pour les frais de fondation.
Fait à Paris, le 12 mars 1776.
Aprouvé récriture cg-dessus,
Blanckart, Maréchale du Muy (1).
[Archives de VYonne, dépôt de Sens, G 135, n» 99.)
Ce projet ne devait jamais se réaliser. Après
avoir refusé Toffre du Roi qui voulait lui conserver
la jouissance de Thôtel de Cambrai à l'Arsenal, la
maréchale s'était d'abord retirée à Paris, dans un
couvent. A l'approche de la Révolution, elle quitta
la France. Après des séjours à Dusseldorf, à Pader-
born, elle se fixa enfin à Alsdorf, près d'Aix-la-
Chapelle, dans le château de sa famille. C'est là
qu'elle mourut, le 22 mars 1802.
Le tombeau où elle avait pensé rejoindre son
époux était vide. Dans leurs odieuses profanations,
les jacobins sénonais avait été les exécuteurs incon-
scients de la volonté suprême du loyal serviteur.
Ils lui avaient permis de suivre ses maîtres jus-
qu'au cimetière commun. C'est le 25 mars 1795,
dit Tarbé, que fut violée la sépulture du maréchal
en même temps que celle du cardinal de Luynes.
Il est bien regrettable que, lorsqu'en 1814, on rap-
(ll Cette lettre porte un cachet de cire noire offrant, accoles sous une cou-
ronne de marquis, deux écus ovales, l'un aux armes du maréchal du Muy,
rnttlre. da/.ur à un pic de... pose en hande.
I
1*
A
— 214 —
porta, à la cathédrale, les cendres du Dauphin et
de la Dauphine, on n'ait pas songé à rechercher
celles du maréchal du Muy. L'un de ses neveux,
M. du Muy, pair de France, ayant visité la cathé-
drale de Sens, en 1820, fut sollicité, raconte Tarbé,
d'accomplir ce pieux devoir. Ce désir ne fut pas en-
tendu ; la tombe du maréchal recouvre maintenant
un caveau vide (2) : le nienin du Dauphin n'est plus
à son poste d'honneur, mais du moins, selon la ré-
flexion de Tarbé, « si leurs dépouilles mortelles se
trouvent aujourd'hui séparées, leurs âmes géné-
reuses sont réunies dans le séjour éternel (1). »
(1) Recherches sur la ville de Sens^ p. 361.
5^^*?*;
J
LA SEPULTURE DU DAUPHIN ET DE LA DAUPHINE
DANS LA CATHÉDRALE DE SENS
APPENDICES
L APPARTEMENT DU DAUPHIN A FONTAINEBLEAU
L appartement où mourut le Dauphin occupe
Textrémité de l'aile séparant la Cour Ovale de la cour
des Princes, le pavillon qui termine cette aile, à
gauche du Baptistère, et les premières pièces de
Taile faisant retour, vis-à-vis la Cour des Cuisines.
On y accède par le vestibule de TEscalier de la
Reine, ouvrant sur la Cour Ovale et communiquant
avec les appartements de la Reine et avec les gale-
ries des Cerfs et de Diane.
Le Dauphin habitait le premier étage; la Dau-
phine, le rez-de-chaussée.
Ces appartements offrent, aujourd'hui encore, le
même aspect que du temps du Dauphin. Boiseries,
cheminées, plafonds, de pur style Louis XV, ont
sans doute été exécutés pour le Daupliin et Marie-
Josèphe et rappellent la décoration de leurs appar-
tements, à Versailles.
Lii première pièce était la Salle des Gardes. Elle
\
%
— 216 —
est éclairée par deux fenêtres ouvrant sur la Cour
Ovale, vis-à-vis la chapelle de la Sainte-Trinité. Les
panneaux ne portent aucune décoration.
La seconde pièce, de proportions identiques,
également éclairée par deux fenêtres sur la même
cour est la Salle des Nobles ou Vantichambre du
Dauphin.
Les murs sont revêtus d'une série de peintures de
chasses, entre lesquelles subsistent quelques pan-
neaux de boiserie. La superbe cheminée en brèche
est contemporaine du Dauphin. Autour du plafond,
divisé en trois travées, court une frise finement
ciselée où se jouent des amours et des dauphins.
De la Salle des Nobles, on passe dans une pièce
plus étroite : la seconde antichambre. Vis-à-vis la
fenêtre prenant jour sur la Cour Ovale, une porte
ouvre sur le couloir qui longe les pièces précéden-
tes. Cette pièce est entièrement recouverte de pan-
neaux peints (sujets de chasse).
De cette antichambre on pénètre dans la Chambre
du Dauphin, C'est dans cette pièce qu'est mort
Louis de France. Des tentures modernes ont fait
disparaître en grande partie les boiseries sculptées
d'époque Louis XV. Quelques panneaux cependant
subsistent, grâce auxquels on peut facilement re-
constituer la physionomie primitive de cette belle
salle, qui a gardé sa somptueuse cheminée de
marbre et son plafond orné, où les mappemondes et
les cartouches meublés de carquois en sautoir se
détachent sur les fleurs de lis et les coquilles.
Les petits cabinets de service qui complétaient
— 217 —
rappartement du côté de la Cour des Princes en
sont aujourd'hui séparés. Us ont été annexés à
TEcole d'artillerie.
Mais un cabinet minuscule, occupant l'angle du
pavillon du côté du Baptistère et éclairé par une
fenêtre sur la Cour des Cuisines a été respecté, et
garde encore, avec ses boiseries ciselées et sa che-
minée de marbre, l'aspect charmant qu'il offrait au
temps du Dauphin.
Un petit escalier ouvrant sur ce cabinet, établis-
sait une communication entre l'appartement du
Dauphin et celui de la Dauphine.
Ce dernier, qui occupait l'étage inférieur, offre
une disposition absolument identique. Cependant
les boiseries y ont été mieux respectées.
IL
LES INSIGNES ROYAUX CONSERVÉS AU TRÉSOR
DE SENS
Le récit officiel des obsèques du Dauphin semble
indiquer que le manteau et la couronne restèrent
dans le caveau, sur le cercueil. Il n'en fut rien ce-
pendant, puisque le procès-verbal de la réunion
capitulaire qui eut lieu le lendemain 30 décembre,
relate que « la couronne et le manteau ont été dé-
posés au trésor. » (Archives de V Yonne, G 681.)
Les différents inventaires de la fm du xviii* siècle
constatent, en effet, la présence de ces insignes au
trésor.
— 218 —
Dans une armoire de bois blanc à deux battants brisés, au
trésor d*cn haut :
€ Un manteau dit à la Royale, de velours violet, semé sur
les bords de Qeurs d'or et garni tout autour de fourrure
blanche en façon d'hermine, doublé de taffetas violet. Ce
manteau a servi à l'inhumation de feu Mfr^ le Dauphin et a
été laissé à cette Eglise. Il sert tous les ans à son obit et à
celui de M*"» la Dauphine.
P. 11. Item, la bordure en hermine du manteau à la Royale
de Mer Je Dauphin. (Inventaire de 1776 J
N" 29. Item, s'est trouvé (au trésor), une couronne de ver-
meil fermée par dessus avec des dauphins qui est la cou-
ronne qui a servi à l'inhumation de feu Monseigneur Louis
de Bourbon, Dauphin de France, mort à Fontainebleau le
20 décembre 1765 et enterré dans Téglise métropole de Sens,
au milieu du chœur, samedy 28 décembre 1766, laquelle est
restée audit trésor. Elle a de hauteur, la fleur de lis qui la
ferme comprise, huit poulces sept lignes. {Inventaire de 1768.)
N» 33. Item, s'est trouvé une autre couronne de vermeil,
fermée par dessus par des dauphins, qui est la couronne
qui a servi à l'inhumation de feu Madame Marie-Josèphe
de Saxe, Dauphine..., morte à Versailles le 13 mars 1767 et
enterrée... dans le même caveau de Mtrr ic Dauphin, le lundy
23 mars dit an; laquelle dite couronne a de haulteur, la
Qeur de lys comprise, sept poulces six lignes, et pèse deux
marcs quatre onces cinq gros; à 56" le marc, faitl43"7 *6\
(Ibidem.)
« Emblèmes du despotisme i> et objets d'orfèvrerie,
les couronnes ne pouvaient échapper aux pillages
révolutionnaires.
Nous les trouvons, en efTet, signalées dans d 17/]-
ventaire des effets dor et dargent de la paroisse
cathédrale de Sens, fait par nous, Etienne Macé et
Jean-Claude Jossey, officiers municipaux de la ville
— 219 —
de Sens, et dont la pesée a été faite par les ciloyens
Thomas et Jolly, orphèvres, désignés par ledit Con-
seil général, 20 octobre 1792 (1). ï> (Archives de
i Yonne, série Q).
(1; Une année s'écoula avant que la commune de Sens fit par\'enir à In
Monnaie ces « effets d*or et d'argent » qui, en plus de la valeur du mélal«
la seule prisée par le gouvernement Jacobin, représentaient des trésors ines-
timables d'art religieux.
L'extrait suivant des Registreê des délibérations de la maison commune de
Sens, donne sur ce sujet d'intéressants détails. (Archives comm. de Sens,
P29.)
c Ce jourd*huy, septième frimaire de l'an II (27 novembre 1793) de la
R. F. Une et Indivisible,
< Le Conseil général de la commune en permanence, présence du citoyen
substitut procureur de la commune, assisté du citoyen Adenis, secrétaire
greffier.
f I.es membres tant du Conseil général que du Comité de surveillance^
chargés de dresser l'état de toute l'argenterie, argent monoyé, ornemeus
d'étoffes d*or, d'argent et galons de semblable matière, qui jusqu'à présent
ont servi au culte des différentes paroisses de cette commune et que It^^
citoyens habitans se sont empressés d'offrir à la patrie, comme anciens
signes d'une superstition qui ne peut s'allier avec l'esprit de philosophie*
et de patriotisme qui vient de nous régénérer, ont dit qu'il résulte du pro
cès-vertml par eux rédigé les 20, 21, 23 et 25 brumaire, 5* et 7' jour de fri-
maire. qu'il a été déposé au trésor de la paroisse principale, savoir :
« En or, 3 marcs 4 onces 1 gros 1/2;
« En argenterie, 1 534 marcs 6 onces 6 gros ;
t En argent monoié, 555 livres ;
« En cuivre doré, argenté et uni, 9056 livres;
f En étain et en plomb, 139 livres.
< Que ces effets ont été embalés dans des tonneaux et conduits au coche-
de Sens, pour être rendus à Paris et offerts à la Convention nationale.
• Sur quoi le Conseil général et le Comité de surveillance réunis, le sub-
stitut du procureur de la commune entendu, a nommé les citoyens Meiircv
officier municipal, et Beraudon, membre du Comité, pour se rendre i\v-
main à Paris, surveiller ledit envoi, l'offrir à In Convention nationale et \r
déposer au lieu qui leur sera indique. »
\je directeur général de la Monnaie, dans un reçu, daté de Paris le 15 fri-
maire an II (5 décembre 1793), reconnaît par nillours avoir pris livrni!u»ii
d'un envoi contenant :
— Plusieurs morceaux d'or, partie éniaillés et partie garnis de pierrib
de peu de valeur, 13 mnrcs 8 onces 9 gros;
— 220 —
Item, les deux couronnes de Monseigneur et Madame,
Dauphins de France, d'argent vermeille, pesant cinq marcs
cinq onces six gros.
Quant au manteau a à la royalle, ^ il avait été
lacéré en même temps que les ornements servant
aux anniversaires. A ceux-ci on avait arraché les
écussons armoriés, « vestiges de la féodalité; » les
broderies fleurdelisées du manteau eurent le même
sort.
L'inventaire fait le 10 prairial an II (1) (20 mai
1793), mentionne : « L'hermine d'un manteau galéc
par la mitte. ï>
Un billet joint à l'inventaire porte :
Les administrateurs du district de Sens sont invités à
donner aux citoyens Langlois et Pierson, des anciens orne-
— Vermeil (soleils, calices, ciboires), 313 marcs 6 onces;
— Argent, 582 marcs 1 once ;
— Pierreries et perles :
— Un gros saphir pesant 24 karats, ledit saphir est faible en couleur ;
— Deux mauvais vermeil, une tête do chaque ronde avec sept roses, y
compris celle du milieu qui est un peu plus forte;
— Deux mauvais am<^thistes percées;
— Deux morceaux de pierres de rubis ;
— Deux autres d't^mernudcs ;
— Sept chatons d'or, quarrés. avec petit morceau de pierres d*ëmemudrs
et rubis, entourés en totalité de 44 perles baroques et moyennes, plus
15 autres perles baroques petites avec morceau d'or et d'argent;
— Grande quantité d'étoffes brochées et tissus d*or et d'ai^gcnt, pcsnnt
1 396 marcs 2 onces ;
— Cuivre doré, 1 907 marcs ;
— argenté, 1268 marcs;
— rouge, 230 marcs ;
— jaune, 12657 marcs;
— Etnin et plomb, 962 marcs.
(Registre des arrêtés de. la commune de Sens, tome V, 1* 50, séance du 4 ni-
vôse an II.)
(1) Architfes de l'Yonne, série Q.
— 221 —
ments d*église dont ils pourraient disposer pour la festc de
la Raison qui doit avoir lieu le décadi prochain.
En la maison commune à Sens, le six ventôse, en la
deuxième année de la Républiqne Une et Indivisible.
HÉDiARD, officier municipal
Cet ordre fut exécuté, car Tlnventaire continue :
Le citoyen Drouet (1) nous a déclaré que le citoyen Glial-
tas avait en sa possession un manteau violet en velours ser-
vant aux fêtes civiques.
Les débris du manteau ne furent cependant pas
perdus. Une note, en marge de la mention précé-
dente, déclare :
Le manteau m'a été remis le 7 fructidor an lU^ (24 août
1795).
Signé : Jacquier, archiviste.
Désormais les inventaires constatent la présence,
dans les armoires du trésor, « d'un grand manteau
de velours violet (2). ^
 Tépoque de la Restauration, ces lambeaux du
manteau du Dauphin furent employés à confection-
ner des ornements liturgiques. On peut encore re-
connaître sur le velours de plusieurs chasubles de
la cathédrale, l'empreinte des fleurs de lis brodées
qui Font jadis décoré.
Lorsque, en 1814, fut reprise la célébration des
anniversaires, la Direction du Mobilier des Bâti-
ments du Roi fournit tous les objets nécessaires. Ces
objets, transportés à Sens pour chaque service, eu
étaient emportés après la cérémonie.
(1) Sacristain de la cathédrale.
(2) Invent, du 19 brumaire VI (9 novembre 1797).
4
0
— 22i —
à leur Jvglisc les liccora lions Cuuèbrcs eiivoym,
chaque annce, pour les services, par le Cràrde-
Meuble. Celle dcmarche icsie sans succès. . J'ai
eu soin,*criiriijteiitlanl. le ;3() mars, dv faire cou-
iiiulre à celui de vos collègues qui m'a d'abord en
lieleiiu de votre désir qu'il sérail i ni possible dV
acquiescer, par la raison que les tentures qui ser*
valent «ians les céiénionics de Sens ilaicnl égale
inenl nécessaires et pareillement employées daas
toutes les cérémonies luuèbrcs et notamment dan.-»,
celles de l'église royale de Saint Denis, i.
Dés son arrivée à Sens, M<J' de la Fare avait sol
licite, en même temps que des allocations pécu-
niaires, le matériel nécessaire pour les fondation*
J'ai reçu, lui dcril. le 10 mars 1.-22, le Minislrc de la M>i
son «lu Roi, la IctUc que vous mnvcz fait Ihonneur tli
m'écrire au nom du Chnpiire lie la calliéflralc ilc Sens, L
IcHot Joblcnîr.iles bontés du Roi, les tcnluies noires fatlM
s|>écialenicnl pour les deux services anniversaires ilc Mon-
seigneur le Dauphin cl de Madame la Daupliiue, ainsi que
le drap mortuaire, les insignes et les autres objets deMînèc
pour le catariilque.
Vous ne devez pas douter. Monseigneur, de tout mon era-
prcssemcnl à saisir l'oteasion de vous être agréable, el j'au-
rais voulu pouvoir accueillir votre demande dans toute son
étendue; mais une partie des objets quelle comprend ser-
vent pour les autres anniversaires qui se font à SalnlDcnb
et ailleurs par ordre du Roi. Je ne pourrais en disposer
sans les faire remplacer, et les charges de ta Liste civile ne
me laissent pas la possibilité de subvenir it une semblable
dépense Cependant, voulanl, aulanl qu'il dépend de raoi,
vous prouver tout le prix que j'attache à remplir vos dé-
sirs, je vais prier .Sa Majesté d'autoriser M. le baron de la
— 225 —
iéA meltre h Icntîérc disposition du Chnpilre niélropo-
^cns, Jes ornemcns et le drap niortiinire qui exi^«
lî déjù dans la cotliédralc, et à lui faire remettre égale-
h Le carreau en velours %ioleL el glantis d'or;
2-^ l^ couronne de Daupltiii» dorée;
3" Les armoiries sur ctiassis, de (î pieds de haut;
^ i" Les douze armoiries sur cnrlon, de 2 pieds ^
BEI 5' les trois armoiries aux armes de France, peintes
T toile, qui avaient été faites spL-cialtmient pour cette ce-
. .nionie, et que Ion transporlail h Sens^ lors de chaque an-
niversaire-
Veuillez agréer, Monseigneur, l'assurance de mes senti-
fns respect u e u X .
Le Ministre secrétaire d*Efttl de la Mai son dit Roi,
Marquis dk Lauhiston,
Ce premier succès ne pouvait qu*cn cou rager le
>rclînai de la Fare à renouveler sa dcmanUe.
Je vous aï entrelenu, a Paris, écrit-il, le 8 août 1826, au
[directeur du Mobilier de la Couronne, de rélnl incomplet
le roriïement noir dont on se sert, dans tnon église métro-
politaine, pour le service anniversaire solennel de feux
Mânsei|*neur le Dauphin et de Madame la Dauphine. Ce que
jà la munificence du feu Hoi a bien voulu consacrera
: u^age si privilégié est, connue j'ai eu Tlionneur de
us raHlrnier, trop insuffisant pour faire, avec la décence
ta pompe convenables, un service aussi auguste. IVaprès
nutre convention, je vous transmets ci-jointe la note dos
objets importans qui manquent encore. Je comtïte, Mon-
ur le Viconjle, sur vos bons ofllces auprès de S, E. le Mi-
are de la Maison du Roi, afin de complelter le premier
fi et 1 intention du feu Roi, Le Chapiirc de Sens et son
chevéque vous auront une sensible obligation de tout ce
I que vous aurez bien voulu faire pour un objet qui intéresse
lé ht lois la dignité du cuUe et la piété lUialc de Sa Majesté
15
— 2;^G —
Note des objets indispensables pour completter Vornemcnl
noir employé au service anniversaire de feus Monseigneur
le Dauphin et de Madame la Dauphine dans l* Eglise mclro-
politaine de Sens, où LL. AA. Royales sont inhumés :
1° Quatre chappcs de velours noir, orfrois en drap d'ar-
gent moiré et galons d'argent ;
2? Un parement d'autel, de velours noir, galon d'argent,
avec une croix à huit pointes au milieu, en moire d'argent,
et de la dimension de 10 pieds 4 pouces de large, sur 4 pieds
6 pouces de hauteur;
3» Un autre parement pour le trône avec une croix sem-
blable, à huit pointes, ledit parement de 7 pieds 6 pouces
de hauteur, sur 3 pieds de largeur;
4*" Deux parements de 9 pieds de longueur sur 22 pouces
de largeur, de velours noir galonnés en argent, pour couvrir
les deux pupitres de l'Epitre et de l'Evangile. (Ces pare-
ments se nomment épistoliers.)
5» 150 aunes de drap noir pour couvrir les degrés du ca-
tafalque, ceux du sanctuaire et du trône;
6° Supplier le Roi de faire remplacer, dans la décoration
du catafalque, le collier des Ordres que Louis XV avait ac-
cordé pour cet usage, mais qui a été enlevé avec toutes les
richesses du Trésor de l'Eglise de Sens (1);
7" Un carreau de velours noir, galonné d'argent, avec
ses quatre glands, destiné à porter le collier des Ordres;
8'» Un manteau royal de velours violet parsemé de fleurs
de lys en or et bordé d'hermine ;
(1) Voici In curieuse desciiplion de ce collier et de quelques accessoires
servniU à la décoration funèl*re des anniversaires donnée par Tinventaire
de 1770 :
Au Trésor d'en haut. — « Item, une couronne de carton et un cordon de
l'ordre de Saint-Michel, aussi de carton et doré, avec un cordon bleu ; le
tout servant à Yohit de M" le Dauphin.
« Deux petits coussins couverts de velours noir de coton, garnis d'un g;\-
lon d'argent et de quatre glands, ces deux coussins servant à mettre sur In
représentation aux ohits de M» le Dauphin et de Madame la Dauphine.
a Huit écussonsaux armes de Madame la Dauphine. »
— 227 —
9<> Quatre grands panaches blancs pour le dais du cata-
lalque;
10^» Quatre bandes de 20 pouces de hauteur, dont deux de
6 pieds 9 pouces de longueur, et deux de 5 pieds 9 pouces en
largeur, le tout en velours noir galonné en argent, pour
faire les pentes du dais.
A la réceplion de ce document, la Direction du
Mobilier de la Couronne fait établir des devis (1)
pour la fourniture des objets demandés par le Car-
dinal.
Celui de Desmarais, chasublier des Menus-Plai-
sirs, demeurant rue de la Lanterne, au bas du pont
Notre-Dame, évalue : les quatre chappes à 1 456 fr. ;
le devant d'autel à 643 fr. 55; le parement du trône
à 173fr. 35; les deux épistoliers à 358 francs; les
pentes du dais à 952 francs ; les tapis à 1 650 fr. ;
le carreau de velours à 178 fr. 65.
Perrot, plumassier, offre de fournir les panaches
du dais en plumes d'autruche, y compris les ai-
grettes, pour 270 francs.
Dallemagne, Guibout et C^e, brodeurs passemen-
tiers du Roi et de la Cour, rue des Deux-Portes-
Saint-Sauveur, n** 12, proposent de confectionner
le manteau royal pour 5 200 francs (2).
1) Archives nat., 03 1924.
(%i 12 août 1826. — Devis d'un manteau royal :
Un manteau royal en velour violet fin, avec bordure en broderie or my
tin placée au-dessus de l'hermine, parsemé de fleurs de lys en arbachure,
doublé d*hermine fausse.
Esliraé : cinq mille deux cents francs.
Dallemagne, Guibou et G".
(Archives nat., 03 1924.)
Le même brodeur avait également fourni, à l'église Notre - Dame de
— 228 —
Enfin, le devis de Cahier, orfèvre du Roi, poar I
fabriciilioii d un faux collier desi Ordrtîs, en coh
doré et imitation d emaux« niofile à GGO ffancs.
En tratismrll^iitt ces propoiiitîons au vicomte de
la Roche fou cauld. AidcHle-cainp dti Rtii et Surin-
tendaril des Bcaux-vlrit, le Directeur du Mabilier
cxplifjtiaH qu'une pen!iée déconomie lui a^-ait fait
élablir un devi% pour un faux collier, un collier d'or
représentant une dépeuî^e considérable. Mais il sug-
géniil, en nicmc leuip^, Tidéede demander au Roi
daccordcr à lEgU^ie de Sens lun des grands collic
préparés à 1 occasion du sacre et restés sans emplc
Le 3 septembre» le roi Charles X mettait sa signa- '
ture uu bas du rapport suivant :
luppoaT AC aôi
îiirt',
S. Elu. le Ciirdinnl de la Fare, Archevêque de Sens, d^*
raat doniter au service atuuicl qui se célèbre, dans sa calhé-
drille, en cainméaioriilioa des oiigusles fiatetirs de Votre
Majesté, Maaseigaeur le Dauphin et Madame la DauplitnOt
toute 11) pompe dési rallie, demande que Von complète t or^
nemenl qui SL*rl lors de cetlc eérémonie,
r&i cru que ceUe demande était trop jusle pour ne pas la
mettre sous tes yeux de Votre Majesté. Ù'ûl fait dresser le
devis dt* ta dépense à Incjuetle elle pourruit diïnner licu^
^ 11511 fr.75.
Amwoiwé : Chah LES.
^ Archiva tiaL^ Oa ld22.)
PurU, poni' ht iitnii|H' FiiitiVlirM tljef^tiuivXVI, ijii tmtik'Ou ftiyfili|iiJ fu! |tA
i^iiUunrtil 2\m fr. Ml. f îbuL, 0:i 2£0,)
i\t^ ittunte^m fui livré, le 'M iïdVf'mhre 182<i. Il flgun^ ii^Uielt^menl au '
iwr tfi« lu MiHrtïpi»liî*ir irt9 , Alntilpbl ili^mcnlii* ht légcniîp dnîirt^» laquo
ce miinkniti iiurnJl Hi^ pôfU \mv 1r td) Oiiirtcii X, 1c Jour de hjiî mcf^
lleinii, im iiiiil Ih2.ï.
— 229 —
Aussitôt, M. de la Rochefoucauld informe le
cardinal de la Fare, lui exprimant le regret qu'on
ne se soit pas adressé directement à lui, ce qui au-
rait permis une solution plus prompte.
« Je croyais, répond le prélat en le remerciant,
à la date du 7 septembre, que Tordre de Tadminis-
Iralion exigeait que ma proposition vous fût défé-
rée et soumise par M. le Directeur du Matériel des
Fêtes et Cérémonies et du Mobilier de la Couronne.
L'aimable reproche que vous avez la bonté de me
faire à cet égard est un motif de plus à la confiance
que vous m'avez toujours inspirée. »
Le 24 novembre, le Mobilier de la Couronne ex-
pédiait, à Sens, tous les objets, sauf le collier. Ces
différents objets, suivant l'estimation officielle, re-
présentaient une valeur de 10 824 fr. 75.
Quant au collier, le Roi avait approuvé le 24 sep-
tembre, la proposition de remplacer le collier de
cuivre auquel on avait d'abord songé par un des
colliers précieux n'ayant pas eu de destination à
l'époque du sacre. (Archives nat,, 0^ 551.)
En annonçant l'octroi de cette faveur au cardinal
de la Fare, le comte de Sèze, grand Trésorier des
Ordres du Roi et premier Président de la Cour de
Cassation, informe le prélat qu'il remet le collier de
l'Ordre du Saint-Esprit au vicomte de la Rochefou-
cauld, Directeur général des Beaux-Arts.
« Le magnifique présent que le Roi daigne faire à mon
Kglise métropolitaine d'un collier du Saint-Esprit, répond,
le 10 novembre, le Cardinal, est pour moi du plus haut prix.
En remplissant une pieuse et royale destination, il contri-
— 230 —
bue ni II la gloire de ma superbe basilique et sera, chaque
année, un Icnnoignage éclatant des bontés du Hoi envers
mon Eglise nrchiépiscopale et mon clergé, et un gngcdum-
ble de sa piété filiale... t
L'abbé de Bellaud, vicaire général de Sens et au-
mônier de la Dauphine, alla prendre possession,
au nom du cardinal de la Fare, du précieux joyau
rclîgitHistnnent conservé depuis au Trésor de la
Mclmpole (1).
Quelques mois plus tard, le 26 avril 1827, le
comte de Sèze informait le Cardinal de Tenvoi, pour
coniplt^ter le don royal, « d'un cordon bleu avec
la croix et la plaque qui raccompagnent tou-
jours (2j. p
<1> s- 347 de Vlnvenlaire publié en 1897.
0 N"*248ct âlOde V Inventaire. Le cnrilinnl de In Fare avall égalcincnl
«oUic)l<^. iM) 1K2II. pour décorer les autels des Jubés de la cathédmle, deux
itiiLuc\*(. l'unr tje saint Louis, l'autre de saint Martin. Le Directeur des
Ikfiux-Arls exprime nu prélat, dans une lettre du 14 novembre, son regret
dr ne pouvoir lui donner satisfaction, h cause de In dépense très élevée
qu'ncmitioiiniM ait, même en pierre, lexccution de ces ouvrnges. Lnnnêe
|tri*t!tklfnitt". Ir ^ k^omte de In Rochefoucauld avait fait attribuer, à la Métro-
poks il* lîrniul Inbleau représentant l'entrée, dans la catliédrale de Sens,
de saUïi Louis iiortant la couronne d'épines, par Caillot. Ce tableau fîgurc
actuellviueiil dans la salle Synodale.
m
LA PORTE DAUPHINE
Pendant un siècle, la rue principale de Sens
porta le nom de rue Dauphine, en souvenir des
princes qui étaient venus chercher un dernier asile
dans la cathédrale. Cest en 1770, au dire de
Tarbé (1), que ce nom fut donné à la vieille rue
Couverte,
Par la porte Commune cette rue ouvrait sur la
route de Lyon. Le 19 juillet 1768, une « ordon-
nance des Président, Trésoriers Généraux et
Grands- Voyers de France (2) » avait prescrit la dé-
molition, dans les trois jours, vu sa caducité, de
la porte, construite vers 1283, qui avait longtemps
été le siège de l'administration municipale.
Cet ordre fut sans doute immédiatement exécuté.
d» Les registres des délibérations du corps de ville ù celle époque ont
disparu.
2) Archioes communales de Sens, DD 9.
_ 232 —
Néanmoins une partie de Tédifice restait encore
debout, quelques années plus tard, car, à la suite
du terrible incendie qui, en juillet 1776, détruisit
une partie de la rue Dauphine, on adjuge, le 15 sep-
tembre, la démolition de ce qui subsiste de la porte
Commune (1); cette démolition doit être achevée
pour le l^r octobre.
II était alors décidé que, sur remplacement de
Tancienne porte, serait érigée une entrée triomphale
qui rappellerait la mémoire du Dauphin et porte-
rait son nom.
La seule mention insérée dans les registres de la
intinicipalité se trouve dans un mémoire rédigé,
le 30 janvier 1786, pour revendiquer la propriété
de la Grosse-Tour dont Tlntendant prétendait dis-
poser en faveur du collège. Nous y lisons ces détails
parmi les preuves alléguées par la ville pour éta-
blir son droit :
ff C'est à cet effet (à titre de propriétaire) que
riniiiée 1766, le corps municipal sentit Timportantc
nécessité de bâtir la porte Dauphine, et que, n'ayant
aucune ressource pour faire cette dépense, il fut
autliorisé, par assemblée de la commune du 21 mars
de lad ite année, à démolir celte tour et à en employer
ks matériaux à cet effet; mais le plan ultérieur de
cette porte, qu'on décida devoir être sculptée, ne
pcrmcltant pas de faire usage de la pierre dure
employée dans cette tour, les officiers municipaux
suspendirent cette démolition; ils allaient s'en occu-
iNflvm. Arrôlrs de la moiric, reg. 1, f* 4,
— 233 —
per pour la consh*uction de la porte Royale, qu'ils
vont se trouver forcés de bâtir incessamment, at-
tendu que l'ouverture de la route doit avoir lieu au
printemps prochain (1). »
La construction de la porte Dauphine eut lieu en
1777. Dans une délibération en date du 24 août, la
municipalité décide de faire démolir « la vieille
tour restant du côté droit en sortant de la porte
Commune, » et d'inscrire au cahier des charges la
condition pour l'adjudicataire « de ne pas endom-
mager les pilastres actuellement commencés de la
porte neuve (2). »
Il nous a été impossible de retrouver les devis et
projets relatifs à cette construction. Nous savons
seulement qu'elle fut exécutée sur les dessins de
Charles Guillaumot (3), architecte de l'Intendance.
« Elle est composée, écrit Th. Tarbé, d'une ouver-
ture en arcade avec deux massifs, ornés chacun de
trois médaillons sur chaque face. Du côté du fau-
bourg, les deux médaillons du haut devaient conte-
nir les bustes du prince et de la princesse. Les
deux du milieu devaient représenter, d'un côté, le
moment de la bataille de Fontenoy où le fils de
Louis XV voulut se mettre à la tête de la maison du
Roi; de l'autre, le mariage du Dauphin (4). »
(1 Arrêtés de la mairie, reg. I« T 68. (Note coinmiiiilquée par M. le doc-
teur Moreaa.)
<2) Archioes communales de Sens, BB 4.
•T, Charles-Axel Guillaumot, né en 1730. à Stockolm, de parents fran-
çais, était membre de TAcadémie d'architecture. Il a constmit la caserne
de Joignr. Il moorol à Paris en 1807.
(* Histoire de Sens, p. m\.
u
_ 234 —
Les iiiodèles en plâtre de ces médaillons furent
exécutés ])ar le sculpteur Dupaquet (1).
Les matériaux employés étaient de bien mauvaise
qualilé. Six ans après rachôvement de la porte
Dûiiphine, on reconnaissait la nécessité d'y faire
d'iniportantes réparations.
Le 20 mars 1784, de Montfeu, inspecteur des
Ponts et Chaussées de la Généralité de Paris, dé-
pose un <i devis pour la réfection totale de Tenla-
blemeiit de la porte Dauphine, dont la pierre est
ciiticMt nient dégradée et ruinée par les gelées de
rhivcr, et pour la couverture en plomb dudit en-
tablement, ainsi que du socle de couronnement de
ladite porte afin de prévenir, pour la suite, de nou-
velles dégradations. ï»
Ce projet spécifie que l'entrepreneur sera tenu de
supprimer les bossages ménagés pour recevoir la
sculpture des médaillons, afin de les araser avec le
parement de la pierre. La dépense devait s'élever
à 3 2(1(1 livres, mais le l"août suivant, Tarchitecte,
« vu la difficulté de se procurer de la pierre de Ton-
nerre et la modicité de ses premières estimations, ^
déclare qu'il y a lieu de prévoir une augmentation
de 500 a 600 livres (2).
L'année suivante, seulement, ce travail fut
exécuté. Le registre des délibérations du corps de
ville y fait Tallusion suivante, à la date du 16 août
(lï Osl II' tiipni donnô par les chroniqueurs contemporains, notnnnnenl
Mjiucïi^rr ' i/s. de la mbliulh. dr Sens, (omc II, p. SG), qui donne une éléva-
tion rk* hi I i'jrle Daupliine.
Cl. Archit*ti cvnumin<iles de Senx, DDD.
— 235 —
1785 : c Les réparations de la porte Dauphine dont
on s'occupe obstruant le passage ordinaire, on se
trouve dans la nécessité d'ouvrir la porte Saint-
Reniy et d'y établir un bureau de perception des
droits d'aydes (1). »
Les sculptures, toutefois, restaient à faire. L'Etal
sans doute devait y pourvoir. Mais la pierre de
Bailly dont était construite la porte étant d'un grain
peu favorable au modelé des bas-reliefs, l'Inten-
dant avait invité la Ville à faire incruster dans les
médaillons destinés aux sculptures de la pierre de
Tonnerre.
La ville de Sens recule devant ces frais. « Le
maire, lisons-nous au procès-verbal de l'assemblée
du 4 août 1787, a dit que Ms»" l'Intendant a donné
des ordres pour faire reconduire à Paris les médail*
lions en plâtre qu'il avait envoyé (sic) pour guider
l'artiste dans l'opération de sculpture à faire sur la
porte Dauphine, sur les motifs que le corps muni-
cipal avoit paru répugner à la dépense qu'engendre-
roit la pierre de Tonnerre à réincruster au lieu de
celle du Bailly qui forme aujourd'hui les médail*
lions; qu'il pensoit que Msr ITntendant, qui connoit
le peu de facultés de la ville, en demandant qu*ellc
supportât cette dépense, se feroit un plaisir de venir
à son secours, tant pour cette dépense que pour
toutes autres; que par ces considérations il croyoil
qu'il falloit marquer à Mgr l'Intendant que le corps
municipal espéroit dans ses bontés des ressources
(2 Ibidem, BB 4, t f9, veno.
f
il
i
— 236 —
pour toulc la dépense qu'occasionneroit la porte...;
,.,.ont ai resté de prier M^"" Tlntendaut de vouloir
bien envisager (jue le peu de ressources qui prove-
noît des revenus de la ville les faisoit ésiter à entre-
prendre toutes dépenses extraordinaires; que celle
de la sculpture et autres réparations à faire présen-
toit un tableau d une dépense effrayante pour une
communauté sans ressources, que néanmoins le
corps municipal s'en rapportoil à sa prudence et à
sa sagesse pour 1 ensemble de cette dépense, bien
persuadé qu il ne lui fera rien entreprendre au delà
de ses forces et faculté (1). v
Ces démêlés attendaient encore une solution
lorsqu'échila la Uévolution. Les sculptures ne fu-
rent JLiniais exécutées. Les maquettes, déposées
quelque temps dans une chapelle de la cathé-
drale (2), trouvèrent asile au musée de la mairie,
où elles figurent aujourd'hui.
Quant à la pnrte Dauphine, après avoir vu passer
les cortèges grotesques des saturnales révolution-
naires, après avoir, pendant tout un siècle de monar-
ehicH, de répuhli(|ues et d'empires, gardé son nom
histori(|ue et déeoré l'entrée principale de la cité,
elle fut rasée par une municipalité jalouse surtout de
continuer les traditions de celles qui avaient jeté
bas les portes de Notre-Dame, de Saint-Antoine et
de Saint-Didier et dont le conseil général du dé-
partement, en liSll, Montalembert et Victor Hugo
tt> AnltiL'rs çtimmumtU^. »B 4, f* 79.
(2) Vn ItivtfnUUnt cte tH(i^7 note leur présence duns la chapelle de Sainte-
€olatnKi?, pri<& tli!« !i(^l^e^ du niausok^clu Dauphin,
— 237 —
au Parlement, en 1844, avaient stigmatisé le vanda-
lisme (1).
Nous devons résumer ici, si peu honorable qu'elle
soit, cette page d'histoire sénonaise.
Le 15 novembre 1881, un conseiller municipal,
nommé Huchard, déposait la proposition suivante :
« Le conseil...
c Considérant qu'il est de toute nécessité que
l'accès d'une ville soit très facile, au moins pour
les voies principales, décide que les pilastres, co-
lonnes et portes qui obstruent plusieurs des entrées
de la ville seront démolis et, dans le xîas où quel-
ques-unes de ces constructions auraient une certaine
valeur artistique, de les réédifier sur des emplace-
ments à choisir, où ils pourraient servir d'orne-»
mentation. »
Celte proposition, renvoyée à une commission,
revenait devant l'assemblée communale à la séance
du 8 février 1882.
Les conclusions du rapporteur étaient ainsi for-
mulées :
c La commission..., nommée... pour examiner
s'il y avait lieu de démolir ce qu'on appelle les
portes Saint-Hilaire, Formeau, Notre-Dame, Saint-
Didier, d'Alsace (porte Dauphine)..., à l'unani-
railé a décidé que, pour rendre plus facile la circula-
tion des voitures à l'entrée de la ville, dans ces di-
vers endroits, il y avait lieu de supprimer toutes
ces portes... »
(l Voir Vaudin, Fastes de la Sênonle, pp. 191 et 193.
— 238 —
Dix-huil conseillers seulement étaient présents:
dix volèrent pour Tadoption de ces conclusions.
DiïîonsH Hionnenr des Sénonais que cette mesure
borbarc, ([ue ces considérations charretières soule-
vcrent rélonncment et Tindignation. La presse lo-
cale en a gardé les échos.
Une adresse au maire, M. Lalande, lui expose
ces représcnlalious :
a Démolir pour améliorer et embellir, passe en-
core; mais détiuire pour détruire, sans nécessité,
sans utilité, sans même le moindre intérêt d'ar-
gent, c'est insensé!
a Songez-y, ni on sieur le maire, votre nom restera
implacablement attaché à cette œuvre de destruc-
tion (1)! 0
Un long mémoire, reproduit par le même journal
(numéro du "2 juin), s efTorce de sauver le monument
dont ioiil le inonde reconnaît la grâce et l'harmo-
nie des proportions dans la sobriété des détails :
« Notre ville a perdu prasque tous les fleurons de sa
couronne murale. La porte Dauphine lui reste en-
core. Simple darehitecture, elle se ressent, il est
vrai, de lYpoque où elle fut bâtie; ...cependant elle
a grande mine, à l'extrémité de la rue principale
qu'elle encadre noblement dans ses pilastres de
pierre; du eùlé du faubourg, elle relève l'aspect de
la place et détourne les regards des constructions
mesquines qui 1 entourent.
« On aime à saluer en elle le souvenir de nos
gloires passées, qu'elle nous rappelle dignement.
(I) Vnfon iit VYoniie, n- du 2 juin 1883,
r 1
— 239 —
« Elle a une tradition : elle a remplacé le beffroi
de nos libertés communales, l'antique porle Com-
mune où, durant de longs siècles, se concenira lac-
livilé municipale de nos aïeux.
« Par son nom, elle a conservé longtemps la
mémoire d'un grand et vertueux prince, inbumc
dans nos murs.
« Tout récemment, hélas ! elle a vu gratter son
vieux nom par la municipalité républicaine qui Ta
appelée : porte d'Alsace, quoiqu'elle regarde le
Midi »
Toutes les protestations furent inutiles. Le 2 juin
1883, le maire de Sens, M. Lalande, adjugeait la dé-
molition des portes de la ville. La porte Dauphiiie,
dite d'Alsace, fut attribuée à M. Emile Gaujard pour
la somme de 180 francs.
Lacquéreur s'empressa de faire connaître qu'il
avait agi au nom d'un comité formé pour la con-
servation du monument (1).
En vain ce comité, fort de Tadhésion de cinq cent
cinq habitants, sollicita une prolongation du délai
imposé pour la démolition.
Le journal YUnion, dans son numéro du 15 sep-
tembre 18S3, annonçait que la destruction de la
Porte Dauphine était opérée depuis quelques jours.
' i
*['l|
(1) Ce comité était composé de MM. A. Chocat, Ch. Duimml, E. Gaujard.
A. Grelot et Horace Lefort. U a\*ait provoqué une souscription duii^ le but
de faire reconstruire la porte Dauphine et de la faire décorer dr- s^ulptu-
rn reblives à l'histoire de Sens. La destruction prématurée du monu*
ment ne permit pas de réaliser ce projet.
i
TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE
ÂdretttAe la ville de Seni au comte
Agout ( ^ irumle d'). l£4.
Aiiujiioii utucd't, aos.
AU KiTifndi. son p<i«»i|i<?4 Sens, 132.
AlLnrd, curc de Verwllk^t, W.
ALïtioiti' frti/itrnii d' , p*^ d'AJx-
la-Chïipellr, 213.
Amdot, tninlsdr, 83, 89.
And oui Ut'» rhfrurgled, 13, 56.
il AnglvÉîler, 77< 7», m. «^ 99. 100.
Afigoulêroe (duc d'i. Ilfi, 190, 194.
AnciOuli'iTiP (dtichr^Kr d*}^ 141, 142,
1«l d 1S5, 192, 193.
AtuUtftrsaire». IW à 112, 153, 179.
1"JU. 192.
At*partemrfUt du Ihtttphiti., 215, 217.
Arfhfi>éthé. 22. lUfi. 191, adresse
munUiimle pour son rèlnblisse-
meni, IHC-II».
Ancï-siR-Ci'iiF* ItM*
jlr/ïi«jfr/fi flu tjtiuphitt. 2lTi.
Artois rcomle d'avoir: Charles X.
AudLmc (doeteiir^ 3G.
dtttel tie ta pQtrir. 117.
il Uf 4-1)1 dajtilé$. 230.
Atiiop9ie dr ia Dauphin f, 34-36.
Aulopiiie du Vkntphiu, 13, 14.
Aun^nE, 2:i. m , 141, 182, 183. 192,194.
AvAixoM, HU 1K3, 1^. t1>1,
A%*io?ftj}« (cathédrali^ d'i^ 12.
de Batliicourl, 127.
Baqucf, gni%'eiir, 51.
Barber de 1 Espada (l'abbé), 209.
210.
Bardin, Juge de paix, 137, 148, IGi*
Beaumont (comtesse de). 63.
Bcauval, 127.
Bémud (M~), libératrice de la vilk
de Sens en 1814, 164. 177, 178.
Beooist de la Molhe, 135, 137 à 139
144, 145, 148. 152, 153, ICO. 173.
Bérenger (comte de). 63, C6.
Bemadou (cardinal), archevêque
de Sens, 168.
Bernardin de Saint-Pierre. 101.
Berr>' (duc de), 146. 185.
Berry (duchesse de). 185. 193
Berthelin. chanoine, 4. 29, G8.
de Bérulle. 128.
de Beurnouville, 183.
de Biencourt, 127.
Billebaut. président du tribunal,
136.
Biron (comtesse de), 184.
de Blanckart, maréchale du Muy.
204, 207. 212, 213.
Boiscoillaud (docteur), 14, 56.
Boudin (général), 177, 179.
Boudrot (docteur), 161, 163.
Bouilhac (docteur), 56.
de Boullongne, 1(6.
de Boulogne, évéquc de Troyei»,
140, 149, 150, 174, 178, 181, 183.
Bourdelin (docteur), 56.
— 241 -
Bourdesoult (comte), 100.
de Bourge, 100.
Bourlel de Vauxcelles, chanoine,
33. 173.
liourlet de Vauxcelles, premier
valet de chambre de Charles X,
173.
Brancas (duchesse de), C3, 66.
de Hrieiine (Voir : Lomcnie).
BlUENON. 183.
Broglie (Emmanuel de), auteur
ciié, ayj.
de BuUioud, 127.
de Bullioud, chanoine, 5, 29, 67.
8i>, 109. 209. 210.
du Busquet, sous -préfet de Sens.
i:* à 1G5. 179.
Cahier, orfèvre du roi, 228.
Cahors (collège de), 42.
Cambrai (hôtel de) à Paris, 213.
Canons remisés dans la cathé-
drale, 132.
Cardinaux ténonais, 2.
Carlier, chanoine, 196.
Carmélites {religieuses/ , 167, 183.
Cjumont (duchesse de), 63.
C^lestins de Sens, 32.
de Chalmazet, év. de Coutances, 25.
Chambonas (buste de), 117.
de Champbertrand, doyen, 4, 29,
G7. 86. 91, 110, 111.
Champigny (Nompère de), 190.
Champion de Cicé, év. d*Auxerre,
25.
Chandenier (collection), 38, 42, 44.
Uuipflle ardente j 13-16
Chapitre de Sens, délibérations, 5,
19, 30, 37, 68; suppression, 112,
IMireconstituUon, 189.
iharli-s X, I3â, i:i3, 170. 2*S.
CIiaMoiîui; m.
Chiisubh tirodèc par la duchesse
d AngDitléitie, 19S.
Chatclrl (comte dy), 100 A lll.
Chatelet Laumont (eomtossc du),
63.
Chauvelin (marquiiï iki, 17, t S, 2G.
Chimay (princesse ilv, 20».
Choiseul (vicomte di j, 109.
Choisy (comtesse do, XM.
de Cicé (voir : Chan\|jion).
Cimetière de IHôtel-ltuu, im, im,
Cochin, (Ch.-Nicolas) iû, 4B h 51,
75,93,101.
Cochin (gravures de) 12, 33, 35, 53^
72.
Collet, confesseur de la Dûuphîiie,
17.
Co//i>r des ordres, 22Ci, 229, 230.
Côme (frère), chlrurgii-n, 2 -7.
Commission pour ta n^atatittjlion
du Mausolée, 137, U:t, Ul, 177.
Concile de Sens. 19G.
de Condé, chanoine. €8, m, m.
Convention, 126.
Corbel, marbrier, 82.
Cordeliers (couvent dt-s)^ 23.
Cornisset, président du Inbunat
de commerce, 15G.
Cornut (Gauthier et G i le}, archevê-
ques de Sens, 21.
Cossard, 118.
Couronnes, 23. 30, 217 à 219.
Cousin (Jean), peintre : vitraux*
117.
Coustou (Guillaume), *>!♦ 71, 77, 33
à 95.
Coutances (évéque d«r), 25,
Croix de Saint' Louis ^ 127.
Crou (docteur), 163.
Dallemagne. brodeur, 227.
Dauvergne, chanoine. 4, 29, G8, Sil.
Décoration funèbre, 2î.
Demay. procureur du r#>i. I^,
Desgranges (M**) 178*
Desmarais, brodeur, 2Z7.
Destruction de la porte Itouphine*
237 à 239.
10'
— 212 —
îlettîMpnurlartsImtraimn du A/ciii-
DitUxot, 41Î à :i2. 105, ItïG.
lïir.i'. ;iukur tikMir», UQ, 10.1.
Ilrrtu fm!ir(|uis lU'i, il. 2*1, 04. Go.
l>j(Hm\ m n ri* lier, lUO*
Drmu t, sjKTÎsliiint 221.
JlnAnir, oïtkiiT rmjiiîi'i|ml^ 122.
l)U|]ar|tli'l. stulpU'îiJ-, ZU.
Diiponl. iM*i auxUlulrr' <lii cardi-
nal de Li Fiij-L', ICCÎ.
Dii|>ruL, (itKiiiuitifrit du l'urdinul),
lij.
Du roui in [yi-), 177.
lUival fdock'uru 14.
KlUfrai, Va, l'urnu. lOK.
t''liiiuphr%. 41 !i J,"î 51, 70, 71.
îl^ihuittutùtn l'ti 1777. Mi,
L^ihamutûtn eu ISll, 118.
lùihriqttf (coniietl dt'ï iit- hi Mélro-
}HyU\ ira
cl<* In Fan? (cardiiui!} iirchevêque
de Sens, mi \m. Vêt VJI, 222 à
iËl>, 2:ïï* Si :i:kK
de IVliï d iHiiTi'is, 2U9. 210.
Fl^iU' dianm df Un. (i2. 184. 190.
1-1 U - J il m es i d u i" \U* ISCi , 'iWi.
riruiy (duc df lt»K
de FouLdne (Voir : Cnir-si-mcnl).
Fuxi \ixem.t-M', là, 17, 3-'ï, O, 100,
llCi. 191, 2i:. A 217.
de rornuMinlr^ çun* de lu t'athc-
ilrale, lltS ïi Hl, 14S, i:d. LV2, 1(X>.
m» WL
Forliii, 127*
lVMlf>u, |>cintri\ im.
Fronsuc (ducdc», i:i, 14, IT. 26, 89.
Fantrtùtlt% tle ia thm^^bint tJ, G8.
de Gabridt* vîe«lr«^ grucraL 23, 20.
Gabriel. 127.
Gnillot, pcintro, 230.
Gamot, préfet de l'Yonne. 116, Uj,
152 a 159, 164. 108, 1G9 à 172
GarnuT, conventionnel. 155.
Garscmentdc Fontaine, chtiiioine.
4, 7. 29.
Garsenient de Fontaine, 174. 1^
Garsement de Vauboulon, 127.
Gaultliier. maire de Sons. 12H, 121*.
Gaultry, 198.
Gauthier, secrétaire du chapilri.
210.
Gayet, architecte, 38, 42.
Gigot de Boisbernier, chanoine, l
29,G8, C9. 91.
Gois, sculpteur, 102.
Goret, chanoine, 68.
Goyon (comte de), préfet de
l'Yonne, 180.
Goyon (comtesse de) 182.
Gradot, chanoine, 86.
Gratien Dugaudin, chanoine, 29.
Grégoire, 114.
Guiche (duc de), 190.
Gulllauniot, architecte, 233.
Quistel (princesse de), 63.
Guyot. propriétaire de la maison
de l'Œuvre, 131.
de la Haize, chanoine, 4, 29. C8. 0.
86.
Ilédiard. chanoine, 4. 29, 68.
Ilédiard, officier municipal, 221
Hérauts d'armes, 16, 27.
d'Hesselin de Hauteville, doyen
5,26,29,31,57, 67.
Ilévin (docteur), 14, 56.
Ilôlel'de-oilU 176.
le Houistel, chanoine, 4, 7, 29. ii8
Huerne, chanoine, 26, 29, (H.
Bureau (voir Woustourn).
Jacquier, archiviste de la ville, 221
de Jarente, évêque d'Orléans, llB,
243 —
JOIGNT. 183.
J^Hy (M-O. archevêque de Sens,
1»S. 211.
Jolly. orfèvre, 219.
Jorre de Saint-Jorre, chanoine, 62.
Josoph II, empereur clAllemagne.
94.
Jô5ie\\ omcltr rnunlcîiirti, 21X,
Julien, se o 1 p Ipu r, 96.
cîê Jussy, 127,
Labreuillp (docl«tirï, IJ, SSl
l-î>'re ^P. , m, os, 129
Liîaiide, maire de Sen*, 23
l^llil (ablké dr\ 171
£^u3tfw. «|(ui de la diwliei»
itioricsr». 14. st
i
de Lam
leo. 171.177.
I. 2B
iTAa.
M^ IL
iai«.a-
Loustaunaux (docteur), 14, .W.
Louvols (marquis de), 185.
Luynes Cardinal de), 2, 8. A It 2(»,
24 à 29. 31, 38 à 44, M. .'i?, 3. **.,
69, 71, 82 à 84. 98. 112, 124, Wt
128. 201,202.
Luynes (duc de; 92, 109.
Macé, officier municipal» 2M,
Mahiet. chanoine, 29,
Maillet de la Trémoye, 29, «>. r^'
Maladif de la Dauphine, ii. il, :.,'},
MaJlft. chanoine, 29. CZ t'J,
Ma ni eau Rogal, 23, Uf. C2, 217. 2lJl,
220. 221. 23f. a 228.
Harche 0>mt4!-vwe de L»'. û:;. 3§,<3^
Marco-^rj*- Xau-qi-it d^ IM.
JLr=r-.'>7^ /r-yct-x 2. 1»:;
îliri^-Ai.W:î>»^i#' r"es:^ 4»^ lrMM^«
lO JM. 2U; jîJ».
C «.
Xair-» vxnr 'nilirriri.»: :"*'
r7iV»^<^^-|f fit "^ i '^g.
J
— 244
îliroii, im
de Morilmurgt chanoine, 4, 29, 65,
m, GO, m.
Mimmiir (nlij<'ls envoyé» à la) 113,
21Î>. 220.
de Mi>jitnî|;ton. auteur cité, 102.
MoTilnlet ilr Vniebreuil, chauoine,
2D.
Monlf'sijulau (nbbé de), ministre
dc5 1 tnkVik-nr. 154, 157, 170.
Mtinlnioreiii^y (duc de) 109, 110.
Moorc (collecllon), 52.
df MorntiKi'l. inspecteur des bûtl-
Mdrfjui ilf Vormes. 80.
Mode*", cîmnoine. G, 25, 29, 65.
.l/eirf ilfhltatiphine,54, 55.
Mt^N ffii nauphin, 50.
tlv Ia MuUif, Voir : Denoist.
de tn MuUc, évêquc d'Amiens, 40,
Mu loi, L18.
MtutkipttUté de Sên$, ordonne l'en-
lévi'inrnt du mausolée 116 à 122;
cnvc>le une adresse à la Conven-
lion, VMi : fait tronsporter le mo-
nunicnl à la cathédrale, 128 A
131 ; fltVlfle sa restauration. 136 à
13K: riVLime le rétablissement
rir 1 iuvhtvi'ché. 18G A 189.
dr Munit, % iraire^néral,61.
Muy itxtmW du), 66, 109. 124, 127,
2iy à 2tl : son tombeau, 201, 211,
2i:j, 211
Muy tmureclialc du), Voir : Blanc-
knri*
de NnnïouîUct, maître des céré-
nionies, ti.
Ne^k' (marquis de), 03, 66.
Ne ver?» <n JÎKH'uses de), 107, 189.
dcNk'fïliiy, évoque de Verdun, 61,
fa, m,
Noé (vicomte- de), 17,
Nouette-Goudy, 127.
Œuvre (maison de 1'), 128, 129. 131.
Office divin j composé par le Dau-
phin, 40, 41.
Officiante, 176.
Offrande liturgique, 167, 178.
Orlêaks. 142.
Orléans (duc d), 17, 23, 26, 31.
Ornements liturgiques, 106, 222 à
226.
Paris (Notre-Dame de), 42, 227.
Paris (Saint-Sulpice de), 209.
Pascal, 127.
Pauvres conviés aux obsèques, 24,
37, 64, 167.
Pelée de Saint-Maurice, 137, 118.
ICO.
Pelée des Tanneries, chanoine, G8.
le Pellerin, chanoine. 4, 7, 29, 6K.
Perrin, ofllcier municipal, 115.
Perrot, plumassier h Paris, 227.
Person, sculpteur, 115, 117, 118. 128,
130, 131, 135 à 137, 142 à 145, 147,
152. 153, 161 à 163. 177. 220.
Petit (docteur), 56.
Perroux (Sallot du), chanoine. 02.
105.
Pibroc (docteur). 5G.
Picon, ICI, 102.
Pierre, peintre, 95.
Pigalle, sculpteur. 56, 76, 95.
Poêle, 23.
Pollet (M-). 177.
Pons (comtesse de), 17.
Pons (marquise de), C3.
PoNT-sun-YoNNB, 142, 176.
Portai (docteur), 56.
Porte-Dauphine, 133, 231 à 239.
Portraits du Dauphin et de la Dau-
phlne, 1 (grav.), 36. 53 (grav). 107
Portraits du comte et de la comtesse
de Provence, 93.
de Potrincourt, 127.
- 245
Provence (comte de), 91 à 93.
Proyart. auteur clic. 40.
Recoir.g, ingénieur, 132.
RfcEXNEs (château de), 91.
Bègiments : Reine- Dragons, 89, 91,
98, 109, 110.
~ Mestre de camp Royal-
Dragons, 110.
— Monsieur- Dragons, 1(30,
170.
- Lanciers de Berry, 176.
Rpgnaull (R. P.), auteur cité, 37. 39,
40, 41.
Reims (nrchevéque de). 16, 26, 31.
Beîiefs (bas), destinés à la porte
Dauphine, 60 (grav.\ 133.
Renou, peintre, 95.
Rrprésenlation sur la sépulture, 30,
33.
Rétif (docteur), 163.
de la Roche-Aymon, archevêque
de Reims, 16, 26, 31.
Rochechouart (marquis de), 109.
lîochefoucauld (vie. de la), 228 à
230.
Boid Armes, 16.
Roure ^coTite du), 109.
Roure (comtesse du), 63.
Rousset, chanoine. 5, 23, 68.
Roy. chanoine. 5, 29, C8.
Rue Couverte, à Sens, 231.
Hue Dauphine, à Sens, 231, 232.
Hue du Saint-Erprit, 174, 182.
Snbran 'comtesse de), €3.
Sarre des rois, 3.
Saint-Bris, 192.
Saijpt-Dexis-les-Sens, 23
Saikt-Dexis, rabbaye de) 123.
Sainl-Florenlin, (Comte de) 19, 65"
Saint Ijiuis, portant Ut sainte cou-
ronne, tableau, 230.
Saint-Loup (Châsse de) 118.
Saint-Maime (baron de), Voir : de
Félix.
Saint-Maximin-de-Sens (prieur de)
24.
Saint-Pierre-le-Vif, abbaye, à Sens,
21. 113.
Saint-Romain de Sens, église, 117.
de Saint-Sauveur, Chef de brigade,
26.
Saintb-Colombe-les-Sens. (abbaye
de) 23, 117.
Samosate (évéque de), voir : Du-
pont.
Sauvalle, secrétaire général de la
préfecture, 147, 156. 172.
Saxe (Christine de), 11, 35.
Saxe (Xavier de). 36. 109.
de Sébeville. 140.
Sénac (docteur), 14, 56.
Senlis (évéque de), 16.
Sens (cathédrale de Sens)
Autels des jubés, 144, 152.
Bourdons, 117.
Caveau du Dauphin, 6, 7, 21,
77 à 79, 88. 98, 124, 1C8.
Chapelle de N.-D. de Lorette,
112.
Chapelle de Saint-Jean, 131.
Chapelle de Saint-Louis, 4, 30, 33
Chapelle de Sainte-Colombe, 7.
58, 88. 92, 100, 117, 132. 133,
144. 1%, 198.
Chapelle de la Sainte -Vierge,
58.
Dallage, 100.
Décoration funèbre, 21.
Maître-autel, 42. 144, 152.
Parc d'artillerie, 132.
Plan, 37. 38, 42.
Salle capitulaire, 128.
Sépulture (motifs du choix du
Dauphin), 5, 8 à 11.
Visite en 1797, 132.
Ser>'andoni, architecte, 42.
Sèze (comte de), 229,
— iîiS —
mm
De Sina^ê»!. vlcnlrr grn«^l. 23, M,
^iroaetlr, imtM^ri^ur de* Menus-
Slodx. tculptcur» 70.
Srinilni ^ahWi 3^. 38, 41. 12 44, 35,
SorcT, pàfol*««, arrondiM^nient
de %tn*. 19.
SottirinC rrrrnijttfi, architecte, 77,
B, g», îi».
Sotil^m* iâactenr ICI,
Sftmeripthm pour la rrttattration
a» MauMtl^^. ir« a 13», 145.
Slr*ieni»îii, atilrtir cité, 36, 'A.
Siïlly itluclif^wfr df^>, r3.
TanÎJiy i Marr|Mt* de 170. 1K3.
Talwiirr^ui, m' cliarpenficr, K2,
Taliifïm. («Il lie d^ » 2R.
Tabni, tV'tïir : r.hnlmazel;.
Tïilnry. tAffinjui^f' de* f>3.
Talkjmndp rOiirile de» 100, 110,
lit
Tftphtfrif* ife In Calhrtralr, 132,
133.
1 îîrlw^. aiiîi-ur ^^ilt-, ÎJ5, 1)7, 137, 148,
Tiivai>nr% i4L(Mnl«' de IfO.
T*''***' fr^Kritt-vw «le» ij^.
TeAtamrtti tftt Ihiuphin. .'». 10 à 12.
Thoma-*, orfrvrf, l'd, 102, 210,
Ti»!^l. clixinmne, 4 2.), Cl, 67.
Ttjmbt prttuiÈidrf. 72, 74.
Tonnellier htnk^nt) 140.
TOîntEBRE, IfG.
Totilotrv iCjomt*^%f de» V).
TfMr fia qru'xef "ESI.
To'.r «abbé de LS'. ticairc f«rn rn
de Trore*, irj â l'»l. ICi. If^ IC
175.
de Treignac, 177.
Trcumeik <ï>uc de» 17. 2B.
Tmnchin docteur .^2, .V».
Turreao, Oinventionnel. 113.
de Vaadricoart. chanoine, 1KM>.
14«. IfiO, 174, W9.
VAiLiisAvr. abbaye. 117.
Vauxcelleii. (Voir : Eourl^-ti
VEfl5fF-3n05J. 192.
Vérol. 161.
VEit»AiLi.Es, «N. D. de r,».>
\VA\SK\\A,WJ>>, <palai'^ de; '.il. Sô, <i?>
VtfzELAT, 114.
Villefranche (Marquis de> g< n. rjl
MO.
VlLLEJVIF, 161
VlLLE.>F.l VF.-iJi-rftTAR ', 142, ITT..
ViLl.EXF.vvE-LE-Roi <ou sur-Yonji'
1K3.
Villeroy, chanoine. Oi.
Villeroy, entreprcnenr, K2.
VinUition drr. .'rimJturer, 123, 127.
Volland M'"> 4'..%.
Yamille tM- «1*, 173, 174, 170. 177.
Woustourn, vtuve Hureau, Itîl
Chapitre
CHAprrnB
Chapitre
II...
ni..
Chapitre rv.
V....
ClLVPITRE
VI...
Chapitre
VII..
Chapitre
VIU.
Chapitre
IX...
Chapitre
X....
Chai*itre
XI...
Chapitre
XII..
TABLE DES MATIÈRES
Comment Sens fut choisi pour la sépulture du Dauphin 1
La mort du Dauphin et les obsèques à Fontainebleau VA
La pompe Tunèbre à Sens 19
Les services funèbres 3Ù
Jugement sur le Dauphin 33
Le Veuvage de Marie- Josèphe 3j
Lepitaphe du Dauphin ^12
Projets de monument funèbre 46
Mort et funérailles de la Dauphine 53
Le Mausolée : le modèle 72
Reconstruction du caveau et exhumation. ... 77
Érection du monument et mort de Coustou . . . ÎIB
Les anniversaires 14>I
Les jours mauvais : leVandalisme révolutionnaire. . l i:î
Violation des sépultures 123
1814. Restauration du Mausolée 134
Retour des Cendres U&
Anniversaires et visites des princes 170
Dernier transfert du Mausolée t£6
. La sépulture du maréchal du Muy 200
APPENDICES
I L'appartement du Dauphin à Fontainebleau . . . . 213
Il Les insignes royaux conservés au trésor de Sens . .317
III La porte Dauphine 2.')0
Table alphabétique générale » 24Û
TABLE DES GRAVURES
Pa^rt
Frontispice. — Portrait dc Dauphin, peinture par Frédou. Don du
roi Louis XV au cliypilrc de Sens, en 1773
TonTHArr oe Lqi^is he Frakce, Dauphin* graAoïre de Ijempereur,
en léle- du ■ Fortran de fta Monseigneur le Dauphin, d Paris 1766 9,
3S p. in-S*, Paris, chez Lottln l'ainé
i
V
-. 248 —
Crl^ryr'fafJrJJf^ ; ARMOIRIES db la ville de Sens. Bols appartenant à
M. Puul Duchemin, imprimeur à Sens Il
t^ MotiT i}v n.iUPiiiN, Allégorie. Dessin de Chnrles-Nicolas Cochin.
gravure tli- C Bnquoy. 17G6, pour le frontispice de l'Oraison funèbre
prfïiioiicri'' iians l'église de Paris, le 1*'mars 17G6, par messire Charles
clr Lonii' ni u de Brlenne, archevêque de Toulouse ... . U
ÏM ï>AVPEi)x i.T KEs ciNg FiLs, médaillou du (labinet des Médailles. . 11^
Vifjttfiîcs 1*1 t'itls-de-tampendu XVIIt* tiède.— Roisappartcuontà M. Paul
Duchi min, imprimeur A Sens ... 18, 19, 52. 71, 103, 134, 171
I^ MoriT iii' Dauphin. Dessin de Schenou et gravure de Littret. 24
PoMi'ii Fi ^tiiiin de Morie-Thérèse d'Espagne, Dauphlne de France, en
l'éf^ilKe f1f^ Notre-Dame de Paris, le 24 novembre 1746. Composition
de SlotU/, dessin et gravure de Ch. N. Cochin le flls ... 33
G£ni£s t'LKi iui4T ET GLORIFIANT LA Dauphinb, dessin de C. N. Cochin,
gnivuri' 11, L. Prévost pour la Dexcription du Mausolée de Marie-
ifûsï'phr th' Saxe, fait A Paris dans l'église de Notre-Dame, le 3
sepli^inhiT 1767 2j
PoiiTitJViT UE LA Dauphins, pastel de 1^ Tour, au Musée du I»uvre . 40
Le MAtîsnii k^ ensemble 4*
PoEiTiiAiT tiK LA Dauphine, pcinturc par Fredou, reproduisant le por-
tniil CfuiMTvé A la préfecture d'Agcn attribué h Nottier. Don du
roi Louis XV au Chopitre de Sens, en 1773 .'J
|j^ Motn iiE LA Daupiiink. Allégorie. Dessin de C. N. Cochin, gravure
(ie IÎh L, Prévost, pour la Description du Mausolée. La Dauphine
éploréir^ iiKilgré les appels de ses enfants, se Jette sur le lit funèbre
au iiifd lUtquel est assise la France et où reposent le Dauphin et
]e tint.- tU* lïourgogne 53
1^ MoitT m ]>AUPHiN KT DE LA Dauphine, modèlcs par Dupaquet. de
deux lU's niédnillons destinés à la porte Dauphine. ... GO
I,A MonT DE LA Dauphine. Allégorie. Dessin et gravure de Littret. . Cô
AKïiiiS pi.ci riËLUS. Dessin de C. N. Cochin gravure de B. L, Prévost,
pour rOrnlson funèbre du Dauphin, par Loménie de Brienne . 72
Inin^ortiiîitét la Hcligion, le Génie des Arts, détails du Mausolée Hl
|je Tr'iups. I Amour Conjugal, l'Hymen, détails du Mausolée . . ^>
AuMomifcs m Dauphin, grovécs pour l'Oraison funèbre du Dauphin,
pnclifi' (c 22 jonvier 1766, dans l'église des Capucines de Paris, par
U* H. P. Tidèle, de Pau, A Paris, chez Vente, libraire. Montagne
Sairtti'-ru-neviève, 1766
Le lÎAt iMiis ET LA Dauphine, camée par Jacques Guay. au Cabinet des
Méildiïic* 113
Le CTiŒtni nv. i.a Catuédrale i>k Srns, ovcc le Mausolée, dessin d'uprès
nature ol iïthogniphic par Ikiclielicr 144
La Poiiis Dai PHLNE, en 1880 231
LE DOCTEUR GASTELLIER
PLUSIEURS DE SES MÉMOIRES
ÉCRITS DANS LA PRISON DE SENS EN l'aN II
(1793-1794)
AVANT-PROPOS
Comme Sénonais et comme médecin, je désire
donner à mes compatriotes et à mes confrères, les
moyens de faire connaissance avec le doctenr
René-Georges Gastellier, dont on trouve plusieurs
ouvrages aux bibliothèques de Sens, d'Auxerre et
de Montargis, et dont je possède trois intéressantes
brochures.
Je n'ai ni l'intention ni les moyens décrire la
biographie complète de Gastellier, qui avait près
de cinquante-deux ans lorsqu'il quitta Montargis,
et qui n'est resté que quelques années à Sens ; cette
élude sera particulièrement consacrée à son séjour
dans notre ville; il m'a paru toutefois nécessaire
d'indiquer sommairement, ce qu'il fit avant son
arrivée, et je n*ai pas voulu le perdre complètement
de vue après son départ.
10>
I
gastelijhh a montargis
GaHttlIier René-Georges, fils de Georges Gastd*
lier vi de Mmguerile Gîislellier, «ion épouse, csl né
à FcrricrcsHn4tàlinaîs* le l**"^ octobre 174L
De bïïiiiie Iiuiiie, il iiionlra mu- vive in tel licence
et un ardent amour du travaiL Ayant étudié le
droit, il fut reçu avocat au Parlement de Vnm\
sVMiuit tait, en nulre/înscrire, le 23 novembre 1762,
sur les registres de la Faculté de médecine de
Paris, il obtint au houL de quelques années le titre
de docteur, II s*altacha surtout à Fart de guérir et
s installa eomuie médecin a Montargis.
Les occupations de la clieidéle ne suffisaient pas
à son uclivilé; voulant faire proliter de sou expé-
rience ses concitoyens et ses confrères, peut-être
aussi poussé par le besoin d'écrire et par le désir
de se faire cotmaître» il publia, de 1770 à 181î>(c*est
à-dire de Tage de vingt-neuf aus a celui de soixante-
dix-buH), de uondjieitx ouvrages, donl plusieurs
furent couronnés par la Société royale de méde-
cine. Ses écrits, dont on trouvera une longue liste à
la suite de celle étude, se rapportent les uns à h
pnliti(jue et les autres, en plus grand nombre, à la
médecine et aux sciences et plus parlîcnliéremenl
aux maladies épîdémitiucs, ù la Oévre miliaîre et
aux afîecliuns des femmes en coucbes*
Nous nous nrrèterons seulenieul quelques instunU
sur son curieux Traité des Hprd/ifjnes en mé(^ecin€^
1783, dédié a Franklin, alors ministre pléuipoten
— 251 —
tiaire des Etats-Unis à la cour de France. Cet ou-
vrage (1), auquel TAcadémie de Dijon refusa de
décerner un prix, parce qu'il émettait des îdt^es
contraires à celles généralement admises^ fut ac-
cueilli avec empressement par la Société royale de
médecine, qui, sur le rapport présenté le 9 aoiïE
1782, le reconnut digne de son approbation et d'être
imprimé sous son privilège (2). Gastellier, s ap-
puyant sur les observations et les réflexions qu'a vn il
pu lui fournir son expérience, concluait que pai*
suite de a la diversité des constitutions individuel-
« les, ï « il n'y a point en médecine de vrais spé-
« cifiques, » car «: la vraie méthode de guérir, di-
«t sait-il, est de n'en avoir aucune, tout l'art con-
I siste dans la vraie application des moyens cura-
d tifs, dans la manière de les appliquer aux circon-
i stances. ^ Ce n'est pas sans une certaine surprise
que Ion voit comment il énonçait, près d'un siècle
avant le docteur Gavarret, la théorie de la chaleur
et du mouvement : a Le feu élémentaire, écrivall-il,
€ semble être dans la nature le principe de Tactivi te ;
0 il est pour ainsi dire un levain fécond qui met en
i fermentation la masse et lui donne la vie. ï»
iTraité des spécifiques, page 33.)
Nous ne voulons pas nous attarder davantage
if^-i
(1 1 Se trouve aux bU)Uothèques de Sons et de Montnrgis.
(2) Le docteur FrankUn, ayant entendu ce rapport, Thonora de son suf-
frage el de la manière la plus flatteuse; peu de jours après, il adrcssii à
lautcur (le ce traité un diplôme d'associé étranger de la Société pliilnsii-
phique de Philadelphie et une lettre de félicitations, aussi (îastcllit^r lui
dédia-t-il son ouvrage pnr reconnaissance. (Voir Sotice chronique tir mes
otwrage», Î8i6.j
I
— 252 —
sur les œuvres de Gastellier, dont la lecture fait
reconnaître des idées larges et un esprit judicieux.
Nous jellernns un coup d*œil rapide sur son séjour
à Mf)nlnr|Tis, où il se créa une importante situation,
lanl [Kir sou l;ilent et son activité, que par sa bonté
et 8011 dévouement au bien public, et nous dirons
quelques mots liu médecin, du savant et de
riioiiunu pi)Iilîcjiic.
(iaskllitr, qui fut depuis 1770 employé pour les
tnahidies épidémiques et épîzootiques et qui était
médecin du duc d'Orléans, fut nommé, en 1775, à
riiôlel-Dieu el a lliospice général pour les orphe-
lines, et, malgré ses occupations comme maire, à
parlii- de 1782, il donna ses soins aux malades de
ces établissenienls et à ceux des prisons jusqu'à sa
nominal ion coin me député du Loiret à TAsseîTiblée
législalivu, vu se|>lembre 1791; médecin du bureau
de eharilé depuis le 7 mai 1776, il soigna également
les pauvi es avec la j)lus grande assiduité, et lors de
la disette de l'hiver de 1781-1785, il parvint, avec
le secours de ses enllégues et celui des âmes chari-
tables, a iinurrii' el à chauffer pendant six semaines
plus de douze cents personnes.
(le travail leur infatigable trouvait encore le
temps de s'occuper des diverses questions scientifi-
ques cjui îiitéressaîenl son pays, il fut associé regni-
cole, puis munilire de la Société royale de médecine
de Paris, ass<Kié non résident, puis membre de la
Société royale d'agriculture d'Orléans et associé
corresi>uiuiaul de F Académie des sciences, arts et
belles-lelties de Dijon; il avait été, en 1776, chargé
Société Archéologique de Sens. T. xxii.
PI.
Le Docteur REnÉ-QEOROES Gf^STELLIER
Mûïfe de Montariîis
Députa à t'n^ïcmbiét" léfllslutivc
M^d^dn àci Hoïpirc» de 5cîi!i
174]'lS2l
_ 253 —
par Turgot de faire un rapport sur Tétat agricole
et commercial du Gâtinais, rapport qui lui valut
une lettre de félicitatîon du ministre.
Maire de Montargis, du 29 mars 1782 au 20 sep-
tembre 1791, il s'opposa, peu de temps après son
entrée en fonctions, à ce qu'un nouveau rôle des
vingtièmes, fait sur l'ordre de Tintendant sous le
prétexte spécieux de mutations, fût rendu exécu-
loire, et évita à la commune de Montargis la charge
de cet impôt arbitraire; plus tard, en 1785, il alla
à Paris pour se plaindre des rigueurs du receveur
des tailles et obtint un ordre qui y mit fin, et en 1787,
nommé, malgré l'intendant, membre de l'Assemblée
provinciale d'Orléans, il défendit les intérêts du
peuple et combattit encore les abus des impôts et
particulièrement ceux des vingtièmes (1). En 1788,
il organisa une maison philanthropique, grâce à
laquelle il parvint à éteindre la mendicité. En 1789,
il s'occupa activement d'approvisionner Montargis
et les communes voisines menacées de disette; il
rédigea alors un projet de police générale sur les
grains, projet qui fut adressé à l'Assemblée consti-
tuante, et qui fut plus tard adopté parla Convention
presque sans modifications. En outre, malgré ses
nombreuses et diverses occupations, il présida
pendant deux ans (1769 à 1791) le bureau de con-
ciliation, où il put prévenir de nombreux procès.
Les services qu'il rendit ainsi le firent nommer
i
(It Ces diflerents renseignements sonl exlraits de la lettre de Gastellier
nui fiioycns composnn!^ là Sciciêté révolutionnaire de la commune de
L
À
— 254 —
électeur à trois reprises difTérentes, président des
AssembliTS générales de la municipalité, du canton
et du dîsUict, et enfin député du département du
Loiret à TAssemblée législative, le premier sur
neuf membres composant la députation.
Dans cette Assemblée, où il trouva vingt-six
confrères, Gastellier siégea à droite et se fit remar-
quer par sa loyauté; il fit partie, ainsi que son
compatriote Tenon (1), du Comité de secours pu-
blics qui comprenait dix médecins sur vingt-quatre
membres.
Dans la séance du 20 avril 1792, Louis XVI étant
venu proposer à l'Assemblée nationale la guerre
contre le roi de Hongrie et de Bohême, Gastellier
donne j)nur les frais de cette guerre cinq médailles
d'or (ju il avait reçues en récompense de ses tra-
vaux et quatre-vingts jetons d'argent (Moniteur 1792,
page il IV 11 proteste le 11 juillet contre les pétition-
naires piuisiens proposant de mettre Lafayette en
accusation, et de réintégrer Pétion et Manuel dans
leurs fonctions municipales : a Quatre -vingt deux
départements, dit-il, ne nous ont pas envoyés pour
que le quatre-vingt-troisième usurpe tout notre
temps, r> (Chronique médicale du 30 mars 1902.) 11
est enfin un des premiers à prêter, dès le matin, le
serment prescrit par le décret du 10 août et conçu
n ï TiMum riicqucs-Honé, nt^ n Sépeaux, près Joigny, le 21 février 1724.
*ii?fi'fli' Il l'sii ih^ rue (lu Jardinet, n* 3, le 13 jiinvier 181G, fui chinirgicn ii In
Ssil|ïiHrîrre% professeur nu Collège de Frnnce et membre de rinstitut; il
iiidiqtm, **%i ITîtB. l'emplacement de riiApllal qui porte aujourd'hui Mtn
nfîUi, iiprès s élre appelé Ménilmontant.
— 255 —
en ces ternies : « Au nom de la Nation, je jure de
« maintenir de tout mon pouvoir la liberté et
<i Tégalité, ou de mourir à mon poste. i>
Cependant, Gastellier avait des ennemis; le plus
acharné était Manuel (1), qui, dès 1791, à la veille
de Touverture de l'assemblée électorale, lisait, au
club des jacobins d'Orléans, un libellé diiTamatoire
contre Gastellier, ce qui n'empêcha pas ce dernier
(i'élre nommé président de l'assemblée électorale,
el le premier de la députation du Loiret. A la fin de
la législature, Manuel poursuivant de plus en plus
Gastellier de sa haine, l'accusa d'être un représen-
tant infidèle, d'avoir signé des protestations contre
les décrets de l'Assemblée législative, d'avoir écrit
une lettre au roi et à la reine, et enfin d'être sur la
liste civile ; il fit imprimer une fausse liste civile où
le nom du député était inscrit en toutes lettres, et
la répandit dans tous les départements et tout
spécialement à Montargis. Aussi Gastellier, informé
de ces manœuvres et de l'irritation de ses conci-
toyens (2), crut-il qu'il était plus sage de s'éloigner
d'une ville où il serait devenu un sujet de discorde,
et se délermina-1-il a fixer son domicile à Sens où
il était connu, et où déjà il avait été appelé à voir
des malades.
'1) Manuel, né à Montargis, en 1751, Ht ses études nu grand séminaire de
Sens, sous la direction du pèreMontault; vers la fin de Tannée scolaire de
1779 ou de 1780, étant régent du collège de Noyers, il alla voir Buflbn n
Monlbard, mais ayant crevé son cheval de louage, dans son embarras pour
le payer, il disparut subitement de Noyers, il revint ensuite à Montargis.
{2, 4 Ma tête, écrivait Gastellier, a été mise à prix dans un libellé im-
t primé et répandu à profusion à l'Assemblée législative et dans mon dé-
t paKemciit- mon iioiii i» élv affiché avec l'épithète de Traître à la Patrie,
— 25(i —
Il veut toutefois répondre aux accusations diri-
gées contre lui, et, le 3 octobre 1792, il écrit sa
Troisième et dernière Adresse à mes concitoyens,
dont voici le résumé :
(liislellier vient d'apprendre que le 30 septembre,
lors de lîi prestation solennelle du serment, un
citoyen IMvait déclaré traître à la patrie et que ses
concitoyens ont gardé le silence, sans songer que
le nieiiu^ sort les attendait peut-être. En présence
d'une telle accusation, il réclame d'être jugé avec la
pins {grande sévérité si Ton peut découvrir dans sa
conduite comme homme public ou comme homme
prive, le moindre indice de trahison, ou même
dlncivisnie. Il se demande à lui-même s'il est sur la
liste civile, s'il a eu quelques correspondances
secrètes avec le roi, la reine, les- ministres, ou avec
les puissances étrangères, les émigrés ou quelques
aiisloemles, sMl a voté contre les intérêts de la
eliuse publique, contre le salut public ou la souve-
ainelè du peuple, s'il a promulgué des opinions
eontriiires aux décrets de rAssemblée, s'il a cherché
a soulever les esprits contre la révolution, enfin s'il
a trahi la confiance de ses commettants : à toutes
ces questions, il répond non.
• au piliïH tir la place de Montorgis dont j'nvnis été pendant onze ans
m Cinq cm si\ mauvais sujets que ron enivroit visitaient toutes les voilu-
• rcs publiqui*?; pour m'y prendre et me couper la tête, ce qui me seniil
f Jnriiill!hh''ini'iiL arrivé, sans le tendre intérêt d*un généreux ciloyon
t (M* iVlît, ;uiqitel je voue une éternelle reconnaissance), qui vint ou-
ïe ilc!v;ii)l dr Tiiri} sur la route pour m'avertir du sort qui m'attendait. •
fErposi^ tii tjia conduite active comme homme public, 1816, Bibliothèque de
MnnUirgts.)
— 257 —
On a fait courir le bruit qu'il était débiteur envers
la ville de plus de 30000 livres, comme si un maire
maniait les deniers de la ville et quoiqu'il ait
rendu ses comptes et que ceux-ci aient été impri-
més et examinés par les directoires du département
et du district, et par le conseil général de la com-
mune.
On avait aussi prétendu qu'il était émigré, qu'il
avait emporté à l'étranger pour des millions d'assi-
gnats et qu'il avait été pris et conduit dans les pri-
sons d'Orléans, mais sa présence à Montargis à
cette époque (mai 1792), montra la fausseté de
tous ces bruits mis en circulation par la perfidie des
méchants. Du reste, le ministre Servan, qui avait
dû prendre des informations, lui donna un brevet
de médecin militaire à l'armée du Rhin ; s'il était
coupable, il n'aurait pas refusé cette nomination
qui lui eût permis d'émigrer facilement, il n'aurait
pas préféré revenir dans ses foyers, il n'insisterait
pas enfin pour rentrer au milieu de ses concitoyens,
où il est sûr de reconquérir l'estime et la confiance
qu'il n'a jamais déméritées.
Malgré l'envoi de cette adresse Gastellier ne crut
pas devoir, pour le moment du moins, retourner à
Montargis.
GASTELLIER A SENS
PREMIÈRE ANNÉE DE SON SÉJOUR A SENS
Gastellier ne vint pas se fixer à Sens aussitôt après
la bnisque séparation de l'Assemblée législative
(21 septembre 1792); c'est de Sens, il est vrai, et
17
I
M
à la dale du 3 octobre 1792, que, pour proltsti
coulre les nccUHJilions de seii ennemis, i] écTÎvtl 1.,
Troisième et demirrr mhesne à mes eomiUtfiens,
niîiiïi c'est île Xeniourn qui! envuie, le 11 octobr!
à MM. les convinksajrcs de la Coiivention mitiomil
dans le département de l'Yonne, sêans à Sens, un
lettre, dont on lira avec intérêt les pasïtage^ mi-
vauts (I) :
€ (jtovens.
< Quoitpie souvent partagé d'opinion avec vous
je m'adresse avec confiance aux représentante de la
nation, pour les prier d'éclairer quelque^uns de
mes compatriotes égarés «iur mon compte ; j'ai
ihonneur, en consécjuence, de vous envoyer ci-
inclus, une tioUiérne et derruére adresse que jeteur
ai faite et d'après la lecture de laquelle, je vom
prie de me faire une répouî^e cathé^tnicpie à toutes
les questions que je me suis faites à moi-même..,
€ Je me dispenserai de toute espèce de réflexions.
De nouveaux détails deviendraient des ix*dites
inutiles; ils send)leraieiit faits pour toucher votre
sen&iliilité en faveur d'un père de famille, dont ou
veut à la fois attaquer F honneur, la vie et les pro-
priétés; de tels moyens ne doivent être mis i
usaye que par ceux ([ui sollicitent leur grâce el Hl ..
par celui qui ne demande que justice.
<c Recevez, citcïyens....* B
Lesconiniîssaires de la Convention s'empresscnl
de répondre par la lettre suivante, qui renseigna
— 259 —
sur la conduite et les opinions de Tancien député (1).
« A Sens, le 14 octobre Tan le
de la République.
d Citoyen et ancien collègue, la diversité d'opi-
nions n'a jamais pu altérer les sentiments d'estime
que nous ont inspiré la pureté de vos intentions et
la sincérité de votre civisme. Comme collègues,
nous pouvons dire avec toute vérité que vous avez
été exact à votre poste, et nous ne doutons pas que
vos opinions n'ayent été le résultat de votre con-
science, et non celui d'une influence étrangère.
Comme membres du comité fait pour veiller à la
sùrelé générale de la République, nous assurons que
dans toutes les recherches et les découvertes faites,
que dans tous les faits ou renseignements qui sont
parvenus à notre connaissance, nous n'avons point
trouvé la trace, le moindre indice du plus léger
soupçon contre vous, en conséquence, nous répon-
dons à toutes vos questions affirmativement, comme
vous-même.
« Ne perdez point courage, cher collègue, la vé-
rité percera les nuages épais que vos ennemis parti-
culiers, ou de trop ardents zélateurs, s'efforcent
de grossir tous les jours. Vos concitoyens seront
forcés de rendre justice à vos talents et à votre
patriotisme. Venez voir, si le temps vous le per-
met, d'anciens collègues qui vous estiment et vous
chérissent.
(1) Affiches de Sens, n* du 23 octobre 1792.
— 260 —
fL Les ctnnniissaircs de la Convention nationale
dans le département de l'Yonne,
« J„-S. RovÈRE. CL Claude Fauchet. 0
On ne soupçonnerait guère à la lecture ce celle
lettre, que l'homme à qui elle était adressée devait,
un an après, être arrêté comme suspect et maintenu
plus de huit mois en prison. Toutefois, Gastellicr,
rassuré par un certificat de civisme aussi positif, se
décida it s intaller à Sens, où l'appelait du reste la
note suivante du rédacteur des Affiches du 2") oc-
tobre : <i Le citoyen Gastellier, docteur en médecine
et membre de plusieurs académies et sociétés hllé-
raircs, de présent à Sens, est, dit-on, encore dans
rincerlitude d'y fixer son séjour. Un grand nombre
de citoyens à qui ses talents sont précieux, ont fait
auprès de lui plusieurs démarches, pour l'engager à
s'y étal)lir. Nous espérons qu'elles ne seront pas
vaines, et si le dessein de ce citoyen estimable n'est
pas de rolourner à Montargis, nous avons lieu de
croire que notre ville aura la préférence. »
Dès lors (iastellier n'hésite plus, et quelques jours
après, il répond par cette lettre qui montre com-
bien il est toujours préoccupé des attaques de
Maimel, et combien il tient à se justifier des accu-
sations portées contre lui (1).
a: Le 9 novembre, l'an I^r de la
République française.
• Citoven,
a Sensible aux choses infiniment honnêtes que
vous me dites dans votre feuille du 25 octobre, je ne
{1) Affiche', tfrSens, 10 novembre 1792.
— 261 —
crois mieux pouvoir y répondre qu'en vous priant
d'annoncer, dans celle de demain, la location de
ma maison à Montargis, ce qui sera annoncer en
même temps à vos concitoyens, que je m'empresse
de répondre à leur aimable invitation et à la vôtre.
Je m'empresserai aussi de leur témoigner toute ma
gratitude et mon dévouement, non par de vains
discours, mais par des actions; et c'est également
par mes actions que je viendrai à bout d'effacer;
avec le temps, jusqu'aux cicatrices de la calom-
nie que l'on s'efforce de répandre dans toutes les
parties de la République contre la pureté de mon
civisme, qui n'a jamais été équivoque. Pas un seul
mot de vrai, dans toutes les inculpations dirigées
contre moi aux jacobins, aussi, a-t-on passé à Tordre
du jour. Au surplus, je ne cherche pas à me dé-
fendre contre ces traits empoisonnés qui ne m'at-
teindront jamais ; la calomnie est un titre de plus à
l'estime des homme de bien. La seule réponse, et
la dernière que je veuille faire à mes détracteurs,
est une longue lettre que je viens de recevoir d'un
membre de la Convention qui a été à portée, à
l'Assemblée nationale législative, de me connaître
et de méjuger.
« Paris, le 4 novembre, l'an 1er
de la République.
e Mon cher confrère et ancien collègue, j'avais
reçu hier la lettre par laquelle vous m'informiez
des nouvelles persécutions dont vous êtes l'objet,
avant de recevoir celle par laquelle vous m'annon-
ciez l'heureux effet de votre troisième adresse à
— 262 —
vos concitovcns, et de la lettre de Rovère et de
Faiiclicl. Je m'empressai de chercher ces deux
ciloyens cl ilc les engager à vous rendre à nouveau
Va justice ((lie vous méritez, en vous procurant de
la part du ( limité de sûreté générale un certificat
qui atteste la fausseté de la liste que vos ennemis
ont eu la perfidie de taire réimprimer pour y ajou-
ter votre nom, qui ne devait s*y trouver sous aucun
rapport. F:iuchet a mis le plus grand zèle à vous
fournir le moyen de répondre à cette nouvelle
calomnie, il a obtenu du Comité de sûreté générale
le certificat que vous êtes en droit de réclamer et
il Ta adressé aujourd'hui au Directoire du déparle-
ment du Loiret, conformément à la demande que
vous hii en avez faite (1). Je pense que vos conci-
toyens, convaincus par le certificat irrécusable de
votre inncîeence et de l'acharnement de vos enne-
mis à vous persécuter, sauront désormais les appré-
cier e! (|ue la calomnie, contre vous, ne fera plus
d'impression sur leur esprit. La vertu triomphe tôt
ou lard de la perversité ; ce moment est arrivé pour
vous, il n'est pas possible que les citoyens de Mon-
targis, reconnaissant la fausseté et la perfidie de la
dernière inculpation que vous a faite, n'en concluent
(1) Ckiitifktat du Comité de sûreté générale :
1^1- r,fïmiU' ïif srtrclé gi^nérnle nUesle que clans lous les papiers de la lislp
eivile c|Ul nnl iHi- aoumis à son examen, le citoyen Oastellier, ancien mcm-
bff Uc rAsseiiil>lée législative, n*es! nullement compromis.
Au rouillé di- si'ireté génénile «le la Convention nationale, le A novrni-
bn* 17192, l'nn 1^ de la Hriiubllqiie Trançaise.
Signe : IIÉnAi Lt, préaident: Claude Kaichet, Kngrand, J.-M. Missft.
Ltcoi^TitE, PïiVRAVAi'x, RovÉRK, RiAMP, DupRAT, Daurére, vicc préit-
dfnt; Jarcosï, setrétaire.
— 263 — •
avec raison, que toutes les autres avaient été dictées
par le même esprit de méchanceté la plus noire?
Cet espoir me flatte et répond aux vœux sincères
que je fais pour votre bonheur.
a Jard Panvuxer (1). »
En quittant Montargis, Gastellier abandonnait
une vaste maison, située rue du Bon-Guillaume, et
consistant en vestibule, salon, salle à manger, cui-
sine, quatre chambres à feu, trois chambres sans
cheminée, écurie, remise, etc., et près de la maison»
superbe jardin de trois quartiers, entouré de murs.
Il ne fut certainement pas aussi grandement logé à
Sens; en tous cas, il habita d'abord rue des Trois-
Croissants, puis rue des Ïrois-Rois (rue qui, avec
la rue du Cerf-Couronné, prit, en 1793, le nom de
rue de la Loi, et qui s'appelle maintenant rue Allix),
enfin, en 1796, rue de la Charonnerie (rue de Laii-
rencin), et place Drappès, c'est-à-dire probable-
ment au coin de cette rue et de cette place.
L'ancien maire de Montargis s'était trop occupé
de politique pour se tenir complètement à l'écart;
du reste, il voulait par ses actions effacer les traces
de la calomnie et s'il n'avait pas donné des preuves
de son civisme, il eût offert trop facilement prise
aux calomnies de ses ennemis.
Peu de Jours après son arrivée à Sens, il est invité
(Il I^ docteur Jard-PanvUler Louls-Alcxandre, né à Niort, en H.V.ï, fiJs
d'un chiruiigicn, maire de Niort en 1790, député des Deux-Sévres n lAs-
Minhiée nationale, membre de la Convention, où il a voté contre la ninrl
(IcI^uis XVI, fut plus tard run des présidents de In Cour des conjptrs;
il mourut à Paris, en avril 1822.
_ 264 —
à deux banquets offerts aux deux représentants du
pLii|)le, commissaires du département, Rovère cl
Fauchel, qui avaient été ses collègues à rAssemblée
k'gislativc. Dans une séance publique de la Société
fraternelle, qui suivit un de ces banquets, il est, sur
une liste de seize candidats, admis à Tunaniniité
membre de cette Société (1). Il se fit « un devoir
d'assister avec exactitude aux séances (de la So-
ciété), auxquelles un cruel accident le força de
reiioneer pour un temps, une chute de cheval sur
la glace, au mois de janvier, qui lui fractura les
deux os de la jambe droite ; cette fracture le retint
deux mois entiers, et il fut encore plus longtemps
à ne niaichcr qu'en tremblant, à Taide de deux
béquilles, ce qui lui occasionna une absence d en-
viron cinq mois. A celte époque, la Société procéda
a un scinilin épuratoire et il fut du nombre des
rurorjviés, parce que, disail-on, on avait imaginé
qu il y avait eu de sa part indifférence et même
insouciance, tandis que c'était uniquement impos-
sil)itilé physique, et on Tavait jugé ainsi parce qu'on
Tavait aperçu traîner dans les rues; en effet, com-
mandé par le besoin d'être utile à ses concitoyens,
il visitait quelques malades dont le nombre s'ac-
croissait chaque jour, au point que ses forces ne
ptnu aient plus y suffire. En outre, il fut obligé de
donner ses soins à une épidémie affreuse qui déso-
{!) Li?s lïoms iïc Socic>té fralernoUe. Société patriotique. Société popu-
lain-, Socii'U" ivvolutiomiuire, que l'on rencontre successivemenl, doivenl
&*apjj|iqutT II Ui même Société; le musée de Sens possède le scenu de la
&(>citaéptttriiHlqi<e de hi vlUe de Sens.
— 265 —
lait plusieurs communes circonvoisines; telle est
l'unique raison qui Tempêcha, pour Tinstanl, de
faire des démarches pour rentrer dans la Société,
aux séances de laquelle il lui était physiquement
impossible d'assister; il attendait un temps plus
opportun, où, plus libre, il puisse fraterniser avec
autant d'assiduité que de plaisir. » (Extrait de son
adresse aux citoyens composant la Société révolu-
tionnaire de la commune de Sens.)
Si Gastellier exerçait sa profession de médecin
pour être utile aux Sénonais qui avaient sollicité sa
venue dans leur ville, c'était aussi pour subvenir
aux besoins de sa famille; car, outre sa femme et
deux enfants (1), il avait deux sœurs. Tune infirme
demeurant avec lui, qui mourut le 17 décem-
bre 1797, et une autre, restée veuve avec deux
enfants et dans la plus grande indigence, lui-même
ayant, suivant sa propre expression, plus de dettes
que de bien. Il faisait de fréquentes visites à la cam-
pagne, et de plus, il alla plusieurs fois à Mon-
targis et aux environs pour y voir des malades ; les
instances les plus pressantes lui furent même faites
pour y retourner, et il fut accueilli avec la plus
tendre sollicitude par ses anciens concitoyens, tan-
dis que Manuel faillit succomber sous leurs coups.
Il s'intéressait surtout aux cultivateurs. Il publie
dans les Affiches de Sens du 10 juillet 1793, une
note sur la santé, pour prémunir ses concitoyens
il) Il avait épousé Mnrie-Annc Gasant de la Bénardière; Tune de leurs
enfants. Félicité-Antoinette-Louise, fut baptisée, à Montargis, le 5 avril 1779.
#^
îëïïx banquets offerb aux deuK !
peuple, commissnircs du depar
Fimchet ijui av;iienl eleHevcullèfl
le«islaUve. Dans une séanee pablj
rnUemellc, qui suivil un de ces hn
une lÎHte de seize caiididab, adm^
nienibre de celte Société (Ik II «êJ
d'iissiskT avec exactitude aui sw^ai
ciélë)* auxquelles^ un rruel acn
renoncer pour nii lemp«, une chab
la glace, au nioiv de janvier, qui
lieux os de la jambe droite; celte fi
deux mois en tiens, el il fut encnre
à ne marcher qu en tremblanl, h '
béquilles, ce qui lui oceasifiinia um
viron cinq mois, A celle époque, la S
a un scruiin épura taire et H fui i
réfoniîés, parce que, diMiiKon, 04
qu il y avait vu de m part îfidîl!
insoucîancei tandis que r était un
sibilité jdiVîiique. et i«» ' - *
I avait aperçu Irainci
mandé par te besoîfi
il vissilnil (|(ielqti'
croissait chaifuc *
-il-
r û
^^
— 267 —
débute par une étude de la topographie de Cerisiers,
bourg assez considérable contenant environ 1 600 in-
dividus, dont la moitié dans dix-huit écarts ou
hameaux. Il rappelle Taffreuse inondation du 5 sep-
tembre 1736, où, à la suite d'un orage, les eaux
s'étaient élevées à trente pieds de hauteur, ce qui
causa de terribles désastres racontés dans une rela-
tion, certifiée par le citoyen Lhermitte de Chamber-
Irand, alors lieutenant général à Sens. Puis il
s'occupe de la source apparue le 27 février 1793,
que Ton accusa d'être la cause de Tépidémie surve-
nue peu après, car a on calomnie parfois la bienfai-
sance en tout genre, i^ mais qu'il considère comme
devant être une cause de prospérité pour le pays.
Cette maladie, qu'il attribue aux chaleurs torrides
de l'été de 1793, succédant à une année humide et
pluvieuse, ainsi qu'à la malpropreté, à la mauvaise
manière de vivre et à la position du bourg qui a été
particulièrement atteint, était une fièvre intermit-
tente; cette affection, généralement bénigne par
elle-même, dégénérait en fièvres putrides, en fiè-
vres malignes et en hydropisies lorsqu'elle était
mal soignée, surtout lorsqu'on s'était adressé aux
charlatans, dont le plus célèbre était Brissot, an-
cien berger d'Egriselles. Toutefois elle n'était pas
contagieuse, elle n'atteignit que les habitants du
pays et épargna les étrangers, notamment deux
ministres du culte venus de Sens pour suppléer le
curé, trois médecins habituellement au milieu des
malades, des gardes et des parents qui leur don-
naient des soins nuit et jour.
m
II
— 208 —
Lors de ses premî<!^res visites, avec les ciloyei
Agaust père et fi h, ofllciei-s de santé, Gnstcllicr !
trouva eu présence du spectacle le plus affreux J
plus déchirant, le plus digne de corn pnss ion qu
eût jamais vu depuis plus de trente ans de pnil
que : il trouva jusqu'à neuf malades dans U mên
maison, il yen avait trois cent trente-trois dansi
bourgel soîxïuitt-qtialorzc dans lesluuiieaux, vinp
cinq dijà avaient succombe depuis le U aoùl ;
nonilne des décès, pour celle épidémie, s est cle^
à quatre-vingts pour le hourg de Cerisiers et à viu
pour les hameaux.
A Vaumorl, sur trois cents hahîtanls, le chitli
des nudadcs, qui était de ecul vingt, le 11 seplcii
bre, lors de la première visite générale de Gastellie
est monté à cent quarante-six, c'est-à-dire moitié c
la population, et il y a en douze morts,
I /épidémie fut encore moins viole ji te à Theîl c
il n*y eut qu*un tiers des habitants atteints : cei
oiixe sur trois cent trente et cinq décès; du rest
grâce H ta terreur que la municipalité et le cui
avaient drt inspirer aux charlatans, ceux-ci n*:
valent guère pu exercer leur intluence dans i
village.
Gastellîer, qui dénonça le mal causé par ces fei
esc u lapes, se loue au contraire de Taide que lui o
donnée les eu les des trois paroisses; ceux-cî o
fait preuve du plus grand zèle et du plus grai
dévouement ; avant même que 1 administrnlic
départemenkile cul envoyé des secours, ils avuie
fourni du vin et du bouillon aux malades, et *
— 269 —
comme les deux autres, le curé de Cerisiers n'ac-
compagnait pas le médecin dans ses visites, c'est
qu'il a été lui-même gravement atteint et qu'il a
failli succomber à plusieurs rechutes; et au moment
où Gastellier terminait son mémoire, il était encore
appelé auprès du curé de Cerisiers, pour lui donner
des secours, qu'il eut le regret de ne pouvoir lui
porter par suite de sa réclusion.
C'est, en effet, dans la maison de détention que
le médecin, à la longue expérience et au dévoue-
ment éprouvés de qui l'administration départemen-
tale avait fait appel, écrivit cette histoire d'une épi-
démie contre laquelle il avait lutté pendant plus de
deux mois et qu'il avait eu la joie de voir cesser.
Les premières lignes de son rapport contiennent
une allusion aussi certaine que discrète à cette
situation ; elles méritent d'être reproduites, d'au-
tant plus qu'elles montrent l'élévation et la fermeté
des sentiments de leur auteur :
« Servir la Patrie quand elle nous honore de sa
confiance, immoler son repos à ses concitoyens
quand ils rendent justice à votre zèle n'est pas d'une
vertu bien difficile. L'honnête homme, le bon
citoyen doit faire plus encore : il doit vouloir être
utile, lors même que les agents subalternes du gou-
vernement, soit par erreur soit par méchanceté, le
privent du plus sacré de ses droits : de sa liberté. >
Comme pour accentuer encore le contraste, le
président de l'administration départementale, le
citoyen Housset, adressait au prisonnier une lettre
de félicitations, et, rendant la plus entière justice à
n
— 270 —
ses talents, il Tinvitait à donnera son mémoire la
plus grande publicité pour confondre le charlata-
nisme, et rendre à Fart de guérir sa véritable di-
gnité. (6 pluviôse an II, 25 janvier 179iJ
DÉTENTION DE GASTELLIER
Ici se pose la question de savoir à quel moment
Gastellier fut arrêté : il est difficile d'y répondre
avec précision, d'autant plus que les registres
d'écrou, conservés à la prison de Sens, ne commen-
cent qu'au 1'*" vendémiaire an III, et ne concernent
que la prison ordinaire ; il est, néanmoins, possible
d'indiquer cette date d'une façon approximative à
l'aide de certains rapprochements, et un coup d'œil
jeté, à cet effet, sur les événements qui se passaient
à Sens permettra d'expliquer l'incarcération de
l'ancien député du Loiret.
Malgré la modération relative des Sénonais, mal-
gré même les courageux essais de résistance du
Conseil de la Commune, l'influence des Jacobins
devint toute puissante. Les représentants Turreau
et Garnier, commissaires de la Convention dans
les départements de l'Aube et de l'Yonne, prenaient,
le 9 avril 1793, un arrêté ordonnant la mise en état
de réclusion des prêtres non fonctionnaires et la
saisie des correspondances venant de l'étranger, et
le 14 avril quarante-huit prêtres furent mis en état
d'arrestation chez eux, sans qu'il fût dit pour quelle
durée. Cependant, grâce aux vœux répétés de la
municipalité, • grâce à la demande des citoyens
réunis en assemblée générale, le 26 mai, pour la
— 271 —
célébration d'une fête civique, et la prestation de
serment de la nouvelle municipalité, ils étaient le
22 juin, remis en liberté, à Texception toutefois de
trois chanoines : M. Lhermitte de Chambertrand,
doyen, M. Seguier, archidiacre de Melun, et M. Ro-
ger, archidiacre de Provins (1).
 la suite de la mutinerie de la garnison de
Mayence, de passage à Sens (13 août), le Comité de
salut public de Sens, encouragé par le citoyen
Maure, représentant du peuple, prétendit que cette
garnison avait été travaillée par Taristocratie, et
décida l'arrestation des contre-révolutionnaires et
des suspects; le 5 septembre, il convertit en maison
d'arrêt le grand séminaire, connu sous le nom de
couvent des Célestins (le lycée actuel), et, dès les
premiers jours d'octobre, les détenus y étaient en-
tassés. Peu de temps après, le 9 novembre, les
commissaires civils du pouvoir exécutif écrouaient
à la maison de réclusion Tex-cardinal de Loménie
de Brienne, qui, vu son grand âge et ses infirmités,
fut autorisé, le 6 nivôse (26 décembre), à rentrer
dans sa demeure de Saint-Pierre-le-Vif, où il fut
gardé à vue jusqu'à sa mort (1*** ventôse, 19 fé-
vrier 1794.)
Enfin Maure et Garnîer, qui étaient revenus à
Sens le 25 frimaire (15 décembre), procédaient, le
6 nivôse, au renouvellement et à Tépurement du
conseil général. C'est vers cette époque que Gastel-
(1) Voir le Ceurdinal de Loménie de Brienne, archevêque de Sens, ses der-
nières années, épisodes de la Révolution, par Joseph Perrin, Sens, impri-
merie de Paul Duchemin, 1896.
I
— 272 —
lier fut incarcéré, ainsi que l'indique le passage
suivant de son adresse aux citoyens composant la
société révolutionnaire : a La levée des scellés, dit-
il, a dû découvrir dans mon cabinet une lettre que
je vous écrivais dans le commencement de décem-
bre (vieux style), pour vous prier de recevoir une
médaille d'or de deux cents livres (la seule qui me
reste de mes travaux littéraires), en faveur des or-
phelins et des veuves des défenseurs de la Patrie.
Comme j'allais vous la faire parvenir, on annonça
l'arrivée prochaine des représentants du peuple,
Maure et Garnier, alors je crus devoir suspendre
l'envoi de mon offrande, afin qu'on ne vint point
en altérer la pureté des motifs. Quelle fut ma sur-
prise 1 lorsqu'on vint m'annoncer à Nailly, où je
voyais des malades, sur la réquisition des admi-
nistrateurs du District, que Ton avait été chez moi
pour me mettre en arrestation. Eh bien, répondis-
je, je ne sais qu'une chose : c'est d'obéir. En effet,
je me suis rendu seul et sans gardes à la maison
d'arrêt. A coup sûr je n'aurais pas tenu cette con-
duite si j'eusse pu me soupçonner coupable. i>
Il lui eût été facile, en effet, soit de se cacher chez
quelqu'un de ses clients, soit de se réfugier au châ-
teau du Chesnoy, où l'abbé Salgues, le marquis de
Pange et d'autres, trouvèrent un asile, d'autant
plus que le docteur Chauvot-Beauchêne était pro-
priétaire de ce domaine depuis le 15 octobre 1791.
Quelle était la cause ou plutôt le prétexte de son
arrestation? C'est, raconte-t-il, que traitant depuis
un mois le citoyen Berthelin pour une jaunisse,
— 273 —
lorsque celui-ci fut conduit à la maison d'arrêt, et,
traitant aussi son épouse qui était atteinte d'une
fièvre putride et qui était en danger, il délivra, sur
une demande faite au nom des membres du Comité,
un certificat attestant la vérité de ces faits. Des dé-
marches et des explications avec le citoyen Maure
n'empêchèrent pas le mandat d'arrêt, qui lui fut
signifié pendant son absence et auquel il obéit.
Il est intéressant de connaître le régime auquel
étaient soumis les nombreux prisonniers détenus
dans l'ancien couvent des Célestins, d'autant plus
que, malgré les recherches de M. Perrin, les ren-
seignements à cet égard sont encore rares; ce ré-
gime différait certainement de celui de la prison
ordinaire, affectée aux criminels de droit commun,
ainsi qu'aux déserteurs, et ne rappelle nullement
l'affreux tableau offert par cette prison (1). Ainsi
qu'on Ta déjà vu, Gastellier put profiter de ses
premiers loisirs pour rendre compte au départe-
ment de Fépidémie de Cerisiers ; il reçut la lettre de
(1) Extrait du registre municipal tome U, folio 104. 8 janvier 1731. « MM.
Storre, Saignes, députés pour la visite des prisons et des prisonniers
ont dit que s'étant présentés ce matin aux prisons ils ont trouvé seize
hommes qui ne leur ont représenté que le spectacle de In plus profonde
misère, que leurs corps étaient à peine vêtus de quelques misérables
lambeaux qui ne sçauruient subsister encore que très peu de temps, que
plusieurs d'entre eux sont absolument sans chemise ; qu'ayant ensuite voulu
prendre des renseignements sur leurs nourritures, ils se sont fait représen-
ter ce qui devait entrer dans la composition de leurs soupes, qu'on n'a pu
leur produire qu'environ une once ou deux de beurre absolument insufllsant
pour faire la soupe de seize personnes ; ils se sont assurés que les prison-
niers n'avaient que très rarement quelques légumes de mauvaise qualité,
qu'enfin tout avait imprimé dans leur Ame i.n sentiment pénible et
douloureux. » (Note due d l'obligeance de M. l'abbé Chartraire.)
18
I
M
félicitations du président de radministration du dé-
partement de l'Yonne, en date du G pluviôse an II,
et probablement une lettre que le docteur Antoine
Petit lui écrivait de Fontenay-aux-Roses, le 1
avril 1794, pour le féliciter <i sur une de ses opinions
imprimées; » il put aussi se procurer un certificat
du maire et des officiers municipaux de Montargis,
en date du 19 ventôse an H (10 mars 1794), décla-
rant qu'il n était nullement inculpé dans les papiers
concernant la liste civile; il prenait enfin connais-
sance du Moniteur du 15 thermidor an II.
Opendant les communications avec Textérieur
étaient interdites aux suspects détenus dans l'an-
cienne maison des Célestins; diaprés le règlement
du 3 novembre 1793 {Affiches de Sens, n» du 21)
brumaire an II), ils ne pouvaient a recevoir ni en-
voyer au dehors aucuns papiers et lettres qui
n'aient été communiqués au Comité de surveillan-
ce; id à partir de la même date, ils ne pouvaient
plus faire venir leurs aliments du dehors; ils man-
geaient en commun et à frais communs, de manière
néanmoins que le riche vint au secours du pauvre.
Ils avaient en outre à pourvoir aux dépenses tant
du corps de garde que de la garde composée de
seize hommes y compris l'officier, chaque citoyen
de garde ayant trois livres par jour; toutefois, sur
leurs réclamations réitérées la garde fut, à partir du
14 janvier 1794, réduite à onze hommes, savoir un
sergent, un caporal, huit hommes et Un tambour (1).
(1) Voir le Cardinal Loménie de Drienne, par J. Perrin, (pièces justifica-
Uvcs).
— 275 —
Le règlement du 16 octobre 1793 fournit des indi-
cations sur l'installation des reclus; il dit, en effet,
qu'il y aura deux infirmeries, une pour les hommes
et l'autre pour les femmes, une cuisine placée dans
la pièce servant autrefois de cuisine aux Célestins,
un réfectoire commun dans l'ancienne chapelle et
une chapelle dans la salle appelée les Etuves;
il ajoute qu'il sera établi dans toutes les chambres
des vasistas à quatre carreaux, sauf aux détenus,
voulant avoir plus de jour et d'air, à faire à leurs
frais baisser le mur des croisées, en remplaçant le
vide par des barreaux de fer et grillage. Toutefois,
après un passage de Guénot à Sens, l'arrêté du
5 prairial an II décida que les chambres donnant
sur le Mail ne seraient plus occupées par les détenus
et que ceux-ci seraient transférés dans les chambres
basses.
Nous avons cherché à connaître quelques-uns des
compagnons de captivité du docteur Gastellier. Il
dut rencontrer l'ex-cardinal de Loménie de Brienne
qui séjourna dans la maison de réclusion, du 9 oc-
tobre au 26 décembre; d'un aulre côté, l'arrêté du
Comité de sûreté générale du 14 germinal (3 avril
1794) donne les noms d'un certain nombre de
prévenus sénonais qui devaient être transférés à la
Conciergerie, ce sont : Megret de Sérilly, sa femme
et leur domestique Lhoste, Mégrel d'Eligny et sa
femme, Alexandre de Loménie, ex-colonel, et son
frère Charles de Loménie, arrêtés le 13 février 1794
par Guénot, Dufour, officier municipal, arrêté le
17 février, Tex-coadjuteur Martial de Loménie, le
â
■I f<
I1t\
•f
M
— 276 —
comle de Loménie, ancien maire de Brienne, cl
M"** de Canisy, arrêtés le 19 février, Tabbé Lher-
mille de Chamberlrand, arrêté depuis le 11 avril
1793, Mnic Rossel de (.hanibertrand, M^c Rossel de
Cercy, M"'« de Monlmorin et son fils, et les nommés
Hall père et fils, manuracturiers (1).
Maure dit aussi, dans une lettre adressée le
25 avril 1794 au Comité de salut public, qu*il en-
voie à Sens deux prêtres qui étaient détenus dans
la maison de réclusion d'Auxerre, et dont Tun était
sorti la nuit, grâce à la complaisance du second.
(Recueil des actes du Comité de salut public, t. XIII,
page 60.)
Nous croyons devoir citer plus particulièrement
le docteur Chauvot-Beauchène, qui peut à plus
d'un titre être rapproché du docteur Gastellier.
Chauvot-Beauchène (2), qui exerça d'abord la mé-
decine à Paris, fut nommé médecin consultant de
Monsieur (26 avril 1789), puis médecin de l'hôpital
militaire du Gros-Caillou (hôpital de la garde na-
tionale 1790), il fut élu membre de la commune de
Paris, en 1789 et 1790 ; il se retira ensuite à Sens et
(1) Snur Ilnll père qui mourut à la Conciergerie, Dufour qui fut acquitté
et M"* (le Scrilly que son mari avait déclaré enceinte, tous ces détenus fu-
rent condamnés à mort par le tribunal révolutionnaire, et exécutés ic
21 florc>nl an II (10 mai 1794j, sur la place de la Révolution, en même temps
que Madame Elisabeth; ils furent inhumés au cimetière Monceau. (Voir :
le Cardinal Loménie de Brienne, par J. l'errin. et Madame de Sérilly. par
Félix Chandenier, dans les Bnlletins de la Société archéologique de Sons,
tome XVI.)
(2) Edme-Pierre Chauvot-Ueauchéne, né à Tabbaye des Escharlis, paroisse
de Villefranche, prés Joigny, le 3 mars 1749, époux de Catherine Bcaude-
laire. décédé ù Paris, le 21 décend)re 1821. (Voir la Biographie générale, par
Eirmin DinoT.)
— 277 —
acheta du futur conventionnel Claude Chastelain le
domaine du Chesnoy (15 octobre 1791). De même
que son confrère, et probablement avant lui, il fut
membre de la Société populaire de Sens, aux séan-
ces de laquelle il assista régulièrement, sans tou-
tefois prendre part à aucune délibération. Cepen-
dant, lorsqu'il fut question d'envoyer une adresse
à la Convention, pour la féliciter à Toccasion de la
mort de Louis XVI, il s'y opposa de tout son pou-
voir; cet acte de courage était plus que suffisant
pour le désigner à la haine des jacobins, il fut donc
considéré comme suspect et enfermé dans la maison
de détention. Sa captivité nest pas douteuse, elle
est relatée notamment par l'abbé Saignes, mais nous
n'avons pu retrouver ni la date de son arrestation,
ni celle de sa libération.
11 y avait certainement dans la maison des Céles-
tins un grand nombre d'autres détenus. Deux docu-
ments fournissent des indications à cet égard : l'un
deux est une lettre adressée au citoyen Maure et
reproduite par les Affiches de Sens du 30 germinal
an III (20 avril 1795), qui contient cette phrase :
« Sur cent vingts détenus à peu près, tu n'en as
remis en liberté que huit à dix, et pas un seul de
Sens, » il est vrai qu'il n'est pas suffisamment spé-
cifié s'il s'agit des prisons de Sens ou de celles de
Paris, et^ le doute semble d'autant plus permis que
la même lettre parle des trente-deux citoyens de la
ville de Sens qui furent envoyés à Téchafaud. Or
M. Perrin dit (ouvrage cité) que si la guillotine fut
dressée aux premiers jours de messidor, après l'af-
/
A
\iiwt
— 278 —
faire des Loges, et si elle resta debout en perma-
nence pendant six semaines, elle disparut aprx*s la
chute de RolKfspierre sans avoir eu l'occasion de
fonctionner une seule fois. (Nous signalerons ce-
pendant qu'un nommé Guillion, condamné à mort.
fut amené à la prison de Sens, par un gendarme de
Joigny, le 7 messidor an III (27 juin 1795; et exé-
cuté le lendemain, ainsi que le constate le registre
d'écrou.)
Il ne saurait, au contraire, être question que de
l'ancien couvent des Célestins dans le second docu-
ment, c'esl-à-dire dans l'arrêté municipal du 28 fruc-
tidor an II (Xi août), décidant de remplacer les
hommes de garde par deux guichetiers; or le consi-
déi'ant de cet arrêté dit t que sur 80 détenus dans
la maison de réclusion, il y a 5U ci-devant prêtres
qui n'ont aucune ressource, que dans les 37 parti-
culiers restants il s'en trouve qui n'ont pas plus de
ressources; » sans doute ces chiilres ne sont pas
très exacts, ils montrent toutefois que, sept semai-
nes après la mort de Rohespierre, le nombre des
détenus était encore élevé. Malgré cet arrêté, mal-
gré même la liberté donnée aux prisonniers, à qui
l'on permit dès lors de se rendre chez eux pour sur-
veiller leurs vendanges ou rétablir leur santé, la
garde continua à fonctionner; c'est seulement le
21) octobre 179 1 qu'elle fut, sur une nouvelle pétition
des détenus, réduite à quatre hommes et un capo-
ral; elle fut ensuite supprimée, le 8 novembre, et
remplacée par la garde du concierge, attendu, dit
le conseil, « qu'il n'y a plus qu'un petit nombre de
— 379 —
reclus, la plupart sans ressources. » La maison de
réclusion se vidait donc de plus en plus, mais on n'a
pas retrouvé la date précise de sa fermeture (1).
La captivité de Gastellier durait déjà depuis huit
mois entiers, lorsqu'il adressa, le 16 thermidor an II
(4 août 1794), son mémoire « aux citoyens compo-
sant la Société révolutionnaire de la commune de
Sens. »
Ignorant les chefs d'accusation dirigés contre lui (2)
il y répond tout d'abord par Texposé de sa con-
duite à Montargis, à TAssemblée législative et enfin
à Sens; il proleste ensuite contre les diverses incul-
pations dont il est Tobjet et particulièrement contre
celles que devaient contenir des lettres envoyées de
Montargis parles successeurs de Manuel (3); il leur
oppose le certificat du Comité de sûreté générale
de la Convention, remis à la municipalité de
Montargis et déclarant qu'il n'est nullement com-
(1) Voir : le Cardinal de Loménie. par J. Pehrin (pièces justificatives).
2 {.e n>st que le 4 fructidor an II que les motifs de son incarcération lui
funnt communiqués.
Si Manuel avait été arrêté à Montargis 1*^ 20 août et guillotiné à Paris au
mois de novembre 1?J3.
— 280 —
promis par les papiers de la liste civile, et montre,
par cet exemple, le cas que Ton doit faire des autres
dénonciations et de toutes les calomnies de Manuel,
qui, dès 1790, s'était promis de le perdre et qui
n'avait cessé de le persécuter avant, pendant et
après la législature. Par sa conduite, dès 1790, vis-à-
vis le ci-devant d'Orléans, il a fait voir qu'il l'avait
bien jugé en le soupçonnant de c ne vouloir ren-
verser le trône que pour s'asseoir sur ses débris, »
et il a donné une preuve non douteuse de son ex-
trême délicatesse en refusant, à deux reprises, une
somme annuelle de 600 livres, qui était moins un
bienfait qu'un salaire pour soins donnés aux em-
ployés du prince d'Orléans.
Quoiqu'il n'ait pas encore reçu communication
des motifs de son arrestation, il sait que son plus
grand grief, aux yeux des représentants du peuple
Maure et Garnier, est d'avoir volé pour la Fayette.
car le premier le lui a dit, et l'autre a publié qu'il *
fallait incarcérer tous les fayetlistes. Si, en elTel,
avec la majorité de l'Assemblée, il a voté en fa-
veur de la Fayette, qu'il considérait comme un
honnête homme, c'est qu'il croyait qu'on voulait
désorganiser rarmée <( en décrétant d'accusation le
général. » Il a pu commettre une erreur, du moins
il n'a été influencé par aucun esprit de parti, lui qui
n'a jamais mis les pieds aux Feuillants; il était de
bonne foi et il a agi selon sa conscience, ce dont on
ne saurait rincriniiner, <i surtout à présent que la
liberté d'opinion vient d'être consacrée de nouveau
par les représentants du peuple. »
— 281 —
II met, enfin, ses ennemis au défi de déposer
contre lui un seul fait décelant Tombre d*une intri-
gue contre la Révolution; il affirme, au contraire,
s'clre toujours conduit en vrai républicain et en
vrai patriote, et avoir fait tout le bien dont il était
capable en secourant ses semblables, en partageant
leurs peines et en adoucissant leurs maux.
Après ces huit mois de réclusion, qui ont été
huit mois de larmes pour sa famille, Gastellier ne
sollicite pas la grâce qui n est faite que pour les
coupables, il demande la justice, car il préférerait
mille fois la mort à Tignominie. Il adresse ce mé-
moire pour dissiper les nuages qui auraient pu al-
térer Festime de ses concitoyens, à laquelle il atta-
che le plus grand prix, et pour recouvrer une liberté
qui n'aurait jamais dû lui être ravie et que ses juges
vont lui restituer.
Ce mémoire, daté du 16 thermidor, a été écrit ou
du moins envoyé quelques jours après la mort de
Robespierre, il a, suivant toute probabiHté, été pro-
voqué par l'espoir que cet important événement fit
renaître de toutes parts chez les prisonniers. Quanta
la brochure elle-même, quoiqu'elle soit sans lieu ni
date, en la comparant avec celle de l'épidémie de
Cerisiers, on reconnait qu'elle sort de la même im-
primerie, de chez V^e Tarbé et fils, à Sens; toute-
fois la vignette ci-dessus qui orne la première page
pourrait faire naître un doute à cet égard, car Mon-
ceaux (La Révolution dans le département de
l'Yonne) la considère comme la marque de Four-
nier et Baillif, d'Auxerre, ou d'Œrtel et Alexandre,
— 284 —
déralistes? Si Manuel, qui avait voté lappel au
peuple, en était plus honnête homme et meilleur
patriote ?
Il compte enfin que Ton avisera aux moyens les
plus prompts de manifester son innocence et de le
soustraire à la vengeance de ces haines personnelles
dictées et par Tintérêl et par la basse jalousie dont
il est depuis longtemps victime.
La liberté ne dut cependant pas lui être restiliiét
aussitôt, car, ainsi qu'il le rappelle lui-même, il
resta incarcéré dix mois, c'est-à-dire depuis le mois
de décembre jusqu'à celui de septembre, et il esl
possible qu'il fut au nombre des trente-sept parti-
culiers encore détenus dont parle Tarrélédu 28 fruc-
tidor. En tout cas, il ne devait pas encore être li-
béré le 4 fructidor (23 août), date à laquelle il apprit
enfin les chefs d'accusation dirigés contre lui, et où
il écrivit le postscriptum suivant que Ton trouve sur
certains exemplaires (1) de son adresse aux citoyens
composans la Société révolutionnaire de Sens :
« 4 fructidor.
a Les prétendus griefs de mon arrestation m'ont
été communiqués hier, 3 fructidor.
<r Ses relations et liaisons douteuses et suspectes:
soupçonné d'avoir voté contre le peuple et pour
la Fayette, quand il était député à l'Assemblée légis-
lative.
c( Les relations et liaisons d'un médecin douleu-
(1) Il se liouvo sur r<*xcinplnlrc' de M. Nnvnrro; vv\\i\ du docteur Mor< ai
donne un aulrt- postscriptum parlant du Moniteur du 15 Ihermidor.
i
— 285 —
ses et suspectes ! Le procès-verbal de la levée des
scellés et ma correspondance depuis huit mois de
détention ont-ils présenté quelque chose de sus-
pect ?
* Avoir voté contre le peuple et pour la Fayette. . . »
Gaslellier répond en quelques mots à cette accu-
sation dont il s'est déjà justifié, comme on Ta vu
précédemment.
Si, malgré ces indications, on ne retrouve pas la
date exacte de son élargissement, on constate du
moins que son nom, qui ne figurait plus sur VAl-
manach Tarbé de 179i, reparaît sur celui de 1795,
imprimé à la fin de Tannée précédente ; on remar-
que, en outre que, quoique docteur en médecine, il
est désigné comme officier de santé, car ce titre était
aloi-s donné uniformément à tous les médecins et
chirurgiens.
Même en prison, Gaslellier ne pouvait pas rester
iiiactif : en outre des écrits dont il a déjà été ques-
tion, il composa une dissertation, dont l'impression
fut retardée et qui fut publiée, en Tan IV, sous ce
titre : Que penser enfin du supplice de la guillotine (1)9
C'était bien là une question d'actualité qui devait
d'autant plus intéresser les esprits, que deux opi-
nions contraires s'étaient élevées ; pour les uns, tels
que Sœnimering et le docteur Sue (le père d'Eugène
Sue), la guillotine était a: l'instrument de la plus ex-
trême douleur ; » pour les autres, tels que Wéde-
(1> In-8* de 20 pages. Collection Navarre. — Bibliothèque nationale, T b
11, 7. — D' Moreau.
à
— 288 —
saltendreà Dioiiler sur 1 échafaud. Ses méditatioiiv
devaient lui îns|>irer un nouveau courage poui
conlempler la mort sans frayeur, car, en pensan!
au dernier supplice, il n'avait à redouter ni le dès-
honneur du coupable, ni les souffrances des der
niers moments. Son travail Taida aussi à supportei
avec plus de j-esîgnation ses longs mois de captivité
sans doute il regrette la liberté qu'il aime profon-
dément, il e*^t privé de ne pas donner ses soiiiî
aux malades, il songe avec peine aux larmes el i
la détresse de sa famille, il se préoccupe même de
conserver rcslîme de ses concitoyens, mais il ne
fait entendre aucune plainte sur ses souffrances oi
sur ses privations personnelles.
FIN DL: SKJOIR mi (lASTELLIER A SENS
Après avoir enfin recouvré sa liberté, Gastellici
reprît ses occupations médicales; sa nomination
comme médecin des hospices de Sens dut lui causeï
un réel phtisir; son besoin d'activité, son dévoue-
nictii pour les malades, son désir même de TestinK
publique se trouviiienl é|>alement satisfaits.
(Iclle nomination est consignée dans le procès
verbal suivant de la di libération du 16 ventôst
an 111 (*i mars 1795), réor<^anisant le service médita
de 1 liùpilaK à la suite des décès de deux de se;
métiecins, Pierre Villcrs (20 août 1794) et Jacques
Louis Ducasso (12 janvier 1795) : « Le bureau
après avoir mûrement léflécbi sur cette pétitior
(adressée par le eiloyeri commissaire des guerres
— 289 —
du déparlement), est d avis que le comité de santé est
de toute utilité, que deux médecins, qui aUerneront,
cl deux chirurgiens, qui seront toujours en activité
de service, suffisent pour faire le service des mala-
des ; en conséquence, le bureau désigne à Tadminis-
tration pour médecins les citoyens Gastellier et
Chauvos, avec un traitement pour les deux, et pour
chirurgien le citoyen Soûlas (1), en chef, et le ci-
toyen Âublet (2) pour adjoint, au traitement des-
quels l'administration est invitée de pourvoir, à la-
quelle le présent arrêté sera envoyé.
d Richard, Chapelain, Cave, Sullerot, Perrin. i>
Ainsi les docteurs Gastellier et Chauvot-Beau-
chéne, qui tous deux étaient. Tancée précédente,
dans la maison de détention, étaient nommés à
rhôpilal, quoique n'habitant Sens que depuis peu
de temps ; leurs connaissances médicales justifiaient
v1) Soûlas Alexandre, reçu chirurgien le 25 février 1765, logeait faubourg
Saint-Antoine et à l'hôpital dont il fut chirurgien, depuis 1765 jusqu'en
1812; il est décédé à Sens, le 3 mars 1819, à l'âge de quatre-vingt-trois ans.
(2) Aublet Edme-René, né à St>peaux, reçu chirurgien à Sens, le 5 décembre
1769, premier chirurgien du Roy, en la communauté des maîtres chirur-
giens de Sens, le 10 janvier 1784, en remplacement de Dalmières, décédé à
Sens, le 3 prairial an IX (22 mai 1801), à Vage de soixante-deux ans.
Un de ses fils, Louis-Alexandre-Auguste, né le 4 juin 1776, lui succéda
comme second officier de santé des hospices de Sens. Un autre fils, Con-
stantin-François, né le 12 mai 1772, fut chef de bureau de la sous-préfecture
de Joigny. C'est probablement encore d'un de ses fils qu'il est question dans
la note suivante, publiée par les Affiches de Sens du 19 janvier 1794 :
« La société républicaine et révolutionnaire, après avoir entendu un
éloge du citoyen Aublet, mort pour la défense de la République, arrête
qu'une députation portera une couronne civique à son père. » Aublet
s était, en eflTel, de son propre mouvement, offert de remplacer un jeune
manouvrier de Soucy, qui seul pourvoyait à la subsistimce de sa famille,
et dont les deux frères étaient déjà aux frontières.
19
i ^ , l:
tl
— 200 —
bien ce choix, car le premier, ancien associé de la
Société royale de médecine, devait, par la suite,
faire partie de cette Société comme membre rési-
dent, et que le second fut l'un des premiers mem-
bres de l'Académie de médecine, fondée en 1820.
Quant à Soûlas, qui, depuis trente ans, était chi-
rurgien de l'hôpital, il fil, en outre, partie de Tadmi-
nistration municipale : élu le troisième comme no-
table le 20 février 1790, il fut nommé membre du
bureau de charité, le 19 janvier 1794 ; officier muni-
cipal dans le conseil général de la commune, le
9 juin de la même année; membre du bureau des
ateliers et secours, le 30 messidor an II; notable
delà municipalité, le 30 nivôse an III; membre de
l'administration municipale du canton de Sens, le
20 brumaire an IV (11 novembre 1795), etc.
En continuant à compulser les procès-verbaux de
l'hôpital, on constate que, le 12 germinal an IV
(1er août 1796), le bureau des hospices décide qu'il
n'y aura désormais qu'un seul médecin et nomme
le citoyen Gastellier, demeurant en cette commune.
Le docteur Chauvot-Beauchéne n'avait donc fait
qu'un court séjour à l'hôpital de Sens, et, quoiqu'il
fût encore indiqué sur YAlmanach de 1797 comme
habitant la Grande-Rue, il retourna bientôt à Paris,
où il fut médecin de l'Ecole normale, médecin du
Corps législatif (1810) avec logement au Palais-
Bourbon, et enfin médecin consultant de Louis XVIII
(février 1815).
Le nom de Gastellier figure une dernière fois sur
le registre du bureau des hospices, le procès-ver-
i,»
— 291 —
bal de la séance du 11 brumaire an V (1^^ novem-
1796) mentionnant que son traitement est fixé à
300 francs. On peut, d'un autre côté, se faire une
idée du nombre des malades traités à Thôpital, en
voyant que l'an IV le nombre des décès y a été de
quatre-vingt-treize, tandis qu'il était de trois cent
soixante-cinq pour la ville.
Entre temps, Gastellier avait fait imprimer chez
V»e Tarbé et fils, VHistoire de Vépidémie de Cerisiers,
dont la publication fut annoncée par les Affiches
de Sens, du 20 vendémiare an IV (12 octobre 1795).
Quelqùesjours auparavant, le 8 vendémiaire (30 sep-
tembre), le président de Tadministration, Béranger-
Svidy, lui écrivait pour le remercier des exemplai-
res qu'il lui avait adressés (1).
Si Gastellier reçoit des félicitations, de son côté
il rend justice à qui de droit; il n'oublie donc pas
le concours dévoué et intelligent que lui a prêté,
lors de l'épidémie de Cerisiers, le docteur Louis-
François-Jean-Baptiste Tonnelier, de Saint-Floren-
tin ; il rappelle cette collabaration dans une lettre
publiée par les Affiches de Sens du 1er novembre
(1) Lettre du 8 vendémiaire an IV:
« Citoyen, en écrivant l'histoire de l'épidémie qui a régné h Cerisiers,
Theil. Vaumort, etc., vous avez ajouté un bienfait à celui que vous devait
lliumanitc. Par là, vous avez acquis un double droit à l'estime et à la recon-
naissance publiques.
c Nous vous exprimons, avec notre satisfaction, les sentiments que nous
partageons avec tous nos concitoyens, et nous vous remercions particuliè-
rement des exemplaires de cet ouvrage que vous nous avez adressées.
• Le Président de l'administration,
« Bérangcr Svidy. »
(Sotice chronologique de mes ouvrage?.)
*f(i
— 2Î>2 —
l7\Cï (10 hitiinaire an III), et fait lï'logc de mn
jeune confrère dont o les premiers pas dans lîi car-
rière si (épineuse el si délicalc de Tari de guérir
fk^cèk'iit la prohilé, t'honiuHelé, les Iimiierei^» un
esprit d'oliîiervatioJi ci Ijeauronp ile niadestic. *
Il lail aussi, suivant sa propre expression, loul le
bien dont il est capable en secuuranl ses sembla-
bies et il nliésile pas à engager des discussions
scientilkjues pour dcTendre des imineeiits injuste-
ment accuses; de même qu'en 1777, il avait rédigé
trois consultations niédieo-léyalcs en laveur de la
veuve Blancbard, sage-femme de rHôlel-DitHi de
Rouen, qu'il painint à faire accpntler, de niC*me il
ictlige un mémoire en faveur d'un nommé Grégoire
et de ses enfants (des environs de Sens) qui élaienl
accusés d boniicide et qui furent acquittés par le
jury d Auxerre, le 20 prairial an IV (8 juin 1796) (1).
Le 27 frimaire an V (17 décembre 171Mî), il a la
douleur de perdre sa sœur, IClisidjetli (iastellier,
qifil avait recueillie chez lui à cause de ses inlir-
mités. Cesl sans doute pour régler sess affaires de
famille qu'il fait annoncer, par \vs Affiches de Sem
du 10 venlosc an V (28 février 1797), (jne sa niîiîsoa
de Monlargis est à louer ou à vendre, à perpétuité
{!) Eiitrall dp k i^Uri* du trUoycn Uatïn à GiinU'IUrr t
« Vi>lr<i LtHisullrttloii sur ït*^fUuiit prot'4>î-vit?rljjiii\ d*oinTrlnrcd(ïa*clrtvr«.
n-digi'^ tï'unv iiuihiiTe !il coiUradielûire pni Ir chirurgiinx ik Sons.ii pro-
duit U* plus grniul l'tïvi ; die a été iiuiir Lrt lU'euM'i iv innycrii iv ptu^ imUMinl
fiull» iijfnt intipltiyr pimicliihUr kiir U^mint^in^r, ou uu iiiulns [Kiur prou-
ver iiUK riiojtilvidr ii*iivtiU \ni& élé \ii\m\iuuv dv li>Uf |jarL f.VxeifUrtii't* de
la répntiilinti donl i]% jmtïnmAvni tivnni crotte ncrmtalitin ifoil vi^uv ïnirt
jUK^r lUi Jicrvicr ïî«r vou» uvrt, reinlu à eux «l à lil société.*. •
im
— 293 —
ou à vie (s^adresser au citoyen Delon, notaire à
Ferrières).
Vers la même époque, 25 pluviôse an V (15 fé-
vrier 1797), son nom figure parmi ceux des trente-
huit candidats pour la députation qui s'étaient fait
inscrire au greffe de leur commune. Le déparlc-
ment de l'Yonne, qui comptait 316716 habitants,
avait, en effet, à nommer deux députés au conseil
des Cinq-Cents, et les Affiches de Sens du 10 floréal
(29 avril) mentionnent l'élection de Leclerc Malhe-
ras, président du tribunal criminel du déparlement,
et de Charles Tarbé, de Sens, ex-législateur.
A partir de ce moment, on ne trouve plus trace
du séjour de Gastellier à Sens, et quoique le regis-
tre des procès- verbaux des hospices ne relate pas la
nomination de son successeur, on est porté a
croire que c'est vers cette époque qu'il quitta la
ville pour retourner à Montargis.
GASTELLIER A MONTARGIS ET A PARIS
Dans sa troisième et dernière adresse à ses conci-
toyens, écrite à Sens, le 3 octobre 1792, Gastellier
disait : a Si j'étais coupable enfin, je n'insisterais
pas pour rentrer au milieu de vous, où je suis sur
de reconquérir votre estime et votre confiance que
je n'ai jamais déméritées un instant. Quelque chose
que mes ennemis disent et fassent, je suis décidé à
revenir à Montargis, où je ne rentrerai que lors-
que la vérité vous aura frappés tous et que vous
serez convaincus que je n'ai point dévié de la ligne
— 294 —
de l'honneur et du vrai patriotisme. J'attendrai
avec'patience, parce que je nie persuade que tous
mes amis et tous les citoyens vertueux viendront à
mon secours, pour éclairer ceux que l'on a pris à
lâche d'égarer parmi vous. Rien au monde ne me
tiéloumera de l'exécution de ce projet, mes enne-
mis dussent-ils me sacrifier à leur haine, i
Knfm, après cinq ans d'absence, il put revenir à
Montargis sans craindre ses ennemis; il ne retourne
pas dans son ancienne habitation de la rue du Bon-
(hiillaume, et il loge dans un modeste appartement
de la rue du Loing, tout à côté de la maison où
st'journa le Pape Pie VII, lorsqu'il se rendit à Fon-
Laincbleau, en 1801.
]1 exerce encore la médecine et continue à s oc-
cuper particulièrement des épidémies et des épizoo-
lies; c'est ainsi que, le 18 prairial et les 16 et
18 messidor an IX (1801), il remet au sous-préfel
ses rapports sur deux épizooties, dont l'une béni-
gne et l'autre maligne et des plus meurtrières, sé-
vissant dans plusieurs communes de l'arrondissc-
iiunt de Montargis.
En 1809, il est membre correspondant de la
Société académique, à Montargis; en 1811, il est
€ membre résidant de la Société de la Faculté de
l'aris, » ainsi que le dit le journal de Corvisart en
annonçant son traité : des Maladies des femmes en
vdtiches (l)\ en parlant du même ouvrage, M. Sal-
ines écrivait : a C'est à M. Gastellier, l'un de ces
1 1) Voir In Chronique métUcalc. du 30 mars 1902,
»
— 295 —
habiles observateurs, Tun des praticiens les plus
distingués de la capitale que la médecine est rede-
vable de l'excellent ouvrage que nous annonçons.^
Gastellîer met à profit les dernières années de sa
longue existence, en publiant de nouveaux ou-
vrages, notamment sur la rage (1814), sur des con-
troverses médicales (1817 et 1818), sur la variole et
la vaccine (1819). La maladie vint cependant Tinter-
rompre, mais non pas l'arrêter dans ses travaux;
au mois d'août 1816, il fut atteint d'une fluxion
calarrhale foudroyante qui le frappa de cécité pen-
dant cinq semaines, et à la suite de laquelle il per-
dit Toeil droit.
Ce savant et vieux praticien qui avait été décoré
de Tordre de Saint-Michel, en 1817, meurt octogé-
naire le 20 novembre 1821 (1).
D^ René MOREAU,
Médecin en chef des Hospices de Sens.
i\ D'après le docteur Dechambrc, il hnbitait rue de Coudé, mais plu-
sieurs de ses ouvrages donueut sou adresse rue du Four-Sainl-Cieruiaiu.
nl7.
Il
â/'
ŒUVRES DU DOCTEUR GASTELLIKK
OUVRAGES DE MÉDECINE OU DE SCIENCES
LlîUtoire d'une épidémie calarrhale qui allaqoa les en-
fants da plus bas âge dans la commane de Saint- Maurice-
sur-Fessar, à la fln de 1770. (Cette maladie était ce qu on
appelle aujourdliui le croap.) 1771.
PrincipcM de médecine, traduits de Home, médecin anglais.
Montargis, 1772, in-8«.
IJHintoire d'un enfant monstrueux, par laquelle il est
démontré que Tenfant peut se mouvoir dans le sein de sa
mère sans le secours du cordon ombilical. — Journal de
Médecine, 1773, lome XXXIX.
Avis â men concitoyens, ou Essai sur ta fièvre mitiaire, suivi
de plusieurs observations intéressantes sur la même mala-
die, par M. Gastellier, médecin à Montargis. Paris, 1773.
Se trouve à Paris, chez Didot le jeûne, quai des Augustins,
in-8<> de 40 4- 360 pages. (Collection Navarre, Bibliothèque
nationale, Td 56-15.)
Traité sur la fièvre miliaire épidémique, par M. Gastellier,
docteur en médecine, associé et correspondant de plusieurs
académies et sociétés littéraires, conseiller du Roi et de
S. A. S. Monseigneur le Duc d'Orléans, Maire perpétuel de
la ville de Montargis, médecin ordinaire de Monseigneur le
Duc d'Orléans, des hôpitaux et des prisons de cette ville,
nommé par le gouvernement pour les maladies épidémi-
qucs. — Nouvelle édition, augmentée d'obser\'ations et de
reflexions sur la maladie du Haut- Languedoc (ouvrage
dédié à M. Lemoinc). A Paris, chez P. Fr. Didot le jeune,
libraire de la Faculté de médecine, quai des Augustiiis. —
1784.
— 297 —
Avec approbation et privilège du Roi. In-S» de 40 + 401
pages. (Bibliothèque de Sens.)
Plusieurs observations en faveur de l* inoculation, et quel-
ques-unes contre la section de la symphise du pubis, insérées
dans la Gazette sanitaire, 1775.
Mémoire sur la fièvre exanthématiqae. 1776.
Observation sur la végétation d'une espèce de corne de
bélier qui avait pris naissance à la partie inférieure du tem-
poral gauche d'une femme octogénaire. Dans les mémoires
de la Société royale de médecine, année 1776.
Trois Consultations médico-légales, en faveur de la sage-
femme de THôtel-Dieu de Rouen (Vc Blanchard). 1777.
Traité de la fièvre miliaire des femmes en couches, par
M. Gastellier, docteur en médecine, avocat au Parlement,
médecin de S. A. S. Monseigneur le Duc d'Orléans, employé
des maladies épidémiques et épizootiques, médecin de
THôtel-Dieu, de l'Hôpital général et des prisons de la ville
de Monlargis, membre de la Société royale de médecine de
Paris et de celle d'agriculture d'Orléans. A Montargis, chez
Xoél Gilles, Ubraire, Porle-aux-Moines. 1779.
Dédié à M. Séguier, premier avocat-général au Parlement
de Paris, l'un des Quarante de l'Académie Française. Ou-
vrage couronné par la Faculté de Médecine de Paris, dans
la séance publique tenue le 5 novembre 1778. In-4o de
36+39+177 pages. (Bibliothèque de Sens, Bibliothèque de
Montargis, Collection Navarre, Bibliothèque nationale^ Td
56-17.)
Réponse à la critique d'un anonyme, Montargis. 1779.
Mémoire sur la topographie médicale et sur l'histoire na-
turelle du Gàtinais, couronné par la Société royale de mé-
decine, et inséré dans le recueil de celte Société. 1779.
(En 1776, Gastellier avait été chargé par Turgot de faire
un rapport sur l'état agricole et commercial du GAtinais ;
et avait reçu de Turgot une lettre de félicitation pour ce
rapport.)
Mémoire sur les maladies chroniques auxquelles les bestiaux
i
— 208 —
de îmttfs esprte* ioni Muieh dam te Gétinniê, couronné |i»r I
Sriri^'tf n» ville de mêticcîiit% et iniiéré dan» le rrrueil i
celle Soclél6, année 1780
Hémmte âut Vntmi^se des eaux minéraleM de Ferném, t
Chùttuii-Landmi et des ErhnrlU i{mr Vnicfrmitrhe, j>r
Jolgti> I, couronna par ïu SociDlé royale de médecine, lî^ij
Méniùire tonte nant une série d'abseriHithnâ mêtéréfihgiquei
et un précis des épidèndeit qui oui régné pendant douze aH
dans te Gâtinais^ couronné pnr la H<ïciété royal*? de mêtle
citie, et inséré dans ses mémoires de Tiinnée I7H:î.
Amtus pttijskns. Annus médteus, deux mémoires conraa
né» pur ÏR Snriété royale de raédeeîiic^ et inîtéréa dan* i
recueil de 17«:î
Des spéeifîques en médecine, par M. Ga&teUier, docteufl
niédei!iiie. avacat au P;irlenïe«t* iwéderin ordinaire
S. A. li, Motisci^fneur la Duc d Orléans, Claire de la ville i
MonlurgU, médecin den hûpïtaux et prmans de cette vill
employi^' pour le» maladie?^ éptdéndqiies et épizooliqiîcs i
de la pro%Jncc, a§!>ocié réf^nicolc de la Société royale
médecine, ans^ocié correspondant de TAcadémie deii %cU
ces» arts et bellc?^ leltres de Dijon, associé non résidant (
la Société royale d agricidlurc d Orléans, elc. A Paris, cbd
Didot, imprimeur de Momdeur et libraire, quai de»* Angu
lins, tlKl Avec ajîprïdialion et privilège, A Montargis,
ri m prime rie CL Lequatre,
Dédié à M Franklin, ministre plénipotentiaire des Klali
Unis h la cour de France.
Ouvrage reconuu digne de Tapprotintinn de la Soelè
royale de médecine, et d t tre imprimi^ avec son priviléi^
In-8' de 7 et Ifil pages, i Bibliothèque de Sens, BildiothétiQ
lie MontargÎH, CoUecliou Navarre, Blldiothéque nalionall
Te 7405 )
ItinttHre d'une épidèmir du tjvnvedvH tnthonhrmstspittntk
ftes fdu$ tjrnvvs et des pinn amtatfiensi's^ mémoire ctnjronfl
par la Sociélé royale de médecine, 1785. Oiicans, 178". ln-4
yîèmoite ^://r t'épidétnie qui n régné en J7H't, dana ht nul
— 299 —
légation de Monlargis. Ouvrage qui a remporté un des pre-
miers prix de la Société royale de médecine de Paris, le
29 août 1786, par M. Gastellier. A Orléans, 1789. In-8o de
68 pages et 1 tableau. (Collection Navarre, Bibliothèque
nationale, Td 52-18.)
Sur la Santé, note conseillant remploi du verjus pour
combattre les effets de la grande chaleur, insérée dans les
Affiches de Sens, 10 juillet 1794. Demi-colonne.
Histoire de Vépidémie qui a régné à CerizierSy Theil et Vau-
mort, précédée d'observations sur la topographie de cha-
cune de ces communes, et sur une source nouvelle qui a
jailli à Cerisiers, le 3 mars 1793, par René-Georges Gastel-
lier, médecin de l'hospice civil et militaire de Sens, membre
de la Société philosophique de Philadelphie, et par Louis-
François-Jean-Baptiste Tonnelier, médecin à Saint-Floren-
tin. Sens, V® Tarbé et fils, imprimeurs du district, Tan III.
In-8o de 8 et 91 pages. (Collection Navarre, D>' Moreau.
Bibliothèque nationale, Td 52-70.)
Qae penser enfin du supplice de la guilloltine f Nouvel exa-
men de cette question, par René-Georges Gastellier, médecin
de rhospice de Sens, membre de la Société philosophique
de Philadelphie. A Sens, 3 frimaire an IV«. A Paris, chez
les marchands de nouveautés. Tan IVc de la République.
In-8» de 20 pages. (Collection Navarre, Bibliothèque natio-
nale, Tb 11-7, D«- Moreau.)
Histoires de deux épizooties dont Vune bénigne et Vautre
maligne et des plus meurtrières, dans plusieurs communes de
l'arrondissement de Monlargis, an IX. Insérées dans le cin-
quième volume des n émoires de la Société médicale, an XI,
page 359.
Dissertation prouvant • qu'il n* existe pas de fièvre puerpé-
rale sui generis, » accueillie par la Société de l'école de
médecine, en 1803.
Traité sur les maladies des femmes en couches, par M. Gas-
tellier, membre résidant de la Société de la Faculté de
Paris. Paris, 1811. In-8". Ouvrage annoncé par le journal de
-j
4
— »X) —
Conrisarl, août 1812. ^Bibliothèque nationale. Te 126 Ti
ObMenmtion» iur la rage, par R.-G. GastelHer, extraites do
Journat de médecine, chirurgie, pharmacie, etc., août 18U
Imprîmene de M«« V'^'^ Migneret, nie da Dragon. In-8' de
tapages, t Bibliothèque de Montargis.)
Lettre de R.-G. GastelHer à M. le docteur Fournier, In-8' de
23 pages (Bibliothèque de Montargis.)
Précin historique d'une fluxion catarrhale foudroyante. 7/11
m'a frappé de la cécité la plus cruelle pendant cinq semaines.
et à la su Ile de laquelle j*ai perdu Toeil droit. Ce précis est
Intérè dans le Bulletin de la Société de médecine. 1816
Notice chronologique de mes ouvrages. Paris, 1816. In-4» de
32 pagCH De rimprimcric Renaudière, rue des Prouvai
rcft, ïi" IG. (On trouvera dans cette notice quelques ouvra
gen ne (]}4urant pas dans cette liste.; (Bibliothèque dcMon-
largjïi. HJhtiothèque nationale, Ln 27-8314.)
Controiwrses médicales, par R.-G. GastelHer, 30 juin 1817
In -8" dt' 1(12 page^. Imprimerie de Migneret, rue du Dra-
gon^ n« 20. (Bibliothèque de Montargis, Bibliothèque natio-
nale, Te 126-33.
SiUtr (h's conlroverses médicales, par R.-G Gaslcllier
J*iins, 1'^ avril 1818. In^**. A Paris, chez Croullebois, libraire
rue des Muthurins, «*» 17 et chez l'Auteur, rue du Four, f. SC
n' 17. fHilïliothèque de Montargis >
(Hmiiuitions et réflexions relatives à Vorganisation actiiclk
de ht médecine. Paris, sans date. In-8" de 32 pages.
ICxposr fîdéle de petites véroles survenues après les vacci-
nât ionn, suivi d'observations pratiques sur la petite vérole
nntiitTHo, sur la petite vérole artificielle et sur la vaccine,
aiijsi (jiK' quelques propositions tendantes au perfeclion-
ncïitent i L h ramélioration de la vaccine. 1819. Imprimerie
de la Henaudière. In-8" de 119 pages. A Paris, chez Croule-
btfis, lihiîiirc, et chez l'auteur, rue da Four-Saint-Germain,
IV* 17. 'Ilibliothèque (le Montargis, Bibliothèque nati nnle
— 301
l«
ECRITS POLITIQUES ET DIVERS
Mon premier mot à MM. les Députés du tiers-état du bail-
liage deMontargis, par Gastellier (sans lieu). ïiî-8« de 7 pa-
ges. (Bibliothèque d'Auxerre.)
Adresse à mes concitoyens. Paris, 1792. In-8o. (Bibliothè-
que nationale, Ln 27-8312.)
Observations et réflexions relatives aux circonstances ac-
tuelles... le 15 mars 1792, l'an IV de la Liberté. Paris, impri-
merie nationale, in-8o. (Bibliothèque nationale. Le 33-3 U.
Opinion sur l'envoi aux quatre-vingt-trois départements,
delà lettre de M. Rolland au roi. (16 juin 1792.) Paris, im-
primerie de Dupont, in -8». (Bibliothèque nationale. Le
34-204.)
Opinion de /?. G. Gastellier, ex-maire de la ville de Mon-
largiSj député du département du Loiret, sur la suspension
de M. le Maire de Paris, 13 juillet. Fan IV de la liberté (1792)
(sans lieu). In-8' de 8 pages. (Bibliothèque d'Auxerre, re-
cueil Tarbé, Bibliothèque nationale, Le 34-109.)
Troisième et dernière adresse à mes concitoyens, par Gas-
tellier. Sens, 3 octobre 1792 (l'an I^rde la République). Veuve
Tarbé et fils, imprimeurs du district, 1792. In-8'» de 8 pages.
Bibliothèque d'Auxerre, recueil Tarbé.)
Lettre du citoyen Gasiellier, médecin, ancien maire de
Montargis, ex-député de l'Assemblée législative, à MM. les
Commissaires de la Convention nationale dans le déparlement
de l'Yonne, séans à Sens, datée de Nemours, le U octobre,
lan hr de la République, et suivie de la réponse des com-
missaires de la Convention nationale J. S. Rovère et Claude
Fauchet. Affiches de Sens, n« du 25 octobre 1792. (Bibliothè-
que de Sens, Bibliothèque d'Auxerre.)
Lettre du citoyen Gastellier au rédacteur des Affiches de
Sens, datée du 9 novembre l'an V'^ de la République fran-
çaise, et reproduisant une Lettre de Jard-Pauviller, an-
cien député à l'Assemblée législative et membre de la
sd k^
— 302 —
Convenlion nationale. Affiches de Sens^ n° du 10 novembre
1702- (Bibliolhc^quede Sens, Bibliothèque d'Auxerre.)
Bené-Gcûrjjes Gastellier, officier de santé, à Sens. Aax
Citotfem composans la Société révolutionnaire de ladite com-
mune. Sens, 16 thermidor, Tan II de la Republique une et
indivisible^ avec pièces justificatives. Vignette de Timpri-
nierie Tarbé In-8^ de 31 pages. (Collection Navarre, doc-
teur Moreau, Bibliothèque d'Auxerre.)
Aux président et membres composant la Société révolulion-
naire de Sens, par Gastellier. 24 thermidor, an II, Sens,
Tarbé. In-4'> de 3 pages. (Bibliothèque d'Auxerre.)
A mes concitoyens. Exposé de ma conduite active commt
homme politique. Paris, 1817. Imprimerie de Migneret, ru(
du Dnigon, Ta nbourg Saint Germain, n® 20. Iii-4o de 20 pa
gcs. (Hibllothèque de Montargis, Bibliothèque nationale
Ln 27-8313.)
UN PONTIFICAL SENONAIS
DE LA
BIBLIOTHÈQUE ROYALE DE BELGIQUE
Le manuscrit 9215 de la Bibliothèque royale de
Belgique est un pontifical, c'est-à-dire un livre li-
turgique contenant les formules et textes relatifs
aux sacrements et bénédictions conférés par Tévê-
que. II est qualifié sénonais dans le catalogue des
manuscrits de cette bibliothèque par le R. Père
van den Gheyn (1). Le savant conservateur des
manuscrits de Bruxelles fonde cette attribution sur
deux passages du texte, l'un, au fol. 88 : « Vis pro-
jmonem consuetam a tuis predecessoribus et ce-
kris ecclesie Senonensis suffraganeis? t> Tautre, au
fol. 94 : « Vie Senonensi ecclesie et mihi meisque
mccessoribus subjectionem ? d Ce sont là les ques-
tions que posait à Tévéque élu Tarchevêque consé-
cralcur, et auxquelles le sufTragant répondait par
un serment de fidélité à l'Eglise de Sens, serment
appelé profession (2).
\
tll
<1 Catalogue des manuscrits de la Bibliothèque royale de Belgique, t. 1"
.' Voir ahbé CiiAnTRAinE, Carlulaire du Chapitre de Sens, p. xi et suiv.,
ft p 175 et suiv.
fil
^*.-".^
XV" siùclt\ et même lett
lont encadrées de tiget
>is poiiiLes, feuilles dei
— 304 — 1
Le manuscril dont il s'agit |>rnvient de rnitcî
bihlioHieqiie des ducs de BoiirgDniio. La heaui
son oniiMiRiilation Ta rendu ct^lèbre. L'écrit
qui semble avoir été tracéi* d une même maio
lïout à Taulie, accuse le xr siùcle, et même le
de ce siècle. Les pages son
nies de ces feuilles à Iroi
ou de vigne stylisées, qu on voit apparaître dai
marges des manuscrits au xiv*' siècle, mêlées
des Heurs à pétales; les couleurs sonl le rou|
bleu et Tor, Les lettres majuscules, au eoniiUi
ment des ch;i pitres et des i>u ni graphes, sonl
Uines d\>r encadrées de viokl ut de bleu. Qui
unes sonl ornées, en leur milieu, de |)ej n turcs rî
sentant lévéque dans rexeicice de ses div(
fonctions. Outre ces petites scènes, il y a deu
bleaux plus grands. L'unoccu|)ela moitié supérî
du premier fiuillet et reprèseule Tévéque bénis
le peuple du haut de ramlioji Le préhil, in
crosse, bénissant, tourné veis un livre que luij
se nie un clerc, est sur une soriede fribuneitnM||;
par trois colonnes; derriéiu lui, deux clena»
chape; sous la tribune, un roi ut (|ualie autres |
sonnages agunouillés reprèsunk^nt fe peuple,
fond du lableau est formé [>ar des losanges al
nativenienlbleu et or. Au-dessous du tableau c»
în en cent les formules de hiiiéilictifuis ponlific;
pour tout le cours de Tanuée,
Au folio 12!) se trouve Tau tic grande ])einlure,
présenlanl la crucifixion et précédant le canon d^
messe. Cette peinture est tiés remarquable. Je:
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— 305 —
est prêt à rendre le dernier soupir. Au pied de la
croix, le disciple bien-aimé, Jean, se rejette en ar-
rière dans un mouvement de terreur et de désola-
tion. La Vierge, agenouillée, lève les mains au-dessus
delà tète. Madeleine, également agenouillée, vue de
dos, écarte les mains en signe de douleur et tourne
la tête vers la Vierge. A Tarrière-plan, Marie Sa-
lomé, également à genoux. Comme pendant et
même en contraste à ce groupe désolé et émou-
vant, un groupe de trois hommes debout, dans une
pose calme : Tun, à l'air décidé, portant une massue
et dans lequel on pourrait voirie centurion, puis un
soldat et, derrière, un personnage indéterminé figu-
rant peut-être les pharisiens.
Cette peinture a été reproduite au trait en tête du
tome III du Catalogue de la bibliothèque royale des
ducs de Bourgogne, paru en 1842. C'est sûrement
l'œuvre d'un maître flamand. Alfred Michiels Ta
longuement décrite dans la seconde édition de
{Histoire de la peinture flamande (1). Il Ta attribuée
ï Roger van der Weyden ou Roger de la Pâture,
longtemps connu sous le nom de Roger de Bruges,
'lève de Jean van Eyck, né à Tournai vers 1 100 et
Tîort en 1464. a Le talent de Roger van der Weyden
ic trahit, dit Michiels, par des signes manifestes...
3n y reconnaît, à la première vue, la manière du
3eintre fameux, ses Immenses draperies, ses gestes
nolents, ses expressions et ses poses dramatiques,
;on habile façon de reproduire la campagne, d Et
«1. 2- édil (1866), l. Uî, p. 81 et suiv.
20
— 306 —
le môme auteur ajoute : a: Si Ton n'attribuait pas
hanlimeiit cette miniature à Van der Weyden, il
faudrait renoncer pour toujours au travail d'induc-
tion qui baptise les tableaux d'après le style des
maîtres. Non seulement le C.hrist a la longueur cl
la maigreur que lui donnait habituellement Roger
van der Weyden, mais sa laide figure, osseuse cl
trapue, ses cheveux incultes, tombant éparpillés sur
la droilCj sa bouche tordue par la douleur, se re-
trouvent exactement aussi bien que les propor-
tions insolites du corps, dans le rétable des seplsa-
cremenls. y>
Mais les caractères que Michiels signale comme
propres à Roger van der Weyden ne se relrouvenl-
î!s pas dans Tœuvre d'autres peintres flamands dn
même temps? Pour ce qui regarde le rapproche-
ment avec le triptyque des sept sacrements, esl-il
même nussi justifié et probant que l'affirme notre
auteur? Le centre de ce triptyque est occupé par
une triicifixion, où la disposition et le costume
même îles personnages diff^èrent complètement de
la disposition et du costume de ces mêmes person-
nages dans la crucifixion de notre manuscrit. Sui
h* triptyque, les seuls assistants sont la Vierge
Jean, Marie-Salomé çt Marie-Madeleine. Au liei
d'être groupés à droite, ils font cercle autour de 1î
croix. Jean soutient la Vierge qui s'affaisse. Le
gestes sont calmes au lieu d'être violents.
Assurément, les historiens de Tart, nos contem
poiains, affirmeraient, avec moins d'énergie, l'ai
Irilïution de notre peinture à Roger van derWey
'_ 307 —
den, si même ils ne refusaient pas d'y reconiiaifre
la même main qui a peint le triptyque des sept sa-
crements. Sans doute ils s'absliendraictit de tneltre
aucun nom sous noire miniature.
Quoi qu'il en soit, le tableau du folio 1 et celui
du folio 129 du Pontifical de Bruxelles sont certai-
nement de deux peintres différents.
On reconnaît pareillement deux mains dans les
petites scènes tracées à Tintérieur des lettrines.
Elles représentent : Tévêque procédant à la dédi-
cace d'une église (fol. 29 v«), la consécration d'un
autel (fol. 53 v^), la réconciliation <i'une église
(fol. 67, vo), la tonsuration d'un clerc (fol. 74, v»),
l'ordination d'un acolyte (fol. 75, v«), la consécra-
tion d'un évêque (fol. 87), la bénédiction d'un abbé
de moines (fol. 94), la bénédiction d'un Lil)bé de
chanoines (fol. 97 v^), la bénédiction d'une* abbesse
(fol. 99), la vêture de religieuses (fol. 1(KI, v*'), le cou-
ronnement d'un roi (fol. 109), et celui d'une reine
(fol. 115 yo), Timposition des cendres bénites
(fol. 121), la prédication (fol. 125), la consécration
du saint-chrême (fol. 127), la célébration de la
messe (fol. 128,) l'administration du baptême
(fol. 139, yo), la bénédiction des rameaux (fol, 137),
l'administration d'un infirme (fol. 151) (1).
Ces petites miniatures sont l'œuvre tl au moins
deux artistes : le premier a tracé celles des feuillets
29 et à 100 yo; le second, celles des feuillets 109 à
(1) Celle lisle de miniatures a élé donnée par le R. P. \nn dcn dicyn
op. cit., et nous la lui avons empruntée à partir du fol. 121.
'y\
— 3Û8 —
151. En outre, celles du premier groupe sont de
même style, et probablement de la même main
que la grande peinture initiale. Les miniatures du
second groupe commençant au folio 109 avec le
couronnement royal ont été exécutées, sinon par
Farliste à qui Ion doit la crucifixion du folio 121),
au moins par un artiste de la même école.
Le premier groupe de peintures est Toeuvre d'un
artiste d'un talent médiocre et travaillant dans le
style du xiv' siècle ; le second groupe est d'un style
plus nouveau, ayant les caractères propres à Tart
du milieu du xv*' siècle, peut-être même de la se-
conde moitié de ce siècle, et si nous pouvons
croire que deux enlumineurs ont travaillé à décorer
la dernière moitié du manuscrit, c'est que les pein-
tures y sont de valeur inégale.
Michiels avait été frappé, — et il ne pouvait pas
ne pas l'être, — de la différence de style entre les
miniatures de la première et celles de la seconde
partie du volume. 11 en avait conclu que le volume
avait été fait en deux fois, que la première partie
en avait été et écrite et enluminée » pendant le
xivc siècle, et la seconde au siècle suivant; sans
prendre garde que l'écriture était la même du com-
mencement à la lîn, et qu'à supposer qu'elle ne fût
pas d'une seule main, elle avait, dès les premières
pages, les caractères propres à l'écriture du x\^ siè-
cle. Il faut en conclure que ce manuscrit n'a été
écrit qu'au xv^ siècle, et que la décoration a été
confiée à deux ou trois peintres, le premier appar-
tenant à une école attachée aux anciennes traditions
— 309 —
ou copiant un modifie ancien dont il conservait le
caractère ; le second ou les deux autres, plus indé-
pendanls dan;* leur conception, et appartenant à la
nouvelle école.
Il nous a paru que ce I^oîitifical qui, directement
ou indirectement, se ratlacheà TEglise de Sens de-
vait être signalé à Tattention de nos confrères de la
Socîélé archéologique.
Maiiugk Prou.
CIMETIÈRE CAROLINGIEN
A L'ABBAYE
DE SAINTE-COLOMBE-LEZ-SENS
Kii creusant un vaste puisard, à Tabbaye de
Sainle-(.<)Iombe, au milieu de la cour de la ferme,
les ouvriers ont mis à jour cinq sarcophages en
pierre oolithique blanche, originaire des coteaux
de la baille vallée de l'Yonne et telle qu'on en ex-
ploite il Oavant, à Coulanges ou à Mailly-la-Ville
Aussitôt qu'ils ont été prévenus par l'architecte,
M. Ricliardot, MM. l'abbé Chartraire, Moreau,
Sépol et Perrin se sont transportés à Sainte-(.o-
lomhL\ Mais déjà les couvercles, formés d'une dalle
plate, avaient été brisés, et les terrassiers rejetaient
sur le sol les ossements noircis par les infiltrations
prolontjoes des eaux de la ferme, qui s'étaient ac-
cumulées dans les cercueils, présentant une saisis-
sanle image de « ce je ne sais quoi qui n'a de nom
en aucune langue, d Aucun objet ou débris ne fui
trouvé, ce qui n'est pas surprenant en de telles
conditions.
— 3H —
Les cercueils étaient tous de même forme, plus
larges à la tête qu'aux pieds; ils étaient oriculés à
Test avec une légère déviation vers le nord et avaient
été disposés, sans alignement précis, à une profon-
deur de 2ni80 au-dessous du sol actuel de la cour,
soit 2 mètres environ au-dessous du sol normal, la
cour ayant été exhaussée pour parer aux inonda-
lions.
Un sixième squelette était inhumé dans le sol
même, à côté du cercueil B et à la même proTon-
deur; avec la terre qui occupait le fond de la lusse,
Ton ramena deux petits fragments d'une poterie
rouge, vernie et fine, assez semblable, mais posté-
rieure, aux poteries gallo-romaines.
Quatre des sarcophages ne présentant aucune
sculpture, on prit le parti de les abandonner au
fermier. Mais le cinquième fut remonté avec soin
et porté au musée avec la permission du proprié-
taire de la ferme, M. le docteur Perronne.
Ce cercueil, marqué de la lettre A, au plnn qu'a
bien voulu dresser, pour nous, M. Bauban, entre-
preneur, renfermait un squelette de haute taille,
parfaitement conservé et qui le remplissait exacte-
ment, l^s ossements, fortement teintés par les in-
nitrations des fumiers, étaient en place, saut le crâne
qui avait été déplacé et retourné par le mouvement
des eaux pendant les crues séculaires de TYonne.
Les bras était étendus le long du corps.
Le cercueil avait les dimensions suivantes :
Longueur extérieure . . . 2'n()5.
Largeur extérieure, à la tête . ()'»'62.
^ I '
4'
J
— 312 —
Largeur extérieure, aux pieds ()"»37.
Hauteur extérieure, à la tête. 0'"4G.
Hauteur extérieure, aux pieds 0'n40 seulement.
Epaisseur des parois 0"»06.
Epaisseur de la dalle supérieure. . 0"»07.
Par suite de la négligence des ouvriers, nous
navons que le fragment postérieur de celte dalle;
il offre, en relief, une arête médiane qui parait être
le bas d'une croix.
La tête du cercueil n'a aucun ornement; le bout
opposé porte, au contraire, une large croix pattée,
gravée à la pointe du pic, et cernée d'un trait en
bordure. Les deux faces latérales sont couvertes de
petits sillons ornementaux en arêtes de poisson,
rormant un rectangle qui se trouve limité par un
trait d'encadrement et une bordure de hachures diri-
gées en sens inverse. Aux deux bouts du rectangle,
la bordure a été doublée au moyen de contreha-
chures. Le tout a été exécuté sommairement, à
main levée; certains traits, gravés de travers, ont
clé redressés au moyen d'une seconde entaille.
Tous ces détails nous autorisent à penser que ces
sépultures datent de l'époque carolingienne, du
vin*' au xi*" siècle (1). On sait que l'abbaye de Sainte-
Colombe fut fondée, en 620, parle roi Clotaîre IL
augmentée par Dagoberl, administrée par saint Eloi,
mais que le premier abbé régulier ne fut élu que
vers la fin du vn*' siècle (2).
La cour de la ferme de Sainte-Colombe est située
(1) Cf. liuUetin de la S<tc. des antiquaires, 1870, p. Kl.
\2) Voir //i5/. i\e l'ahhaye de Sainte-Colombe, par l'ablM* Brullée.
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Bergeries
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Ferme de S? Colombe
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— 313 —
en dehors de Tenceinte de Tancienne église abba-
tiale et de son cloître; elle était, dès le moyen âge,
consacrée aux services ruraux deTabbaye. On peut
conclure de là que le cimetière que nous venons
de découvrir remonte à une époque plus reculée et
qu'il était consacré, non aux moines ordinairement
inhumés dans le cloître, mais aux serviteurs, aux
bienfaiteurs des moines, ou aux chrétiens désireux
de reposer aux pieds de la vierge martyre. Le pape
Adrien IV, en confirmant par une bulle les privilèges
de l'abbaye, avait eu grand soin de rappeler celui-
là : a Nous accordons aussi, disait-il, liberté de sé-
pulture en ce même lieu, et voulons que personne
ne s oppose à la dévotion et à la dernière volonté
de ceux qui auront résolu de s'y faire inhumer. »
IJ convient de rapprocher de celle découverte
celle quiaété faite en 1869. (Bullelin de la Soc. arch,,
t. X, p. 358elsuiv.)
J. Perrin.
— :îi*î —
des Vaûlessurbabî^eeH et par le t'ône U'clioulenie
ceitlral. Anne clc torrhcs de papier, puis dimc bo
gîe, je me Iralnttt à plal veiiîre le Urn^ de la par
el massLuai que. nulle part, n'a |)punvissait îiihui
trace du Innail de rhninine, rareeau de la voù
des culs-de-sac s'élant foniie naturel leiiienl par
dêlachcnienl régulier de morceaux de niarue, hh
clivés el porlaiil la Irace mû de radicelles de véj
taux, soil triniilhations ari^ileUHeîi.
Dans ces conditions, la eonctusiou slnipose,
n'y a pas de sou 1er rai u, mais une simple dîada
de la craie» ayant produit des érusicms inUrnes,
la manière des hctoires ou aliimes* si frêquer
dons la vallée de la Vanne.
Les eaux pluviales, rapidement absorbées p
les lerres arables de ! étroit (ilnteau de la CJiapcll
Saint-Ciermaîn, se sord infiltrées datis la [joche ;
gileuse fonnantdtVme au-dessus de ma tête, (^onir
elles étaient chargées de Tacide carbonique de la
elles ont attaqué constamntenl, au cours des s
des, la eraie marneuse et leiulre du snns-suL Eli
en ont [jeu à peu dissous les parois, et les emprui
suceessirs de earbonales de ebaux qu'elles y c
faits ont Inn par praliciuer, dans les zones dé^ayi
gées, les gi^otles (|ue nous voyons el qui se pruj
genl sans dotde en s'aluiissant au delà des eulsn
four que nous apercevons. Sui' lui point, la voi
de craie a cédé, pioduisant Tentonnoir d'etTond
înent par où nous scmimes descendu ; et où de no
breux trous, analogues à des teiTÎers, attestent le t
vail persévérant el corrosif des eaux supérieures
— 317 —
Ainsi s'explique rexislence de la fontaine Saint-
(ierniain, qui sort, sur le flanc du coteau, à 30 ou
40 mètres plus bas, et à 300 mètres environ du
point de notre diaclase. Elle parait à une profon-
deur de 7 à 8 mètres et ne tarit presque jamais. De
nos jours, elle rafraîchit les moissonneurs altérés;
autrefois, elle guérissait les fiévreux par l'invocation
du saint évêque d'Auxerre, qui, bénissant ses
eaux, lors de son passage dans nos contrées, dut
y détruire les supersititions païennes dont les vieux
Celtes entouraient les fontaines et les sources.
Celle-ci ne s'écoule pas; avant d'avoir été recouverte
d'une voûte de maçonnerie, à laquelle on accède
par un escalier de grès, elle devait occuper le fond
d'un entonnoir d'efi^ondrement, analogue au nôtre,
maison passait le niveau piézométrique de la nappe
d'eau que retenaient les cavitcis supérieures de la
craie marneuse et que supportait la couche de craie
blanche compacte et peu perméable qui succède à
la marne. Le niveau de la fontaine Saint-Germain,
en vertu de la théorie des vases communiquants,
monte ou descend suivant que la petite nappe sou-
terraine qui Talimente est plus ou moins abon-
dante.
La Société archéologique n'a aucune fouille à
opérer sur ce point, mais la découverte qui lui a été
signalée lui aura permis de faire une constatation
très intéressante sur l'origine d'une fontaine que sa
situation très élevée a toujours rendue mystérieuse
aux anciens habitants de la contrée.
Quant à la tradition relative au passage de
^
— 318 —
saint Germain d'Auxerre dans cette contrée, elle
est très vraisemblable, encore qu'elle ne soit pas
rapportée dans sa vie écrite par Constance. Saint
(lermain a fait deux voyages en Anglelerre : le pre-
mier, en 429, le second, en 446; mais le biographe
nv donne aucune indication sur son itinéraire. On
peut supposer que le saint a suivi la voie romaine
qui va de Sens à Condate (Montereau) et de là à
SIelun et Paris. C'est dans le premier de ses voyages
qu'il a consacré sainte Geneviève alors enfant.
La chapelle Saint- Germain, située sur la mon-
tagne, non loin de la fontaine de ce nom, existait
à Tétat d'église dès Tannée 1197 : Ecclesia sancli
Gennani, cum capellà super Orosam quœ est desancto
Laurentio. (Quantin, Cart. de i Yonne, t. II, p. 484.)
Elle devint peu à peu déserte, par suite de l'aban-
don du village par les habitants, qui descendirent
dans la vallée et se groupèrent autour de la cha
pelle Saint-Laurent. (Voy. Quesvers, Pouillé du dio-
cèse de Sens, t. I*% p. 300. Tarbé, Almanach de Sens,
17H9, pp. 47 et 48. BulL de la Soc. archéoL de Sens,
t. Il, p. 22.)
Joseph Perrin.
Février 1906.
LISTE DES MEMBRES
l>E LA. SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE DE SENS
AU 31 DÉGElklBRE i906
MEMBRES D'HONNEUR
Mo>{SEiGNEUR l'Archevêque de Sens.
Monseigneur Dizien, évêque d'Amiens.
MM. LE Préfet de l'Yonne.
LE Maire de Sens.
Héron de Villefosse, membre de l'Institut.
LE COMTE DE Lasteyrie, membre de l'Institut.
LE DUC DE Clermont-Tonnerre, à Ancy-le-Franc.
MEMBRES HONORAIRES
MM. Prudhomme, docteur en droit, juge à Lille.
Paulin Blondel (l'abbé , doyen du Chapitre.
Raymond Lorne >{t, docteur en médecine.
Théophile Mémain (l'abbé), chanoine de la Métropole.
MEMBRES DU BUREAU
MM. Joseph Perrin, président.
Chartraire (l'abbé), vice-président.
Barreau, secrétaire.
Dappoigny, pro-secrétaire.
Paul Roy, archiviste.
Thorin, vice-archiviste.
Marquiand, trésorier.
iëm
mn
IM02
1894
1KÎÏ5
1890
1«97
— 320 —
MM ^^"^^^»*«ES TmiLAfHi
DLciioiiN l»iiul, imprimeur
l>iiiuux Joseph, (> *î, S (i., a vocal
Ki,Kv Louis, setîlpteur.
BEAtrKiL JN licornes, îivocat.
crtlafrc(k- lArclievt^ché.
PAtiKiiji, iitdu&trtcL
Pguk Hiïcnnc, greffier en chef du M
Bauillon (1 ablKi, vicaire gênérul,
de rArcliûvêchi*.
ToLi>\% Il A., professeur de musiqw
HoY Pnul, |*ropriélaîre,
OtiM.KT (lublKM, doycu ile Saîul-Ma
Hbnahu Henri phanuacien.
Blvigsikh Pnnl, *fr {> . .j,^ chef de ha
Houssi-Luî Léon, a A, architeele
NixoT, phnrmacien
Deciiamtmik Louis, iiotnire,
LAiita^NA Lucien, docleur en médccî
Mahqi^jaku Jules, natairc.
CotoviUKT Henri, eemimi^saire priî^c
Chosikh Paul, industrieL
riF:jiAnn Paul, n vocal, doeieur en dr
Abuat ïllppolyte, proprielairc,
I>Ji;.STOMHJ£s Paul, avocaL
Baiu;v, pharmacien,
Solumasx Paul, professeur ao
nu Thayni^l Oclave, proprii'taîre
Chandksieh Fi^iix, propHéJaire.
Fa un fi:, dorlcur en métiecine,
Rov Maurice, O I , con^iCiilcr référcn
eî>mptès.
(kioLLOT (ralibéi, prèlre sacristain
Doi îïLOT Lucien, notaire.
CÔTE (lalihtn, chanoine honoraire, a
— 321 —
M>f.
1901 Lehmann, graveur imprimeur.
— Caillet Casimir, *R* O., médecin principal de Tarmée,
en retraite
— Caron Benjamin, pharmacien.
1903 Thorix (médaillé militaire), ancien commis greffier
près le tribunal civil.
— Venot Henri, agent d'assurances.
— Dappoigny, architecte.
— Lac AILLE Alfred, propriétaire.
— MoREAU René, docteur en médecine.
— Bailly-Salin, docteur en médecine.
— Belot, industriel.
1904 Heurtefeu Théodore, professeur au lycée.
— SiMONNET, notaire à Egriselles-le-Bocage.
— de Cussac, inspecteur des eaux et forêts.
— Gexty, directeur de la Banque de France.
— Barraux, conducteur des ponts et chaussées.
— Baudry, industriel.
— Morel Auguste, industriel.
— Virally, pharmacien.
— Laboise Louis (l'abbé), curé de Saint-Savinien.
— Prou Maurice, ^. professeur à TEcole des chartes.
1905 Corberon Paul (l'abbé), aumônier de la Providence.
— Heure Paul, 0 1., bibliothécaire de la ville.
1906 PoiGET, professeur de philosophie au Lycée.
— SÉPOT René, agent principal d'assurances.
MEMBRES LIBRES
MM.
1871 Hatton Eugène, * O., 21, rue Monsieur, à Paris.
1878 DE Flamare, archiviste du département de la Nièvre.
1891 PopoT Henri, dessinateur à Paris.
1892 LouziER Sainte-Anne, ^, architecte du gouvernement,
à Paris.
— Martin Léon, conimissaire-priseur à Grenoble.
1893 Chéreau Louis, Q A., conseiller général, à Serbonnes,
21
_ 322
MM.
1993 Petit le docteur), it,
PoDt-sar-Toaiie.
— DoNDENNE chanoine, doyen de Toncj iToww).
— Mabtin Charles, aToné à Paris-
1894 RocuN, docteur en médecme, à Parisw
— Deugand Georges, avocat à la Coor d*appely à Pvn.
— Malrot Louis. 4ft »& O., a À., chef de batailk» en
retraite, 25, rue des Ecoles, Pteis.
— ViLLETARD (Fabbé), à Sligny, près Tonnerre (Yœoe).
— Bocvyer Edgard, à Tours (Indre-et-Loire).
~ BoNNEAC dabt^é», curé doyen de Chablis (Yonne).
— Chandenier Louis, entrepreneur à Joigny.
1805 LioRET Georges, conseiller général, à Moret (Scioe-et-
Marne).
— HoRSON (chanoine), doyen de ViIleneuye4ur-Yoiuie.
1896 Deunotte (chanoine), supérieur du Séoiinaire de Joi-
gny-
— Baillet, agrégé des lettres, à Orléans.
1897 Gaultry Ferdinand, à Paris.
— LocvRiER Maurice, propriétaire à Saint-Sérolin.
1898 Bertrand de Broussillon, propriétaire, au Mans*
1808 Feus Georges, sous-directeur des contributions ^^
rcctes, à Montdidier (Somme).
lîKM) Vignot Charles, propriétaire, à Paris.
- Pkknot Paul t l'abbé), à Paris.
HoLiJN Kdouard, capitaine d'ariillerie, au Mans.
— Lacihanck Joseph, chef d'escadron d'artillerie, àD^**^*'
1001 PoHKi:, O A., îirchivisle de l'Yonne.
Tahhk dkVacxclaihs (M"«' Jenny), au château deNa»^^^'
près Sens.
1002 CiiAHTON Jules, ^ O., ingénieur en chef honoraire d^
chendnsde fer du Midi, rue de Sfax, 1, à Paris.
HaciOt d'abbé», curé de Champigny-sur- Yonne.
lOO^J Fliciii-: Louis, avocat -h la (-our d'appel, 1, rue de l'W
versité, Paris.
- Tknaillk d'Kstais, avocat à Paris.
— 323 —
MM.
3 MuLON Henri, notaire honoraire.
DiJOLS Charles, propriétaire à Chanipigny-sur-Yonnc.
EspÉRANDiEU, capitaine, correspondant de l'Institut,
route de Claniart, 59, à Vanves (Seine).
4 JoBiN (Fabbé), chanoine titulaire, à Gigny (Yonne).
6 Chanvix Constantin, propriétaire, à Chablis.
16 LiBERT Léon, au château de Paron (Yonne).
- Lasnier ^, ancien receveur des finances, à Corbeil.
- DU Mesnil (baron), au château du Champ-du-Guet,
près Villeneuve-sur-Yonne.
- Fliche Augustin, à Paris.
- Ramain Georges, docteur es lettres, professeur agrégé
à l'Université de Lyon.
MEMBRES CORRESPONDANTS
M. DE Beaitv'illé, à Montdidier (Somme).
de Belleval (le marquis), ancien sous-préfet.
Besse (dom), directeur de la Revue Mabillon, à Chevc-
togne (Belgique).
Cramail Alfred, rue d'Alger, 5, à Paris.
Defer (l'abbé), à Traynel (Aube).
Desciiamps F!mile (l'abbé), chanoine honoraire, ù Paris,
DiDiOT (l'abbé 1, bibliothécaire à Verdun (Meuse).
DicAS, conservateur du musée de Besançon (Doul)s^.
DupRÉ, notaire à Montcreau.
Drot, ancien attaché aux archives de l'Yonne.
Gandelet, à Verdun.
Genevoix François, docteur en médecine, à Paris.
GiHAUD (l'abbé), chanoine honoraire de la Métropole,
curé d'Etaules (Yonne).
GouRKAiGNE, aucicu professeur.
HouLHEKT Constant, docteur es sciences, professeur
au lycée de Rennes illle-et-Vilaino.
Lefort Lucien ^, architecte du département de la
Seine-Inférieure, à Rouen.
— 324 —
MM. Maurice, àBcllières, près Pau (Basses-Pyrénées).
MiRON DE l'EsPINAY.
MoNTANDONAmédéc, à Paris.
Matignon Camille, agrégé et docteur es sciences, pro-
fesseur adjoint à la Faculté des sciences de Paris.
MoREAU Albert, directeur de la succursale de la Ban-
que de France, à Verdun (Meuse).
Pelicier, archiviste à Châlons-sur-Marne.
PÉROT, rue Sainte-Catherine, 42, à Moulins (Allier).
Pinçon (chanoine), archiprétre d*Auxerre.
PissiER (l'abbé), curé de St-Père-sous-Vézelay (Yonne).
PouLUN, O ï» préfet honoraire des études à l'Ecole
normale des instituteurs de la Seine, à Paris.
RÉGNIER Edmond (l'abbé), curé de Villefranche-Saint-
Phal.
DE Septenville, BU châtcau de Lignères (Somme).
SoREL, président du tribunal civil à Compiègne (Oise).
Tavoillot, instituteur.
TiROT (Fabbé), aumônier de Thospice de Ton nerre.
SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES
I. SOCIÉTÉS FRANÇAISES
Abbeville. — Société d'émulation.
Alger. — Société historique algérienne.
Amiens. — Société des antiquaires de la Picardie.
— Société linnéenne du nord de la France.
Angers. — Société d'agriculture, sciences et arts.
Angoulême. — Société archéologique et historique de la
Charente.
Arras. — Académie.
AuTUN. — Société éduenne.
AuxERUE. — Société des sciences historiques et naturelles
de l'Yonne.
AvALLON. — Société d'études.
Bar-le-Duc. — Société des lettres, sciences et arts de la Meuse.
Bayeux. — Société d*agriculture,sciences,arts et belles-lettres.
Beaune. — Société d'histoire et d'archéologie.
Beauvais. — Société académique d'archéologie, sciences et
arts du département de l'Oise.
Belfort. — Société belfortaise d'émulation.
Béziers. — Société archéologique, scientiGque et littéraire.
Blois. — Société des sciences et lettres du département de
Loir-et-Cher.
Bordeaux. — Société archéologique de la Gironde.
Boulogne-sur-Mer. — Société académique.
Bourges. — Société des antiquaires du Centre.
— Société historique, littéraire et artistique du
Cher.
Brest. — Société académique.
Caen. — Société française d'archéologie.
— 326 —
Cannes. — Société des sciences naturelles, historiques, des
lettres, des beaux-arts de Cannes et de Tarrondis-
sement de Grasse.
Chalons-sur-Marne. — Société d'agriculture, commerce,
sciences et arts du département de la Marne.
Chalon-sur-Saône. • - Société d histoire et d'archéologie.
Chartres. — Société archéologique d'Eure-et-Loir.
Château-Thierry. — Société historique et archéologique.
Chateaudun. -- Société dunoise.
Chaumont. — Société archéologique.
Cherbourg. — Société académique.
CoMPiÈGNE. — Société historique.
CoRBEiL. — Société historique et archéologique.
CoNSTANTiNE. — Société archéologiquc de la province de
Constantine.
Dijon. — Société bourguignonne d'histoire et de géographie
de la Côte-d'Or.
— Commission des antiquités de la Côte-d'Or.
Douai. — Société d'agriculture, sciences et arts du dépar-
tement du Nord.
DuNKERQUE. — Société dunkerquoise pour l'encouragement
des sciences, des lettres et des arts.
Epinal. — Société d'émulation des Vosges.
Fontainebleau. — Société historique et archéologique du
Gâtinais.
Gap. — Société d'études des Hautes-Alpes.
Grenoble. — Société dauphinoise d'ethnologie et d'anlliro-
pologie.
GuÉRET. — Société des sciences naturelles et archéologiques.
Le Havre. — Société havraise d'études.
Langres. — Société archéologique et historique.
Lille. — Commission historique du département du Nord.
Limoges.— Société archéologique et historique du Limousin.
Lyon. — Société littéraire.
Le Mans.— Société d'agriculture,sciences et arts de la Sarlhe.
Le Mans. — Société historique et archéologique du Maine.
— 327 —
Marseille. — Société de statistique.
Meaux. — Société littéraire et historique de la Brie.
Mblun. — Société d'archéologie, sciences et arts du dépar-
tement de Seine-et-Marne.
Montpellier. — Société archéologique.
MouuNS. — Société d'émulation de l'Allier.
Nancy. — Société d'archéologie lorraine et du musée histo-
rique.
Nevers. — Société nivernaise des lettres, sciences et arts.
Nice. — Société des lettres, sciences et arts des Alpes-Mari-
times.
Nîmes. — Académie du Gard.
Niort. — Société de statistique, sciences, lettres et arts du
département des Deux-Sévres.
NoYON. — Société archéologique.
Orléans. — Société archéologique de l'Orléanais.
Paris. — Société des antiquaires de France.
— Société des études historiques.
— Société française de numismatique.
Perpignan. — Société agricole, scientifique et littéraire des
Pyrénées-Orientales.
Poitiers. — Société des antiquaires de l'Ouest.
Provins. — Société d'histoire et d'archéologie.
Rambouillet. — Société archéologique.
Reims. — Académie de Reims.
Rennes.. — Société archéologique d'Illc-et- Vilaine.
Rouen. — Académie des sciences et belles-lettres de la
Seine-Inférieure.
— Commission des antiquités de la Seine-Inférieure.
Rochechouart. — Sociétés des amis des sciences et arts.
La Rochelle. — Académie des belles -lettres, sciences et
arts.
Saint-Dizier. — Société des sciences, lettres et arts.
SaiNT-EnENNE. — Société d'agriculture, industrie, sciences,
arts et belles-lettres du département de la Loire.
Saint-Omer. — Société des antiquaires de la Morinie.
— 328 —
Saint-Qûentin. — Société académique.
Senlis. — Comité archéologique.
SoissoNS.— Société archéologique, historique et scientifique.
Toulon. — Académie du Var.
Toulouse. — Académie des sciences, inscriptions et belles-
lettres.
— Société archéologique du midi de la France.
Tours. — Société archéologique de la Touraine,
— Société (J'agriculture, arts et belles lettres du dé-
partement d*Indrc-et-Loire.
Troyes. — Société académique de l'Aube.
Valence. — Société d'archéologie et de statistique de la
Drôme.
— Société d'histoire ecclésiastique et religieuse.
Verdun. — Société philoniatique.
Versailles. — Société des sciences morales, des lettres cl
des arts de Seinc-et-Oisc.
Vitry-lk-F'rançois. — Société des sciences et arts.
II. SOCIÉTÉS ÉTRANGÈRES
Râle. — Société archéologique.
Rruxelles. — Société de numismatique belge.
Chevetogne( Belgique). — Revue Mabillon,
Chicago. — Académie des sciences.
Christiania. — Académie royale frédéricienne de Nor-
wège.
Gand. — Comité central de publication des inscriptions
funéraires et monumentales de la Flandre orientale.
Genève. — Société d'histoire et d'archéologie.
Kninu. — Société archéologique de Kninu (Dalmatie).
Neufchatel. — Société neufchAlcloise de géographie.
Saint-Pétersbourg. — Commission impériale archéolo-
gique.
Stockolm. — Académie royale des belles-lettres et des an-
tiquités.
Trêves. — Commission des musées de Trêves.
Washington. — Smithsonia Institution.
TABLE DES MATIÈRES
DU TOME XXII
Procés-vcrbaux des séances tenues en 1905 i à xlvii
La sépulture du Dauphin et de la Dauphine dans la Cathédrale
de Sens, par M. Tabbé Chartraire 1
Le Docteur Gastellier, par M. le docteur René Moreau. . 249
Uu Pontifical sénonais de la bibliothèque royale de Belgique,
par M. Maurice Prou 303
Un Cimetière carolingien à l'abbaye de Sainte-Colombe-lez-
Sens, par M. Joseph Pcrrin 310
Une Caverne à la Chapelle Saint-Germain, près de la Chapelle^
sur-Oreuse, par M. Joseph Perrin 314
PLANCHES
Pi. Pages
I. Le Dauphin, portrait par Fredou 1
II. Médaillon du Dauphin et de ses (ils 16
III. Allégorie sur la mort d a Dauphin 24
IV. Pompe funèbre de Marie-Thérèse d'Espagne A Notre-
Dame de Paris 33
V. La Dauphine, pastel de La Tour 40
VI. Le Mausolée (ensemble) 48
VII. La Dauphine, portrait par^Fredou 53
VIII. Mort du Dauphin et de la Dauphine, médaillons desti-
nés à la porte Dauphine 60
IX. Allégorie sur la mort de la Dauphine G5
X. Le Mausolée, (détails) 81
XI. Le Mausolée, (détails) . * 96
XII. Le Dauphin et la Dauphine, camée de Jacques Guay. 113
XIII. Le Chœur de la Métropole de Sens 144
XIV. Portrait du docteur Gastellier 249
XV. Le Calvaire. Miniature du pontifical sénonais de Bruxelles 303
h
b
BULLETIN
DE LA
SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE
DE SENS
BULLETIN
DE LA
r l_
SOCIETE ARCHEOLOGIQUE
DE SENS
TOME XXIII
ANNEE 1908
SENS
DUCHRMIN, IMPRIMEUH-ÉDITEUR
1908
INSCRIPTIONS ROMAINES
TROUVÉES A SENS EN 1735 ET 1736
correspondance entre
l'abbé jean-basile-pasghal fenel, chanoine de sens
ET l'abbé JEAN LEBEUF, CHANOINE d'aUXERRE
On connait déjà quelques détails de la corres-
pondance échangée, à la fin de Tannée 1735 et dans
les premiers mois de 1736, entre le chanoine Pas-
chal Fenel et le célèbre archéologue auxerrois Le-
beuf, à Toccasion de la découverte de plusieurs
inscriptions antiques trouvées dans les murailles
romaines de Sens.
Déjà au congrès archéologique de France, tenu
à Sens, en 1847, M« Lallier, président de la Société
archéologique, avait cité quelques passages de ces
lettres dans son rapport intitulé : Détails sur les
inscriptions gallo-romaines de Sens.
Plus tard, les éditeurs des « Lettres de l'abbé
Lebeuf », MM. Quantin et Chérest, publièrent des
extraits des lettres de Fenel formant la réplique à
celles du chanoine d'Auxerre. Mais, comme on en
peut juger en comparant leur texte avec celui que
1
— 2 —
nous reproduisons, ces extraits sont d*une brièvelc
icgrcltable et un grand nombre de détails, précieux
pour rhistoire sénonaise, ont été omis.
C'est donc avec raison que M. Gustave Julliol
avait projeté de publier en appendice de son grand
ouviîige : Inscriptions et Monuments du musée gallo-
romain de Sens (1), le texte intégral de cette corres-
pondance, copié par lui sur les lettres originales
faisant partie de la collection de M. Louis de Fon-
taine, conseiller général de TYonne.
On le sait, la mort prématurée de M. Gustave
Jiilliot ne lui a pas permis de mettre la dernière
main à son étude sur le musée gallo-romain. Le
manuscrit qu'il avait préparé pour l'appendice n'a
été retrouvé qu'après Tachèvement de cette publi-
cation, au nombre des papiers offerts à la Société
archéologique par la famille de M. Julliot.
La Société archéologique n'a pas cru pouvoir
mieux faire que de publier dans son Bulletin cette
étude de son ancien président.
(Il Voir, pages 9 et 112, des renvois a cette publicaUon projetée.
fcL
— 3 —
L'ABBÉ FENEL A L'ABBÉ LE BEUF
A Sens, ce vendredi 21 octobre 1735.
c Monsieur,
< Je répons un peu tard à la lettre que vous m'avés fait
l'honneur de m'écrire le 7 du courant, ce sont les embarras
de la vendange qui sont cause de ce retardement. Je com-
mence par vous annoncer la découverte de deux inscrip-
tions véritablement antiques et romaines dans cette ville,
après quoy je répondray à la vôtre et à celle qui y etoit
incluse et sur laquelle vous daignés me consulter quoy que
vous soyés plus en état que moy d'y satisfaire pleinement.
Cette découverte fut faite le 29 septembre dernier, mais
comme elle a été accompagnée et suivie de quelques cir-
constances singulières, je ne me contenteray pas de vous
envoyer ces inscriptions toutes nues avec l'explicatiop que
j'y donne, je vous feray l'histoire de cette découverte et de
ce qui y a donné lieu, et je feray sur le tout quelques
réflexions, si vous le trouvé bon.
Il y avait depuis plus d'un siècle, vis à vis la porte
Commune de Sens (anciennement dite de St-Pregts parce
qu'elle mène au faubourg de ce nom) (1) une grosse masse
de terre, dont on avoit, selon toutes les apparences, voulu
faire une demi-lune pour couvrir et défendre cette porte ;
mais elle etoit demeurée imparfaite et n'etoit revêtue que
d un côté ; il y avoit au dessous un large et profond fossé
dans lequel un petit bras de la rivière de Vanne (2) prenoit
son cours, et le grand chemin (3) tournoit autour de ce fossé
(t) CeUe porte fut démolie en 1772 et remplacée en 1777 par un arc triom-
phal qui reçut, en souvenir du Dauphin, flls de Louis XV, le nom de
Porte Dauphine. En 1871 on donna à cet arc le nom de Porte d'Alsace et
on le jeta par terre en 1883.
(2) Une dérivation du ru de Mondereau, faite au-dessous de Tabbaye
de Saint-Jean, ai^ourd'hui THâtel-Dieu.
(3) La route de Paris à Lyon qui suivait, dans la traversée de Sens, le
faubourg Saint-Didier, la rue de l'Ecrivain, le bord du fossé, et le faubourg
Saint-Pregts. L'ancienne poste aux lettres se trouvait dans la rue de l'E-
_ 4 —
pour aller gagner la grande rue du fauxbourg. Cela rendoit
ce chemin non seulement très tortueux, et par conséquent
désagréable, mais encore dangereux, car on avoit Texemplc
de plusieurs voyageurs qui, dans des temps de brouillard
ou d'obscurité, et croyants que le chemin alloit tout droit.
étoient tombés dans le fossé, qui n'étoit revêtu d'aucun
parapet. Tous ces inconvénients, joints a la parfaite inuti-
lité de cette masse de terre informe, ont déterminé le corps
municipal à faire détruire cet ouvrage, après avoir eu les
permissions nécessaires, et à combler le fossé en cet endroit
pour faire une grande esplanade dont on pourra faire
cnsuitte une Ires grande et belle place ou marché (li.
ou du moins un lieu de promenade en y plantant des arbres
A l'égard de l'écoulement de l'eau, on a pratiqué un aqueduc
ou canal le long des murs de la ville, sous terre ; et ainsi
l'eau aura son cours sans incommoder le public.
En démolissant cette demi-lune, on a trouvé plusieurs
vestiges de la précipitation avec laquelle cet ouvrage
avoit été construit; cet endroit avoit été autrefois la
place où étoit situé en partie un Hôtel -Dieu, fondé par
un seigneur nommé Garnier du Pré (2). Cet hôpital ou
Hôtel Dieu, qui touchoit au mur de la ville, avoit été
démoli quand on lit les fossés de la ville, dans le temps de
de la prison du roi Jean (3), et il n'en étoit resté qu une
crlvnin ù Tangle de la rue de TEpéc. maison encore habitée il y a quelqun
années par Mlle Lequcux, descendante de l'un des anciens directeurs df
la poste à Sens.
(1) Depuis peu de temps, on y a installé le marché au fourrage.
(2; Cette maison-Dieu, fondée au commencement du xiii* siècle, fut dé-
molie en 1358, lors de la réfection des fossés de la ville. La poterne qu'on
voit encore dans le mur de ville à Test de la porte Dauphine, porUit )r
nom de Poterne de Garnier-des-Prés Garnerius a Pratis que l'abbé Fenel
appelle du Pré. Je ne connais pas les raisons qui ont conduit M. Albert
Hédiard {Bulletin de la SocitHé archéologique de Sens, t. VI). à placer coKe
maison-Dieu en face de la poterne. Peut-être les dépendances s'éten-
dalcnt-elles de la Poterne à la porte de Saint-Pregts.
(3) Taveau, dans son Cartulaire sénonais, chap. 23, dit que les fosses do
la ville de Sens furent commencés en 1308, et cependant chap. 4 il analyse
— 5 —
chapelle et quelques autres édifices qui étoient situés sur
le bord du fossé. Mais cette chapelle fut aussy détruite
lorsqu'on fit la demi-lune en question, en 1590, comme il
parut parTlnscriptionqueje vais rapporter, qui fut trouvée
peinte en caractères noirs dans le fond d'un reste d'arcade
de cette chapelle, le 7 septembre dernier ; il n'est pas néces-
saire de vous avertir que ce n'est pas là une de ces inscrip-
tions romaines dont je vous ay parlé cy dessus, mais je n'ay
pas cru devoir omettre cette particularité que l'arcade de
la porte de cette chapelle, ou de quelque édifice prochain,
éloit encore toute entière sous terre dans Tinterieur de la
demi-lune, ainsy que quelques restes de bâtiment, ce qui
montre que cet ouvrage avoit été fait avec bien de la promp-
titude et qu'on n'avoit démoli que ce qui se pouvoit ôter
facilement. Voicy l'inscription qui etoit peinte figurée exac-
tement :
H. PRO l'an mil V C IIII XX. X
CUREUR CE LIEU A ÉTÉ DÉMOLY
PENDANT LES GUERRES CIVILES
MEUES ENTRE MESSIEURS LES PRINCES
CATOLIQUES ET LES ÉRÉTIQUES.
Cela nous apprend que cette demi-lune avoit été faite
dans le fort de la ligue, pour laquelle tenoit alors la ville de
Sens, et peu après la mort funeste de l'infortuné Henri III.
Vous m'allés demander où sontces inscriptions romaines,
et vous m'allés reprocher que je m'écarte bien de mon sujet,
mais ne vous impatientés pas, sil vous plait, cecy nous y
mené insensiblement. Cette première trouvaille (que je fus
voir, ainsy que tout le reste des habitants de cette ville),
me fit naître la pensée que peut-estre, dans le reste de cette
démolition ou des ouvrages qu'on devoit faire pour l'aque-
duc, on pourroit trouver quelque antiquité. Cela fit que je
une charte de Charles V, fils aîné du roi et régent en France, datée du 3
septembre 1358 accordant des concessions aux habitants de Sens en con-
ùdération de ce qu'ils avoyent faict faire de nouvel, d leurs despens, les
foassez de ladicte aille.
— 6 —
recommanday à quelques uns de mes amis, qui alloient tous
les jours voir ces travaux, de veiller si on ne trouveroil
rien ; mon attente ne fut pas trompée, on vint me dire le
29 septembre qu'en ôtant la terre, qui estoit le long du mur
de la ville, à vingt pas à gauche de la porte Commune, pour
y bâtir des latrines publiques, on avoit trouvé deux inscrip*
tions antiques en lettres capitales romaines. J'y courus,
comme vous pouvez bien penser, et je trouvay les deux
inscriptions suivantes sur deux pierres, un peu audessous
du niveau du chemin public, encastrées et faisant partie du
mur de la ville, elles a voient étés couvertes jusqu'à ce mo-
ment par la terre qui venoit en talus depuis le fond du fossé
le long du mur jusqu'à 3 ou 4 pieds en dessus des assises
de pierre où etoient ces inscriptions; voilà pourquoy elles
ont étés si longtems ignorées et en même temps si bien con-
servées. Voicy la première :
s. VESTAB M
Il s'agit d'abord de constater la véritable lecture de ces
lettres : la pénultième est constamment mal formée par le
bas, la pierre ayant été mangée ou usée en cet endroit, et
je crus d'abord que c'étoit une F; mais le sentiment le plus
général fut que c'étoit une E. Les lettres ont 4 pouces de
long, rv 4 pouces aussy de large. Il y a constamment un
point triangulaire très bien formé entre l'S et l'V. On a dis-
puté s'il y en avoit un aussy entre les autres lettres, et Ton
y voit à la vérité quelques inégalités; mais elles ne sont pas
à la place où elles dcvroient estre pour faire des points, et
s'il y en a eu quelqu'un, ce ne peut estre qu'entre l'E et TM
de la fln ; mais il n'en paroit plus rien aujourd'huy, s'il y en
a jamais eu, la pierre étant plus maltraitée en cet endroit
qu'ailleurs. Les jambes extérieures de l'M sont inclinées en
dehors par en bas. L'inscription est de même longueur que
la pierre et a 3* pieds 4 pouces ou environ. On voit très bien j
que la pierre a été polie exprès pour mettre cette ligne,
car au dessus il y a une saillie qui est en quelques endroits
de 5 à 6 lignes d'épaisseur, laquelle saillie est de la même
pierre et est brute et à peu près comme on fait les bossages
dans certains bâtiments a qui on veut donner un air cham-
pêtre (1). Toutes ces remarques trouveront leur place dans
la suite.
Quand à Tinterprétation et au cas que nos citoyens fai-
soient de cette antique, je trouvoi qu'on la méprisoit fort.
Grand nombre de personnes, qui regardoient les travaux
de la demi-lune, ne savoient seulement pas qu'on avoit
trouvé une inscription à 20 pas de là. Il fallut que je les en
avertis. On se transporta sur la place et j'entendis qu'on y
donnait l'explication suivante, en prenant toutes les lettres
pour initiales :
Super Vrbem Erit Spes Tua, Attamen Erit Mors.
J'eus beau faire et beau dire, on répéta avec emphase
cette belle explication et à peine vouloit-on m'écouter quand
je vis qu'il falloit trouver tout autre chose. Je vous ay déjà
dit que je crus que la pénultième lettre étoit une F, en sorte
que j*expliquay d'abord l'inscription en la façon suivante :
Solutum Votum EST A Filio Mœrente.
Cette explication ne valoit rien, et je n'en etois pas bien
content moy-même, mais je ne pouvois pas mieux trouver
dans la prévention où j'étois que la pénultième lettre étoit
une F. De plus le point triangulaire entre S et V n'étoit pas
encore décrassé. Ce qui me faisoit peine est que cette expli-
cation supposoit une fin d'épitaphe, et qu'il n'y avoit néant-
moins rien d'écrit dans la partie supérieure de la pierre.
D'ailleurs je voyois que tout le monde lisoit une E. Enfin
je ne trouvois pas beaucoup d'exemples que le mot EST
fût écrit tout au long dans ces sortes d'inscriptions, et sur-
tout dans celle-cy qui est si courte.
Je me retiray donc chez moy pour écrire ce que je venois
(Ij Cette sailiie n*est autre chose que les restes mutilés d'une corniche
que nous avons trouvée intacte sur deux pierres appartenant à la grande
inscription dont fait partie la pierre qui occupe l'abbé Fenel.
— 8 —
de voir; et en chemin, je trouvay tout d'un conp la vraye
explication qne Toicy :
Sacrum VEST.E Matri (1)
Je vis bien qu'il fallait lire E à la pénultième. C'étoit 1 in-
scription d*un temple dédié à la déesse Yesta. Je n*ay pas
besoin de vous dire qu*il y avoit deux Vesta, et qull y en a
une qui est appelée Mater dans plusieurs inscriptions anti-
ques. Je vous prie de me dispenser d entrer dans la généa-
logie et rhistoire de madame Vesta; cela ne feroît que yods
ennuyer et moy aussy (2). On pourrait expliquer TM par
Magnm,
J'écrivis sur le champ ma nouvelle explication, et je l'en-
voyai à celuy qui m'avoit donné avis de cette découverte
afin qu'il en donnât le vray sens à tous ceulx qui luy en
parleroient ; on fit diverses objections contre mon explica-
tion, on dit que toutes les lettres étoient initiales, et que si
elles ne Tétoient pas, il falloit lire :
Sacra VESTAE Mœnia.
Je laisay dire les fantasques, et pour me diveriir, je fis
encore courir une autre explication que je savois bien n'es-
tre pas bonne ; mais je voulois voir l'effet qu'elle feroil et
je supposois toutes les lettres initiales :
Senonum Vrbs Est Sub Tutela Âpollinis Et Mercurii.
En vérité, elle auroit fait fortune sans le point triangulaire
Mais il faut continuer l'histoire de ma découverte. Je fis
savoir à Mgr l'Archevêque (3) qu'on avoit trouvé des inscrip-
(i) Par celte Intcrprétntion le futur ncadi^micien Fenel s'npprochaitdf la
vérité : tnnis il n'était pas encore dans le vrai, comme il en était comnincQ.
Il a eu tort de lier les lettres A et E qui sont distinctes. En acceptant rettr
lecture, M. Leblanc, dans ses Rechercha historiques sur Auxerre, 1. 1, p. 83.
fait de la pierre le piédestal d'une statue de Vesta.
(2) Certains auteurs admettent l'existence de deux Vesta : l'une femmr
de Cœlus, père de Saturne: l'autre fl lie du même Coelus et deTrllusr/
femme de Saturne. Cette dernière serait conlondue avcc Cybéle.
(3) Monseigneur Languet de Gergy, ancien cvéque de Soissons, promu
archevêque de Sens en 1730.
ions antiques. Il fut les voir le lendemain après diner, et il
roulut que j'eus l'honneur de raccompagner. On commen-
;oit à couvrir de mortier celle que je viens de vous mar-
quer. Une heure plus tard, notre pauvre inscription rentroit
ians le néant, dont elle venoit de sortir. A la prière de notre
prélat, on ola le mortier, on lava la pierre et Ton constata
sa lecture ; tout le monde lut une E à la fin, et il demeure
pour certain que le S(acrum) VESTÀEM (atrl) étoit la seule
vraye et légitime explication. (1) L'on conjectura même que la
partie brute de la pierre étoit un bossage afTecté à l'ordre
rustique ou toscan qui décorait ce temple de Vesta.
Mais ce ne fut pas tout ; notre prélat demanda aux ouvriers
si Ton ne pourroit pas tellement arranger le nouvel édifîce
qu'on alloit faire, que l'inscription pût toujours paroitre.
Les ouvriers déclarèrent que cela étoit impossible. Sur quoy
le maire de la ville proposa de faire oter cette pierre des
murailles et d'en remettre d'autres à la place. Cela fut jugé,
non seulement possible, mais très facile. On ota donc la
pierre. Nouvelle découverte ! Il se trouva qu'elle étoit taillée
en corniche saillante de 8 pouces au moins dans la partie
intérieure du mur (2) et l'on apperçut dans cette extraction
que toutes les pierres voisines étoient chargées de quelques
ornements d'architecture, pareillement dans l'intérieur du
mur. Et comme une chose en amené une autre, nous apprî-
mes par le témoignage de plusieurs personnes dignes de
foy que tous ceux qui avoient eu occasion, à cause des ré-
parations de leurs maisons, de faire visiter l'intérieur de ces
murailles de la ville, avoient trouvé dans toute l'enceinte
que les grosses pierres qui font partie de leur masse (sur-
tout dans les fondations et aux cotés des anciennes portes)
étaient toutes generallement chargées de moulures, de corni-
ches, de fragments de pilastres ou de colonnes, ou d'autres
(1) Rappelons ici le vrai sens de cette inscription aujourd hui com-
plétée : In honorem... deab SANTisfs. Vestab MjAncus Magimus etc.
(2> Nous avons parlé de cette corniche dans une noie précédente, elle
faisait le tour du monument.
— 10 —
ornements d^architecture, en sorte qu'il est clair comme le
jour que toutes ces grosses pierres sont des débris d'on an-
cien ediflce très superbe, dont toutes les parties ont été
retournées ou renversées de dehors en dedans (1), parce
que sans doute que les constructeurs de ces murailles vou-
loient épargner la dépense de faire tailler ces pierres de
nouveau, et que ces corniches et autres ornements occu-
poient toujours quelque place dans le massif du mur, et
que c'étoit autant de matériaux mis en place (2).
On avoit outre cela une autre raison de retourner toutes
ces pierres, on vouloit éteindre et abolir entièrement le
souvenir de ces anciens ediflces, tous consacrés à Tidolatrie
payenne, et c'est pour cela que les inscriptions, les bas-re-
liefs et les statues etoient toujours mis dans Tinterieur des
murailles, afin qu'on ne pût plus les voir. Et si celle d'au-
jourd'hui a été mise en dehors, vous voyés que c'etoit dans
un endroit où elle étoit couverte de terre, et parce qu'il fal-
loit mettre nécessairement la corniche en dedans du mur (3
De discours en discours, on en vint à apprendre que Tod
avoit trouvé, depuis quelques années, un bas-relief repré-
sentant une déesse payenne dans un vieux mur que
M. Lhermite de Champbertrand, lieutenant général de Sens,
(1) Cette opinion de Fencl se serait modifiée s'il eût vécu jusqu'à notir
temps. Les pierres taillées, provenant des soubossements des murnilU^
romaines de Sens, oppartiennent A des édifices bien distincts les uns di-s
autres, et à des tombeaux. Il suffît, pour s'en convaincre, de parcourir k
musée lapidaire. Dans ces murs on n'a rencontré que fort peu et peut-être
pas de pierres employées comme matériaux neufs.
(2) Un certain nombre de corniches sont restées intactes; mais beau-
coup d'autres ont été sapées pour établir le niveau des ossises dans h
construction ou pour d'autres raisons.
(3; Nous ne partageons pas l'opinion de Fenel qui attribue aux rbrr-
tiens la construction des murailles romaines. Nous pensons avec M. II.
Schuermans que ces murs de la fin du iir siècle ont été bâtis par les Ro-
mains encore payons. Dans les fondations de ces murailles qui. poureui,
i^tjltnl ffs Mtnctœ, ils cachaient, pour en empêcher la profanation, les lU-
brh tl<ï leur» temples res aacrœ et des tombeaux de leurs ancêtres res rxli-
k
— H —
avait fait démolir, pour faire une serre d'orangers. (1) L'on
Gt chercher cette pierre, qu'on eut beaucoup de peine à
tirer de dessous des décombres, où elle etoit comme ense-
velie. On la tira enfin après un travail opiniatre.Cest un bas-
relief qui représente une femme depuis la ceinture en haut ;
elle élève le bras droit (qui est nû) vers sa teste, en sorte
que la partie supérieure du bras est parallèle à Tborison.
L extrémité du bras avec la main manquent totalement, et
Ton ne peut dire si elle y tenoit quelque chose. La teste est
tournée du coté droit et paroist regarder un peu en bas ; le
corps paroit aussy tourné un peu du côté droit ; mais la
figure est si maltraitée qu'on n'en peut rien dire de plus. Ce
qu'il y a de sûr, e^t qu'il y a dans V Antiquité du P. de Mont-
faucon plusieurs figures qui ont rapport à l'attitude de
celle-cy, surtout une Cybèle ; que le goust de dessein n'en
paroit pas méprisable, autant qu'on en peut juger par ce
qui en reste de plus entier, qui est Tepaule et le haut du
bras droit ; que la iigure est incontestablement antique et
payenne, comme les circonstances du lieu où elle a été
trouvée et de toute son attitude le font voir évidemment ; et
qu'enfm il y a, dans l'A/i/içuiVé expliquée et encore plus dans
la Relligion des Gaulois du P. Martiii, plusieurs figures qui
méritoient moins que celle-cy d*estre données au public.
Si les auteurs de ces livres eussent eu connaissance de tout
ce que je vous mande aujourd'huy, je ne doute pas qu'ils
en eussent fait un article plus curieux que je ne le puis
faire (2).
Toutes ces découvertes, faites coup sur coup, me donnè-
rent l'idée d*examiner les murs de la ville plus attentive-
il) M. de Champbertrand prit* pour en faire une orangerie, la grande
ove voûtée qu'avait fait construire Gamier des Prés, et pour la mettre en
communication avec la partie de ses jardins qui étaient dans le fossé de
la ville, il perça le mur de ville et y lit une porte qui existe encore sous
la maison de M. Ovide Roy.
<2i Voir (5e que nous avons ÛH concernant le fragment de bas-relief si-
gnale par lesavaut abbé à propos du groupe de Diane et Endymion.
iM
elles o'enMn
a* j |ii6iiit jpniB:.
C'est priiKipai]eiisBtfai<
(|B'a fint (iliwi PU
rm doatj/t
eopent le btm da mar dv
iHfinfgnt beaneiHip pins faB
tAotaox (foss eotèa
res p«)rtefit desi
ft été aofrelhu «émm F
ne Miit ^es polies,
tontes de ees groasta
noire sor les pierres
le mortier, alln ipi'II j
on ▼ient à co/aaidÊttr ecs
parer a^ec la Caee unie et pefi
portes de la ▼ille, oo j %6d mmt
qoeUfoes endrotto do mur où Fob b'i
pierres. v>it qa'on n'en ait pas en
Ufut. VMt que I ftn n en ait voulu mettre qa'aax eodroîts^
\ft miir;ïillrr f.u/ii pius en danger d'être attaquée: mv^f
fTft'i^ fine. tou% les fondements en sont faits.
Atf-df<;<vijs fU'. ces pierres, on trouve un mur construit^
\9Httf'% pîerrcH quarrées rangées par assises égales «Tti^l
m;irii^'rr; trrs régulière, cl ces petites pierres sont înleiroi»'
piff's en troJH endroits par trois rangs de briqae dont oo
voit les vestiges dans tout le pourtour des murs, surtout^
I endroit des tours. Quand je dis que cette construction de*
iiiiirs est iiniriirme, il faut entendre cela avec plusleoi^
lestrirtions et niiidifirnlions ; on en voit assex pour jugei
<li f.«*«i ifili'4 MU'** pur liiMii' Fcncl sur l<* p;in'mrnt extôrieur drsMV
>|ii II «•liiflInH M'iiiblnil rire (lii«-s ti un nivnU-nioiit fait npr(>s la coostnM
thill fin IIHII.
— 13 —
que les mars ont étés faits d'abord de cette sorte, mais la
nécessité de les reparer, le changement arrivé depuis l'ar-
tillerie à la manière de fortifier les places et la nécessité de
terrasser les murs, tout cela a dû nécessairement apporter
bien des changements à la première construction. En effet,
il y a des endroits où l'on voit que le mur a été recrepi
par dessus son ancienne masse dont on voit encore les
cordons de brique au travers des fentes du crépis ; dans
d'autres on voit un mur raccommodé à la hâte et dans le-
quel on n*apperçoit plus ces assises égales des petites pier-
res quarrees ; en d'autres on voit que le mur a été crevé et
refait très irrégulièrement ; mais enfin il en reste toujours
assés pour voir que le premier édifice de ces murailles étoit
composé lo de ces grosses pierres retournées dont je vous
ay tant parlé, 2" de petites pierres quarrees posées par as-
sises égales et de trois cordons de brique posées entre les
pierre quarrees et qui regnoient tout autour de la ville. Il
faut encore observer que les fossés de la ville n'ont étés faits
que du temps de la prison du roi Jean et qu'avant cela les
murs etoicnt absolument sans fossés (1); cela se peut prou-
ver par une infinité de documents, et Ton conserve ici le
livre des dépenses journalières qu'occasionna l'exécution
de ces fossés. A l'égard des portes, leurs massifs sont de
pierres qui ont été certainement taillées exprès pour leur
construction. Cela est très certain (2).
Il faut maintenant raisonner sur tout cela et resserrer
nos remarques, pour faire un corps précis qui puisse nous
:1) Fenel est ici dans Terreur : les fossés ont été creusés de nouvel, et
non pour la première fois en 1358. Voir Notice sur l'Aqueduc romain de
Sens, par MM. Julliot et Belgrand. Paris Dunod, 1875.
(2) Ijcs portes dont parle Fenel étaient bien moins anciennes que les
murs, et leur âge explique la différence dans la taille des pierres signalée
par Fenel. De son temps on pouvait encore voir trois arcs romains faits
de claveaux alternativement en pierre et en brique. Nous avons vu dis-
pîiraitrc le dernier au sud de la porte Formau. II est regrettable que le
savant abbé n'ait pas consigné dans sa correspondance les remarques
qu'il n'a pas manqué de faire à leur sujet.
— 14 —
apprendre quelquechose. Les murs de la ville de Sens sont
partout pleins de pierres qui sont des débris d'anciens édi-
fices : donc ces murs sont postérieurs au tenis des RomaiDs
et bâtis depuis la chute de Tldolatrie (1). Ces murs, dans
leur construction, etoient faits uniformément : donc l'en-
ceinte présente de la ville de Sens, que bornent ces mars.
est encore postérieure au tems des Romains. On ne peut
m'objecter que l'on n'a fait que réparer les anciens murs et
l'ancienne enceinte, car si cela étoit, on ne verroit pas toute
cette uniformité que j*ay fait remarquer plus haut. De plus
il n'y a aucune apparence qu'une ville qui étoit assez forte
du temps de Julien pour que cet empereur s'y enfermât et
y soutint un siège de la part des Allemands, qui ravageoient
alors toutes les Gaules, fût destituée de fossés, comme Ven-
ceinte moderne de Sens en a été privée jusqu'au roy Jean.
Il faut donc bien que l'enceinte de l'ancien Sens, û'Agendi-
cum du temps des Romains, ait été totalement différente de
l'enceinte de Sens moderne. Savoir présentement où étoit
donc anciennement Agendicum^ et si l'on n'a fait que restrain-
dre l'étendue de ses murs trop vastes, ou si sa position
étoit entièrement diverse de la ville d'aprésent, c'est ce
qu'il n'est pas facile de décider (2) ; pour raoy, je croirois
(1) Les inscriptions les plus modernes qu'on ail trouvé dans les mur^
ne dépassent pas les premières années du troisième siècle : En 3S6, le césar
Julien trouvait, dans les murs de Sens construits et ayant déjà besoin de
réparations, une place forte qui lui permit de soutenir pendant un moi^
le siège des barbares. On doit donc considérer les murs que décrit Ffn«l
cl dont 11 no restera bientôt plus que le souvenir, comme remontant ù b
fin du troisième siècle.
(2) Nous croyons que la ville, bÂtie par les romains, avoit englobé r.t-
gendicum de César, et que, défendue par des constructions militaires éle-
vées au confluent de la Vanne et de l'Yonne, aujourd'hui connues sous î«
nom de Motte du Ciar, elle était restée et resta ville ouverte Jusqu'à U
catastrophe de la fin du m* siècle qui obligea les Romains Sénonais a v
construire avec les débris de leurs anciens monuments une enceinte for-
tifiée. Autour de ces murs, ils creusèrent des fossés et les remplirent 9Sft
l'eau fournie par leur aqueduc (conduit de Saint-Philbcrt). et plus tard
par une dérivation de la Vanne prise à MAlay (le ru de Mondereau.)
— lo-
que Agendicum s'éteodoit le long de Teau depuis la Motte
du Siarre /l) jusqu'à l'endroit où sont aujourd'hui les Ca-
pucins (2), en sorte que sa figure etoit celle d'un cercle
coupé par la moitié, le quay depuis la Motte jusques aux
Capucins en faisoit le diamètre, et la figure circulaire des
anciens murs alloit jusqu'à l'endroit où est aujourd'hui la
cathédrale (3). Dans la décadence de l'empire romain, on
trouva apparemment que cette situation de la ville la ren-
doit d'une difficille garde et facile à surprendre, à cause de
trop grande étendue de ses murs, et de l'extrême lon-
gueur de son quay que les débordements de la rivière
d'Yonne pouvoient d'ailleurs facilement endommager. On
I^ ville nouvelle reçut alors le nom de Senones que nous trouvons pour
la première fois comme nom de ville dans Ammien Marcellin et le nom
d'Agendicum se conserva dans un quartier de la ville dont les habitants
s'appelaient uikani agiedicenaes. Apres avoir été capitale, Agendicum
n'ctattplus qu'un uicat, un quartier de la nouvelle ville: vicus agiedieensia,
révélé par rinscription romaine concernant C. Amatius Paferninus
trouvée en 1829 à Sens, non loin de l'emplacement de Tancienne église
de Saint-Léon, à l'entrée du foubourg qui traversait plus loin le oiem
vipus. (Voir iige/id^cumparM.G. Julliot, Bulletin de la Société archéologique
dt Sentit XV.)
(1) L.n motte du Siarre ou du Ciar est située au sud-ouest de la ville ac-
tuelle, près du confluent, et à Tépoque romaine au confluent même de la
Vanne et de l'Yonne, à plus d'un kilomètre de l'enceinte romaine de Sens,
dans une plaine appelée de Champbertrand. On y a trouvé les substruc-
lions d'un édiflce important entouré d'une enceinte de murs construits
comme ceux de la ville, avec cette dlflerence que les fondations, au lieu
d être en grosses pierres de taille provenant d'anciens édifices, étaient en
moellons noyés dans un mortier fait de chaux blanche et de briques pi-
lécs ; les revêtements de ces murs étaient en petit appareil.
(2) Le couvent des Capucins était situé au nord-ouest de la ville au delà
du Clos-le-Rog et à peu de distance de la rivière d'Yonne.
(3) En admettant ce périmètre semi- circulaire. Fenel exclut l'amphi-
théâtre (les arènes) et la naumachie (le clos de Bellenave) de V Agendicum,
qui a précédé la ville forUfiée appelée Senones par Ammien Marcellin et
défendue, en 3S5, par le césar Julien. 11 admet Texistence d'une enceinte
de murs, dont on n'a retrouvé aucunes traces. En cela, il se conforme au
texte de la légende : In diebus pritcls.., intitulée : Natalia ou. Passio sancto-
rum uiartyram Saviniani et Potentiani. On Ut, en efl'et, dans cette légende
les deux passages suivants :
»
— 16 —
prit donc le parti de séparer cette ville totalement de la ri-
vière, et de renfermer son enceinte entre les deux bras de
la rivière de Vanne qui luy dévoient tenir lieu de fossés
naturels, et par cette raison, il fallut allonger la ville à Test,
la rendre très étroite du sud au nord ; et luy donner une
forme à peu près ovale, qui est précisément Tetat où elle
1* Cujus urbis per menia, maximis in ÈlHcibua exarando tcutpsU (Sapinia-
nu») aacra erucU aignaeula que uaque in hodiernum apparent dlem, per mo-
rorum ejusdem civitati» edificia :
< Sur les plus grandes pierres des murailles de la ville, Savinien gra\-a m
creux des signes sacres de la croix qui se voient encore oi^ourdliui $ar
l*édiflce des murs de ceUe ville. » (Traduction littérale.)
2* Infra muros eju»dem eiuitatis duo» ecctesias conaeerauii : unam in ho-
nore Dei genitrici» Marie et perpétue Virginia, altérant in honore prothomer-
tiris Stephani .. apposuit et in veneratione aaneti Johannia Baptiate tertiam.
Ce second passage qui concerne la fondation de trois église» contiguè^
dédiées A la sainte Vierge, Â saint Etienne et à saint Jean-Baptiste, contient
la préposition infra employée tantôt dans le sens intra, dana Vintérieurdt.
tantôt dans le sens de au'deaaoua. Les traducteurs modernes, excepir
M. Tabbé A.-C. Hénault, ont admis le premier sens qui s'accorde avecla
position de la cothédrale au milieu de Tcnceinte du m* siècle; mois il e«t
probable que Fenel a admis le second sens : au pied dea /iiurai/ies. A pro-
pos de l'église fondée dans la cité des Camutes, la légende emploie W
mêmes termes, et M. l'abbé Hénault conserve encore ici le même sens a
infra. M. le chanoine Mémain a varié dans la traduction de ces deux pav
sages. (L'Apoatolai de aaint Savinien» p. 97 et p. 101.)
Si l'existence d'une forte enceinte de murailles antérieure A celle quon
voyait encore debout, nu commencement du xix* siècle, était démonlref.
les objections soulevées par la présence des croix gravées sur les murs dr
cette encninte par saint Savinien tomberaient d'elles-mêmes; mais com-
ment admettre qu'il ne reste absolument rien de cette grande muraille
senti- circulaire dont Fenel suppose l'existence.
La légende seule en parle, mais dans des termes qui nous font pen-
ser qu'il est question des murs dans lesquels Julien soutint un siège d'un
mois contre les Allemands. Elle nous dit que le bienheureux Savinien, in-
defessun urbis Senonum firma peragrat menia, et ejua aptritalibua machiim.
aggreditnr prosternere propugnacula. Amniien Marcellin (Liv. XVI, S cl lU
emploie l'expression apud Senonaa pour dire à Sens qu'il qualifie de oppi-
dum opportunum, pince favorable pour la défense, en parlant des prépa-
ratifs du siège que va soutenir Julien. Il ajoute (Uv. XIV. 4) : Clausaurh*
murorumque intuta parte fïrmata, ipae (Julianua) eum armatia die nocta-
que inier propugnacula viaebatur et pinnaa.
— 17 —
est depuis plusieurs siècles (1). Vous savés d'ailleurs qu'il
n'y a pas bien longtemps il y avoit un gros bras de la Vanne
qui cntouroit la ville du coté du nord (2); cela posé il aura
fallu faire de nouveaux murs; on les aura tous fails en
même tems à peu près sur le même dessein, on y aura em-
ployé tous les débris des anciens temples des payens qu'on
aura pu recouvrer et on en aura retourné les pierres et ca-
ché les inscriptions, enfin on aura fait la ville de Sens telle
qu'elle étoit avant Tartillerie et le roy Jean, petite, ovale,
deffendue par les bras de la Vanne et non par des fossés,
et entièrement séparée par un chemin de la rivière
d'Yonne.
Voilà mes conjectures que je pourrois appuyer de plu-
sieurs remarques et entre autres de cclle-cy : que la Motte
du Siarrc a dû eslre la citadelle de quelque ville à cause de
la triple enceinte de murailles qu'on peut prouver y avoir
été autrefois (3) ; je pourrois encore vous dire que Ton a
trouvé des pavés de mosaïques vers les tanneries en dehors
delà ville au sud (4) et plusieurs autres choses semblables,
mais cette lettre est déjà si longue et j'ay encore tant de
choses à vous dire, qu'il me faut absolument restraindrc et
vous parler à présent de la seconde inscription trouvée
dans le voisinage de la première.
(1) Cette transformation de la ville eut lieu sous Constance Chlore.
f 2) Voir : le Ru de Mondereau et notes explicatives (Bulletins de la Société
archéol. de Sens, 1877, t. XI, p. 184 à 204, et 1885, t. XIII, p. 2. — Notice sut
Faqueduc romain de Sens, par MM. G. Julliot et Belgrakd. Paris, Dunod,
1873.)
(3) Cette triple muraille n'existait que du côté oriental; on a trouvé
pour le rc^ste les fondations d'un second mur en quelques endroits seule*
ment. (Congrès archéologique de France, séances tenues à Sens en 1847.)
(i: Outre les mosaïques trouvées rue des Tanneries, rue Général-
Dubois, rue de la Blanchisserie et dans la Putemussc, au sud et en dehors
(le la ville, il en a été trouvé d'autres dans Tenceinte de la ville, non loin
de la porte Formau, au pied du mur d'enceinte près de la prison, et au
nord-ouest et eu dehors de la ville, prés du Clos-le-Roy (Bulletin de la Soc.
arch. de Sens, t. X, p. 226 et suivantes), et récemment au nord, dans le
faubourg Suint-Didier.
2
k
i
r
— 18 —
Elle ne consisle qu'en trois lettres qui sont plus longues
que celles de l'autre inscription et ont cinq pouces, ni:iLs
inoins profondement gravées ; elles sont vers le haut d une
très grosse pierre et ne consistent qu'en cecy SRI(1}. Il y
a ensuite une certaine trace sur la droite qui ne paroit pas
avoir jamais été le vestige d'aucune lettre; d'ailleurs cette
trace est assez éloignée des trois lettres susdiltes ; je le»
explique Sacrum Reginae lunoni. D'autres ont voulu que ce
fut Senalus Romani lussu ou Imperio; mais ce n'est pas la
le style des inscriptions anciennes.
Voilà en quoy consiste notre découverte, je vous en fais,
monsieur, un détail le plus circonstancié que je puis, per-
suadé qu'on ne peut donner trop d'éclaircissements à la
postérité sur ces sortes de choses, et qu'il vaut inieu!;
pécher par trop de prolixité que par une trop grande briè-
veté. Vous pouvés faire tel usage de celle lettre que vous
jugerés à propos. Je ne crois pas qu'elle mérite d'eltre mise
dans le Mercure (2) étant trop longue et écrite trop encou-
rant, mais je vous prie et vous exhorte à faire mettre dan^
le Mercure la substance de cette lettre pour instruire nos
neveux des antiquités de leur ville, et ne pas laisser périr
la mémoire de cette découverte, quelque peu considérable
qu'elle soit d'ailleurs ; mais elle le sera toujours pour la ville
de Sens, dans laquelle il n'y a aucune antiquité romaine,
soit que l'on n'y en ait jamais trouvé (ce que j'ai bien de la
peine à croire), soit que l'ignorance et la négligence de
ceux qui les auront trouvées en ait fait absolument perdre
la mémoire. Ce qui me fait incliner à la dernière partie de
cette alternative est l'exemple même de ce qui vient de se
passer sur ce sujet. Sans Monseigneur l'Archevesque, in-
scription en question alloit estre à jamais ensevelie dans le
nuvriïL'r, el ce prélat n'en auroit jamais eu de connoissancc.
si je ne l'en eus fait avertir. La circonstance d'un prélat
(tj t>ltc Inscription est perdue aujourd'hui.
i2} \Jnh\iv !iî Beuf, que Fenel avait laissé libre d'user de sa lellrr corninf
iï 1 riilfinlniit, n'en a publié qu'une partie dans le Mercure, de 1733. p. 2J?1
— 19 —
sç«avant et de bon 'goût ne se rencontre pas toujours^ et
quand elle se rencontre roit, il ne se trouve pas toujours des
gcnts avides d'antiquité et qui en fassent recherche.
Je ne prétens pas me faire un mérite de cela, mais je veux
vous faire sentir que l'on a dû perdre des millions d'anti-
quités par des voyes semblables à celles qui nous ont pensé
faire perdre celle-cy. Elle est maintenant en sûreté; MM. du
corps municipal en ont fait présent à Monseigneur TÂrche-
vesque et lui ont donné par là une marque de leur recon-
noissancc pour la libéralité qu'il a faite en faveur des tra-
vaux publics de la porte Commune (1). (Le prélat Ta depuis
laissé mettre en œuvre.)
Je fînis cet article en vous priant (au cas que vous jugiez
à propos de faire parler de cecy dans le Mercure), de faire
les changements que vous jugerés convenables, au stile et
à l'ordre de cette lettre, en un mot d'en disposer comme
de votre bien (2). Cela ne peut estre en meilleures mains.
Pour mon nom, je croy qu'il ne faut pas le supprimer; je ne
dis pas cecy par vanité, mais c'est que ces sortes de décou-
vertes tirent leur authenticité en partie des circonstances,
du temps et du nom de ceux qui les ont faites. Vous savez
qu on a fait des suppositions en cette matière aussi bien
qu'en beaucoup d'autres. Le sieur Millet, curé d'Autrive qui
a supposé deux inscriptions dans le journal de Verdun (3),
(1) M* Languct fit placer cette inscription dans le mur de In ssicristie de
In catliédrale qui donne dans le jardin de son palais. Elle s'y trouve en-
core cachée par une treille. Fenel ayant ajoute à sa lettre la note sui-
vante : « Ce prëlat l'a depuis laissé mettre en œuvre, » on la croyait perdue
depuis longtemps, lorsqu'elle fut retrouvée, en mars 1879, par M. l'abbé
Dizien (ai^ourd'hui évéque d'Amiens), dans le mur de la sacristie de la ca-
tliédnile. — Depuis la rédaction decette note, l'Inscription retrouvée à Varche-
vhhé a été transportée au musée, et, par les soins de M. Julliot, a repris sa
place dans la reconstitution de la grande inscription qui couronnait le /iionii-
nient de Magilius. (Note de l'Ed.)
(2. C'est ce que ùt l'abbé le Beuf. Voir le Mercure de décembre 1735,
p. 2572.
'3 L'inscripUon romaine d Hauterive, h laquelle M. Tnrbé a consacré,
clans VAlmanach de Sens, pour l'année ISl.'), un article qu il a reproduit
— 20 —
en est une bonne preuve. Il faut dohc faire connailrc
au public en quel temps, par qui et h quelle occasion ces
sortes de découvertes ont étés faites, et c*est pour cela que
je croy que mon nom ne doit pas estre supprimé, et j} ay
d'ailleurs joint toutes les circonstances dont je me suis sou-
venu...
A regard des inscriptions, je vous prie que par voire
moyen le public en ait quelque connoissance ; retranciiés,
changés, ajoutés au canevas informe que je vous envoya
et soyez persuadé du respect avec lequel j'ay llionneur
d'être, monsieur, votre très humble et très obéissant ser
viteur.
Fenel.
RÉPONSE DE L ABBÉ LE BEUF A L'ABBÉ FENEL 1
A Paris, ce 31 octobre 1735.
Je ne scaurais vous exprimer assez la joye que j'ayeucD
recevant des nouvelles que vous m'avez apprises de la
découverte de voê inscriptions. Je me suis mis aussitôt à
faire un précis de votre lettre, et je l'ai porté le lendemain
à M. de la Roque, auteur du Mercure, croyant que cela
pouroit entrer dans le Mercure d'octobre, et paroître cliez
vous à la Saint-Martin, mais il m'a assuré qu'il éloit trop lard
et que ce seroit pour le mois d'après (2). Ces sortes de nou
velles d'antiquitez luy font un très grand plaisir. J'ay parlé
au P. de Montfaucon de votre explication ; de lui même il ne
m'en avoit pas donné d'autres. Ainsi c'est Sacrum Xeslx
dans un volume intitulé : Recherches sur le déparlement de V Yonne, Sens,
Th. Jculain, 1848, p. 471 à 483., est une des deux inscriptions auxquell»
l'abbé Fenel fait allusion. Les faussaires n'étaient pas rares à cette épo-
que, et respécc, bien que devenue moins commune, n'en est ixialheureu
sèment pas perdue.
(1) CoUationnée à l'original dans la collection de Fontaine.
(2) Ijï précis annoncé par l'abbé le Beuf à l'abbé Fenel fut effectivement
Irtsrrr nu W^rciire de décembre 1735. Le Beuf approuve les appréciations
tlc5 Ftjnrl : miUs 11 supprime les détails si intéressants pour l'histoire de
Se m.
— 21 —
MalrL Gruter rapporte une grande inscription où Vesta est
aussi dite mère. Le mot matri y est en entier...
Je ne me suis attaché qu'à parler de cette inscription et
des découvertes qu'on fait chez vous de restes d'architec-
ture. Je remets à une autre fois, à parler de la seconde où
il y a S. R. I. Vous ne m'expliques pas assez, en effet, ce
que c'est que cette pierre, ny s'il y a un point après chaque
lettre, et si ces trois lettres tiennent tout le travers ou le
milieu d'une pierre, et si cette pierre est ouvragée. Vous
avez aussi oublié, monsieur, de marquer de quelle carrière
on croit que sont les pierres de vos restes d'édifices ro-
mains (1). Cela n'est pas inutile à savoir. Le P. de Montfau-
con, ayant regardé dans son répertoire, a cru que S. R. L
vouloit dire Sacrum Reginae lunoni. Il n'y a rien dans Gru-
ter de semblable. Des quinze inscriptions qu'il apporte, où
Junon est qualifiée reine, il n'y en a qu'une ou regina soit
devant ; c'est toujours après Junon que le titre de reine se
trouve. Je verrai Sertorius, etc. On est ici à la source.
J'espère qu'à la fin vous découvrirez où estoit l'ancien
Sens payen, et même aussi A gendicum. Il faudroit persuader
à Monseigneur votre Evêque, d'acheter les dissertations du
P. Chamillard, jésuite, de 1711. Il y en a une où vous verriez
comme il raisonne sur le quartier des chrétiens de Fréjus
et d'Autun... Ces dissertations in-4°, fort minces, coûtent
cent sols...
EXTRAIT D'UNE LETTRE DE L'ABBÉ LE BEUF
A L'ABBÉ FENEL(2)
Paris, 14 décembre 1735.
Monsieur,
J'ay pensé ces jours-cy que vous seriez sans doute bien
surpris de ne pas voir votre inscription publiée dans le Mer-
(1) La question posée par le Beuf à Fenel n*est pas facile à résoudre II
n«> s'agit pas d'une carrière unique, comme il semble le supposer. Presque
toutes les pierres tirées des fondations des murs de Sens sont des pierres
calcaires; mais le grain et la dureté varient beaucoup.
(2) Collationné sur l'original de la collection de Fontaine.
99
cure ; ce n*cst pas ma faute, mais celle de M. le chcvnlier
de la Roque qui a oublié de la mettre dans le portefeuille du
mois de novembre. Etant inforriié de cela, j'ay été chez luy
et Tay fait mettre en ma présence dans celuy de décembre
f Ainsi comptez que vous la verrez imprimée pour vos étré-
I nés (1). M. de la Roque Tainé, qui a cbangé quelques pcliU
I mots à votre style et au mien, a jugé à propos d'ajouter aa
I haut de mon mémoire, venu de vous, une observation sur
des inscriptions de la ville d'Arles, etc.
EXTRAIT D UNE LETTRE DE L'ABBÉ FENEL
, A L'ABBÉ LE BEUF (2)
I 15 et 25 décembre 1735.
I Monsieur,
î Je suis bien aise que le P. de Montfaucon ait explique ces
inscriptions de la même manière que j'avois trouvée préfé-
rable entre plusieurs autres ; je savois bien que d'onlinaire
quand on donnolt le titre de Reine à madame Junon, on le
mettoit après ; mais il me suffît qu'il y ait un seul exemple
^ du contraire, surtout dans un pays où l'on n*estoit pas sur
le pied d cstre fort puriste en latin, témoin le posierunt de
l'inscription de Paris du temps de Tibère; ainsy nos ancê-
tres sénonnis ont bien pu ne pas garder exactement le ccrt-
monial ù l'égnrd des titres et qualité de la dame Junon. Us
trouvoicnt sans doute qu'il luy importait fort peu que le nom
de reine fût devant ou derrière, comme le pcnsoit Dora Pas-
cal Zapata, dans la comédie. Sur la question qu'on luy faisoit
s'il falloit mettre Dom Zapata Pascal ou Dom Pascal ZapaLi
il répondit nettement :
Il ne m'importe guère
Que Pascal soit devant ou Poscal soit derrière.
Du surplus, dès que le P. Montfaucon (qui a certaincmcot
lu une infinité d'inscriptions) a expliqué celle - cy comme
(1) Voir dans le Mercnrr de décembre 1735, p. 2572, la conimunîmlion
faite par l'obi>é le Beuf.
(2) Collationné sur l'original dans la collection de Fontaine.
— 23 —
loy, il y a apparence qu'il seroit difiicillc d'en donner une
litre solution qui fût probable. Je dis solution, parce que
; regarde ces sortes de choses comme des espèces d'énig-
les savantes.
Je me suis transporté encore une fois sur le lieu, je
'y ai point remarqué de points après chaque lettre, Fin-
cription est au milieu et dans la partie supérieure de la
ierre qui est un gros bloc de pierre d'Arcueil (1), comme
a déclaré un habile maçon qui a vu les pierres des deux
iscriptions, les a examiné de près et a tenu dans ses mains
es fragments que j'en ai arraché et que je conserve ;
cantmoins les deux pierres ne sont pas tout à fait de même
ouleur, Tune est un peu plus jaune que l'autre, c'est celle
ù est SRI, mais l'on attribue cela à la différence des bancs
;e celte carrière. Sur quoy voyés le Dictionnaire de corn-
wercc, qui en contient un article curieux, et ce que vous y
erres de remarquable est que, dans cette carrière, il y a
oujours une portion de la carrière qui est presque toute
composée de petites coqgilles rondes, qui font corps avec la
)ierre.
On appelle cela le banc Coquillart^ ou le Coquillarl tout
amplement. On dit même qu'en général on trouve de ces
coquilles dans toutes les autres parties de cette même car-
ière, quoy qu'en bien moindre quantité. Il ne faut pas vous
lissiniuler que le même maçon m*a dit avoir vu des pierres
venues d'une carrière qui est maintenant presque abandon-
lée, proche Pont-sur-Yonne, dans un lieu nommé Saint-
il) \jc maçon qui indique, pour origine de la pierre portant IMnscription
S. VKSTAE M, la carrière d'Arcucil, «t qui la compare à certaines pierres
extraites d'une carrière située non loin de Saint-Gilles, proche Pont-sur-
Vonnc. ne méritait i>as grande créance ; la pierre d'Arcneil est du calcaire
UTtiairc, dite Télagc Parisien, » tandis qu'à Saint-Gilles, près de Pont-sur-
Yonne, on ne trouve que la craie de l'étage Sénonien ou peut-être un cal-
rnirc tertiaire lacustre, comme on en exploite aujourd'hui près de Cham*
pigny.
\a pierre encore appelée de Saint-Gilles, par les ouvriers sénonais, se
trouve dans TOise. non loin de Saint-Leu
— 24 —
Gilles, lesquelles, étant prises dans la meilleure veine.
avoient bien du rapport avec la pierre d'Arcueil, et ne luy
cédoient pas ou peu. J'ajoute encore que cette carrière de
pierre d'Arcueil est fort étendue, puisqu'on comprend sous
ce nom toutes les pierres presque qui se tirent de terre aux
environs de Paris, excepté la pierre à plûtre. J'examinerai
encore la pierre qui est à Tarchevesché pour voir si elle a
des coquillages renfermés. Au surplus cela pouvoit venir
d'autant plus aisément de Saint -Gilles qu*on dit que les
pierres de la cathédrale en viennent en grande partie. Tout
cela mériteroit d'être examiné avec des gens fort connois
seurs, mais les ouvriers ordinaires n'en savent pas assez
pour tout cela.
Avant que de quitter cet article, je dis en deux mots que
l'inscription S R I est à deux pouces de distance du haut de
la pierre et à sept à 8 pouces du bas ; que l'S est mal formée
dans le haut ; ce maçon, dont je vous ai parlé, a voulu par-
faire cette S que les injures du temps et l'ancienneté onl
maltraité, mais ce qu'il y a fait est aussi différent du ciseau
de la lettre antique que le jour l'est de la nuit. Cette pierre
a été jugée trop peu importante pour être transportée, et elle
restera dans le mur et sera cachée par des latrines qu on
va faire à cet endroit. L'autre pierre est toujours dans la
deuxième cour de l'archevesché. Monseigneur l'Archeves-
quc n'a pas déterminé ce qu'il en vouloit faire (1).
L'ABBÉ LE BEUF AUX RÉDACTEURS DU MERCURE
Décembre 1735, p. 2572
Je viens, MM. , de recevoir une lettre de Sens dans laquelle
on m'annonce la découverte qu'on y a faite sur la fin du
mois de septembre dernier de deux inscriptions véritable-
ment antiques, en démolissant une demi-lune qui avait été
construite proche la porte du faubourgS'-Pregts, durant les
guerres civiles, après la mort d'Henri III. Ce travail ayant
(1) Il est Ici question du bloc portant rinscription S VESTAE M.
— 25 —
exigé qu*on enlcvAt beaucoup de terre qui couvrait le bas
clcsmursde la ville, il parut d^abord sur une pierre qui fai-
sait partie de ces murs une inscription fort simple, mais
néanmoins considérable dans sa brièveté, puisque les lettres
romaines qui la composent sont de quatre pouces de hau-
^ leur. On y a lu : S. VESTAE M.
Il y a un gros point triangulaire après la 1«*« lettre et il n'y
en a point après aucune des autres.
Malgré cette circonstance nécessaire à remarquer, quel-
ques curieux du pays se sont imaginé, sur les principes du
père Hardoin, de mistérieuses sentences, composées d'au-
tant de mots qu'il y a de lettres dans cette inscription, sup-
posant que la lettre S signifîe la ville de Sens. Le savant de
cette ville, qui me fait part de cette découverte, en donne
une explication qui me parait mieux fondée et plus dans le
style des inscriptions romaines ; il croit avec raison que
c'est la faute du graveur ou un effet de la vétusté du monu-
ment s'il ne parait pas de point après VESTAE, immédiate-
ment avant la lettre M, de même qu'il y en a un avant ce
premier mot, Tusage de certains siècles ayant été de mettre
après chaque mot un point formé en petit triangle, ainsi
que j'en ai vu en différentes villes. Ce savant a cru pouvoir
supposer ce point et qu'il était peut-être marqué moins pro-
fondément que le premier. Le nom de la déesse Vesta se
Irouve par ce moyen entre deux lettres initiales, ce qui l'a
déterminé à expliquer la lettre S par le mot sacrum et la
leUreM par le mot ma/n. C'est donc selon lui un monument
consacré à la déesse Vesta mère : SACRUM. VESTAE MATRI.
Le même curieux me marque que Tinscription est de même
longueur que la pierre qui a 3 pieds 4 pouces en ce sens. Il
I ajoute qu'on voit clairement que celte pierre a été polie
f exprès pour mettre une seule ligne car, dit-il, il y a une
saillie qui est en quelques endroits de 5 ù 0 lignes d'épais-
seur, laquelle saillie est toute brute.
On commençait déjà à recouvrir celle pierre pour conti-
nuer l'ouvrage, lorsque M'" rarchevêquc, averti de cette de-
— 26 —
couverte dans une ville où les inscriptions sont rares, se
transporta sur le lieu. Le prélat aurait souhaité que l'in-
scription fût restée en état d'être vue par les connaisseurs,
mais comme cela ne pouvait pas s'accommoder avec la con-
tinuation de Touvrage, M. le maire de la ville proposa
de faire ôter cette pierre du corps des murailles et d'en re-
mettre d'autres en place. Ce qui fut résolu ; mais après avoir
détachée la pierre de cet endroit, il se trouva qu*elle était
taillée en corniche saillante de 8 pouces au moins dans U
partie intérieure du mur et on aperçut même dans cette
opération que toutes les pierres voisines étaient chargées de
quelques ornements d'architecture.
Plusieurs citoyens, anciens et dignes de foi, déclarèrent
à cette occasion que ceux qui avaient fait visiter Tintérieur
des murailles de Sens, auprès desquelles leurs maisons
étaient assises, avaient trouvé dans toute l'enceinte que les
grosses pierres qui font partie de la masse (surtout dans les
fondations et aux côtés des anciennes portes) étaient toutes
généralement chargées de moulures, de corniches, de frag-
ments de colonnes, de pilastres et d'autres pièces et orne-
ments d'architecture. Ils ajoutèrent que, dans un vieux mur
que M. le lieutenant-général avait fait démolir pour faire
une serre d'orangers, il s'était trouvé sous les décombres
un basrclief qui représente une femme depuis la ceinture
en haut, à peu près dans l'attitude d'une Cybèle qui est gra-
vée dans le grand recueil du P de Monfaucon.
Je ne saurais vous entretenir de la seconde inscription
que jen'aye eu sur ce sujet une plus ample explication avec
M. l'abbé Fcncl, chanoine de l'Eglise métropolitaine, le
même qui m'a écrit de Sens ; c'est à lui que celte ville a
l'obligation de ce que le monument dont je viens de parler
est tiré de l'obscurité et de ce qu'il sera mis en place d'être
vu tandis qu'il y en a peut-être un grand nombre qui sont
restes cachés dans Tintérieur des murs de la ville et qui y
resteront toujours. Il m'apprend que messieurs du corps
municipal ont fait présent de cette pierre à M. rarchevcque
— 27 —
^l qu'ils lui ont donné par là une marque de leur recon-
laissance pour la libéralité que ce prélat a faite en faveur
les travaux publics. Ces sortes d'inscriptions, au reste, qui
narquent Tantiquité des villes ne devraient jamais sortir de
relies où elles ont été découvertes ; et lorsque des particu-
liers chez qui on les trouve veulent les vendre ou les don-
ner à des étrangers, comme cela arrive souvent, il est du
devoir des officiers municipaux d'empêcher ces aliénations
?t de faire placer ces monuments dans les hôtels de villes
3U en quelqu'autre endroit aussi sûr.
M. Fenel m*a fait part des réflexions qu'il a faites depuis
ces découvertes sur l'antiquité des murs de Sens. Je suis
persuadé, comme lui, qu'ils n'ont point été construits du
temps du paganisme, mais seulement depuis que le chris-
tianisme fut bien établi et qu'on eut détruit les temples des
idoles. Ce fut alors, dit-il, qu'à Sens comme ailleurs on em-
ploya à la construction des murs de la cité chrétienne les
débris de ces temples, ce qui fait que quand on peut fouil-
ler dans ces murs, on y trouve toutes ces pièces confondues
et mises indiflëremment dans les fondations. J'ai vu les
preuves de cela en beaucoup d'autres villes du royaume...
// parle ensuite d'une inscription trouvée à Arles.
EXTRAIT D'UNE LETTRE DE L'ABBÉ P. FENEL
A L'ABBÉ LE BEUF (1)
Sens, 14 janvier 1736.
Monsieur,
... Mais voicy bien autre chose, monsieur, cecy nous tou-
che de près : on a donné des combats de gladiateurs à Sens
autrefois, et nous n'en savions rien; il y a eu des prêtres
d'Auguste à Sens et nous l'ignorions ; il y avoit encore
(selon toutes les apparences), bien d'autres choses plus
belles que celles-là, que nous ne savons pas, ny ne saurons
•1) CoUationné sur rorigimil dans la collection de Fontaine Or. I PP» 212
à'iU), le Beuf a analysé celte lettre dans le Mercure de France de février
1736, p. 2M.
f
— 28 —
jamais, mais nos petits -neveux en sauront peut-être quel-
que chose, pourvu qu*on renverse la ville de fond en comble
pour en retourner toutes les pierres, c'est le seul moyen
que je sache pour faire Thistoire ancienne de cette ville,
mais ce moyen est an peu tragique. Nos ancêtres, gens ma
gnanimes, qui songeoient plus à bien faire qu*a bien écrire
ou à bien parler, n*ont pas voulu confler leurs hauts faits à
des chifons de parchemin, de linge (il y avoitdes !ibrilintei\
ou tels autres brimborions caduques et périssables ; ils écri-
voient leurs hauts faits sur la pierre la plus dure. Malheu-
reusement pour eux, il est venu un déluge de Gots et de
Vandales qui a eu la malice, ne pouvant détruire ces beaux
monuments, de les renverser sens dessus dessous ou de les
couvrir de terre pour en cacher et ensevelir à jamais les
moindres traces. Mais ne badinons point, il ne s'agit de rien
moins que de cinq inscriptions antiques trouvées nouvelle-
ment dans nos murs, dont une seule est entière sur deux
blocs de pierre séparés, dont Tun a le commencement et
l'autre la fln de ladite inscription. Les quatre autres sont
frustes ou tronquées, et il n'en reste que des extrémités
Tout cela a été trouvé à très peu de distance des premières
et dans le même pan de muraille. Jugés de ce que doit rece-
ler le reste de nos murs
Vous trouverez cy -joint un papier (1) où est la figure de
ces inscriptions la plus exacte que j'aye pu faire, avec Tex-
plication des deux premières selon ma petite capacité ; pour
les trois dernières, je n'oserois y toucher, il ne faut pas
moins que des Montfancons pour les expliquer, je leur laisse
ce soin. Je compte, monsieur, que vous ferés mettre ces
inscriptions dans le premier Mercure, avec celle qui porte
SRI, sur laquelle je vous ai fait tenir toutes les explica
tions que je suis capable de donner.
Dans le moment, je reçois le Mercure I de décembre 1735.
Je l'ai ouvert avec précipitation pour y voir votre lettre.
(1) Nous donnons (A In suite de cette lettre) la feuille volante indiquée p-ir
Paschal F'enel.
- 29 —
mais quelle est ma surprise ! Permettes - moi de vous dire
qu'il ne falloit pas mettre une si grande distance entre PS et
rv. Il n*y en a pas plus qu^entre les autres lettres et je crois
vous ravoir marqué positivement. Vous dites encore que le
point est gros;}e n'ay jamais dit cela, il n'est pas trop gros,
mais il est triangulaire, c'est à dire à trois pointes de la sorte
-< , voilà tout ; de plus vous me donnez la qualité de
scwanl avec emphase, je ne vousay jamais donné lieu de me
dire une pareille injure; cela est capable, dans certaines
circonstances, de jetter un ridicule outré sur un homme,
et de luy donner une qualiflcation quelquefois toute con-
traire. Si vous m'aviés consulté, je vous aurois prié d'ôter
ce titre, Permettez-moy de vous faire mes plaintes avec
liberté ; on croira que c'est moy qui me suis donné cette
qualité ou que vous l'avez fait à ma prière. Il falloit donc
du moins mettre votre nom ; en ce cas, la charge de savant y
que vous érigés en ma faveur si liberallement, eut été à vos
risques, périls et fortunes. Que ce que je vous dis là ne
vous fâche pas, monsieur, excusés le premier mouvement
que m'a causé votre trop bonne volonté pour moy. Je finis cet
article en vous disant qu'un nouvel ouvrier à qui j'ay montré
les fragmens, que je conserve, des pierres sur lesquelles sont
les premières inscriptions, m'a dit qu'il ne croyait pas que
ce fût de l'Ârcueil, mais de la pierre de tiais ou de lierre. On
convient que les dernières trouvées sont de même pierre
que les autres, quelle que soit cette pierre.
Feuille voiante accompagnant la lettiœ
Inscriptions trouvées à Sens dans le mur de la ville, à
côté gauche de la porte Commune, en entrant par le fau-
bour Saint-Pregts, les mardy et mercredy 4 et 5 janvier 1736
sur une pierre />rem/ére, sur une autre pierre que je nomme
seconde.
tfONORATO
VG MVNERA
VS HONORIB
M AE
PLA
RAR
MILIO NOBILI
MINI AVG MVNE
OMNIB HONORIB
— 30 —
La première pierre est séparée de la seconde par une autre
qui est entre deux. C'est parla pensée que je les ay réunies
La première pierre porte la tin d'une Inscription et le com-
mencement (le l'autre. 11 y a une bordure en haut et à coté,
comme vous le voyés, avec une espèce d'ornement c'est-à-
dire à la seconde, la bordure n'est pas dans le bas, ce qui
me fait croire que la pierre a été coupée par en bas.
Sur une autre pierre très mal traitée, que je nomme troi-
sième :
I s.. EVNCIO.... MAIADSV |
Knlre S et E, place de deux lettres où il ne paroit pas y
avoir jamais rien eu d'écrit.
Entre 0 et M, place de trois ou quatre lettres où 1 ne
paroit pas y avoir jamais rien eu d'écrit.
Quatrième y sur le côté gauclic d'une pierre :
NIVCI
Ces lettres sont plus grandes et mieux formées que celles
de toutes les inscriptions précédentes. La première lettre
est à moitié coupée par l'extrémité de la pierre ; mais ce ne
peut être qu'une N.
Cinquième. Sur le côté gauche d'une autre pierre :
II III
Ces cinq I sont tous égaux et il n'y a pas de barre dessus
ny de point entre deux (1).
(Ij Pnschal P^cnel avuit bien lu les inscriptions qu'il oppelle première
et seconde ; sur la troisième il aurait dû lire S.FVNCTO et plus loin
APVD SV; sur la quatrième XIVGI. Il avait bien lu d'abord, comme le
constate un brouillon laissé par lui. Nous ne savons pas pourquoi il n'a pa^
donné tout ce qu'il ovait lu sur cette dernière pierre.
Ce brouillon porte:
RMION
IVLIA
MAG
III 11
Il tiuniiUlûlirc:
MIO
RMIA
AK
IVLIA
MAG
TIETI
-- 31 —
Voicy comme je lis la seconde inscription :
Marco, AEMILIO, NOBILI,
FLAMINI, AVGusti ; MVNE (I)
RARio; OMNIBus HONORIBus
{\> Je sépare TE de TN qui sont joints dans l'inscription.
Je supplée à la fîn et sous-entends perfuncto ou quelque
autre mot semblable.
Nota que ces trois lettres RAR de la troisième ligne m'ont
Fort exercé, elles sont très mal traitées, surtout TA mais on
voit encore assez bien les deux RR ; quant à l'A, on en voit
très bien la jambe droite, et ayant suivi toutes les sinuosi-
tés de la pierre avec du crayon noir, il a été convenu par
tous les spectateurs que ce ne pouvoit être qu'un A.
Explication : A l'honneur de Mardis Mmiliiis Nobilis^pres-
Ire d'Auguste qui a donné à ses dépens au peuple le spectacle
des gladiateurs et qui a passé par toutes les magistratures de
la ville.
Preuves de l'explication : Il n'y a pas de difficultés sur
les cinq premiers mots^ on voit par là seulement qu'il y
avoit h Sens un temple d'Auguste desservi par les premiers
magistrats de la ville et les plus riches citoyens.
Manerario, Munerarius veut dire proprement celuy qui
donne au public à ses dépens le spectacle des gladiateurs.
Suétone in Domitiano s'en sert en ce sens, et Quintilien dit
que ce terme fut de l'invention de l'empereur Auguste
comme reatus fut de l'invention de Messala. Quintil. viii, 3.
Omnibus honoribus. Honores au pluriel s'entend propre-
ment des magistratures et offices publics que la république
ou le souverain conféroit. Je supplée à la fin perfuncto,
Pe t-être étoit-il dans le bas de la pierre.
L'autre inscription est la fin d'une toute semblable à
celle-cy, à la différence que le munerarius, s'appeloit Hono-
ratus^ ces inscriptions avoient des formules invariables.
^
— :ii —
LABBÉ FENEL A L'ABBÉ LE BEUF
A SenSj ce mercredg au soir 25 Janvier Î136.
Je me donne Thonneur de vous écrire une 3® lettre quoy-
que vous n'aycs pas encore fait de réponse aux deux précé
dentés, Tune de la fin de décembre et Tautre vers la roy
janvier.
Je commence par vous envoyer quelques nouvelles ^^
marques sur Tinscription trouvée icy dernièrement et don
je vous ay envoyé coppie et explication dans ma dernière
et ensuitte je vous communiqueray quelques reflexions sur
votre dissertation soissonnaise.
J'ai expliqué ces mots de Tinscription FLAMINI. AVG. par
ceux ' cy flamini Augusti; il falloit dire au^us/a/i. C'est la
même chose pour le sens absolument parlant, mais la pQ
reté de la langue latine exigeoit que Ton mit un adjectif
après flamen : flamen dialis, martialis, etc., en sorte quil
ne faut pas lire flamini Augusti f mais augustali. Il y a des
inscriptions où ce mot augustali est tout au long après fla-
mini.
Il y eut depuis des flamines flavii, hadrianales, «liani, ai^
tonini, etc., établis pour honorer les familles qui régnèrent
successivement après l'extinction de celle d'Auguste, qai
flnit dans les branches adoptives dans la personne de Né-
ron, et c'est ce qui me fait faire une réflexion pour me con-
duire au tems à peu près auquel notre inscription a été
faite.
Pour cela il sufflt de considérer que la flatterie des Ro-
mains et des peuples qui leur étoient soumis les portoil à
déifier les princes de la maison régnante, et que cela faisoit
nécessairement déchoir le culte de la maison qui étoit
éteinte ; ainsy les prestres augustaux (s'il m'est permis de me
servir de ce terme) cédèrent bientôt la place aux flaviem
(c'est-à-dire à ceux qui honoroient la famille de Vespasien;,
ceux cy aux prestres des maisons d'Adrien, etc , en sorte
qu'il faut croire que notre inscription a été faite entre le
— 33 —
temps qui s'est écoulé depuis rinstitution des augustaux
sous Tibère, jusqu'à celui où les flaviens prirent le premier
degré d'honneur. Et ainsi voilà notre inscription placée en-
tre la première année de libère et la fm du règne de Ves-
pasicn, dans Tespace de 64 ou 65 ans.
Au reste, quand je dis que les nouveaux prestres que la flat-
terie romaine instituoit pour la maison dominante faisoient
déchoir les prestres de la maison éteinte, je ne dis pas
que cela les fît abolir tout à fait. Cela diminuoit seulement
leur éclat. Il seroit curieux d'examiner jusqu'à quel point
celte diminution alloit, mais je ne crois pas que l'on ait ja-
mais aboli tout à fait les augustaux tant que le paganisme
subsista, parce qu'Auguste étoit regardé proprement comme
le premier empereur, et celuy qui avoit donné la forme à
cet état, forme qu'il garda a peu près jusques à Constantin.
Jules César n'avoit gouverné que sur le même pied que
Silla avoit fait.
Au reste, il ne faut pas confondre avec les prestres augus-
taux les cultores Augusti quiper omnes domos in modum col-
lc(jiorum habebantur, Tacite, Ann. Il, 73. Ce qu'il y a de cer-
tain, c'est qu'ils étoient très réellement distingués et que
les sodales augustales institués à Rome, la première année
(le Tibère, furent sorte ducti è primoribus civitalis unus et
vifjcnti, à quoy on joignit les quatre princes de la maison
d'Auguste qui vivoient alors. Tacite nous apprend encore,
III Ann. 64, la propre fonction des augustaux : Ideo augus-
tales adjecti quia proprium ejus domûs esset sacerdotium pro
quà vota persolverentur. Et c'est là une des plus fortes rai-
sons que j'aye pour croire que la maison de cet empereur
étoit éteinte, les prestres de cette maison déchurent beau-
coup de dignité, puisqu'ils étoient le propre sacerdoce de cette
maison.
De tout cela il résulte que les augustaux de Rome étoient
les premiers de la ville, et comme on imita ce sacerdoce
dans les principalles villes de l'empire, on prit sans doute
de même les premiers de chaque ville pour remplir ces pos-
— Si-
tes. Et ainsi il falloit que M. Mmilius Nobilis fût un homme
considérable de la ville û'Agendic ou d'Agedinck. 11 falloit
aussy qu'il fût riche, car outre la richesse nécessaire pour
soutenir la dépense d'un spectacle de gladiateurs, on a des
preuves que ce sacerdoce d'Auguste étoit fort honorable.
mais en même temps fort onéreux. Voicy un passage d Epi-
tecte dans Arrien de Sermonibus Epicleti, L. XIX : t Quelqu'un
« m'a dit aujourd'huy qu'on luy vouloit donner la prêtrise
» d*Auguste; je luy ay dit : Laissez cela ! Car vous serés obligé
a de faire bien de la dépense en vain. — Oh mais, m'a-t-il dit
c les grefliers ou secrétaires publics inscriront mon noir.
< (nous allons voir qu'il ne s'agit h\ que d'une inscription
f — Et quoy donc, luy ay-je dit, est-ce que vous irés dire a
c tous ceux qui liront ce nom que c'est vous dont il est |)arle
« là? Et quand vous le diriez à tous ceux qui le viendront
« lire de votre vivant, que ferés-vous quand vousseré^
« mort? — Mais mon nom demeurera au moins, a-t-il dit-
« Eh mettez le vous-même sur une pierre, et il demeurera pa-
ff reniement. Et quand cela seroit bon à quelque chose, qai
c vous connoitra hors de Nicopolis ou de la ville de vo
€ tre résidence? — Oh! mais je porterai une couronne d or
< dans les sacrifices ou cérémonies. — Si vous en êtes en-
< vieux, prenés en une de roses et vous promenés avec, du
« moins elle est plus agréable à voir, etc. »
Vous voyez là quelles étoicnt les prérogatives de M'» les!
prestres augustaux, mais elles leur coutoient bonne, et c eiit
ce que fait encore voir la plainte des Bretons contre le sa-
cerdoce de Glande établi dans la ville de Camalodumm
Dclecliqiic sacerdotes specie relligionis omnes forlunas effun]
dehant;ce n'étoient donc pas des postes lucratifs, mais blet
au contraire. Je vous dirai à cette occasion que je crov cs«
tre en état de bien prouver que chez les Romains le sacer j
doce, quelque considérable qu'il fût, n'avoit aucun revenu
attaché, et que les temples avoient seulement (encore pd
tous les temples) quelques revenus pour subvenir aux fni^
des sacrifices et à Tachât des victimes etc. ; il y avoit aus^}
— 35 —
les frais des feslins sacrés ; et c*etoit là à quoy alloient les
revenus sacrés, mais ils n étoient aucunement destinés à de
certains particuliers pour en disposer pour leur subsis-
tance ; en un mot, les places des pontifes, des augures, des
]nindccimvirs, des septemuirs, etc., n^étoient pas des béné-
kes (pour me ser>ir d'un terme qui soit intelligible quoy-
qu'impropre). Jay beaucoup de raisons pour prouver cela
îi les croy sans réplique, mais cela serait trop long, il me
suffît de répondre seulement icy à quelques passages par
)ù l'on prouve que les pontifes avoient du bon uin, de splen-
iides repas et des chères admirables; ouy c'étaient des fran-
rhes lippées seulement ou des repas publics et sacrés qui
ai soient partie de la relligion payenne, qui se dévoient faire
ivec cérémonie et avec magniticence, mais il y avoit des
bnds destines pour cela seul et qui dévoient même se tirer,
m certaines occasions qui regardoient le public, du Ibré-
ior de rÉtat pour suivre les règles, sans quoy le repas sa-
rré, les sacriGces, tout eut été perdu et il eut fallu recom-
nencer sur nouveaux frais. J*aurois aussy beaucoup d'au-
res observations à faire sur ce même sujet, sur les cbamps
consacrés aux dieux qui dévoient nécessairement rester in-
;i>Ites (ce n'étoit pas le mo^^en de les rendre d*un bon
produit ), sur les forêts sacrées où il était deffendu de faire
ntrer du fer sous de grandes peines, c'étoit pour empêcher
[u on ne les coupât etc. ; j'en ferois aussy sur la garde et
entretien de certains temples qui étoient à la charge de
ertaines familles et pour raison de quoi Verres ruina un
.'une mineur, etc. Enfin ce sentiment vous paraîtra nou-
eau et très singulier, mais je crois qu'il n'en est pas moins
rny et qu'en général on ne connoît pas trop bien quelle
toit la relligion romaine.
Vous m'allés dire, monsieur, sans doute, que je me con-
redis en ce que j'ay dit que certains temples avoient du re-
enu et que cependant certains sacrifices et repas sacrés
e dévoient faire aux frais de TÉtat; cela se concilie en dis-
inguant les temples de VEtal ou de la république d'avec les
— 3G —
temples des particuliers. Il y avoit bien de la difTérenceen
trc eux, mais cela suffît pour le présent. Mod sentiment en
cela est nouveau et je crois en estre l'auteur, mais quelque
jour je le prouveray bien. Revenons à notre inscription
Je veux maintenant fixer encore plus précisément le temps
où elle a été faite ; je vois que le nom d'jEmilius est le nom
d'une des plus illustres familles de Home, croirons nous
que notre magistrat d'/le/Mé/mc/r ait été de cette noble fa-
mille? Non certes, c'étoit un Gaulois romanisé qui avoit pris
un nom, mais il falloit que ce fut un citoyen romain, câr
Claude, selon Suétone : Peregrinœ conditionis homines i^liiil
usurpare /-oma/ia /lo/n/na, dunUaxat genlilitia. [In Claudio J
Et ainsy Marcus iEmilius Nobilis a dû vivre dans un temps
où les principaux des villes gauloises avoicnt le titre de ci
toyens romains, ce qui semble estre arrivé sous rerapiit de
Claude, quoy que la chose ne laisse pas de souffrir quelque
difficulté. Mais de quelque manière qu'on explique Icspav
sages de Tacite sur le droit de cité accordé aux Gaulok
toujours peut- on assurer que notre inscription ne pfut
guéres estre avant l'empire de Claude, ny après celuy de
Vespasien, ce qui fixe le tems de cette inscription à 25 ou
30 ans près. C'est beaucoup faire dans une matière aussy
obscure que celle-là.
Je finis ce fatras de remarques informes en vous faisant
remarquer que selon une inscription rapportée dansJ.Lipsf
il y avoit de la différence entre les flamines angustales et les
sodales angustales. Il scroit à présent assez difOcille de dire
quelle est celte différence
PASCHAL FENEL A LE BEUF
A Sens, ce lo* février 1736
Monsieur,
Il faut que vous soyésextraordinairement occupé, puisque
vous ne m'honores pas d'aucune réponse aux trois lettres
quD j'ay vu l'honneur de vous écrire depuis la fin dclan-
— 37 —
ée dernière et dans lesquelles (c'est la seconde) est une
^ouvaille d'inscriptions romaines. Vous avez dû voir dans
I première les éclaircissements sur l'inscription SRI que
ous paroissiés désirer ; dans la troisième enfin étoient des
éllcxions nouvelles sur les inscriptions contenues dans ma
Bconde lettre. Voicy de quoy exciter de nouveau votre
uriosité, monsieur, mais je désespère presque de pouvoir
lus trouver aucune chose qui puisse faire cet effet, ou du
loins obtenir une réponse de vous ; mais quelque peu de
as que vous en déviés peut estre faire, voicy de quoi il s'agit.
Ce sont deux inscriptions en lettres onciales toutes sem-
labiés à Tinscription de VESTÂ, et au-dessus desquelles
ont des bossages ou portions de pierres Agurées tout ex-
rès en façon rustique et champestre et débordant considé-
ablement au dessus du plan uni où sont les inscriptions.
La première à gauche a cinq lettres ainsi : ViSQV (1). La
econde à droite et à coté immédiatement de Tautre, mais
in demi pouce plus élevée qu'elle, a six lettres qui sont
3ulcs égalles : OTOPOS (2) et de même grandeur que les
lus petites lettres de Tinscription gauche. J'ay cru avoir
einarqué un point placé exprès entre les lettres S et Q de
inscription de gauche; mais d'autres ont jugé que c'é-
3it un pur deffaut de la pierre. Je ne savoîs d'abord ce que
3ut cela vouloit dire; enfin après avoir bien roulé cela
ans mon esprit, j'ay vu (ou j'ay cru voir) qu'il falloit mèt-
re à gauche l'inscription qui est à droite et lire tout de
uitc en distinguant les mots par des points : OTO . FOSVL
K QY Remarqués ce grand I qui termine po5«i.
Tout cela a été trouvé dans le même pan de muraille que
es autres inscriptions trouvées cy-devant, mais plus bas.
l'I Nous avons placé cet le pierre à la fin de la premuTC rangée. Depuis
a découverte eUe a été mutilée.
(2) Cette pierre est la dixième de la première rangée. L'ablié Fenel avait
'U encore uo autre frïigment de la grande inscription comme l'alteste le
itouillon que j'ai sous les yeux:c*est la pierre qui occupe le M'ptiemc rang
t ciui porte MAGIUV. Il avait lu MAGIIV.
— SS-
II y avoit même encore de la terre qui couvroil le bas de
ces dernières inscriptions. J'achevay de la faire ôler, ce qui
me fit voir que ce que j*avais pris pour un O étoit venta-
tablement un A. Pour venir présentement à rexplication, je
crois que ces deux inscriptions (qui se réduisent à unesont
la suite de Tinscription de VESTA. Ce qui nie le persuade
est la similitude de la forme et grandeur des lettres et du
bossage qui est au dessus. Selon cette idée, il nous manque
une pierre après celle ou est le nom de VESTA et avant
celle où est le nom OTO ; et il nous manque encore une
pierre et peut-être deux ou trois où est la fin du nom des
consuls qui ne sont que commencés dans celles que nous
avons. Ainsi je lirois tout de suite : Sacrum VESTAE Malri
OTO POSVl Sexto QVinto... Moi Oton fai posé ce temple
qui est consacré à la déesse Vesta la mère, sous le consulat
de Sextus Quinct, On n*en peul pas dire davantage, car je
trouve que dans les consulats qui sont entre César et Julien
l'Apostat il n'y a que trois consuls qui soient nommés de
noms qui commencent parQVet qui soient en mêmetemp^^
les premiers des deux consuls, savoir un Quinclins Mgtr,
sous Trajan, un autre d'un nom à peu près pareil sous.Xn-
tonin le Débonnaire, et un Quinctus longtems après. \ou^
pouvés vérifier cela sur les fastes dont on a des éditions n
Paris meilleures que celles que j'ay, et dans lesquelles peut
estre les prénoms seront marqués exactement. Ce sera celuy
de ces Mrs là qui aura eu le prénom Sextus à qui ce con-
sulat appartiendra, et par conséquent le tems de notre in-
scription et du temple de Vesta bAti à Sens. Je dis un tem-
ple, car si ces inscriptions étoient de suite, comme je le
crois, en y joignant les autres qu'on n'a pas, il faut que {in-
scription en tout ait plus de 20 à 25 pieds, et partant, cela n a
pu appartenir qu'à un temple, et encore à sa façade exté-
rieure, les temples des anciens étoient souvent assez petits
Je ne vous envoyé pas aujourd'hui de remarques siir
votre dissertation. Il faut remettre cela à une autre fois, je
suis trop occupé aujourd'huy ; mais il ne faut pas omettre
— 39 —
deux petites remarques : Tune sur rinscriplion où on lit
niuci qui est sûrement la fin d'un mot. Je soupçonne que
c'est la fin du génitif du mot entier Agenniucum et que ce
nom est le vray nom du Sens payen, et non pas Agendicum
et encore moins Agetincum. Gela vous paroitra étrange,
Yoicy mes raisons :
Il n'est pas nouveau de trouver des noms qui soient cor-
rompus dans tous les manuscripts et qu'on rétablit dans
leur usage, écriture et prononciation, par le moyen des
inscriptions et des médailles. Sans aller bien loin, on en a
un exemple tout récent dans le nom d'un roy du Bosphore,
Cimmericay qui se nommoit Pœrisades, en grec Pairisades ;
ce nom est vicié dans tous les exemplaires des auteurs qui
en ont parlé et M. de Boze l'a reconnu par le moyen
d'une médaille unique de ce prince sur laquelle il a fait une
dissertation très belle dans les Mémoires de l'académie des
Belles lettres, tome 6«.
Il n'est donc pas impossible que le nom de Sens payen ait
été corrompu de la même manière ; mais l'a-t-il été ? Ouy,
si Tinscription en question ne peut convenir qu'à la fin d'un
mot qui soit le génitif de cet ancien nom ; mais, me dirés-
vous, c'est peter te principe ; mais je vous diray moy qu'il
n'y a pas beaucoup de différence entre Agenniucum et
Âgendiucumy car le d se peut aisément manyer en n après
une autre n et vice versa. Mais, me dirés-vous, que faites
vous de cet u avant cum qui ne paroit pas dans la lecture
des manuscripts ? Je dis que cet u a été omis pour l'eupho-
nie, ou bien, si vous voulés, brevitatis causa, et que les copis-
tes qui voyoient que cette prononciation avoit changé, au-
ront écrit ce nom suivant la prononciation nouvelle dans
les copies qu'ils auront fait des anciens manuscripts. Après
tout ce n'est qu'une conjecture, il scroit bon de voir les
mss. de Caesar, de Ptolémée, etc.. Vous le pouvés aisément.
L'autre remarque est sur l'inscription SRI.
Peut-être cela veut-il dire : Senones Ratuni lusseruni ; ce
n'est qu'une conjecture.
— 40 —
En passant remarqués, s'il vous plait, que Senonenses, mot
usité aujourd'huy, n'est pas latin.
Les Romains disaient au singulier Senotij cela est certain;
et quand ils voulaient en former un adjectif, ils disaient
Senoniciis comme A. Gçlle : Bellum Senonicum, et notre pro-
vince est appelée Sé/]on(gue quelque part. Conclues que c'est
avec une grande ignorance que ceux qui veulent parler
latin et bon latin nomment un homme natif de Sens Scno-
nicuSf et un homme qui n'est pas de Sens, mais du diocèse;
Senonensis. Cest avec pareille élégance qu'on appelle un
Parisien : Parisiiws, ce qu'on devrait dire Lutetianus, et un
homme du diocèse de Paris : Parisiensis, qu'on devroit dire
Parisius, car les peuples de ce pays étoient nommes des
latins : Par/5// au pluriel. Quelque autrefois je vous commu-
niqueray mes conjectures sur Tétymologie celtique du mot
Senones et Semnones et du grec Semnos qui en vient peut-
être, c'est à dire que tous ces noms seroient dérivés d'une
même racine de la langue primitive, dont les branches sont
répandues dans toutes les langues qui se formèrent à la dis-
persion de Babel ; mais cela seroit trop long à déduire,
outre qu'il faut que je fasse encore quelques recherches sur
cela.
Je suis à mon ordinaire, monsieur, ave<: un très profond
respect, monsieur, votre très humble et très obéissant ser-
viteur.
Fenel.
Ne vous étonnés pas, s'il vous plait, de ce que VOio de no-
tre inscription n'ait pas d*/i dans son nom. Peut-estre n'etoit
il pas de la famille de l'empereur trimestre de ce nom ^
Peut-estre écrivoit-il son nom autrement ? Pcut-estrc est-ce
aussy la faute du sculpteur? De plus il y a des médailles de
l'empereur Oton sans h (1).
(1) Cortains numismates, par exemple Laurent Pu tn roi (Venise 17>1S.
ont écrit le nom de cet empereur OTTO; mais les mcHlnillcs portent tou-
jours OTIIO. On ne trouve, dans Cohen, aucune médaille* où le nom •'
rempereur Olhon ait un H pour première lettre.
— 41 —
L ABBÉ LE BEUF A L'ABBÉ PASCHAL FENEL *
A Paris, ce 6 février 1736.
[Il vient de parlerde Monseigneur Languet, archevêque de
Sens.)
Nous parlâmes d'inscriptions. Je lui montrai celles que
vous avez trouvées au mois de janvier. Il n'en avoit pas oui
parler. Je lui dis que je ferois placer, dans le Mercure, la
plus considérable avec quelques unes de nos observations.
La dessus il me dit qu'il avoit été bien surpris de ce qu'étant
dernièrement à la cour, c'étoit le Roy lui-même qui lui avoit
appris que le Mercure de décembre faisoit mention de lug à
Foccasion de Vinscription de Vesta. Nous n'entrâmes pas dans
d'autres détails.
... Tout ce que vous m'avez mandé sur les différentes car-
rières est très curieux, sur le banc coquillart, etc. ; mais je
vous prie de faire une réflexion et de penser s'il étoit fort
commode de faire venir de Paris des pierres à Sens ? Ne
seroit-ce pas plutôt des pays hauts que seroient venues les
pierres par le canal de la rivière. Vx>us direz que par la
même raison on auroit pu faire venir aussi par bateau des
démolitions : il n'y a rien d'impossible la dedans, il est plus
commode aux voitures chargées de descendre que de re-
monter.
Je pense toujours que votre ville de Sens romaine payenne
a été vers l'embouchure naturelle de la Vanne dans l'Yonne
et que c'est de ce costé là qu'étoient les monuments en
plus grand nombre. Peut-être est-ce aussi pour la même
raison qu'on en trouve d'avantage dans vos murs méridio-
naux de Sens chrétien. Ils étoient à portée^ on démolit, on
désincrusta votre tour de Ciar etc., comme on a fait ailleurs.
On voit encore à Auxerre de ces anciennes tours qui n'ont
que les os.
... Je dois porter aujourd'hui à M. de la Roque le précis
que j'ai fait de vos remarques sur M. jEmilius. 11 y en a qui
ne sont pas également fondées, je les passe sous silence.
— 42 —
D. de Montfaucon a un peu varié sur cette inscription que
je lui ai montré deux fois II m*a dit la deuxième Tois qoe
l'R d'après Muncra pouvoit signifier recepil ou recepla. Il
me parut surpris du mot munerarius. Je ne le trouve pas
dans les tables de Gruter. Il est dans du Gange qui ne cite
pas Suétone.
... Gomme j'allois finir ma lettre, je viens de recevoir
votre troisiesme du premier de ce mois, je n'ay pu que la
lire : une autre fois je vous ferai part de mes réflexions. En
attendant, j*ai l'honneur d'être, avec un profond respeci,
monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,
Le Bel-f.
LETTRE DE L'ABBÉ LE BEUF A M. DE LA ROQUE
Mercure de France^ février 1736. p. 264
Parmi le grand nombre d'inscriptions recueillies par Gru-
ter et les autres antiquaires, il n'en paraissait aucune qui
eut été trouvée dans la ville de Sens ou auprès de cette
ville. Si Gruter indique quelquefois une province ou une
ville sénonaise comme lieu où on a découvert certaines in
scriptions qu'il rapporte, il est visible, par le garant qu il
cite, qu'il ne s'agit point de la ville de Sens de nos Gaules,
mais d'une colonie sénonaise établie en Italie. Enfin, le
hasard a permis que ce qui était enfoui à Sens et caché au
bas des murs de la ville se manisfeste de nos jours. Outre
l'inscription de la déesse Vesta, qui a été trouvée au mois
d'octobre dernier, et dont il est parlé dans le I<^»" volume
du Mercure de décembre, je puis vous en citer plusieurs au-
tres qu'on vient de découvrir dans ce présent mois de jan-
vier. Gomme les pierres qui sont chargées de ces inscrip-
tions sont mises en confusion dans le< fondements de ces
murs, il est difficile de rencontrer dessus une véritable suilc
de langage cl on est réduit à regretter que la plupart n ont
pas été bien conservées pour nous apprendre à quel u««iif;e
elles avaient été employées d'abord. Soit restes de lempb
PU d'autels, soit débris d'autres monuments payens, soii
— 43 —
simples épitaphes, tout a été employé indifréremment pour
élever les murs de Sens tels qu'on les voit aujourd hui. Je
dirais que c'est la rareté des carrières dans le pays qui en
est la cause, si je ne savais que dans plusieurs autres villes,
où la pierre est fort commune, les ruines des monuments
du paganisme sont employées de même dans les fondations
des murs de ces villes, qui paraissent du iv^ ou du v« siècle.
Le savant chanoine de Sens (M. Fencl), dont je vous ai
parlé dans ma lettre précédente, continue ses soins pour
ne pas perdre un seul fragment de ces précieux restes. Et
il joint à cette attention des recherches fort exactes sur le
temps auquel ces inscriptions pourraient avoir été gravées.
Les deux plus considérables des quatre qu'il vient de m'en-
voyer consistent en deux blocs de pierres sur les quels on
lit:
HONORATO M AE
VG MVNERA FLA
VS HONORIB HAR
MILIO NOBILI
MINI AVG MVNE
OMNIB HONORIB.
La ligne perpendiculaire que j ai tracée ici marque en
quel endroit elles sont séparées Tune de l'autre. Il est diffi-
cile de dire quelque chose qui soit sûr touchant la première
inscription, dont le commencement ne paraît pas. La se-
conde qualifie Marcus iEmilius de flamine ou prêtre augus-
tal, c'est ce qu'elle a de plus remarquable. Il ne resterait
qu'à juger sur la qualité du caractère s'il faut attribuer celte
inscription au siècle d'Auguste, car on peut faire divers rai-
sonnements sur les prêtres des Romains appelés Âugus-
laux ; mais cela n'offrirait point l'époque de cette inscrip-
tion. Notre curieux Sénonais, s'élant assuré qu'il y a
MVNEUAR dans celte inscription, conjecture que M. Emile
aurait été ainsi qualifié de numerarius en reconnaissance
de ce qu'il avait donné au peuple à ses dépens le spectacle
de gladiateurs. Suétone, dans Domitien, s'en sert en ce sens,
et Quintilien (viii, 3) dit que ce terme fut l'invention de l'em^
pereur Auguste, comme reatus fut l'invention de Messala,
)
I
_ 44 —
M. Fcnel n'a pas oublié non plus de me faire remorquer
que dans Arrien De Sermone Epicieli, L. XIX, il y a un té-
moignage formel que les prêtres augustaux, en considéra-
tion des dépenses auxquelles ils étaient engagés, avaient
l'honneur de voir graver leurs noms sur les pierres. Voilà
M., le précis de ce que m'écrit ce savant et dont je vous
prie de faire part au public, en attendant quelque chose de
plus important.
Je suis etc..
A Paris, 31 janvier, 1736.
L'ABBÉ PASGHAL FENEL A L'ABBÉ LE BEUF
A Sens, ce samedy 17 mars 1736.
( Il demande à l'abbé le Beuf de corriger les nombreuses
fautes que contient l'article du Mercure de février louchant
les inscriptions de Sens et de mettre un errata dans le pro-
chain article sur les autres inscriptions sénonaiscs.]
Si vous ne la faites pas réformer, on croira que je n ay
pas su lire l'inscription, quelle honte pour un homme que
vous traités de savant si libéralement ! Cela rejailliroit sur
vous qui m'avés décoré de ce beau titre, dont au reste, si]
vous plait, monsieur, vous répondrés en votre propre et
privé nom devant Dieu et les hommes (1).
A l'égard de mes remarques sur les inscriptions quejay
eu l'honneur de vous envoyer l'avant dernière fois, mon
sieur, vous me dites bien que vous passés sous silence celles
que vous ne trouvés pas également fondées, mais vous
m'iiuric/. fait grand plaisir de me marquer les raisons que
vous avez de les juger telles, cela m'auroit mis en élal de
leîi coiilirmer par de nouvelles preuves, ou bien de recon
noitrc de bonne foy que je me suis trompé. C'est ce que
(l) Voir* dnns la leltre tic Fenel du t4 janvier 1736, le passage où il «^
pLilnl li 11 voir reçu de le Reiif la qualllô de stwant qu'il eonsidèrc cnnmK
ime injnrf. Aujourd'hui ce même lilre peut encore être mal accuHlIi |ar
ccrioins ciiercheurs qui n'ont aucune prétention à ce titre.
ht
— 45 —
je lie manque jamais de faire dès qu'on m'éclaire sufBsam-
mcnl.
Je suis surpris des variations d'un aussy liabilc homme
que le P. de Monlfaucon dans ces matières. S'il y avoit
mimera recepit ou receplOy il n'y auroil pas seulement de
construcUon. Faisons l'honneur à nos ancêtres de croire
qu ils ne parloient pas si ridiculement. Le mot Munerarius
n est pas seulement dans Quintilien et Suétone, il est encore
dans Pline pour signifîer un homme qui donne un specta-
cle de bestes féroces. Je n'ay pas vérilié cette citation, mais
clic est de bon lieu. Je ne sais si c'est le naturaliste ou son
neveu. J'ay vérifié qu'il est encore dans les lois romaines
compilées par l'ordre de Juslinien, en plusieurs passages, et
si«^nir]e là celuy qui donne des spectacles en général à ses
dépens, soit de bestes ou de gladiateurs. Je suis surpris
moy de la surprise du P. de Montfaucon qui ne connoit pas
un tel mot, tandis qu'un écolier comme moy l'ay trouvé à
la première lecture de l'inscription, sans le secours d'aucun
livre parle seul souvenir de mon Suétone que j ai autrefois
beaucoup lu h la vérité. Je suis à mon tour surpris que ce
mot soit dans du Cange, où, selon son litre, il ne devroit y
avoir que des mots de la basse ou de la mo^^enne latinité;
à moins qu'on ne veuille faire commencer la moyenne
latinité à Auguste, ce qui n'auroit pas sans doute l'approba-
tion publique. Quoy qu'il en soit, si ce mot n'est pas dans
Gruter, notre inscription devient unique à cet égard et par
conséquent considérable.
J'ai songé depuis qu'il ne faut peut-estre pas suppléer
aucun verbe ù la fin de cette inscription et que munerario
omnibus honoribus ne veut dire autre chose si non que cet
homme a donné des spectacles dans toutes les magistra •
tures ou honneurs par lesquels il a passé. En sorte que cela
voudroit dire qu'il en a donné plusieurs fois. Qu'en pensés-
vous? Cela est plus simple.
Vous me faites espérer réponse à ma lettre du 1er février,
où est l'inscription otoposvIsq; je Tattends encore. J'ai
— 40 —
trouve* (Jatis le Moréry d'icy qu'il y a eu en 151 de J. C. un
consul qui ;rvoit pour prénom Sextus et le nom Qu.
Voicy une tlornière trouvaille, mais elle est bien peu con-
sidérable; il ne faut pas cependant la perdre, elle servira
peut-eslre quelque jour à finir et à suppléer ce qui mnn-
q Liera n quelque autre qu'on trouvera dans la suite : cesl
une pierre renversée en cette forme :
(lAdV IV
La lettre que je prends pour L est assez mal formée 1).
11 y a une espèce de quadre au-dessus, comme vous voycs.
ce qui nuirqde la lin de Tinscription dont le commencement
nninque. Li-s points que j'ai marqués sont à la place des Ici
1res lolaleiueat effacées que je n'ay pu lire, et je remar(|ue
que le caiaetcre n'a de proportion avec aucun des aulrcs
Inscripliotjs déjà trouvées, c'est à dire pour la hauteur, cn-
fonccuîcnt de la [gravure, etc., car ce sont toutes Icllres
roiiiaincH. H faut encore vous dire qu'il y a longtemps que
celle pierre est découverte, mais comme elle éloit pleine de
terre crasse et onctueuse, on n'a pu lire ce peu de leltres
que quand la pluye et le soleil ensuite ont contribué à la
netlfîyer
j'ai Ihonneur, Monsieur, d'estre avec un profond respect.
en nUeiidiiiU l'honneur de votre réponse à celle-cy et à celle
du I" lévrtej-, Monsieur, votre très humble et très obéissant
servi leur.
Fenel.
Je x'ouH recommande très fort l'errata pour le Mercure
(Ij L'nhbû l'Viiel nurnit dû lire lAE APVDSVO (anllpénulUrmc pient
du ih'TiJÏvf rniig}.
Sur U's t|iiiininlc-cinq pierres dont se compose ni^ourd'hui renstmMr
ilu irioiiuinriil, le* savant abbé en connni»sail neuf. I^ fragment portini
S U {, pi^rilu nmUUenant. parait avoir appartenu A un outre nionumrn!
- 47 —
L ABBÉ LE BEUF A L'ABBÉ PASCHAL FENEL
19 mars 1736
Monsieur,
Quoique je ne manque pas icy d'occupations, je ne diffe-
reray pas cependant à répondre à l'honneur de vos deux
dernières lettres. Je commence par celle du jour d'avant
hier d autant plus que j'ai la teste actuellement un peu farcie
d'antiquailles. 11 seroit aisé de redresser dans l'errata la
citation de Serm. Epicteti 1. 1, c, xix. J'ai consulté votre
lettre du l^r janvier. 11 y a L.xix bien marqué. Les autres
fnutes d'impression sont peu de chose et l'on ne prend pas
garde de si près que vous le pensés à tout ce qui s'imprime
en fait d'inscriptions. Je ne vois pas non plus que je puisse
(iiire grand usage des fragments que vous m'avez commu-
niqués. Dom de Montfaucon méprise tout ce qui n'est pas
considérable. M. de la Roque y perd son latin. Pour moy
j'approuve fort vos conjectures, mais je doute que le mot
d'OTO soit complet. Ne seroil-ce point la fin d'un mot, je ne
vois gueres de mots finissant par OTO au nominatif. 11 peut
cependant y en avoir. Ce peut être aussi la fin d'un ablatif,
et cela u'empécheroit pas que ces deux fragments n'eussent
du rapport avec le Sacrum Vestœ Matri.
Il y avait à Auxerre beaucoup d'inscriptions ainsi muti-
lées, mais on les a négligé. Ce que vous me dites à l'occasion
du bout de mot MVCI a quelque probabilité; mais on n'o-
seroit produire en public un mot si sec et si obscur. Atten-
dons toujours la rencontre de quelque chose qui nous dé-
couvre ce qui est caché. Je ne trouverois pas mauvais qu'on
eut dit Ageniucum.
Revenons à votre dernière lettre
Je regarde votre trouvaille de munerarius comme
singulière. J'ai parcouru le Thésaurus antiq. rom. de Sallen-
gre, au moins les tables, sans y trouver ce nom. 11 resteroit
à voir les additions faites à Gruter, Spon et Fabretti
Depuis cecy écrit, j'ay consulté l'édition de Gruter
de 1707. Elle est plus ample que la première. J'y ai trouvé
UN DRAME A LA HOUSSAYE
EN 1736
Après avoir traversé le village de Mâlay-le-
^'icomle (aujourd'hui Mâlay-le-Grand) et franchi
epont dite de la porte deNoé, » on aperçoit, sur la
Iroite, une colline aride et dénudée, aux pentes
bruptes, sur le sommet de laquelle croissent seu-
?nient de rares et chétifs genévriers.
Celte colline, dans le flanc de laquelle monte en
erpentant un chemin crayeux, s'appelle « la côte de
e Chaumont t> (calvus mous, calidus mons), ainsi
ommée à cause de son aridité ; ce chemin conduit
des bois d'une étendue considérable qui, prenant
aissance à moins de deux kilomètres du village de
[àlay, s'étendent sans interruption jusqu'aux en-
irons de Cerisiers, formant ainsi une vaste forêt
une étendue de plus de 3000 hectares ; cette fo-
\i est coupée de petites vallées transversales entiè-
îment boisées qui en rendent l'aspect des plus
ittoresques.
C'est au milieu de cette vaste étendue de bois que
élève l'ancien castel ou manoir de la Houssaye,
4
it #:#
qui foimîiit aiilrefois un lierivlcv
i\\w de Sens.
t'.e liera son Iiisloire, que j'es]>^
un jour, lorsque j'auiTii pu reeucî
m eut s qui y sont re la lits.
Aujouidluti, je viens vcjus fï
<;»|)isode iliannitique de eetîe lus
lails ni'onl été révélé** par la co
j*ai pu avoir des archives de lai
de Sens, arehives (|nî doivent n
la dilit^eiiee de noire distingué cofl
Iioy> l'un iic nos anciens présiden
Vous vous rappelez sans nul i\
uoUce si înléressantc insérC^e au
HttUeiin cl relative aux évèneîne
roulés ù Sens et ilaus les enviro;
l épotjue de la Fronde, M. Roy na
manoir de la Houssayc avait, da
H janvier 1632, doniié Thospila
voyés du Parlement fiiyasit de va
niaréclial d'ilocquincourl qui cou
cardinal Maxarin, un corps de t(
portes de Sens,
Environ {|natrc-vin|îU ans apr
d'une au Ire nature se passait A la
Lo vendredi *Z\ novend)re 173G,
res du soir, les liabitanls des ha
la Houssaye, oeetqïés à leurs Ira
voyaient sortir des bois et senfn
un honnne véUi d un paletot blan
Irois chiens blancs; cel homme
— 51 —
fusil et se dirigeait du côté de la petite vallée du
Val-Saint-Etienne.
Le bruit se répandait aussitôt dans ces hameaux
que le seigneur de la Houssaye venait d'être tué
dans les bois du Crot-à-Logre par une main crimi-
nelle. Quel était le meurtrier? Ce ne pouvait être
que l'homme que plusieurs habitants avaient vu
s'enfuir aussi précipitamment.
A cette époque, la seigneurie de la Houssaye ap-
partenait à M. François Gaillot-Duval d'Epizy ou de
Pisy, écuyer-mousquetaire de la première compa-
gnie de la garde du Roy et lieutenant des chasses
(le S. A. Mademoiselle de Charolais.
A proximité de la Houssaye se trouvait une ferme
appelée la ferme du Crot-à-Logre, qui appartenait
à M. Louis Dalençon, tanneur à Sens (1).
L'ne inimitié profonde existait depuis longtemps
déjà entre les membres de la famille Gaillot-Duval
i'Epîsy et ceux de la famille Dalençon. Des alter-
cations s'étaient plusieurs fois produites entre Da-
ençon père ou Dalençon fils et M. Gaillot-Duval
i'Epizy et divers membres de sa famille, des pa-
•oles injurieuses avaient été prononcées et des me-
laces avaient même été faites de part et d'autre.
C'est ainsi que, dès le mois d'avril 1735, Dalen-
on père étant à la chasse dans les bois du Crot-à-
-ogrc avec cinq ou six autres personnes, avait ren-
ontré M. Tabbé d'Epizy, frère du seigneur de la
fl) Celte ferme n'existe plus aujourd'hui ; il ne reste plus que quelques
ibstructions des anciens bâlinicnts; toutes les terres ont été boisées et
nt partie du domaine de la Folie.
— 52 —
Honssaye, qui, interpellant Dalcnçon, lui lança
cette apostrophe : a Pourquoi chassez- vous avec
cinq ou six canailles comme ceux qui sont avec
vous? I» A quoi Dalençon père répondit : « Ce sonl
d honnêtes gens; et vous, monsieur, vous êtes un
genlilhonime de fromage mou, et je ne reconnais
pas d'autre seitîiicnr que le Roy (1).))
Au mois daortl 1736, Dalençon fils étant à la
chasse dans les bois de la dame d'Epizy, avec deux
autres personnes, M. Aublet fils, de Sens, et Claude
Ruinard, de ^ Fleuris, qu'il avait emmenés avec lui.
M. iie la Huussaye lui demanda, en le tutoyant,
pourquoi il avait cliassé dans ce bois et le menaça
de lui donner vin^t-cinq coups de bâton. M. de la
Houssaye aurait poursuivi Dalençon qui s'en allait
â sa ferniu, ce dernier Taurail alors mis en joue
en lui disant ; <i Monsieur, n avancez pas ou je
vous tire. ï>
Dalençon aurait ensuite dit à ses compagnons que
Si on lui élu reliait querelle à nouveau il se défen-
drait (2),
De son côté, Dalençon père avait, dans diverses
circonstances, manifesté ses sentiments d'animositc
ou plus exacUinent de haine, non seulement con
Ire le seigneur de la Houssaye, mais encore contre
les membres de la famille de ce dernier qu'il Irai-
lail tous de gueux, même en public (3).
0) néiHiiiiliini (!*' M, Niruliis Robcr!, ancien gartle de M. d'Kpizy (12 î'
vHcr mii.
iti ni^posUion lie Çlimdc Ruinnrd (19 mars 1737).
r:ii Di'jïiisîtioH iW SWfAiiH BouUé, garde de Son Altesse Révérendl^«>rBf
MatlnTJolM'Ilx' de Si'iisU' mars 1737).
— 53 —
De plus, Dalençon fils avait, le jour même du
meurtre, montré un pistolet et avait dit que c'était
pour tuer MM. d'Epizy s'ils l'attaquaient et voulaient
l'insulter et lui prendre son fusil. I£n outre, il avait
dit, le jour de la Saint-Martin 1736, c'est-à-dire
douze jours avant l'événement, qu'il tirerait
MM. d'Epizy s'ils venaient l'attaquer (1).
On peut juger par tous ces faits de la nature des
rapports existant entre les familles d'Epizy et Da-
lençon et de la disposition d'esprit dans laquelle
se trouvaient, vis-à-vis les uns des autres, les mem-
bres de ces deux familles.
Ces rapports devaient se terminer de façon tra-
gique.
Le vendredi donc, 23 novembre 1736, Louis Da-
lençon fils partait de Sens pour se rendre à la ferme
du Crot-à-Logre, où il arrivait vers 3 heures du
soir; il y trouvait Edme Nodet, domestique de son
père, qui y était depuis plusieurs jours.
Après s'être rafraîchi à la ferme, Dalençon fils
prit un fusil et sortit dans le bois qui y était con-
iigu et qui en dépendait; il y tira un lapin qu'il
tua et rentra à la ferme ; quelques instants après, il
proposa à son domestique Nodet de prendre un
fusil, de se rendre avec lui dans les bois et de s'y
mettre à l'aff'ût. Nodet ayant accédé au désir de son
maître, les deux hommes se rendirent dans le bois.
Eiant arrivés, ils montèrent chacun sur un arbre.
Ils y étaient à peine installés que Dalençon fils
il» Déposition de Hélène Fille (11 décembre 173r»).
Jifi
— 54 ~
cleniaïula a NiKÎet sil iravait rie]
poiLse négative, Da le 11^011 eii|*ageâ
dre de son arbre et à venir se poi
plus nqyproehé de lui, ce qu'il fil (
A ce moment a|iparul GailUîUl)
gneur de la lltmsiiaye, yccoinpagi
M. Lonis d'Epi/. y (2), occupés à
de ces deux lionvmes, montés chaci
MM. d'Kpky sapproclicriiit, et in
t]ni était le plus rap[H'uclié d'eux
Tordre de tlesccndrc de son arlire
son fusiL Dalcnçon lui cria de n'e
alors que MM. d'Epizy se dirigèrei
lequel élail monté Dnleiieon qui
nouveau à Xodel, lui dit : a Ne m
MM* d'Kpixy sonimètent égalemei
descendiT cl de reniellre son fusil
Dalen^'on répondît qu'il n'en fci
cria de ne poi ut avancer sinon
Ces al Icrea lions diverses qui, cert
éclumgées a haute voix, avaienl él
nue Jeune fille qui se Imuvail da
proche le t^rot-n-Logre (3). Mnlg]
M. d'K|)isy de la Houssayc contini
{i\ DriKïîiUkin île Nmî<^t ijii27rtovéml*ro Ï7."W. H
lïtiriT lit' M. Ijmi-s l>uM>t irKpI/y, du ly iiiiir» 17^7,
ritnli'rlr; il rhiil Agr fh' « îngl vt un in\%. tl chl iiinrf
ii^liiii'iiL lit' Phtfifire, <M «"ittrrrt-h^ SitJitli'-lloltiiiilnp, li
tir Sfm, fruiUi' iltiJi^titU Tt jivrU t7H2 }
— 55 —
vers l'arbre où Dalençon était monté, bien que son
frère lui conseillât de ne point le faire. Il répondit
à la menace de Dalençon que lui, Dalençon, n'a-
vait qu'un coup de fusil à tirer tandis qu'eux en
avaient deux; qu'il fallait qu'ils eussent sa vie ou
qu'il eût Tune des leurs. C'est à ce moment que
Dalençon mettant en joue le seigneur de la Hous-
saye lui tira presque à bout portant un coup de fu-
sil qui l'atteignit à la gorge et le renversa mort sur
la place.
Dalençon prit immédiatement la fuite et son com-
pagnon, Nodet, qui venait de descendre de son
irbre, en fit autant. M. Louis d'Episy qui était à
]uelques pas en arrière se porta immédiatement au
iecours de son frère, ce qui permit à Dalençon et à
S'odct de s'enfuir sans être poursuivis.
Cependant M. Louis d'Episy, voyant qu'il n'y
ivait malheureusement aucun secours à porter à
;on frère, sortit du bois et se rendit en toute hâte
{ la ferme du Crot-à-Logre où Nodet ne tarda pas
i arriver lui-même ; à sa vue M. d'Episy, le cou-
hant en joue, lui dit qu'il fallait qu'il lui cassât
a cervelle (sici ; il se jeta sur lui, lui enleva son
iisil et le maltraita durement.
Le bruit de l'événement se répandit immédiatc-
lîcnt aux alentours et les habitants des Fleuris,
|ui se trouvaient dans les champs, occupés à leurs
ravaux, accoururent à la demande de M. Louis
'Episy, et après avoir sorti le corps de M. d'Episy
e la Houssaye du bois, le chargèrent sur une char-
ctlc et l'emmenèrent au château de la Iloussavc.
— 56 —
Nodet, i*cntié i\ Sens le soir même, apprit la mort
du seigneur de la Houssaye ; il Tignorail, dil-il
dans sa dupoKiliuii, n'ayant pu voir exactement ce
qui sYlaiE pat^sé a cause de la hauteur des arbres
qui, à ctlte Opaque, ont encore leurs feuilles (1).
Le lendemain de ce drame le lieutenant crimi-
nel au liailHage et siège présidial de Sens, M. Clau-
de-François- Cliarles-Benoist de Trémont, êlail
requis dès 4 heures du matin, par M. le Pro-
cureur du Roy, de se rendre à la Houssaye à IcfTet
de dresser procès-verbal des faits qui lui seraient ré-
vélés et de nommer préalablement le médecin el
Iv chirurgien jurés en exercice pour faire la visite
du coips de M, d'Episy de la Houssaye et en
faire rautojiste.
iiv inagislral, assisté du procureur du roy, de
niessiiv André-Aluin Guyard et de Louis-Claude
Pelle, médecin et chirurgien jurés en exercice. j
désignés a cet eiïet, se rendirent sur le champ à la
Houssaye ; ces messieurs, partis de Sens à 5 heui\'>
du malin, arrivèrent au château sur les 8 heures.
ils Irotivcrcnl le corps de M. d'Episy de la Hous-
saye, que Ion avait étendu sur un lit, dans unt
chambre basse du château. L'autopsie en fut faite
pat' MM. Alain Guyard et Pelle, qui en dressèrent
|)rïïcès-vci"bal.
Une insti iicUon fort longue fut faite par les ma-
^nslrals ; cninniencée le vendredi 24 novembre \TMi
elle lie prit lin ciue le dimanche 24 mars 17:i7:
cinquanlc-huil témoignages furent entendus.
{\\ néposiiitm dv XodH {21 novembre 1736).
Nous avons laissé Dalençon fils, s'enfuyant à tou-
tes jambes dans la direction du Val-Saint-Etienne;
riustruction nous apprend ce qu'il est devenu.
A sa sortie du bois du Crot-à-Logre, Dalençon
s'empressa de gagner un bois qui était proche. Y
étant arrivé, il changea brusquement de route pour
prendre le chemin de Véron ; arrivé dans la vallée
qui, du Val, conduit à cette commune, il aperçut
dans la plaine un cavalier qu'il appela de toutes ses
forces en courant à lui : « Monsieur Henriot ! i> criait-
il. Le cavalier lui répondit qu'il n'avait que faire de
courir si fort, qu'il allait à lui ; ce cavalier, dans
lequel Dalençon avait cru reconnaître un nommé
Henriot, boucher à Sens, était M. Sébille, mar-
chand, à Sens, son parent. 11 lui apprit d'abord
qu il venait de lui arriver un grave malheur, qu'il
avait tiré sur une personne qui avait voulu lui pren-
dre son fusil ; il lui demanda ensuite s'il voulait
le prendre en croupe. Le cavalier s'y refusa, com-
me aussi à prendre son fusil dont, lui dit-il, il
n'avait que faire. Dalençon pria Sébille de ne point
parler de ce qu'il venait de lui dire.
Par suite de ce refus, Dalençon, obligé de poursui-
vre sa route à pied, demanda à un paysan, qui
travaillait près de là, de vouloir bien lui indiquer le
chemin de Véron, ce que fit ce dernier (1). Mais
nous avons lieu de penser que Dalençon avait
demandé ce renseignement justement pour éviter
(1) OépoMtions de Gabriel Mérot, du Vul-Siiiiil-Kliennc (24 novembre
173»)), de Sébille (27 novembre), de Claude Collas (28 novembre) et de Ni-
colas 0)llin (10 décembre).
F f
^^^^^^^^^^^^^V
^^^^^H de Lriiveiser lu linurg de Vivron^
^ M
^^^^^H arriver vers 0 heureïi du soir à
^^^^^H Servaiii, vigneron, chez lequel
^^^^^H longtemps et nuqitel il raeoiila
i ^^^^^H lioTiHiHs niais sans le nom nier :
1 ^^^^^H ta nvii^re(i).
^^^^^H dépendant, te sienr Servais,
^^^^^H jour que Col lin et Coppîn, n'a r
^^^^^^Ê ('<-*^ i^i^^ M^^^' '^'^^i^ venons de rap
I^^^^^^H au ron traire ne rien eonnnili^^ (
i^^^^^l dan^ la plainte formée par le
.^^^^^H A partir de ce niomenl, nous
^^H ^^1
^^^^^H Dtdençon, Nous n'nvons pu s^ivi
^^^Bi'
^^^^^H a Sens, mais il résulte des dé|
^^^^^^■^
^^^T fui
'^^^^^H iémoins que DaleiH ou père avait
^^^^^B personnes que son Ois h était réi
^^^^^B Ot liomnie ne caehait pas
^^^^^H luiine (]ui ranimaient eontre I
■"-
^^^^^H e est ainsi tpi au mois de déceml
^^^^^H ron après révénement), se trou¥
i
^^^^^H du sieur He^nni'd, au fauliouf
^^^^^H Sens, il déclaiait en présence d^
^^K^
^^^^^H nés ((ne quand ce serait hou lili
^^^^^H seigneur de lu Hnussaye, c'étaj
^^^^^H de perdu, ({ue, d ailleurs, il a
^^^^^H avant celte aetion, et que depnj
Ih* ^BKé
^^^^^^H davantïi^e (2).
b^^^^^^B Dans une autre eii^constnn(
^^^^^^H
— 59 —
leniandait comment allait raffairc de son fils, il
cpondait que tout allait bien et qu'il aurait la
[race de son fils (1).
Vn autre jour il disait que son fils avait bien fait
le tuer le sieur d'Episy et qu'il avait mal fait de ne
L*s pas avoir tués tous les deux, surtout le second
rère du sieur d'Episy, ce dernier étant venu pour
Lier son fils dans sa ferme du Crot-à-Logre (2).
Toutes ces déclarations ont été faites en présence
le nombreuses personnes et dans un lieu public.
A d'autres personnes il disait que M. d*Episy,
ui était si méchant, avait enfin trouvé son mai-
re (3) ; que son fils aurait bien fait de tuer l'autre
[. d'Episy, et que si son fils avait été un poltron il
elaurait jarhais voulu voir (4); que pour centécus
aurait la grâce de son fils et qu'il voudrait pour
?nt autres écus avoir tué Tautre d'Episy (5).
Comme on le voit, Dalençon père ne cachait pas
s sentiments qu'il avait voués au seigneur de la
loussaj'e et à sa famille et approuvait hautement
action commise par son fils.
Cependant s'étant trouvé sur le coche d'eau
sec le révérend père Charles-Augustin Poitevin,
rieur des Célestins de Sens, Dalençon père
Mnble regretter l'acte commis par son fils que,
ans sa conversation avec le révérend père, il
( 1 > 1)('* position de Jean Senange du même jour.
2i Dépositions de Marie Trêbuchct, de Nicolas Marion et de Edme Mé-
I (même jour).
i3) Déposition de Jean Labbé(5 février 1737».
il) Déposition de Anne Maillard, femme IVtlt (15 févrirn.
'it Dé|)osilion de Marie Ciennetîer (19 mars 1737i.
— fiO —
(|iuitili;i diMîUillieur(l). Le cai
perHoniuijîc iimait-il en quel
Iaii|(a^c lie Diilenvon '
A celle époque, il fiillait ho
tuer par le coche crcau le voy
la longueur tlu voyage amenai
les voyageurs; le iinii nio
C[uel(pie peu seriiiomie sou c
Malgré les prnpon tcnuH en d
de personnes el le langage rap
sitions (k\s témoins tpii les avj
n'avons pasconslalé que le s
qui aurait pu être considéré,
coïiiplîce de son lils loul au
ligaleur du meurtre, ait été inqi
dure n*a été suivie contre l
séiunuiise du wui'' siècle a fl
constance d'une bien grande
de Daleiivou père.
PendaiU que se poursuivait
domiciliaires avaient eu lieu,
tant ii Sens au domicile de
lequel demeuiait son fils, qu*ï
[.ogre, pour s'assurer de la p<
fils, ('es visites et |ierquisitioi
!*ésultal.
Le 8 mm s 1737, le sergent
de ville de Sens se Iraiispor
Turdonuance, ^« im devant d
nucile de Louis Dalençon pi
— 61 —
omicile que celui de Dalençon fils, où étant et
près avoir sonné par trois différentes fois de sa
t)inpette, a assigné à cri public Dalençon fils à
)mparaitre à huitaine par devant M. le lieutenant
iniinel pour subir interrogatoire et se mettre en
at es prisons royales de Sens, avec indication qu'à
?faut de quoi son procès serait parachevé par
mtumace. i>
Pareille formalité fut accomplie, par ce même
ïîcier de police, sur la place publique de Saint-
tienne, et au devant de la principale porte du pa-
is et auditoire royal.
Dalençon fils n'ayant pas répondu à celte assi-
lalion; une sentence du bailliage et siège présidial
jScns, en date du lundi !••' juillet 1737, après avoir
claré le sieur Dalençon fils contumace, Ta déclaré
également dûment atteint et convaincu de l'homi-
ie commis en la personne du sieur Gaillot Duval
la Houssaye, le 23 novembre 1736, pour répara-
)n de quoi le sieur Dalençon a été condamné à
re pendu et étranglé jusqu'à ce que mort s'en
ive à une potence qui serait à cet effet dressée en
place de Saint-Etienne ;
« A déclaré les biens de Dalençon acquis et con-
ques au roy ou à qui il appartiendra ;
tt A ordonné en outre que la présente sentence
rait exécutée par effigie en un tableau qui serait
cet effet attaché à la dite potence par l'exécuteur
la haute justice, y
Celte sentence fut mise à exécution le mardi
iuillel 1737.
tll
Le roi Loui^ XV ayant au
accorde des leUrcîidc ffmee eu
ce tieriîier, qui HÏHail eonsUlué
t73U, Hiihit le inil'iiie jour li:
il eUiit tenu d'api en les oicloii
(ici iiilerrof|aloiix\ qui para:
jHHir la tonne et pour obéir a
rordoiinaiice aloi*s en vigueur
nouveau. II Iuh corrnhara pliï
Daleu^on préteiidil n'avoir p;
de la Iluussaye, mai^ qiril tel
bras, et le lira, sans ajunler,
seul dessein d'écarter MM ilfi
leur fureur^ et que ce n'élait
après c[u1I avait apprin avec d
de la HouHHaye était mort de
Le sîeur Dalençon déclara
pas porteur d'un pistolet.
La lecture de cet inierroi^j
bien dcH réilexionH. (*ouinie
avoir ap|)ris une lieure apr
M, d'Episy de la lloussaye éti
de fusil, puisqu'à celte heu
RoHoy oii personne ne coniia.
Lnlhi les lettres de ^ï'^i^'*-' e
par Dalençon furent entérin
au coiisentcnient de Mme ve
lencedu bailliage de Sens du
Ainsi se termina cette atïair
dant deux ans, pasHtonna tau
— 63 -
LISTE DES TÉMOINS
ENTENDUS DANS l'aFFAIRE d'ÉPISY - DALENÇON
.ouis DuvAL, écuyer lieutenant dans le Régiment d Auxer-
rois infanterie, demeurant à Sens. 21 ans.
faurice Gasseau, laboureur, aux Fleuris. 49 ans.
'aule Blrté, sa femme. 40 ans.
ean Lhyocr£au, manouvrier, aux Fleuris. 47 ans.
ean Brust^é, 31 ans. id. id.
larie Perdriette, femme de Jean Lhyoureau. 30 ans.
[nrie Pouguatte, femme de Michel !^Iaillet, laboureur,
dans la ferme du Crol-à-Logre. 40 ans.
labnel Gaillx)t-Mereau, fils de Gabriel Mereau, labou-
reur aux Fleuris. 13 ans.
une Pereite, femme de Gabriel Mereau, laboureur, au Val-
Saint-Etienne, paroisse de Véron. 46 ans.
icqueline Gasseac, fille de Marie Gasseau, manouvrière
aux Fleuris. 16 ans.
abriel Mereau, laboureur, au Val-Saint-Etienne. 36 ans.
dme NoDET, natif de Fontaine-la -Gaillarde, domestique
nu service de Dalençon père. 28 ans.
Jinr SÉBiLXf, marchand, demeurant au faubourg Saint-
Pregts lez Sens. 43 ans.
laudc Collas, fils d'Edme Collas, laboureur, au Pipotin
, sic \ paroisse de Véron. 25 ans.
icolas CoLXJN, vigneron, à Rosoy. 62 ans.
tienne Colun, 56 ans. id.
nloine C0LI.1N. buraliste, â Rosoy. 46 ans.
dîne Mercier, vigneron, aux Fleuris. 47 ans,
ïanne Agcexin, femme de Jean Buisson, à la Martre,
paroisse de Véron. 60 ans.
— Gt —
Jenn Koussirr, hôlelier de la Maia
:ïû nus.
Ednic Skkvais, vigneron, à Bosoy
Madekntïc QuiMi^im, tjtimestiîfue, au
Hélcyne FitLÉ, doitieslitjuc de la
du me de la Hoiissayc, /m'-re de l*
Il Huussnye, VA ans,
Jean LAimê, laboureur, i\ Ln Bautui
lo-Vicomtc. 3(> ans
Edmec Giyot, frmine tte Jean Urulé,
ris. 30 ans-
Sinianne (îtiiXEp.vix, femme de Clj
vrii*rc, aux lieu ris. 2^ au^,
Il liberté Collkt, veuve de Nicolus
Fleuris. 3Ii ans.
Française Bliiu^té, HUe de Jean Bu
Ire, parome de Màtau-U'-Viromte,
Jacques LociUAU, fils de Jean Lou
Fleuris. Il ans.
Marie Maillkt, fdlc rie Michel Maillet
du Grot*à-Logi e, purohse liv Malmj
(tabrieile (ïCYut, femme de Jean
Baume. 19 ans.
Jean Bis»sun, labaureuri â la MarU
66 ans.
Kdme Pillu, beri^erde Jean Bissan,
12 ans,
Edme Lahcher, taillandier, dcnrcun
Edme SENANtîE, laboureur^ à Bois-
Bordes de Dixmnnt, f>(» ans,
Jean Se:nange, laboureur^ à Maurepft
50 ans.
Marlin TMKBLT.B^r, biboureun de
paroisse de Oîxnionls. 30 ans.
LauisHEG.vAHD» eahareUer, au iaubud
Le Hévércud père Charles- A wgustîn
maison des Célestins de Sens. 65
— 65 —
icques Vaudoux, boucher, demeurant à Sens. 52 ans.
alentin Legris, bourgeois et ancien commissaire de la
Ville de Sens, y demeurant. 48 ans.
imon- Joseph de Saint-Pierre, receveur du grenier à sel de
Sens. 43 ans.
>aQ Labbé, manouvrier, à Dixmont. 57 ans.
nne Maillard, femme de Louis Petit, vigneron, à Dix-
mont. 27 ans.
arie-Louise Botte, serv^ante du sieur Violette, Regrnt-
lier, à Dixmont. 20 ans.
dme Mérot, laboureur, à Dixmont. 52 ans.
icolas Makion, laboureur^ à Vaumorin, paroisse de Vau-
mort. 46 ans.
arie Guillepain, fille de Jean Guillepain, laboureur,
à Maurepas, paroisse des Bordes de Dixmont. 18 ans.
irie DuBECQ, femme de Jean Guillepain^ paroisse des Bor-
des de Dixmont. 48 ans.
colas Robert, laboureur, à la Grange-au-Doyen paroisse
de Véron. 50 ans.
\N Guillepain, laboureur, à Maurepas. 40 ans.
an Guillepain, (fils de ce dernier), demeurant à Màlay,
chez Sébastien Sivanne. 25 ans.
colas BouLLÉ, garde de son Altesse Sércnissime Made-
moiselle de Sens, demeurant à la Bernagone (Saint- Valé-
rien). 73 ans.
me Brechemier, marchand de bois, demeurant à Monta-
cher. 57 ans.
lude RuiNARD, laboureur, aux Fleuris. 31 ans.
cin Gennetier, 23 ans. id.
rques Grandin, marchand, demeurant à Sens. 54 ans.
m Gallicier, laboureur, à Maurepas. 28 ans.
I
â
j
MODE ÉLECTIF Dl
ET
ECHEVINS DE
AU
XVIIl^ S!ÈCL]
Quelques procès- verbaux d'é
cl trécheviiis, retrouves paraii
cien baitiioge, nous apprennent
comment on procédai t, au
xviif siècle, à hi nomination cl
paux de la ville de Sens,
Depuis la fin du xV' siècle (L
de juin It/l), les maires, éclu
receveurs ètaieul nommés poi
roi sur une liste de personne
habitants réunis en assemblée
tènie fut suivi pendant les xvi* <
fut interrompu que pendant qy
tenter Tessai d*un expédient fii
donner d heureux résultais ; ni
de la création des otrices de nu
vertu de FEdit du mois d*aoùt ]
Dès 171 j (l'Zdit du 29 janvier)
remboursés et le svsténic éle<
— 67 —
nière élection du xviii* siècle eut lieu le 17 septem-
)re 1717 et les fonctions de maire revinrent à Au-
oine Benoist d'Âutun, conseiller au présidiRl, qui
es exerça jusqu'en décembre 1721. Il fut alors
«mplacé par Jean-Louis Royer, bourgeois, mais S
m Ëdit d août 1722 rétablit les offices municipau^t, ^
louvel essai encore plus précaire que le premier \^
luisque, moins de deux ans après, l'Edit de juillet $^
724 rendait aux villes la liberté d'élire leurs admi- ^
lislrateurs. Durant cette courte période de transi- ;*^1
ion, Jean-Louis Royer parait être resté en foncliaiis^ ^
uis à partir d'avril 1724, Biaise Baudry, échevinj r
trintérim jusqu'au 28 novembre delà même année; - ;
n avança d'un mois l'élection qui, habituelle- ;► *
lent, n'avait lieu que le 28 décembre. Nous avons • •
t procès-verbal de cette élection qui aboutit à la |^*
omination de Charles-Jacques Benoist de Ville- l
lay, président en l'élection, dont les pouvoirs furent £ ^
nouvelés en décembre 1726 et qui resta maire pen-
mt quatre années consécutives. Biaise Raudry, H
archand et ancien échevin, lui succéda en 1729 et i
i fut également remplacé qa*aa bout de quatre
inées par Jean Fauvelet de Châteaumajet, dont
ms possédons aussi le procès-verbal d'élection à
date du 29 décembre 1732.
En rapprochant les diverses indications données
r ces documents, nous pouvons reconstituerasse^
:ilementla physionomie d*une élection municï-
le au xviir siècle ; les formalités obser\'ées à cette
oque étaient d*ailleurs identiques à celles en usâge
siècle précédent, car il existe à la Bibliothèque
— 68 —
nationale, dans la collection de G
un cerlificat de Biaise l*ekk\ 1
datédeSeuHle 10 avril 1717. paï
à la demande de linleiidaut à
Paris, ec niagislrat rappelle* d'i
personnels rem on ta ni à cinquati
d'éleelion des maires el eeliev
création den oflleeîi. Siiivanl les
lies, Tancienne tradition lut co
tement que possible.
Stn* Tordre de rîntcndant d
Paris, les lialïitnnls et hoiirgeoi
faidjourgs de Sens se rénuîss;
cloclie «appelée la eonmmne »
[salais royal ou bailliage en vue
senlants. (Télait t^éiiéralement l
de la commémora lion desi mu
consacré à Tacct) m plissement di
Le président, lientenant-géi
suivi de son grellier, ucconipagn
cat du roi, du maire, des éehd
de ville el autres uirieiers, api
tés à la messe du Saint-I^2sprit, (
Téglise Sainl-Hilaire, tantôt dai
Nicolas du liailliage, se présen
devant rassendïlée des liabitani
requérait, suivatd l'usage, le ii
procédera Félection, puis Tanij
prontHivail uniliscours <t lleury
lequel il eNliorlaît les citoyens
personnes ^ li délies el alleciior
— 69 — ^
roy et bien intentionnées pour la patrie d et termi-
nait son allocution en requérant la réception du
serment général des habitants qui devaient jurer de
désigner parmi les plus notables d'entre eux des
délégués pour chaque quartier de la ville que Ton ^
nommait alors a cantons. » J
Après avoir reçu le serment général et solennel,
le lieutenant-général se retirait en la chambre du c
conseil pendant que l'assemblée désignait pour >
chacun des cinq quartiers de la ville un président-
canton et cinq cantons, c'est-à-dire en tout trente U
représentants. La ville se divisait alors en quartier *-
Rond, quartier d'Yonne, quartier Saint-Hilaire,
quartier Donjon et quartier Saint-Benoît. Les trente
représentants ainsi désignés et auxquels s'adjoignait
de droit le corps de ville, cest-à-dire les maire, éche- ,
vins, etc., formaient un petit collège de trente-six à
trente-sept électeurs qui devaient, à leur tour, voter
pour des listes de candidats aux fonctions de maire, J^
échevins ou procureur : c'était, on le voit, le suf- ^
frage à deux degrés. .
Dès que le greffier du bailliage avait terminé le [
dépouillement des bulletins pour l'élection des
cantons, le lieutenant-général rentrait en séance, \
présidait à Tinstallation des délégués qui allaient
se placer sur les deux côtés des bancs des avocats,
le maire et les échevins tenant la droite, recevait
leur serment particulier, et, en présence de tous les
habitants réunis, faisait proclamer les noms des re-
présentants des quartiers de la ville.
Après l'accomplissement de ces formalités, le
- 70 —
maire el les éclievina (léelaraic]
cil ni X, puis, diaciin dans leur
caiitoiiH et délégués des canloii^
voten qui é taie ni aussitôt inscr
pointage désignée sous le nom
listes de trois noms pour )c mai
les deux éclicvins el de trois a
le procureur de ville, étaient
Tordre du nombre de voix oh
verbal de l élection adressé
chargé de le présenter au Coni
appelé â lixer son choix pan
phi s favorisés.
I.tur nomination Taisait ens
délai généralement assez cou
d*une lettre de eue h et envoyé
qui en dtuinaît lecture a Tau
Les nouveaux offieiers muni
le serment devant le lieutenan
les faisait reconnaître pai^ les Iii
même les installer a Phnlel de
changement de maire, il proc
et inventaire des archives.
Le Chesnoy^
Mau
I.
1-%
ï
K
10 Avril 1717. — Nous Biaise t*elée, conseiller du Roy, J
Lige magistrat, lieutenant criminel au bailliage et siège pré- ^
idial de Sens soussigné, certifions à tous qu'il appartiendra ^
[u'il est de notre connaissance, que depuis plus de cinquante [^
ins que nous avons fréquenté les audiances dud. bailliage f^
tt présidial de Sens et que nous y exerceons lad. charge ^
le lieutenant criminel, qu'avant Féditde création des char- ^
;es de maire et eschevins en liltre et qu'ils étoient électifs •
eur nomination se faisoit au Palais Royal, par devant M. le
ieutenant-gai aud. bailliage et, pour son absence, par
levant notre prédécesseur et par devant nous en qualité de
ieutenant criminel, séant dans le siège où se tiennent les
ludiances des causes dud. bailliage, où le corps de ville i
e trouve en nombre de six seulement faisant le premier s
:anton, que la ville est partagée en cinq quartiers de cha- ^
:un desquels il y a six habitanz députez, ce qui fait, avec |^
les six du corps de ville, trente-six élisans qui donnent leurs ;^
^'oix par devant led. Si* lieutenant-g"', lequel en dresse son ^
procès-verbal des trois plus haut en voix pour chacune
espèce à remplir, que ce procès-verbal étoit aussy signé du ^
procureur du Roy qui assistoit à lad. assemblée et étoit
envoyé à M. le secrétaire d'Etat au département duquel est
(e bailliage de Sens, et sur ce raport le Roy choisissoit de ^ j
chaque espèce et envoyoit sa lettre de cachet au bailly de
Sens ou son lieutenant-g"i, de laquelle lettre de cachet la
lecture se faisoit à l'audiance. Les nouveaux élus et nom-
mez par le Roy y venoient prester le serment par devant T
led. Sr lieutenant-g«i tenant l'audiance et ensuitte alloit les
instaler à l'hôtel de ville où il faisoit l'inventaire ou recolle- , h
>
Wf9V% Ci pflVlKJ^
^çlpoGâqiws sm fini et place da
est iscio lA0l ^«e te m^m tn tutri
^ Yéffilafale. A Sett, It X« srnl 1717, S^
(BM. K«l. O- de f^incrr Vol 43, )
Prweéê-»trb0i itékrikm ée mtdrt cl ^
m décembre 1736,^ Cejottrdliui ringt-hott*^ joia
tire 1720f îe&te de la Go miuéino ration des saJat
jotir ord«^^ el dccoastumé pour lélectton des \
vlti* de lîi ville de Seni, hearcde dix heures do i
va ni nous Jacques^EdmcVezou, écpyer, si^ de la i
de Mojunit, con^^ du Bo>% président et lieutenant
liage et siège présidial de Sens, assisté de M« Ji
noslre grefier ord^»; estant au Palais, lieu jur
après avnir assisté à la messe du Sainl-Esprit^
maire, esclievin^ï, procureur de ville et autres ol{
nicîpiiux <lc celte ville, célébrée dans l Ej|lise et à
Si-llillaJre, auquel lieu jurîdielîonnal les habit^j
gcoîs e«>tnnt â>isemblez au son de la cloche îtppeti
mime à VcITet de réleclion d'un maire de coud
doux édicvlns de longue robe et d'un procureur
lieu cl pbu*<* de Messieurs lîcnrHsl de Villcmaf
longue rnhe, Fauvelet de Chaskou-Majel, éehe^
gue mbUe, Fiiuvelet du Toc, ecbevîn de cour
Xlaucler, procureur de ville, qui ont exercé lesd. charges
peudant deux années qui est le temps ordre; led. sr Benoist,
suaire, portant la parolle, a fait sa réquisition suivant Tu-
sage, à laquelle Tancien avocat du Roy s'estant joint, par un
<liscours fleury et patétique par lequel il auroit exhorté
lesd. habitans et bourgeois de donner leur sufrage pour la
oontinuation desd. sieur Benoist pour maire cl desdits s>''*
Kauvelet de Chasteau-Majet et Fauvelet du Toc pour éche-
vins, en considération des services qu'ils ont rendus avec
beaucoup de zélé pendant leur exercice, sans tirer ù consé-
quence, ou de faire choix de personnes fidellcs et alTection-
nécs au service dii Roy et bien Intentionnées pour la Pa-
trie, et nous auroit requis de prendre le serment général
desd. habitans et bourgeois assemblez pour faire choix de
présidents-cantons et cantons, chacun dans leur quartier,
suivant Tusage qui s'est toujours observé.
De laquelle réquisition nous avons fait acte et pris et reçu
le serment général et solennel desd. habitans assemblez qui
ont juré et afOrmé unaniment faire choix entr'eux des
plus notables pour présidents-cantons et cantons, chacun
dans leur quartier, pour par eux faire nomination de per-
; sonnes capables et de probité, pour remplir les charges de
i maire, de deux échevins et d'un procureur de ville ; après
i Ittoy, s'estans retiré pour y procéder à la manière accou-
r tamée, pendant lequel temps nous nous serions retiré en la
Chambre du Conseil, et ayant esté averly qu'ils y avoient
I satisfait et avoir nommé un président-canton et cinq can-
lons, chacun dans les cinq quartiers de la ville, pour faire
lad. élection avec le corps de ville, suivant l'usage, faisant
trente-six élizans, lesquels ayant pris leur séance dans les
deux costez des bancs des avocats, lesd. s»"" maire, échevins,
estant à la droitte, nous avons, sur le mesmc requis dud.
ancien avocat du Roy, pris et reçu le serment particullier
desd. élizans qui ont aussi jure et affirme procéder en leur
honneur et conscience a lad. nominalion et faire choix de
subjets capables pour remplir lesd charges, ù lefTelde quoy
— 74 —
nous avons fait faire lecture par noti
d(r tous les habitant, des noms des é1
QUAUTÏEH RO
M« Modeste Aublet, ancien éleu, pou
CANTONS
M*= Sulpice Legrîs, notaire.
Le s'^ Jean -Claude Rayer de Chi
quartier,
Jac(|ucs Grandiiî, lieutenant dud
Mstjcnne Nagent, niarcliand apoticai
Kstîenne Minoit, marchand.
QUAIlTIiîR D YOÎ
M" Jacqueii Lasscré, pour présïdei^
CANTONS
M^ Edme Hardy, procureur.
M'J Valeatin Le gris, eommissaire
M^' Eslîenne Ttiierriat*
M'* Boutet, nottaire.
Lq s^ Lecompte, bourgeois.
quartii:r s* hiu
Monsieur Cottet, chanoine et cun^r,
CANTONS
M^ Claude Toussaint Marcelat.
Le S' Biaise Uaudry.
Le sieur Reau^ médecin.
M** Savîniên Mallxé, bourgeois
Ij* sieur Beiudrot^ bonrge*îis, lietil
QUAIITIER DON.
T.e s> Heciiir Tliomason, bourgs
quartier, pour presidenl-ranton.
CANTONS
Pierre I^eour, niarchnnd.
Alexis (iarceau, ntarcha nd
tiaspard Duperai» marchand
Jean Huard, uiarehaud.
Louis Thomas, marchand.
-75-
QUARTIER S'- BENOIT !
Monsieur Couste, sir»* de Villiers-Louis, pour président- î
canton. I
CANTONS ^
Me de Guyenne, conseiller. m
M« Lemot, avocat. ;
Le sr Larivière, marchand. . *^
Le S"" Guichard, marchand, officier du quartier. *'
Le sr Laisné, marchand. ^
Après laquelle lecture desd. présidens et cantons lesd. s'^ ^
maire et échevins auroient fait ouverture de leur nomina- î
tien à haute voix, chacun d'eux en particulier, les prési- '^
dents-cantons et cantons desd. cinq quartiers, chacun dans ji
leur rang, ont pareillement donné leur voix, le tout faisant
trente-cinq élizans à cause de Fabsence dud. Maucler, pro-
cureur de ville, et lad. nomination achevée et les soufrages
ayant esté calculez, il s'est trouvé trente-deux voix pour la
continuation dud. s"* Benoîst pour maire de longue robbe j'
et desd. s»* Fauvelel de Chasteau-Majet pour échevin de Ion- Ç
gûc robbe et Fauvelet du Toc pour échevin de courte r
robbe, en considération des services qu'ils ont rendus pen- |
dant leur exercice, pour deux autres années, sans néan- ^
moins tirer à conséquence à l'avenir, et, où la continuation f
ne seroit pas agréable au Roy, lesd. élizans ont aussi fait ^,
nomination, suivant l'usage, de trois subjets pour maire de ^
courte robbe, et de six pour choisir deux échevins de Ion- ^
gue robbe, et de trois subjets pour procureur de ville, et ;
s'est trouvé que les plus hault en voix sont : r
Pour maire de courte robbe : •
Les S" : Robert Blenon, marchand-bourgeois. *
Biaise Baudry, aussi marchand-bourgeois, antien juge- t,
consul et Fun des gouverneurs de THostel-Dieu. V
Et Hector Thomason, bourgeois, capitaine du quartier ;■
Donjon, ayant chacun trente-quatre voix. r
Pour échevins de longue robbe :
M^ Gratien de la Gouardière, cone^
i
¥:
^^H — —
^^^H W GûTsemcnt, con^^
^^^H Le S' Jodrillfit esteu.
^^^^1 M' Allnin UuyanK iiiédecin.
^^^H M' Jean-Jacques Souliiran» a%'oeiit.
^^^^H M* JatHjues Le riche, procureur, ayi
^^^H cinq
^^^H Pour procureur de ville : ^
^^^^B Mnsiinulien PlcrreL ^H
^^^H Ednie B^>ur^Diri. ^^Ê
^^^^Ê Et Louis le Cumte. ^1
^^^H Led. PIcrret ayant vini^t^neuf voii
^^^H et knl. (c Comte dix-huit.
^^^H^^^^R **f M
^^^V Desquelles nominations, nous, prés
^^^^^^f -
rai susd., nous avons fait acte et rè
^Bàii
verbal pour csirc incessa ment ei
Sa Majesté, pour estrc fait choix le
maire de courte robbe dans le nom
^^^^^r*
échevins de longue robhe dans les s|
^^^^H 1
nualion dcsd. s^^ Benoïst, maire,
Majet, el Fauvclet du Toc, échevins,
h Sa Majes(t\ et d'un procureur île vî
^^^^^H
ont été uonniiciî nu lieu ci pkue dmi.
exercé lad. charge pendant les deux i
Dnnnû et Trul aud. Sens au iiûkis i^
^^^^H"
de celte villcj les an el jour susd.
t Signé :) Vesûu {!», Fabiï
/Bibl. de Sens. Archmcs du hanUa0
m
Le tires tfv mmvnuiiim d'tm tntdn
vl d'un provurvar d\
De par le Boy,
Sa Majesté s'élant Tait représenter
d» Jiiciiiîri-liflnjr' Vpïoii» liciilPtimit-g**» ini
i2> t'rtniicle rarinnilc. prtnuli'rnvuçnt lUi Ilot
tri) Jeun AuhU^t profiler ïlu bMintii|;(e>
— 77 —
►niciers municipaux de la ville de Sens convoquée en la
iianière accoutumée, le 29 décembre dernier, dans laquelle
Is auroicnt élu trois sujets pour être présentés à Sa Majesté
t être par Elle nommés, un d'eux à la charge de maire, six
ujcts pour y choisir deux échevins, Tun de robe longue et
autre de robe courte, avec trois autres sujets pour en être
>areillement choisi un pour remplir la charge de procureur
le lad. ville, à la place de ceux dont le temps est expiré,
>a Majesté a nommé le s«" Fauvelet de Chateaumajet pour
naire de lad. ville, le s»* Cormier, notaire, pour échevin de
•obbe longue, le s»" Maucler, marchand, pour échevin de
•obbe courte, et pour procureur d*icelle le s' Blesnon le
eune, marchand. Veut et ordonne que, pendant le temps de
ieux années, i)s en fassent les fonctions et jouissent èsd.
:]ualités des honneurs, autorités, rangs, séances, préroga-
tives et droits attribués à pareilles charges. Fait à Marly, le
>9 janvier 1733. (Signé : ) LOUIS.
Phelypeaux.
[Bibl. de Sens. Archives du bailliage. J
j
_ 80 —
résidait souvenl à la Casshie cl avi
lion par son inaringc avec Marie
de Claude Poissnnnel, seigneur d
luî apporta le peliUlur voisin de
oiilre, ptiidanl ses loisirs, pouraa
uïodesle revenu, il s'oecniiail d
lîère et passa avec le Heignenrdii (
iTiarchés de coupes de bois, nolai
lenoy en Um , \m2 et KîU 1 (2).
D'ailleurs, les relations du
sine avec le seî^jneurdu Cliesnoy
seulement de leur voisinage et
rtciprnijues, ils s étaienl rtncoiï
temps sur les champs de ha la
gloire militaire de Louis XIV; lui
court, s'était engagé dans un co]
cheval levé en 1657 par Frauç
marquis de Chazeron, et donné
de Lyonne, comte de Servnn; d
avait pris pari à la fameuse gui
aux sanglants combats de Senef, l{
livrée par Coudé (11 août Iti/l)
Alsace sous les ordres de Tureiii
nvéc Mïirîo Lngtu% vçiive de Jotm Ptiicli ci tuo
Htc dts ctitisifîaprdu roî, grcnetlifr iiugrt*nier ù
1721L (Mîii. dAntuîïic Uiaeiiiunt.)
il, Lu ïWf dt' Ui rt!rren!*t lHuU silur à ijtu'IiiUf»
CaSMn^t^iir lu purtii^si'^ du Sniiil-MsirtSiïHhi-Torlf
(i) At'Cûrd du 2 d tic: l- m tire 17lOeuLru NJuohia tl
Moiictjurl, nu fii^L^t d'tm tiiuioIil' de bius h Qm
et riialntevéc du 'M iiovundii e 17 Ki conccruiltll
Ctidiilctioy, fiilleii un ll^i ul UUÎ, Min. d'Anlolj
— (Ch. du* Sot)
— 81 —
victoire de Turkheim (5 janvier 1675), aux sièges
de Dinanl, Huy, Limbourg, pendant les années 1676
et 1677 à la campagne du roi en Flandre, aux prises
glorieuses de Condé, Bouchain, Valenciennes,
Cambrai, etc. Nous le trouvons encore en 1678, en
qualité d'aide major, au siège de Gand (1) com-
mandé par Louis XIV en personne. Son régiment
ayant été réformé un an après la paix de Nimègue
(10 août et 17 septembre 1678), qui termina la
guerre de Hollande, Guillaume Moncourt était
entré dans la compagnie des chevaux-légers de la
garde du roi.
Quant à son voisin, le seigneur du Chesnoy, qui
était à cette époque Nicolas de Machat de Pompa-
dour, baron de la Coste, il avait servi dans le régi-
ment d'infanterie de Piémont, s'était trouvé au pas-
sage du Rhin (7 juin 1672), à la prise d'Utrecht, dans
l'expédition de Zélande, sous les ordres du maré-
chal de Luxembourg, puis Tannée suivante aux
opérations du siège de Maëstricht couvertes par
Condé. Son régiment après avoir été, de novembre
1673 à mai 1675, chargé de la garde de Maëstricht,
s'était rendu aux sièges d'Huy et de Limbourg où
se trouvait également le corps de troupes de Guil-
laume Moncourt, puis avait reçu Tordre de retour-
ner à Maëstricht que le prince d'Orange se prépa-
(1) Acte de ratiflcation du 21 avril 1678, passé devant un notaire de Gand
par(iuillaumc Moncourt, écuyer, s' de Villeroy, aide-major au régiment de
Scrvon, et annexéà l'acte de vente du 29 juin 1677 au Séminaire d'une mai-
son à Sens, au coin do la Grande-Rue et de la rue du Tambour-d'Argrnt.
(Min. de Maximilien Bollognc, not. à Sens. Ch. des Not.)
6
— 82 *«
rail a investir. A In dérense de
ciiuiLuiiitc jours kous riiabîlc ci
(-alvo (] K le régiment de Piémi
rieLifie;MMcJiat du l^ompadour,
tingiui |Kirticiiliêrunient le9ao
lieeoura^iiuscqul eut lieu sous
el réussit à ruiner les ouvragi
inenaçaictil le^ remparts (2). Ji
iiiegue, le même régînienl coin
du roi, la garde de la cilé qu î|
due. Après de longs et brilian
capitaine Maehat de Ponipad
nel de Tun des deux régi ni ei
généralité de Paris eréés pa
2^> novembre 108H. La croix de
SaînULouis devait également r
rense conduite*
Tel était le liasse de ces deu
à Tépoque où se place le peli
allons rapporter, c'est-ii-dire <
chat de Pompadour, parven
certain âge (3) (né en août 1039,
sa (iO année), commençait à pr
niéritéjson régiment de milice
ir» Jt?îin-Fr{mcnlN fl«? i^nlvc», n& à Ikirtch
iiinnt('rt' \\\ plit^ hrlUnnto flims Îû% gui'rrf>ih di
([Il il au ^li^i^f* fie Maé^liicltt k grntk do Ifeiil
^iiruit'c cil* rinnilrp.
{*!) (ktzetle ïff France, w JS2 tlu tO iicptctnhr
CA) ai M, Nul. Omvi, tlo (rUojtIcr. vol 307.
(1^ ( Utile un lUï cr* K'gfmtiil* conif*ri?nrtit 1S
l.rK itiilit'rN fureiU sii|i[irïtiiiVr,^ nu nm\% U'ih
Mi m. ih' hi Gi'nfraliit t*f PhH*, \t. VA H 155, ï
— 83 —
Moncourl, plus jeune, à peine âgé de 50 ans, con-
servait encore son service actif dans la garde royale,
mais venait souvent passer ses congés à Sens et à
la Cassine, ils avaient ainsi de fréquentes occa.sions
de se retrouver, tantôt pour s'entretenir de leurs
intérêts et de leurs glorieuses campagnes, tanlôt
pour se livrer au plaisir attrayant de la chasse. Guil-
laume Moncourt allait apprendre à ses dépens qu'il
faut savoir quelquefois modérer son ardeur belli-
queuse.
Le 4 novembre 1698 (1), lendemain de la Saint-
Hubert, que nos amis voulaient continuer à fêter
dignement, ils sortaient à peine du Chesnoy, avec
rintention de se rendre à Paron en chassant, lors-
qu'un lièvre se levait devant eux et était immédiate-
ment poursuivi par les chiens du baron de la Cosle.
Quelques instants après, on entendait un coup de
fusil dans la direction prise parTanimal fugitif.
Surpris et furieux d'une telle audace et voulant
savoir qui s'était permis de tirer ainsi devant leurs
chiens, ils convinrent de se séparer et de courir,
chacun de son côté, pour s'en rendre compte.
Guillaume Moncourt se dirigea vers le village de
Villeroy et parvint bientôt au coin du bois de Chas-
tenoy, près du grand chemin de Sens; là, aperce-
vant un nommé Jean Hory qui labourait paisible-
ment son champ, s'avança de son cùté et lui de-
manda s'il n'avait pas vu tirer un lièvre poursuivi
par des chiens; celui répondit qu'en efTct un lièvie
(t) Ribl.de Sens. —Archives du Bailliage. — Dossiciî^ ih s iiflniri'f. crjiiii'
ncUes. '
— 8V ^
i
venait dïirc lire tt lue et denijina eoninic Til
de cet expliiit un homme que ïmi apeicevaii en
dans le loin ly in sur hi roule, prés de Vilteroy
Ce niénie jour, M** Jean Tliody (I), xénît
cluinoîue de rEylise (jilludralede Sens, était |
l^aillardemenl à pietl (sour allerjusqua Fuuclu
terre du (Uiaintreniélropolitaîn^ mais ne seseii
pas très rassuré sur la fiécurité des cheminai, ;i
en soin de se munir d'un pelil fusil ; api'esavoirs
le grnnd chetniu tle la Hne-Cliévre, conduisa
Villei'oy, il venail de dépasser te bois de VMmk
et entrait sur la terre de Villcroy* appartt*iiani
Cliapitre, lorsque tau! à ecnip se présentait à \
pas de lui nu snptrbe lièvre qni aecourail |
ti'a verser la roule, la tentation était trop Totie [
le bon cliauoine! raeltiT en joue lanimaL le i
1er propreuient et le ramasser fut rafîaîre t
instant ; il poursuivit ensuite son chemin à une
allure jusqu'à Yilleroy, y déposa son jiîbier r
une maison et se dirigeait sur Fouehéres, lors
Guillannie Muncourt paivint a le joîndœ. Qu^
passa4<^il alors enti*e nos deux personnages?!
celle eanq^agnegéuératemetit déserte, aucun tén
ne fut la pour le rapporter,
(hiillaunie Moncourt prélendit avoir abordé i
veiiablement M'- Jean Thodv eu lui demandant
cliitiiolu»' il Min nni'lf iiitUrruH, (^ItiUiii- TliilifutU, Ir 2i'p sr{>1rttifirt
tiVtjlpuK um' crmauilcî {^iii<fii|>liiiri> M %nUll filunif^tirH rt'ijHrtiiinji
Ht7^ |4( U\7*Jt^ rnlln, H|>ri^si ttvnlr pt'niMiH dv Hniiii''iirl(*r H rlVnln'r Uki
jii^niliiiiïrt\ a fui ol>l